Flaubert | Madame Bovary | 19 | Peu à peu, ces craintes / Gradually Rodolphe’s fears / Allmählich machten Rudolfs Befürchtungen

 

X

Peu à peu, ces craintes de Rodolphe la gagnèrent. L’amour l’avait enivrée d’abord, et elle n’avait songé à rien au delà. Mais, à présent qu’il était indispensable à sa vie, elle craignait d’en perdre quelque chose, ou même qu’il ne fût troublé. Quand elle s’en revenait de chez lui, elle jetait tout alentour des regards inquiets, épiant chaque forme qui passait à l’horizon et chaque lucarne du village d’où l’on pouvait l’apercevoir. Elle écoutait les pas, les cris, le bruit des charrues ; et elle s’arrêtait plus blême et plus tremblante que les feuilles des peupliers qui se balançaient sur sa tête.

Un matin, qu’elle s’en retournait ainsi, elle crut distinguer tout à coup le long canon d’une carabine qui semblait la tenir en joue. Il dépassait obliquement le bord d’un petit tonneau, à demi enfoui entre les herbes, sur la marge d’un fossé. Emma, prête à défaillir de terreur, avança cependant, et un homme sortit du tonneau, comme ces diables à boudin qui se dressent du fond des boîtes. Il avait des guêtres bouclées jusqu’aux genoux, sa casquette enfoncée jusqu’aux yeux, les lèvres grelottantes et le nez rouge. C’était le capitaine Binet, à l’affût des canards sauvages.

— Vous auriez dû parler de loin ! s’écria-t-il. Quand on aperçoit un fusil, il faut toujours avertir.

Le percepteur, par là, tâchait de dissimuler la crainte qu’il venait d’avoir ; car, un arrêté préfectoral ayant interdit la chasse aux canards autrement qu’en bateau, M. Binet, malgré son respect pour les lois, se trouvait en contravention. Aussi croyait-il à chaque minute entendre arriver le garde champêtre. Mais cette inquiétude irritait son plaisir, et, tout seul dans son tonneau, il s’applaudissait de son bonheur et de sa malice.

À la vue d’Emma, il parut soulagé d’un grand poids, et aussitôt, entamant la conversation :

— Il ne fait pas chaud, ça pique !

Emma ne répondit rien. Il poursuivit :

— Et vous voilà sortie de bien bonne heure ?

— Oui, dit-elle en balbutiant ; je viens de chez la nourrice où est mon enfant.

— Ah ! fort bien ! fort bien ! Quant à moi, tel que vous me voyez, dès la pointe du jour je suis là ; mais le temps est si crassineux, qu’à moins d’avoir la plume juste au bout…

— Bonsoir, monsieur Binet, interrompit-elle en lui tournant les talons.

— Serviteur, madame, reprit-il d’un ton sec.

Et il rentra dans son tonneau.

Emma se repentit d’avoir quitté si brusquement le percepteur. Sans doute, il allait faire des conjectures défavorables. L’histoire de la nourrice était la pire excuse, tout le monde sachant bien à Yonville que la petite Bovary, depuis un an, était revenue chez ses parents. D’ailleurs, personne n’habitait aux environs ; ce chemin ne conduisait qu’à la Huchette ; Binet donc avait deviné d’où elle venait, et il ne se tairait pas, il bavarderait, c’était certain ! Elle resta jusqu’au soir à se torturer l’esprit dans tous les projets de mensonges imaginables, et ayant sans cesse devant les yeux cet imbécile à carnassière.

Charles, après le dîner, la voyant soucieuse, voulut, par distraction, la conduire chez le pharmacien ; et la première personne qu’elle aperçut dans la pharmacie, ce fut encore lui, le percepteur ! Il était debout devant le comptoir, éclairé par la lumière du bocal rouge, et il disait :

— Donnez-moi, je vous prie, une demi-once de vitriol.

— Justin, cria l’apothicaire, apporte-nous l’acide sulfurique.

Puis, à Emma, qui voulait monter dans l’appartement de Mme Homais :

— Non, restez, ce n’est pas la peine, elle va descendre. Chauffez-vous au poêle en attendant… Excusez-moi… Bonjour, docteur (car le pharmacien se plaisait beaucoup à prononcer ce mot docteur, comme si en l’adressant à un autre, il eût fait rejaillir sur lui-même quelque chose de la pompe qu’il y trouvait)… Mais prends garde de renverser les mortiers ! va plutôt chercher les chaises de la petite salle ; tu sais bien qu’on ne dérange pas les fauteuils du salon.

Et, pour remettre en place son fauteuil, Homais se précipitait hors du comptoir, quand Binet lui demanda une demi-once d’acide de sucre.

— Acide de sucre ? fit le pharmacien dédaigneusement. Je ne connais pas, j’ignore ! Vous voulez peut-être de l’acide oxalique ? C’est oxalique, n’est-il pas vrai ?

Binet expliqua qu’il avait besoin d’un mordant pour composer lui-même une eau de cuivre avec quoi dérouiller diverses garnitures de chasse. Emma tressaillit. Le pharmacien se mit à dire :

— En effet, le temps n’est pas propice, à cause de l’humidité.

— Cependant, reprit le percepteur d’un air finaud, il y a des personnes qui s’en arrangent.

Elle étouffait.

— Donnez-moi encore…

— Il ne s’en ira donc jamais ! pensait-elle.

— Une demi-once d’arcanson et de térébenthine, quatre onces de cire jaune, et trois demi-onces de noir animal, s’il vous plaît, pour nettoyer les cuirs vernis de mon équipement.

L’apothicaire commençait à tailler de la cire, quand Mme Homais parut avec Irma dans ses bras, Napoléon à ses côtés et Athalie qui la suivait. Elle alla s’asseoir sur le banc de velours contre la fenêtre, et le gamin s’accroupit sur un tabouret, tandis que sa sœur aînée rôdait autour de la boîte à jujube, près de son petit papa. Celui-ci emplissait des entonnoirs et bouchait des flacons, il collait des étiquettes, il confectionnait des paquets. On se taisait autour de lui ; et l’on entendait seulement de temps à autre tinter les poids dans les balances, avec quelques paroles basses du pharmacien donnant des conseils à son élève.

— Comment va votre jeune personne ? demanda tout à coup Mme Homais.

— Silence ! exclama son mari, qui écrivait des chiffres sur le cahier de brouillons.

— Pourquoi ne l’avez-vous pas amenée ? reprit-elle à demi-voix.

— Chut ! chut ! fit Emma en désignant du doigt l’apothicaire.

Mais Binet, tout entier à la lecture de l’addition, n’avait rien entendu probablement. Enfin il sortit. Alors Emma, débarrassée, poussa un grand soupir.

— Comme vous respirez fort ! dit Mme Homais.

— Ah ! c’est qu’il fait un peu chaud, répondit-elle.

Ils avisèrent donc, le lendemain, à organiser leurs rendez-vous ; Emma voulait corrompre sa servante par un cadeau ; mais il eût mieux valu découvrir à Yonville quelque maison discrète. Rodolphe promit d’en chercher une.

