Flaubert | Madame Bovary | 08 | Le château / The chateau / Vor dem Schloß

 

VIII

Le château, de construction moderne, à l’italienne, avec deux ailes avançant et trois perrons, se déployait au bas d’une immense pelouse où paissaient quelques vaches, entre des bouquets de grands arbres espacés, tandis que des bannettes d’arbustes, rhododendrons, seringas et boules-de-neige bombaient leurs touffes de verdure inégales sur la ligne courbe du chemin sablé. Une rivière passait sous un pont ; à travers la brume, on distinguait des bâtiments à toit de chaume, éparpillés dans la prairie, que bordaient en pente douce deux coteaux couverts de bois, et par derrière, dans les massifs, se tenaient, sur deux lignes parallèles, les remises et les écuries, restes conservés de l’ancien château démoli.

Le boc de Charles s’arrêta devant le perron du milieu ; des domestiques parurent ; le marquis s’avança, et, offrant son bras à la femme du médecin, l’introduisit dans le vestibule.

Il était pavé de dalles en marbre, très haut, et le bruit des pas, avec celui des voix y retentissait comme dans une église. En face montait un escalier droit, et à gauche une galerie, donnant sur le jardin, conduisait à la salle de billard dont on entendait, dès la porte, caramboler les boules d’ivoire. Comme elle la traversait pour aller au salon, Emma vit autour du jeu des hommes à figure grave, le menton posé sur de hautes cravates, décorés tous, et qui souriaient silencieusement, en poussant leur queue. Sur la boiserie sombre du lambris, de grands cadres dorés portaient, au bas de leur bordure, des noms écrits en lettres noires. Elle lut : « Jean-Antoine d’Andervilliers d’Yverbonville, comte de la Vaubyessard et baron de la Fresnaye, tué à la bataille de Coutras, le 20 octobre 1587. » Et sur un autre : « Jean-Antoine-Henry-Guy d’Andervilliers de la Vaubyessard, amiral de France et chevalier de l’ordre de Saint-Michel, blessé au combat de la Hougue-Saint-Vaast, le 29 mai 1692, mort à la Vaubyessard le 23 janvier 1693. » Puis on distinguait à peine ceux qui suivaient, car la lumière des lampes, rabattue sur le tapis vert du billard, laissait flotter une ombre dans l’appartement. Brunissant les toiles horizontales, elle se brisait contre elles en arêtes fines, selon les craquelures du vernis ; et de tous ces grands carrés noirs bordés d’or sortaient, çà et là, quelque portion plus claire de la peinture, un front pâle, deux yeux qui vous regardaient, des perruques se déroulant sur l’épaule poudrée des habits rouges, ou bien la boucle d’une jarretière au haut d’un mollet rebondi.

Le marquis ouvrit la porte du salon ; une des dames se leva (la marquise elle-même), vint à la rencontre d’Emma et la fit asseoir près d’elle, sur une causeuse, où elle se mit à lui parler amicalement, comme si elle la connaissait depuis longtemps. C’était une femme de la quarantaine environ, à belles épaules, à nez busqué, à la voix traînante, et portant, ce soir-là, sur ses cheveux châtains, un simple fichu de guipure qui retombait par derrière, en triangle. Une jeune personne blonde se tenait à côté, dans une chaise à dossier long ; et des messieurs, qui avaient une petite fleur à la boutonnière de leur habit, causaient avec les dames, tout autour de la cheminée.

À sept heures, on servit le dîner. Les hommes, plus nombreux, s’assirent à la première table, dans le vestibule, et les dames à la seconde, dans la salle à manger, avec le marquis et la marquise.

Emma se sentit, en entrant, enveloppée par un air chaud, mélange du parfum des fleurs et du beau linge, du fumet des viandes et de l’odeur des truffes. Les bougies des candélabres allongeaient des flammes sur les cloches d’argent ; les cristaux à facettes, couverts d’une buée mate, se renvoyaient des rayons pâles ; des bouquets étaient en ligne sur toute la longueur de la table, et, dans les assiettes à large bordure, les serviettes, arrangées en manière de bonnet d’évêque, tenaient entre le bâillement de leurs deux plis chacune un petit pain de forme ovale. Les pattes rouges des homards dépassaient les plats ; de gros fruits dans des corbeilles à jour s’étageaient sur la mousse ; les cailles avaient leurs plumes, des fumées montaient ; et, en bas de soie, en culotte courte, en cravate blanche, en jabot, grave comme un juge, le maître d’hôtel, passant entre les épaules des convives les plats tout découpés, faisait d’un coup de sa cuiller sauter pour vous le morceau qu’on choisissait. Sur le grand poêle de porcelaine à baguette de cuivre, une statue de femme drapée jusqu’au menton regardait immobile la salle pleine de monde.

Mme Bovary remarqua que plusieurs dames n’avaient pas mis leurs gants dans leur verre.

Cependant, au haut bout de la table, seul parmi toutes ces femmes, courbé sur son assiette remplie, et la serviette nouée dans le dos comme un enfant, un vieillard mangeait, laissant tomber de sa bouche des gouttes de sauce. Il avait les yeux éraillés et portait une petite queue enroulée d’un ruban noir. C’était le beau-père du marquis, le vieux duc de Laverdière, l’ancien favori du comte d’Artois, dans le temps des parties de chasse au Vaudreuil, chez le marquis de Conflans, et qui avait été, disait-on, l’amant de la reine Marie-Antoinette entre MM. de Coigny et de Lauzun. Il avait mené une vie bruyante de débauches, pleine de duels, de paris, de femmes enlevées, avait dévoré sa fortune et effrayé toute sa famille. Un domestique, derrière sa chaise, lui nommait tout haut, dans l’oreille, les plats qu’il désignait du doigt en bégayant ; et sans cesse les yeux d’Emma revenaient d’eux-mêmes sur ce vieil homme à lèvres pendantes comme sur quelque chose d’extraordinaire et d’auguste. Il avait vécu à la Cour et couché dans le lit des reines !

On versa du vin de Champagne à la glace. Emma frissonna de toute sa peau en sentant ce froid dans sa bouche. Elle n’avait jamais vu de grenades ni mangé d’ananas. Le sucre en poudre même lui parut plus blanc et plus fin qu’ailleurs.

Les dames, ensuite, montèrent dans leurs chambres s’apprêter pour le bal.

Emma fit sa toilette avec la conscience méticuleuse d’une actrice à son début. Elle disposa ses cheveux d’après les recommandations du coiffeur, et elle entra dans sa robe de barège, étalée sur le lit. Le pantalon de Charles le serrait au ventre.

— Les sous-pieds vont me gêner pour danser, dit-il.

— Danser ? reprit Emma.

— Oui !

— Mais tu as perdu la tête ! on se moquerait de toi, reste à ta place. D’ailleurs, c’est plus convenable pour un médecin, ajouta-t-elle.

Charles se tut. Il marchait de long en large, attendant qu’Emma fût habillée.

Il la voyait par derrière, dans la glace, entre deux flambeaux. Ses yeux noirs semblaient plus noirs. Ses bandeaux, doucement bombés vers les oreilles, luisaient d’un éclat bleu ; une rose à son chignon tremblait sur une tige mobile, avec des gouttes d’eau factices au bout de ses feuilles. Elle avait une robe de safran pâle, relevée par trois bouquets de roses pompon mêlées de verdure.

Charles vint l’embrasser sur l’épaule.

— Laisse-moi ! dit-elle, tu me chiffonnes.

On entendit une ritournelle de violon et les sons d’un cor. Elle descendit l’escalier, se retenant de courir.

Les quadrilles étaient commencés. Il arrivait du monde. On se poussait. Elle se plaça près de la porte, sur une banquette.

