Madame Bovary | 32 | Elle se demandait / She asked herself / Auf dem Wege fragte sie sich

 

VIII

Elle se demandait tout en marchant : « Que vais-je dire ? Par où commencerai-je ? » Et à mesure qu’elle avançait, elle reconnaissait les buissons, les arbres, les joncs marins sur la colline, le château là-bas. Elle se retrouvait dans les sensations de sa première tendresse, et son pauvre cœur comprimé s’y dilatait amoureusement. Un vent tiède lui soufflait au visage ; la neige, se fondant, tombait goutte à goutte des bourgeons sur l’herbe.

Elle entra, comme autrefois, par la petite porte du parc, puis arriva à la cour d’honneur, que bordait un double rang de tilleuls touffus. Ils balançaient, en sifflant, leurs longues branches. Les chiens au chenil aboyèrent tous, et l’éclat de leurs voix retentissait sans qu’il parût personne.

Elle monta le large escalier droit, à balustres de bois, qui conduisait au corridor pavé de dalles poudreuses où s’ouvraient plusieurs chambres à la file, comme dans les monastères ou les auberges. La sienne était au bout, tout au fond, à gauche. Quand elle vint à poser les doigts sur la serrure, ses forces subitement l’abandonnèrent. Elle avait peur qu’il ne fût pas là, le souhaitait presque, et c’était pourtant son seul espoir, la dernière chance de salut. Elle se recueillit une minute, et, retrempant son courage au sentiment de la nécessité présente, elle entra.

Il était devant le feu, les deux pieds sur le chambranle, en train de fumer une pipe.

— Tiens ! c’est vous ! dit-il en se levant brusquement.

— Oui, c’est moi !… je voudrais, Rodolphe, vous demander un conseil.

Et malgré tous ses efforts, il lui était impossible de desserrer la bouche.

— Vous n’avez pas changé, vous êtes toujours charmante !

— Oh ! reprit-elle amèrement, ce sont de tristes charmes, mon ami, puisque vous les avez dédaignés.

Alors il entama une explication de sa conduite, s’excusant en termes vagues, faute de pouvoir inventer mieux.

Elle se laissa prendre à ses paroles, plus encore à sa voix et par le spectacle de sa personne ; si bien qu’elle fit semblant de croire, ou crut-elle peut-être, au prétexte de leur rupture ; c’était un secret d’où dépendaient l’honneur et même la vie d’une troisième personne.

— N’importe ! fit-elle en le regardant tristement, j’ai bien souffert !

Il répondit d’un ton philosophique :

— L’existence est ainsi !

— A-t-elle du moins, reprit Emma, été bonne pour vous depuis notre séparation ?

— Oh ! ni bonne… ni mauvaise.

— Il aurait peut-être mieux valu ne jamais nous quitter.

— Oui…, peut-être !

— Tu crois ? dit-elle en se rapprochant.

Et elle soupira.

— Ô Rodolphe ! si tu savais… je t’ai bien aimé !

Ce fut alors qu’elle prit sa main, et ils restèrent quelque temps les doigts entrelacés, — comme le premier jour, aux Comices ! Par un geste d’orgueil, il se débattait sous l’attendrissement. Mais, s’affaissant contre sa poitrine, elle lui dit :

— Comment voulais-tu que je vécusse sans toi ? On ne peut pas se déshabituer du bonheur ! J’étais désespérée ! j’ai cru mourir ! Je te conterai tout cela, tu verras. Et toi… tu m’as fuie !…

Car, depuis trois ans, il l’avait soigneusement évitée par suite de cette lâcheté naturelle qui caractérise le sexe fort ; et Emma continuait avec des gestes mignons de tête, plus câline qu’une chatte amoureuse :

— Tu en aimes d’autres, avoue-le. Oh ! je les comprends, va ! je les excuse ; tu les auras séduites, comme tu m’avais séduite. Tu es un homme, toi ! tu as tout ce qu’il faut pour te faire chérir. Mais nous recommencerons, n’est-ce pas ? nous nous aimerons ! Tiens, je ris, je suis heureuse !… parle donc !