Pendant tout l’hiver, trois ou quatre fois la semaine, à la nuit noire, il arrivait dans le jardin. Emma, tout exprès, avait retiré la clef de la barrière, que Charles crut perdue.

Pour l’avertir, Rodolphe jetait contre les persiennes une poignée de sable. Elle se levait en sursaut ; mais quelquefois il lui fallait attendre, car Charles avait la manie de bavarder au coin du feu, et il n’en finissait pas. Elle se dévorait d’impatience ; si ses yeux l’avaient pu, ils l’eussent fait sauter par les fenêtres. Enfin, elle commençait sa toilette de nuit ; puis, elle prenait un livre et continuait à lire fort tranquillement, comme si la lecture l’eût amusée. Mais Charles, qui était au lit, l’appelait pour se coucher.

— Viens donc, Emma, disait-il, il est temps.

— Oui, j’y vais ! répondait-elle.

Cependant, comme les bougies l’éblouissaient, il se tournait vers le mur et s’endormait. Elle s’échappait en retenant son haleine, souriante, palpitante, déshabillée.

Rodolphe avait un grand manteau ; il l’en enveloppait tout entière, et, passant le bras autour de sa taille, il l’entraînait sans parler jusqu’au fond du jardin.

C’était sous la tonnelle, sur ce même banc de bâtons pourris où autrefois Léon la regardait si amoureusement, durant les soirs d’été. Elle ne pensait guère à lui maintenant.

Les étoiles brillaient à travers les branches du jasmin sans feuilles. Ils entendaient derrière eux la rivière qui coulait, et, de temps à autre, sur la berge, le claquement des roseaux secs. Des massifs d’ombre, çà et là, se bombaient dans l’obscurité, et parfois, frissonnant tous d’un seul mouvement, ils se dressaient et se penchaient comme d’immenses vagues noires qui se fussent avancées pour les recouvrir. Le froid de la nuit les faisait s’étreindre davantage ; les soupirs de leurs lèvres leur semblaient plus forts ; leurs yeux, qu’ils entrevoyaient à peine, leur paraissaient plus grands, et, au milieu du silence, il y avait des paroles dites tout bas qui tombaient sur leur âme avec une sonorité cristalline et qui s’y répercutaient en vibrations multipliées.

Lorsque la nuit était pluvieuse, ils s’allaient réfugier dans le cabinet aux consultations, entre le hangar et l’écurie. Elle allumait un des flambeaux de la cuisine, qu’elle avait caché derrière les livres. Rodolphe s’installait là comme chez lui. La vue de la bibliothèque et du bureau, de tout l’appartement enfin, excitait sa gaieté ; et il ne pouvait se retenir de faire sur Charles quantité de plaisanteries qui embarrassaient Emma. Elle eût désiré le voir plus sérieux, et même plus dramatique à l’occasion, comme cette fois où elle crut entendre dans l’allée un bruit de pas qui s’approchaient.

— On vient ! dit-elle.

Il souffla la lumière.

— As-tu tes pistolets ?

— Pourquoi ?

— Mais… pour te défendre, reprit Emma.

— Est-ce de ton mari ? Ah ! le pauvre garçon !

Et Rodolphe acheva sa phrase avec un geste qui signifiait : « Je l’écraserais d’une chiquenaude. »

Elle fut ébahie de sa bravoure, bien qu’elle y sentît une sorte d’indélicatesse et de grossièreté naïve qui la scandalisa.

Rodolphe réfléchit beaucoup à cette histoire de pistolets. Si elle avait parlé sérieusement, cela était fort ridicule, pensait-il, odieux même, car il n’avait, lui, aucune raison de haïr ce bon Charles, n’étant pas ce qui s’appelle dévoré de jalousie ; — et, à ce propos, Emma lui avait fait un grand serment qu’il ne trouvait pas non plus du meilleur goût.

D’ailleurs, elle devenait bien sentimentale. Il avait fallu échanger des miniatures, on s’était coupé des poignées de cheveux, et elle demandait à présent une bague, un véritable anneau de mariage, en signe d’alliance éternelle. Souvent elle lui parlait des cloches du soir ou des voix de la nature ; puis elle l’entretenait de sa mère, à elle, et de sa mère, à lui. Rodolphe l’avait perdue depuis vingt ans. Emma, néanmoins, l’en consolait avec des mièvreries de langage, comme on eût fait à un marmot abandonné, et même lui disait quelquefois, en regardant la lune :

— Je suis sûre que là-haut, ensemble, elles approuvent notre amour.

Mais elle était si jolie ! il en avait possédé si peu d’une candeur pareille ! Cet amour sans libertinage était pour lui quelque chose de nouveau, et qui, le sortant de ses habitudes faciles, caressait à la fois son orgueil et sa sensualité. L’exaltation d’Emma, que son bon sens bourgeois dédaignait, lui semblait au fond du cœur charmante, puisqu’elle s’adressait à sa personne. Alors, sûr d’être aimé, il ne se gêna pas, et insensiblement ses façons changèrent.

Il n’avait plus, comme autrefois, de ces mots si doux qui la faisaient pleurer, ni de ces véhémentes caresses qui la rendaient folle ; si bien que leur grand amour, où elle vivait plongée, parut se diminuer sous elle, comme l’eau d’un fleuve qui s’absorberait dans son lit, et elle aperçut la vase. Elle n’y voulut pas croire ; elle redoubla de tendresse ; et Rodolphe, de moins en moins, cacha son indifférence.

Elle ne savait pas si elle regrettait de lui avoir cédé, ou si elle ne souhaitait point, au contraire, le chérir davantage. L’humiliation de se sentir faible se tournait en une rancune que les voluptés tempéraient. Ce n’était pas de l’attachement, c’était comme une séduction permanente. Il la subjuguait. Elle en avait presque peur.

Les apparences, néanmoins, étaient plus calmes que jamais, Rodolphe ayant réussi à conduire l’adultère selon sa fantaisie ; et, au bout de six mois, quand le printemps arriva, ils se trouvaient, l’un vis-à-vis de l’autre, comme deux mariés qui entretiennent tranquillement une flamme domestique.

C’était l’époque où le père Rouault envoyait son dinde, en souvenir de sa jambe remise. Le cadeau arrivait toujours avec une lettre. Emma coupa la corde qui la retenait au panier, et lut les lignes suivantes :

« Mes chèrs Enfants,
« J’espère que la présente vous trouvera en bonne santé et que celui-là vaudra bien les autres ; car il me semble un peu plus mollet, si j’ose dire, et plus massif. Mais, la prochaine fois, par changement, je vous donnerai un coq, à moins que vous ne teniez de préférence aux picots ; et renvoyez-moi la bourriche, s’il vous plaît, avec les deux anciennes. J’ai eu un malheur à ma charretterie, dont la couverture, une nuit qu’il ventait fort, s’est envolée dans les arbres. La récolte non plus n’a pas été trop fameuse. Enfin, je ne sais pas quand j’irai vous voir. Ça m’est tellement difficile de quitter maintenant la maison, depuis que je suis seul, ma pauvre Emma ! »

Et il y avait ici un intervalle entre les lignes, comme si le bonhomme eût laissé tomber sa plume pour rêver quelque temps.

