Madame Bovary | 04 | Les conviés / The guests / Die Hochzeitsgäste

 

IV

Les conviés arrivèrent de bonne heure dans des voitures, carrioles à un cheval, chars à bancs à deux roues, vieux cabriolets sans capote, tapissières à rideaux de cuir, et les jeunes gens des villages les plus voisins dans des charrettes où ils se tenaient debout, en rang, les mains appuyées sur les ridelles pour ne pas tomber, allant au trot et secoués dur. Il en vint de dix lieues loin, de Goderville, de Normanville, et de Cany. On avait invité tous les parents des deux familles, on s’était raccommodé avec les amis brouillés, on avait écrit à des connaissances perdues de vue depuis longtemps.

De temps à autre, on entendait des coups de fouet derrière la haie ; bientôt la barrière s’ouvrait : c’était une carriole qui entrait. Galopant jusqu’à la première marche du perron, elle s’y arrêtait court, et vidait son monde, qui sortait par tous les côtés en se frottant les genoux et en s’étirant les bras. Les dames, en bonnet, avaient des robes à la façon de la ville, des chaînes de montre en or, des pèlerines à bouts croisés dans la ceinture, ou de petits fichus de couleur attachés dans le dos avec une épingle, et qui leur découvraient le cou par derrière. Les gamins, vêtus pareillement à leurs papas, semblaient incommodés par leurs habits neufs (beaucoup même étrennèrent ce jour-là la première paire de bottes de leur existence), et l’on voyait à côté d’eux, ne soufflant mot dans la robe blanche de sa première communion rallongée pour la circonstance, quelque grande fillette de quatorze ou seize ans, leur cousine ou leur sœur aînée sans doute, rougeaude, ahurie, les cheveux gras de pommade à la rose, et ayant bien peur de salir ses gants. Comme il n’y avait point assez de valets d’écurie pour dételer toutes les voitures, les messieurs retroussaient leurs manches et s’y mettaient eux-mêmes. Suivant leur position sociale différente, ils avaient des habits, des redingotes, des vestes, des habits-vestes ; — bons habits, entourés de toute la considération d’une famille, et qui ne sortaient de l’armoire que pour les solennités ; redingotes à grandes basques flottant au vent, à collet cylindrique, à poches larges comme des sacs ; vestes de gros drap, qui accompagnaient ordinairement quelque casquette cerclée de cuivre à sa visière ; habits-vestes très courts, ayant dans le dos deux boutons rapprochés comme une paire d’yeux, et dont les pans semblaient avoir été coupés à même un seul bloc, par la hache du charpentier. Quelques-uns encore (mais ceux-là, bien sûr, devaient dîner au bas bout de la table) portaient des blouses de cérémonie, c’est-à-dire dont le col était rabattu sur les épaules, le dos froncé à petits plis et la taille attachée très bas par une ceinture cousue.

Et les chemises sur les poitrines bombaient comme des cuirasses ! Tout le monde était tondu à neuf, les oreilles s’écartaient des têtes, on était rasé de près ; quelques-uns même qui s’étaient levés dès avant l’aube, n’ayant pas vu clair à se faire la barbe, avaient des balafres en diagonale sous le nez, ou, le long des mâchoires, des pelures d’épiderme larges comme des écus de trois francs, et qu’avait enflammées le grand air pendant la route, ce qui marbrait un peu de plaques roses toutes ces grosses faces blanches épanouies.

La mairie se trouvant à une demi-lieue de la ferme, on s’y rendit à pied, et l’on revint de même, une fois la cérémonie faite à l’église. Le cortège, d’abord uni comme une seule écharpe de couleur, qui ondulait dans la campagne, le long de l’étroit sentier serpentant entre les blés verts, s’allongea bientôt et se coupa en groupes différents, qui s’attardaient à causer. Le ménétrier allait en tête, avec son violon empanaché de rubans à la coquille ; les mariés venaient ensuite, les parents, les amis tout au hasard, et les enfants restaient derrière, s’amusant à arracher les clochettes des brins d’avoine, ou à se jouer entre eux, sans qu’on les vît. La robe d’Emma, trop longue, traînait un peu par le bas ; de temps à autre, elle s’arrêtait pour la tirer, et alors délicatement, de ses doigts gantés, elle enlevait les herbes rudes avec les petits dards des chardons, pendant que Charles, les mains vides, attendait qu’elle eût fini. Le père Rouault, un chapeau de soie neuf sur la tête et les parements de son habit noir lui couvrant les mains jusqu’aux ongles, donnait le bras à Mme Bovary mère. Quant à M. Bovary père, qui, méprisant au fond tout ce monde-là, était venu simplement avec une redingote à un rang de boutons d’une coupe militaire, il débitait des galanteries d’estaminet à une jeune paysanne blonde. Elle saluait, rougissait, ne savait que répondre. Les autres gens de la noce causaient de leurs affaires ou se faisaient des niches dans le dos, s’excitant d’avance à la gaieté ; et, en y prêtant l’oreille, on entendait toujours le crin-crin du ménétrier qui continuait à jouer dans la campagne. Quand il s’apercevait qu’on était loin derrière lui, il s’arrêtait à reprendre haleine, cirait longuement de colophane son archet, afin que les cordes grinçassent mieux, et puis il se remettait à marcher, abaissant et levant tour à tour le manche de son violon, pour se bien marquer la mesure à lui-même. Le bruit de l’instrument faisait partir de loin les petits oiseaux.