Quand la contredanse fut finie, le parquet resta libre pour les groupes d’hommes causant debout et les domestiques en livrée qui apportaient de grands plateaux. Sur la ligne des femmes assises, les éventails peints s’agitaient, les bouquets cachaient à demi le sourire des visages, et les flacons à bouchon d’or tournaient dans des mains entr’ouvertes dont les gants blancs marquaient la forme des ongles et serraient la chair au poignet. Les garnitures de dentelles, les broches de diamants, les bracelets à médaillon frissonnaient aux corsages, scintillaient aux poitrines, bruissaient sur les bras nus. Les chevelures, bien collées sur les fronts et tordues à la nuque, avaient, en couronnes, en grappes ou en rameaux, des myosotis, du jasmin, des fleurs de grenadier, des épis ou des bluets. Pacifiques à leurs places, des mères à figure renfrognée portaient des turbans rouges.

Le coeur d’Emma lui battit un peu lorsque son cavalier la tenant par le bout des doigts, elle vint se mettre en ligne et attendit le coup d’archet pour partir. Mais bientôt l’émotion disparut ; et, se balançant au rythme de l’orchestre, elle glissait en avant, avec des mouvements légers du cou. Un sourire lui montait aux lèvres à certaines délicatesses du violon, qui jouait seul, quelquefois, quand les autres instruments se taisaient ; on entendait le bruit clair des louis d’or qui se versaient à côté, sur le tapis des tables ; puis tout reprenait à la fois, le cornet à piston lançait un éclat sonore, les pieds retombaient en mesure, les jupes se bouffaient et frôlaient, les mains se donnaient, se quittaient ; les mêmes yeux, s’abaissant devant vous, revenaient se fixer sur les vôtres.

Quelques hommes (une quinzaine) de vingt-cinq à quarante ans, disséminés parmi les danseurs ou causant à l’entrée des portes, se distinguaient de la foule par un air de famille, quelles que fussent leurs différences d’âge, de toilette ou de figure.

Leurs habits, mieux faits, semblaient d’un drap plus souple, et leurs cheveux, ramenés en boucles vers les tempes, lustrés par des pommades plus fines. Ils avaient le teint de la richesse, ce teint blanc que rehaussent la pâleur des porcelaines, les moires du satin, le vernis des beaux meubles, et qu’entretient dans sa santé un régime discret de nourritures exquises. Leur cou tournait à l’aise sur des cravates basses ; leurs favoris longs tombaient sur des cols rabattus ; ils s’essuyaient les lèvres à des mouchoirs brodés d’un large chiffre, d’où sortait une odeur suave. Ceux qui commençaient à vieillir avaient l’air jeune, tandis que quelque chose de mûr s’étendait sur le visage des jeunes. Dans leurs regards indifférents flottait la quiétude de passions journellement assouvies ; et, à travers leurs manières douces, perçait cette brutalité particulière que communique la domination de choses à demi faciles, dans lesquelles la force s’exerce et où la vanité s’amuse, le maniement des chevaux de race et la société des femmes perdues.

À trois pas d’Emma, un cavalier en habit bleu causait Italie avec une jeune femme pâle, portant une parure de perles. Ils vantaient la grosseur des piliers de Saint-Pierre, Tivoli, le Vésuve, Castellamare et les Cassines, les roses de Gênes, le Colisée au clair de lune. Emma écoutait de son autre oreille une conversation pleine de mots qu’elle ne comprenait pas. On entourait un tout jeune homme qui avait battu, la semaine d’avant, Miss Arabelle et Romulus, et gagné deux mille louis à sauter un fossé en Angleterre. L’un se plaignait de ses coureurs qui engraissaient ; un autre, des fautes d’impression qui avaient dénaturé le nom de son cheval.

L’air du bal était lourd ; les lampes pâlissaient. On refluait dans la salle de billard. Un domestique monta sur une chaise et cassa deux vitres ; au bruit des éclats de verre, Mme Bovary tourna la tête et aperçut dans le jardin, contre les carreaux, des faces de paysans qui regardaient. Alors le souvenir des Bertaux lui arriva. Elle revit la ferme, la mare bourbeuse, son père en blouse sous les pommiers, et elle se revit elle-même, comme autrefois, écrémant avec son doigt les terrines de lait dans la laiterie. Mais, aux fulgurations de l’heure présente, sa vie passée, si nette jusqu’alors, s’évanouissait tout entière, et elle doutait presque de l’avoir vécue. Elle était là ; puis autour du bal, il n’y avait plus que de l’ombre, étalée sur tout le reste. Elle mangeait alors une glace au marasquin, qu’elle tenait de la main gauche dans une coquille de vermeil, et fermait à demi les yeux, la cuiller entre les dents.

Une dame, près d’elle, laissa tomber son éventail. Un danseur passait.

— Que vous seriez bon, monsieur, dit la dame, de vouloir bien ramasser mon éventail, qui est derrière ce canapé !

Le monsieur s’inclina, et, pendant qu’il faisait le mouvement d’étendre son bras, Emma vit la main de la jeune dame qui jetait dans son chapeau quelque chose de blanc, plié en triangle. Le monsieur, ramenant l’éventail, l’offrit à la dame, respectueusement ; elle le remercia d’un signe de tête et se mit à respirer son bouquet.

Après le souper, où il y eut beaucoup de vins d’Espagne et de vins du Rhin, des potages à la bisque et au lait d’amandes, des puddings à la Trafalgar et toutes sortes de viandes froides avec des gelées alentour qui tremblaient dans les plats, les voitures, les unes après les autres, commencèrent à s’en aller. En écartant du coin le rideau de mousseline, on voyait glisser dans l’ombre la lumière de leurs lanternes. Les banquettes s’éclaircirent ; quelques joueurs restaient encore ; les musiciens rafraîchissaient, sur leur langue, le bout de leurs doigts ; Charles dormait à demi, le dos appuyé contre une porte.

À trois heures du matin, le cotillon commença. Emma ne savait pas valser. Tout le monde valsait, Mlle d’Andervilliers elle-même et la marquise ; il n’y avait plus que les hôtes du château, une douzaine de personnes à peu près.

Cependant, un des valseurs, qu’on appelait familièrement vicomte, et dont le gilet très ouvert semblait moulé sur la poitrine, vint une seconde fois encore inviter Mme Bovary, l’assurant qu’il la guiderait et qu’elle s’en tirerait bien.

Ils commencèrent lentement, puis allèrent plus vite. Ils tournaient : tout tournait autour d’eux, les lampes, les meubles, les lambris, et le parquet, comme un disque sur un pivot. En passant auprès des portes, la robe d’Emma, par le bas, s’ériflait au pantalon ; leurs jambes entraient l’une dans l’autre ; il baissait ses regards vers elle, elle levait les siens vers lui ; une torpeur la prenait, elle s’arrêta. Ils repartirent ; et, d’un mouvement plus rapide, le vicomte, l’entraînant, disparut avec elle jusqu’au bout de la galerie, où, haletante, elle faillit tomber, et, un instant, s’appuya la tête sur sa poitrine. Et puis, tournant toujours, mais plus doucement, il la reconduisit à sa place ; elle se renversa contre la muraille et mit la main devant ses yeux.

Quand elle les rouvrit, au milieu du salon, une dame assise sur un tabouret avait devant elle trois valseurs agenouillés. Elle choisit le vicomte, et le violon recommença.

On les regardait. Ils passaient et revenaient, elle immobile du corps et le menton baissé, et lui toujours dans sa même pose, la taille cambrée, le coude arrondi, la bouche en avant. Elle savait valser, celle-là ! Ils continuèrent longtemps et fatiguèrent tous les autres.

On causa quelques minutes encore et, après les adieux ou plutôt le bonjour, les hôtes du château s’allèrent coucher.

Charles se traînait à la rampe, les genoux lui rentraient dans le corps. Il avait passé cinq heures de suite, tout debout devant les tables, à regarder jouer au whist sans y rien comprendre. Aussi poussa-t-il un grand soupir de satisfaction lorsqu’il eut retiré ses bottes.

Emma mit un châle sur ses épaules, ouvrit la fenêtre et s’accouda.

La nuit était noire. Quelques gouttes de pluie tombaient. Elle aspira le vent humide qui lui rafraîchissait les paupières. La musique du bal bourdonnait encore à ses oreilles, et elle faisait des efforts pour se tenir éveillée, afin de prolonger l’illusion de cette vie luxueuse qu’il lui faudrait tout à l’heure abandonner.

