Flaubert | Madame Bovary | 12 | Le lendemain, à son réveil / The next day, as she was getting up / Am andern Morgen

 

III

Le lendemain, à son réveil, elle aperçut le clerc sur la place. Elle était en peignoir. Il leva la tête et la salua. Elle fit une inclination rapide et referma la fenêtre.

Léon attendit pendant tout le jour que six heures du soir fussent arrivées ; mais, en entrant à l’auberge, il ne trouva personne que M. Binet, attablé.

Ce dîner de la veille était pour lui un événement considérable ; jamais, jusqu’alors, il n’avait causé pendant deux heures de suite avec une dame. Comment donc avoir pu lui exposer, et en un tel langage, quantité de choses qu’il n’aurait pas si bien dites auparavant ? il était timide d’habitude et gardait cette réserve qui participe à la fois de la pudeur et de la dissimulation. On trouvait à Yonville qu’il avait des manières comme il faut. Il écoutait raisonner les gens mûrs, et ne paraissait point exalté en politique, chose remarquable pour un jeune homme. Puis il possédait des talents, il peignait à l’aquarelle, savait lire la clef de sol, et s’occupait volontiers de littérature après son dîner, quand il ne jouait pas aux cartes. M. Homais le considérait pour son instruction ; Mme Homais l’affectionnait pour sa complaisance, car souvent il accompagnait au jardin les petits Homais, marmots toujours barbouillés, fort mal élevés et quelque peu lymphatiques, comme leur mère. Ils avaient pour les soigner, outre la bonne, Justin, l’élève en pharmacie, un arrière-cousin de M. Homais que l’on avait pris dans la maison par charité, et qui servait en même temps de domestique.

L’apothicaire se montra le meilleur des voisins. Il renseigna Mme Bovary sur les fournisseurs, fit venir son marchand de cidre tout exprès, goûta la boisson lui-même, et veilla dans la cave à ce que la futaille fût bien placée ; il indiqua encore la façon de s’y prendre pour avoir une provision de beurre à bon marché, et conclut un arrangement avec Lestiboudois, le sacristain, qui, outre ses fonctions sacerdotales et mortuaires, soignait les principaux jardins d’Yonville à l’heure ou à l’année, selon le goût des personnes.

Le besoin de s’occuper d’autrui ne poussait pas seul le pharmacien à tant de cordialité obséquieuse, et il y avait là-dessous un plan.

Il avait enfreint la loi du 19 ventôse an xi, article Ier, qui défend à tout individu non porteur de diplôme l’exercice de la médecine ; si bien que, sur des dénonciations ténébreuses, Homais avait été mandé à Rouen, près M. le procureur du roi, en son cabinet particulier. Le magistrat l’avait reçu debout, dans sa robe, hermine à l’épaule et toque en tête. C’était le matin, avant l’audience. On entendait dans le corridor passer les fortes bottes des gendarmes, et comme un bruit lointain de grosses serrures qui se fermaient. Les oreilles du pharmacien lui tintèrent à croire qu’il allait tomber d’un coup de sang ; il entrevit des culs de basse-fosse, sa famille en pleurs, la pharmacie vendue, tous les bocaux disséminés ; et il fut obligé d’entrer dans un café prendre un verre de rhum avec de l’eau de Seltz, pour se remettre les esprits.

Peu à peu, le souvenir de cette admonition s’affaiblit, et il continuait, comme autrefois, à donner des consultations anodines dans son arrière-boutique. Mais le maire lui en voulait, des confrères étaient jaloux, il fallait tout craindre ; en s’attachant M. Bovary par des politesses, c’était gagner sa gratitude, et empêcher qu’il ne parlât plus tard, s’il s’apercevait de quelque chose. Aussi, tous les matins, Homais lui apportait le journal, et souvent, dans l’après-midi, quittait un instant la pharmacie pour aller chez l’officier de santé faire la conversation.

Charles était triste : la clientèle n’arrivait pas. Il demeurait assis pendant de longues heures, sans parler, allait dormir dans son cabinet ou regardait coudre sa femme. Pour se distraire, il s’employa chez lui comme homme de peine, et même il essaya de peindre le grenier avec un reste de couleur que les peintres avaient laissé. Mais les affaires d’argent le préoccupaient. Il en avait tant dépensé pour les réparations de Tostes, pour les toilettes de Madame et pour le déménagement, que toute la dot, plus de trois mille écus, s’était écoulée en deux ans. Puis, que de choses endommagées ou perdues dans le transport de Tostes à Yonville, sans compter le curé de plâtre, qui, tombant de la charrette à un cahot trop fort, s’était écrasé en mille morceaux sur le pavé de Quincampoix !

Un souci meilleur vint le distraire, à savoir la grossesse de sa femme. À mesure que le terme en approchait, il la chérissait davantage. C’était un autre lien de la chair s’établissant, et comme le sentiment continu d’une union plus complexe. Quand il voyait de loin sa démarche paresseuse et sa taille tourner mollement sur ses hanches sans corset, quand vis-à-vis l’un de l’autre il la contemplait tout à l’aise et qu’elle prenait, assise, des poses fatiguées dans son fauteuil, alors son bonheur ne se tenait plus ; il se levait, il l’embrassait, passait ses mains sur sa figure, l’appelait petite maman, voulait la faire danser, et débitait, moitié riant, moitié pleurant, toutes sortes de plaisanteries caressantes qui lui venaient à l’esprit. L’idée d’avoir engendré le délectait. Rien ne lui manquait à présent. Il connaissait l’existence humaine tout du long, et il s’y attablait sur les deux coudes avec sérénité.

Emma d’abord sentit un grand étonnement, puis eut envie d’être délivrée, pour savoir quelle chose c’était que d’être mère. Mais, ne pouvant faire les dépenses qu’elle voulait, avoir un berceau en nacelle avec des rideaux de soie rose et des béguins brodés, elle renonça au trousseau, dans un accès d’amertume, et le commanda d’un seul coup à une ouvrière du village, sans rien choisir ni discuter. Elle ne s’amusa donc pas à ces préparatifs où la tendresse des mères se met en appétit, et son affection, dès l’origine, en fut peut-être atténuée de quelque chose.

Cependant, comme Charles, à tous les repas, parlait du marmot, bientôt elle y songea d’une façon plus continue.

Elle souhaitait un fils ; il serait fort et brun, elle l’appellerait Georges ; et cette idée d’avoir pour enfant un mâle était comme la revanche en espoir de toutes ses impuissances passées. Un homme, au moins, est libre ; il peut parcourir les passions et les pays, traverser les obstacles, mordre aux bonheurs les plus lointains. Mais une femme est empêchée continuellement. Inerte et flexible à la fois, elle a contre elle les mollesses de la chair avec les dépendances de la loi. Sa volonté, comme le voile de son chapeau retenu par un cordon, palpite à tous les vents, il y a toujours quelque désir qui entraîne, quelque convenance qui retient.

Elle accoucha un dimanche, vers six heures, au soleil levant.

— C’est une fille ! dit Charles.

Elle tourna la tête et s’évanouit.

Presque aussitôt, Mme Homais accourut et l’embrassa, ainsi que la mère Lefrançois du Lion d’or. Le pharmacien, en homme discret, lui adressa seulement quelques félicitations provisoires, par la porte entre-bâillée. Il voulut voir l’enfant, et le trouva bien conformé.

Pendant sa convalescence, elle s’occupa beaucoup à chercher un nom pour sa fille. D’abord, elle passa en revue tous ceux qui avaient des terminaisons italiennes, tels que Clara, Louisa, Amanda, Atala ; elle aimait assez Galsuinde, plus encore Yseult ou Léocadie. Charles désirait qu’on appelât l’enfant comme sa mère ; Emma s’y opposait. On parcourut le calendrier d’un bout à l’autre, et l’on consulta les étrangers.

— M. Léon, disait le pharmacien, avec qui j’en causais l’autre jour, s’étonne que vous ne choisissiez point Madeleine, qui est excessivement à la mode maintenant.

Mais la mère Bovary se récria bien fort sur ce nom de pécheresse. M. Homais, quant à lui, avait en prédilection tous ceux qui rappelaient un grand homme, un fait illustre ou une conception généreuse, et c’est dans ce système-là qu’il avait baptisé ses quatre enfants. Ainsi, Napoléon représentait la gloire et Franklin la liberté ; Irma, peut-être, était une concession au romantisme ; mais Athalie, un hommage au plus immortel chef-d’œuvre de la scène française. Car ses convictions philosophiques n’empêchaient pas ses admirations artistiques, le penseur chez lui n’étouffait point l’homme sensible ; il savait établir des différences, faire la part de l’imagination et celle du fanatisme. De cette tragédie, par exemple, il blâmait les idées, mais il admirait le style ; il maudissait la conception, mais il applaudissait à tous les détails, et s’exaspérait contre les personnages, en s’enthousiasmant de leurs discours. Lorsqu’il lisait les grands morceaux, il était transporté ; mais, quand il songeait que les calotins en tiraient avantage pour leur boutique, il était désolé, et dans cette confusion de sentiments où il s’embarrassait, il aurait voulu tout à la fois pouvoir couronner Racine de ses deux mains et discuter avec lui pendant un bon quart d’heure.