C’était sous le hangar de la charretterie que la table était dressée. Il y avait dessus quatre aloyaux, six fricassées de poulets, du veau à la casserole, trois gigots et, au milieu, un joli cochon de lait rôti, flanqué de quatre andouilles à l’oseille. Aux angles, se dressait l’eau-de-vie dans des carafes. Le cidre doux en bouteilles poussait sa mousse épaisse autour des bouchons, et tous les verres, d’avance, avaient été remplis de vin jusqu’au bord. De grands plats de crème jaune, qui flottaient d’eux-mêmes au moindre choc de la table, présentaient, dessinés sur leur surface unie, les chiffres des nouveaux époux en arabesques de nonpareille. On avait été chercher un pâtissier à Yvetot, pour les tourtes et les nougats. Comme il débutait dans le pays, il avait soigné les choses ; et il apporta, lui-même, au dessert, une pièce montée qui fit pousser des cris. À la base, d’abord, c’était un carré de carton bleu figurant un temple avec portiques, colonnades et statuettes de stuc tout autour, dans des niches constellées d’étoiles en papier doré ; puis se tenait au second étage un donjon en gâteau de Savoie, entouré de menues fortifications en angélique, amandes, raisins secs, quartiers d’oranges ; et enfin, sur la plate-forme supérieure, qui était une prairie verte où il y avait des rochers avec des lacs de confitures et des bateaux en écales de noisettes, on voyait un petit Amour, se balançant à une escarpolette de chocolat, dont les deux poteaux étaient terminés par deux boutons de rose naturelle, en guise de boules, au sommet.

Jusqu’au soir, on mangea. Quand on était trop fatigué d’être assis, on allait se promener dans les cours ou jouer une partie de bouchon dans la grange, puis on revenait à table. Quelques-uns, vers la fin, s’y endormirent et ronflèrent. Mais, au café, tout se ranima ; alors on entama des chansons, on fit des tours de force, on portait des poids, on passait sous son pouce, on essayait à soulever les charrettes sur ses épaules, on disait des gaudrioles, on embrassait les dames. Le soir, pour partir, les chevaux gorgés d’avoine jusqu’aux naseaux eurent du mal à entrer dans les brancards ; ils ruaient, se cabraient, les harnais se cassaient, leurs maîtres juraient ou riaient ; et toute la nuit, au clair de la lune, par les routes du pays, il y eut des carrioles emportées qui couraient au grand galop, bondissant dans les saignées, sautant par-dessus les mètres de cailloux, s’accrochant aux talus, avec des femmes qui se penchaient en dehors de la portière pour saisir les guides.

Ceux qui restèrent aux Bertaux passèrent la nuit à boire dans la cuisine. Les enfants s’étaient endormis sous les bancs.

La mariée avait supplié son père qu’on lui épargnât les plaisanteries d’usage. Cependant, un mareyeur de leurs cousins (qui même avait apporté, comme présent de noces, une paire de soles) commençait à souffler de l’eau avec sa bouche par le trou de la serrure, quand le père Rouault arriva juste à temps pour l’en empêcher, et lui expliqua que la position grave de son gendre ne permettait pas de telles inconvenances. Le cousin, toutefois, céda difficilement à ces raisons. En dedans de lui-même, il accusa le père Rouault d’être fier, et il alla se joindre dans un coin à quatre ou cinq autres des invités qui, ayant eu, par hasard, plusieurs fois de suite à table les bas morceaux des viandes, trouvaient aussi qu’on les avait mal reçus, chuchotaient sur le compte de leur hôte et souhaitaient sa ruine à mots couverts.

Mme Bovary mère n’avait pas desserré les dents de la journée. On ne l’avait consultée ni sur la toilette de la bru, ni sur l’ordonnance du festin ; elle se retira de bonne heure. Son époux, au lieu de la suivre, envoya chercher des cigares à Saint-Victor et fuma jusqu’au jour, tout en buvant des grogs au kirsch, mélange inconnu à la compagnie, et qui fut pour lui comme la source d’une considération plus grande encore.

