Flaubert | Madame Bovary | 17 | Ils arrivèrent / At last it came / Endlich war sie da

 

VIII

Ils arrivèrent, en effet, ces fameux Comices ! Dès le matin de la solennité, tous les habitants, sur leurs portes, s’entretenaient des préparatifs ; on avait enguirlandé de lierres le fronton de la mairie ; une tente, dans un pré, était dressée pour le festin, et, au milieu de la Place, devant l’église, une espèce de bombarde devait signaler l’arrivée de M. le préfet et le nom des cultivateurs lauréats. La garde nationale de Buchy (il n’y en avait point à Yonville) était venue s’adjoindre au corps des pompiers, dont Binet était le capitaine. Il portait ce jour-là un col encore plus haut que de coutume ; et, sanglé dans sa tunique, il avait le buste si roide et immobile, que toute la partie vitale de sa personne semblait être descendue dans ses deux jambes, qui se levaient en cadence, à pas marqués, d’un seul mouvement. Comme une rivalité subsistait entre le percepteur et le colonel, l’un et l’autre, pour montrer leurs talents, faisaient à part manœuvrer leurs hommes. On voyait alternativement passer et repasser les épaulettes rouges et les plastrons noirs. Cela ne finissait pas et toujours recommençait ! Jamais il n’y avait eu pareil déploiement de pompe ! Plusieurs bourgeois, dès la veille, avaient lavé leurs maisons ; des drapeaux tricolores pendaient aux fenêtres entrouvertes ; tous les cabarets étaient pleins ; et, par le beau temps qu’il faisait, les bonnets empesés, les croix d’or et les fichus de couleur paraissaient plus blancs que neige, miroitaient au soleil clair, et relevaient de leur bigarrure éparpillée la sombre monotonie des redingotes et des bourgerons bleus. Les fermières des environs retiraient, en descendant de cheval, la grosse épingle qui leur serrait autour du corps leur robe retroussée de peur des taches ; et les maris, au contraire, afin de ménager leurs chapeaux, gardaient par-dessus des mouchoirs de poche, dont ils tenaient un angle entre les dents.

La foule arrivait dans la grande rue par les deux bouts du village. Il s’en dégorgeait des ruelles, des allées, des maisons, et l’on entendait de temps à autre retomber le marteau des portes, derrière les bourgeoises en gants de fil, qui sortaient pour aller voir la fête. Ce que l’on admirait surtout, c’étaient deux longs ifs couverts de lampions qui flanquaient une estrade où s’allaient tenir les autorités ; et il y avait de plus, contre les quatre colonnes de la mairie, quatre manières de gaules, portant chacune un petit étendard de toile verdâtre, enrichi d’inscriptions en lettres d’or. On lisait sur l’un : « Au Commerce » ; sur l’autre : « À l’Agriculture » ; sur le troisième : « À l’Industrie » ; et sur le quatrième : « Aux Beaux-Arts ».

Mais la jubilation qui épanouissait tous les visages paraissait assombrir Mme Lefrançois, l’aubergiste. Debout sur les marches de sa cuisine, elle murmurait dans son menton :

— Quelle bêtise ! quelle bêtise avec leur baraque de toile ! Croient-ils que le préfet sera bien aise de dîner là-bas, sous une tente, comme un saltimbanque ? Ils appellent ces embarras-là, faire le bien du pays ! Ce n’était pas la peine, alors, d’aller chercher un gargotier à Neufchâtel ! Et pour qui ? pour des vachers ! des va-nu-pieds !…

L’apothicaire passa. Il portait un habit noir, un pantalon de nankin, des souliers de castor, et par extraordinaire un chapeau, – un chapeau bas de forme.

— Serviteur ! dit-il ; excusez-moi, je suis pressé.

Et comme la grosse veuve lui demanda où il allait :

— Cela vous semble drôle, n’est-ce pas ? moi qui reste toujours plus confiné dans mon laboratoire que le rat du bonhomme dans son fromage.

— Quel fromage ? fit l’aubergiste.

— Non, rien ! ce n’est rien ! reprit Homais. Je voulais vous exprimer seulement, madame Lefrançois, que je demeure d’habitude tout reclus chez moi. Aujourd’hui cependant, vu la circonstance, il faut bien que…

— Ah ! vous allez là-bas ? dit-elle avec un air de dédain.

— Oui, j’y vais, répliqua l’apothicaire étonné ; ne fais-je point partie de la commission consultative ?

La mère Lefrançois le considéra quelques minutes, et finit par répondre en souriant :

— C’est autre chose ! Mais qu’est-ce que la culture vous regarde ? vous vous y entendez donc ?

— Certainement, je m’y entends, puisque je suis pharmacien, c’est-à-dire chimiste ! et la chimie, madame Lefrançois, ayant pour objet la connaissance de l’action réciproque et moléculaire de tous les corps de la nature, il s’ensuit que l’agriculture se trouve comprise dans son domaine ! Et, en effet, composition des engrais, fermentation des liquides, analyse des gaz et influence des miasmes, qu’est-ce que tout cela, je vous le demande, si ce n’est de la chimie pure et simple ?

L’aubergiste ne répondit rien. Homais continua :

— Croyez-vous qu’il faille, pour être agronome, avoir soi-même labouré la terre ou engraissé des volailles ? Mais il faut connaître plutôt la constitution des substances dont il s’agit, les gisements géologiques, les actions atmosphériques, la qualité des terrains, des minéraux, des eaux, la densité des différents corps et leur capillarité ! que sais-je ? Et il faut posséder à fond tous ses principes d’hygiène, pour diriger, critiquer la construction des bâtiments, le régime des animaux, l’alimentation des domestiques ! il faut encore, madame Lefrançois, posséder la botanique ; pouvoir discerner les plantes, entendez-vous, quelles sont les salutaires d’avec les délétères, quelles les improductives et quelles les nutritives, s’il est bon de les arracher par-ci et de les ressemer par-là, de propager les unes, de détruire les autres ; bref, il faut se tenir au courant de la science par les brochures et papiers publics, être toujours en haleine, afin d’indiquer les améliorations…

L’aubergiste ne quittait point des yeux la porte du Café Français, et le pharmacien poursuivit :

— Plût à Dieu que nos agriculteurs fussent des chimistes, ou que du moins ils écoutassent davantage les conseils de la science ! Ainsi, moi, j’ai dernièrement écrit un fort opuscule, un mémoire de plus de soixante et douze pages, intitulé : Du cidre, de sa fabrication et de ses effets ; suivi de quelques réflexions nouvelles à ce sujet, que j’ai envoyé à la Société agronomique de Rouen ; ce qui m’a même valu l’honneur d’être reçu parmi ses membres, section d’agriculture, classe de pomologie ; eh bien, si mon ouvrage avait été livré à la publicité…

Mais l’apothicaire s’arrêta, tant Mme Lefrançois paraissait préoccupée.

— Voyez-les donc ! disait-elle, on n’y comprend rien ! une gargote semblable !

Et, avec des haussements d’épaules qui tiraient sur sa poitrine les mailles de son tricot, elle montrait des deux mains le cabaret de son rival, d’où sortaient alors des chansons.

— Du reste, il n’en a pas pour longtemps, ajouta-t-elle ; avant huit jours, tout est fini.

Homais se recula de stupéfaction. Elle descendit ses trois marches, et, lui parlant à l’oreille :

— Comment ! vous ne savez pas cela ? On va le saisir cette semaine. C’est Lheureux qui le fait vendre. Il l’a assassiné de billets.

— Quelle épouvantable catastrophe ! s’écria l’apothicaire, qui avait toujours des expressions congruantes à toutes les circonstances imaginables.

L’hôtesse donc se mit à lui raconter cette histoire, qu’elle savait par Théodore, le domestique de M. Guillaumin, et, bien qu’elle exécrât Tellier, elle blâmait Lheureux. C’était un enjôleur, un rampant…

— Ah ! tenez, dit-elle, le voilà sous les halles ; il salue Mme Bovary, qui a un chapeau vert. Elle est même au bras de M. Boulanger.

— Mme Bovary ! fit Homais. Je m’empresse d’aller lui offrir mes hommages. Peut-être qu’elle sera bien aise d’avoir une place dans l’enceinte, sous le péristyle.

Et, sans écouter la mère Lefrançois, qui le rappelait pour lui en conter plus long, le pharmacien s’éloigna d’un pas rapide, sourire aux lèvres et jarret tendu, distribuant de droite et de gauche quantité de salutations et emplissant beaucoup d’espace avec les grandes basques de son habit noir, qui flottaient au vent derrière lui.

Rodolphe, l’ayant aperçu de loin, avait pris un train rapide ; mais Mme Bovary s’essouffla ; il se ralentit donc et lui dit en souriant, d’un ton brutal :

— C’est pour éviter ce gros homme : vous savez, l’apothicaire.

Elle lui donna un coup de coude.

— Qu’est-ce que cela signifie ? se demanda-t-il.

Et il la considéra du coin de l’œil, tout en continuant à marcher.

Son profil était si calme, que l’on n’y devinait rien. Il se détachait en pleine lumière, dans l’ovale de sa capote qui avait des rubans pâles ressemblant à des feuilles de roseau. Ses yeux aux longs cils courbes regardaient devant elle, et, quoique bien ouverts, ils semblaient un peu bridés par les pommettes, à cause du sang, qui battait doucement sous sa peau fine. Une couleur rose traversait la cloison de son nez. Elle inclinait la tête sur l’épaule, et l’on voyait entre ses lèvres le bout nacré de ses dents blanches.

— Se moque-t-elle de moi ? songeait Rodolphe.

Ce geste d’Emma pourtant n’avait été qu’un avertissement ; car M. Lheureux les accompagnait, et il leur parlait de temps à autre, comme pour entrer en conversation :

— Voici une journée superbe ! tout le monde est dehors ! les vents sont à l’est.

Et Mme Bovary, non plus que Rodolphe, ne lui répondait guère, tandis qu’au moindre mouvement qu’ils faisaient, il se rapprochait en disant : « Plaît-il ? » et portait la main à son chapeau.

Quand ils furent devant la maison du maréchal, au lieu de suivre la route jusqu’à la barrière, Rodolphe, brusquement, prit un sentier, entraînant Mme Bovary ; il cria :

— Bonsoir, M. Lheureux ! au plaisir !

— Comme vous l’avez congédié ! dit-elle en riant.

— Pourquoi, reprit-il, se laisser envahir par les autres ? et, puisque, aujourd’hui, j’ai le bonheur d’être avec vous…

Emma rougit. Il n’acheva point sa phrase. Alors il parla du beau temps et du plaisir de marcher sur l’herbe. Quelques marguerites étaient repoussées.

— Voici de gentilles pâquerettes, dit-il, et de quoi fournir bien des oracles à toutes les amoureuses du pays.

Il ajouta :

— Si j’en cueillais. Qu’en pensez-vous ?

— Est-ce que vous êtes amoureux ? fit-elle en toussant un peu.

— Eh ! eh ! qui sait ? répondit Rodolphe.

Le pré commençait à se remplir, et les ménagères vous heurtaient avec leurs grands parapluies, leurs paniers et leurs bambins. Souvent, il fallait se déranger devant une longue file de campagnardes, servantes en bas bleus, à souliers plats, à bagues d’argent, et qui sentaient le lait, quand on passait près d’elles. Elles marchaient en se tenant par la main, et se répandaient ainsi sur toute la longueur de la prairie, depuis la ligne des trembles jusqu’à la tente du banquet. Mais c’était le moment de l’examen, et les cultivateurs, les uns après les autres, entraient dans une manière d’hippodrome que formait une longue corde portée sur des bâtons.

Les bêtes étaient là, le nez tourné vers la ficelle, et alignant confusément leurs croupes inégales. Des porcs assoupis enfonçaient en terre leur groin ; des veaux beuglaient ; des brebis bêlaient ; les vaches, un jarret replié, étalaient leur ventre sur le gazon, et, ruminant lentement, clignaient leurs paupières lourdes, sous les moucherons qui bourdonnaient autour d’elles. Des charretiers, les bras nus, retenaient par le licou des étalons cabrés, qui hennissaient à pleins naseaux du côté des juments. Elles restaient paisibles, allongeant la tête et la crinière pendante, tandis que leurs poulains se reposaient à leur ombre, ou venaient les téter quelquefois ; et, sur la longue ondulation de tous ces corps tassés, on voyait se lever au vent, comme un flot, quelque crinière blanche, ou bien saillir des cornes aiguës, et des têtes d’hommes qui couraient. À l’écart, en dehors des lices, cent pas plus loin, il y avait un grand taureau noir muselé, portant un cercle de fer à la narine, et qui ne bougeait pas plus qu’une bête de bronze. Un enfant en haillons le tenait par une corde.

Cependant, entre les deux rangées, des messieurs s’avançaient d’un pas lourd, examinant chaque animal, puis se consultaient à voix basse. L’un d’eux, qui semblait plus considérable, prenait, tout en marchant, quelques notes sur un album. C’était le président du jury : M. Derozerays de la Panville. Sitôt qu’il reconnut Rodolphe, il s’avança vivement, et lui dit en souriant d’un air aimable :

— Comment, monsieur Boulanger, vous nous abandonnez ?

Rodolphe protesta qu’il allait venir. Mais quand le président eut disparu :

— Ma foi, non, reprit-il, je n’irai pas ; votre compagnie vaut bien la sienne.

Et, tout en se moquant des comices, Rodolphe, pour circuler plus à l’aise, montrait au gendarme sa pancarte bleue, et même il s’arrêtait parfois devant quelque beau sujet, que Mme Bovary n’admirait guère. Il s’en aperçut, et alors se mit à faire des plaisanteries sur les dames d’Yonville, à propos de leur toilette ; puis il s’excusa lui-même du négligé de la sienne. Elle avait cette incohérence de choses communes et recherchées, où le vulgaire, d’habitude, croit entrevoir la révélation d’une existence excentrique, les désordres du sentiment, les tyrannies de l’art, et toujours un certain mépris des conventions sociales, ce qui le séduit ou l’exaspère. Ainsi sa chemise de batiste à manchettes plissées bouffait au hasard du vent, dans l’ouverture de son gilet, qui était de coutil gris, et son pantalon à larges raies découvrait aux chevilles ses bottines de nankin, claquées de cuir verni. Elles étaient si vernies, que l’herbe s’y reflétait. Il foulait avec elles les crottins de cheval, une main dans la poche de sa veste et son chapeau de paille mis de côté.

— D’ailleurs, ajouta-t-il, quand on habite la campagne…

— Tout est peine perdue, dit Emma.

— C’est vrai ! répliqua Rodolphe. Songer que pas un seul de ces braves gens n’est capable de comprendre même la tournure d’un habit !

Alors ils parlèrent de la médiocrité provinciale, des existences qu’elle étouffait, des illusions qui s’y perdaient.

— Aussi, disait Rodolphe, je m’enfonce dans une tristesse…

— Vous ! fit-elle avec étonnement. Mais je vous croyais très gai ?

— Ah ! oui, d’apparence, parce qu’au milieu du monde je sais mettre sur mon visage un masque railleur ; et cependant que de fois, à la vue d’un cimetière, au clair de lune, je me suis demandé si je ne ferais pas mieux d’aller rejoindre ceux qui sont à dormir…

— Oh ! Et vos amis ? dit-elle. Vous n’y pensez pas.

— Mes amis ? lesquels donc ? en ai-je ? Qui s’inquiète de moi ?

Et il accompagna ces derniers mots d’une sorte de sifflement entre ses lèvres.

Mais ils furent obligés de s’écarter l’un de l’autre, à cause d’un grand échafaudage de chaises qu’un homme portait derrière eux. Il en était si surchargé, que l’on apercevait seulement la pointe de ses sabots, avec le bout de ses deux bras, écartés droit. C’était Lestiboudois, le fossoyeur, qui charriait dans la multitude les chaises de l’église. Plein d’imagination pour tout ce qui concernait ses intérêts, il avait découvert ce moyen de tirer parti des comices ; et son idée lui réussissait, car il ne savait plus auquel entendre. En effet, les villageois, qui avaient chaud, se disputaient ces sièges dont la paille sentait l’encens, et s’appuyaient contre leurs gros dossiers salis par la cire des cierges, avec une certaine vénération.

Mme Bovary reprit le bras de Rodolphe ; il continua comme se parlant à lui-même :

— Oui ! tant de choses m’ont manqué ! toujours seul ! Ah ! si j’avais eu un but dans la vie, si j’eusse rencontré une affection, si j’avais trouvé quelqu’un… Oh ! comme j’aurais dépensé toute l’énergie dont je suis capable, j’aurais surmonté tout, brisé tout !

— Il me semble pourtant, dit Emma, que vous n’êtes guère à plaindre.

— Ah ! vous trouvez ? fit Rodolphe.

— Car enfin…, reprit-elle, vous êtes libre.

Elle hésita :

— Riche.

— Ne vous moquez pas de moi, répondit-il.

Et elle jurait qu’elle ne se moquait pas, quand un coup de canon retentit ; aussitôt, on se poussa, pêle-mêle, vers le village.

C’était une fausse alerte. M. le préfet n’arrivait pas ; et les membres du jury se trouvaient fort embarrassés, ne sachant s’il fallait commencer la séance ou bien attendre encore.

Enfin, au fond de la Place, parut un grand landau de louage, traîné par deux chevaux maigres, que fouettait à tour de bras un cocher en chapeau blanc. Binet n’eut que le temps de crier : « Aux armes ! » et le colonel de l’imiter. On courut vers les faisceaux. On se précipita. Quelques-uns même oublièrent leur col. Mais l’équipage préfectoral sembla deviner cet embarras, et les deux rosses accouplées, se dandinant sur leur chaînette, arrivèrent au petit trot devant le péristyle de la mairie, juste au moment où la garde nationale et les pompiers s’y déployaient, tambour battant, et marquant le pas.

— Balancez ! cria Binet.

— Halte ! cria le colonel. Par file à gauche !