Enfin, Emma se souvint qu’au château de la Vaubyessard elle avait entendu la marquise appeler Berthe une jeune femme ; dès lors ce nom-là fut choisi, et, comme le père Rouault ne pouvait venir, on pria M. Homais d’être parrain. Il donna pour cadeaux tous produits de son établissement, à savoir : six boîtes de jujubes, un bocal entier de racahout, trois coffins de pâte à la guimauve, et de plus, six bâtons de sucre candi qu’il avait retrouvés dans un placard. Le soir de la cérémonie, il y eut un grand dîner ; le curé s’y trouvait ; on s’échauffa. M. Homais, vers les liqueurs, entonna le Dieu des bonnes gens. M. Léon chanta une barcarolle, et Mme Bovary mère, qui était la marraine, une romance du temps de l’Empire ; enfin M. Bovary père exigea que l’on descendît l’enfant, et se mit à le baptiser avec un verre de champagne qu’il lui versait de haut sur la tête. Cette dérision du premier des sacrements indigna l’abbé Bournisien ; le père Bovary répondit par une citation de la Guerre des dieux, le curé voulut partir ; les dames suppliaient ; Homais s’interposa ; et l’on parvint à faire rasseoir l’ecclésiastique, qui reprit tranquillement, dans sa soucoupe, sa demi-tasse de café à moitié bue.

M. Bovary père resta encore un mois à Yonville, dont il éblouit les habitants par un superbe bonnet de police à galons d’argent, qu’il portait le matin, pour fumer sa pipe sur la place. Ayant aussi l’habitude de boire beaucoup d’eau-de-vie, souvent il envoyait la servante au Lion d’or lui en acheter une bouteille, que l’on inscrivait au compte de son fils ; et il usa, pour parfumer ses foulards, toute la provision d’eau de Cologne qu’avait sa bru.

Celle-ci ne se déplaisait point dans sa compagnie. Il avait couru le monde : il parlait de Berlin, de Vienne, de Strasbourg, de son temps d’officier, des maîtresses qu’il avait eues, des grands déjeuners qu’il avait faits, puis il se montrait aimable, et parfois même, soit dans l’escalier ou au jardin, il lui saisissait la taille en s’écriant :

— Charles, prends garde à toi !

Alors la mère Bovary s’effraya pour le bonheur de son fils, et, craignant que son époux, à la longue, n’eût une influence immorale sur les idées de la jeune femme, elle se hâta de presser le départ. Peut-être avait-elle des inquiétudes plus sérieuses. M. Bovary était homme à ne rien respecter.

Un jour, Emma fut prise tout à coup du besoin de voir sa petite fille, qui avait été mise en nourrice chez la femme du menuisier ; et sans regarder à l’almanach si les six semaines de la Vierge duraient encore, elle s’achemina vers la demeure de Rollet, qui se trouvait à l’extrémité du village, au bas de la côte, entre la grande route et les prairies.

Il était midi ; les maisons avaient leurs volets fermés, et les toits d’ardoises, qui reluisaient sous la lumière âpre du ciel bleu, semblaient à la crête de leurs pignons faire pétiller des étincelles. Un vent lourd soufflait. Emma se sentait faible en marchant ; les cailloux du trottoir la blessaient ; elle hésita si elle ne s’en retournerait pas chez elle, ou entrerait quelque part pour s’asseoir.

À ce moment, M. Léon sortit d’une porte voisine avec une liasse de papiers sous son bras. Il vint la saluer et se mit à l’ombre devant la boutique de Lheureux, sous la tente grise qui avançait.

Mme Bovary dit qu’elle allait voir son enfant, mais qu’elle commençait à être lasse.

— Si…, reprit Léon, n’osant poursuivre.

— Avez-vous affaire quelque part ? demanda-t-elle.

Et, sur la réponse du clerc, elle le pria de l’accompagner. Dès le soir, cela fut connu dans Yonville, et Mme Tuvache, la femme du maire, déclara devant sa servante que Mme Bovary se compromettait.

Pour arriver chez la nourrice, il fallait, après la rue, tourner à gauche, comme pour gagner le cimetière, et suivre, entre des maisonnettes et des cours, un petit sentier que bordaient des troènes. Ils étaient en fleur et les véroniques aussi, les églantiers, les orties, et les ronces légères qui s’élançaient des buissons. Par le trou des haies, on apercevait, dans les masures, quelque pourceau sur un fumier, ou des vaches embricolées, frottant leurs cornes contre le tronc des arbres. Tous les deux, côte à côte, ils marchaient doucement, elle s’appuyant sur lui et lui retenant son pas qu’il mesurait sur les siens ; devant eux, un essaim de mouches voltigeait, en bourdonnant dans l’air chaud.

Ils reconnurent la maison à un vieux noyer qui l’ombrageait. Basse et couverte de tuiles brunes, elle avait en dehors, sous la lucarne de son grenier, un chapelet d’oignons suspendu. Des bourrées, debout contre la clôture d’épines, entouraient un carré de laitues, quelques pieds de lavande et des pots à fleurs montés sur des rames. De l’eau sale coulait en s’éparpillant sur l’herbe, et il y avait tout autour plusieurs guenilles indistinctes, des bas de tricot, une camisole d’indienne rouge, et un grand drap de toile épaisse étalé en long sur la haie. Au bruit de la barrière, la nourrice parut, tenant sur son bras un enfant qui tétait. Elle tirait de l’autre main un pauvre marmot chétif, couvert de scrofules au visage, le fils d’un bonnetier de Rouen que ses parents trop occupés de leur négoce laissaient à la campagne.

— Entrez, dit-elle ; votre petite est là qui dort.

La chambre, au rez-de-chaussée, la seule du logis, avait au fond, contre la muraille, un large lit sans rideaux, tandis que le pétrin occupait le côté de la fenêtre, dont une vitre était raccommodée avec un soleil de papier bleu. Dans l’angle, derrière la porte, des brodequins à clous luisants étaient rangés sous la dalle du lavoir, près d’une bouteille pleine d’huile qui portait une plume à son goulot ; un Mathieu Laensberg traînait sur la cheminée poudreuse, parmi des pierres à fusil, des bouts de chandelle et des morceaux d’amadou. Enfin la dernière superfluité de cet appartement était une Renommée soufflant dans des trompettes, image découpée sans doute à même quelque prospectus de parfumerie, et que six pointes à sabot clouaient au mur.

L’enfant d’Emma dormait à terre, dans un berceau d’osier. Elle la prit avec la couverture qui l’enveloppait, et se mit à chanter doucement en se dandinant.

Léon se promenait dans la chambre ; il lui semblait étrange de voir cette belle dame en robe de nankin tout au milieu de cette misère. Mme Bovary devint rouge ; il se détourna, croyant que ses yeux peut-être avaient eu quelque impertinence. Puis elle recoucha la petite, qui venait de vomir sur sa collerette. La nourrice aussitôt vint l’essuyer, protestant qu’il n’y paraîtrait pas.

— Elle m’en fait bien d’autres, disait-elle, et je ne suis occupée qu’à la rincer continuellement ! Si vous aviez donc la complaisance de commander à Camus l’épicier, qu’il me laisse prendre un peu de savon lorsqu’il m’en faut ? ce serait même plus commode pour vous, que je ne dérangerais pas.

— C’est bien, c’est bien ! dit Emma. Au revoir, mère Rollet !

Et elle sortit, en essuyant ses pieds sur le seuil.

La bonne femme l’accompagna jusqu’au bout de la cour, tout en parlant du mal qu’elle avait à se relever la nuit.

— J’en suis si rompue quelquefois, que je m’endors sur ma chaise ; aussi, vous devriez pour le moins me donner une petite livre de café moulu qui me ferait un mois et que je prendrais le matin avec du lait.

Après avoir subi ses remerciements, Mme Bovary s’en alla ; et elle était quelque peu avancée dans le sentier, lorsqu’à un bruit de sabots elle tourna la tête : c’était la nourrice !

— Qu’y a-t-il ?

Alors la paysanne, la tirant à l’écart, derrière un orme, se mit à lui parler de son mari, qui, avec son métier et six francs par an que le capitaine…

— Achevez plus vite, dit Emma.

— Eh bien, reprit la nourrice poussant des soupirs entre chaque mot, j’ai peur qu’il ne se fasse une tristesse de me voir prendre du café toute seule ; vous savez, les hommes…

— Puisque vous en aurez, répétait Emma, je vous en donnerai !… Vous m’ennuyez !

— Hélas ! ma pauvre chère dame, c’est qu’il a, par suite de ses blessures, des crampes terribles à la poitrine. Il dit même que le cidre l’affaiblit.