« Quant à moi, je vais bien, sauf un rhume que j’ai attrapé l’autre jour à la foire d’Yvetot, où j’étais parti pour retenir un berger, ayant mis le mien dehors, par suite de sa trop grande délicatesse de bouche. Comme on est à plaindre avec tous ces brigands-là ! Du reste, c’était aussi un malhonnête.

« J’ai appris d’un colporteur qui, voyageant cet hiver par votre pays, s’est fait arracher une dent, que Bovary travaillait toujours dur. Ça ne m’étonne pas, et il m’a montré sa dent ; nous avons pris un café ensemble. Je lui ai demandé s’il t’avait vue, il m’a dit que non, mais qu’il avait vu dans l’écurie deux animaux, d’où je conclus que le métier roule. Tant mieux, mes chers enfants, et que le bon Dieu vous envoie tout le bonheur imaginable.

« Il me fait deuil de ne pas connaître encore ma bien-aimée petite-fille Berthe Bovary. J’ai planté pour elle, dans le jardin, sous ta chambre, un prunier de prunes d’avoine, et je ne veux pas qu’on y touche, si ce n’est pour lui faire plus tard des compotes, que je garderai dans l’armoire, à son intention, quand elle viendra.

« Adieu, mes chers enfants. Je t’embrasse, ma fille ; vous aussi, mon gendre, et la petite, sur les deux joues.

« Je suis, avec bien des compliments,
« Votre tendre père,
« Théodore Rouault. »
Elle resta quelques minutes à tenir entre ses doigts ce gros papier. Les fautes d’orthographe s’y enlaçaient les unes aux autres, et Emma poursuivait la pensée douce qui caquetait tout au travers comme une poule à demi cachée dans une haie d’épines. On avait séché l’écriture avec les cendres du foyer, car un peu de poussière grise glissa de la lettre sur sa robe, et elle crut presque apercevoir son père se courbant vers l’âtre pour saisir les pincettes. Comme il y avait longtemps qu’elle n’était plus auprès de lui, sur l’escabeau, dans la cheminée, quand elle faisait brûler le bout d’un bâton à la grande flamme des joncs marins qui pétillaient !… Elle se rappela des soirs d’été tout pleins de soleil. Les poulains hennissaient quand on passait, et galopaient, galopaient… Il y avait sous sa fenêtre une ruche à miel, et quelquefois les abeilles, tournoyant dans la lumière, frappaient contre les carreaux comme des balles d’or rebondissantes. Quel bonheur dans ce temps-là ! quelle liberté ! quel espoir ! quelle abondance d’illusions ! Il n’en restait plus maintenant ! Elle en avait dépensé à toutes les aventures de son âme, par toutes les conditions successives, dans la virginité, dans le mariage et dans l’amour ; — les perdant ainsi continuellement le long de sa vie, comme un voyageur qui laisse quelque chose de sa richesse à toutes les auberges de la route.

Mais qui donc la rendait si malheureuse ? où était la catastrophe extraordinaire qui l’avait bouleversée ? Et elle releva la tête, regardant autour d’elle, comme pour chercher la cause de ce qui la faisait souffrir.

Un rayon d’avril chatoyait sur les porcelaines de l’étagère ; le feu brûlait ; elle sentait sous ses pantoufles la douceur du tapis ; le jour était blanc, l’atmosphère tiède, et elle entendit son enfant qui poussait des éclats de rire.

En effet, la petite fille se roulait alors sur le gazon, au milieu de l’herbe qu’on fanait. Elle était couchée à plat ventre, au haut d’une meule. Sa bonne la retenait par la jupe. Lestiboudois ratissait à côté, et, chaque fois qu’il s’approchait, elle se penchait en battant l’air de ses deux bras.

— Amenez-la-moi ! dit sa mère se précipitant pour l’embrasser. Comme je t’aime, ma pauvre enfant ! comme je t’aime !

Puis, s’apercevant qu’elle avait le bout des oreilles un peu sale, elle sonna vite pour avoir de l’eau chaude, et la nettoya, la changea de linge, de bas, de souliers, fit mille questions sur sa santé, comme au retour d’un voyage, et enfin, la baisant encore et pleurant un peu, elle la remit aux mains de la domestique, qui restait fort ébahie devant cet excès de tendresse.

Rodolphe, le soir, la trouva plus sérieuse que d’habitude.

— Cela se passera, jugea-t-il, c’est un caprice.

Et il manqua consécutivement à trois rendez-vous. Quand il revint, elle se montra froide et presque dédaigneuse.

— Ah ! tu perds ton temps, ma mignonne…

Et il eut l’air de ne point remarquer ses soupirs mélancoliques, ni le mouchoir qu’elle tirait.

C’est alors qu’Emma se repentit !

Elle se demanda même pourquoi donc elle exécrait Charles, et s’il n’eût pas été meilleur de le pouvoir aimer. Mais il n’offrait pas grande prise à ces retours du sentiment, si bien qu’elle demeurait fort embarrassée dans sa velléité de sacrifice, lorsque l’apothicaire vint à propos lui fournir une occasion.

Chapter Ten

Gradually Rodolphe’s fears took possession of her. At first, love had intoxicated her; and she had thought of nothing beyond. But now that he was indispensable to her life, she feared to lose anything of this, or even that it should be disturbed. When she came back from his house she looked all about her, anxiously watching every form that passed in the horizon, and every village window from which she could be seen. She listened for steps, cries, the noise of the ploughs, and she stopped short, white, and trembling more than the aspen leaves swaying overhead.

One morning as she was thus returning, she suddenly thought she saw the long barrel of a carbine that seemed to be aimed at her. It stuck out sideways from the end of a small tub half-buried in the grass on the edge of a ditch. Emma, half-fainting with terror, nevertheless walked on, and a man stepped out of the tub like a Jack-in-the-box. He had gaiters buckled up to the knees, his cap pulled down over his eyes, trembling lips, and a red nose. It was Captain Binet lying in ambush for wild ducks.

“You ought to have called out long ago!” he exclaimed; “When one sees a gun, one should always give warning.”

The tax-collector was thus trying to hide the fright he had had, for a prefectorial order having prohibited duckhunting except in boats, Monsieur Binet, despite his respect for the laws, was infringing them, and so he every moment expected to see the rural guard turn up. But this anxiety whetted his pleasure, and, all alone in his tub, he congratulated himself on his luck and on his cuteness. At sight of Emma he seemed relieved from a great weight, and at once entered upon a conversation.

“It isn’t warm; it’s nipping.”

Emma answered nothing. He went on —

“And you’re out so early?”

“Yes,” she said stammering; “I am just coming from the nurse where my child is.”