Le petit jour parut. Elle regarda les fenêtres du château, longuement, tâchant de deviner quelles étaient les chambres de tous ceux qu’elle avait remarqués la veille. Elle aurait voulu savoir leurs existences, y pénétrer, s’y confondre.

Mais elle grelottait de froid. Elle se déshabilla et se blottit entre les draps, contre Charles qui dormait.

Il y eut beaucoup de monde au déjeuner. Le repas dura dix minutes ; on ne servit aucune liqueur, ce qui étonna le médecin. Ensuite Mlle d’Andervilliers ramassa des morceaux de brioche dans une bannette, pour les porter aux cygnes sur la pièce d’eau et on s’alla promener dans la serre chaude, où des plantes bizarres, hérissées de poils, s’étageaient en pyramides sous des vases suspendus, qui, pareils à des nids de serpents trop pleins, laissaient retomber, de leurs bords, de longs cordons verts entrelacés. L’orangerie, que l’on trouvait au bout, menait à couvert jusqu’aux communs du château. Le marquis, pour amuser la jeune femme, la mena voir les écuries. Au-dessus des râteliers en forme de corbeille, des plaques de porcelaine portaient en noir le nom des chevaux. Chaque bête s’agitait dans sa stalle, quand on passait près d’elle, en claquant de la langue. Le plancher de la sellerie luisait à l’œil comme le parquet d’un salon. Les harnais de voiture étaient dressés dans le milieu sur deux colonnes tournantes, et les mors, les fouets, les étriers, les gourmettes rangés en ligne tout le long de la muraille.

Charles, cependant, alla prier un domestique d’atteler son boc. On l’amena devant le perron, et, tous les paquets y étant fourrés, les époux Bovary firent leurs politesses au marquis et à la marquise, et repartirent pour Tostes.

Emma, silencieuse, regardait tourner les roues. Charles, posé sur le bord extrême de la banquette, conduisait les deux bras écartés, et le petit cheval trottait l’amble dans les brancards, qui étaient trop larges pour lui. Les guides molles battaient sur sa croupe en s’y trempant d’écume, et la boîte ficelée derrière le boc donnait contre la caisse de grands coups réguliers.

Ils étaient sur les hauteurs de Thibourville, lorsque devant eux, tout à coup, des cavaliers passèrent en riant, avec des cigares à la bouche. Emma crut reconnaître le vicomte ; elle se détourna, et n’aperçut à l’horizon que le mouvement des têtes s’abaissant et montant, selon la cadence inégale du trot ou du galop.

Un quart de lieue plus loin, il fallut s’arrêter pour raccommoder, avec de la corde, le reculement qui était rompu.

Mais Charles, donnant au harnais un dernier coup d’œil, vit quelque chose par terre, entre les jambes de son cheval ; et il ramassa un porte-cigares tout bordé de soie verte et blasonné à son milieu, comme la portière d’un carrosse.

— Il y a même deux cigares dedans, dit-il ; ce sera pour ce soir, après dîner.

— Tu fumes donc ? demanda-t-elle.

— Quelquefois, quand l’occasion se présente.

Il mit sa trouvaille dans sa poche et fouetta le bidet.

Quand ils arrivèrent chez eux, le dîner n’était point prêt. Madame s’emporta. Nastasie répondit insolemment.

— Partez ! dit Emma. C’est se moquer, je vous chasse.

Il y avait pour dîner de la soupe à l’oignon, avec un morceau de veau à l’oseille. Charles, assis devant Emma, dit en se frottant les mains d’un air heureux :

— Cela fait plaisir de se retrouver chez soi !

On entendait Nastasie qui pleurait. Il aimait un peu cette pauvre fille. Elle lui avait, autrefois, tenu société pendant bien des soirs, dans les désœuvrements de son veuvage. C’était sa première pratique, sa plus ancienne connaissance du pays.

— Est-ce que tu l’as renvoyée pour tout de bon ? dit-il enfin.

— Oui. Qui m’en empêche ? répondit-elle.

Puis ils se chauffèrent dans la cuisine, pendant qu’on apprêtait leur chambre. Charles se mit à fumer. Il fumait en avançant les lèvres, crachant à toute minute, se reculant à chaque bouffée.

— Tu vas te faire mal, dit-elle dédaigneusement.

Il déposa son cigare, et courut avaler, à la pompe, un verre d’eau froide. Emma, saisissant le porte-cigares, le jeta vivement au fond de l’armoire.

La journée fut longue, le lendemain ! Elle se promena dans son jardinet, passant et revenant par les mêmes allées, s’arrêtant devant les plates-bandes, devant l’espalier, devant le curé de plâtre, considérant avec ébahissement toutes ces choses d’autrefois qu’elle connaissait si bien. Comme le bal déjà lui semblait loin ! Qui donc écartait, à tant de distance, le matin d’avant-hier et le soir d’aujourd’hui ? Son voyage à la Vaubyessard avait fait un trou dans sa vie, à la manière de ces grandes crevasses qu’un orage, en une seule nuit, creuse quelquefois dans les montagnes. Elle se résigna pourtant ; elle serra pieusement dans la commode sa belle toilette et jusqu’à ses souliers de satin, dont la semelle s’était jaunie à la cire glissante du parquet. Son cœur était comme eux : au frottement de la richesse, il s’était placé dessus quelque chose qui ne s’effacerait pas.

Ce fut donc une occupation pour Emma que le souvenir de ce bal. Toutes les fois que revenait le mercredi, elle se disait en s’éveillant : « Ah ! il y a huit jours… il y a quinze jours…, il y a trois semaines, j’y étais ! » Et peu à peu, les physionomies se confondirent dans sa mémoire, elle oublia l’air des contredanses, elle ne vit plus si nettement les livrées et les appartements ; quelques détails s’en allèrent ; mais le regret lui resta. 

Chapter Eight

The chateau, a modern building in Italian style, with two projecting wings and three flights of steps, lay at the foot of an immense green-sward, on which some cows were grazing among groups of large trees set out at regular intervals, while large beds of arbutus, rhododendron, syringas, and guelder roses bulged out their irregular clusters of green along the curve of the gravel path. A river flowed under a bridge; through the mist one could distinguish buildings with thatched roofs scattered over the field bordered by two gently sloping, well timbered hillocks, and in the background amid the trees rose in two parallel lines the coach houses and stables, all that was left of the ruined old chateau.

Charles’s dog-cart pulled up before the middle flight of steps; servants appeared; the Marquis came forward, and, offering his arm to the doctor’s wife, conducted her to the vestibule.

It was paved with marble slabs, was very lofty, and the sound of footsteps and that of voices re-echoed through it as in a church.

Opposite rose a straight staircase, and on the left a gallery overlooking the garden led to the billiard room, through whose door one could hear the click of the ivory balls. As she crossed it to go to the drawing room, Emma saw standing round the table men with grave faces, their chins resting on high cravats. They all wore orders, and smiled silently as they made their strokes.

On the dark wainscoting of the walls large gold frames bore at the bottom names written in black letters. She read: “Jean-Antoine d’Andervilliers d’Yvervonbille, Count de la Vaubyessard and Baron de la Fresnay, killed at the battle of Coutras on the 20th of October, 1857.” And on another: “Jean-Antoine-Henry-Guy d’Andervilliers de la Vaubyessard, Admiral of France and Chevalier of the Order of St. Michael, wounded at the battle of the Hougue-Saint-Vaast on the 29th of May, 1692; died at Vaubyessard on the 23rd of January 1693.” One could hardly make out those that followed, for the light of the lamps lowered over the green cloth threw a dim shadow round the room. Burnishing the horizontal pictures, it broke up against these in delicate lines where there were cracks in the varnish, and from all these great black squares framed in with gold stood out here and there some lighter portion of the painting — a pale brow, two eyes that looked at you, perukes flowing over and powdering red-coated shoulders, or the buckle of a garter above a well-rounded calf.

The Marquis opened the drawing room door; one of the ladies (the Marchioness herself) came to meet Emma. She made her sit down by her on an ottoman, and began talking to her as amicably as if she had known her a long time. She was a woman of about forty, with fine shoulders, a hook nose, a drawling voice, and on this evening she wore over her brown hair a simple guipure fichu that fell in a point at the back. A fair young woman sat in a high-backed chair in a corner; and gentlemen with flowers in their buttonholes were talking to ladies round the fire.