— Mais dépêchez-vous, mère Rollet !

— Donc, reprit celle-ci faisant une révérence, si ce n’était pas vous demander trop…, elle salua encore une fois, – quand vous voudrez, – et son regard suppliait, – un cruchon d’eau-de-vie, dit-elle enfin, et j’en frotterai les pieds de votre petite, qui les a tendres comme la langue.

Débarrassée de la nourrice, Emma reprit le bras de M. Léon. Elle marcha rapidement pendant quelque temps ; puis elle se ralentit, et son regard qu’elle promenait devant elle rencontra l’épaule du jeune homme, dont la redingote avait un collet de velours noir. Ses cheveux châtains tombaient dessus, plats et bien peignés. Elle remarqua ses ongles, qui étaient plus longs qu’on ne les portait à Yonville. C’était une des grandes occupations du clerc que de les entretenir ; et il gardait, à cet usage, un canif tout particulier dans son écritoire.

Ils s’en revinrent à Yonville en suivant le bord de l’eau. Dans la saison chaude, la berge plus élargie découvrait jusqu’à leur base les murs des jardins, qui avaient un escalier de quelques marches descendant à la rivière. Elle coulait sans bruit, rapide et froide à l’œil ; de grandes herbes minces s’y courbaient ensemble, selon le courant qui les poussait, et comme des chevelures vertes abandonnées s’étalaient dans sa limpidité. Quelquefois, à la pointe des joncs ou sur la feuille des nénuphars, un insecte à pattes fines marchait ou se posait. Le soleil traversait d’un rayon les petits globules bleus des ondes qui se succédaient en se crevant ; les vieux saules ébranchés miraient dans l’eau leur écorce grise ; au delà, tout alentour, la prairie semblait vide. C’était l’heure du dîner dans les fermes, et la jeune femme et son compagnon n’entendaient en marchant que la cadence de leurs pas sur la terre du sentier, les paroles qu’ils se disaient, et le frôlement de la robe d’Emma qui bruissait tout autour d’elle.

Les murs des jardins, garnis à leur chaperon de morceaux de bouteilles, étaient chauds comme le vitrage d’une serre. Dans les briques, des ravenelles avaient poussé ; et, du bord de son ombrelle déployée, Mme Bovary, tout en passant, faisait s’égrener en poussière jaune un peu de leurs fleurs flétries, ou bien quelque branche des chèvrefeuilles et des clématites qui pendaient en dehors traînait un moment sur la soie, en s’accrochant aux effilés.

Ils causaient d’une troupe de danseurs espagnols, que l’on attendait bientôt sur le théâtre de Rouen.

— Vous irez ? demanda-t-elle.

— Si je le peux, répondit-il.

N’avaient-ils rien autre chose à se dire ? Leurs yeux pourtant étaient pleins d’une causerie plus sérieuse ; et, tandis qu’ils s’efforçaient à trouver des phrases banales, ils sentaient une même langueur les envahir tous les deux ; c’était comme un murmure de l’âme, profond, continu, qui dominait celui des voix. Surpris d’étonnement à cette suavité nouvelle, ils ne songeaient pas à s’en raconter la sensation ou à en découvrir la cause. Les bonheurs futurs, comme les rivages des tropiques, projettent sur l’immensité qui les précède leurs mollesses natales, une brise parfumée, et l’on s’assoupit dans cet enivrement sans même s’inquiéter de l’horizon que l’on n’aperçoit pas.

La terre, à un endroit, se trouvait effondrée par le pas des bestiaux, il fallut marcher sur de grosses pierres vertes, espacées dans la boue. Souvent elle s’arrêtait une minute à regarder où poser sa bottine, – et, chancelant sur le caillou qui tremblait, les coudes en l’air, la taille penchée, l’œil indécis, elle riait alors, de peur de tomber dans les flaques d’eau.

Quand ils furent arrivés devant son jardin, Mme Bovary poussa la petite barrière, monta les marches en courant et disparut.

Léon rentra à son étude. Le patron était absent ; il jeta un coup d’œil sur les dossiers, puis se tailla une plume, prit enfin son chapeau et s’en alla.

Il alla sur la Pâture, au haut de la côte d’Argueil, à l’entrée de la forêt ; il se coucha par terre sous les sapins, et regarda le ciel à travers ses doigts.

— Comme je m’ennuie ! se disait-il, comme je m’ennuie !

Il se trouvait à plaindre de vivre dans ce village, avec Homais pour ami et M. Guillaumin pour maître. Ce dernier, tout occupé d’affaires, portant des lunettes à branches d’or et favoris rouges sur cravate blanche, n’entendait rien aux délicatesses de l’esprit, quoiqu’il affectât un genre raide et anglais qui avait ébloui le clerc dans les premiers temps. Quant à la femme du pharmacien, c’était la meilleure épouse de Normandie, douce comme un mouton, chérissant ses enfants, son père, sa mère, ses cousins, pleurant aux maux d’autrui, laissant tout aller dans son ménage, et détestant les corsets ; — mais si lente à se mouvoir, si ennuyeuse à écouter, d’un aspect si commun et d’une conversation si restreinte, qu’il n’avait jamais songé, quoiqu’elle eût trente ans, qu’il en eût vingt, qu’ils couchassent porte à porte, et qu’il lui parlât chaque jour, qu’elle pût être une femme pour quelqu’un, ni qu’elle possédât de son sexe autre chose que la robe.

Et ensuite, qu’y avait-il ? Binet, quelques marchands, deux ou trois cabaretiers, le curé, et enfin M. Tuvache, le maire, avec ses deux fils, gens cossus, bourrus, obtus, cultivant leurs terres eux-mêmes, faisant des ripailles en famille, dévots d’ailleurs, et d’une société tout à fait insupportable.

Mais, sur le fond commun de tous ces visages humains, la figure d’Emma se détachait isolée et plus lointaine cependant ; car il sentait entre elle et lui comme de vagues abîmes.

Au commencement, il était venu chez elle plusieurs fois dans la compagnie du pharmacien. Charles n’avait point paru extrêmement curieux de le recevoir ; et Léon ne savait comment s’y prendre entre la peur d’être indiscret et le désir d’une intimité qu’il estimait presque impossible.

Chapter Three

The next day, as she was getting up, she saw the clerk on the Place. She had on a dressing-gown. He looked up and bowed. She nodded quickly and reclosed the window.

Leon waited all day for six o’clock in the evening to come, but on going to the inn, he found no one but Monsieur Binet, already at table. The dinner of the evening before had been a considerable event for him; he had never till then talked for two hours consecutively to a “lady.” How then had he been able to explain, and in such language, the number of things that he could not have said so well before? He was usually shy, and maintained that reserve which partakes at once of modesty and dissimulation.

At Yonville he was considered “well-bred.” He listened to the arguments of the older people, and did not seem hot about politics — a remarkable thing for a young man. Then he had some accomplishments; he painted in water-colours, could read the key of G, and readily talked literature after dinner when he did not play cards. Monsieur Homais respected him for his education; Madame Homais liked him for his good-nature, for he often took the little Homais into the garden — little brats who were always dirty, very much spoilt, and somewhat lymphatic, like their mother. Besides the servant to look after them, they had Justin, the chemist’s apprentice, a second cousin of Monsieur Homais, who had been taken into the house from charity, and who was useful at the same time as a servant.

The druggist proved the best of neighbours. He gave Madame Bovary information as to the trades-people, sent expressly for his own cider merchant, tasted the drink himself, and saw that the casks were properly placed in the cellar; he explained how to set about getting in a supply of butter cheap, and made an arrangement with Lestiboudois, the sacristan, who, besides his sacerdotal and funeral functions, looked after the principal gardens at Yonville by the hour or the year, according to the taste of the customers.

The need of looking after others was not the only thing that urged the chemist to such obsequious cordiality; there was a plan underneath it all.

He had infringed the law of the 19th Ventose, year xi., article I, which forbade all persons not having a diploma to practise medicine; so that, after certain anonymous denunciations, Homais had been summoned to Rouen to see the procurer of the king in his own private room; the magistrate receiving him standing up, ermine on shoulder and cap on head. It was in the morning, before the court opened. In the corridors one heard the heavy boots of the gendarmes walking past, and like a far-off noise great locks that were shut. The druggist’s ears tingled as if he were about to have an apoplectic stroke; he saw the depths of dungeons, his family in tears, his shop sold, all the jars dispersed; and he was obliged to enter a cafe and take a glass of rum and seltzer to recover his spirits.

Little by little the memory of this reprimand grew fainter, and he continued, as heretofore, to give anodyne consultations in his back-parlour. But the mayor resented it, his colleagues were jealous, everything was to be feared; gaining over Monsieur Bovary by his attentions was to earn his gratitude, and prevent his speaking out later on, should he notice anything. So every morning Homais brought him “the paper,” and often in the afternoon left his shop for a few moments to have a chat with the Doctor.

