La duchesse de Bohême continua de charmer comme avait fait Violante de Styrie, et l’immense fortune du duc ne servit qu’à donner un cadre digne d’elle à l’objet d’art qu’elle était. D’objet d’art elle devint objet de luxe par cette naturelle inclinaison des choses d’ici-bas à descendre au pire quand un noble effort ne maintient pas leur centre de gravité comme au-dessus d’elles-mêmes. Augustin s’étonnait de tout ce qu’il apprenait d’elle. « Pourquoi la duchesse, lui écrivait-il, parle-t-elle sans cesse de choses que Violante méprisait tant ? »
« Parce que je plairais moins avec des préoccupations qui, par leur supériorité même, sont antipathiques et incompréhensibles aux personnes qui vivent dans le monde, répondit Violante. Mais je m’ennuie, mon bon Augustin. »
Marcel Proust
Violante ou la Mondanité (extrait)
nouvelle en quatre chapitres (Enfance méditative de Violante – Sensualité – Peines d'amour – La Mondanité)
Les Plaisirs et les Jours
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Marcel Proust lu par l'actrice italienne Liliana Bottone : Violante o la Mondanità, 22 min