“Ah! very good! very good! For myself, I am here, just as you see me, since break of day; but the weather is so muggy, that unless one had the bird at the mouth of the gun —”

“Good evening, Monsieur Binet,” she interrupted him, turning on her heel.

“Your servant, madame,” he replied drily; and he went back into his tub.

Emma regretted having left the tax-collector so abruptly. No doubt he would form unfavourable conjectures. The story about the nurse was the worst possible excuse, everyone at Yonville knowing that the little Bovary had been at home with her parents for a year. Besides, no one was living in this direction; this path led only to La Huchette. Binet, then, would guess whence she came, and he would not keep silence; he would talk, that was certain. She remained until evening racking her brain with every conceivable lying project, and had constantly before her eyes that imbecile with the game-bag.

Charles after dinner, seeing her gloomy, proposed, by way of distraction, to take her to the chemist’s, and the first person she caught sight of in the shop was the taxcollector again. He was standing in front of the counter, lit up by the gleams of the red bottle, and was saying —

“Please give me half an ounce of vitriol.”

“Justin,” cried the druggist, “bring us the sulphuric acid.” Then to Emma, who was going up to Madame Homais’ room, “No, stay here; it isn’t worth while going up; she is just coming down. Warm yourself at the stove in the meantime. Excuse me. Good-day, doctor,” (for the chemist much enjoyed pronouncing the word “doctor,” as if addressing another by it reflected on himself some of the grandeur that he found in it). “Now, take care not to upset the mortars! You’d better fetch some chairs from the little room; you know very well that the arm-chairs are not to be taken out of the drawing-room.”

And to put his arm-chair back in its place he was darting away from the counter, when Binet asked him for half an ounce of sugar acid.

“Sugar acid!” said the chemist contemptuously, “don’t know it; I’m ignorant of it! But perhaps you want oxalic acid. It is oxalic acid, isn’t it?”

Binet explained that he wanted a corrosive to make himself some copperwater with which to remove rust from his hunting things.

Emma shuddered. The chemist began saying —

“Indeed the weather is not propitious on account of the damp.”

“Nevertheless,” replied the tax-collector, with a sly look, “there are people who like it.”

She was stifling.

“And give me —”

“Will he never go?” thought she.

“Half an ounce of resin and turpentine, four ounces of yellow wax, and three half ounces of animal charcoal, if you please, to clean the varnished leather of my togs.”

The druggist was beginning to cut the wax when Madame Homais appeared, Irma in her arms, Napoleon by her side, and Athalie following. She sat down on the velvet seat by the window, and the lad squatted down on a footstool, while his eldest sister hovered round the jujube box near her papa. The latter was filling funnels and corking phials, sticking on labels, making up parcels. Around him all were silent; only from time to time, were heard the weights jingling in the balance, and a few low words from the chemist giving directions to his pupil.

“And how’s the little woman?” suddenly asked Madame Homais.

“Silence!” exclaimed her husband, who was writing down some figures in his waste-book.

“Why didn’t you bring her?” she went on in a low voice.

“Hush! hush!” said Emma, pointing with her finger to the druggist.

But Binet, quite absorbed in looking over his bill, had probably heard nothing. At last he went out. Then Emma, relieved, uttered a deep sigh.

“How hard you are breathing!” said Madame Homais.

“Well, you see, it’s rather warm,” she replied.

So the next day they talked over how to arrange their rendezvous. Emma wanted to bribe her servant with a present, but it would be better to find some safe house at Yonville. Rodolphe promised to look for one.

All through the winter, three or four times a week, in the dead of night he came to the garden. Emma had on purpose taken away the key of the gate, which Charles thought lost.

To call her, Rodolphe threw a sprinkle of sand at the shutters. She jumped up with a start; but sometimes he had to wait, for Charles had a mania for chatting by the fireside, and he would not stop. She was wild with impatience; if her eyes could have done it, she would have hurled him out at the window. At last she would begin to undress, then take up a book, and go on reading very quietly as if the book amused her. But Charles, who was in bed, called to her to come too.

“Come, now, Emma,” he said, “it is time.”

“Yes, I am coming,” she answered.

Then, as the candles dazzled him; he turned to the wall and fell asleep. She escaped, smiling, palpitating, undressed. Rodolphe had a large cloak; he wrapped her in it, and putting his arm round her waist, he drew her without a word to the end of the garden.

It was in the arbour, on the same seat of old sticks where formerly Leon had looked at her so amorously on the summer evenings. She never thought of him now.

The stars shone through the leafless jasmine branches. Behind them they heard the river flowing, and now and again on the bank the rustling of the dry reeds. Masses of shadow here and there loomed out in the darkness, and sometimes, vibrating with one movement, they rose up and swayed like immense black waves pressing forward to engulf them. The cold of the nights made them clasp closer; the sighs of their lips seemed to them deeper; their eyes that they could hardly see, larger; and in the midst of the silence low words were spoken that fell on their souls sonorous, crystalline, and that reverberated in multiplied vibrations.

When the night was rainy, they took refuge in the consulting-room between the cart-shed and the stable. She lighted one of the kitchen candles that she had hidden behind the books. Rodolphe settled down there as if at home. The sight of the library, of the bureau, of the whole apartment, in fine, excited his merriment, and he could not refrain from making jokes about Charles, which rather embarrassed Emma. She would have liked to see him more serious, and even on occasions more dramatic; as, for example, when she thought she heard a noise of approaching steps in the alley.

“Someone is coming!” she said.

He blew out the light.

“Have you your pistols?”

“Why?”

“Why, to defend yourself,” replied Emma.

“From your husband? Oh, poor devil!” And Rodolphe finished his sentence with a gesture that said, “I could crush him with a flip of my finger.”

She was wonder-stricken at his bravery, although she felt in it a sort of indecency and a naive coarseness that scandalised her.

Rodolphe reflected a good deal on the affair of the pistols. If she had spoken seriously, it was very ridiculous, he thought, even odious; for he had no reason to hate the good Charles, not being what is called devoured by jealousy; and on this subject Emma had taken a great vow that he did not think in the best of taste.

Besides, she was growing very sentimental. She had insisted on exchanging miniatures; they had cut off handfuls of hair, and now she was asking for a ring — a real wedding-ring, in sign of an eternal union. She often spoke to him of the evening chimes, of the voices of nature. Then she talked to him of her mother — hers! and of his mother — his! Rodolphe had lost his twenty years ago. Emma none the less consoled him with caressing words as one would have done a lost child, and she sometimes even said to him, gazing at the moon

“I am sure that above there together they approve of our love.”

But she was so pretty. He had possessed so few women of such ingenuousness. This love without debauchery was a new experience for him, and, drawing him out of his lazy habits, caressed at once his pride and his sensuality. Emma’s enthusiasm, which his bourgeois good sense disdained, seemed to him in his heart of hearts charming, since it was lavished on him. Then, sure of being loved, he no longer kept up appearances, and insensibly his ways changed.