Charles was dull: patients did not come. He remained seated for hours without speaking, went into his consulting room to sleep, or watched his wife sewing. Then for diversion he employed himself at home as a workman; he even tried to do up the attic with some paint which had been left behind by the painters. But money matters worried him. He had spent so much for repairs at Tostes, for madame’s toilette, and for the moving, that the whole dowry, over three thousand crowns, had slipped away in two years.

Then how many things had been spoilt or lost during their carriage from Tostes to Yonville, without counting the plaster cure, who falling out of the coach at an over-severe jolt, had been dashed into a thousand fragments on the pavements of Quincampoix! A pleasanter trouble came to distract him, namely, the pregnancy of his wife. As the time of her confinement approached he cherished her the more. It was another bond of the flesh establishing itself, and, as it were, a continued sentiment of a more complex union. When from afar he saw her languid walk, and her figure without stays turning softly on her hips; when opposite one another he looked at her at his ease, while she took tired poses in her armchair, then his happiness knew no bounds; he got up, embraced her, passed his hands over her face, called her little mamma, wanted to make her dance, and half-laughing, half-crying, uttered all kinds of caressing pleasantries that came into his head. The idea of having begotten a child delighted him. Now he wanted nothing. He knew human life from end to end, and he sat down to it with serenity.

Emma at first felt a great astonishment; then was anxious to be delivered that she might know what it was to be a mother. But not being able to spend as much as she would have liked, to have a swing-bassinette with rose silk curtains, and embroidered caps, in a fit of bitterness she gave up looking after the trousseau, and ordered the whole of it from a village needlewoman, without choosing or discussing anything. Thus she did not amuse herself with those preparations that stimulate the tenderness of mothers, and so her affection was from the very outset, perhaps, to some extent attenuated.

As Charles, however, spoke of the boy at every meal, she soon began to think of him more consecutively.

She hoped for a son; he would be strong and dark; she would call him George; and this idea of having a male child was like an expected revenge for all her impotence in the past. A man, at least, is free; he may travel over passions and over countries, overcome obstacles, taste of the most far-away pleasures. But a woman is always hampered. At once inert and flexible, she has against her the weakness of the flesh and legal dependence. Her will, like the veil of her bonnet, held by a string, flutters in every wind; there is always some desire that draws her, some conventionality that restrains.

She was confined on a Sunday at about six o’clock, as the sun was rising.

“It is a girl!” said Charles.

She turned her head away and fainted.

Madame Homais, as well as Madame Lefrancois of the Lion d’Or, almost immediately came running in to embrace her. The chemist, as man of discretion, only offered a few provincial felicitations through the half-opened door. He wished to see the child and thought it well made.

Whilst she was getting well she occupied herself much in seeking a name for her daughter. First she went over all those that have Italian endings, such as Clara, Louisa, Amanda, Atala; she liked Galsuinde pretty well, and Yseult or Leocadie still better.

Charles wanted the child to be called after her mother; Emma opposed this. They ran over the calendar from end to end, and then consulted outsiders.

“Monsieur Leon,” said the chemist, “with whom I was talking about it the other day, wonders you do not chose Madeleine. It is very much in fashion just now.”

But Madame Bovary, senior, cried out loudly against this name of a sinner. As to Monsieur Homais, he had a preference for all those that recalled some great man, an illustrious fact, or a generous idea, and it was on this system that he had baptized his four children. Thus Napoleon represented glory and Franklin liberty; Irma was perhaps a concession to romanticism, but Athalie was a homage to the greatest masterpiece of the French stage. For his philosophical convictions did not interfere with his artistic tastes; in him the thinker did not stifle the man of sentiment; he could make distinctions, make allowances for imagination and fanaticism. In this tragedy, for example, he found fault with the ideas, but admired the style; he detested the conception, but applauded all the details, and loathed the characters while he grew enthusiastic over their dialogue. When he read the fine passages he was transported, but when he thought that mummers would get something out of them for their show, he was disconsolate; and in this confusion of sentiments in which he was involved he would have like at once to crown Racine with both his hands and discuss with him for a good quarter of an hour.

At last Emma remembered that at the chateau of Vaubyessard she had heard the Marchioness call a young lady Berthe; from that moment this name was chosen; and as old Rouault could not come, Monsieur Homais was requested to stand godfather. His gifts were all products from his establishment, to wit: six boxes of jujubes, a whole jar of racahout, three cakes of marshmallow paste, and six sticks of sugar-candy into the bargain that he had come across in a cupboard. On the evening of the ceremony there was a grand dinner; the cure was present; there was much excitement. Monsieur Homais towards liqueur-time began singing “Le Dieu des bonnes gens.” Monsieur Leon sang a barcarolle, and Madame Bovary, senior, who was godmother, a romance of the time of the Empire; finally, M. Bovary, senior, insisted on having the child brought down, and began baptizing it with a glass of champagne that he poured over its head. This mockery of the first of the sacraments made the Abbe Bournisien angry; old Bovary replied by a quotation from “La Guerre des Dieux”; the cure wanted to leave; the ladies implored, Homais interfered; and they succeeded in making the priest sit down again, and he quietly went on with the half-finished coffee in his saucer.

Monsieur Bovary, senior, stayed at Yonville a month, dazzling the native by a superb policeman’s cap with silver tassels that he wore in the morning when he smoked his pipe in the square. Being also in the habit of drinking a good deal of brandy, he often sent the servant to the Lion d’Or to buy him a bottle, which was put down to his son’s account, and to perfume his handkerchiefs he used up his daughter-in-law’s whole supply of eau-de-cologne.

The latter did not at all dislike his company. He had knocked about the world, he talked about Berlin, Vienna, and Strasbourg, of his soldier times, of the mistresses he had had, the grand luncheons of which he had partaken; then he was amiable, and sometimes even, either on the stairs, or in the garden, would seize hold of her waist, crying, “Charles, look out for yourself.”

Then Madame Bovary, senior, became alarmed for her son’s happiness, and fearing that her husband might in the long-run have an immoral influence upon the ideas of the young woman, took care to hurry their departure. Perhaps she had more serious reasons for uneasiness. Monsieur Bovary was not the man to respect anything.

One day Emma was suddenly seized with the desire to see her little girl, who had been put to nurse with the carpenter’s wife, and, without looking at the calendar to see whether the six weeks of the Virgin were yet passed, she set out for the Rollets’ house, situated at the extreme end of the village, between the highroad and the fields.

It was mid-day, the shutters of the houses were closed and the slate roofs that glittered beneath the fierce light of the blue sky seemed to strike sparks from the crest of the gables. A heavy wind was blowing; Emma felt weak as she walked; the stones of the pavement hurt her; she was doubtful whether she would not go home again, or go in somewhere to rest.

At this moment Monsieur Leon came out from a neighbouring door with a bundle of papers under his arm. He came to greet her, and stood in the shade in front of the Lheureux’s shop under the projecting grey awning.

Madame Bovary said she was going to see her baby, but that she was beginning to grow tired.

“If —” said Leon, not daring to go on.

“Have you any business to attend to?” she asked.

And on the clerk’s answer, she begged him to accompany her. That same evening this was known in Yonville, and Madame Tuvache, the mayor’s wife, declared in the presence of her servant that “Madame Bovary was compromising herself.”

To get to the nurse’s it was necessary to turn to the left on leaving the street, as if making for the cemetery, and to follow between little houses and yards a small path bordered with privet hedges. They were in bloom, and so were the speedwells, eglantines, thistles, and the sweetbriar that sprang up from the thickets. Through openings in the hedges one could see into the huts, some pigs on a dung-heap, or tethered cows rubbing their horns against the trunk of trees. The two, side by side walked slowly, she leaning upon him, and he restraining his pace, which he regulated by hers; in front of them a swarm of midges fluttered, buzzing in the warm air.

The recognized the house by an old walnut-tree which shaded it.

Low and covered with brown tiles, there hung outside it, beneath the dormer-window of the garret, a string of onions. Faggots upright against a thorn fence surrounded a bed of lettuce, a few square feet of lavender, and sweet peas stung on sticks. Dirty water was running here and there on the grass, and all round were several indefinite rags, knitted stockings, a red calico jacket, and a large sheet of coarse linen spread over the hedge. At the noise of the gate the nurse appeared with a baby she was suckling on one arm. With her other hand she was pulling along a poor puny little fellow, his face covered with scrofula, the son of a Rouen hosier, whom his parents, too taken up with their business, left in the country.

“Go in,” she said; “your little one is there asleep.”

The room on the ground-floor, the only one in the dwelling, had at its farther end, against the wall, a large bed without curtains, while a kneading-trough took up the side by the window, one pane of which was mended with a piece of blue paper. In the corner behind the door, shining hob-nailed shoes stood in a row under the slab of the washstand, near a bottle of oil with a feather stuck in its mouth; a Matthieu Laensberg lay on the dusty mantelpiece amid gunflints, candle-ends, and bits of amadou.