Et elle était ravissante à voir, avec son regard où tremblait une larme, comme l’eau d’un orage dans un calice bleu.

Il l’attira sur ses genoux, et il caressait du revers de la main ses bandeaux lisses, où, dans la clarté du crépuscule, miroitait comme une flèche d’or un dernier rayon du soleil. Elle penchait le front ; il finit par la baiser sur les paupières, tout doucement, du bout de ses lèvres.

— Mais tu as pleuré ! dit-il. Pourquoi ?

Elle éclata en sanglots. Rodolphe crut que c’était l’explosion de son amour ; comme elle se taisait, il prit ce silence pour une dernière pudeur, et alors il s’écria :

— Ah ! pardonne-moi ! tu es la seule qui me plaise. J’ai été imbécile et méchant ! Je t’aime, je t’aimerai toujours !… Qu’as-tu ? dis-le donc !

Il s’agenouillait.

— Eh bien !… je suis ruinée, Rodolphe ! Tu vas me prêter trois mille francs !

— Mais…, mais…, dit-il en se relevant peu à peu, tandis que sa physionomie prenait une expression grave.

— Tu sais, continuait-elle vite, que mon mari avait placé toute sa fortune chez un notaire ; il s’est enfui. Nous avons emprunté ; les clients ne payaient pas. Du reste la liquidation n’est pas finie ; nous en aurons plus tard. Mais, aujourd’hui, faute de trois mille francs, on va nous saisir ; c’est à présent, à l’instant même ; et, comptant sur ton amitié, je suis venue.

— Ah ! pensa Rodolphe, qui devint très pâle tout à coup, c’est pour cela qu’elle est venue !

Enfin il dit d’un air calme :

— Je ne les ai pas, chère madame.

Il ne mentait point. Il les eût eus qu’il les aurait donnés, sans doute, bien qu’il soit généralement désagréable de faire de si belles actions : une demande pécuniaire, de toutes les bourrasques qui tombent sur l’amour, étant la plus froide et la plus déracinante.

Elle resta d’abord quelques minutes à le regarder.

— Tu ne les as pas !

Elle répéta plusieurs fois :

— Tu ne les as pas !… J’aurais dû m’épargner cette dernière honte. Tu ne m’as jamais aimée ! tu ne vaux pas mieux que les autres !

Elle se trahissait, elle se perdait.

Rodolphe l’interrompit, affirmant qu’il se trouvait « gêné » lui-même.

— Ah ! je te plains ! dit Emma. Oui, considérablement !…

Et, arrêtant ses yeux sur une carabine damasquinée qui brillait dans la panoplie :

— Mais, lorsqu’on est si pauvre, on ne met pas d’argent à la crosse de son fusil ! On n’achète pas une pendule avec des incrustations d’écaille ! continuait-elle en montrant l’horloge de Boulle ; ni des sifflets de vermeil pour ses fouets — elle les touchait ! — ni des breloques pour sa montre ! Oh ! rien ne lui manque ! Jusqu’à un porte-liqueurs dans sa chambre ; car tu t’aimes, tu vis bien, tu as un château, des fermes, des bois ; tu chasses à courre, tu voyages à Paris… Eh ! quand ce ne serait que cela, s’écria-t-elle en prenant sur la cheminée ses boutons de manchettes, que la moindre de ces niaiseries ! on en peut faire de l’argent !… Oh ! je n’en veux pas ! garde-les !

Et elle lança bien loin les deux boutons, dont la chaîne d’or se rompit en cognant contre la muraille.