Et après, un port d’armes où le cliquetis des capucines, se déroulant, sonna comme un chaudron de cuivre qui dégringole les escaliers, tous les fusils retombèrent.

Alors on vit descendre du carrosse un monsieur vêtu d’un habit court à broderie d’argent, chauve sur le front, portant toupet à l’occiput, ayant le teint blafard et l’apparence des plus bénignes. Ses deux yeux, fort gros et couverts de paupières épaisses, se fermaient à demi pour considérer la multitude, en même temps qu’il levait son nez pointu et faisait sourire sa bouche rentrée. Il reconnut le maire à son écharpe, et lui exposa que M. le Préfet n’avait pu venir. Il était, lui, un conseiller de préfecture ; puis il ajouta quelques excuses. Tuvache y répondit par des civilités, l’autre s’avoua confus ; et ils restaient ainsi, face à face, et leurs fronts se touchant presque, avec les membres du jury tout alentour, le conseil municipal, les notables, la garde nationale et la foule. M. le Conseiller, appuyant contre sa poitrine son petit tricorne noir, réitérait ses salutations, tandis que Tuvache, courbé comme un arc, souriait aussi, bégayait, cherchait ses phrases, protestait de son dévouement à la monarchie, et de l’honneur que l’on faisait à Yonville.

Hippolyte, le garçon de l’auberge, vint prendre par la bride les chevaux du cocher, et tout en boitant de son pied bot, il les conduisit sous le porche du Lion d’or, où beaucoup de paysans s’amassèrent à regarder la voiture. Le tambour battit, l’obusier tonna, et les messieurs à la file montèrent s’asseoir sur l’estrade, dans les fauteuils en utrecht rouge qu’avait prêtés Mme Tuvache.

Tous ces gens-là se ressemblaient. Leurs molles figures blondes, un peu hâlées par le soleil, avaient la couleur du cidre doux, et leurs favoris bouffants s’échappaient de grands cols roides, que maintenaient des cravates blanches à rosette bien étalée. Tous les gilets étaient de velours à châle ; toutes les montres portaient au bout d’un long ruban quelque cachet ovale en cornaline ; et l’on appuyait ses deux mains sur ses deux cuisses, en écartant avec soin la fourche du pantalon, dont le drap non décati reluisait plus brillamment que le cuir des fortes bottes.

Les dames de la société se tenaient derrière, sous le vestibule, entre les colonnes, tandis que le commun de la foule était en face, debout, ou bien assis sur des chaises. En effet, Lestiboudois avait apporté là toutes celles qu’il avait déménagées de la prairie, et même il courait à chaque minute en chercher d’autres dans l’église, et causait un tel encombrement par son commerce, que l’on avait grand-peine à parvenir jusqu’au petit escalier de l’estrade.

— Moi, je trouve, dit M. Lheureux (s’adressant au pharmacien, qui passait pour gagner sa place), que l’on aurait dû planter là deux mâts vénitiens : avec quelque chose d’un peu sévère et de riche comme nouveautés, c’eût été d’un fort joli coup d’œil.

— Certes, répondit Homais. Mais, que voulez-vous ! c’est le maire qui a tout pris sous son bonnet. Il n’a pas grand goût, ce pauvre Tuvache, et il est même complètement dénué de ce qui s’appelle le génie des arts.

Cependant Rodolphe, avec madame Bovary, était monté au premier étage de la mairie, dans la salle des délibérations, et, comme elle était vide, il avait déclaré que l’on y serait bien pour jouir du spectacle plus à son aise. Il prit trois tabourets autour de la table ovale, sous le buste du monarque, et, les ayant approchés de l’une des fenêtres, ils s’assirent l’un près de l’autre.

Il y eut une agitation sur l’estrade, de longs chuchotements, des pourparlers. Enfin, M. le Conseiller se leva. On savait maintenant qu’il s’appelait Lieuvain, et l’on se répétait son nom de l’un à l’autre, dans la foule. Quand il eut donc collationné quelques feuilles et appliqué dessus son œil pour y mieux voir, il commença :

« Messieurs,
« Qu’il me soit permis d’abord (avant de vous entretenir de l’objet de cette réunion d’aujourd’hui, et ce sentiment, j’en suis sûr, sera partagé par vous tous), qu’il me soit permis, dis-je de rendre justice à l’administration supérieure ; au gouvernement, au monarque, messieurs, à notre souverain, à ce roi bien-aimé à qui aucune branche de la prospérité publique ou particulière n’est indifférente, et qui dirige à la fois d’une main si ferme et si sage le char de l’État parmi les périls incessants d’une mer orageuse, sachant d’ailleurs faire respecter la paix comme la guerre, l’industrie, le commerce, l’agriculture et les beaux-arts. »

— Je devrais, dit Rodolphe, me reculer un peu.

— Pourquoi ? dit Emma.

Mais, à ce moment, la voix du Conseiller s’éleva d’un ton extraordinaire. Il déclamait :

« Le temps n’est plus, messieurs, où la discorde civile ensanglantait nos places publiques, où le propriétaire, le négociant, l’ouvrier lui-même, en s’endormant le soir d’un sommeil paisible, tremblaient de se voir réveillés tout à coup au bruit des tocsins incendiaires, où les maximes les plus subversives sapaient audacieusement les bases… »

— C’est qu’on pourrait, reprit Rodolphe, m’apercevoir d’en bas ; puis j’en aurais pour quinze jours à donner des excuses, et, avec ma mauvaise réputation…

— Oh ! vous vous calomniez, dit Emma.

— Non, non, elle est exécrable, je vous jure.

« Mais, Messieurs, poursuivait le Conseiller, que si, écartant de mon souvenir ces sombres tableaux, je reporte mes yeux sur la situation actuelle de notre belle patrie : qu’y vois-je ? Partout fleurissent le commerce et les arts ; partout des voies nouvelles de communication, comme autant d’artères nouvelles dans le corps de l’État, y établissent des rapports nouveaux ; nos grands centres manufacturiers ont repris leur activité ; la religion, plus affermie, sourit à tous les cœurs ; nos ports sont pleins, la confiance renaît, et enfin la France respire !… »

— Du reste, ajouta Rodolphe, peut-être, au point de vue du monde, a-t-on raison ?

— Comment cela ? fit-elle.

— Eh quoi ! dit-il, ne savez-vous pas qu’il y a des âmes sans cesse tourmentées ? Il leur faut tour à tour le rêve et l’action, les passions les plus pures, les jouissances les plus furieuses, et l’on se jette ainsi dans toutes sortes de fantaisies, de folies.

Alors elle le regarda comme on contemple un voyageur qui a passé par des pays extraordinaires, et elle reprit :

— Nous n’avons pas même cette distraction, nous autres pauvres femmes !

— Triste distraction car on n’y trouve pas le bonheur.

— Mais le trouve-t-on jamais ? demanda-t-elle.

— Oui, il se rencontre un jour, répondit-il.

« Et c’est là ce que vous avez compris, disait le Conseiller. Vous, agriculteurs et ouvriers des campagnes ; vous, pionniers pacifiques d’une œuvre toute de civilisation ! vous, hommes de progrès et de moralité ! vous avez compris, dis-je, que les orages politiques sont encore plus redoutables vraiment que les désordres de l’atmosphère… »

— Il se rencontre un jour, répéta Rodolphe, un jour, tout à coup, et quand on en désespérait. Alors des horizons s’entrouvrent, c’est comme une voix qui crie : « Le voilà ! » Vous sentez le besoin de faire à cette personne la confidence de votre vie ; de lui donner tout, de lui sacrifier tout ! On ne s’explique pas, on se devine. On s’est entrevu dans ses rêves. (Et il la regardait.) Enfin, il est là, ce trésor que l’on a tant cherché, là, devant vous ; il brille, il étincelle. Cependant on en doute encore, on n’ose y croire ; on en reste ébloui, comme si l’on sortait des ténèbres à la lumière.

Et, en achevant ces mots, Rodolphe ajouta la pantomime à sa phrase. Il se passa la main sur le visage, tel qu’un homme pris d’étourdissement ; puis il la laissa retomber sur celle d’Emma. Elle retira la sienne. Mais le Conseiller lisait toujours :

« Et qui s’en étonnerait, Messieurs ? Celui-là seul qui serait assez aveugle, assez plongé (je ne crains pas de le dire), assez plongé dans les préjugés d’un autre âge pour méconnaître encore l’esprit des populations agricoles. Où trouver, en effet, plus de patriotisme que dans les campagnes, plus de dévouement à la cause publique, plus d’intelligence en un mot ? Et je n’entends pas, Messieurs, cette intelligence superficielle, vain ornement des esprits oisifs, mais plus de cette intelligence profonde et modérée, qui s’applique par-dessus toute chose à poursuivre des buts utiles, contribuant ainsi au bien de chacun, à l’amélioration commune et au soutien des États, fruit du respect des lois et de la pratique des devoirs… »

— Ah ! encore, dit Rodolphe. Toujours les devoirs, je suis assommé de ces mots-là. Ils sont un tas de vieilles ganaches en gilet de flanelle, et de bigotes à chaufferette et à chapelet, qui continuellement nous chantent aux oreilles : « Le devoir ! le devoir ! » Eh ! parbleu ! le devoir, c’est de sentir ce qui est grand, de chérir ce qui est beau, et non pas d’accepter toutes les conventions de la société, avec les ignominies qu’elle nous impose.

— Cependant…, cependant…, objectait Mme Bovary.

— Eh non ! pourquoi déclamer contre les passions ? Ne sont-elles pas la seule belle chose qu’il y ait sur la terre, la source de l’héroïsme, de l’enthousiasme, de la poésie, de la musique, des arts, de tout enfin ?

— Mais il faut bien, dit Emma, suivre un peu l’opinion du monde et obéir à sa morale.

— Ah ! c’est qu’il y en a deux, répliqua-t-il. La petite, la convenue, celle des hommes, celle qui varie sans cesse et qui braille si fort, s’agite en bas, terre à terre, comme ce rassemblement d’imbéciles que vous voyez. Mais l’autre, l’éternelle, elle est tout autour et au-dessus, comme le paysage qui nous environne et le ciel bleu qui nous éclaire.

M. Lieuvain venait de s’essuyer la bouche avec son mouchoir de poche. Il reprit :

« Et qu’aurais-je à faire, messieurs, de vous démontrer ici l’utilité de l’agriculture ? Qui donc pourvoit à nos besoins ? qui donc fournit à notre subsistance ? N’est-ce pas l’agriculteur ? L’agriculteur, messieurs, qui, ensemençant d’une main laborieuse les sillons féconds des campagnes, fait naître le blé, lequel broyé est mis en poudre au moyen d’ingénieux appareils, en sort sous le nom de farine, et, de là, transporté dans les cités, est bientôt rendu chez le boulanger, qui en confectionne un aliment pour le pauvre comme pour le riche. N’est-ce pas l’agriculteur encore qui engraisse, pour nos vêtements, ses abondants troupeaux dans les pâturages ? Car comment nous vêtirions-nous, car comment nous nourririons-nous sans l’agriculteur ? Et même, messieurs, est-il besoin d’aller si loin chercher des exemples ? Qui n’a souvent réfléchi à toute l’importance que l’on retire de ce modeste animal, ornement de nos basses-cours, qui fournit à la fois un oreiller moelleux pour nos couches, sa chair succulente pour nos tables, et des œufs ? Mais je n’en finirais pas, s’il fallait énumérer les uns après les autres les différents produits que la terre bien cultivée, telle qu’une mère généreuse, prodigue à ses enfants. Ici, c’est la vigne ; ailleurs, ce sont les pommiers à cidre ; là, le colza ; plus loin, les fromages ; et le lin ; messieurs, n’oublions pas le lin ! qui a pris dans ces dernières années un accroissement considérable et sur lequel j’appellerai plus particulièrement votre attention. »

Il n’avait pas besoin de l’appeler : car toutes les bouches de la multitude se tenaient ouvertes, comme pour boire ses paroles. Tuvache, à côté de lui, l’écoutait en écarquillant les yeux ; M. Derozerays, de temps à autre, fermait doucement les paupières ; et, plus loin, le pharmacien, avec son fils Napoléon entre ses jambes, bombait sa main contre son oreille pour ne pas perdre une seule syllabe. Les autres membres du jury balançaient lentement leur menton dans leur gilet, en signe d’approbation. Les pompiers, au bas de l’estrade, se reposaient sur leurs baïonnettes ; et Binet, immobile, restait le coude en dehors, avec la pointe du sabre en l’air. Il entendait peut-être, mais il ne devait rien apercevoir, à cause de la visière de son casque qui lui descendait sur le nez. Son lieutenant, le fils cadet du sieur Tuvache, avait encore exagéré le sien ; car il en portait un énorme et qui lui vacillait sur la tête, en laissant dépasser un bout de son foulard d’indienne. Il souriait là-dessous avec une douceur tout enfantine, et sa petite figure pâle, où des gouttes ruisselaient, avait une expression de jouissance, d’accablement et de sommeil

La place jusqu’aux maisons était comble de monde. On voyait des gens accoudés à toutes les fenêtres, d’autres debout sur toutes les portes, et Justin, devant la devanture de la pharmacie, paraissait tout fixé dans la contemplation de ce qu’il regardait. Malgré le silence, la voix de M. Lieuvain se perdait dans l’air. Elle vous arrivait par lambeaux de phrases, qu’interrompait, çà et là le bruit des chaises dans la foule ; puis on entendait, tout à coup, partir derrière soi un long mugissement de bœuf, ou bien les bêlements des agneaux qui se répondaient au coin des rues. En effet, les vachers et les bergers avaient poussé leurs bêtes jusque-là, et elles beuglaient de temps à autre, tout en arrachant avec leur langue quelque bribe de feuillage qui leur pendait sur le museau.

Rodolphe s’était rapproché d’Emma, et il disait d’une voix basse, en parlant vite :

— Est-ce que cette conjuration du monde ne vous révolte pas ? Est-il un seul sentiment qu’il ne condamne ? Les instincts les plus nobles, les sympathies les plus pures sont persécutés, calomniés, et, s’il se rencontre enfin deux pauvres âmes, tout est organisé pour qu’elles ne puissent se joindre. Elles essayeront cependant, elles battront des ailes, elles s’appelleront. Oh ! n’importe, tôt ou tard, dans six mois, dix ans, elles se réuniront, s’aimeront, parce que la fatalité l’exige et qu’elles sont nées l’une pour l’autre.

Il se tenait les bras croisés sur ses genoux, et, ainsi levant la figure vers Emma, il la regardait de près, fixement. Elle distinguait dans ses yeux des petits rayons d’or s’irradiant tout autour de ses pupilles noires, et même elle sentait le parfum de la pommade qui lustrait sa chevelure. Alors une mollesse la saisit, elle se rappela ce vicomte qui l’avait fait valser à la Vaubyessard, et dont la barbe exhalait, comme ces cheveux-là, cette odeur de vanille et de citron ; et, machinalement, elle entreferma les paupières pour la mieux respirer : Mais, dans ce geste qu’elle fit en se cambrant sur sa chaise, elle aperçut au loin, tout au fond de l’horizon, la vieille diligence l’Hirondelle, qui descendait lentement la côte des Leux, en traînant après soi un long panache de poussière. C’était dans cette voiture jaune que Léon, si souvent, était revenu vers elle ; et par cette route là-bas qu’il était parti pour toujours ! Elle crut le voir en face, à sa fenêtre ; puis tout se confondit, des nuages passèrent ; il lui sembla qu’elle tournait encore dans la valse, sous le feu des lustres, au bras du vicomte, et que Léon n’était pas loin, qui allait venir… et cependant elle sentait toujours la tête de Rodolphe à côté d’elle. La douceur de cette sensation pénétrait ainsi ses désirs d’autrefois, et comme des grains de sable sous un coup de vent, ils tourbillonnaient dans la bouffée subtile du parfum qui se répandait sur son âme. Elle ouvrit les narines à plusieurs reprises, fortement, pour aspirer la fraîcheur des lierres autour des chapiteaux. Elle retira ses gants, elle s’essuya les mains ; puis, avec son mouchoir, elle s’éventait la figure, tandis qu’à travers le battement de ses tempes elle entendait la rumeur de la foule et la voix du Conseiller qui psalmodiait ses phrases.

Il disait :

« Continuez ! persévérez ! n’écoutez ni les suggestions de la routine, ni les conseils trop hâtifs d’un empirisme téméraire ! Appliquez-vous surtout à l’amélioration du sol, aux bons engrais, au développement des races chevalines, bovines, ovines et porcines ! Que ces comices soient pour vous comme des arènes pacifiques où le vainqueur, en en sortant, tendra la main au vaincu et fraternisera avec lui, dans l’espoir d’un succès meilleur ! Et vous, vénérables serviteurs ! humbles domestiques, dont aucun gouvernement jusqu’à ce jour n’avait pris en considération les pénibles labeurs, venez recevoir la récompense de vos vertus silencieuses, et soyez convaincus que l’état, désormais, a les yeux fixés sur vous, qu’il vous encourage, qu’il vous protège, qu’il fera droit à vos justes réclamations et allégera, autant qu’il est en lui, le fardeau de vos pénibles sacrifices ! »

M. Lieuvain se rassit alors ; M. Derozerays se leva, commençant un autre discours. Le sien, peut-être, ne fut point aussi fleuri que celui du Conseiller ; mais il se recommandait par un caractère de style plus positif, c’est-à-dire par des connaissances plus spéciales et des considérations plus relevées. Ainsi, l’éloge du gouvernement y tenait moins de place ; la religion et l’agriculture en occupaient davantage. On y voyait le rapport de l’une et de l’autre, et comment elles avaient concouru toujours à la civilisation. Rodolphe, avec Mme Bovary, causait rêves, pressentiments, magnétisme. Remontant au berceau des sociétés, l’orateur vous dépeignait ces temps farouches où les hommes vivaient de glands, au fond des bois. Puis ils avaient quitté la dépouille des bêtes ; endossé le drap, creusé des sillons, planté la vigne. Etait-ce un bien, et n’y avait-il pas dans cette découverte plus d’inconvénients que d’avantages ? M. Derozerays se posait ce problème. Du magnétisme, peu à peu, Rodolphe en était venu aux affinités, et, tandis que M. le président citait Cincinnatus à sa charrue, Dioclétien plantant ses choux, et les empereurs de la Chine inaugurant l’année par des semailles, le jeune homme expliquait à la jeune femme que ces attractions irrésistibles tiraient leur cause de quelque existence antérieure.