Finally, the last luxury in the apartment was a “Fame” blowing her trumpets, a picture cut out, no doubt, from some perfumer’s prospectus and nailed to the wall with six wooden shoe-pegs.

Emma’s child was asleep in a wicker-cradle. She took it up in the wrapping that enveloped it and began singing softly as she rocked herself to and fro.

Leon walked up and down the room; it seemed strange to him to see this beautiful woman in her nankeen dress in the midst of all this poverty. Madam Bovary reddened; he turned away, thinking perhaps there had been an impertinent look in his eyes. Then she put back the little girl, who had just been sick over her collar.

The nurse at once came to dry her, protesting that it wouldn’t show.

“She gives me other doses,” she said: “I am always a-washing of her. If you would have the goodness to order Camus, the grocer, to let me have a little soap, it would really be more convenient for you, as I needn’t trouble you then.”

“Very well! very well!” said Emma. “Good morning, Madame Rollet,” and she went out, wiping her shoes at the door.

The good woman accompanied her to the end of the garden, talking all the time of the trouble she had getting up of nights.

“I’m that worn out sometimes as I drop asleep on my chair. I’m sure you might at least give me just a pound of ground coffee; that’d last me a month, and I’d take it of a morning with some milk.”

After having submitted to her thanks, Madam Bovary left. She had gone a little way down the path when, at the sound of wooden shoes, she turned round. It was the nurse.

“What is it?”

Then the peasant woman, taking her aside behind an elm tree, began talking to her of her husband, who with his trade and six francs a year that the captain —

“Oh, be quick!” said Emma.

“Well,” the nurse went on, heaving sighs between each word, “I’m afraid he’ll be put out seeing me have coffee along, you know men —”

“But you are to have some,” Emma repeated; “I will give you some. You bother me!”

“Oh, dear! my poor, dear lady! you see in consequence of his wounds he has terrible cramps in the chest. He even says that cider weakens him.”

“Do make haste, Mere Rollet!”

“Well,” the latter continued, making a curtsey, “if it weren’t asking too much,” and she curtsied once more, “if you would”— and her eyes begged —“a jar of brandy,” she said at last, “and I’d rub your little one’s feet with it; they’re as tender as one’s tongue.”

Once rid of the nurse, Emma again took Monsieur Leon’s arm. She walked fast for some time, then more slowly, and looking straight in front of her, her eyes rested on the shoulder of the young man, whose frock-coat had a black-velvety collar. His brown hair fell over it, straight and carefully arranged. She noticed his nails which were longer than one wore them at Yonville. It was one of the clerk’s chief occupations to trim them, and for this purpose he kept a special knife in his writing desk.

They returned to Yonville by the water-side. In the warm season the bank, wider than at other times, showed to their foot the garden walls whence a few steps led to the river. It flowed noiselessly, swift, and cold to the eye; long, thin grasses huddled together in it as the current drove them, and spread themselves upon the limpid water like streaming hair; sometimes at the tip of the reeds or on the leaf of a water-lily an insect with fine legs crawled or rested. The sun pierced with a ray the small blue bubbles of the waves that, breaking, followed each other; branchless old willows mirrored their grey backs in the water; beyond, all around, the meadows seemed empty. It was the dinner-hour at the farms, and the young woman and her companion heard nothing as they walked but the fall of their steps on the earth of the path, the words they spoke, and the sound of Emma’s dress rustling round her.

The walls of the gardens with pieces of bottle on their coping were hot as the glass windows of a conservatory. Wallflowers had sprung up between the bricks, and with the tip of her open sunshade Madame Bovary, as she passed, made some of their faded flowers crumble into a yellow dust, or a spray of overhanging honeysuckle and clematis caught in its fringe and dangled for a moment over the silk.

They were talking of a troupe of Spanish dancers who were expected shortly at the Rouen theatre.

“Are you going?” she asked.

“If I can,” he answered.

Had they nothing else to say to one another? Yet their eyes were full of more serious speech, and while they forced themselves to find trivial phrases, they felt the same languor stealing over them both. It was the whisper of the soul, deep, continuous, dominating that of their voices. Surprised with wonder at this strange sweetness, they did not think of speaking of the sensation or of seeking its cause. Coming joys, like tropical shores, throw over the immensity before them their inborn softness, an odorous wind, and we are lulled by this intoxication without a thought of the horizon that we do not even know.

In one place the ground had been trodden down by the cattle; they had to step on large green stones put here and there in the mud.

She often stopped a moment to look where to place her foot, and tottering on a stone that shook, her arms outspread, her form bent forward with a look of indecision, she would laugh, afraid of falling into the puddles of water.

When they arrived in front of her garden, Madame Bovary opened the little gate, ran up the steps and disappeared.

Leon returned to his office. His chief was away; he just glanced at the briefs, then cut himself a pen, and at last took up his hat and went out.

He went to La Pature at the top of the Argueil hills at the beginning of the forest; he threw himself upon the ground under the pines and watched the sky through his fingers.

“How bored I am!” he said to himself, “how bored I am!”

He thought he was to be pitied for living in this village, with Homais for a friend and Monsieru Guillaumin for master. The latter, entirely absorbed by his business, wearing gold-rimmed spectacles and red whiskers over a white cravat, understood nothing of mental refinements, although he affected a stiff English manner, which in the beginning had impressed the clerk.

As to the chemist’s spouse, she was the best wife in Normandy, gentle as a sheep, loving her children, her father, her mother, her cousins, weeping for other’s woes, letting everything go in her household, and detesting corsets; but so slow of movement, such a bore to listen to, so common in appearance, and of such restricted conversation, that although she was thirty, he only twenty, although they slept in rooms next each other and he spoke to her daily, he never thought that she might be a woman for another, or that she possessed anything else of her sex than the gown.

And what else was there? Binet, a few shopkeepers, two or three publicans, the cure, and finally, Monsieur Tuvache, the mayor, with his two sons, rich, crabbed, obtuse persons, who farmed their own lands and had feasts among themselves, bigoted to boot, and quite unbearable companions.

But from the general background of all these human faces Emma’s stood out isolated and yet farthest off; for between her and him he seemed to see a vague abyss.

In the beginning he had called on her several times along with the druggist. Charles had not appeared particularly anxious to see him again, and Leon did not know what to do between his fear of being indiscreet and the desire for an intimacy that seemed almost impossible.

Drittes Kapitel

Am andern Morgen, als Emma kaum aufgestanden war, sah sie den Adjunkt über den Markt gehen. Sie war im Morgenkleid. Er schaute zu ihr herauf und grüßte. Sie nickte hastig mit dem Kopfe und schloß das Fenster.

Den ganzen Tag über konnte es Leo Düpuis kaum erwarten, daß es sechs schlug. Als er aber endlich in den Goldnen Löwen kam, fand er niemanden vor als den Steuereinnehmer, der bereits am Tische saß.

Das gestrige Mahl war für Leo ein bedeutungsvolles Ereignis. Bis dahin hatte er noch niemals zwei Stunden lang mit einer „Dame“ geplaudert. Wie hatte er es nur fertiggebracht, ihr eine solche Menge von Dingen und in so guter Form zu sagen? Das war ihm vordem unmöglich gewesen. Er war von Natur schüchtern und wahrte eine gewisse Zurückhaltung, die sich aus Schamhaftigkeit und Heuchelei zusammensetzt. Die Yonviller fanden sein Benehmen tadellos. Er hörte still zu, wenn ältere Herren disputierten, und zeigte sich in politischen Dingen keineswegs radikal, was an einem jungen Manne eine seltene Sache ist. Dazu besaß er allerlei Talent: er aquarellierte, er war musikalisch, er beschäftigte sich in seinen Mußestunden gern mit der Literatur, — wenn er nicht gerade Karten spielte. Der Apotheker schätzte ihn wegen seiner Kenntnisse, und Frau Homais war ihm wohlgewogen, weil er höflich und gefällig war; öfters widmete er sich nämlich im Garten ihren Kindern, kleinem Volk, das immer schmutzig aussah und sehr schlecht erzogen war und dessen Beaufsichtigung einmal dem Dienstmädchen und dann noch besonders dem Lehrling oblag, einem jungen Burschen, namens Justin. Er war ein entfernter Verwandter des Apothekers, von diesem aus Mitleid in seinem Haus aufgenommen, wo er eine Art „Mann für alles“ geworden war.

Homais spielte die Rolle des guten Nachbars. Er gab Frau Bovary die besten Adressen für ihre Einkäufe, ließ seinen Apfelweinlieferanten eigens für sie herkommen, beteiligte sich an der Weinprobe und gab persönlich acht, daß das bestellte Faß einen geeigneten Platz im Keller erhielt. Er verriet ihr die beste und billigste Butterquelle und bestellte ihr Lestiboudois, den Kirchendiener, als Gärtner; neben seinen Ämtern in Kirche und Gottesacker hielt dieser nämlich die Gärten der Honoratioren von Yonville instand; man engagierte ihn „stundenweise“ oder „aufs Jahr“, ganz wie es gewünscht wurde.