Charles n’était point de complexion facétieuse, il n’avait pas brillé pendant la noce. Il répondit médiocrement aux pointes, calembours, mots à double entente, compliments et gaillardises que l’on se fit un devoir de lui décocher dès le potage.

Le lendemain, en revanche, il semblait un autre homme. C’est lui plutôt que l’on eût pris pour la vierge de la veille, tandis que la mariée ne laissait rien découvrir où l’on pût deviner quelque chose. Les plus malins ne savaient que répondre, et ils la considéraient, quand elle passait près d’eux, avec des tensions d’esprit démesurées. Mais Charles ne dissimulait rien. Il l’appelait ma femme, la tutoyait, s’informait d’elle à chacun, la cherchait partout, et souvent il l’entraînait dans les cours, où on l’apercevait de loin, entre les arbres, qui lui passait le bras sous la taille et continuait à marcher à demi penché sur elle, en lui chiffonnant avec sa tête la guimpe de son corsage.

Deux jours après la noce, les époux s’en allèrent : Charles, à cause de ses malades, ne pouvait s’absenter plus longtemps. Le père Rouault les fit reconduire dans sa carriole et les accompagna lui-même jusqu’à Vassonville. Là, il embrassa sa fille une dernière fois, mit pied à terre et reprit sa route. Lorsqu’il eut fait cent pas environ, il s’arrêta, et, comme il vit la carriole s’éloignant, dont les roues tournaient dans la poussière, il poussa un gros soupir. Puis il se rappela ses noces, son temps d’autrefois, la première grossesse de sa femme ; il était bien joyeux, lui aussi, le jour qu’il l’avait emmenée de chez son père dans sa maison, quand il la portait en croupe en trottant sur la neige ; car on était aux environs de Noël et la campagne était toute blanche ; elle le tenait par un bras, à l’autre était accroché son panier ; le vent agitait les longues dentelles de sa coiffure cauchoise, qui lui passaient quelquefois sur la bouche, et, lorsqu’il tournait la tête, il voyait près de lui, sur son épaule, sa petite mine rosée qui souriait silencieusement, sous la plaque d’or de son bonnet. Pour se réchauffer les doigts, elle les lui mettait, de temps en temps, dans la poitrine. Comme c’était vieux tout cela ! Leur fils, à présent, aurait trente ans ! Alors il regarda derrière lui, il n’aperçut rien sur la route. Il se sentit triste comme une maison démeublée ; et, les souvenirs tendres se mêlant aux pensées noires dans sa cervelle obscurcie par les vapeurs de la bombance, il eut bien envie un moment d’aller faire un tour du côté de l’église. Comme il eut peur, cependant, que cette vue ne le rendît plus triste encore, il s’en revint tout droit chez lui.

M. et Mme Charles arrivèrent à Tostes, vers six heures. Les voisins se mirent aux fenêtres pour voir la nouvelle femme de leur médecin.

La vieille bonne se présenta, lui fit ses salutations, s’excusa de ce que le dîner n’était pas prêt, et engagea Madame, en attendant, à prendre connaissance de sa maison. 

Chapter Four

The guests arrived early in carriages, in one-horse chaises, two-wheeled cars, old open gigs, waggonettes with leather hoods, and the young people from the nearer villages in carts, in which they stood up in rows, holding on to the sides so as not to fall, going at a trot and well shaken up. Some came from a distance of thirty miles, from Goderville, from Normanville, and from Cany.

All the relatives of both families had been invited, quarrels between friends arranged, acquaintances long since lost sight of written to.

From time to time one heard the crack of a whip behind the hedge; then the gates opened, a chaise entered. Galloping up to the foot of the steps, it stopped short and emptied its load. They got down from all sides, rubbing knees and stretching arms. The ladies, wearing bonnets, had on dresses in the town fashion, gold watch chains, pelerines with the ends tucked into belts, or little coloured fichus fastened down behind with a pin, and that left the back of the neck bare. The lads, dressed like their papas, seemed uncomfortable in their new clothes (many that day hand-sewed their first pair of boots), and by their sides, speaking never a work, wearing the white dress of their first communion lengthened for the occasion were some big girls of fourteen or sixteen, cousins or elder sisters no doubt, rubicund, bewildered, their hair greasy with rose pomade, and very much afraid of dirtying their gloves. As there were not enough stable-boys to unharness all the carriages, the gentlemen turned up their sleeves and set about it themselves. According to their different social positions they wore tail-coats, overcoats, shooting jackets, cutaway-coats; fine tail-coats, redolent of family respectability, that only came out of the wardrobe on state occasions; overcoats with long tails flapping in the wind and round capes and pockets like sacks; shooting jackets of coarse cloth, generally worn with a cap with a brass-bound peak; very short cutaway-coats with two small buttons in the back, close together like a pair of eyes, and the tails of which seemed cut out of one piece by a carpenter’s hatchet. Some, too (but these, you may be sure, would sit at the bottom of the table), wore their best blouses — that is to say, with collars turned down to the shoulders, the back gathered into small plaits and the waist fastened very low down with a worked belt.