— Ainsi, nous, disait-il, pourquoi nous sommes-nous connus ? quel hasard l’a voulu ? C’est qu’à travers l’éloignement, sans doute, comme deux fleuves qui coulent pour se rejoindre, nos pentes particulières nous avaient poussés l’un vers l’autre.

Et il saisit sa main ; elle ne la retira pas.

« Ensemble de bonnes cultures ! » cria le président.

— Tantôt, par exemple, quand je suis venu chez vous…

« À M. Bizet, de Quincampoix. »

— Savais-je que je vous accompagnerais ?

« Soixante et dix francs ! »

— Cent fois même j’ai voulu partir, et je vous ai suivie, je suis resté.

« Fumiers. »

— Comme je resterais ce soir, demain, les autres jours, toute ma vie !

« À M. Caron, d’Argueil, une médaille d’or ! »

— Car jamais je n’ai trouvé dans la société de personne un charme aussi complet.

« À M. Bain, de Givry-Saint-Martin ! »

— Aussi, moi, j’emporterai votre souvenir.

« Pour un bélier mérinos… »

— Mais vous m’oublierez, j’aurai passé comme une ombre.

« À M. Belot, de Notre-Dame… »

— Oh ! non, n’est-ce pas, je serai quelque chose dans votre pensée, dans votre vie ?

« Race porcine, prix ex æquo : à MM. Lehérissé et Cullembourg ; soixante francs ! »

Rodolphe lui serrait la main, et il la sentait toute chaude et frémissante comme une tourterelle captive qui veut reprendre sa volée ; mais, soit qu’elle essayât de la dégager ou bien qu’elle répondît à cette pression, elle fit un mouvement des doigts ; il s’écria :

— Oh ! merci ! Vous ne me repoussez pas ! Vous êtes bonne ! Vous comprenez que je suis à vous ! Laissez que je vous voie, que je vous contemple !

Un coup de vent qui arriva par les fenêtres fronça le tapis de la table, et, sur la place, en bas, tous les grands bonnets des paysannes se soulevèrent, comme des ailes de papillons blancs qui s’agitent.

« Emploi de tourteaux de graines oléagineuses », continua le président.

Il se hâtait :

« Engrais flamand, – culture du lin, – drainage, – baux à longs termes, – services de domestiques. »

Rodolphe ne parlait plus. Ils se regardaient. Un désir suprême faisait frissonner leurs lèvres sèches ; et mollement, sans effort, leurs doigts se confondirent.

« Catherine-Nicaise-Élisabeth Leroux, de Sassetot-la-Guerrière, pour cinquante-quatre ans de service dans la même ferme, une médaille d’argent – du prix de vingt-cinq francs ! »

« Où est-elle, Catherine Leroux ? » répéta le Conseiller.

Elle ne se présentait pas, et l’on entendait des voix qui chuchotaient :

— Vas-y !

— Non.

— À gauche !

— N’aie pas peur !

— Ah ! qu’elle est bête !

— Enfin y est-elle ? s’écria Tuvache.

— Oui !… la voilà !

— Qu’elle approche donc !

Alors on vit s’avancer sur l’estrade une petite vieille femme de maintien craintif, et qui paraissait se ratatiner dans ses pauvres vêtements. Elle avait aux pieds de grosses galoches de bois, et, le long des hanches, un grand tablier bleu. Son visage maigre, entouré d’un béguin sans bordure, était plus plissé de rides qu’une pomme de reinette flétrie, et des manches de sa camisole rouge dépassaient deux longues mains, à articulations noueuses. La poussière des granges, la potasse des lessives et le suint des laines les avaient si bien encroûtées, éraillées, durcies, qu’elles semblaient sales quoiqu’elles fussent rincées d’eau claire ; et, à force d’avoir servi, elles restaient entrouvertes, comme pour présenter d’elles-mêmes l’humble témoignage de tant de souffrances subies. Quelque chose d’une rigidité monacale relevait l’expression de sa figure. Rien de triste ou d’attendri n’amollissait ce regard pâle. Dans la fréquentation des animaux, elle avait pris leur mutisme et leur placidité. C’était la première fois qu’elle se voyait au milieu d’une compagnie si nombreuse ; et, intérieurement effarouchée par les drapeaux, par les tambours, par les messieurs en habit noir et par la croix d’honneur du Conseiller, elle demeurait tout immobile, ne sachant s’il fallait s’avancer ou s’enfuir, ni pourquoi la foule la poussait et pourquoi les examinateurs lui souriaient. Ainsi se tenait, devant ces bourgeois épanouis, ce demi-siècle de servitude.

— Approchez, vénérable Catherine-Nicaise-Élisabeth Leroux ! dit M. le Conseiller, qui avait pris des mains du président la liste des lauréats.

Et tour à tour examinant la feuille de papier, puis la vieille femme, il répétait d’un ton paternel :

— Approchez, approchez !

— Êtes-vous sourde ? dit Tuvache, en bondissant sur son fauteuil.

Et il se mit là lui crier dans l’oreille :

— Cinquante-quatre ans de service ! Une médaille d’argent ! Vingt-cinq francs ! C’est pour vous.

Puis, quand elle eut sa médaille, elle la considéra. Alors un sourire de béatitude se répandit sur sa figure, et on l’entendit qui marmottait en s’en allant :

— Je la donnerai au curé de chez nous, pour qu’il me dise des messes.

— Quel fanatisme ! exclama le pharmacien, en se penchant vers le notaire.

La séance était finie ; la foule se dispersa ; et, maintenant que les discours étaient lus, chacun reprenait son rang et tout rentrait dans la coutume : les maîtres rudoyaient les domestiques, et ceux-ci frappaient les animaux, triomphateurs indolents qui s’en retournaient à l’étable, une couronne verte entre les cornes.

Cependant les gardes nationaux étaient montés au premier étage de la mairie, avec des brioches embrochées à leurs baïonnettes, et le tambour du bataillon qui portait un panier de bouteilles. Mme Bovary prit le bras de Rodolphe ; il la reconduisit chez elle ; ils se séparèrent devant sa porte ; puis il se promena seul dans la prairie, tout en attendant l’heure du banquet.

Le festin fut long, bruyant, mal servi ; l’on était si tassé, que l’on avait peine à remuer les coudes, et les planches étroites qui servaient de bancs faillirent se rompre sous le poids des convives. Ils mangeaient abondamment. Chacun s’en donnait pour sa quote-part. La sueur coulait sur tous les fronts ; et une vapeur blanchâtre, comme la buée d’un fleuve par un matin d’automne, flottait au-dessus de la table, entre les quinquets suspendus. Rodolphe, le dos appuyé contre le calicot de la tente, pensait si fort à Emma, qu’il n’entendait rien. Derrière lui, sur le gazon, des domestiques empilaient des assiettes sales ; ses voisins parlaient, il ne leur répondait pas ; on lui emplissait son verre, et un silence s’établissait dans sa pensée, malgré les accroissements de la rumeur. Il rêvait à ce qu’elle avait dit et à la forme de ses lèvres ; sa figure, comme en un miroir magique, brillait sur la plaque des shakos ; les plis de sa robe descendaient le long des murs, et des journées d’amour se déroulaient à l’infini dans les perspectives de l’avenir.

Il la revit le soir, pendant le feu d’artifice ; mais elle était avec son mari, Mme Homais et le pharmacien, lequel se tourmentait beaucoup sur le danger des fusées perdues ; et, à chaque moment, il quittait la compagnie pour aller faire à Binet des recommandations.

Les pièces pyrotechniques envoyées à l’adresse du sieur Tuvache avaient, par excès de précaution, été enfermées dans sa cave ; aussi la poudre humide ne s’enflammait guère, et le morceau principal, qui devait figurer un dragon se mordant la queue, rata complètement. De temps à autre, il partait une pauvre chandelle romaine ; alors la foule béante poussait une clameur où se mêlait le cri des femmes à qui l’on chatouillait la taille pendant l’obscurité. Emma, silencieuse, se blottissait doucement contre l’épaule de Charles ; puis, le menton levé, elle suivait dans le ciel noir le jet lumineux des fusées. Rodolphe la contemplait à la lueur des lampions qui brûlaient.

Ils s’éteignirent peu à peu. Les étoiles s’allumèrent. Quelques gouttes de pluie vinrent à tomber. Elle noua son fichu sur sa tête nue.

À ce moment, le fiacre du Conseiller sortit de l’auberge. Son cocher, qui était ivre, s’assoupit tout à coup ; et l’on apercevait de loin, par-dessus la capote, entre les deux lanternes, la masse de son corps qui se balançait de droite et de gauche selon le tangage des soupentes.

— En vérité, dit l’apothicaire, on devrait bien sévir contre l’ivresse ! Je voudrais que l’on inscrivît, hebdomadairement, à la porte de la mairie, sur un tableau ad hoc, les noms de tous ceux qui, durant la semaine, se seraient intoxiqués avec des alcools. D’ailleurs, sous le rapport de la statistique, on aurait là comme des annales patentes qu’on irait au besoin… Mais excusez.

Et il courut encore vers le capitaine.

Celui-ci rentrait à sa maison. Il allait revoir son tour.

— Peut-être ne feriez-vous pas mal, lui dit Homais, d’envoyer un de vos hommes ou d’aller vous-même…

— Laissez-moi donc tranquille, répondit le percepteur, puisqu’il n’y a rien !

— Rassurez-vous, dit l’apothicaire, quand il fut revenu près de ses amis. M. Binet m’a certifié que les mesures étaient prises. Nulle flammèche ne sera tombée. Les pompes sont pleines. Allons dormir.

— Ma foi ! j’en ai besoin, fit Mme Homais qui bâillait considérablement ; mais, n’importe, nous avons eu pour notre fête une bien belle journée.

Rodolphe répéta d’une voix basse et avec un regard tendre :

— Oh ! oui, bien belle !

Et, s’étant salués, on se tourna le dos.

Deux jours après, dans le Fanal de Rouen, il y avait un grand article sur les comices. Homais l’avait composé, de verve, dès le lendemain :

« Pourquoi ces festons, ces fleurs, ces guirlandes ? Où courait cette foule comme les flots d’une mer en furie, sous les torrents d’un soleil tropical qui répandait sa chaleur sur nos guérets ? »

Ensuite, il parlait de la condition des paysans. Certes, le gouvernement faisait beaucoup, mais, pas assez ! « Du courage ! lui criait-il ; mille réformes sont indispensables, accomplissons-les. » Puis, abordant l’entrée du Conseiller, il n’oubliait point « l’air martial de notre milice », ni « nos plus sémillantes villageoises », ni « les vieillards à tête chauve, sorte de patriarches qui étaient là, et dont quelques-uns, débris de nos immortelles phalanges, sentaient encore battre leurs cœurs au son mâle des tambours. » Il se citait des premiers parmi les membres du jury, et même il rappelait, dans une note, que M. Homais, pharmacien, avait envoyé un mémoire sur le cidre à la Société d’agriculture. Quand il arrivait à la distribution des récompenses, il dépeignait la joie des lauréats en traits dithyrambiques. « Le père embrassait son fils, le frère le frère, l’époux l’épouse. Plus d’un montrait avec orgueil son humble médaille, et sans doute, revenu chez lui, près de sa bonne ménagère, il l’aura suspendue en pleurant aux murs discrets de sa chaumine.

« Vers six heures, un banquet, dressé dans l’herbage de M. Liégeard, a réuni les principaux assistants de la fête. La plus grande cordialité n’a cessé d’y régner. Divers toasts ont été portés : M. Lieuvain, au monarque ! M. Tuvache, au préfet ! M. Derozerays, à l’agriculture ! M. Homais, à l’industrie et aux beaux-arts, ces deux sœurs ! M. Leplichey, aux améliorations ! Le soir, un brillant feu d’artifice a tout à coup illuminé les airs. On eût dit un véritable kaléidoscope, un vrai décor d’Opéra, et un moment notre petite localité, a pu se croire transportée au milieu d’un rêve des Mille et une nuits.

« Constatons qu’aucun événement fâcheux n’est venu troubler cette réunion de famille. »

Et il ajoutait :

« On y a seulement remarqué l’absence du clergé. Sans doute les sacristies entendent le progrès d’une autre manière. Libre à vous, messieurs de Loyola ! »

Chapter Eight

At last it came, the famous agricultural show. On the morning of the solemnity all the inhabitants at their doors were chatting over the preparations. The pediment of the town hall had been hung with garlands of ivy; a tent had been erected in a meadow for the banquet; and in the middle of the Place, in front of the church, a kind of bombarde was to announce the arrival of the prefect and the names of the successful farmers who had obtained prizes. The National Guard of Buchy (there was none at Yonville) had come to join the corps of firemen, of whom Binet was captain. On that day he wore a collar even higher than usual; and, tightly buttoned in his tunic, his figure was so stiff and motionless that the whole vital portion of his person seemed to have descended into his legs, which rose in a cadence of set steps with a single movement. As there was some rivalry between the tax-collector and the colonel, both, to show off their talents, drilled their men separately. One saw the red epaulettes and the black breastplates pass and re-pass alternately; there was no end to it, and it constantly began again. There had never been such a display of pomp. Several citizens had scoured their houses the evening before; tri-coloured flags hung from half-open windows; all the public-houses were full; and in the lovely weather the starched caps, the golden crosses, and the coloured neckerchiefs seemed whiter than snow, shone in the sun, and relieved with the motley colours the sombre monotony of the frock-coats and blue smocks. The neighbouring farmers’ wives, when they got off their horses, pulled out the long pins that fastened around them their dresses, turned up for fear of mud; and the husbands, for their part, in order to save their hats, kept their handkerchiefs around them, holding one corner between their teeth.

The crowd came into the main street from both ends of the village. People poured in from the lanes, the alleys, the houses; and from time to time one heard knockers banging against doors closing behind women with their gloves, who were going out to see the fete. What was most admired were two long lamp-stands covered with lanterns, that flanked a platform on which the authorities were to sit. Besides this there were against the four columns of the town hall four kinds of poles, each bearing a small standard of greenish cloth, embellished with inscriptions in gold letters.

On one was written, “To Commerce”; on the other, “To Agriculture”; on the third, “To Industry”; and on the fourth, “To the Fine Arts.”

But the jubilation that brightened all faces seemed to darken that of Madame Lefrancois, the innkeeper. Standing on her kitchen-steps she muttered to herself, “What rubbish! what rubbish! With their canvas booth! Do they think the prefect will be glad to dine down there under a tent like a gipsy? They call all this fussing doing good to the place! Then it wasn’t worth while sending to Neufchatel for the keeper of a cookshop! And for whom? For cowherds! tatterdemalions!”

The druggist was passing. He had on a frock-coat, nankeen trousers, beaver shoes, and, for a wonder, a hat with a low crown.

“Your servant! Excuse me, I am in a hurry.” And as the fat widow asked where he was going —

“It seems odd to you, doesn’t it, I who am always more cooped up in my laboratory than the man’s rat in his cheese.”

“What cheese?” asked the landlady.

“Oh, nothing! nothing!” Homais continued. “I merely wished to convey to you, Madame Lefrancois, that I usually live at home like a recluse. To-day, however, considering the circumstances, it is necessary —”

“Oh, you’re going down there!” she said contemptuously.

“Yes, I am going,” replied the druggist, astonished. “Am I not a member of the consulting commission?”

Mere Lefrancois looked at him for a few moments, and ended by saying with a smile —

“That’s another pair of shoes! But what does agriculture matter to you? Do you understand anything about it?”

“Certainly I understand it, since I am a druggist — that is to say, a chemist. And the object of chemistry, Madame Lefrancois, being the knowledge of the reciprocal and molecular action of all natural bodies, it follows that agriculture is comprised within its domain. And, in fact, the composition of the manure, the fermentation of liquids, the analyses of gases, and the influence of miasmata, what, I ask you, is all this, if it isn’t chemistry, pure and simple?”

The landlady did not answer. Homais went on —

“Do you think that to be an agriculturist it is necessary to have tilled the earth or fattened fowls oneself? It is necessary rather to know the composition of the substances in question — the geological strata, the atmospheric actions, the quality of the soil, the minerals, the waters, the density of the different bodies, their capillarity, and what not. And one must be master of all the principles of hygiene in order to direct, criticize the construction of buildings, the feeding of animals, the diet of domestics. And, moreover, Madame Lefrancois, one must know botany, be able to distinguish between plants, you understand, which are the wholesome and those that are deleterious, which are unproductive and which nutritive, if it is well to pull them up here and re-sow them there, to propagate some, destroy others; in brief, one must keep pace with science by means of pamphlets and public papers, be always on the alert to find out improvements.”

The landlady never took her eyes off the “Cafe Francois” and the chemist went on —

“Would to God our agriculturists were chemists, or that at least they would pay more attention to the counsels of science. Thus lately I myself wrote a considerable tract, a memoir of over seventy-two pages, entitled, ‘Cider, its Manufacture and its Effects, together with some New Reflections on the Subject,’ that I sent to the Agricultural Society of Rouen, and which even procured me the honour of being received among its members — Section, Agriculture; Class, Pomological. Well, if my work had been given to the public —” But the druggist stopped, Madame Lefrancois seemed so preoccupied.

“Just look at them!” she said. “It’s past comprehension! Such a cookshop as that!” And with a shrug of the shoulders that stretched out over her breast the stitches of her knitted bodice, she pointed with both hands at her rival’s inn, whence songs were heard issuing. “Well, it won’t last long,” she added. “It’ll be over before a week.”