Diese Hilfsbereitschaft des Apothekers entsprang weniger einem Herzensbedürfnis als schlauer Berechnung. Homais hatte nämlich früher einmal gegen das Gesetz vom 19. Ventôse des Jahres XI verstoßen, wonach die ärztliche Praxis jedem verboten ist, der sich nicht im Besitze eines staatlichen Diploms befindet. Eines Tages war er auf eine geheimnisvolle Anzeige hin nach Rouen vor den Staatsanwalt geladen worden. Dieser Vertreter der Justiz hatte ihn in seinem Amtszimmer, stehend und in Amtsrobe, das Barett auf dem Kopfe, vernommen. Es war am Vormittag, unmittelbar vor einer Gerichtssitzung gewesen. Von draußen, vom Gange her, waren dem Apotheker die schweren Tritte der Schutzleute ins Ohr gehallt. Es war ihm, als hörte er fern das Aufschnappen wuchtiger Schlösser. Er bekam Ohrensausen und glaubte, der Schlag würde ihn rühren. Schon sah er sich im Kerker sitzen, seine Familie in Tränen, die Apotheke unter dem Hammer und seine Arzneiflaschen in alle vier Winde verstreut. Hinterher mußte er seine Lebensgeister in einem Kaffeehause mit einem Kognak in Selters wieder auf die Beine bringen.

Allmählich verblaßte die Erinnerung an diese Vermahnung, und Homais hielt von neuem in seinem Hinterstübchen ärztliche Sprechstunden ab. Da aber der Bürgermeister nicht sein Freund war und seine Kollegen in der Umgegend brotneidisch waren, bebte er in ewiger Angst vor einer neuen Anzeige. Indem er sich nun Bovary durch kleine Gefälligkeiten verpflichtete, wollte er sich damit ein Recht auf dessen Dankbarkeit erwerben und ihn mundtot machen, falls die Kurpfuschereien in der Apotheke abermals ruchbar würden. Er brachte dem Arzt alle Morgen den „Leuchtturm“, und oft verließ er nachmittags auf ein Viertelstündchen sein Geschäft, um ein wenig mit ihm zu schwatzen.

Karl war mißgestimmt. Es kamen keine Patienten. Ganze Stunden lang saß er vor sich hinbrütend da, ohne ein Wort zu sprechen. Er machte in seinem Sprechzimmer ein Schläfchen oder sah seiner Frau beim Nähen zu. Um sich ein wenig Beschäftigung zu machen, verrichtete er allerhand grobe Hausarbeit. Er versuchte sogar, die Bodentüre mit dem Rest von Ölfarbe anzupinseln, den die Anstreicher dagelassen hatten.

Am meisten drückte ihn seine Geldverlegenheit. Er hatte in Tostes eine beträchtliche Summe ausgegeben für neue Anschaffungen im Hause, für die Kleider seiner Frau und neuerdings für den Umzug. Die ganze Mitgift, mehr als dreitausend Taler, war in zwei Jahren daraufgegangen. Bei der Übersiedelung von Tostes nach Yonville war vieles beschädigt worden oder verloren gegangen, unter anderm der tönerne Mönch, der unterwegs vom Wagen heruntergefallen und in tausend Stücke zerschellt war.

Eine zartere Sorge lenkte ihn ab: die Mutterhoffnungen seiner Frau. Je näher diese ihrer Erfüllung entgegengingen, um so liebevoller behandelte er Emma. Diese sich knüpfenden neuen Bande von Fleisch und Blut machten das Gefühl der ewigen Zusammengehörigkeit in ihm immer inniger. Wenn er ihrem trägen Gange zusah, wenn er das allmähliche Vollerwerden ihrer miederlosen Hüften bemerkte, wenn sie müde ihm gegenüber auf dem Sofa saß, dann strahlten seine Blicke, und er konnte sich in seinem Glücke nicht fassen. Er sprang auf, küßte sie, streichelte ihr Gesicht, nannte sie „Mammchen“, wollte mit ihr im Zimmer herumtanzen und sagte ihr unter Lachen und Weinen tausend zärtliche, drollige Dinge, die ihm gerade in den Sinn kamen. Der Gedanke, Vater zu werden, war ihm etwas Köstliches. Jetzt fehlte ihm nichts mehr auf der Welt. Nun hatte er alles erlebt, was Menschen erleben können, und er durfte zufrieden und vergnügt sein.

In der ersten Zeit war Emma über sich selbst arg verwundert. Dann kam die Sehnsucht, von ihrem Zustande wieder befreit zu sein. Sie wollte wissen, wie es sein würde, wenn das Kind da war. Aber als sie kein Geld dazu hatte, eine Wiege mit rosa-seidnen Vorhängen und gestickte Kinderhäubchen zu kaufen, da überkam sie eine plötzliche Erbitterung; sie verlor die Lust, die Baby-Ausstattung selber sorglich auszuwählen, und überließ die Herstellung in Bausch und Bogen einer Näherin. So lernte sie die stillen Freuden dieser Vorbereitungen nicht kennen, die andre Mütter so zärtlich stimmen, und vielleicht war dies der Grund, daß ihre Mutterliebe von Anfang an gewisser Elemente entbehrte. Weil aber Karl bei allen Mahlzeiten immer wieder von dem Kinde sprach, begann auch Emma mehr daran zu denken.

Sie wünschte sich einen Sohn. Braun sollte er sein, und stark sollte er werden, und Georg müßte er heißen! Der Gedanke, einem männlichen Wesen das Leben zu schenken, kam ihr vor wie eine Entschädigung für alles das, was sich in ihrem eigenen Dasein nicht erfüllt hatte. Ein Mann ist doch wenigstens sein freier Herr. Ihm stehen alle Leidenschaften und alle Lande offen, er darf gegen alle Hindernisse anrennen und sich auch die allerfernsten Glückseligkeiten erobern. Ein Weib liegt an tausend Ketten. Tatenlos und doch genußfreudig, steht sie zwischen den Verführungen ihrer Sinnlichkeit und dem Zwang der Konvenienz. Wie den flatternden Schleier ihres Hutes ein festes Band hält, so gibt es für die Frau immer ein Verlangen, mit dem sie hinwegfliegen möchte, und immer irgendwelche herkömmliche Moral, die sie nicht losläßt.

An einem Sonntag kam das Kind zur Welt, früh gegen sechs Uhr, als die Sonne aufging.

„Es ist ein Mädchen!“ verkündete Karl.

Emma fiel im Bett zurück und ward ohnmächtig. Schon stellten sich auch Frau Homais und die Löwenwirtin ein, um die Wöchnerin zu umarmen. Der Apotheker rief ihr diskret ein paar vorläufige Glückwünsche durch die Türspalte zu. Er wollte die neue Erdenbürgerin besichtigen und fand sie wohlgeraten.

Während der Genesung grübelte Emma nach, welchen Namen das Kind bekommen sollte. Zunächst dachte sie an einen italienisch klingenden Namen: an Amanda, Rosa, Joconda, Beatrice. Sehr gefielen ihr Ginevra oder Leocadia, noch mehr Isolde. Karl äußerte den Wunsch, die Kleine solle nach der Mutter getauft werden, aber davon wollte Emma nichts wissen. Man nahm alle Kalendernamen durch und bat jeden Besucher um einen Vorschlag.

„Herr Leo,“ berichtete der Apotheker, „mit dem ich neulich darüber gesprochen habe, wundert sich darüber, daß Sie nicht den Namen Magdalena wählen. Der sei jetzt sehr in Mode.“ Aber gegen die Patenschaft einer solchen Sünderin sträubte sich die alte Frau Bovary gewaltig. Homais für seine Person hegte eine Vorliebe für Namen, die an große Männer, berühmte Taten und hohe Werke erinnerten. Nach dieser Theorie habe er seine vier eigenen Sprößlinge getauft: Napoleon (der Ruhm!), Franklin (die Freiheit!), Irma (ein Zugeständnis an die Romantik!) und Athalia (zu Ehren des Meisterstücks des französischen Dramas!). Seine philosophische Überzeugung, sagte er, stehe seiner Bewunderung der Kunst nicht im Wege. Der Denker in ihm ersticke durchaus nicht den Gefühlsmenschen. Er verstünde sich darauf, das eine vom andern zu scheiden und sich vor fanatischer Einseitigkeit zu bewahren.

Zu guter Letzt fiel Emma ein, daß sie im Schloß Vaubyessard gehört hatte, wie eine junge Dame von der Marquise mit „Berta-Luise“ angeredet worden war. Von diesem Augenblick an stand die Namenswahl fest. Da Vater Rouault zu kommen verhindert war, wurde Homais gebeten, Gevatter zu stehen. Er stiftete als Patengeschenk allerlei Gegenstände aus seinem Geschäft, als wie: sechs Schachteln Brusttee, eine Dose Kraftmehl, drei Büchsen Marmelade und sechs Päckchen Malzbonbons.

