Je me mis à lire la lettre de maman. À travers ses citations de Mme de Sévigné (« Si mes pensées ne sont pas tout à fait noires à Combray, elles sont au moins d'un gris brun, je pense à toi à tout moment je te souhaite, ta santé, tes affaires, ton éloignement, que penses-tu que tout cela puisse faire entre chien et loup ? ») je sentais que ma mère était ennuyée de voir que le séjour d'Albertine à la maison se prolongeait, et s'affermir, quoique non encore déclarées à la fiancée, mes intentions de mariage. Elle ne me le disait pas plus directement parce qu'elle craignait que je laissasse traîner ses lettres. Encore, si voilées qu'elles fussent, me reprochait-elle de ne pas l'avertir immédiatement après chacune que je l'avais reçue : « Tu sais bien que Mme de Sévigné disait : “Quand on est loin on ne se moque plus des lettres qui commencent par : j'ai reçu la vôtre.” » Sans parler de ce qui l'inquiétait le plus, elle se disait fâchée de mes grandes dépenses : « À quoi peut passer tout ton argent ? Je suis déjà assez tourmentée de ce que, comme Charles de Sévigné, tu ne saches pas ce que tu veuilles et que tu sois “deux ou trois hommes à la fois”, mais tâche au moins de ne pas être comme lui pour la dépense et que je ne puisse pas dire de toi : “Il a trouvé le moyen de dépenser sans paraître, de perdre sans jouet et de payer sans s'acquitter.” »
Albertine | 355 | ma mère était ennuyée de voir que le séjour d'Albertine à la maison se prolongeait, et s'affermir, quoique non encore déclarées à la fiancée, mes intentions de mariage
Sommaire du volume
- Albertine | 117 | la fameuse “Albertine”
- Albertine | 133 | ma nièce Albertine est comme moi. Vous ne savez pas ce qu'elle est effrontée cette petite | cette petite masque, elle est rusée comme un singe
- Albertine | 137 - 140 | je n'accompagnai pas mon père à un dîner officiel où il devait y avoir les Bontemps avec leur nièce Albertine, petite jeune fille presque encore enfant | je ne savais pas alors l'influence que cette famille devait avoir sur ma vie
- Albertine | 162 - 163 | Une de ces inconnues poussait devant elle, de la main, sa bicyclette
- Albertine | 163 - 164 | la petite Simonet
- Albertine | 165 - 166 | la de moins en moins existante Mlle Simonet
- Albertine | 167 - 168 | C'est ainsi, faisant halte, les yeux brillants sous son « polo » que je la revois
- Albertine | 169 - 173 | Elstir me dit qu'elle s'appelait Albertine Simonet
- Albertine | 173 - 174 | La connaissance d'Albertine
- Albertine | 174 - 175 | une jeune fille portant un toquet et un manchon | il n'existait pas de personne plus désirable
- Albertine | 175 | Une même expression, de figure comme de langage, pouvant comporter diverses acceptions, j'étais hésitant comme un élève devant les difficultés d'une version grecque
- Albertine | 175 - 176 | Albertine obstinément placée entre nous deux
- Albertine | 176 - 177 | Bientôt je passai toutes mes journées avec ces jeunes filles
- Albertine | 178 - 180 | Alors je l'avais déplié et j'avais lu ces mots qu'elle m'avait écrits : « Je vous aime bien. » | c'était avec elle que j'aurais mon roman
- Albertine | 180 | Dans la semaine qui suivit je ne cherchai guère à voir Albertine. L'amour commence, on voudrait rester pour celle qu'on aime l'inconnu qu'elle peut aimer
- Albertine | 180 - 182 | Oui, me dit-elle, je passe cette nuit-là à votre hôtel | J'allais savoir l'odeur, le goût, qu'avait ce fruit rose inconnu
- Albertine | 182 | Si Albertine me semblait maintenant vide, Andrée était remplie de quelque chose que je connaissais trop
- Albertine | 182 - 183 | chacune de ces Albertine était différente | plus tard je pris l'habitude de devenir moi-même un personnage autre selon celle des Albertine à laquelle je pensais
- Albertine | 190 | idées romanesques que je possédais depuis longtemps et que la froideur d'Albertine, le départ prématuré de Gisèle, la séparation d'avec Gilberte avaient libérées
- Albertine | 231 | le même sentiment instinctif qui m'avait fait supposer qu'Andrée plaignait trop Albertine pour l'aimer beaucoup
- Albertine | 236 - 239 | Françoise vint ouvrir la porte, introduisant Albertine, contenant dans la plénitude de son corps les jours passés dans ce Balbec | enfin j'étais en train d'embrasser la joue d'Albertine
- Albertine | 240 - 241 | Françoise m'annonça Albertine. Je fis entrer aussitôt, indifférent | je demandai à Albertine de m'accompagner jusqu'à l'île du bois de Boulogne | elle avait représenté tout autre chose pour moi, à Balbec
- Albertine | 244 | Ils déplaisaient aux personnes qui ne peuvent souffrir un aspect étrange, loufoque (comme Bloch à Albertine)
- Albertine | 273 | j'avais convenu avec Albertine (je lui avais donné une loge pour Phèdre) qu'elle viendrait me voir un peu avant minuit
- Albertine | 280 - 284 | Albertine, en ce moment bien loin de ma pensée, devait venir chez moi aussitôt après le théâtre | Elle ne viendra plus. Ah ! nos gigolettes d'aujourd'hui !