Homais drew back with stupefaction. She came down three steps and whispered in his ear —

“What! you didn’t know it? There is to be an execution in next week. It’s Lheureux who is selling him out; he has killed him with bills.”

“What a terrible catastrophe!” cried the druggist, who always found expressions in harmony with all imaginable circumstances.

Then the landlady began telling him the story that she had heard from Theodore, Monsieur Guillaumin’s servant, and although she detested Tellier, she blamed Lheureux. He was “a wheedler, a sneak.”

“There!” she said. “Look at him! he is in the market; he is bowing to Madame Bovary, who’s got on a green bonnet. Why, she’s taking Monsieur Boulanger’s arm.”

“Madame Bovary!” exclaimed Homais. “I must go at once and pay her my respects. Perhaps she’ll be very glad to have a seat in the enclosure under the peristyle.” And, without heeding Madame Lefrancois, who was calling him back to tell him more about it, the druggist walked off rapidly with a smile on his lips, with straight knees, bowing copiously to right and left, and taking up much room with the large tails of his frock-coat that fluttered behind him in the wind.

Rodolphe, having caught sight of him from afar, hurried on, but Madame Bovary lost her breath; so he walked more slowly, and, smiling at her, said in a rough tone —

“It’s only to get away from that fat fellow, you know, the druggist.” She pressed his elbow.

“What’s the meaning of that?” he asked himself. And he looked at her out of the corner of his eyes.

Her profile was so calm that one could guess nothing from it. It stood out in the light from the oval of her bonnet, with pale ribbons on it like the leaves of weeds. Her eyes with their long curved lashes looked straight before her, and though wide open, they seemed slightly puckered by the cheek-bones, because of the blood pulsing gently under the delicate skin. A pink line ran along the partition between her nostrils. Her head was bent upon her shoulder, and the pearl tips of her white teeth were seen between her lips.

“Is she making fun of me?” thought Rodolphe.

Emma’s gesture, however, had only been meant for a warning; for Monsieur Lheureux was accompanying them, and spoke now and again as if to enter into the conversation.

“What a superb day! Everybody is out! The wind is east!”

And neither Madame Bovary nor Rodolphe answered him, whilst at the slightest movement made by them he drew near, saying, “I beg your pardon!” and raised his hat.

When they reached the farrier’s house, instead of following the road up to the fence, Rodolphe suddenly turned down a path, drawing with him Madame Bovary. He called out —

“Good evening, Monsieur Lheureux! See you again presently.”

“How you got rid of him!” she said, laughing.

“Why,” he went on, “allow oneself to be intruded upon by others? And as to-day I have the happiness of being with you —”

Emma blushed. He did not finish his sentence. Then he talked of the fine weather and of the pleasure of walking on the grass. A few daisies had sprung up again.

“Here are some pretty Easter daisies,” he said, “and enough of them to furnish oracles to all the amorous maids in the place.”

He added, “Shall I pick some? What do you think?”

“Are you in love?” she asked, coughing a little.

“H’m, h’m! who knows?” answered Rodolphe.

The meadow began to fill, and the housewives hustled you with their great umbrellas, their baskets, and their babies. One had often to get out of the way of a long file of country folk, servant-maids with blue stockings, flat shoes, silver rings, and who smelt of milk, when one passed close to them. They walked along holding one another by the hand, and thus they spread over the whole field from the row of open trees to the banquet tent.

But this was the examination time, and the farmers one after the other entered a kind of enclosure formed by a long cord supported on sticks.

The beasts were there, their noses towards the cord, and making a confused line with their unequal rumps. Drowsy pigs were burrowing in the earth with their snouts, calves were bleating, lambs baaing; the cows, on knees folded in, were stretching their bellies on the grass, slowly chewing the cud, and blinking their heavy eyelids at the gnats that buzzed round them. Plough-men with bare arms were holding by the halter prancing stallions that neighed with dilated nostrils looking towards the mares. These stood quietly, stretching out their heads and flowing manes, while their foals rested in their shadow, or now and then came and sucked them. And above the long undulation of these crowded animals one saw some white mane rising in the wind like a wave, or some sharp horns sticking out, and the heads of men running about. Apart, outside the enclosure, a hundred paces off, was a large black bull, muzzled, with an iron ring in its nostrils, and who moved no more than if he had been in bronze. A child in rags was holding him by a rope.

Between the two lines the committee-men were walking with heavy steps, examining each animal, then consulting one another in a low voice. One who seemed of more importance now and then took notes in a book as he walked along. This was the president of the jury, Monsieur Derozerays de la Panville. As soon as he recognised Rodolphe he came forward quickly, and smiling amiably, said —

“What! Monsieur Boulanger, you are deserting us?”

Rodolphe protested that he was just coming. But when the president had disappeared —

“Ma foi!” said he, “I shall not go. Your company is better than his.”

And while poking fun at the show, Rodolphe, to move about more easily, showed the gendarme his blue card, and even stopped now and then in front of some fine beast, which Madame Bovary did not at all admire. He noticed this, and began jeering at the Yonville ladies and their dresses; then he apologised for the negligence of his own. He had that incongruity of common and elegant in which the habitually vulgar think they see the revelation of an eccentric existence, of the perturbations of sentiment, the tyrannies of art, and always a certain contempt for social conventions, that seduces or exasperates them. Thus his cambric shirt with plaited cuffs was blown out by the wind in the opening of his waistcoat of grey ticking, and his broad-striped trousers disclosed at the ankle nankeen boots with patent leather gaiters.

These were so polished that they reflected the grass. He trampled on horses’s dung with them, one hand in the pocket of his jacket and his straw hat on one side.

“Besides,” added he, “when one lives in the country —”

“It’s waste of time,” said Emma.

“That is true,” replied Rodolphe. “To think that not one of these people is capable of understanding even the cut of a coat!”

Then they talked about provincial mediocrity, of the lives it crushed, the illusions lost there.

“And I too,” said Rodolphe, “am drifting into depression.”

“You!” she said in astonishment; “I thought you very light-hearted.”

“Ah! yes. I seem so, because in the midst of the world I know how to wear the mask of a scoffer upon my face; and yet, how many a time at the sight of a cemetery by moonlight have I not asked myself whether it were not better to join those sleeping there!”

“Oh! and your friends?” she said. “You do not think of them.”

“My friends! What friends? Have I any? Who cares for me?” And he accompanied the last words with a kind of whistling of the lips.

But they were obliged to separate from each other because of a great pile of chairs that a man was carrying behind them. He was so overladen with them that one could only see the tips of his wooden shoes and the ends of his two outstretched arms. It was Lestiboudois, the gravedigger, who was carrying the church chairs about amongst the people. Alive to all that concerned his interests, he had hit upon this means of turning the show to account; and his idea was succeeding, for he no longer knew which way to turn. In fact, the villagers, who were hot, quarreled for these seats, whose straw smelt of incense, and they leant against the thick backs, stained with the wax of candles, with a certain veneration.

Madame Bovary again took Rodolphe’s arm; he went on as if speaking to himself —

“Yes, I have missed so many things. Always alone! Ah! if I had some aim in life, if I had met some love, if I had found someone! Oh, how I would have spent all the energy of which I am capable, surmounted everything, overcome everything!”

“Yet it seems to me,” said Emma, “that you are not to be pitied.”

“Ah! you think so?” said Rodolphe.

“For, after all,” she went on, “you are free —” she hesitated, “rich —”

“Do not mock me,” he replied.

And she protested that she was not mocking him, when the report of a cannon resounded. Immediately all began hustling one another pell-mell towards the village.

It was a false alarm. The prefect seemed not to be coming, and the members of the jury felt much embarrassed, not knowing if they ought to begin the meeting or still wait.

At last at the end of the Place a large hired landau appeared, drawn by two thin horses, which a coachman in a white hat was whipping lustily. Binet had only just time to shout, “Present arms!” and the colonel to imitate him. All ran towards the enclosure; everyone pushed forward. A few even forgot their collars; but the equipage of the prefect seemed to anticipate the crowd, and the two yoked jades, trapesing in their harness, came up at a little trot in front of the peristyle of the town hall at the very moment when the National Guard and firemen deployed, beating drums and marking time.

“Present!” shouted Binet.

“Halt!” shouted the colonel. “Left about, march.”

And after presenting arms, during which the clang of the band, letting loose, rang out like a brass kettle rolling downstairs, all the guns were lowered. Then was seen stepping down from the carriage a gentleman in a short coat with silver braiding, with bald brow, and wearing a tuft of hair at the back of his head, of a sallow complexion and the most benign appearance. His eyes, very large and covered by heavy lids, were half-closed to look at the crowd, while at the same time he raised his sharp nose, and forced a smile upon his sunken mouth. He recognised the mayor by his scarf, and explained to him that the prefect was not able to come. He himself was a councillor at the prefecture; then he added a few apologies. Monsieur Tuvache answered them with compliments; the other confessed himself nervous; and they remained thus, face to face, their foreheads almost touching, with the members of the jury all round, the municipal council, the notable personages, the National Guard and the crowd. The councillor pressing his little cocked hat to his breast repeated his bows, while Tuvache, bent like a bow, also smiled, stammered, tried to say something, protested his devotion to the monarchy and the honour that was being done to Yonville.

Hippolyte, the groom from the inn, took the head of the horses from the coachman, and, limping along with his club-foot, led them to the door of the “Lion d’Or”, where a number of peasants collected to look at the carriage. The drum beat, the howitzer thundered, and the gentlemen one by one mounted the platform, where they sat down in red utrecht velvet arm-chairs that had been lent by Madame Tuvache.

All these people looked alike. Their fair flabby faces, somewhat tanned by the sun, were the colour of sweet cider, and their puffy whiskers emerged from stiff collars, kept up by white cravats with broad bows. All the waist-coats were of velvet, double-breasted; all the watches had, at the end of a long ribbon, an oval cornelian seal; everyone rested his two hands on his thighs, carefully stretching the stride of their trousers, whose unsponged glossy cloth shone more brilliantly than the leather of their heavy boots.

The ladies of the company stood at the back under the vestibule between the pillars while the common herd was opposite, standing up or sitting on chairs. As a matter of fact, Lestiboudois had brought thither all those that he had moved from the field, and he even kept running back every minute to fetch others from the church. He caused such confusion with this piece of business that one had great difficulty in getting to the small steps of the platform.

“I think,” said Monsieur Lheureux to the chemist, who was passing to his place, “that they ought to have put up two Venetian masts with something rather severe and rich for ornaments; it would have been a very pretty effect.”

“To be sure,” replied Homais; “but what can you expect? The mayor took everything on his own shoulders. He hasn’t much taste. Poor Tuvache! and he is even completely destitute of what is called the genius of art.”

Rodolphe, meanwhile, with Madame Bovary, had gone up to the first floor of the town hall, to the “council-room,” and, as it was empty, he declared that they could enjoy the sight there more comfortably. He fetched three stools from the round table under the bust of the monarch, and having carried them to one of the windows, they sat down by each other.

There was commotion on the platform, long whisperings, much parleying. At last the councillor got up. They knew now that his name was Lieuvain, and in the crowd the name was passed from one to the other. After he had collated a few pages, and bent over them to see better, he began —

“Gentlemen! May I be permitted first of all (before addressing you on the object of our meeting to-day, and this sentiment will, I am sure, be shared by you all), may I be permitted, I say, to pay a tribute to the higher administration, to the government to the monarch, gentle men, our sovereign, to that beloved king, to whom no branch of public or private prosperity is a matter of indifference, and who directs with a hand at once so firm and wise the chariot of the state amid the incessant perils of a stormy sea, knowing, moreover, how to make peace respected as well as war, industry, commerce, agriculture, and the fine arts?”

“I ought,” said Rodolphe, “to get back a little further.”

“Why?” said Emma.

But at this moment the voice of the councillor rose to an extraordinary pitch. He declaimed —

“This is no longer the time, gentlemen, when civil discord ensanguined our public places, when the landlord, the business-man, the working-man himself, falling asleep at night, lying down to peaceful sleep, trembled lest he should be awakened suddenly by the noise of incendiary tocsins, when the most subversive doctrines audaciously sapped foundations.”

“Well, someone down there might see me,” Rodolphe resumed, “then I should have to invent excuses for a fortnight; and with my bad reputation —”

“Oh, you are slandering yourself,” said Emma.

“No! It is dreadful, I assure you.”

“But, gentlemen,” continued the councillor, “if, banishing from my memory the remembrance of these sad pictures, I carry my eyes back to the actual situation of our dear country, what do I see there? Everywhere commerce and the arts are flourishing; everywhere new means of communication, like so many new arteries in the body of the state, establish within it new relations. Our great industrial centres have recovered all their activity; religion, more consolidated, smiles in all hearts; our ports are full, confidence is born again, and France breathes once more!”

“Besides,” added Rodolphe, “perhaps from the world’s point of view they are right.”

“How so?” she asked.

“What!” said he. “Do you not know that there are souls constantly tormented? They need by turns to dream and to act, the purest passions and the most turbulent joys, and thus they fling themselves into all sorts of fantasies, of follies.”

Then she looked at him as one looks at a traveller who has voyaged over strange lands, and went on —

“We have not even this distraction, we poor women!”

“A sad distraction, for happiness isn’t found in it.”

“But is it ever found?” she asked.

“Yes; one day it comes,” he answered.

“And this is what you have understood,” said the councillor.

“You, farmers, agricultural labourers! you pacific pioneers of a work that belongs wholly to civilization! you, men of progress and morality, you have understood, I say, that political storms are even more redoubtable than atmospheric disturbances!”

“It comes one day,” repeated Rodolphe, “one day suddenly, and when one is despairing of it. Then the horizon expands; it is as if a voice cried, ‘It is here!’ You feel the need of confiding the whole of your life, of giving everything, sacrificing everything to this being. There is no need for explanations; they understand one another. They have seen each other in dreams!”

(And he looked at her.) “In fine, here it is, this treasure so sought after, here before you. It glitters, it flashes; yet one still doubts, one does not believe it; one remains dazzled, as if one went out iron darkness into light.”

And as he ended Rodolphe suited the action to the word. He passed his hand over his face, like a man seized with giddiness. Then he let it fall on Emma’s. She took hers away.

“And who would be surprised at it, gentlemen? He only who is so blind, so plunged (I do not fear to say it), so plunged in the prejudices of another age as still to misunderstand the spirit of agricultural populations. Where, indeed, is to be found more patriotism than in the country, greater devotion to the public welfare, more intelligence, in a word? And, gentlemen, I do not mean that superficial intelligence, vain ornament of idle minds, but rather that profound and balanced intelligence that applies itself above all else to useful objects, thus contributing to the good of all, to the common amelioration and to the support of the state, born of respect for law and the practice of duty —”

“Ah! again!” said Rodolphe. “Always ‘duty.’ I am sick of the word. They are a lot of old blockheads in flannel vests and of old women with foot-warmers and rosaries who constantly drone into our ears ‘Duty, duty!’ Ah! by Jove! one’s duty is to feel what is great, cherish the beautiful, and not accept all the conventions of society with the ignominy that it imposes upon us.”

“Yet — yet —” objected Madame Bovary.

“No, no! Why cry out against the passions? Are they not the one beautiful thing on the earth, the source of heroism, of enthusiasm, of poetry, music, the arts, of everything, in a word?”

“But one must,” said Emma, “to some extent bow to the opinion of the world and accept its moral code.”

“Ah! but there are two,” he replied. “The small, the conventional, that of men, that which constantly changes, that brays out so loudly, that makes such a commotion here below, of the earth earthly, like the mass of imbeciles you see down there. But the other, the eternal, that is about us and above, like the landscape that surrounds us, and the blue heavens that give us light.”

Monsieur Lieuvain had just wiped his mouth with a pocket-handkerchief. He continued —

“And what should I do here gentlemen, pointing out to you the uses of agriculture? Who supplies our wants? Who provides our means of subsistence? Is it not the agriculturist? The agriculturist, gentlemen, who, sowing with laborious hand the fertile furrows of the country, brings forth the corn, which, being ground, is made into a powder by means of ingenious machinery, comes out thence under the name of flour, and from there, transported to our cities, is soon delivered at the baker’s, who makes it into food for poor and rich alike. Again, is it not the agriculturist who fattens, for our clothes, his abundant flocks in the pastures? For how should we clothe ourselves, how nourish ourselves, without the agriculturist? And, gentlemen, is it even necessary to go so far for examples? Who has not frequently reflected on all the momentous things that we get out of that modest animal, the ornament of poultry-yards, that provides us at once with a soft pillow for our bed, with succulent flesh for our tables, and eggs? But I should never end if I were to enumerate one after the other all the different products which the earth, well cultivated, like a generous mother, lavishes upon her children. Here it is the vine, elsewhere the apple tree for cider, there colza, farther on cheeses and flax. Gentlemen, let us not forget flax, which has made such great strides of late years, and to which I will more particularly call your attention.”

He had no need to call it, for all the mouths of the multitude were wide open, as if to drink in his words. Tuvache by his side listened to him with staring eyes. Monsieur Derozerays from time to time softly closed his eyelids, and farther on the chemist, with his son Napoleon between his knees, put his hand behind his ear in order not to lose a syllable. The chins of the other members of the jury went slowly up and down in their waistcoats in sign of approval. The firemen at the foot of the platform rested on their bayonets; and Binet, motionless, stood with out-turned elbows, the point of his sabre in the air. Perhaps he could hear, but certainly he could see nothing, because of the visor of his helmet, that fell down on his nose. His lieutenant, the youngest son of Monsieur Tuvache, had a bigger one, for his was enormous, and shook on his head, and from it an end of his cotton scarf peeped out. He smiled beneath it with a perfectly infantine sweetness, and his pale little face, whence drops were running, wore an expression of enjoyment and sleepiness.