And the shirts stood out from the chests like cuirasses! Everyone had just had his hair cut; ears stood out from the heads; they had been close-shaved; a few, even, who had had to get up before daybreak, and not been able to see to shave, had diagonal gashes under their noses or cuts the size of a three-franc piece along the jaws, which the fresh air en route had enflamed, so that the great white beaming faces were mottled here and there with red dabs.

The mairie was a mile and a half from the farm, and they went thither on foot, returning in the same way after the ceremony in the church. The procession, first united like one long coloured scarf that undulated across the fields, along the narrow path winding amid the green corn, soon lengthened out, and broke up into different groups that loitered to talk. The fiddler walked in front with his violin, gay with ribbons at its pegs. Then came the married pair, the relations, the friends, all following pell-mell; the children stayed behind amusing themselves plucking the bell-flowers from oat-ears, or playing amongst themselves unseen. Emma’s dress, too long, trailed a little on the ground; from time to time she stopped to pull it up, and then delicately, with her gloved hands, she picked off the coarse grass and the thistledowns, while Charles, empty handed, waited till she had finished. Old Rouault, with a new silk hat and the cuffs of his black coat covering his hands up to the nails, gave his arm to Madame Bovary senior. As to Monsieur Bovary senior, who, heartily despising all these folk, had come simply in a frock-coat of military cut with one row of buttons — he was passing compliments of the bar to a fair young peasant. She bowed, blushed, and did not know what to say. The other wedding guests talked of their business or played tricks behind each other’s backs, egging one another on in advance to be jolly. Those who listened could always catch the squeaking of the fiddler, who went on playing across the fields. When he saw that the rest were far behind he stopped to take breath, slowly rosined his bow, so that the strings should sound more shrilly, then set off again, by turns lowering and raising his neck, the better to mark time for himself. The noise of the instrument drove away the little birds from afar.

The table was laid under the cart-shed. On it were four sirloins, six chicken fricassees, stewed veal, three legs of mutton, and in the middle a fine roast suckling pig, flanked by four chitterlings with sorrel. At the corners were decanters of brandy. Sweet bottled-cider frothed round the corks, and all the glasses had been filled to the brim with wine beforehand. Large dishes of yellow cream, that trembled with the least shake of the table, had designed on their smooth surface the initials of the newly wedded pair in nonpareil arabesques. A confectioner of Yvetot had been intrusted with the tarts and sweets. As he had only just set up on the place, he had taken a lot of trouble, and at dessert he himself brought in a set dish that evoked loud cries of wonderment. To begin with, at its base there was a square of blue cardboard, representing a temple with porticoes, colonnades, and stucco statuettes all round, and in the niches constellations of gilt paper stars; then on the second stage was a dungeon of Savoy cake, surrounded by many fortifications in candied angelica, almonds, raisins, and quarters of oranges; and finally, on the upper platform a green field with rocks set in lakes of jam, nutshell boats, and a small Cupid balancing himself in a chocolate swing whose two uprights ended in real roses for balls at the top.

Until night they ate. When any of them were too tired of sitting, they went out for a stroll in the yard, or for a game with corks in the granary, and then returned to table. Some towards the finish went to sleep and snored. But with the coffee everyone woke up. Then they began songs, showed off tricks, raised heavy weights, performed feats with their fingers, then tried lifting carts on their shoulders, made broad jokes, kissed the women. At night when they left, the horses, stuffed up to the nostrils with oats, could hardly be got into the shafts; they kicked, reared, the harness broke, their masters laughed or swore; and all night in the light of the moon along country roads there were runaway carts at full gallop plunging into the ditches, jumping over yard after yard of stones, clambering up the hills, with women leaning out from the tilt to catch hold of the reins.

Those who stayed at the Bertaux spent the night drinking in the kitchen. The children had fallen asleep under the seats.