— Mais, moi, je t’aurais tout donné, j’aurais tout vendu, j’aurais travaillé de mes mains, j’aurais mendié sur les routes, pour un sourire, pour un regard, pour t’entendre dire : « Merci ! » Et tu restes là tranquillement dans ton fauteuil, comme si déjà tu ne m’avais pas fait assez souffrir ? Sans toi, sais-tu bien, j’aurais pu vivre heureuse ! Qui t’y forçait ? Était-ce une gageure ? Tu m’aimais cependant, tu le disais… Et tout à l’heure encore… Ah ! il eût mieux valu me chasser ! J’ai les mains chaudes de tes baisers, et voilà la place, sur le tapis, où tu jurais à mes genoux une éternité d’amour. Tu m’y as fait croire : tu m’as, pendant deux ans, traînée dans le rêve le plus magnifique et le plus suave !… Hein ! nos projets de voyage, tu te rappelles ? Oh ! ta lettre, ta lettre ! elle m’a déchiré le cœur !… Et puis, quand je reviens vers lui, vers lui, qui est riche, heureux, libre ! pour implorer un secours que le premier venu rendrait, suppliante et lui rapportant toute ma tendresse, il me repousse, parce que ça lui coûterait trois mille francs !

— Je ne les ai pas ! répondit Rodolphe avec ce calme parfait dont se recouvrent, comme d’un bouclier, les colères résignées.

Elle sortit. Les murs tremblaient, le plafond l’écrasait ; et elle repassa par la longue allée, en trébuchant contre les tas de feuilles mortes que le vent dispersait. Enfin elle arriva au saut-de-loup devant la grille ; elle se cassa les ongles contre la serrure, tant elle se dépêchait pour l’ouvrir. Puis, cent pas plus loin, essoufflée, près de tomber, elle s’arrêta. Et alors, se détournant, elle aperçut encore une fois l’impassible château, avec le parc, les jardins, les trois cours, et toutes les fenêtres de la façade.

Elle resta perdue de stupeur, et n’ayant plus conscience d’elle-même que par le battement de ses artères, qu’elle croyait entendre s’échapper comme une assourdissante musique qui emplissait la campagne. Le sol sous ses pieds était plus mou qu’une onde, et les sillons lui parurent d’immenses vagues brunes, qui déferlaient. Tout ce qu’il y avait dans sa tête de réminiscences, d’idées, s’échappait à la fois, d’un seul bond, comme les mille pièces d’un feu d’artifice. Elle vit son père, le cabinet de Lheureux, leur chambre là-bas, un autre paysage. La folie la prenait, elle eut peur, et parvint à se ressaisir, d’une manière confuse, il est vrai ; car elle ne se rappelait point la cause de son horrible état, c’est-à-dire la question d’argent. Elle ne souffrait que de son amour, et sentait son âme l’abandonner par ce souvenir, comme les blessés, en agonisant, sentent l’existence qui s’en va par leur plaie qui saigne.

La nuit tombait, des corneilles volaient.

Il lui sembla tout à coup que des globules couleur de feu éclataient dans l’air comme des balles fulminantes en s’aplatissant, et tournaient, tournaient, pour aller se fondre sur la neige, entre les branches des arbres. Au milieu de chacun d’eux, la figure de Rodolphe apparaissait. Ils se multiplièrent, et ils se rapprochaient, la pénétraient ; tout disparut. Elle reconnut les lumières des maisons, qui rayonnaient de loin dans le brouillard.

Alors sa situation, telle qu’un abîme, se représenta. Elle haletait à se rompre la poitrine. Puis, dans un transport d’héroïsme qui la rendait presque joyeuse, elle descendit la côte en courant, traversa la planche aux vaches, le sentier, l’allée, les halles, et arriva devant la boutique du pharmacien.

Il n’y avait personne. Elle allait entrer ; mais, au bruit de la sonnette, on pouvait venir ; et, se glissant par la barrière, retenant son haleine, tâtant les murs, elle s’avança jusqu’au seuil de la cuisine, où brûlait une chandelle posée sur le fourneau. Justin, en manches de chemise, emportait un plat.

— Ah ! ils dînent. Attendons.

Il revint. Elle frappa contre la vitre. Il sortit.