Am Taufabend gab es ein Festessen, zu dem auch der Pfarrer erschien. Man geriet in Stimmung. Beim Likör gab der Apotheker ein patriotisches Lied zum besten, worauf Leo Düpuis eine Barkarole vortrug und die alte Frau Bovary (Patin des Kindes) eine Romanze aus der Napoleonischen Zeit sang. Der alte Herr Bovary bestand darauf, daß das Kind heruntergebracht wurde, und taufte die Kleine „Berta“, indem er ihr ein Glas Sekt von oben über den Kopf goß. Den Abbé Bournisien ärgerte diese Profanation einer kirchlichen Handlung, und als der alte Bovary ihm gar noch ein spöttisches Zitat vorhielt, wollte der Geistliche fortgehen. Aber die Damen baten ihn inständig zu bleiben, und auch der Apotheker legte sich ins Mittel. So gelang es, den Priester wieder zu beruhigen. Friedlich langte er von neuem nach seiner halbgeleerten Kaffeetasse.

Bovary senior blieb noch volle vier Wochen in Yonville und verblüffte die Yonviller durch das prächtige Stabsarztskäppi mit Silbertressen, das er vormittags trug, wenn er seine Pfeife auf dem Marktplatze schmauchte. Als gewohnheitsmäßiger starker Schnapstrinker schickte er das Dienstmädchen häufig in den Goldnen Löwen, um seine Feldflasche füllen zu lassen, was selbstverständlich auf Rechnung seines Sohnes erfolgte. Um seine Halstücher zu parfümieren, verbrauchte er den gesamten Vorrat an Kölnischem Wasser, den seine Schwiegertochter besaß.

Ihr selbst war seine Anwesenheit keineswegs unangenehm. Er war in der Welt herumgekommen. Er erzählte von Berlin, Wien, Straßburg, von seiner Soldatenzeit, seinen Liebschaften, den Festlichkeiten, die er dereinst mitgemacht hatte. Dann war er wieder ganz der alte Schwerenöter, und zuweilen, im Garten oder auf der Treppe, faßte er Emma um die Taille und rief aus: „Karl, nimm dich in acht!“

Die alte Frau Bovary sah dergleichen voller Angst um das Eheglück ihres Sohnes. Sie fürchtete, ihr Mann könne am Ende einen unsittlichen Einfluß auf die Gedankenwelt der jungen Frau ausüben, und so betrieb sie die Abreise. Vielleicht war ihre Besorgnis noch schlimmer. Dem alten Herrn war alles zuzutrauen.

Emma hatte das Kind zu der Frau eines Tischlers namens Rollet in die Pflege gegeben. Eines Tages empfand sie plötzlich Sehnsucht, das kleine Mädchen zu sehen. Unverzüglich machte sie sich auf den Weg zu diesen Leuten, deren Häuschen ganz am Ende des Ortes, zwischen der Landstraße und den Wiesen, in der Tiefe lag.

Es war Mittag. Die Fensterläden der Häuser waren alle geschlossen. Die sengende Sonne brütete über den Schieferdächern, deren Giebellinien richtige Funken sprühten. Ein schwüler Wind wehte. Emma fiel das Gehen schwer. Das spitzige Pflaster tat ihren Füßen weh. Sie ward sich unschlüssig, ob sie umkehren oder irgendwo eintreten und sich ausruhen sollte.

In diesem Augenblick trat Leo aus dem nächsten Hause heraus, eine Aktenmappe unter dem Arme. Er kam auf sie zu, begrüßte sie und stellte sich mit ihr in den Schatten der Leinwandmarkise vor dem Lheureuxschen Modewarenladen.

Frau Bovary erzählte ihm, daß sie nach ihrem Kinde sehen wollte, aber müde zu werden beginne.

„Wenn ...“, fing Leo an, wagte aber nicht weiterzusprechen.

„Haben Sie etwas vor?“ fragte Emma. Auf die Verneinung des Adjunkten hin bat sie ihn, sie zu begleiten. (Bereits am Abend desselben Tages war dies stadtbekannt, und Frau Tüvache, die Bürgermeistersgattin, erklärte in Gegenwart ihres Dienstmädchens, Frau Bovary habe sich kompromittiert.)

Um zu der Amme zu gelangen, mußten die beiden am Ende der Hauptstraße links abgehen und einen kleinen Fußweg einschlagen, der zwischen einzelnen kleinen Häusern und Gehöften in der Richtung auf den Gemeindefriedhof hinlief. Die Weiden, die den Pfad umsäumten, blühten, und es blühten die Veroniken, die wilden Rosen, die Glockenblumen und die Brombeersträucher. Durch Lücken in den Hecken erblickte man hie und da auf den Misthaufen der kleinen Gehöfte ein Schwein oder eine angebundne Kuh, die ihre Hörner an den Stämmen der Bäume wetzte.

Seite an Seite wandelten sie gemächlich weiter. Emma stützte sich auf Leos Arm, und er verkürzte seine Schritte nach den ihren. Vor ihnen her tanzte ein Mückenschwarm und erfüllte die warme Luft mit ganz leisem Summen.

Emma erkannte das Haus an einem alten Nußbaum wieder, der es umschattete. Es war niedrig und hatte braune Ziegel auf dem Dache. Aus der Luke des Oberbodens hing ein Kranz von Zwiebeln. Eine Dornenhecke umfriedigte ein viereckiges Gärtlein mit Salat, Lavendel und blühenden Schoten, die an Stangen gezogen waren. An der Hecke waren Reisigbunde aufgeschichtet. Ein trübes Wässerchen rann sich verzettelnd durch das Gras; allerhand kaum noch verwendbare Lumpen, ein gestrickter Strumpf und eine rote baumwollene Jacke lagen auf dem Rasen umher, und über der Hecke flatterte ein großes Stück Leinwand.

Beim Knarren der Gartentüre erschien die Tischlersfrau, ein Kind an der Brust, ein andres an der Hand, ein armseliges, schwächlich aussehendes, skrofulöses Jüngelchen. Es war das Kind eines Mützenmachers in Rouen, das die von ihrem Geschäft zu sehr in Anspruch genommenen Eltern auf das Land gegeben hatten.

„Kommen Sie nur herein!“ sagte die Frau. „Ihre Kleine schläft drinnen.“

In der einzigen Stube im Erdgeschoß stand an der hinteren Wand ein großes Bett ohne Vorhänge. Die Seite am Fenster, in dem eine der Scheiben mit blauem Papier verklebt war, nahm ein Backtrog ein. In der Ecke hinter der Türe standen unter der Gosse Stiefel mit blanken Nägeln, daneben eine Flasche Öl, aus deren Hals eine Feder herausragte. Auf dem verstaubten Kaminsims lagen ein Wetterkalender, Feuersteine, Kerzenstümpfe und ein paar Fetzen Zündschwamm. Ein weiteres Schmuckstück dieses Gemachs war eine „trompetende Fama“, offenbar das Reklameplakat einer Parfümfabrik, das mit sechs Schuhzwecken an die Wand genagelt war.

Emmas Töchterchen schlief in einer Wiege aus Weidengeflecht. Sie nahm es mit der Decke, in die es gewickelt war, empor und begann es im Arme hin und her zu wiegen, wobei sie leise sang.

Leo ging im Zimmer auf und ab. Die schöne Frau in ihrem hellen Sommerkleide in dieser elenden Umgebung zu sehen, kam ihm seltsam vor. Sie ward plötzlich rot. Er wandte sich weg, weil er dachte, sein Blick sei vielleicht zudringlich gewesen. Sie legte das Kind wieder in die Wiege. Es hatte sich erbrochen, und die Mutter am Halskragen beschmutzt. Die Amme eilte herbei, um die Flecke abzuwischen. Sie beteuerte, man sähe nichts mehr davon.

„Mir kommt sie noch ganz anders!“ meinte die Frau. „Ich habe weiter nichts zu tun, als sie immer wieder zu säubern. Wenn Sie doch so gut sein wollten und den Kaufmann Calmus beauftragten, daß ich mir bei ihm ein bißchen Seife holen kann, wenn ich welche brauche. Das wäre auch für Sie das bequemste. Ich brauche Sie dann nicht immer zu stören.“

„Meinetwegen!“ sagte Emma. „Auf Wiedersehn, Frau Rollet!“

Beim Hinausgehen schüttelte sie sich.

Die Frau begleitete die beiden bis zum Ende des Hofes, wobei sie in einem fort davon sprach, wie beschwerlich es sei, nachts so häufig aufstehen zu müssen. „Manchmal bin ich früh so zerschlagen, daß ich im Sitzen einschlafe. Drum sollten Sie mir ein Pfündchen gemahlenen Kaffee zukommen lassen. Wenn ich ihn früh mit Milch trinke, reiche ich damit vier Wochen.“

Nachdem Frau Bovary die Dankesbeteuerungen der Frau über sich hatte ergehen lassen, verabschiedete sie sich. Aber kaum war sie mit ihrem Begleiter ein Stück auf dem Fußwege gegangen, als sie das Klappern von Holzpantoffeln hinter sich vernahm. Sie drehte sich um. Es war die Amme.