The bride had begged her father to be spared the usual marriage pleasantries. However, a fishmonger, one of their cousins (who had even brought a pair of soles for his wedding present), began to squirt water from his mouth through the keyhole, when old Rouault came up just in time to stop him, and explain to him that the distinguished position of his son-in-law would not allow of such liberties. The cousin all the same did not give in to these reasons readily. In his heart he accused old Rouault of being proud, and he joined four or five other guests in a corner, who having, through mere chance, been several times running served with the worst helps of meat, also were of opinion they had been badly used, and were whispering about their host, and with covered hints hoping he would ruin himself.

Madame Bovary, senior, had not opened her mouth all day. She had been consulted neither as to the dress of her daughter-in-law nor as to the arrangement of the feast; she went to bed early. Her husband, instead of following her, sent to Saint-Victor for some cigars, and smoked till daybreak, drinking kirsch-punch, a mixture unknown to the company. This added greatly to the consideration in which he was held.

Charles, who was not of a facetious turn, did not shine at the wedding. He answered feebly to the puns, doubles entendres, compliments, and chaff that it was felt a duty to let off at him as soon as the soup appeared.

The next day, on the other hand, he seemed another man. It was he who might rather have been taken for the virgin of the evening before, whilst the bride gave no sign that revealed anything. The shrewdest did not know what to make of it, and they looked at her when she passed near them with an unbounded concentration of mind. But Charles concealed nothing. He called her “my wife”, tutoyed her, asked for her of everyone, looked for her everywhere, and often he dragged her into the yards, where he could be seen from far between the trees, putting his arm around her waist, and walking half-bending over her, ruffling the chemisette of her bodice with his head.

Two days after the wedding the married pair left. Charles, on account of his patients, could not be away longer. Old Rouault had them driven back in his cart, and himself accompanied them as far as Vassonville. Here he embraced his daughter for the last time, got down, and went his way. When he had gone about a hundred paces he stopped, and as he saw the cart disappearing, its wheels turning in the dust, he gave a deep sigh. Then he remembered his wedding, the old times, the first pregnancy of his wife; he, too, had been very happy the day when he had taken her from her father to his home, and had carried her off on a pillion, trotting through the snow, for it was near Christmas-time, and the country was all white. She held him by one arm, her basket hanging from the other; the wind blew the long lace of her Cauchois headdress so that it sometimes flapped across his mouth, and when he turned his head he saw near him, on his shoulder, her little rosy face, smiling silently under the gold bands of her cap. To warm her hands she put them from time to time in his breast. How long ago it all was! Their son would have been thirty by now. Then he looked back and saw nothing on the road. He felt dreary as an empty house; and tender memories mingling with the sad thoughts in his brain, addled by the fumes of the feast, he felt inclined for a moment to take a turn towards the church. As he was afraid, however, that this sight would make him yet more sad, he went right away home.

Monsieur and Madame Charles arrived at Tostes about six o’clock.

The neighbors came to the windows to see their doctor’s new wife.

The old servant presented herself, curtsied to her, apologised for not having dinner ready, and suggested that madame, in the meantime, should look over her house.

Viertes Kapitel

Die Hochzeitsgäste stellten sich pünktlich ein, in Kutschen, Landauern, Einspännern, Gigs, Kremsern mit Ledervorhängen, in allerlei Fuhrwerk moderner und vorsintflutlicher Art. Das junge Volk aus den nächsten Nachbardörfern kam tüchtig durchgerüttelt im Trabe in einem Heuwagen angefahren, aufrecht in einer Reihe stehend, die Hände an den Seitenstangen, um nicht umzufallen. Etliche eilten zehn Wegstunden weit herbei, aus Goderville, Normanville und Cany. Die Verwandten beider Familien waren samt und sonders geladen. Freunde, mit denen man uneins gewesen, versöhnte man, und es war an Bekannte geschrieben worden, von denen man wer weiß wie lange nichts gehört hatte.