The square as far as the houses was crowded with people. One saw folk leaning on their elbows at all the windows, others standing at doors, and Justin, in front of the chemist’s shop, seemed quite transfixed by the sight of what he was looking at. In spite of the silence Monsieur Lieuvain’s voice was lost in the air. It reached you in fragments of phrases, and interrupted here and there by the creaking of chairs in the crowd; then you suddenly heard the long bellowing of an ox, or else the bleating of the lambs, who answered one another at street corners. In fact, the cowherds and shepherds had driven their beasts thus far, and these lowed from time to time, while with their tongues they tore down some scrap of foliage that hung above their mouths.

Rodolphe had drawn nearer to Emma, and said to her in a low voice, speaking rapidly —

“Does not this conspiracy of the world revolt you? Is there a single sentiment it does not condemn? The noblest instincts, the purest sympathies are persecuted, slandered; and if at length two poor souls do meet, all is so organised that they cannot blend together. Yet they will make the attempt; they will flutter their wings; they will call upon each other. Oh! no matter. Sooner or later, in six months, ten years, they will come together, will love; for fate has decreed it, and they are born one for the other.”

His arms were folded across his knees, and thus lifting his face towards Emma, close by her, he looked fixedly at her. She noticed in his eyes small golden lines radiating from black pupils; she even smelt the perfume of the pomade that made his hair glossy.

Then a faintness came over her; she recalled the Viscount who had waltzed with her at Vaubyessard, and his beard exhaled like this air an odour of vanilla and citron, and mechanically she half-closed her eyes the better to breathe it in. But in making this movement, as she leant back in her chair, she saw in the distance, right on the line of the horizon, the old diligence, the “Hirondelle,” that was slowly descending the hill of Leux, dragging after it a long trail of dust. It was in this yellow carriage that Leon had so often come back to her, and by this route down there that he had gone for ever. She fancied she saw him opposite at his windows; then all grew confused; clouds gathered; it seemed to her that she was again turning in the waltz under the light of the lustres on the arm of the Viscount, and that Leon was not far away, that he was coming; and yet all the time she was conscious of the scent of Rodolphe’s head by her side. This sweetness of sensation pierced through her old desires, and these, like grains of sand under a gust of wind, eddied to and fro in the subtle breath of the perfume which suffused her soul. She opened wide her nostrils several times to drink in the freshness of the ivy round the capitals. She took off her gloves, she wiped her hands, then fanned her face with her handkerchief, while athwart the throbbing of her temples she heard the murmur of the crowd and the voice of the councillor intoning his phrases. He said —“Continue, persevere; listen neither to the suggestions of routine, nor to the over-hasty councils of a rash empiricism.

“Apply yourselves, above all, to the amelioration of the soil, to good manures, to the development of the equine, bovine, ovine, and porcine races. Let these shows be to you pacific arenas, where the victor in leaving it will hold forth a hand to the vanquished, and will fraternise with him in the hope of better success. And you, aged servants, humble domestics, whose hard labour no Government up to this day has taken into consideration, come hither to receive the reward of your silent virtues, and be assured that the state henceforward has its eye upon you; that it encourages you, protects you; that it will accede to your just demands, and alleviate as much as in it lies the burden of your painful sacrifices.”

Monsieur Lieuvain then sat down; Monsieur Derozerays got up, beginning another speech. His was not perhaps so florid as that of the councillor, but it recommended itself by a more direct style, that is to say, by more special knowledge and more elevated considerations. Thus the praise of the Government took up less space in it; religion and agriculture more. He showed in it the relations of these two, and how they had always contributed to civilisation. Rodolphe with Madame Bovary was talking dreams, presentiments, magnetism. Going back to the cradle of society, the orator painted those fierce times when men lived on acorns in the heart of woods. Then they had left off the skins of beasts, had put on cloth, tilled the soil, planted the vine. Was this a good, and in this discovery was there not more of injury than of gain? Monsieur Derozerays set himself this problem. From magnetism little by little Rodolphe had come to affinities, and while the president was citing Cincinnatus and his plough, Diocletian, planting his cabbages, and the Emperors of China inaugurating the year by the sowing of seed, the young man was explaining to the young woman that these irresistible attractions find their cause in some previous state of existence.

“Thus we,” he said, “why did we come to know one another? What chance willed it? It was because across the infinite, like two streams that flow but to unite; our special bents of mind had driven us towards each other.”

And he seized her hand; she did not withdraw it.

“For good farming generally!” cried the president.

“Just now, for example, when I went to your house.”

“To Monsieur Bizat of Quincampoix.”

“Did I know I should accompany you?”

“Seventy francs.”

“A hundred times I wished to go; and I followed you — I remained.”

“Manures!”

“And I shall remain to-night, to-morrow, all other days, all my life!”

“To Monsieur Caron of Argueil, a gold medal!”

“For I have never in the society of any other person found so complete a charm.”

“To Monsieur Bain of Givry-Saint-Martin.”

“And I shall carry away with me the remembrance of you.”

“For a merino ram!”

“But you will forget me; I shall pass away like a shadow.”

“To Monsieur Belot of Notre-Dame.”

“Oh, no! I shall be something in your thought, in your life, shall I not?”

“Porcine race; prizes — equal, to Messrs. Leherisse and Cullembourg, sixty francs!”

Rodolphe was pressing her hand, and he felt it all warm and quivering like a captive dove that wants to fly away; but, whether she was trying to take it away or whether she was answering his pressure; she made a movement with her fingers. He exclaimed —

“Oh, I thank you! You do not repulse me! You are good! You understand that I am yours! Let me look at you; let me contemplate you!”

A gust of wind that blew in at the window ruffled the cloth on the table, and in the square below all the great caps of the peasant women were uplifted by it like the wings of white butterflies fluttering.

“Use of oil-cakes,” continued the president. He was hurrying on: “Flemish manure-flax-growing-drainage-long leases-domestic service.”

Rodolphe was no longer speaking. They looked at one another. A supreme desire made their dry lips tremble, and wearily, without an effort, their fingers intertwined.

“Catherine Nicaise Elizabeth Leroux, of Sassetot-la-Guerriere, for fifty-four years of service at the same farm, a silver medal — value, twenty-five francs!”

“Where is Catherine Leroux?” repeated the councillor.

She did not present herself, and one could hear voices whispering —

“Go up!”

“Don’t be afraid!”

“Oh, how stupid she is!”

“Well, is she there?” cried Tuvache.

“Yes; here she is.”

“Then let her come up!”

Then there came forward on the platform a little old woman with timid bearing, who seemed to shrink within her poor clothes. On her feet she wore heavy wooden clogs, and from her hips hung a large blue apron. Her pale face framed in a borderless cap was more wrinkled than a withered russet apple. And from the sleeves of her red jacket looked out two large hands with knotty joints, the dust of barns, the potash of washing the grease of wools had so encrusted, roughened, hardened these that they seemed dirty, although they had been rinsed in clear water; and by dint of long service they remained half open, as if to bear humble witness for themselves of so much suffering endured. Something of monastic rigidity dignified her face. Nothing of sadness or of emotion weakened that pale look. In her constant living with animals she had caught their dumbness and their calm. It was the first time that she found herself in the midst of so large a company, and inwardly scared by the flags, the drums, the gentlemen in frock-coats, and the order of the councillor, she stood motionless, not knowing whether to advance or run away, nor why the crowd was pushing her and the jury were smiling at her.

Thus stood before these radiant bourgeois this half-century of servitude.

“Approach, venerable Catherine Nicaise Elizabeth Leroux!” said the councillor, who had taken the list of prize-winners from the president; and, looking at the piece of paper and the old woman by turns, he repeated in a fatherly tone —“Approach! approach!”

“Are you deaf?” said Tuvache, fidgeting in his armchair; and he began shouting in her ear, “Fifty-four years of service. A silver medal! Twenty-five francs! For you!”

Then, when she had her medal, she looked at it, and a smile of beatitude spread over her face; and as she walked away they could hear her muttering “I’ll give it to our cure up home, to say some masses for me!”

“What fanaticism!” exclaimed the chemist, leaning across to the notary.

The meeting was over, the crowd dispersed, and now that the speeches had been read, each one fell back into his place again, and everything into the old grooves; the masters bullied the servants, and these struck the animals, indolent victors, going back to the stalls, a green-crown on their horns.

The National Guards, however, had gone up to the first floor of the town hall with buns spitted on their bayonets, and the drummer of the battalion carried a basket with bottles. Madame Bovary took Rodolphe’s arm; he saw her home; they separated at her door; then he walked about alone in the meadow while he waited for the time of the banquet.

The feast was long, noisy, ill served; the guests were so crowded that they could hardly move their elbows; and the narrow planks used for forms almost broke down under their weight. They ate hugely. Each one stuffed himself on his own account. Sweat stood on every brow, and a whitish steam, like the vapour of a stream on an autumn morning, floated above the table between the hanging lamps. Rodolphe, leaning against the calico of the tent was thinking so earnestly of Emma that he heard nothing. Behind him on the grass the servants were piling up the dirty plates, his neighbours were talking; he did not answer them; they filled his glass, and there was silence in his thoughts in spite of the growing noise. He was dreaming of what she had said, of the line of her lips; her face, as in a magic mirror, shone on the plates of the shakos, the folds of her gown fell along the walls, and days of love unrolled to all infinity before him in the vistas of the future.

He saw her again in the evening during the fireworks, but she was with her husband, Madame Homais, and the druggist, who was worrying about the danger of stray rockets, and every moment he left the company to go and give some advice to Binet.

The pyrotechnic pieces sent to Monsieur Tuvache had, through an excess of caution, been shut up in his cellar, and so the damp powder would not light, and the principal set piece, that was to represent a dragon biting his tail, failed completely. Now and then a meagre Roman-candle went off; then the gaping crowd sent up a shout that mingled with the cry of the women, whose waists were being squeezed in the darkness. Emma silently nestled against Charles’s shoulder; then, raising her chin, she watched the luminous rays of the rockets against the dark sky. Rodolphe gazed at her in the light of the burning lanterns.

They went out one by one. The stars shone out. A few crops of rain began to fall. She knotted her fichu round her bare head.

At this moment the councillor’s carriage came out from the inn.

His coachman, who was drunk, suddenly dozed off, and one could see from the distance, above the hood, between the two lanterns, the mass of his body, that swayed from right to left with the giving of the traces.

“Truly,” said the druggist, “one ought to proceed most rigorously against drunkenness! I should like to see written up weekly at the door of the town hall on a board ad hoc the names of all those who during the week got intoxicated on alcohol. Besides, with regard to statistics, one would thus have, as it were, public records that one could refer to in case of need. But excuse me!”

And he once more ran off to the captain. The latter was going back to see his lathe again.

“Perhaps you would not do ill,” Homais said to him, “to send one of your men, or to go yourself —”

“Leave me alone!” answered the tax-collector. “It’s all right!”

“Do not be uneasy,” said the druggist, when he returned to his friends. “Monsieur Binet has assured me that all precautions have been taken. No sparks have fallen; the pumps are full. Let us go to rest.”

“Ma foi! I want it,” said Madame Homais, yawning at large. “But never mind; we’ve had a beautiful day for our fete.”

Rodolphe repeated in a low voice, and with a tender look, “Oh, yes! very beautiful!”

And having bowed to one another, they separated.

Two days later, in the “Final de Rouen,” there was a long article on the show. Homais had composed it with verve the very next morning.

“Why these festoons, these flowers, these garlands? Whither hurries this crowd like the waves of a furious sea under the torrents of a tropical sun pouring its heat upon our heads?”

Then he spoke of the condition of the peasants. Certainly the Government was doing much, but not enough. “Courage!” he cried to it; “a thousand reforms are indispensable; let us accomplish them!” Then touching on the entry of the councillor, he did not forget “the martial air of our militia;” nor “our most merry village maidens;” nor the “bald-headed old men like patriarchs who were there, and of whom some, the remnants of our phalanxes, still felt their hearts beat at the manly sound of the drums.” He cited himself among the first of the members of the jury, and he even called attention in a note to the fact that Monsieur Homais, chemist, had sent a memoir on cider to the agricultural society.

When he came to the distribution of the prizes, he painted the joy of the prize-winners in dithyrambic strophes. “The father embraced the son, the brother the brother, the husband his consort. More than one showed his humble medal with pride; and no doubt when he got home to his good housewife, he hung it up weeping on the modest walls of his cot.

“About six o’clock a banquet prepared in the meadow of Monsieur Leigeard brought together the principal personages of the fete. The greatest cordiality reigned here. Divers toasts were proposed: Monsieur Lieuvain, the King; Monsieur Tuvache, the Prefect; Monsieur Derozerays, Agriculture; Monsieur Homais, Industry and the Fine Arts, those twin sisters; Monsieur Leplichey, Progress. In the evening some brilliant fireworks on a sudden illumined the air. One would have called it a veritable kaleidoscope, a real operatic scene; and for a moment our little locality might have thought itself transported into the midst of a dream of the ‘Thousand and One Nights.’ “Let us state that no untoward event disturbed this family meeting.” And he added “Only the absence of the clergy was remarked. No doubt the priests understand progress in another fashion. Just as you please, messieurs the followers of Loyola!”

Achtes Kapitel

Endlich war sie da, die berühmte Jahresversammlung der Landwirte! Vom frühen Morgen an standen alle Einwohner von Yonville an ihren Haustüren und sprachen von den Dingen, die da kommen sollten. Die Stirnseite des Rathauses war mit Efeugirlanden geschmückt. Drüben auf einer Wiese war ein großes Zelt für das Festmahl aufgeschlagen worden, und mitten auf dem Markte vor der Kirche stand ein Böller, der die Ankunft des Landrats und die Preiskrönung donnernd verkünden sollte. Die Bürgergarde von Büchy — in Yonville gab es keine — war anmarschiert und hatte sich mit der heimischen Feuerwehr, deren Hauptmann Herr Binet war, zu einem Korps vereinigt. Selbiger trug an diesem Tage einen noch höheren Kragen als gewöhnlich. In die Litewka eingezwängt, war sein Oberkörper so steif und starr, daß es aussah, als sei alles Leben in ihm in seine beiden Beine gerutscht, die sich parademarschmäßig bewegten. Da der Oberst der Bürgergarde und der Hauptmann der Feuerwehr eifersüchtig aufeinander waren, wollte jeder den andern ausstechen, und so exerzierten beide ihre Mannschaft für sich. Abwechselnd sah man die roten Epauletten und die schwarzen Schutzleder vorbeimarschieren und wieder abschwenken. Das ging immer wieder von neuem an und nahm schier kein Ende!

Noch nie hatte man in Yonville derartige Pracht und Herrlichkeit gesehen. Verschiedene Bürger hatten tags zuvor ihre Häuser abwaschen lassen. Weiß-rot-blaue Fahnen hingen aus den halboffnen Fenstern herab, alle Kneipen waren voll; und da schönes Wetter war, sahen die gestärkten Häubchen weißer wie Schnee aus, die Orden und Medaillen blitzten in der Sonne wie eitel Gold, und die bunten Tücher leuchteten buntscheckig aus dem tristen Einerlei der schwarzen Röcke und blauen Blusen hervor. Die Pächtersfrauen kamen aus den umliegenden Dörfern geritten; beim Absitzen zogen sie die langen Nadeln heraus, mit denen sie ihre Röcke hochgesteckt hatten, damit sie unterwegs nicht schmutzig werden sollten. Die Männer andrerseits hatten zum Schutze ihrer Hüte die Sacktücher darüber gezogen, deren Zipfel sie mit den Zähnen festhielten.

Die Menge strömte von beiden Enden des Orts auf der Landstraße heran und ergoß sich in alle Gassen, Alleen und Häuser. Überall klingelten die Türen, um die Bürgerinnen herauszulassen, die in Zwirnhandschuhen nach dem Festplatze wallten.

Zwei mit Lampions behängte hohe Taxusbäume, zu beiden Seiten der vor dem Rathause errichteten Estrade für die Ehrengäste, erregten ganz besonders die allgemeine Bewunderung. Übrigens hatte man an den vier Säulen am Rathause so etwas wie vier Stangen aufgepflanzt; jede trug eine Art Standarte aus grüner Leinwand. Auf der einen las man: HANDEL, auf der zweiten: ACKERBAU, der dritten: INDUSTRIE, der vierten: KUNST UND WISSENSCHAFT.

Die Freudensonne, die auf allen Gesichtern zu leuchten begann, warf auch ihren Schatten und zwar auf das Antlitz der Frau Franz, der Löwenwirtin. Auf der kleinen Vortreppe ihres Gasthofes stehend, räsonierte sie vor sich hin:

„So eine Torheit! So eine Eselei, eine Leinwandbude aufzubaun! Glaubt diese Bagage wirklich, daß der Herr Landrat besonders ergötzt sein wird, wenn er unter einem Zeltdache dinieren soll, wie ein Seiltänzer? Dabei soll der ganze Rummel der hiesigen Gegend zugute kommen! War es wirklich der Mühe wert, extra einen Koch aus Neufchâtel herkommen zu lassen? Für wen übrigens? Für Kuhjungen und Lumpenpack!“

Der Apotheker ging vorüber in schwarzem Rock, gelben Buxen, Lackschuhen und — ausnahmsweise (statt des gewohnten Käppchens) — einem Hut von niedriger Form.

„Ihr Diener!“ sagte er. „Ich habs eilig!“

Als die dicke Witwe ihn fragte, wohin er ginge, erwiderte er:

„Es kommt Ihnen komisch vor, nicht wahr? Ich, der ich sonst den ganzen Tag in meinem Laboratorium stecke wie eine Made im Käse ...“

„In was für Käse?“ unterbrach ihn die Wirtin.

„Nein, nein. Das ist nur bildlich gemeint“, entgegnete Homais. „Ich wollte damit nur sagen, Frau Franz, daß es im allgemeinen meine Gewohnheit ist, zu Hause zu hocken. Heute freilich muß ich in Anbetracht ...“

„Ah! Sie gehen auch hin?“ fragte sie in geringschätzigem Tone.