At seven dinner was served. The men, who were in the majority, sat down at the first table in the vestibule; the ladies at the second in the dining room with the Marquis and Marchioness.

Emma, on entering, felt herself wrapped round by the warm air, a blending of the perfume of flowers and of the fine linen, of the fumes of the viands, and the odour of the truffles. The silver dish covers reflected the lighted wax candles in the candelabra, the cut crystal covered with light steam reflected from one to the other pale rays; bouquets were placed in a row the whole length of the table; and in the large-bordered plates each napkin, arranged after the fashion of a bishop’s mitre, held between its two gaping folds a small oval shaped roll. The red claws of lobsters hung over the dishes; rich fruit in open baskets was piled up on moss; there were quails in their plumage; smoke was rising; and in silk stockings, knee-breeches, white cravat, and frilled shirt, the steward, grave as a judge, offering ready carved dishes between the shoulders of the guests, with a touch of the spoon gave you the piece chosen. On the large stove of porcelain inlaid with copper baguettes the statue of a woman, draped to the chin, gazed motionless on the room full of life.

Madame Bovary noticed that many ladies had not put their gloves in their glasses.

But at the upper end of the table, alone amongst all these women, bent over his full plate, and his napkin tied round his neck like a child, an old man sat eating, letting drops of gravy drip from his mouth. His eyes were bloodshot, and he wore a little queue tied with black ribbon. He was the Marquis’s father-in-law, the old Duke de Laverdiere, once on a time favourite of the Count d’Artois, in the days of the Vaudreuil hunting-parties at the Marquis de Conflans’, and had been, it was said, the lover of Queen Marie Antoinette, between Monsieur de Coigny and Monsieur de Lauzun. He had lived a life of noisy debauch, full of duels, bets, elopements; he had squandered his fortune and frightened all his family. A servant behind his chair named aloud to him in his ear the dishes that he pointed to stammering, and constantly Emma’s eyes turned involuntarily to this old man with hanging lips, as to something extraordinary. He had lived at court and slept in the bed of queens! Iced champagne was poured out. Emma shivered all over as she felt it cold in her mouth. She had never seen pomegranates nor tasted pineapples. The powdered sugar even seemed to her whiter and finer than elsewhere.

The ladies afterwards went to their rooms to prepare for the ball.

Emma made her toilet with the fastidious care of an actress on her debut. She did her hair according to the directions of the hairdresser, and put on the barege dress spread out upon the bed.

Charles’s trousers were tight across the belly.

“My trouser-straps will be rather awkward for dancing,” he said.

“Dancing?” repeated Emma.

“Yes!”

“Why, you must be mad! They would make fun of you; keep your place. Besides, it is more becoming for a doctor,” she added.

Charles was silent. He walked up and down waiting for Emma to finish dressing.

He saw her from behind in the glass between two lights. Her black eyes seemed blacker than ever. Her hair, undulating towards the ears, shone with a blue lustre; a rose in her chignon trembled on its mobile stalk, with artificial dewdrops on the tip of the leaves. She wore a gown of pale saffron trimmed with three bouquets of pompon roses mixed with green.

Charles came and kissed her on her shoulder.

“Let me alone!” she said; “you are tumbling me.”

One could hear the flourish of the violin and the notes of a horn. She went downstairs restraining herself from running.

Dancing had begun. Guests were arriving. There was some crushing.

She sat down on a form near the door.

The quadrille over, the floor was occupied by groups of men standing up and talking and servants in livery bearing large trays. Along the line of seated women painted fans were fluttering, bouquets half hid smiling faces, and gold stoppered scent-bottles were turned in partly-closed hands, whose white gloves outlined the nails and tightened on the flesh at the wrists. Lace trimmings, diamond brooches, medallion bracelets trembled on bodices, gleamed on breasts, clinked on bare arms.

The hair, well-smoothed over the temples and knotted at the nape, bore crowns, or bunches, or sprays of mytosotis, jasmine, pomegranate blossoms, ears of corn, and corn-flowers. Calmly seated in their places, mothers with forbidding countenances were wearing red turbans.

Emma’s heart beat rather faster when, her partner holding her by the tips of the fingers, she took her place in a line with the dancers, and waited for the first note to start. But her emotion soon vanished, and, swaying to the rhythm of the orchestra, she glided forward with slight movements of the neck. A smile rose to her lips at certain delicate phrases of the violin, that sometimes played alone while the other instruments were silent; one could hear the clear clink of the louis d’or that were being thrown down upon the card tables in the next room; then all struck again, the cornet-a-piston uttered its sonorous note, feet marked time, skirts swelled and rustled, hands touched and parted; the same eyes falling before you met yours again.

A few men (some fifteen or so), of twenty-five to forty, scattered here and there among the dancers or talking at the doorways, distinguished themselves from the crowd by a certain air of breeding, whatever their differences in age, dress, or face.

Their clothes, better made, seemed of finer cloth, and their hair, brought forward in curls towards the temples, glossy with more delicate pomades. They had the complexion of wealth — that clear complexion that is heightened by the pallor of porcelain, the shimmer of satin, the veneer of old furniture, and that an ordered regimen of exquisite nurture maintains at its best. Their necks moved easily in their low cravats, their long whiskers fell over their turned-down collars, they wiped their lips upon handkerchiefs with embroidered initials that gave forth a subtle perfume. Those who were beginning to grow old had an air of youth, while there was something mature in the faces of the young. In their unconcerned looks was the calm of passions daily satiated, and through all their gentleness of manner pierced that peculiar brutality, the result of a command of half-easy things, in which force is exercised and vanity amused — the management of thoroughbred horses and the society of loose women.

A few steps from Emma a gentleman in a blue coat was talking of Italy with a pale young woman wearing a parure of pearls.

They were praising the breadth of the columns of St. Peter’s, Tivoly, Vesuvius, Castellamare, and Cassines, the roses of Genoa, the Coliseum by moonlight. With her other ear Emma was listening to a conversation full of words she did not understand. A circle gathered round a very young man who the week before had beaten “Miss Arabella” and “Romolus,” and won two thousand louis jumping a ditch in England. One complained that his racehorses were growing fat; another of the printers’ errors that had disfigured the name of his horse.

The atmosphere of the ball was heavy; the lamps were growing dim.

Guests were flocking to the billiard room. A servant got upon a chair and broke the window-panes. At the crash of the glass Madame Bovary turned her head and saw in the garden the faces of peasants pressed against the window looking in at them. Then the memory of the Bertaux came back to her. She saw the farm again, the muddy pond, her father in a blouse under the apple trees, and she saw herself again as formerly, skimming with her finger the cream off the milk-pans in the dairy. But in the refulgence of the present hour her past life, so distinct until then, faded away completely, and she almost doubted having lived it. She was there; beyond the ball was only shadow overspreading all the rest. She was just eating a maraschino ice that she held with her left hand in a silver-gilt cup, her eyes half-closed, and the spoon between her teeth.

A lady near her dropped her fan. A gentlemen was passing.

“Would you be so good,” said the lady, “as to pick up my fan that has fallen behind the sofa?”

The gentleman bowed, and as he moved to stretch out his arm, Emma saw the hand of a young woman throw something white, folded in a triangle, into his hat. The gentleman, picking up the fan, offered it to the lady respectfully; she thanked him with an inclination of the head, and began smelling her bouquet.

After supper, where were plenty of Spanish and Rhine wines, soups a la bisque and au lait d’amandes, puddings a la Trafalgar, and all sorts of cold meats with jellies that trembled in the dishes, the carriages one after the other began to drive off. Raising the corners of the muslin curtain, one could see the light of their lanterns glimmering through the darkness. The seats began to empty, some card-players were still left; the musicians were cooling the tips of their fingers on their tongues. Charles was half asleep, his back propped against a door.

At three o’clock the cotillion began. Emma did not know how to waltz. Everyone was waltzing, Mademoiselle d’Andervilliers herself and the Marquis; only the guests staying at the castle were still there, about a dozen persons.