Immer wieder vernahm man hinter der Gartenhecke Peitschengeknall. Eine Weile später erschien der Wagen im Hoftor. Im Galopp ging es bis zur Freitreppe, wo mit einem Rucke gehalten wurde. Die Insassen stiegen nach beiden Seiten aus. Man rieb sich die Knie und turnte mit den Armen. Die Damen, Hauben auf dem Kopfe, trugen städtische Kleider, goldne Uhrketten, Umhänge mit langen Enden, die sie sich kreuzweise umgeschlagen hatten, oder Schals, die mit einer Nadel auf dem Rücken festgesteckt waren, damit sie hinten den Hals frei ließen. Die Knaben, genau so angezogen wie ihre Väter, fühlten sich in ihren Röcken sichtlich unbehaglich; viele hatten an diesem Tage gar zum ersten Male richtige Stiefel an. Ihnen zur Seite gewahrte man vierzehn- bis sechzehnjährige Mädchen, offenbar ihre Basen oder älteren Schwestern, in ihren weißen Firmelkleidern, die man zur Feier des Tages um ein Stück länger gemacht hatte, alle mit roten verschämten Gesichtern und pomadisiertem Haar, voller Angst, sich die Handschuhe nicht zu beschmutzen. Da nicht Knechte genug da waren, um all die Wagen gleichzeitig abzuspannen, streiften die Herren die Rockärmel hoch und stellten ihre Pferde eigenhändig ein. Je nach ihrem gesellschaftlichen Range waren sie in Fräcken, Röcken oder Jacketts erschienen. Manche in ehrwürdigen Bratenröcken, die nur bei ganz besonderen Festlichkeiten feierlich aus dem Schranke geholt wurden; ihre langen Schöße flatterten im Winde, die Kragen daran sahen aus wie Halspanzer, und die Taschen hatten den Umfang von Säcken. Es waren auch Jacken aus derbem Tuch zum Vorschein gekommen, meist im Verein mit messingumränderten Mützen; fernerhin ganz kurze Röcke mit zwei dicht nebeneinandersitzenden großen Knöpfen hinten in der Taille und mit Schößen, die so ausschauten, als habe sie der Zimmermann mit einem Beile aus dem Ganzen herausgehackt. Ein paar (einige wenige) Gäste — und das waren solche, die dann an der Festtafel gewiß am alleruntersten Ende zu sitzen kamen — trugen nur Sonntagsblusen mit breitem Umlegekragen und Rückenfalten unter dem Gürtel.

Die steifen Hemden wölbten sich über den Brüsten wie Kürasse. Durchweg hatte man sich unlängst das Haar schneiden lassen (um so mehr standen die Ohren von den Schädeln ab!), und alle waren ordentlich rasiert. Manche, die noch im Dunkeln aufgestanden waren, hatten offenbar beim Rasieren nicht Licht genug gehabt und hatten sich unter der Nase die Kreuz und die Quer geschnitten oder hatten am Kinn Löcher in der Haut bekommen, groß wie Talerstücke. Unterwegs hatten sich diese Wunden in der frischen Morgenluft gerötet, und so leuchteten auf den breiten blassen Bauerngesichtern große rote Flecke.

Das Gemeindeamt lag eine halbe Stunde vom Pachthofe entfernt. Man begab sich zu Fuß dahin und ebenso zurück, nachdem die Zeremonie in der Kirche stattgefunden hatte. Der Hochzeitszug war anfangs wohlgeordnet gewesen. Wie ein buntes Band hatte er sich durch die grünen Felder geschlängelt. Aber bald lockerte er sich und zerfiel in verschiedene Gruppen, von denen sich die letzten plaudernd verspäteten. Ganz vorn schritt ein Spielmann mit einer buntbebänderten Fiedel. Dann kamen die Brautleute, darauf die Verwandten, dahinter ohne besondre Ordnung die Freunde und zuletzt die Kinder, die sich damit vergnügten, Ähren aus den Kornfeldern zu rupfen oder sich zu jagen, wenn es niemand sah. Emmas Kleid, das etwas zu lang war, schleppte ein wenig auf der Erde hin. Von Zeit zu Zeit blieb sie stehen, um den Rock aufzuraffen. Dabei las sie behutsam mit ihren behandschuhten Händen die kleinen stacheligen Distelblätter ab, die an ihrem Kleide hängen geblieben waren. Währenddem stand Karl mit leeren Händen da und wartete, bis sie fertig war. Vater Rouault trug einen neuen Zylinderhut und einen schwarzen Rock, dessen Ärmel ihm bis an die Fingernägel reichten. Am Arm führte er Frau Bovary senior. Der alte Herr Bovary, der im Grunde seines Herzens die ganze Sippschaft um sich herum verachtete, war einfach in einem uniformähnlichen einreihigen Rock erschienen. Ihm zur Seite schritt eine junge blonde Bäuerin, die er mir derben Galanterien traktierte. Sie hörte ihm respektvoll zu, wußte aber in ihrer Verlegenheit gar nicht, was sie sagen sollte. Die übrigen Gäste sprachen von ihren Geschäften oder ulkten sich gegenseitig an, um sich in fidele Stimmung zu bringen. Wer aufhorchte, hörte in einem fort das Tirilieren des Spielmannes, der auch im freien Felde weitergeigte. Sooft er bemerkte, daß die Gesellschaft weit hinter ihm zurückgeblieben war, machte er Halt und schöpfte Atem. Umständlich rieb er seinen Fiedelbogen mit Kolophonium ein, damit die Saiten schöner quietschen sollten, und dann setzte er sich wieder in Bewegung. Er hob und senkte den Hals seines Instruments, um recht hübsch im Takte zu bleiben. Die Fidelei verscheuchte die Vögel schon von weitem.