„Gewiß gehe ich hin!“ sagte der Apotheker erstaunt. „Ich gehöre ja zu den Preisrichtern!“

Die Löwenwirtin sah ihn ein paar Sekunden an, schließlich meinte sie lächelnd:

„Das ist was anders! Aber was geht Sie eigentlich die Landwirtschaft an? Verstehen Sie denn was davon?“

„Selbstverständlich verstehe ich etwas davon! Ich bin doch Pharmazeut, also Chemiker. Und die Chemie, Frau Franz, beschäftigt sich mit den Wechselwirkungen und den Molekularverhältnissen aller Körper, die in der Natur vorkommen. Folglich gehört auch die Landwirtschaft in das Gebiet meiner Wissenschaft. In der Tat, die Zusammensetzung der Düngemittel, die Gärungen der Säfte, die Analyse der Gase und die Wirkung der Miasmen .., ich bitte Sie, was ist das weiter als pure bare Chemie?“

Die Löwenwirtin erwiderte nichts, und Homais fuhr fort:

„Glauben Sie denn: um Agronom zu sein, müsse man selber in der Erde gebuddelt oder Gänse genudelt haben? Keine Spur! Aber die Beschaffenheit der Substanzen, mit denen der Landwirt zu tun hat, die muß man unbedingt studiert haben, die geologischen Gruppierungen, die atmosphärischen Vorkommnisse, die Beschaffenheit des Erdbodens, des Gesteins, des Wassers, die Dichtigkeit der verschiedenen Körper und ihre Kapillarität! Und tausend andre Dinge! Dazu muß man mit den Grundsätzen der Hygiene völlig vertraut sein, um den Bau von Gebäuden, die Unterhaltung der Haus- und Arbeitstiere und die Ernährung der Dienstboten leiten und kontrollieren zu können. Fernerhin, Frau Franz, muß man die Botanik intus haben. Man muß die Pflanzen unterscheiden können, verstehen Sie, die nützlichen von den schädlichen, die nutzlosen und die nahrhaften, welche Arten man vertilgen und welche man pflegen, welche man hier wegnehmen und dort anpflanzen muß. Kurz und gut, man muß sich in der Wissenschaft auf dem Laufenden halten, indem man die Broschüren und die öffentlichen Bekanntmachungen liest, und immer auf dem Damme sein, um mit dem Fortschritte zu gehen ...“

Die Wirtin ließ unterdessen den Eingang des Café Français nicht aus den Augen. Der Apotheker redete weiter:

„Wollte Gott, unsre Agrarier wären zugleich Chemiker, oder sie hörten wenigstens besser auf die Ratschläge der Wissenschaft! Da habe ich kürzlich selbst eine große Abhandlung verfaßt, eine Denkschrift von mehr als 72 Seiten, betitelt: „Der Apfelwein. Seine Herstellung und seine Wirkung. Nebst einigen neuen Betrachtungen hierüber.“ Ich habe sie der „Rouener Agronomischen Gesellschaft“ übersandt, die mich daraufhin unter ihre Ehrenmitglieder (Sektion Landwirtschaft, Abteilung für Pomologie) aufgenommen hat. Ja, wenn so ein Werk gedruckt erschiene ...“

Der Apotheker hielt ein. Er merkte, daß Frau Franz von etwas ganz andrem in Anspruch genommen war.

„Sehr richtig!“ unterbrach er sich selber. „Eine unglaubliche Spelunke!“

Die Löwenwirtin zuckte so heftig die Achseln, daß sich die Maschen ihrer Trikottaille weit auseinanderzogen. Mit beiden Händen deutete sie auf das Konkurrenzlokal, aus dem wüster Gesang herüberhallte.

„Na! Lange wird die Herrlichkeit da drüben nicht mehr dauern!“ bemerkte sie. „In acht Tagen ist der Rummel alle!“

Homais trat erschrocken einen Schritt zurück. Die Wirtin kam die drei Stufen herunter und flüsterte ihm ins Ohr:

„Was? Das wissen Sie nicht? Noch in dieser Woche wird er ausgepfändet und festgesetzt. Lheureux hat ihm den Hals abgeschnitten. Mit Wechseln!“

„Eine fürchterliche Katastrophe!“ rief der Apotheker aus, der für alle möglichen Ereignisse immer das passende Begleitwort zur Hand hatte.

Die Löwenwirtin begann ihm nun die ganze Geschichte zu erzählen. Sie wußte sie von Theodor, dem Diener des Notars. Obgleich sie Tellier, den Besitzer des Café Français, nicht ausstehen konnte, mißbilligte sie doch das Vorgehen von Lheureux. Sie nannte ihn einen Gauner, einen Halsabschneider.

„Da! Sehen Sie!“ fügte sie hinzu. „Da geht er! Unter den Hallen! Jetzt begrüßt er Frau Bovary. Sie hat einen grünen Hut auf und geht am Arm von Herrn Boulanger.“

„Frau Bovary!“ echote Homais. „Ich muß ihr schnell guten Tag sagen. Vielleicht ist ihr ein reservierter Platz auf der Tribüne vor dem Rathause erwünscht.“

Ohne auf die Löwenwirtin zu hören, die ihm ihre lange Geschichte weitererzählen wollte, stolzierte der Apotheker davon. Mit lächelnder Miene grüßte er nach links und rechts, wobei ihn die langen Schöße seines schwarzen Rockes im Winde umflatterten, daß er wer weiß wieviel Raum einnahm.

Rudolf hatte ihn längst bemerkt. Er beschleunigte seine Schritte.

Da aber Emma außer Atem kam, ging er wieder langsamer. Lachend und in brutalem Tone sagte er zu ihr:

„Ich wollte nur dem Dicken entgehen, wissen Sie, dem Apotheker!“

Sie versetzte ihm eins mit dem Ellbogen.

„Was soll das heißen?“ fragte er sie. Dabei blinzelte er sie im Weitergehen von der Seite an.

Ihr Gesicht blieb unbeweglich; nichts darin verriet ihre Gedanken. Die Linie ihres Profils schnitt sich scharf in die lichte Luft, unter der Rundung ihres Kapotthutes, dessen blaßfarbene Bindebänder wie Schilfblätter aussahen. Ihre Augen blickten geradeaus unter ihren etwas nach oben gebogenen langen Wimpern. Obgleich sie völlig geöffnet waren, erschienen sie doch ein wenig zugedrückt durch den oberen Teil der Wangen, weil das Blut die feine Haut straffte. Durch die Nasenwand schimmerte Rosenrot, und zwischen den Lippen glänzte das Perlmutter ihrer spitzen Zähne. Den Kopf neigte sie zur einen Schulter.

„Mokiert sie sich über mich?“ fragte sich Rudolf.

In Wirklichkeit hatte der Ruck, den ihm Emma versetzt hatte, nur ein Zeichen sein sollen, daß Lheureux neben ihnen herlief. Von Zeit zu Zeit redete der Händler die beiden an, um mit ihnen ins Gespräch zu kommen.

„Ein herrlicher Tag heute! — Alle Welt ist auf den Beinen! — Wir haben Ostwind!“

Frau Bovary wie Rudolf gaben kaum eine Antwort, während Lheureux bei der geringsten Bewegung, die eins der beiden machte, mit einem ewigen „Wie meinen?“ dazwischenfuhr, wobei er jedesmal den Hut lüftete.

Vor der Schmiede bog Rudolf mit einem Male von der Hauptstraße ab in einen Fußweg ein. Er zog Frau Bovary mit sich und rief laut:

„Leben Sie wohl, Herr Lheureux! Viel Vergnügen!“

„Den haben Sie aber fein abgeschüttelt!“ lachte Emma.

„Warum sollen wir uns von fremden Leuten belästigen lassen?“ meinte Rudolf. „Noch dazu heute, wo ich das Glück habe, mit Ihnen ...“

Sie wurde rot. Er vollendete seine Phrase nicht und sprach vom schönen Wetter und wie hübsch es sei, so durch die Fluren spazieren zu gehen.

Ein paar Gänseblümchen standen am Raine.

„Die niedlichen Dinger da!“ sagte er. „Und so viele! Genug Orakel für die verliebten Mädels des ganzen Landes!“ Ein paar Augenblicke später setzte er hinzu: „Soll ich welche pflücken? Was denken Sie darüber?“

„Sind Sie denn verliebt?“ fragte Emma und hustete ein wenig.

„Wer weiß?“ meinte Rudolf.

Sie kamen auf die Festwiese, auf der das Gedränge immer mehr zunahm. Bauersfrauen mit Riesenregenschirmen, einen Korb am einen und einen Säugling im andern Arme, rempelten sie an. Häufig mußten sie Platz machen, wenn eine lange Reihe nach Milch riechender Dorfschönen in blauen Strümpfen, derben Schuhen und silbernen Ohrringen vorbeizog, alle Hand an Hand.

Die Preisverteilung fand statt. Die Züchter traten, einer nach dem andern, in eine Art Arena, die durch ein langes Seil an Pfählen gebildet wurde. Innerhalb des so abgegrenzten Raumes standen die Tiere, mit den Schnauzen nach außen, die ungleich hohen Kruppen in einer unordentlichen Richtungslinie. Schläfrige Schweine wühlten mit ihren Rüsseln in der Erde. Kälber brüllten, Schafe blökten. Kühe lagen hingestreckt, die Bäuche im Grase, die Beine eingezogen, kauten gemächlich wieder und zuckten mit ihren schwerfälligen Lidern, wenn die sie umschwärmenden Bremsen stachen. Pferdeknechte, die Arme entblößt, hielten an Trensenzügeln steigende Zuchthengste, die mit geblähten Nüstern nach der Seite hin wieherten, wo die Stuten standen. Diese verhielten sich friedlich und ließen die Köpfe und Mähnen hängen, während ihre Füllen in ihrem Schatten ruhten und ab und zu an ihnen saugten. Über der wogenden Masse aller dieser Leiber sah man von weitem hie und da das Weiß einer Mähne wie eine Springflut im Winde aufwehen oder ein spitzes Horn hervorspringen, und überall dazwischen die Häupter wimmelnder Menschen. Außerhalb der Umseilung, etwa hundert Schritte davon entfernt, stand — unbeweglich wie aus Bronze gegossen — ein großer schwarzer Stier mit verbundenen Augen und einem Eisenring durch die Nase. Ein zerlumptes Kind hielt ihn an einem Stricke.

Ein paar Herren schritten langsam zwischen den beiden Reihen hin, besichtigten jedes Tier einzeln und eingehend und berieten sich jedesmal hinterher in flüsternder Weise. Einer von ihnen, offenbar der Einflußreichste, schrieb im Gehen Bemerkungen in ein Buch. Das war der Vorsitzende der Preisrichter, Herr Derozerays, Besitzer des Rittergutes La Panville. Als er Rudolf bemerkte, ging er lebhaft auf ihn zu und sagte verbindlich-freundlich zu ihm:

„Herr Boulanger, Sie lassen uns ja im Stich?“

Rudolf versicherte, er werde gleich zur Stelle sein. Als er jedoch außer Hörweite des Vorsitzenden war, meinte er:

„Der Fuchs soll mich holen, wenn ich hinginge! Ich bleibe lieber bei Ihnen!“

Er machte seine Witze über das Preisrichterkollegium, was ihn aber nicht abhielt, seinen eignen Ausweis als Mitglied des Festausschusses mit Grandezza zu zeigen, wenn er irgendwo durchwollte, wo ein Schutzmann stand. Mehrfach blieb er auch vor dem oder jenem „Prachtstück“ stehen. Frau Bovary bewunderte nichts mit. Das beobachtete er, und nun begann er spöttische Bemerkungen über die Toiletten der Damen von Yonville loszulassen. Dabei entschuldigte er sich, daß er selber auch nicht elegant gehe. Seine Kleidung war ein Nebeneinander von Alltäglichkeit und Ausgesuchtheit. Der oberflächliche Menschenkenner hält derlei meist für das äußere Kennzeichen einer exzentrischen Natur, die bizarr in ihrem Gefühlsleben, künstlerisch beanlagt und allem Herkömmlichen abhold ist, und empfindet Ärgernis oder Bewunderung davor. Rudolfs weißes Batisthemd mit gefälteten Manschetten bauschte sich im Ausschnitt seiner grauen Flanellweste, wie es dem Winde gerade gefiel; seine breitgestreiften Hosen reichten nur bis an die Knöchel und ließen die gelben Halbschuhe ganz frei, auf deren spiegelblanke Lackspitzen das Gras Reflexe warf. Er trat unbekümmert in die Pferdeäpfel. Eine Hand hatte er in der Rocktasche, und der Hut saß ihm schief auf dem Kopfe.

„Ein Bauer wie ich ...“, meinte er.

„Bei dem ist Hopfen und Malz verloren“, scherzte Emma.

„Sehr richtig! Übrigens ist kein einziger von all diesen Biedermännern imstande, den Schnitt eines Rockes zu beurteilen.“

Dann sprachen sie von dem Leben in der Provinz, wo die Eigenart des einzelnen erstickt und das Leben keinen Schwung hat.

„Darum verfalle ich der Melancholie ...“, sagte er.

„Sie?“ erwiderte Emma erstaunt. „Ich halte Sie gerade für sehr lebenslustig.“

„Ach, das sieht nur so aus! Weil ich vor den Leuten die Maske des Spötters trage. Aber wie oft habe ich mich beim Anblick eines Friedhofes im Mondenscheine gefragt, ob einem nicht am wohlsten wäre, wenn man schliefe, wo die Toten schlafen ...“

„Sie haben doch Freunde. Vergessen Sie die nicht!“

„Ich? Freunde? Welche denn? Ich habe keine. Um mich kümmert sich niemand.“

Dabei gab er einen pfeifenden Ton von sich.

Sie mußten sich einen Augenblick voneinander trennen, weil sich ein Mann zwischen sie drängte, der einen Turm von Stühlen schleppte. Er war derartig überladen, daß man nichts von ihm sah als seine Holzpantoffeln und seine Ellbogen. Es war Lestiboudois, der Totengräber, der ein Dutzend Kirchenstühle herbeischaffte. Findig, wie er immer war, wo es etwas zu verdienen gab, war er auf den Einfall gekommen, aus dem Bundestage seinen Vorteil zu schlagen. Und damit hatte er sich nicht verrechnet; er wußte gar nicht, wen er zuerst befriedigen sollte. Die Bauern, denen es heiß war, rissen sich förmlich um diese Stühle, deren Strohsitze nach Weihrauch dufteten. Sie lehnten sich mit wahrer Kirchenstimmung gegen die hohen wachsbeklecksten Stuhlrücken.

Frau Bovary nahm Rudolfs Arm von neuem. Er fuhr fort, als spräche er mit sich selbst.

„Ja, ja! Ich habe vieles entbehren müssen! Immer einsam! Ach, wenn mein Dasein einen Zweck gehabt hätte, wenn ich einer großen Leidenschaft begegnet wäre, wenn ich ein Herz gefunden hätte ... Oh, alle meine Lebenskraft hätte ich daran gesetzt, ich wäre über alle Hindernisse hinweggestürmt, hätte alles überwunden ...“

„Mich dünkt, Sie seien gar nicht besonders beklagenswert“, wandte Emma ein.

„So, finden Sie?“

„Zum mindesten sind Sie frei ...“ Sie zögerte. „... und reich!“

„Spotten Sie doch nicht über mich!“ bat er.

Sie beteuerte, es sei ihr Ernst. Da donnerte ein Böllerschuß. Alsbald wälzte und drängte sich alles der Ortschaft zu. Aber es war ein falscher Alarm gewesen. Der Landrat war noch gar nicht da. Der Festausschuß war nun in der größten Verlegenheit. Sollte der feierliche Akt beginnen, oder sollte man noch warten?

Endlich tauchte an der Ecke des Marktes eine riesige Mietkutsche auf, von zwei mageren Gäulen gezogen, auf die ein Kutscher im Zylinderhut aus Leibeskräften mit der Peitsche loshieb.

Binet, der Feuerwehrhauptmann, kommandierte in aller Hast:

„An die Gewehre!“

Und der Oberst der Bürgergarde brüllte das Echo dazu.

Hals über Kopf stürzte man an die Gewehrpyramiden. Etliche der Bürgergardisten vergaßen in der Eile, sich den Kragen zuzuknöpfen. Aber der Landauer des Herrn Landrats schien die Verwirrung zum Glück zu ahnen. Die beiden Pferde kamen im langsamsten Zotteltrabe gerade in dem Moment vor der Vorhalle des Rathauses an, als sich Feuerwehr und Bürgergarde in Reih und Glied unter Trommelschlag davor aufgestellt hatten.

„Stillgestanden! Präsentiert das Gewehr!“ kommandierte Binet.

„Stillgestanden! Präsentiert das Gewehr!“ der Oberst auf der andern Seite.

Die Trageringe rasselten in den Reihen, als ob ein Kupferkessel eine Treppe hinunterkollerte. Die Gewehre flogen nur so.

Nun sah man einen Herrn aus der Karosse steigen, in einer silberbestickten Hofuniform. Er hatte eine große Glatze, ein Toupet auf dem Hinterhaupte, sah blaß im Gesicht aus und war offenbar sehr leutselig. Um die Menschenmenge besser zu sehen, kniff er seine Augen, die zwischen dicken Lidern hervorquollen, halb zusammen, wobei er gleichzeitig seine spitzige Nase hob und seinen eingefallenen Mund zum Lächeln verschob. Er erkannte den Bürgermeister an seiner Schärpe und teilte ihm mit, daß der Landrat verhindert sei, persönlich zu kommen. Er selber sei Regierungsrat. Es folgten noch ein paar verbindliche Redensarten.