One of the waltzers, however, who was familiarly called Viscount, and whose low cut waistcoat seemed moulded to his chest, came a second time to ask Madame Bovary to dance, assuring her that he would guide her, and that she would get through it very well.

They began slowly, then went more rapidly. They turned; all around them was turning — the lamps, the furniture, the wainscoting, the floor, like a disc on a pivot. On passing near the doors the bottom of Emma’s dress caught against his trousers.

Their legs commingled; he looked down at her; she raised her eyes to his. A torpor seized her; she stopped. They started again, and with a more rapid movement; the Viscount, dragging her along disappeared with her to the end of the gallery, where panting, she almost fell, and for a moment rested her head upon his breast. And then, still turning, but more slowly, he guided her back to her seat. She leaned back against the wall and covered her eyes with her hands.

When she opened them again, in the middle of the drawing room three waltzers were kneeling before a lady sitting on a stool.

She chose the Viscount, and the violin struck up once more.

Everyone looked at them. They passed and re-passed, she with rigid body, her chin bent down, and he always in the same pose, his figure curved, his elbow rounded, his chin thrown forward. That woman knew how to waltz! They kept up a long time, and tired out all the others.

Then they talked a few moments longer, and after the goodnights, or rather good mornings, the guests of the chateau retired to bed.

Charles dragged himself up by the balusters. His “knees were going up into his body.” He had spent five consecutive hours standing bolt upright at the card tables, watching them play whist, without understanding anything about it, and it was with a deep sigh of relief that he pulled off his boots.

Emma threw a shawl over her shoulders, opened the window, and leant out.

The night was dark; some drops of rain were falling. She breathed in the damp wind that refreshed her eyelids. The music of the ball was still murmuring in her ears. And she tried to keep herself awake in order to prolong the illusion that this luxurious life that she would soon have to give up.

Day began to break. She looked long at the windows of the chateau, trying to guess which were the rooms of all those she had noticed the evening before. She would fain have known their lives, have penetrated, blended with them. But she was shivering with cold. She undressed, and cowered down between the sheets against Charles, who was asleep.

There were a great many people to luncheon. The repast lasted ten minutes; no liqueurs were served, which astonished the doctor.

Next, Mademoiselle d’Andervilliers collected some pieces of roll in a small basket to take them to the swans on the ornamental waters, and they went to walk in the hot-houses, where strange plants, bristling with hairs, rose in pyramids under hanging vases, whence, as from over-filled nests of serpents, fell long green cords interlacing. The orangery, which was at the other end, led by a covered way to the outhouses of the chateau. The Marquis, to amuse the young woman, took her to see the stables.

Above the basket-shaped racks porcelain slabs bore the names of the horses in black letters. Each animal in its stall whisked its tail when anyone went near and said “Tchk! tchk!” The boards of the harness room shone like the flooring of a drawing room. The carriage harness was piled up in the middle against two twisted columns, and the bits, the whips, the spurs, the curbs, were ranged in a line all along the wall.

Charles, meanwhile, went to ask a groom to put his horse to. The dog-cart was brought to the foot of the steps, and, all the parcels being crammed in, the Bovarys paid their respects to the Marquis and Marchioness and set out again for Tostes.

Emma watched the turning wheels in silence. Charles, on the extreme edge of the seat, held the reins with his two arms wide apart, and the little horse ambled along in the shafts that were too big for him. The loose reins hanging over his crupper were wet with foam, and the box fastened on behind the chaise gave great regular bumps against it.

They were on the heights of Thibourville when suddenly some horsemen with cigars between their lips passed laughing. Emma thought she recognized the Viscount, turned back, and caught on the horizon only the movement of the heads rising or falling with the unequal cadence of the trot or gallop.

A mile farther on they had to stop to mend with some string the traces that had broken.

But Charles, giving a last look to the harness, saw something on the ground between his horse’s legs, and he picked up a cigar-case with a green silk border and beblazoned in the centre like the door of a carriage.

“There are even two cigars in it,” said he; “they’ll do for this evening after dinner.”

“Why, do you smoke?” she asked.

“Sometimes, when I get a chance.”

He put his find in his pocket and whipped up the nag.

When they reached home the dinner was not ready. Madame lost her temper. Nastasie answered rudely.

“Leave the room!” said Emma. “You are forgetting yourself. I give you warning.”

For dinner there was onion soup and a piece of veal with sorrel.

Charles, seated opposite Emma, rubbed his hands gleefully.

“How good it is to be at home again!”

Nastasie could be heard crying. He was rather fond of the poor girl. She had formerly, during the wearisome time of his widowhood, kept him company many an evening. She had been his first patient, his oldest acquaintance in the place.

“Have you given her warning for good?” he asked at last.

“Yes. Who is to prevent me?” she replied.

Then they warmed themselves in the kitchen while their room was being made ready. Charles began to smoke. He smoked with lips protruding, spitting every moment, recoiling at every puff.

“You’ll make yourself ill,” she said scornfully.

He put down his cigar and ran to swallow a glass of cold water at the pump. Emma seizing hold of the cigar case threw it quickly to the back of the cupboard.

The next day was a long one. She walked about her little garden, up and down the same walks, stopping before the beds, before the espalier, before the plaster curate, looking with amazement at all these things of once-on-a-time that she knew so well. How far off the ball seemed already! What was it that thus set so far asunder the morning of the day before yesterday and the evening of to-day? Her journey to Vaubyessard had made a hole in her life, like one of those great crevices that a storm will sometimes make in one night in mountains. Still she was resigned. She devoutly put away in her drawers her beautiful dress, down to the satin shoes whose soles were yellowed with the slippery wax of the dancing floor. Her heart was like these. In its friction against wealth something had come over it that could not be effaced.

The memory of this ball, then, became an occupation for Emma.

Whenever the Wednesday came round she said to herself as she awoke, “Ah! I was there a week — a fortnight — three weeks ago.”

And little by little the faces grew confused in her remembrance.

She forgot the tune of the quadrilles; she no longer saw the liveries and appointments so distinctly; some details escaped her, but the regret remained with her.

Achtes Kapitel

Vor dem Schloß, einem modernen Baue im Renaissancestil mit zwei vorspringenden Flügeln und drei Freitreppen, dehnte sich eine ungeheure Rasenfläche mit vereinzelten Baumgruppen, zwischen denen etliche Kühe weideten. Ein Kiesweg lief in Windungen hindurch, beschattet von allerlei Gebüsch in verschiedenem Grün, Rhododendren, Flieder- und Schneeballsträuchern. Unter einer Brücke floß ein Bach. Weiter weg, verschwommen im Abendnebel, erkannte man ein paar Häuser mit Strohdächern. Die große Wiese ward durch längliche kleine Hügel begrenzt, die bewaldet waren. Versteckt hinter diesem Gehölz lagen in zwei gleichlaufenden Reihen die Wirtschaftsgebäude und Wagenschuppen, die noch vom ehemaligen Schloßbau herrührten.

Karls Wäglein hielt vor der mittleren Freitreppe. Dienerschaft erschien. Der Marquis kam entgegen, bot der Arztfrau den Arm und geleitete sie in die hohe, mit Marmorfliesen belegte Vorhalle. Geräusch von Tritten und Stimmen hallte darin wider wie in einer Kirche. Dem Eingange gegenüber stieg geradeaus eine breite Treppe auf. Zur Linken begann eine Galerie, mit Fenstern nach dem Garten hinaus, die zum Billardzimmer führte; schon von weitem vernahm man das Karambolieren der elfenbeinernen Bälle. Durch das Billardzimmer kam man in den Empfangssaal. Beim Hindurchgehen sah Emma Herren in würdevoller Haltung beim Spiel, das Kinn vergraben in den Krawatten, alle mit Ordensbändchen. Schweigsam lächelnd handhabten sie die Queues.

Auf dem düsteren Holzgetäfel der Wände hingen große Bilder in schweren vergoldeten Rahmen mit schwarzen Inschriften. Eine lautete:
Hans Anton von Andervilliers zu Yverbonville,
Graf von Vaubyessard und Edler Herr auf Fresnaye,
gefallen in der Schlacht von Coutras
am 20. Oktober 1587.