He had no longer, as formerly, words so gentle that they made her cry, nor passionate caresses that made her mad, so that their great love, which engrossed her life, seemed to lessen beneath her like the water of a stream absorbed into its channel, and she could see the bed of it. She would not believe it; she redoubled in tenderness, and Rodolphe concealed his indifference less and less.

She did not know if she regretted having yielded to him, or whether she did not wish, on the contrary, to enjoy him the more. The humiliation of feeling herself weak was turning to rancour, tempered by their voluptuous pleasures. It was not affection; it was like a continual seduction. He subjugated her; she almost feared him.

Appearances, nevertheless, were calmer than ever, Rodolphe having succeeded in carrying out the adultery after his own fancy; and at the end of six months, when the spring-time came, they were to one another like a married couple, tranquilly keeping up a domestic flame.

It was the time of year when old Rouault sent his turkey in remembrance of the setting of his leg. The present always arrived with a letter. Emma cut the string that tied it to the basket, and read the following lines:—

“My Dear Children — I hope this will find you well, and that this one will be as good as the others. For it seems to me a little more tender, if I may venture to say so, and heavier. But next time, for a change, I’ll give you a turkeycock, unless you have a preference for some dabs; and send me back the hamper, if you please, with the two old ones. I have had an accident with my cart-sheds, whose covering flew off one windy night among the trees. The harvest has not been overgood either. Finally, I don’t know when I shall come to see you. It is so difficult now to leave the house since I am alone, my poor Emma.”

Here there was a break in the lines, as if the old fellow had dropped his pen to dream a little while.

“For myself, I am very well, except for a cold I caught the other day at the fair at Yvetot, where I had gone to hire a shepherd, having turned away mine because he was too dainty. How we are to be pitied with such a lot of thieves! Besides, he was also rude. I heard from a pedlar, who, travelling through your part of the country this winter, had a tooth drawn, that Bovary was as usual working hard. That doesn’t surprise me; and he showed me his tooth; we had some coffee together. I asked him if he had seen you, and he said not, but that he had seen two horses in the stables, from which I conclude that business is looking up. So much the better, my dear children, and may God send you every imaginable happiness! It grieves me not yet to have seen my dear little grand-daughter, Berthe Bovary. I have planted an Orleans plum-tree for her in the garden under your room, and I won’t have it touched unless it is to have jam made for her by and bye, that I will keep in the cupboard for her when she comes.

“Good-bye, my dear children. I kiss you, my girl, you too, my son-in-law, and the little one on both cheeks. I am, with best compliments, your loving father.

“Theodore Rouault.”

She held the coarse paper in her fingers for some minutes. The spelling mistakes were interwoven one with the other, and Emma followed the kindly thought that cackled right through it like a hen half hidden in the hedge of thorns. The writing had been dried with ashes from the hearth, for a little grey powder slipped from the letter on to her dress, and she almost thought she saw her father bending over the hearth to take up the tongs. How long since she had been with him, sitting on the footstool in the chimney-corner, where she used to burn the end of a bit of wood in the great flame of the sea-sedges! She remembered the summer evenings all full of sunshine. The colts neighed when anyone passed by, and galloped, galloped. Under her window there was a beehive, and sometimes the bees wheeling round in the light struck against her window like rebounding balls of gold. What happiness there had been at that time, what freedom, what hope! What an abundance of illusions! Nothing was left of them now. She had got rid of them all in her soul’s life, in all her successive conditions of lifemaidenhood, her marriage, and her love — thus constantly losing them all her life through, like a traveller who leaves something of his wealth at every inn along his road.

But what then, made her so unhappy? What was the extraordinary catastrophe that had transformed her? And she raised her head, looking round as if to seek the cause of that which made her suffer.

An April ray was dancing on the china of the whatnot; the fire burned; beneath her slippers she felt the softness of the carpet; the day was bright, the air warm, and she heard her child shouting with laughter.

In fact, the little girl was just then rolling on the lawn in the midst of the grass that was being turned. She was lying flat on her stomach at the top of a rick. The servant was holding her by her skirt. Lestiboudois was raking by her side, and every time he came near she lent forward, beating the air with both her arms.

“Bring her to me,” said her mother, rushing to embrace her. “How I love you, my poor child! How I love you!”

Then noticing that the tips of her ears were rather dirty, she rang at once for warm water, and washed her, changed her linen, her stockings, her shoes, asked a thousand questions about her health, as if on the return from a long journey, and finally, kissing her again and crying a little, she gave her back to the servant, who stood quite thunderstricken at this excess of tenderness.

That evening Rodolphe found her more serious than usual.

“That will pass over,” he concluded; “it’s a whim:”

And he missed three rendezvous running. When he did come, she showed herself cold and almost contemptuous.

“Ah! you’re losing your time, my lady!”

And he pretended not to notice her melancholy sighs, nor the handkerchief she took out.

Then Emma repented. She even asked herself why she detested Charles; if it had not been better to have been able to love him? But he gave her no opportunities for such a revival of sentiment, so that she was much embarrassed by her desire for sacrifice, when the druggist came just in time to provide her with an opportunity.

Zehntes Kapitel

Allmählich machten Rudolfs Befürchtungen auf Emma Eindruck. Zuerst hatte die Liebe sie berauscht, und so hatte sie an nichts andres gedacht. Jetzt aber, da ihr diese Liebe zu einer Lebensbedingung geworden war, erwachte die Furcht in ihr, es könne ihr etwas davon verloren gehen oder man könne sie ihr gar stören. Wenn sie von dem Geliebten wieder heimging, hielt sie mit rastlosen Blicken Umschau; sie spähte nach allem, was sich im Gesichtskreise regte, sie suchte die Häuser des Ortes bis hinauf in die Dachluken ab, ob jemand sie beobachte. Sie lauschte auf jedes Geräusch, jeden Tritt, jedes Rädergeknarr. Manchmal blieb sie stehen, blasser und zittriger als das Laub der Pappeln, die sich über ihrem Haupte wiegten.

Eines Morgens, auf dem Heimwege, erblickte sie mit einem Male den Lauf eines Gewehrs auf sich gerichtet. Es ragte schräg über den oberen Rand einer Tonne hervor, die zur Hälfte in einem Graben stand und vom Gebüsch verdeckt wurde. Vor Schreck halb ohnmächtig ging Emma dennoch weiter. Da tauchte ein Mann aus der Tonne wie ein Springteufel aus seinem Kasten. Er trug Wickelgamaschen bis an die Knie, und die Mütze hatte er tief ins Gesicht hereingezogen, so daß man nur eine rote Nase und bebende Lippen sah. Es war der Feuerwehrhauptmann Binet, der auf dem Anstand lag, um Wildenten zu schießen.