- Albertine | 284 - 285 | bruit de toupie du téléphone. Je m'élançai, c'était Albertine
- Albertine | 288 - 290 | un petit mot d'Albertine | Ah ! maintenant, mademoiselle Albertine, c'est quelqu'un | j'avais désiré de réentendre le rire d'Albertine
- Albertine | 291 - 292 | Albertine recommençait cependant à m'inspirer comme un désir de bonheur
- Albertine | 292 - 295 | casino d'Incarville. Albertine et Andrée qui valsaient lentement, serrées l'une contre l'autre. Au comble de la jouissance | J'avais mal compris le caractère d'Albertine
- Albertine | 296 - 297 | Albertine me dit : « Qu'est-ce que vous avez contre moi ? » | J'aurais dû partir ce soir-là sans jamais la revoir
- Albertine | 297 - 299 | Nous allions goûter comme autrefois « en bande », Albertine, ses amies et moi | nous allions comme deux amants tout seuls | mes préoccupations du côté de Gomorrhe
- Albertine | 300 - 304 | Nous étions, Albertine et moi, devant la station Balbec du petit train d'intérêt local | Stupidement, croyant qu'on ne peut aimer qu'une chose, jaloux de l'attitude d'Albertine à l'égard de Robert, j'étais rassuré quant aux femmes
- Albertine | 309 | une conversation avec ma mère | un mariage entre Albertine et toi serait le rêve de sa tante | Actuellement je ne peux pas te dire comment je trouve Albertine, je ne la trouve pas
- Albertine | 314 - 315 | une jeune cousine que je ne peux pas laisser seule (je trouvais que cette prétendue parenté simplifiait les choses pour sortir avec Albertine) | pourquoi ne l'amèneriez-vous pas ici, votre cousine ?
- Albertine | 316 - 322 | Tous les jours, je sortais avec Albertine | je commandai, pour mon malheur, une automobile | Et c'est comme une chienne encore qu'elle commençait aussitôt à me caresser sans fin
- Albertine | 322 - 330 | à La Raspelière où je viens dîner pour la première fois avec mon amie | enchaîné à ce besoin quotidien de voir Albertine
- Albertine | 331 - 332 | elle avait dit que ma « cousine » avait un drôle de genre et je voulus savoir ce qu'elle entendait par là | Albertine dans le train avec Saint-Loup | Le mariage avec Albertine m'apparaissait comme une folie
- Albertine | 333 - 335 | Je n'attendais qu'une occasion pour la rupture définitive | la chambre de Montjouvain où elle tombait dans les bras de Mlle Vinteuil | il faut absolument que j'épouse Albertine
- Albertine | 336 - 337 | Albertine habitait alors avec moi | Je n'aimais plus Albertine, car il ne me restait plus rien de la souffrance, guérie maintenant
- Albertine | 338 - 339 | en quittant Balbec, j'avais cru quitter Gomorrhe, en arracher Albertine ; hélas ! Gomorrhe était dispersée aux quatre coins du monde | Elle était capable de me causer de la souffrance, nullement de la joie
- Albertine | 340 - 342 | certaines jolies choses de toilette que je voulais donner à mon amie | Les brimborions de la parure causaient à Albertine de grands plaisirs
- Albertine | 343 - 344 | un petit incident dont la cruelle signification m'échappa entièrement et ne fut comprise par moi que longtemps après | Andrée | l'odeur de seringa | une autre Albertine | jalousie
- Albertine | 344 - 345 | Albertine encagée | images successives qu'Albertine avait été pour moi | je la regardais dormir | plusieurs Albertine en une seule | Je m'étais embarqué sur le sommeil d'Albertine
- Albertine | 346 - 351 | la voir s'éveiller | le plaisir même qu'elle habitât chez moi | habitudes de vie en commun | sous toute douceur charnelle un peu profonde, il y a la permanence d'un danger | jalousie
- Albertine | 352 - 353 | un signal joyeux de son éveil | Certaines des nourritures criées dans la rue étaient fort au goût d'Albertine | paroles menteuses | prolongement extérieur de la séquestration
- Albertine | 354 | A Versailles. Albertine avait été seule, livrée à elle-même | les explications du chauffeur, en innocentant Albertine me la rendaient encore plus ennuyeuse
- Albertine | 355 | ma mère était ennuyée de voir que le séjour d'Albertine à la maison se prolongeait, et s'affermir, quoique non encore déclarées à la fiancée, mes intentions de mariage
- Albertine | 355 - 357 | Mlle Léa | Léa, c'était la comédienne amie des deux jeunes filles qu'Albertine, sans avoir l'air de les voir, avait un après-midi, au casino, regardées dans la glace
- Albertine | 357 - 358 | la sonate de Vinteuil | La musique bien différente en cela de la société d'Albertine, m'aidait à descendre en moi-même, à y découvrir du nouveau
- Albertine | 358 - 360 | Familial et domestique : le sentiment que j'éprouvai en me promenant avec elle | Passy, Bois (de Boulogne), Seine, Saint-Cloud | les jeunes midinettes éparses