Eine andre:
Hans Anton Heinrich Guy, Graf von Andervilliers
und Vaubyessard, Admiral von Frankreich,
Ritter des Sankt-Michel-Ordens,
verwundet bei Saint Vaast de la Hougue
am 29. Mai 1692,
gestorben zu Vaubyessard am 23. Januar 1693

Die übrigen vermochte man kaum zu erkennen, weil sich das Licht der Lampen auf das grüne Tuch des Billards konzentrierte und das Zimmer im Dunkeln ließ. Nur ein schwacher Schein hellte die Gemäldeflächen auf, deren sprüngiger Firnis mit diesem feinen Schimmer spielte. Und so traten aus allen den großen schwarzen goldumflossenen Vierecken Partien der Malerei deutlicher und heller hervor, hier eine blasse Stirn, da zwei starre Augen, dort eine gepuderte Allongeperücke über der Schulter eines roten Rockes und anderswo die Schnalle eines Kniebandes über einer strammen Wade.

Der Marquis öffnete die Tür zum Salon. Eine der Damen — es war die Schloßherrin selbst — erhob sich, ging Emma entgegen und bot ihr einen Sitz neben sich an, auf einem Sofa, und begann freundschaftlich mit ihr zu plaudern, ganz als ob sie eine alte Bekannte vor sich hätte. Die Marquise war etwa Vierzigerin; sie hatte hübsche Schultern, eine Adlernase und eine etwas schleppende Art zu sprechen. An diesem Abend trug sie über ihrem kastanienbraunen Haar ein einfaches Spitzentuch, das ihr dreieckig in den Nacken herabhing. Neben ihr, auf einem hochlehnigen Stuhle, saß eine junge Blondine. Ein paar Herren, kleine Blumen an den Röcken, waren im Gespräche mit den Damen. Alle saßen sie um den Kamin herum.

Um sieben Uhr ging man zu Tisch. Die Herren, die in der Überzahl da waren, nahmen Platz an der einen Tafel in der Vorhalle; die Damen, der Marquis und die Marquise an der andern im Eßzimmer. Als Emma eintrat, drang ihr ein warmes Gemisch von Düften und Gerüchen entgegen: von Blumen, Tischdamast, Wein und Delikatessen. Die Flammen der Kandelaberkerzen liebäugelten mit dem Silberzeug, und in den geschliffenen Gläsern und Schalen tanzte der bunte Widerschein. Die Tafel entlang paradierte eine Reihe von Blumensträußen. Aus den Falten der Servietten, die in der Form von Bischofsmützen über den breitrandigen Tellern lagen, lugten ovale Brötchen. Hummern, die auf den großen Platten nicht Platz genug hatten, leuchteten in ihrem Rot. In durchbrochenen Körbchen waren riesige Früchte aufgetürmt. Kunstvoll zubereitete Wachteln wurden dampfend aufgetragen. Der Haushofmeister, in seidnen Strümpfen, Kniehosen und weißer Krawatte, reichte mit Grandezza und großem Geschick die Schüsseln. Auf all dies gesellschaftliche Treiben sah regungslos die bis zum Kinn verhüllte Göttin herab, die auf dem mächtigen, bronzegeschmückten Porzellanofen thronte.

Am oberen Ende der Tafel, mitten unter all den Damen, saß, über seinen vollen Teller gebeugt, ein alter Herr, der sich die Serviette nach Kinderart um den Hals geknüpft hatte. Die Sauce tropfte ihm aus dem Munde; seine Augen waren rotunterlaufen. Er trug noch einen Zopf, um den ein schwarzes Band geschlungen war. Das war der Schwiegervater des Marquis, der alte Herzog von Laverdière. Anno dazumal (zu den seligen Zeiten der Jagdfeste in Vaudreuil beim Marquis von Conflans) war er ein Busenfreund des Grafen Artois. Auch munkelte man, er wäre der Geliebte der Königin Marie-Antoinette gewesen, der Nachfolger des Herrn von Coigny und der Vorgänger des Herzogs von Lauzun. Er hatte ein wüstes Leben hinter sich, voller Zweikämpfe, toller Wetten und Frauengeschichten. Ob seiner Verschwendungssucht war er ehedem der Schrecken seiner Familie. Jetzt stand ein Diener hinter seinem Stuhle, der ihm ins Ohr brüllen mußte, was es für Gerichte zu essen gab.

Emmas Blicke kehrten immer wieder unwillkürlich zu diesem alten Manne mit den hängenden Lippen zurück, als ob er etwas ganz Besonderes und Großartiges sei: war er doch ein Favorit des Königshofes gewesen und hatte im Bette einer Königin geschlafen!

Es wurde frappierter Sekt gereicht. Emma überlief es am ganzen Körper, als sie das eisige Getränk im Munde spürte. Zum erstenmal in ihrem Leben sah sie Granatäpfel und aß sie Ananas. Selbst der gestoßene Zucker, den es dazu gab, kam ihr weißer und feiner vor denn anderswo.

Nach Tische zogen sich die Damen in ihre Zimmer zurück, um sich zum Ball umzukleiden. Emma widmete ihrer Toilette die sorglichste Gründlichkeit, wie eine Schauspielerin vor ihrem Debüt. Ihr Haar ordnete sie nach den Ratschlägen des Coiffeurs. Dann schlüpfte sie in ihr Barege-Kleid, das auf dem Bett ausgebreitet bereitlag.

Karl fühlte sich in seiner Sonntagshose am Bauche beengt.

„Ich glaube, die Stege werden mich beim Tanzen stören!“ meinte er.

„Du willst tanzen?“ entgegnete ihm Emma.

„Na ja!“

„Du bist nicht recht gescheit! Man würde dich bloß auslachen. Bleib du nur ruhig sitzen! Übrigens schickt sich das viel besser für einen Arzt“, fügte sie hinzu.

Karl schwieg. Er lief mit großen Schritten im Zimmer hin und her und wartete, bis Emma fertig wäre. Er sah sie über ihren Rücken weg im Spiegel, zwischen zwei brennenden Kerzen. Ihre schwarzen Augen erschienen ihm noch dunkler denn sonst. Ihr Haar war nach den Ohren zu ein wenig aufgebauscht; es schimmerte in einem bläulichen Glanze, und über ihnen zitterte eine bewegliche Rose, mit künstlichen Tauperlen in den Blättern. Ihr mattgelbes Kleid ward durch drei Sträußchen von Moosrosen mit Grün darum belebt.

Karl küßte sie von hinten auf die Schulter.

„Laß mich!“ wehrte sie ab. „Du zerknüllst mir alles!“

Violinen- und Waldhornklänge drangen herauf. Emma stieg die Treppe hinunter, am liebsten wäre sie gerannt.

Die Quadrille hatte bereits begonnen. Der Saal war gedrängt voller Menschen, und immer noch kamen Gäste. Emma setzte sich unweit der Tür auf einen Diwan.

Als der Kontertanz zu Ende war, blieben auf dem Parkett nur Gruppen plaudernder Menschen und Diener in Livree, die große Platten herumtrugen. In der Linie der sitzenden Damen gingen die bemalten Fächer auf und nieder; die Blumenbukette verdeckten zur Hälfte die lachenden Gesichter, und die goldnen Stöpsel der Riechfläschchen funkelten hin und her in den weißen Handschuhen, an denen die Konturen der Fingernägel ihrer Trägerinnen hervortraten, während das eingepreßte Fleisch nur in den Handflächen schimmerte. Die Spitzen, die Brillantbroschen, die Armbänder mit Anhängseln wogten an den Miedern, glitzerten an den Brüsten und klapperten an den Handgelenken. Die Damen trugen im Haar, das durchweg glatt und im Nacken geknotet war, Vergißmeinnicht, Jasmin, Granatblüten, Ähren und Kornblumen in Kränzen, Sträußen oder Ranken. Bequem in ihren Stühlen lehnten die Mütter mit gelangweilten Mienen, etliche in roten Turbanen.