Tüvache, der Bürgermeister, begrüßte ihn ehrerbietig. Der Rat erklärte, er fühle sich beschämt. Die beiden standen sich dicht gegenüber, Angesicht zu Angesicht; um sie herum der Festausschuß, der Gemeinderat, die Honoratioren, die Bürgergarde und das Publikum. Der Regierungsrat schwenkte seinen kleinen schwarzen Dreimaster gegen die Brust und sagte ein paar Begrüßungsworte. Währenddem klappte Tüvache in einem fort wie ein Taschenmesser zusammen, lächelnd, stotternd, nach Worten suchend. Darauf beteuerte er die Königstreue der Yonviller und dankte für die ihnen widerfahrene große Ehre.

Hippolyt, der Hausknecht aus dem Goldnen Löwen, nahm die Pferde der Kutsche an den Kandaren und zog das Gefährt humpelnd nach dem Gasthofe, an dessen Hoftor ein Schwarm von gaffenden Landleuten stand. Die Trommeln wirbelten, der Böller krachte.

Die Herren vom Festausschuß begaben sich nun auf die vor dem Rathause errichtete Estrade und setzten sich in die roten Plüschsessel, die von der Frau Bürgermeisterin zur Verfügung gestellt worden waren.

Alle die Männer glichen einander. Alle hatten sie ausdruckslose blonde, apfelweinfarbene Gesichter, die von der Sonne etwas gebräunt waren, buschige Backenbärte, die sich unter hohen steifen Halskragen verloren, und weiße, sorglich gebundene Krawatten. Die Samtweste fehlte keinem, ebensowenig an den Uhrketten das ovale Petschaft aus Karneol. Alle stemmten sie die Arme auf die Schenkel, nachdem sie die Falten des Beinkleides sorgsam zurechtgestrichen hatten. Das nicht dekatierte Hosentuch glänzte mehr als das Leder ihrer derben Stiefel.

Die Damen der Gesellschaft hielten sich hinter der Estrade auf, unter der Vorhalle zwischen den Säulen, während die große Menge dem Rathause gegenüber stand oder teilweise auf Stühlen saß. Der Kirchendiener hatte die erst nach der Wiese getragenen Stühle rasch wieder hierhergeschleppt und brachte immer noch mehr aus der Kirche herzu. Durch seinen Handel entstand ein derartiges Gedränge, daß man nur mit Mühe und Not zu der kleinen Treppe der Estrade dringen konnte.

„Ich finde,“ sagte Lheureux zu dem Apotheker, der sich nach der Estrade durchdrängelte und gerade an ihm vorüberkam, „man hätte zwei venezianische Maste aufpflanzen und sie mit irgendeinem schweren kostbaren Stoff drapieren sollen, mit einer Nouveauté. Das würde sehr hübsch ausgesehen haben!“

„Gewiß!“ meinte Homais. „Aber Sie wissen ja! Der Bürgermeister macht alles bloß nach seinem eignen Kopfe. Er hat nicht viel Geschmack, der gute Tüvache, und künstlerischen Sinn nun gleich gar nicht!“

Mittlerweile waren Rudolf und Emma in den ersten Stock des Rathauses gestiegen, in den Sitzungssaal. Da dieser leer war, erklärte Boulanger, das wäre so recht der Ort, das Schauspiel bequem zu genießen. Er nahm zwei Stühle von dem ovalen Tisch, der unter der Büste von Majestät stand, und trug sie an eins der Fenster.

Die beiden setzten sich nebeneinander hin.

Unten auf der Estrade ging es lebhaft her. Alles plauderte und tuschelte. Da erhob sich der Regierungsrat von seinem Sitze. Man hatte inzwischen erfahren, daß er Lieuvain hieß, und nun lief sein Name von Mund zu Mund durch die Menge. Nachdem er ein paar Zettel geordnet und sich dicht vor die Augen gehalten hatte, begann er:

„Meine Herren!

Ehe ich auf den eigentlichen Zweck der heutigen Versammlung eingehe, sei es mir zunächst gestattet, — und ich bin überzeugt, Sie sind insgesamt damit einverstanden! — sei es mir gestattet, sage ich, der Behörden und der Regierung zu gedenken, vor allem, meine Herren, Seiner Majestät, unsers allergnädigsten und allverehrten Landesherrn, dem jedes Gebiet der öffentlichen und privaten Wohlfahrt am Herzen liegt, der mit sicherer und kluger Hand das Staatsschiff durch die unaufhörlichen Gefahren eines stürmischen Ozeans lenkt und dabei jedem sein Recht läßt, dem Frieden wie dem Kriege, der Industrie, dem Handel, der Landwirtschaft, den Künsten und Wissenschaften ...“

„Vielleicht setze ich mich ein wenig weiter zurück“, sagte Rudolf.

„Warum?“ fragte Emma.

In diesem Augenblicke bekam die Stimme des Regierungsrates besonderen Schwung. Er deklamierte:

„Die Zeiten sind vorüber, meine Herren, wo die Zwietracht der Bürger unsre öffentlichen Plätze mit Blut besudelte, wo der Grundbesitzer, der Kaufmann, ja selbst der Arbeiter, wenn er abends friedlich schlafen ging, befürchten mußte, durch das Stürmen der Brandglocken jäh wieder aufgeschreckt zu werden, wo Umsturzideen frech an den Grundfesten rüttelten ...“

„Nur weil man mich von unten bemerken könnte“, gab Rudolf zur Antwort. „Dann müßte ich mich vierzehn Tage lang entschuldigen. Und bei meinem schlechten Rufe ...“

„Sie verleumden sich“, warf Emma ein.

„I wo! Der ist unter aller Kritik! Das schwör ich Ihnen.“

„Meine Herren!“ fuhr der Redner fort. „Wenn wir unsre Blicke von diesen düstern Bildern der Vergangenheit abwenden und auf den gegenwärtigen Zustand unsers schönen Vaterlandes richten: was sehen wir da? Überall stehen Handel, Wissenschaften und Künste in Blüte, überall erwachsen neue Verkehrswege und -mittel, gleichsam wie neue Adern im Leibe des Staates, und schaffen neue Beziehungen, neues Leben. Unsre großen Industriezentren sind von neuem in vollster Tätigkeit. Die Religion ist gekräftigt und wärmt wieder aller Herzen. Unsre Häfen strotzen, der Staatskredit ist fest. Frankreich atmet endlich wieder auf ...“

„Das heißt,“ sagte Rudolf, „vom gesellschaftlichen Standpunkt hat man vielleicht recht.“

„Wie meinen Sie das?“ fragte sie.

„Wissen Sie denn nicht,“ erläuterte er, „daß es problematische Naturen gibt? Halb Träumer, halb Tatenmenschen? Heute leben sie den hehrsten Idealen und morgen den wildesten Genüssen. Nichts ist ihnen zu toll, zu phantastisch ...“

Sie blickte ihn an, wie man einen Polarfahrer anschaut. Dann sagte sie:

„Uns armen Frauen dagegen, uns sind die Freuden solcher Kontraste verboten!“

„Schöne Freuden!“ entgegnete er bitter. „Das Glück liegt wo ganz anders!“

„Ach, so findet mans nirgends?“

„Doch! Eines Tages begegnet man dem Glück!“ flüsterte er.

„Und das wissen Sie alle gerade am besten,“ fuhr der Regierungsrat fort, „Sie, die Sie Landwirte und Landarbeiter sind, friedliche Vorkämpfer eines Kulturideals, Männer des Fortschrittes und der Ordnung! Sie wissen das, sage ich, daß politische Stürme weit furchtbarer sind denn Stürme in der Natur ...“

„Ja, eines Tages begegnet man ihm!“ wiederholte Rudolf, „ganz unerwartet, gerade wenn man alle Hoffnung verloren hat! Dann öffnet sich der Himmel, und es ist einem, als riefe eine Stimme: ‚Hier ist das Glück!‘ Und dem Menschen, den Sie da gefunden haben, dem müssen Sie aus innerm Drange heraus ihr Leben anvertrauen, ihm alles geben, alles opfern! Es werden keine Worte gewechselt. Alles ist nur Ahnung, Gefühl! Man hat sich ja längst im Traumland gesehen ...“

Er blickte Emma an.

„Endlich ist er da, der Schatz, den man so lange gesucht hat, leibhaftig da! Er glänzt und strahlt! Noch immer hält man ihn für ein Traumbild. Man wagt nicht, an ihn zu glauben. Man ist geblendet, als käme man plötzlich aus der Nacht in die Sonne ...“

Rudolf begleitete seine Worte mit Gebärden. Er preßte die Rechte auf sein Gesicht wie jemand, dem es schwindelt. Dann ließ er sie auf Emmas Hand sinken. Sie zog sie weg.

Der Rat sprach immer weiter:

„Wen könnte das auch verwundern, meine Herren? Höchstens Leute, die so blind wären, so verbohrt (ich scheue mich nicht, dieses Wort zu gebrauchen!), so verbohrt in die Vorurteile abgetaner Zeiten, daß sie die Gesinnung der Landwirte noch immer verkennen. Wo findet man, frage ich, mehr Patriotismus als auf dem Lande? Wo mehr Opferfreudigkeit in Dingen des Gemeinwohls? Mit einem Worte: wo mehr Intelligenz? Meine Herren, ich meine natürlich nicht jene oberflächliche Intelligenz, mit der sich müßige Geister brüsten, nein, ich meine die gründliche und maßvolle Intelligenz, die sich nur mit ersprießlichen Absichten betätigt und damit dem Vorteile des Einzelnen wie der Förderung der Allgemeinheit dient und eine Stütze des Staates ist, durchdrungen von der Achtung vor den Gesetzen und dem Gefühle der Pflichterfüllung ...“

„Pflichterfüllung!“ wiederholte Rudolf. „Immer und überall die Pflicht! Wie mich dieses Wort anwidert! Ein Chor von alten Schafsköpfen in Schlafröcken und von Betschwestern mit Wärmbullen und Gesangbüchern krächzt uns ewig die alte Litanei vor: ‚Die Pflicht, die Pflicht!‘ Der Teufel soll sie holen! Unsre Pflicht ist es, alles Große in der Welt mitzufühlen, das Schöne anzubeten und sich nicht immer gleich unter alle möglichen gesellschaftlichen Konvenienzen zu ducken, sich nicht zu Sklaven herabwürdigen zu lassen ...“

„Indessen ... indessen ...“, wandte Emma ein.

„Nein, nein! Warum immer gegen die Leidenschaften kämpfen? Sind sie nicht vielmehr das Allerschönste, was es auf Erden gibt, der Quell des Heldensinns, der Begeisterung, der Dichtung, der Musik, aller Künste, alles Lebens im wahren Sinne?“

„Aber man muß sich doch ein wenig nach den Leuten richten und sich ihrer Moral fügen“, meinte Emma.

„So! Das ist dann eben die doppelte Moral,“ eiferte er. „Die eine: die kleinliche, herkömmliche, die der Leute, die in einem fort ein andres Gesicht zieht, immer Ach und Weh schreit, im trüben fischt und auf dem Erdboden kriecht. Das ist die all der versammelten Troddel da unten. Und die andre: die göttliche, die um uns ist und über uns wie die Landschaft, die uns umprangt, und der blaue Himmel, der über uns leuchtet ...“

Lieuvain wischte sich den Mund mit dem Taschentuche, dann sprach er weiter:

„Soll ich Ihnen, meine Herren, den Nutzen der Landwirtschaft hier noch im einzelnen darlegen? Wer sorgt für unser täglich Brot? Wer schafft uns die Unterhaltungsmittel? Tut es nicht der Landmann? Er und kein anderer? Meine Herren, dem Landmann, der mit seiner schwieligen Hand das Saatkorn in die fruchtbringenden Furchen sät, verdanken wir das Getreide, das dann, von sinnreichen Maschinen zu Mehl gemahlen, in die Städte zu den Bäckern kommt, die Brot daraus backen für arm und reich! Ist es nicht der Landmann, der auf den Weiden die Schafherden hütet, damit wir Kleider haben? Wie sollten wir uns anziehen, wie uns nähren, ohne die Landwirtschaft? Aber, meine Herren, wir brauchen gar nicht so weit zu gehen. Hat nicht jeder von uns schon manchmal über die Bedeutung jenes bescheidenen Tierchens nachgedacht, das die Zierde unserer Bauernhöfe ist und uns gleichzeitig ein weiches Kopfkissen, einen saftigen Braten für unsern Tisch und die Eier schenkt? Ich käme nicht zu Ende, wenn ich alle die andern verschiedenen Erzeugnisse lückenlos aufzählen müßte, mit denen die wohlbebaute Erde wie eine großmütige Mutter ihre Kinder überschüttet. Ich nenne nur den Weinstock, den Baum, der uns den Apfelwein spendet, und den Raps. Dann haben wir den Käse und den Flachs. Meine Herren, vergessen wir den Flachs nicht! Der Flachsbau hat in den letzten Jahren einen bedeutenden Aufschwung genommen, auf den ich Ihre Aufmerksamkeit ganz besonders hinlenken möchte ...“

Dieser Appell war eigentlich unnötig, denn die Menge lauschte offenen Mundes und ließ sich kein Wörtchen entgehen. Der Bürgermeister, der zur Seite des Redners saß, horchte mit aufgerissenen Augen. Derozerays schloß die seinen hin und wieder voller Andacht. Und der Apotheker, der seinen Platz etwas weiter weg hatte, hielt sich eine Hand ans Ohr, um Silbe für Silbe ordentlich zu verstehen. Die übrigen Preisrichter nickten bedächtig mit den gesenkten Häuptern, um ihre Zustimmung zu erkennen zu geben. Die Feuerwehr stützte sich auf ihre Gewehre, und Binet stand immer noch stramm da im Stillgestanden und mit vorschriftsmäßiger Säbelhaltung. Hören konnte er vielleicht, aber sehen nicht, weil ihm die Blende seines Helms bis über die Nase reichte. Sein Leutnant, der jüngste Sohn des Bürgermeisters, hatte einen noch größeren auf. Dieses Ungetüm wackelte ihm fortwährend auf dem Kopfe hin und her. Überdies sah der Zipfel eines seidnen Tuches hervor, das er untergestopft hatte. Er lächelte wie ein artiges Kind unter dem Helme hervor, und sein schmales blasses Gesicht, über das Schweißtropfen rannen, verriet zugleich helle Freude und müde Abspannung.

Der Marktplatz war bis an die Häuser heran voller Menschen. In allen Fenstern erblickte man Leute, ebenso auf allen Türschwellen. Vor dem Schaufenster der Apotheke stand Justin, ganz versunken in das Schauspiel vor seinen Augen. Trotzdem um den Redner herum Stille herrschte, verlor sich seine Stimme doch bereits in einiger Entfernung im Winde. Nur einzelne abgerissene Worte drangen weiter, von denen das Geräusch hin- und hergerückter Stühle auch noch einen Teil verschlang. Noch weiter weg vernahm man dicht hinter sich langgedehntes Rindergebrüll oder das Blöken der Schafe, die sich einander antworteten. Die Kuhjungen und Hirten hatten nämlich ihre Tiere inzwischen bis auf den Markt getrieben, wo sie sich nun von Zeit zu Zeit laut bemerkbar machten.

Rudolf war dicht an Emma herangerückt und flüsterte ihr hastig zu:

„Muß einen diese Tyrannei der Gesellschaft denn nicht zum Rebellen machen? Gibt es ein einziges Gefühl, das sie nicht verdammt? Die edelsten Triebe, die reinsten Neigungen werden von ihr verfolgt und verleumdet, und wenn sich zwei arme Herzen trotz alledem finden, so verbündet sich alles, damit sie einander nicht gehören können. Aber sie werden es dennoch versuchen, sie regen ihre Flügel, und sie rufen sich. Früher oder später, in sieben Monaten oder in sieben Jahren, sind sie doch vereint in ihrer Liebe, weil es das Schicksal so will und weil sie füreinander geschaffen sind ...“

Er hatte die Arme verschränkt und stützte sie auf seine Knie, und so schaute er Emma an, ganz aus der Nähe, mit starrem Blicke. Sie konnte in seinen Augen die kleinen goldnen Kreislinien sehen, um die schwarzen Pupillen herum, und sie roch sogar das leise Parfüm in seinem Haar. Wollüstige Müdigkeit überfiel sie. Der Vicomte, mit dem sie im Schlosse Vaubyessard getanzt hatte, kam ihr in den Sinn. Sein Bart hatte genau so geduftet wie dieses Haar, nach Vanille und Zitronen. Unwillkürlich schloß sie die Augenlider, um den Geruch stärker zu spüren. Aber als sie sich in ihren Stuhl zurücklehnte, fiel ihr Blick gerade auf die alte Postkutsche, fern am Horizonte, die langsam die Höhe von Leux herabfuhr und eine lange Staubwolke nach sich zog. In derselben gelben Kutsche war Leo so oft zu ihr zurückgekommen, und auf dieser Straße da war er von ihr weggefahren auf immerdar! Sie glaubte sein Antlitz zu sehen, im Rahmen seines Fensters. Dann verschwamm alles, und Nebel zogen vorüber. Es kam ihr vor, als wirble sie wie damals im Walzer, in der Lichtflut des Ballsaales, im Arme des Vicomte. Und Leo wäre nicht weit weg, sondern käme wieder ... Dabei spürte sie in einem fort Rudolfs Haar dicht neben sich. Die süße Empfindung seiner Nähe vermählte sich mit den alten Gelüsten; und wie Staubkörner, die der Wind aufjagt, umtanzten sie diese Gefühle zusammen mit dem leisen Dufte und betäubten ihr die Seele. Ein paarmal öffnete sie weit die Nasenflügel, um — stoßweise — den frischen Geruch der Girlanden einzuatmen, die um die Säulen geschlungen waren.

Sie streifte sich die Handschuhe ab und trocknete sich die feuchtgewordnen Hände; dann fächelte sie ihren Wangen mit dem Taschentuche Kühlung zu, wobei sie mitten durch das Hämmern des Blutes in ihren Schläfen das Gesumme der Menge und die immer noch Phrasen dreschende Stimme des Regierungsrates verworren vernahm.