Die Festtafel war unter dem Schutzdache des Wagenschuppens aufgestellt. Es prangten darauf vier Lendenbraten, sechs Schüsseln mit Hühnerfrikassee, eine Platte mit gekochtem Kalbfleisch, drei Hammelkeulen und in der Mitte, umgeben von vier Leberwürsten in Sauerkraut, ein köstlich knusprig gebratenes Spanferkel. An den vier Ecken des Tisches brüsteten sich Karaffen mit Branntwein, und in einer langen Reihe von Flaschen wirbelte perlender Apfelweinsekt, während auf der Tafel bereits alle Gläser im voraus bis an den Rand vollgeschenkt waren. Große Teller mit gelber Creme, die beim leisesten Stoß gegen den Tisch zitterte und bebte, vervollständigten die Augenweide. Auf der glatten Oberfläche dieses Desserts prangten in umschnörkelten Monogrammen von Zuckerguß die Anfangsbuchstaben der Namen von Braut und Bräutigam. Für die Torten und Kuchen hatte man einen Konditor aus Yvetot kommen lassen. Da dies sein Debüt in der Gegend war, hatte er sich ganz besondre Mühe gegeben. Beim Nachtisch trug er eigenhändig ein Prunkstück seiner Kunst auf, das ein allgemeines „Ah!“ hervorrief. Der Unterbau aus blauer Pappe stellte ein von Sternen aus Goldpapier übersätes Tempelchen dar, mit einem Säulenumgang und Nischen, in denen Statuen aus Marzipan standen. Im zweiten Stockwerk rundete sich ein Festungsturm aus Pfefferkuchen, umbaut von einer Brustwehr aus Bonbons, Mandeln, Rosinen und Apfelsinenschnitten. Die oberste Plattform aber krönte über einer grünen Landschaft aus Wiesen, Felsen und Teichen mit Nußschalenschiffchen darauf (alles Zuckerwerk): ein niedlicher Amor, der sich auf einer Schaukel aus Schokolade wiegte. In den beiden kugelgeschmückten Schnäbeln der Schaukel steckten zwei lebendige Rosenknospen.

Man schmauste bis zum Abend. Wer von dem zu langen Sitzen ermüdet war, ging im Hof oder im Garten spazieren oder machte eine Partie des in jener Gegend beliebten Pfropfenspiels mit und setzte sich dann wieder an den Tisch. Ein paar Gäste schliefen gegen das Ende des Mahles ein und schnarchten ganz laut. Aber beim Kaffee war alles wieder munter. Man sang Lieder, vollführte allerlei Kraftleistungen, stemmte schwere Steine, schoß Purzelbäume, hob Schubkarren bis zur Schulterhöhe, erzählte gepfefferte Geschichten und scharwenzelte mit den Damen.

Vor dem Aufbruch war es kein leichtes Stück Arbeit, den Pferden, die allesamt der allzu reichlich vertilgte Hafer stach, die Kumte und Geschirre aufzulegen. Die übermütigen Tiere stiegen, bockten und schlugen aus, während die Herren und Kutscher fluchten und lachten. Die ganze Nacht hindurch gab es auf den mondbeglänzten Landstraßen in Karriere über Stock und Stein heimrasende Fuhrwerke.

Die nachtüber in Bertaux bleibenden Gäste zechten am Küchentische bis zum frühen Morgen weiter, während die Kinder unter den Bänken schliefen.

Die junge Frau hatte ihren Vater besonders gebeten, sie vor den herkömmlichen Späßen zu bewahren. Indessen machte sich ein Vetter — ein Seefischhändler, der als Hochzeitsgeschenk selbstverständlich ein paar Seezungen gestiftet hatte — doch daran, einen Mund voll Wasser durch das Schlüsselloch des Brautgemachs zu spritzen. Vater Rouault erwischte ihn gerade noch rechtzeitig, um ihn daran zu hindern. Er machte ihm klar, daß sich derartige Scherze mit der Würde seines Schwiegersohnes nicht vertrügen. Der Vetter ließ sich durch diese Einwände nur widerwillig von seinem Vorhaben abbringen. Insgeheim hielt er den alten Rouault für aufgeblasen. Er setzte sich unten in eine Ecke mir vier bis fünf andern Unzufriedenen, die während des Mahles bei der Wahl der Fleischstücke Mißgriffe getan hatten. Diese Unglücksmenschen räsonierten nun alle untereinander auf den Gastgeber und wünschten ihm ungeniert alles Üble.