Das Herz klopfte Emma ein wenig, als der erste Tänzer sie an den Fingerspitzen faßte und in die Reihe der anderen führte. Beim ersten Geigenton tanzten sie los. Bald jedoch legte sich ihre Aufregung. Sie begann sich im Flusse der Musik zu wiegen, und mit einer leichten Biegung im Halse glitt sie sicher dahin. Bei besonders zärtlichen Passagen des Violinsolos flog ein süßes Lächeln um ihre Lippen. Wenn so die andern Instrumente schwiegen, hörte man im Tanzsaal das helle Klimpern der Goldstücke auf den Spieltischen nebenan, bis das Orchester mit einem Male wieder voll einsetzte. Dann gings im wiedergewonnenen Takte weiter; die Röcke der Tänzerinnen bauschten sich und streiften einander, Hände suchten und mieden sich, und dieselben Blicke, die eben schüchtern gesenkt waren, fanden ihr Ziel.

Unter den tanzenden oder plaudernd an den Türen stehenden Herren stachen etliche, etwa zwölf bis fünfzehn, bei allem Alters- und sonstigem Unterschied durch einen gewissen gemeinsamen Typ von den andern ab. Ihre Kleider waren von eleganterem Schnitte und aus feinerem Stoff. Ihr nach den Schläfen zu gewelltes Haar verriet die beste Pflege. Sie hatten den Teint des Grandseigneurs, jene weiße Hautfarbe, die wie abgestimmt zu bleichem Porzellan, schillernder Seide und feinpolierten Möbeln erscheint und durch sorgfältige und raffinierte Ernährung erhalten wird. Ihre Bewegungen waren ungezwungen. Ihren mit Monogrammen bestickten Taschentüchern entströmte leises Parfüm. Den älteren unter diesen Herren haftete Jugendlichkeit an, während den Gesichtern der jüngeren eine gewisse Reife eigen war. In ihren gleichgültigen Blicken spiegelte sich die Ruhe der immer wieder befriedigten Sinne, und hinter ihren glatten Manieren schlummerte das brutale eitle Herrentum, das sich im Umgange mit Rassepferden und leichten Damen entwickelt und kräftigt.

Ein paar Schritte von Emma entfernt, plauderte ein Kavalier in blauem Frack mit einer blassen, jungen, perlengeschmückten Dame über Italien. Sie schwärmten von der Kuppel des Sankt Peter, von Tivoli, vom Vesuv, von Castellammare, von Florenz, von den Genueser Rosen und vom Kolosseum bei Mondenschein, mit ihrem andern Ohre horchte Emma auf eine Unterhaltung, in der sie tausend Dinge nicht verstand. Man umringte einen jungen Herrn, der in der vergangnen Woche in England Miß Arabella und Romulus „geschlagen“ und durch einen „famosen Grabensprung“ vierzigtausend Franken gewonnen hatte. Ein andrer beklagte sich, seine „Rennschinder“ seien „nicht im Training“, und ein dritter jammerte über einen Druckfehler in der „Sportwelt“, der den Namen eines seiner „Vollblüter“ verballhornt habe.

Die Luft im Ballsaale wurde schwer, die Lichter schimmerten fahler. Man drängte nach dem Billardzimmer. Ein Diener, der auf einen Stuhl gestiegen war, um die Fenster zu öffnen, zerbrach aus Ungeschicklichkeit eine Scheibe. Das Klirren der Glasscherben veranlaßte Frau Bovary hinzublicken, und da gewahrte sie von draußen herein gaffende Bauerngesichter. Die Erinnerung an das elterliche Gut überkam sie. Im Geiste sah sie den Hof mit dem Misthaufen, ihren Vater in Hemdsärmeln unter den Apfelbäumen und sich selber ganz wie einst, wie sie in der Milchkammer mit den Fingern die Milch in den Schüsseln abrahmte. Aber im Strahlenglanz der gegenwärtigen Stunde starb die eben noch so klare Erinnerung an ihr früheres Leben schnell wieder; es je gelebt zu haben, kam ihr fast unmöglich vor. Hier, hier lebte sie, und was über diesen Ballsaal hinaus existieren mochte, das lag für sie im tiefsten Dunkel ...

Sie schlürfte von dem Maraschino-Eis, das sie in einer vergoldeten Silberschale in der Hand hielt, wobei sie die Augen halb schloß und den goldnen Löffel lange zwischen den Zähnen behielt. Neben ihr ließ eine Dame ihren Fächer zu Boden gleiten. Ein Tänzer ging vorüber.

„Sie wären sehr gütig, mein Herr,“ sagte die Dame, „wenn Sie mir meinen Fächer aufheben wollten. Er ist unter dieses Sofa gefallen.“

Der Herr bückte sich, und während er mit dem Arm nach dem Fächer langte, bemerkte Emma, daß ihm die Dame etwas weißes, dreieckig Zusammengefaltetes in den Hut warf. Er überreichte ihr den aufgehobenen Fächer ehrerbietig. Sie dankte mit einem leichten Neigen des Kopfes und barg schnell ihr Gesicht in den Blumen ihres Straußes.

Nach dem Souper, bei dem es verschiedene Sorten von Süd- und Rheinweinen gab, Krebssuppe, Mandelmilch, Pudding à la Trafalgar und allerlei kaltes Fleisch, mit zitterndem Gelee garniert, begannen die Wagen einer nach dem andern vor- und wegzufahren. Wer einen der Musselinvorhänge am Fenster ein wenig beiseiteschob, konnte die Laternenlichter in die Nacht hinausziehen sehen. Es saßen immer weniger Tänzer im Saale. Nur im Spielzimmer war noch Leben. Die Musikanten leckten sich die heißen Finger ab. Karl stand gegen eine Tür gelehnt, dem Einschlafen nahe.

Um drei Uhr begann der Kotillon. Walzer tanzen konnte Emma nicht. Aber alle Welt, sogar Fräulein von Andervilliers und die Marquise tanzten. Es waren nur noch die im Schlosse zur Nacht bleibenden Gäste da, etwa ein Dutzend Personen.

Da geschah es, daß einer der Tänzer, den man schlechtweg „Vicomte“ nannte — die weitausgeschnittene Weste saß ihm wie angegossen — Frau Bovary zum Tanz aufforderte. Sie wagte es nicht. Der Vicomte bat abermals, indem er versicherte, er würde sie sicher führen und es würde vortrefflich gehen.

Sie begannen langsam, um allmählich rascher zu tanzen. Schließlich wirbelten sie dahin. Alles drehte sich rund um sie: die Lichter, die Möbel, die Wände, der Parkettboden, als ob sie in der Mitte eines Kreisels wären. Einmal, als das Paar dicht an einer der Türen vorbeitanzte, wickelte sich Emmas Schleppe um das Bein ihres Tänzers. Sie fühlten sich beide und blickten sich einander in die Augen. Ein Schwindel ergriff Emma. Sie wollte stehen bleiben. Aber es ging weiter: der Vicomte raste nur noch rascher mit ihr dahin, bis an das Ende der Galerie, wo Emma, völlig außer Atem, beinahe umsank und einen Augenblick lang ihren Kopf an seine Brust lehnte. Dann brachte er sie, von neuem, aber ganz langsam tanzend, an ihren Platz zurück. Es schwindelte ihr; sie mußte den Rücken anlehnen und ihr Gesicht mit der einen Hand bedecken.

Als sie die Augen wieder aufschlug, sah sie, daß in der Mitte des Saales eine der Damen auf einem Taburett saß, während drei der Herren vor ihr knieten. Der Vicomte war darunter. Er war der Bevorzugte. Und von neuem setzten die Geigen ein.

Alle Blicke galten dem tanzenden Paare. Es tanzte einmal und noch einmal herum: sie regungslos in den Linien ihres Körpers, das Kinn ein wenig gesenkt; er in immer der nämlichen Haltung, kerzengerade, die Arme elegant gerundet, den Blick geradeaus gerichtet. Das waren Walzertänzer! Sie fanden kein Ende. Eher ermüdeten die Zuschauer.

Nach dem Kotillon plauderte man noch eine kleine Weile. Dann sagte man sich „Gute Nacht“ oder vielmehr „Guten Morgen“, und alles ging schlafen.