Er predigte:

„Fahren Sie fort! Bleiben Sie auf Ihrem Wege! Lassen Sie sich nicht beirren, weder durch Hängenbleiben an veralteten Überlieferungen noch durch allzu hastige Annahme von kühnen Neuerungen! Richten Sie Ihren Eifer vor allem auf die Verbesserung des Bodens, auf eine gute Düngung, auf die Veredelung der Pferde-, Rinder-, Schafe- und Schweinezucht! Möge diese Versammlung für Sie eine Art friedlicher Kampfplatz sein, auf dem der Sieger beim Verlassen der Arena dem Besiegten die Hand drückt wie einem Bruder und ihm den gleichen Erfolg für die Zukunft wünscht! Und Ihr, Ihr würdigen Dienstboten, bescheidenes Hofgesinde, um deren mühevolle Arbeit sich bisher noch keine Regierung gekümmert hat, kommt her und empfangt den Lohn für Eure stille Tüchtigkeit und seid überzeugt, daß die Fürsorge des Staates fortan auch Euch gelten wird, daß er Euch ermutigt und beschützt, daß er Euch auf begründete Beschwerden hin recht geben wird und Euch, soweit es in seiner Macht steht, die Bürde Eurer opferfreudigen Arbeit erleichtern wird!“

Darnach setzte sich der Regierungsrat. Jetzt erhob sich Herr Derozerays und begann eine zweite Rede. Sie war nicht so schwungvoll wie die Lieuvains, dafür war sie sachlicher, das heißt: sie verriet Fachkenntnisse und gab tiefergehenden Betrachtungen Raum. Das Lob auf die Regierung war kürzer gefaßt; die Rede beschäftigte sich mehr mit der Landwirtschaft und der Religion. Die Wechselbeziehungen zwischen beiden wurden beleuchtet. Beide hätten zu allen Zeiten die Zivilisation gefördert. Rudolf plauderte mit Frau Bovary über Träume, Vorahnungen und Suggestion. Der Redner ging auf die Anfänge der menschlichen Gesellschaft zurück und schilderte die barbarischen Zeiten, da sich der Mensch im Urwalde von Eicheln genährt hatte. Später hätte man die Tierfelle abgelegt und sich mit Tuch bekleidet, hätte Feldwirtschaft und Weinbau begonnen. War dies nun ein Vorteil oder brachten nicht die neuen Beschäftigungen ungleich mehr Mühen denn Nutzen? Über dieses Problem stellte Derozerays allerhand Betrachtungen an.

Von der Suggestion war Rudolf unterdessen allmählich auf die Wahlverwandtschaft gekommen, und während der Redner unten vom Pfluge des Cincinnatus sprach, von Diocletian und seinen Kohlplantagen und von den chinesischen Kaisern, die zu Neujahr eigenhändig säen, setzte der junge Mann der jungen Frau auseinander, daß die Ursache einer solchen unwiderstehlichen gegenseitigen Anziehung in einer früheren Existenz zu suchen sei.

„Nehmen Sie beispielsweise uns beide!“ sagte er. „Warum haben wir uns kennen gelernt? Hat dies allein der Zufall gefügt? War es nicht vielmehr in beiden ein geheimer Drang, der uns gegenseitig einander zuführte, wie zwei Ströme ineinander fließen, jeder von weiter Ferne her?“

Er ergriff wiederum ihre Hand. Sie entzog sie ihm nicht.

„Preis für gute Bewirtschaftung ...“, rief unten der Redner.

„Denken Sie doch daran, wie ich zum ersten Male in Ihr Haus kam ...“

„Herrn Bizet aus Quincampoix!“

„Wußte ich damals, daß wir so bald gute Freunde werden sollten?“

„Siebzig Franken ...“

„Hundertmal habe ich reisen wollen, aber ich bin immer wieder zu Ihnen gekommen und hier geblieben ...“

„Für Erfolge im Düngen.“

„... heute und morgen, alle Tage, mein ganzes Leben ...“

„Herrn Caron aus Argueil eine goldene Medaille!“

„... denn noch keines Menschen Gesellschaft hat mich so völlig bezaubert ...“

„Herrn Bain aus Givry-Saint-Martin ...“

„... und so werde ich Ihr Bild in mir tragen ...“

„... für einen Merino-Schafbock ...“

„Sie aber werden mich vergessen! Ich bin an Ihnen vorübergewandelt wie ein Schatten!“

„Herrn Belot aus Notre-Dame ...“

„Aber nein, nicht wahr? Manchmal werden Sie sich doch meiner erinnern?“

„Für Schweinezucht ein Preis geteilt, je achtzig Franken, den Herren Lehérissé und Cüllembourg!“

Rudolf drückte Emmas Hand. Sie fühlte sich ganz heiß an und zitterte wie eine gefangene Taube, die fortfliegen möchte. Sei es nun, daß Emma versuchte, ihre Hand zu befreien, oder daß sie Rudolfs Druck wirklich erwidern wollte: sie machte mit ihren Fingern eine Bewegung. Da rief er aus:

„Ach, ich danke Ihnen! Sie stoßen mich nicht zurück! Sie sind so gut! Sie fühlen, daß ich Ihnen gehöre! Ich will Sie ja nur sehen, nur anschauen!“

Ein Windstoß, der durch die Fenster fuhr, bauschte die Tischdecke des Tisches im Saal, und unten auf dem Markte flatterten die mächtigen Haubenschleifen der Bäuerinnen wie weiße Schmetterlingsflügel auf.

„Für die Herstellung von Ölkuchen ...“

Der Vorsitzende fing an sich zu beeilen.

„Für Mastversuche nach flandrischer Art ... Weinbau ... Feldbewässerung ... langjährigen Pacht ... treue Dienste ...“

Rudolf sprach nicht mehr. Sie sahen sich beide an. Emmas trockne Lippen bebten in heißestem Begehren. Weich und ganz von selbst verschlangen sich ihre Hände.

„Katharine Nikasia Elisabeth Leroux aus Sassetot-la-Guerrière für vierundfünfzigjährigen Dienst auf ein und demselben Gute eine silberne Medaille im Werte von fünfundzwanzig Franken!“

Nach einer Weile hört man: „Wo ist Katharine Leroux?“

Sie erschien nicht, aber man vernahm flüsternde Stimmen.

„Geh doch!“

„Ach nein!“

„Brauchst keine Angst zu haben!“

„Nee, ist die dumm!“

„Hier! Hier steckt sie!“

„So mag sie doch vorkommen!“ rief der Bürgermeister dazwischen.

Da begann eine kleine alte Frau mit ängstlicher Gebärde zur Estrade hinzulaufen. In ihren Lumpen sah sie selber wie zerfallen aus. Sie hatte die Füße in derben Holzschuhen und um die Hüften eine große blaue Schürze. Ihr mageres Gesicht, von einer schlichten Haube umrahmt, war runzeliger als ein verschrumpfelter Apfel, und aus den Ärmeln ihrer roten Jacke langten zwei dürre Hände mit knochigen Gelenken heraus. Vom Staub der Scheunen, der Lauge der Wäsche und dem Fett der Schafwolle waren sie so hornig, hart und rissig, daß sie wie schmutzig aussahen, und doch waren sie in reinem Wasser tüchtig gewaschen worden. Daß sie unzählige Strapazen hinter sich hatten, das verrieten sie von selbst an ihrer demütigen Haltung: sie standen halboffen, wie bereit, ewig Dienste zu empfangen. Etwas wie klösterliche Strenge sprach aus den Zügen der alten Frau und verlieh ihnen eine Spur von Vornehmheit. Es lebte nichts Weiches in ihrem bleichen Gesicht, nichts Trauriges oder Rührseliges. Im steten Umgang mit Tieren war ihr stumme Geduld zur Natur geworden. Heute befand sie sich zum ersten Male inmitten einer solchen Masse von Menschen. Die Fahnen, der Trommelwirbel, die vielen Herren in schwarzen Röcken, das Kreuz der Ehrenlegion auf der Brust des Rates, alles das erschüttertere bis ins Herz. Sie stand ganz erstarrt da, sie wußte nicht, ob sie zur Estrade vorlaufen oder enteilen sollte, und sie begriff nicht, warum man sie nach vorn drängte und warum ihr die Preisrichter freundlich zulächelten. Sie stand vor diesen behäbigen Bürgern als ein verkörpertes halbes Säkulum der Knechtschaft.

„Treten Sie näher, verehrungswürdige Katharine Nikasia Elisabeth Leroux!“ sagte der Regierungsrat, der die Liste der Preisgekrönten aus den Händen des Vorsetzenden entgegengenommen hatte. Indem er abwechselnd auf den Bogen und auf die Greisin blickte, wiederholte er in väterlichem Tone:

„Näher, immer näher!“

„Sind Sie denn taub?“ rief Tüvache heftig und sprang von seinem Sitze auf.

„Für vierundfünfzigjährige Dienstzeit eine silberne Medaille im Werte von fünfundzwanzig Franken! Die ist für Sie!“ wurde ihr laut gesagt.

Die alte Frau nahm sie und sah sie sich lange an, und ein Lächeln des Glückes sonnte ihr Gesicht. Als sie wegging, hörte man sie vor sich hinmurmeln:

„Ich werde sie dem Herrn Pfarrer bei uns zu Hause geben, damit er mir dermaleinst eine Messe liest.“

„Selig die Geistesarmen!“ meinte der Apotheker, zum Notar gewandt.

Der feierliche Akt war zu Ende. Die Menge verlief sich. Und nachdem nun die Preisverteilung vorüber war, nahm jeder wieder seinen Rang ein, und alles lief im alten Gleise. Die Herren schnauzten ihre Knechte an, und die Knechte prügelten das Vieh, das mit grünen Kränzen um die Hörner in seine Ställe zurücktrottete. Ahnungslose Triumphatoren.

Die Bürgergarde und die Feuerwehr traten weg und begaben sich in den ersten Stock des Rathauses. Der Bataillonstambour schleppte einen Korb Weinflaschen, und die Mannschaft spießte sich die spendierten Butterbrote auf die Bajonette.

Frau Bovary ging an Rudolfs Arm nach Haus. An der Türe nahmen sie Abschied. Sodann ging er bis zur Stunde des Festmahles allein durch die Wiesen spazieren.

Der Schmaus dauerte lange. Es war lärmig, die Bedienung schlecht. Man saß so eng aneinander, daß man für die Ellenbogen gar keine Freiheit hatte, und die schmalen Bretter, die als Bänke dienten, drohten unter der Last der Gäste zusammenzubrechen. Man aß unmenschlich viel. Jeder wollte auf seine Kosten kommen. Allen perlte der Schweiß von der Stirne. Zwischen der Tafel und den Hängelampen schwebte weißlicher Dunst, wie der Nebel über dem Flusse an einem Herbstmorgen.

Rudolf, der seinen Platz an der Zeltwand hatte, verlor sich völlig in Träumereien an Emma, so daß er nichts sah und hörte. Hinter ihm, draußen auf dem Rasen, schichteten die Kellner die gebrauchten Teller. Wenn ihn einer seiner Nachbarn anredete, gab er ihm keine Antwort. Man füllte ihm das Glas, ohne daß er es wahrnahm. Trotz des allgemeinen immer stärker werdenden Lärmes war es in ihm ganz still. Er sann über das nach, was Emma gesagt hatte, und über die Linien ihrer Lippen dabei. Ihr Bild schimmerte ihm wie aus Zauberspiegeln aus allem entgegen, was glänzte, sogar aus dem Messingbeschlag der Feuerwehrhelme. Die Zeltwand hatte Falten, die ihn an die ihres Kleides erinnerten. Und vor ihm, in der Ferne der Zukunft, winkte eine endlos lange Reihe verliebter Tage.

Am Abend sah er Emma wieder, beim Feuerwerk. Aber sie war in der Gesellschaft ihres Mannes, der Frau Homais und des Apothekers. Der letztere beunruhigte sich sehr über die Möglichkeit, daß einmal eine Rakete versehentlich in das Publikum gehen könnte. Aller Augenblicke verließ er seine Freunde, um Binet zur größten Vorsicht zu vermahnen. Die Feuerwerkskörper waren vorher aus übertriebener Ängstlichkeit im Hause des Bürgermeisters aufbewahrt worden, in dessen Keller. Das feucht gewordene Pulver entzündete sich nun schwer, und das Hauptstück, eine Schlange, die sich in den Schwanz beißt, versagte vollständig. Ab und zu zischte ein dürftiges Feuerrad. Dann schrie die gaffende Menge vor Vergnügen laut auf, und in dieses Geschrei mischte sich das Kreischen der Weiber, die im Dunkeln von dreisten Händen angefaßt wurden.

Emma schmiegte sich schweigsam an Karls Arm. Den Kopf gehoben, verfolgte sie die Feuerlinien der Raketen auf dem schwarzen Himmel. Rudolf betrachtete sie im Scheine der Lampions. Nach und nach verlöschten diese, und nun leuchteten nur die Gestirne. Ein paar Regentropfen fielen. Frau Bovary legte sich ihr Tuch über das unbedeckte Haar.

In diesem Augenblicke fuhr der Landauer des Regierungsrates vom Gasthofe weg. Der Kutscher war bezecht und hockte verschlafen auf seinem Bocke. Man sah von weitem, wie die schwere Masse seines Körpers zwischen den Wagenlichtern hin und her pendelte, je nach den Bewegungen des Wagens auf dem holperigen Pflaster.

„Man sollte wirklich strenger gegen die Trunksucht vorgehen“, bemerkte der Apotheker. „Mein Vorschlag geht dahin, allwöchentlich am Rathause die Namen derer auszuhängen, die sich in der Woche vorher sinnlos betrunken haben. Das ergäbe nebenbei eine Statistik, die man in gewissen Fällen ... Aber entschuldigen Sie!“

Er eilte wiederum zum Feuerwehrhauptmann, der sich gerade anschickte, nach Hause zu gehen. Ihn trieb die Sehnsucht nach seiner Drehbank.

„Vielleicht täten Sie gut,“ mahnte ihn Homais, „wenn Sie einen von Ihren Leuten schickten, oder noch besser, wenn Sie selber gingen ...“

„Lassen Sie mich doch in Ruhe!“ murrte der Steuereinnehmer. „Das hätte ja gar keinen Sinn!“

Der Apotheker gesellte sich wieder zu seinen Freunden.

„Wir können völlig beruhigt sein“, sagte er zu ihnen. „Herr Binet hat mir soeben versichert, daß alle Vorsichtsmaßregeln getroffen sind. Es ist keine Feuergefahr mehr vorhanden. Und die Spritzen stehen voller Wasser bereit. Gehen wir schlafen!“

„Ach ja! Ich habs sehr nötig!“ erwiderte Frau Homais, die schon immer tüchtig gegähnt hatte. „Aber schön wars doch!“

Rudolf wiederholte leise mit einem zärtlichen Blicke:

„Wunderschön!“

Dann verabschiedete man sich und ging voneinander.

Zwei Tage darauf stand im „Leuchtturm von Rouen“ ein langer Bericht über die Landwirtschaftliche Versammlung. Der Apotheker hatte ihn am Morgen darauf schwungvoll verfaßt.

„Was künden diese Girlanden, diese Blumen und Kränze? Wohin wälzt sich die Menge, gleichwie die Wogen des stürmischen Weltmeeres unter den Strahlenbüscheln der tropischen Sonne, die unsere Fluren sengt?“

Sodann sprach er von der Lage der Landbevölkerung. „Gewiß, die Regierung hat hier viel getan, aber noch nicht genug. Mut! Tausend Reformen sind unerläßlich. Man gehe an sie heran!“ Bei der Schilderung der Ankunft des Regierungsvertreters feierte er „das martialische Aussehen unsrer Miliz“, die „behenden Dorfschönen,“ die „kahlköpfigen Greise, diese Patriarchen, die Letzten der unsterblichen Legionen, deren Soldatenherzen beim Wirbeln der Trommeln höher schlagen.“ Seinen eigenen Namen zählte er unter den Preisrichtern als ersten auf und erwähnte in einer Anmerkung sogar, daß Herr Homais, der Apotheker von Yonville, unlängst eine Denkschrift über den Apfelwein an die Rouener Agronomische Gesellschaft eingereicht habe. Bei der Preisverteilung angelangt, schilderte er die Freude der Ausgezeichneten mit dithyrambischer Begeisterung. „Väter fielen ihren Söhnen um den Hals, Brüder ihren Brüdern, Gatten ihren Gattinnen. Mehr denn einer zeigte voll Stolz seine schlichte Medaille, und heimgekehrt in sein stilles Kämmerlein, mag sie so mancher, Tränen in den Augen, an die Wand gehängt haben ... Gegen sechs Uhr abends vereinigte ein Festmahl in dem auf der Herrn Liégeard gehörenden Wiese errichteten großen Zelte die hervorragendsten Festteilnehmer. Von Anfang bis Ende herrschte die größte Gemütlichkeit. Mehrere Toaste wurden ausgebracht. Herr Regierungsrat Lieuvain trank auf Seine Majestät, Herr Bürgermeister Tüvache auf den Herrn Landrat, sodann Herr Rittergutsbesitzer Derozerays auf das Gedeihen der Landwirtschaft, Herr Apotheker Homais auf die Industrie und ihre Schwestern, die Künste und Wissenschaften, so zuletzt Herr Leplichey auf den Fortschritt. Am Abend erleuchtete ein prächtiges Feuerwerk plötzlich alle Gesichter. Man kann wohl sagen, es war ein wahres Kaleidoskop, eine herrliche Operndekoration, und im Moment durfte sich unser kleiner Ort in die Wunderwelt von Tausendundeiner Nacht entrückt wähnen. Zum Schlusse stellen wir mit Freuden fest, daß auch nicht ein einiger unliebsamer Vorfall das Volksfest gestört hat. Zu bemerken wäre nur noch das Fernbleiben der Geistlichkeit. Offenbar hat man unter ihr andre Ansichten von Allgemeinwohl und Fortschritt. Haltet es, wie ihr wollt, ihr Jünger Loyolas!“