Honoré de Balzac
ILLUSIONS PERDUES
(Suivi de Splendeurs et misères des courtisanes)
À MONSIEUR VICTOR HUGO.
Vous qui, par le privilége des Raphaël et des Pitt, étiez déjà grand poète à l’âge où les hommes sont encore si petits, vous avez, comme Chateaubriand, comme tous les vrais talents, lutté contre les envieux embusqués derrière les colonnes, ou tapis dans les souterrains du Journal. Aussi désiré-je que votre nom victorieux aide à la victoire de cette oeuvre que je vous dédie, et qui, selon certaines personnes, serait un acte de courage autant qu’une histoire pleine de vérité. Les journalistes n’eussent-ils donc pas appartenu, comme les marquis, les financiers, les médecins et les procureurs, à Molière et à son Théâtre ? Pourquoi donc la Comédie Humaine, qui castigat ridendo mores, excepterait-elle une puissance, quand la Presse parisienne n’en excepte aucune ?
Je suis heureux, monsieur, de pouvoir me dire ainsi
Votre sincère admirateur et ami,
de Balzac.
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