Karl schleppte sich am Treppengeländer hinauf. Er hatte sich „die Beine in den Bauch gestanden.“ Ohne sich zu setzen, hatte er sich fünf Stunden hintereinander bei den Spieltischen aufgehalten und den Whistspielern zugesehen, ohne etwas von diesem Spiel zu verstehen. Und so stieß er einen mächtigen Seufzer der Erleichterung aus, als er sich endlich seiner Stiefel entledigt hatte.

Emma legte sich ein Tuch um die Schultern, öffnete das Fenster und lehnte sich hinaus. Die Nacht war schwarz. Feiner Sprühregen fiel. Sie atmete den feuchten Wind ein, der ihr die Augenlider kühlte. Walzerklänge summten ihr noch in den Ohren. Emma hielt sich gewaltsam wach, um den eben erlebten Märchenglanz, ehe er ganz wieder verronnen, noch ein wenig zu besitzen ...

Der Morgen dämmerte. Sie schaute hinüber nach den Fensterreihen des Mittelbaues, lange, lange, und versuchte zu erraten, wo die einzelnen Personen alle wohnten, die sie diesen Abend beobachtet hatte. Sie sehnte sich darnach, etwas von ihrem Leben zu wissen, eine Rolle darin zu spielen, selber darin aufzugehen.

Schließlich begann sie zu frösteln. Sie entkleidete sich und schmiegte sich in die Kissen, zur Seite ihres schlafenden Gatten.

Zum Frühstück erschienen eine Menge Menschen. Es dauerte zehn Minuten. Es gab keinen Kognak, was dem Arzt wenig behagte.

Beim Aufstehen sammelte Fräulein von Andervilliers die angebrochenen Brötchen in einen kleinen Korb, um sie den Schwänen auf dem Schloßteiche zu bringen. Nach der Fütterung begab man sich in das Gewächshaus, mit seinen seltsamen Kakteen und Schlingpflanzen, und in die Orangerie. Von dieser führte ein Ausgang in den Wirtschaftshof.

Um der jungen Arztfrau ein Vergnügen zu bereiten, zeigte ihr der Marquis die Ställe. Über den korbartigen Raufen waren Porzellanschilder angebracht, auf denen in schwarzen Buchstaben die Namen der Pferde standen. Man blieb an den einzelnen Boxen stehen, und wenn man mit der Zunge schnalzte, scharrten die Tiere. Die Dielen in der Sattel- und Geschirrkammer waren blank gewichst wie Salonparkett. Die Wagengeschirre ruhten in der Mitte des Raumes auf drehbaren Böcken, während die Kandaren, Trensen, Kinnketten, Steigbügel, Zügel und Peitschen wohlgeordnet zu Reihen an den Wänden hingen.

Karl bat einen Stallburschen, sein Gefährt zurechtzumachen. Sodann fuhr er vor. Das ganze Gepäck ward aufgepackt. Das Ehepaar Bovary bedankte und verabschiedete sich bei dem Marquis und der Marquise. Und heim ging es nach Tostes.

Schweigsam sah Emma dem Drehen der Räder zu. Karl saß auf dem äußersten Ende des Sitzes und kutschierte mit abstehenden Ellbogen. Das kleine Pferd lief im Zotteltrab dahin, in seiner Gabel, die ihm viel zu weit war. Die schlaffen Zügel tanzten auf der Kruppe des Gaules. Gischt flatterte. Der Koffer, der hinten angeschnallt war, saß nicht recht fest und polterte in einem fort im Takte an den Wagenkasten.

Auf der Höhe von Thibourville wurden sie plötzlich von ein paar Reitern überholt. Lachende Gesichter und Zigarettenrauch. Emma glaubte, den Vicomte zu bemerken. Sie schaute ihm nach, aber sie vermochte nichts zu erkennen als die Konturen der Reiter, die sich vom Himmel abhoben und sich im Rhythmus des Trabes auf und nieder bewegten.

Wenige Minuten später mußten sie Halt machen, um die zerrissene Hemmkette mit einem Strick festzubinden. Als Karl das ganze Geschirr noch einmal überblickte, gewahrte er zwischen den Beinen seines Pferdes einen Gegenstand liegen. Er hob eine Zigarrentasche auf; sie war mit grüner Seide gestickt und auf der Mitte der Oberseite mit einem Wappen geschmückt.

„Es sind sogar zwei Zigarren drin!“ sagte er. „Die kommen heute abend nach dem Essen dran!“

„Du rauchst demnach?“ fragte Emma.

„Manchmal! Gelegentlich!“

Er steckte seinen Fund in die Tasche und gab dem Gaul eins mit der Peitsche.

Als sie zu Hause ankamen, war das Mittagessen noch nicht fertig. Frau Bovary war unwillig darüber. Anastasia gab eine dreiste Antwort.

„Scheren Sie sich fort“ rief Emma. „Sie machen sich über mich lustig. Sie sind entlassen!“

Zu Tisch gab es Zwiebelsuppe und Kalbfleisch mit Sauerkraut. Karl saß seiner Frau gegenüber. Er rieb sich die Hände und meinte vergnügt:

„Zu Hause ists doch am schönsten!“

Man hörte, wie Anastasia draußen weinte. Karl hatte das arme Ding gern. Ehedem, in der trostlosen Einsamkeit seiner Witwerzeit, hatte sie ihm so manchen Abend Gesellschaft geleistet. Sie war seine erste Patientin gewesen, seine älteste Bekannte in der ganzen Gegend.

„Hast du ihr im Ernst gekündigt?“ fragte er nach einer Weile.

„Gewiß! Warum soll ich auch nicht?“ gab Emma zur Antwort.

Nach Tisch wärmten sich die beiden in der Küche, während die Große Stube wieder in Ordnung gebracht wurde. Karl brannte sich eine der Zigarren an. Er rauchte mit aufgeworfenen Lippen und spuckte dabei aller Minuten, und bei jedem Zuge lehnte er sich zurück, damit ihm der Rauch nicht in die Nase stieg.

„Das Rauchen wird dir nicht bekommen!“ bemerkte Emma verächtlich.

Karl legte die Zigarre weg, lief schnell an die Plumpe und trank gierig ein Glas frisches Wasser. Währenddessen nahm Emma die Zigarrentasche und warf sie rasch in einen Winkel des Schrankes.

Der Tag war endlos: dieser Tag nach dem Feste!

Emma ging in ihrem Gärtchen spazieren. Immer dieselben Wege auf und ab wandelnd, blieb sie vor den Blumenbeeten stehen, vor dem Obstspalier, vor dem tönernen Mönch, und betrachtete sich alle diese ihr so wohlbekannten alten Dinge voll Verwunderung. Wie weit hinter ihr der Ballabend schon lag! Und was war es, das sich zwischen vorgestern und heute abend wie eine breite Kluft drängte? Diese Reise nach Vaubyessard hatte in ihr Leben einen tiefen Riß gerissen, einen klaffenden Abgrund, wie ihn der Sturm zuweilen in einer einzigen Nacht in den Bergen aufwühlt. Trotzdem kam eine gewisse Resignation über sie. Wie eine Reliquie verwahrte sie ihr schönes Ballkleid in ihrem Schranke, sogar die Atlasschuhe, deren Sohlen vom Parkettwachs eine bräunliche Politur bekommen hatten. Emmas Herz ging es wie ihnen. Bei der Berührung mit dem Reichtum war etwas daran haften geblieben für immerdar.

An den Ball zurückdenken, wurde für Emma eine besondre Beschäftigung. An jedem Mittwoche wachte sie mit dem Gedanken auf: „Ach, heute vor acht Tagen war es!“ — „Heute vor vierzehn Tagen war es!“ — „Heute vor drei Wochen war es!“ Allmählich aber verschwammen in ihrem Gedächtnisse die einzelnen Gesichter, die sie im Schlosse gesehen hatte. Die Melodien der Tänze entfielen ihr. Sie vergaß, wie die Gemächer und die Livreen ausgesehen hatten. Immer mehr schwanden ihr die Einzelheiten, aber ihre Sehnsucht blieb zurück.