„Was wollen Sie noch?“

Die Frau zog Emma bis hinter eine Ulme beiseite und fing an, von ihrem Manne zu erzählen. „Bei seinem Handwerke und seinen sechs Franken Pension im Jahre ...“

„Machen Sie rasch!“ unterbrach Emma ihren Wortschwall.

„Ach, liebste Frau Doktor,“ fuhr die Frau fort, indem sie zwischen jedes ihrer Worte einen Seufzer schob, „ich habe Angst, er wird böse, wenn er sieht, daß ich allein für mich Kaffee trinke. Sie wissen, wie die Männer sind ...“

„Sie sollen ja welchen haben, ich will Ihnen ja welchen schicken! Sie langweilen mich.“

„Ach, meine liebe, gute Frau Doktor, 's ist ja bloß für die schrecklichen Brustschmerzen, die er immer von wegen der alten Wunde kriegt. Der Apfelwein bekommt ihm gar nicht gut ...“

„Na, was wollen Sie denn noch?“ fragte Emma.

„Wenn es also,“ fuhr die Frau fort, indem sie einen Knicks machte, „wenn es also nicht zuviel verlangt ist ...“ Sie machte abermals einen tiefen Knicks. „Wenn Sie so gut sein wollen ...“

Ihre Augen bettelten gottsjämmerlich. Endlich bekam sie es heraus:

„Ein Bullchen Branntwein! Ich könnte damit auch die Füße Ihrer Kleinen ein bißchen einreiben. Sie sind so riesig zart ...“

Nachdem sich Emma endlich von der Frau losgemacht hatte, nahm sie Leos Arm. Eine Zeitlang schritten sie flott vorwärts. Dann wurde sie langsamer, und Emmas Blick, der bisher geradeaus gegangen war, glitt über die Schulter ihres Begleiters. Er hatte einen schwarzen Samtkragen auf seinem Rocke, auf den sein kastanienbraunes wohlgepflegtes Haar schlicht herabwallte. Die Nägel an seiner Hand fielen ihr auf; sie waren länger, als man sie in Yonville sonst trug. Ihre Pflege war eine der Hauptbeschäftigungen des Adjunkten; er besaß dazu besondre Instrumente, die er in seinem Schreibtische aufbewahrte.

Am Ufer des Baches gingen sie nach dem Städtchen zurück. Jetzt in der heißen Jahreszeit war der Wasserstand so niedrig, daß man drüben die Gartenmauern bis auf ihre Grundlage sehen konnte. Von den Gartenpforten führten kleine Treppen in das Wasser. Es floß lautlos und rasch dahin, Kühle verbreitend. Hohe, dünne Gräser neigten sich zur klaren Flut und ließen sich von der Strömung treiben; das sah aus wie ausgelöstes, langes, grünes Haar. Hin und wieder liefen oder schliefen Insekten auf den Spitzen der Binsen und auf den Blättern der Wasserrosen. In den kleinen blauen Wellen, im Zerfließen schon wieder neugeboren, glitzerte die Sonne. Die verschnittenen alten Weiden spiegelten ihre grauen Stämme auf dem Wasser. Und hüben die weiten Wiesen lagen so verlassen ...

Es war die Stunde, da man in den Gutshöfen zu Mittag ißt. Die junge Frau und ihr Begleiter vernahmen jetzt nichts als den Klang ihrer eignen Tritte auf dem harten Pfade und die Worte, die sie redeten, und das leise Rascheln von Emmas Kleid.

Die oben mit Glasscherben bespickten Gartenmauern, an denen sie nach Überschreitung eines Stegs hingingen, glühten wie die Scheiben eines Treibhauses. Zwischen den Steinen sprossen Mauerblumen. Im Vorübergehen stieß Frau Bovary mit dem Rande ihres Sonnenschirmes an die welken Blüten; gelber Staub rieselte herab. Ab und zu streifte eine überhängende Jelänger-jelieber- oder Klematis-Ranke die Seide ihres Schirmes und blieb einen Augenblick in den Spitzen hängen.

Sie plauderten von einer Truppe spanischer Tänzer, die demnächst im Rouener Theater gastieren sollte.

„Werden Sie hinfahren?“ fragte Emma.

„Wenn ich kann, ja!“

Hatten sie sich wirklich nichts andres zu sagen? Ihre Augen sprachen eine viel ernstere Sprache, und während sie sich mit so banalen Redensarten abquälten, fühlten sie sich alle beide im Banne der nämlichen schwülen Sehnsucht. Ein leiser, seelentiefer Unterton dominierte heimlich ohne Unterlaß in ihrem oberflächlichen Gespräch. Betroffen von diesem ungewohnten süßen Zauber, dachten sie aber gar nicht daran, einander ihre Empfindungen zu offenbaren oder ihnen auf den Grund zu gehen. Künftiges Glück ist wie ein tropisches Gestade: es sendet weit über den Ozean, der noch dazwischen liegt, seinen lauen Erdgeruch herüber, balsamischen Duft, von dem man sich berauschen läßt, ohne den Horizont nach dem Woher zu fragen.

An einer Stelle des Weges stand Regenwasser in den Wagengeleisen und Hufspuren; man mußte ein paar große moosbewachsene Steine, die Inseln in diesem Morast bildeten, begehen. Auf jedem blieb Emma eine Weile stehen, um zu erspähen, wohin sie den nächsten Schritt zu machen hatte. Wenn der Stein wackelte, zog sie die Ellbogen hoch und beugte sich vornüber. Aber bei aller Hilflosigkeit und Angst, in den Tümpel zu treten, lachte sie doch.

Vor ihrem Garten angelangt, stieß Frau Bovary die kleine Pforte auf, stieg die Stufen hinauf und verschwand. Leo begab sich in seine Kanzlei. Der Notar war abwesend. Der Adjunkt blätterte in einem Aktenhefte, schnitt sich eine Feder zurecht, schließlich ergriff er aber seinen Hut und ging wieder. Er stieg die Höhe von Argueil ein Stück hinauf, nach dem „Futterplatz“ am Waldrande. Dort legte er sich unter eine Tanne und starrte in das Himmelsblau, die Hände locker über den Augen.

„Ach, ist das langweilig! Ist das langweilig!“ seufzte er.

Er fand das Dasein in diesem Neste jammervoll, mit Homais als Freund und Guillaumin als Chef. Dem letzteren, diesem gräßlichen Kanzleimenschen mit seiner goldnen Brille, seinem roten Backenbart, seiner ewigen weißen Krawatte, dem mangelte auch der geringste Sinn für höhere Dinge. Es war nur in der ersten Zeit gewesen, daß er dem Adjunkten mit seinen formellen Diplomatenmanieren imponiert hatte. Wen gab es weiter in Yonville? Die Frau des Apothekers. Die war weit und breit die beste Gattin, sanft wie ein Lamm, brav und treu zu Kindern, Vater, Mutter, Vettern und Basen. Keinen Menschen konnte sie leiden sehen, und in der Wirtschaft ließ sie alles drunter und drüber gehn. Sie war eine Feindin des Korsetts, sah sehr gewöhnlich aus und war in ihrer Unterhaltung höchst beschränkt. Alles in allem war sie eine ebenso harmlose wie langweilige Dame. Obgleich sie dreißig Jahre alt war und er zwanzig, obwohl er Tür an Tür mit ihr schlief und obgleich er täglich mit ihr sprach, war es ihm doch noch nie in den Sinn gekommen, daß sie irgendjemandes Frau sein könne und mit ihren Geschlechtsgenossinnen mehr gemeinsam habe als die Röcke.

Und wen gab es außerdem noch? Den Steuereinnehmer Binet, ein paar Kaufleute, zwei oder drei Kneipwirte, den Pfaffen, dann den Bürgermeister Tüvache und seine beiden Söhne, großprotzige, mürrische, stumpfsinnige Kerle, die ihre Äcker selber pflügten, unter sich Gelage veranstalteten, scheinheilige Duckmäuser, mit denen zu verkehren glatt unmöglich war.

Von dieser Masse alltäglicher Leute hob sich Emmas Gestalt ab, einsam und doch unerreichbar. Ihm wenigstens war es, als lägen tiefe Abgründe zwischen ihr und ihm. In der ersten Zeit hatte er Bovarys hin und wieder zusammen mit Homais besucht, aber er hatte die Empfindung, als sei der Arzt durchaus nicht davon erbaut, ihn bei sich zu sehen, und so schwebte Leo immer zwischen der Furcht, für aufdringlich gehalten zu werden, und dem Verlangen nach einem vertraulichen Umgang, der ihm so gut wie unmöglich schien.