— La clef ! celle d’en haut, où sont les…

— Comment ?

Et il la regardait, tout étonné par la pâleur de son visage, qui tranchait en blanc sur le fond noir de la nuit. Elle lui apparut extraordinairement belle, et majestueuse comme un fantôme ; sans comprendre ce qu’elle voulait, il pressentait quelque chose de terrible.

Mais elle reprit vivement, à voix basse, d’une voix douce, dissolvante :

— Je la veux ! donne-la-moi.

Comme la cloison était mince, on entendait le cliquetis des fourchettes sur les assiettes dans la salle à manger.

Elle prétendit avoir besoin de tuer les rats qui l’empêchaient de dormir.

— Il faudrait que j’avertisse Monsieur.

— Non ! reste !

Puis, d’un air indifférent :

— Eh ! ce n’est pas la peine, je lui dirai tantôt. Allons, éclaire-moi !

Elle entra dans le corridor où s’ouvrait la porte du laboratoire. Il y avait contre la muraille une clef étiquetée capharnaüm.

— Justin ! cria l’apothicaire, qui s’impatientait.

— Montons !

Et il la suivit.

La clef tourna dans la serrure, et elle alla droit vers la troisième tablette, tant son souvenir la guidait bien, saisit le bocal bleu, en arracha le bouchon, y fourra sa main, et, la retirant pleine d’une poudre blanche, elle se mit à manger à même.

— Arrêtez ! s’écria-t-il en se jetant sur elle.

— Tais-toi ! on viendrait…

Il se désespérait, voulait appeler.

— N’en dis rien, tout retomberait sur ton maître !

Puis elle s’en retourna subitement apaisée, et presque dans la sérénité d’un devoir accompli.

Quand Charles, bouleversé par la nouvelle de la saisie, était rentré à la maison, Emma venait d’en sortir. Il cria, pleura, s’évanouit, mais elle ne revint pas. Où pouvait-elle être ? Il envoya Félicité chez Homais, chez M. Tuvache, chez Lheureux, au Lion d’or, partout ; et, dans les intermittences de son angoisse, il voyait sa considération anéantie, leur fortune perdue, l’avenir de Berthe brisé ! Par quelle cause ?… pas un mot ! Il attendit jusqu’à six heures du soir. Enfin, n’y pouvant plus tenir, et imaginant qu’elle était partie pour Rouen, il alla sur la grande route, fit une demi-lieue, ne rencontra personne, attendit encore et s’en revint.

Elle était rentrée.

— Qu’y avait-il ?… Pourquoi ?… Explique-moi !…

Elle s’assit à son secrétaire, et écrivit une lettre qu’elle cacheta lentement, ajoutant la date du jour et l’heure. Puis elle dit d’un ton solennel :

— Tu la liras demain ; d’ici là, je t’en prie, ne m’adresse pas une seule question !… Non, pas une !

— Mais…

— Oh ! laisse-moi !

Et elle se coucha tout du long sur son lit.

Une saveur âcre qu’elle sentait dans sa bouche la réveilla. Elle entrevit Charles et referma les yeux.

Elle s’épiait curieusement, pour discerner si elle ne souffrait pas. Mais non ! rien encore. Elle entendait le battement de la pendule, le bruit du feu, et Charles, debout près de sa couche, qui respirait.

— Ah ! c’est bien peu de chose, la mort ! pensait-elle ; je vais m’endormir, et tout sera fini !

Elle but une gorgée d’eau et se tourna vers la muraille.

Cet affreux goût d’encre continuait.

— J’ai soif !… oh ! j’ai bien soif ! soupira-t-elle.

— Qu’as-tu donc ? dit Charles, qui lui tendait un verre.

— Ce n’est rien !… Ouvre la fenêtre…, j’étouffe !

Et elle fut prise d’une nausée si soudaine, qu’elle eut à peine le temps de saisir son mouchoir sous l’oreiller.

— Enlève-le ! dit-elle vivement ; jette-le !