„Sie hätten schon von weitem rufen sollen!“ schrie er ihr zu. „Wenn man ein Gewehr sieht, muß man sich bemerkbar machen!“

Der Steuereinnehmer suchte durch seine Grobheit seine eigene Angst zu bemänteln. Es bestand nämlich eine landrätliche Verordnung, nach der man die Jagd auf Wildenten nur vom Kahne aus betreiben durfte. Bei allem Respekt vor den Gesetzen machte sich also Binet einer Übertretung schuldig. Deshalb schwebte er in steter Furcht, der Landgendarm könne ihn erwischen, und doch fügte die Aufregung seinem Vergnügen einen Reiz mehr zu. Wenn er so einsam in seiner Tonne saß, war er stolz auf sein Jagdglück und seine Schlauheit.

Als er erkannte, daß es Frau Bovary war, fiel ihm ein großer Stein vom Herzen. Er begann sofort ein Gespräch mit ihr.

„Es ist kalt heute! Ordentlich kalt!“

Emma gab keine Antwort. Er fuhr fort:

„Sie sind heute schon zeitig auf den Beinen?“

„Jawohl!“ stotterte sie. „Ich war bei den Leuten, wo mein Kind ist...“

„So so! Na ja! Und ich! So wie Sie mich sehen, sitze ich schon seit Morgengrauen hier. Aber das Wetter ist so ruppig, daß man auch nicht einen Schwanz vor die Flinte kriegt ...“

„Adieu, Herr Binet!“ unterbrach sie ihn und wandte sich kurz von ihm ab.

„Ihr Diener, Frau Bovary!“ sagte er trocken und kroch wieder in seine Tonne.

Emma bereute es, den Steuereinnehmer so unfreundlich stehen gelassen zu haben. Zweifellos hegte er allerlei ihr nachteilige Vermutungen. Auf eine dümmere Ausrede hätte sie auch wirklich nicht verfallen können, denn in ganz Yonville wußte man, daß das Kind schon seit einem Jahre wieder bei den Eltern war. Und sonst wohnte in dieser Richtung kein Mensch. Der Weg führte einzig und allein nach der Hüchette. Somit mußte Binet erraten, wo Emma gewesen war. Sicherlich würde er nicht schweigen, sondern es ausklatschen! Bis zum Abend marterte sie sich ab, alle möglichen Lügen zu ersinnen. Immer stand ihr dieser Idiot mit seiner Jagdtasche vor Augen.

Als Karl nach dem Essen merkte, daß Emma bekümmert war, schlug er ihr vor, zur Zerstreuung mit zu „Apothekers“ zu gehen.

Die erste Person, die sie schon von draußen in der Apotheke im roten Lichte erblickte, war — ausgerechnet — der Steuereinnehmer. Er stand an der Ladentafel und sagte gerade:

„Ich möchte ein Lot Vitriol.“

„Justin,“ schrie der Apotheker, „bring mir mal die Schwefelsäure her!“ Dann wandte er sich zu Frau Bovary, die die Treppe zum Zimmer von Frau Homais hinaufgehen wollte.

„Ach, bleiben Sie nur gleich unten! Meine Frau kommt jeden Augenblick herunter. Wärmen Sie sich inzwischen am Ofen ... Entschuldigen Sie!“ Und zu Bovary sagte er: „Guten Abend, Doktor!“ Der Apotheker pflegte nämlich diesen Titel mit einer gewissen Vorliebe in den Mund zu nehmen, als ob der Glanz, der darauf ruhte, auch auf ihn ein paar Strahlen würfe. „Justin, nimm dich aber in acht und wirf mir die Mörser nicht um! So! Und nun holst du ein paar Stühle aus dem kleinen Zimmer! Aber nicht etwa die Fauteuils aus dem Salon! Verstanden?“

Homais wollte selber zu seinen Fauteuils stürzen, aber Binet bat noch um ein Lot Zuckersäure.

„Zuckersäure?“ fragte der Apotheker eingebildet. „Kenne ich nicht! Gibt es nicht! Sie meinen wahrscheinlich Oxalsäure? Also Oxalsäure, nicht wahr?“

Der Steuereinnehmer setzte ihm auseinander, daß er nach einem selbsterfundenen Rezepte ein Putzwasser herstellen wollte, zur Reinigung von verrostetem Jagdgerät.

Bei dem Wort „Jagd“ schrak Emma zusammen.

Der Apotheker versetzte:

„Gewiß! Bei solch schlechtem Wetter braucht man das!“

„Es gibt aber doch Leute, die es nicht anficht!“ meinte Binet bissig.

Emma bekam keine Luft.

„Und dann möcht ich noch ...“

„Will er denn ewig hier bleiben!“ seufzte sie bei sich.

„... je ein Lot Kolophonium und Terpentin, acht Lot gelbes Wachs und sieben Lot Knochenkohle, bitte! Zum Polieren meines Lederzeugs.“

Der Apotheker wollte gerade das Wachs abschneiden, als seine Frau erschien, die kleine Irma im Arme, Napoleon zur Seite, und Athalia hinterdrein. Sie setzte sich auf die mit Plüsch überzogene Fensterbank. Der Junge lümmelte sich auf einen niedrigen Sessel, während sich seine ältere Schwester am Kasten mit den Malzbonbons zu schaffen machte, in nächster Nähe von „Papachen“, der mit dem Trichter hantierte, die Fläschchen verkorkte, Etiketten darauf klebte und dann alles zu einem Paket verpackte. Um ihn herrschte Schweigen. Man hörte nichts, als von Zeit zu Zeit das Klappern der Gewichte auf der Wage und ein paar leise anordnende Worte, die der Apotheker dem Lehrling erteilte.

„Wie gehts Ihrem Töchterchen?“ fragte plötzlich Frau Homais.

„Ruhe!“ rief ihr Gatte, der den Betrag in das Geschäftsbuch eintrug.

„Warum haben Sies nicht mitgebracht?“ fragte sie weiter.

„Sst! Sst!“ machte Emma und wies mit dem Daumen nach dem Apotheker.

Binet, der in die erhaltene Nota ganz vertieft war, schien nicht darauf gehört zu haben. Endlich ging er. Erleichtert stieß Emma einen lauten Seufzer aus.

„Bißchen asthmatisch?“ bemerkte Frau Homais.

„Ach nein, es ist nur recht heiß hier!“ entgegnete Frau Bovary.

Alles das hatte zur Folge, daß die Liebenden tags darauf beschlossen, ihre Zusammenkünfte anders einzurichten. Emma schlug vor, ihr Hausmädchen ins Vertrauen zu ziehen und durch ein Geschenk mundtot zu machen. Rudolf aber hielt es für besser, in Yonville irgendein stilles Winkelchen ausfindig zu machen. Er versprach, sich darnach umzusehen.

Den ganzen Winter über kam er drei- oder viermal in der Woche bei Anbruch der Nacht in den Garten. Emma hatte ihm den Schlüssel zur Hinterpforte gegeben, während Karl glaubte, er sei verloren gegangen. Zum Zeichen, daß er da war, warf Rudolf jedesmal eine Handvoll Sand gegen die Jalousien. Emma erhob sich daraufhin, aber oft mußte sie noch warten, denn Karl hatte die Angewohnheit, am Kamine zu sitzen und ins Endlose hinein zu plaudern. Emma verging beinahe vor Ungeduld und wünschte ihren Mann wer weiß wohin. Schließlich begann sie ihre Nachttoilette zu machen; dann nahm sie ein Buch zur Hand und tat so, als sei das Buch über alle Maßen fesselnd. Karl ging indessen zu Bett und rief ihr zu, sie solle auch schlafen gehn.