Die alte Frau Bovary war den ganzen Tag über aus ihrer Verbissenheit nicht herausgekommen. Man hatte sie weder bei der Toilette ihrer Schwiegertochter noch bei den Vorbereitungen zur Hochzeitsfeier um Rat gefragt. Darum zog sie sich zeitig zurück. Ihrem Manne aber fiel es nicht ein, mit zu verschwinden; er ließ sich Zigarren holen und paffte bis zum Morgen, wozu er Grog von Kirschwasser trank. Da diese Mischung den Dabeisitzenden unbekannt war, staunte man ihn erst recht als Wundertier an.

Karl war kein witziger Kopf, und so hatte er während des Festes gar keine glänzende Rolle gespielt. Gegen alle die Neckereien, Späße, Kalauer, Zweideutigkeiten, Komplimente und Anulkungen, die ihm der Sitte gemäß bei Tische zuteil geworden waren, hatte er sich alles andre denn schlagfertig gezeigt. Um so mächtiger war seine innere Wandlung. Am andern Morgen war er offensichtlich wie neugeboren. Er und nicht Emma war tags zuvor sozusagen die Jungfrau gewesen. Die junge Frau beherrschte sich völlig und ließ sich nicht das geringste anmerken. Die größten Schandmäuler waren sprachlos; sie standen da wie vor einem Wundertier. Karl freilich machte aus seinem Glück kein Hehl. Er nannte Emma „mein liebes Frauchen“, duzte sie, lief ihr überallhin nach und zog sie mehrfach abseits, um allein mit ihr im Hofe unter den Bäumen ein wenig zu plaudern, wobei er den Arm vertraulich um ihre Taille legte. Beim Hin- und Hergehen kam er ihr mit seinem Gesicht ganz nahe und zerdrückte mit seinem Kopfe ihr Halstuch.

Zwei Tage nach der Hochzeit brachen die Neuvermählten auf. Karl konnte seiner Patienten wegen nicht länger verweilen. Vater Rouault ließ das Ehepaar in seinem Wagen nach Haus fahren und gab ihm persönlich bis Vassonville das Geleite. Beim Abschied küßte er seine Tochter noch einmal, dann stieg er aus und machte sich zu Fuß auf den Rückweg.

Nachdem er hundert Schritte gegangen war, blieb er stehen, um dem Wagen nachzuschauen, der die sandige Straße dahinrollte. Dabei seufzte er tief auf. Er dachte zurück an seine eigne Hochzeit, an längstvergangne Tage, an die Zeit der ersten Mutterschaft seiner Frau. Wie froh war er damals gewesen. Er erinnerte sich des Tages, wo er mit ihr das Haus des Schwiegervaters verlassen hatte. Auf dem Ritt in das eigne Heim, durch den tiefen Schnee, da hatte er seine Frau hinten auf die Kruppe seines Pferdes gesetzt. Es war so um Weihnachten herum gewesen, und die ganze Gegend war verschneit. Mit der einen Hand hatte sie sich an ihm festgehalten, in der andern ihren Korb getragen. Die langen Bänder ihres normannischen Kopfputzes hatten im Winde geflattert, und manchmal waren sie ihm um die Nase geflogen. Und wenn er sich umdrehte, sah er über seine Schulter weg ganz dicht hinter sich ihr niedliches rosiges Gesicht, das unter der Goldborte ihrer Haube still vor sich hinlächelte. Wenn sie an die Finger fror, steckte sie die Finger eine Weile in seinen Rock, ihm dicht an die Brust ... Wie lange war das nun her! Wenn ihr Sohn am Leben geblieben wäre, dann wäre er jetzt dreißig Jahre alt!

Er blickte sich nochmals um. Auf der Straße war nichts mehr zu sehen. Da ward ihm unsagbar traurig zumute. In seinem von dem vielen Essen und Trinken beschwerten Hirne mischten sich die zärtlichen Erinnerungen mit schwermütigen Gedanken. Einen Augenblick lang verspürte er das Verlangen, den Umweg über den Friedhof zu machen. Aber er fürchtete sich davor, daß ihn dies nur noch trübseliger stimmte, und so ging er auf dem kürzesten Wege nach Hause.

Karl und Emma erreichten Tostes gegen sechs Uhr. Die Nachbarn stürzten an die Fenster, um die junge Frau Doktor zu erspähen. Die alte Magd empfing sie unter Glückwünschen und bat um Entschuldigung, daß das Mittagessen noch nicht ganz fertig sei. Sie lud die gnädige Frau ein, einstweilen ihr neues Heim in Augenschein zu nehmen.