„Komm doch, Emma!“ rief er. „Es ist schon spät!“

„Gleich! Gleich!“ erwiderte sie.

Das Kerzenlicht blendete ihn. Er drehte sich gegen die Wand und schlief ein. Sie schlüpfte hinaus, mit verhaltenem Atem, lächelnd, zitternd, halbnackt.

Rudolf hüllte sie ganz mit hinein in seinen weiten Mantel, schlang die Arme um sie und zog sie wortlos hinter in den Garten, in die Laube, auf die morsche Holzbank, auf der sie dereinst so oft mit Leo gesessen hatte. Das war an Sommerabenden gewesen. Wie verliebt hatten seine Augen geschimmert! Aber jetzt dachte Emma nicht mehr an ihn.

Durch die kahlen Zweige der Jasminbüsche funkelten die Sterne. Hinter dem Paare rauschte der Bach, und hin und wieder knackte am Ufer das vertrocknete hohe Schilf. Manchmal formte es sich im Dunkel zu einem massigen Schatten, der mit einem Male Leben bekam, sich emporrichtete und wieder neigte und wie ein schwarzes Ungetüm auf die beiden zuzukommen schien, um sie zu erdrücken.

In der Kälte der Nacht wurden ihre Umarmungen um so inniger und ihr Liebesgestammel um so inbrünstiger. Ihre Augen, die sie gegenseitig kaum erkennen konnten, erschienen ihnen größer, und in der Stille ringsum bekamen ihre ganz leise geflüsterten Worte einen kristallenen Klang, drangen tief in die Seelen und zitterten in ihnen tausendfach wider.

Wenn die Nacht regnerisch war, flüchteten sie in Karls Sprechzimmer, das zwischen dem Wagenschuppen und dem Pferdestall gelegen war. Emma zündete eine Küchenlampe an, die sie hinter den Büchern bereitgestellt hatte. Rudolf machte sichs bequem, als sei er zu Hause. Der Anblick der „Bibliothek“, des Schreibtisches, der ganzen Einrichtung erregte seine Heiterkeit. Er konnte nicht umhin, über Karl allerhand Witze zu machen, was Emma ungern hörte. Sie hätte ihn viel lieber ernst sehen mögen, ihretwegen theatralischer, wie er es einmal gewesen war, als sie in der Pappelallee das Geräusch von näherkommenden Tritten hinter sich zu vernehmen wähnten.

„Es kommt jemand!“ sagte sie einmal.

Er blies das Licht aus.

„Hast du eine Pistole bei dir?“

„Wozu?“

„Damit du ... dich ... verteidigen kannst!“

„Gegen deinen Mann? Der arme Junge!“ Dazu machte er eine Gebärde, die etwa sagen sollte: „Der mag mir nur kommen!“

Dieser Mut entzückte sie, wenngleich sie die Unzartheit und urwüchsige Roheit heraushörte und darüber entsetzt war.

Rudolf dachte viel über diese kleine Szene nach.

„Wenn das ihr Ernst war,“ sagte er sich, „so war das recht lächerlich, sogar häßlich.“ Er hatte doch wahrlich keinen Anlaß, ihren gutmütigen Mann zu hassen. Sozusagen „von Eifersucht verzehrt“, das war er nicht. Überdies hatte ihm Emma ihre körperliche Treue mit einem feierlichen Eid beteuert, der ihm ziemlich abgeschmackt erschienen war. Überhaupt fing sie an, recht sentimental zu werden. Er hatte Miniaturbildnisse mit ihr tauschen müssen, und sie hatten sich alle beide eine ganze Handvoll Haare für einander abgeschnitten, und jetzt wünschte sie sich sogar einen wirklichen Ehering von ihm, zum Zeichen ewiger Zusammengehörigkeit. Häufig schwärmte sie ihm von den Abendglocken vor oder von den Stimmen der Natur. Oder sie erzählte von ihrer seligen Mutter und wollte von der seinigen etwas wissen. Rudolfs Mutter war schon zwanzig Jahre tot. Trotzdem tröstete ihn Emma mit allerlei Koseworten der Klein-Kindersprache, als ob es gölte, ein Wickelkind zu beruhigen. Mehr als einmal hatte sie, zu den Sternen aufblickend, ausgerufen:

„Ich glaube fest, da droben, unsre beiden Mütter segnen unsre Liebe!“

Aber sie war so hübsch! Und eine so unverdorbene Frau hatte er noch nie besessen. Solch eine Liebschaft ohne Unzüchtigkeiten war ihm, der das Verdorbenste kannte, etwas ganz Neues, das seinen Mannesstolz und seine Sinnlichkeit verführerisch umschmeichelte. Selbst Emmas Überschwenglichkeiten, so zuwider sie einem Naturmenschen wie ihm waren, fand er bei näherer Betrachtung reizend, da sie doch ihm galten. Aber weil er so sicher war, daß er geliebt wurde, ließ er sich gehen, und allmählich änderte sich sein Benehmen.

Nicht mehr wie einst hatte er für sie jene süßen Worte, die Emma zu Tränen rührten, nicht mehr die stürmischen Liebkosungen, die sie toll gemacht hatten. Und so kam es ihr vor, als ob der Strom ihrer eignen großen Liebe, in der sie völlig untergetaucht war, niedriger würde; sie sah gleichsam auf den schlammigen Grund. Vor dieser Erkenntnis schauderte sie, und darum verdoppelte sie ihre Zärtlichkeiten. Rudolf indessen verriet seine Gleichgültigkeit immer mehr.

Emma war sich selber nicht klar darüber, ob sie es bereuen müsse, sich ihm geschenkt zu haben, oder ob es nicht besser für sie sei, wenn sie ihn noch viel mehr liebte. Dann aber begann sie ihre Schwachheit als Schmach zu empfinden, und der Groll darüber beeinträchtigte ihr den sinnlichen Genuß. Sie gab sich ihm nicht mehr hin, sie ließ sich jedesmal von neuem verführen. Aber er meisterte sie, und sie fürchtete sich beinahe vor ihm.

Ihre Beziehungen zueinander gewannen nach außen ein harmloses Gepräge wie nie zuvor. Das war so recht nach Rudolfs Wunsch. So war ihm der Ehebruch recht. Nach einem halben Jahre, als der Frühling ins Land kam, waren sie fast wie zwei Eheleute zueinander, die ihre Liebesopfer an der gemütlichen Flamme des häuslichen Herdes bringen.

Um diese Zeit schickte Vater Rouault wie alljährlich eine Truthenne zur Erinnerung an das geheilte Bein. Mit der Gabe kam, wie immer, ein Brief. Emma zerschnitt den Bindfaden, mit dem er an den Korb gebunden war, und las die folgenden Zeilen:

„Meine liben Kinder, hofentlig trift euch di hir gesund und wol und is si so gut wi di früeren. Mir komt sie nämlig ein bissel zarter vor sozusagen nich so kombakt, das nächste mal schik ich euch zur abwekslung mal einen Han oder wolt ür liber ein par junge un schikt mir den Korb zerük, bite un auch di vorgen, ich hab Unglük mit der römise gehabt der ihr Dach ist mir neulig nachts bei dem grosen Sturm in die Bäume geflogen, die ernte ist diesmal nich besonders berümt. Kurz und gut ich weis nicht wan ich zu euch zu besuch kome, das ist jez so ne Sache, ich kan schwer vom Hofe weg seit ich allein bin meine arme Emma.“

Hier war ein großer Absatz, als ob der gute Mann seine Feder hingelegt hatte, um dazwischen eine Weile zu träumen.

„Was mich anbelangt so gehts mir leidlig bis auf den Schnuppen den ich mir neulig auf der messe in Yvetot geholt hab wo ich war, einen neuen Schäfer zu mieten. Den alten hab ich nämlig nausgeschmisen wegen seiner Grosen klape. Es is wirklig schrecklig mit diesen Gesindel, mausen tat er übrigens auch.

„Von nem Hausierer der vergangnen Winter durch eure Gegend gekomen is und sich bei euch nen Zan hat zihn lasen, hab ich vernomen das Karl imer feste ze tun hat. Das wundert mich kar nich und den Zan hat er mir gezeigt. Ich hab in zu ner tase Kafee dabehalten. Ich fragt in ob er dich auch gesehen hat, da sagte er Nein aber im Stale häte er zwei Gäule stehn sehn woraus ich schlise das der kurkenhandel bei euch gut geht. Das freut mich sehr meine liben Kinder der libe got mög euch ales möglige Glük schenken. Es tut mir sör leid das ich mein libes Enkelkind Berta Bovary noch imer nich kene. Ich habe für si unter deiner Stube ein Flaumenbäumgen geflanzt. Das sol nich angerürt werden auser später um die Flaumen für Berta einzumagen. Di werde ich dan im schrank aufheben und wen si komt krigt si imer welge. Adiö libe Kinder. Ig küse dich libe Emma un auch dich liber Schwigerson und di kleine auf ale beide Baken un verbleibe mit tausen Grüsen euer euch

libender vater

Theodor Rouault.“

Ein paar Minuten hielt sie das Stück grobes Papier noch nach dem Lesen in den Händen. Die Verstöße gegen die Rechtschreibung jagten sich in den väterlichen Zeilen nur so, aber Emma ging einzig und allein dem lieben Geist darin nach, der wie eine Henne aus einer dicken Dornenhecke allenthalben hervorgackerte. Rouault hatte die noch nassen Schriftzüge offenbar mit Herdasche getrocknet, denn aus dem Briefe rieselte eine Menge grauen Staubes auf das Kleid der Leserin. Sie glaubte, den Vater geradezu leibhaftig vor sich zu sehen, wie er sich nach dem Aschekasten bückte. Ach, wie lange war es schon her, daß sie nicht mehr bei ihm war! Im Geiste sah sie sich wieder auf der Bank am Herde sitzen, wie sie das Ende eines Steckens an der großen Flamme des Funken sprühenden Ginsterreisigs anbrennen ließ. Und dann dachte sie zurück an gewisse sonnendurchglühte Sommerabende, wo die Füllen so hell aufwieherten, wenn man in ihre Nähe kam, und dann weggaloppierten. Diese drolligen Galoppsprünge! Im Vaterhause, unter ihrem Fenster, da stand ein Bienenkorb, und manchmal waren die Bienen, wenn sie in der Sonne ausschwärmten, gegen die Scheiben geflogen wie fliegende Goldkugeln. Das war doch eigentlich eine glückliche Zeit gewesen! Voller Freiheit! Voller Erwartung und voller Illusionen! Nun waren sie alle zerronnen! Bei dem, was sie erlebt, hatte sie ihre Seele verbraucht, in allen den verschiedenen Abschnitten ihres Daseins, als junges Mädchen, dann als Gattin, zuletzt als Geliebte. Sie hatte von ihrer Seele verloren in einem fort, wie jemand, der auf einer Reise in jedem Gasthause immer ein Stück von seinen Habseligkeiten liegen läßt.

Aber warum war sie denn so unglücklich? Was war Bedeutsames geschehen, daß sie mit einem Male aus allen Himmeln gestürzt war? Sie erhob sich und blickte um sich, gleichsam als suche sie den Anlaß ihres Herzeleids.

Ein Strahl der Aprilsonne glitzerte auf dem Porzellan des Wandbrettes. Im Kamin war Feuer. Durch ihre Hausschuhe hindurch spürte sie den weichen Teppich. Es war ein heller Frühlingstag, und die Luft war lau.

Da hörte sie, wie ihr Kind draußen laut aufjauchzte.

Die kleine Berta rutschte im Grase herum. Das Kindermädchen wollte sie am Kleide wieder in die Höhe ziehen. Lestiboudois war dabei, den Rasen zu scheren. Jedesmal, wenn er in die Nähe des Kindes kam, streckte es ihm beide Ärmchen entgegen.

„Bring sie mir mal herein!“ rief sie dem Mädchen zu und riß ihr Töchterchen hastig an sich, um es zu küssen. „Wie ich dich liebe, mein armes Kind! Wie ich dich liebe!“

Als sie bemerkte, daß es am Ohre etwas schmutzig war, klingelte sie rasch und ließ sich warmes Wasser bringen. Sie wusch die Kleine, zog ihr frische Wäsche und reine Strümpfe an. Dabei tat sie tausend Fragen, wie es mit der Gesundheit der Kleinen stehe, just als sei sie von einer Reise zurückgekehrt. Schließlich küßte sie sie noch einmal und gab sie tränenden Auges dem Mädchen wieder. Felicie war ganz verdutzt über diesen Zärtlichkeitsanfall der Mutter.

Am Abend fand Rudolf, Emma sei nachdenklicher denn sonst.

„Eine vorübergehende Laune!“ tröstete er sich.

Dreimal hintereinander versäumte er das Stelldichein. Als er wieder erschien, behandelte sie ihn kühl, fast geringschätzig.

„Schade um die Zeit, mein Liebchen!“ meinte er. Und er tat so, als merke er weder ihre sentimentalen Seufzer noch das Taschentuch, das sie herauszog.

Jetzt kam wirklich die Reue über sie. Sie fragte sich, aus welchem Grunde sie eigentlich ihren Mann hasse und ob es nicht besser gewesen wäre, wenn sie ihm treu hätte bleiben können. Aber Karl bot ihr keine besondere Gelegenheit, ihm ihren Gefühlswandel zu offenbaren. Wenn der Apotheker nicht zufällig eine solche heraufbeschworen hätte, wäre alle ihre hingebungsvolle Anwandlung tatenlos geblieben.