Il la questionna ; elle ne répondit pas. Elle se tenait immobile, de peur que la moindre émotion ne la fît vomir. Cependant, elle sentait un froid de glace qui lui montait des pieds jusqu’au cœur.

— Ah ! voilà que ça commence ! murmura-t-elle.

— Que dis-tu ?

Elle roulait sa tête avec un geste doux plein d’angoisse, et tout en ouvrant continuellement les mâchoires, comme si elle eût porté sur sa langue quelque chose de très lourd. À huit heures, les vomissements reparurent.

Charles observa qu’il y avait au fond de la cuvette une sorte de gravier blanc, attaché aux parois de la porcelaine.

— C’est extraordinaire ! c’est singulier ! répéta-t-il.

Mais elle dit d’une voix forte :

— Non, tu te trompes !

Alors, délicatement et presque en la caressant, il lui passa la main sur l’estomac. Elle jeta un cri aigu. Il se recula tout effrayé.

Puis elle se mit à geindre, faiblement d’abord. Un grand frisson lui secouait les épaules, et elle devenait plus pâle que le drap où s’enfonçaient ses doigts crispés. Son pouls inégal était presque insensible maintenant.

Des gouttes suintaient sur sa figure bleuâtre, qui semblait comme figée dans l’exhalaison d’une vapeur métallique. Ses dents claquaient, ses yeux agrandis regardaient vaguement autour d’elle, et à toutes les questions elle ne répondait qu’en hochant la tête ; même elle sourit deux ou trois fois. Peu à peu, ses gémissements furent plus forts. Un hurlement sourd lui échappa ; elle prétendit qu’elle allait mieux et qu’elle se lèverait tout à l’heure. Mais les convulsions la saisirent ; elle s’écria :

— Ah ! c’est atroce, mon Dieu !

Il se jeta à genoux contre son lit.

— Parle ! qu’as-tu mangé ? Réponds, au nom du ciel !

Et il la regardait avec des yeux d’une tendresse comme elle n’en avait jamais vu.

— Eh bien, là…, là !… dit-elle d’une voix défaillante.

Il bondit au secrétaire, brisa le cachet et lut tout haut Qu’on n’accuse personne… Il s’arrêta, se passa la main sur les yeux, et relut encore.

— Comment !… Au secours ! à moi !

Et il ne pouvait que répéter ce mot : « Empoisonnée ! empoisonnée ! » Félicité courut chez Homais, qui s’exclama sur la place ; Mme Lefrançois l’entendit au Lion d’or, quelques-uns se levèrent pour l’apprendre à leurs voisins, et toute la nuit le village fut en éveil.

Éperdu, balbutiant, près de tomber, Charles tournait dans la chambre. Il se heurtait aux meubles, s’arrachait les cheveux, et jamais le pharmacien n’avait cru qu’il pût y avoir de si épouvantable spectacle.

Il revint chez lui pour écrire à M. Canivet et au docteur Larivière. Il perdait la tête ; il fit plus de quinze brouillons. Hippolyte partit à Neufchâtel, et Justin talonna si fort le cheval de Bovary, qu’il le laissa dans la côte du bois Guillaume, fourbu et aux trois quarts crevé.

Charles voulut feuilleter son dictionnaire de médecine ; il n’y voyait pas, les lignes dansaient.
— Du calme ! dit l’apothicaire. Il s’agit seulement d’administrer quelque puissant antidote. Quel est le poison ?

Charles montra la lettre. C’était de l’arsenic.

— Eh bien, reprit Homais, il faudrait en faire l’analyse.

Car il savait qu’il faut, dans tous les empoisonnements, faire une analyse ; et l’autre, qui ne comprenait pas, répondit :

— Ah ! faites ! faites ! sauvez-la…

Puis, revenu près d’elle, il s’affaissa par terre sur le tapis, et il restait la tête appuyée contre le bord de sa couche, à sangloter.

— Ne pleure pas ! lui dit-elle. Bientôt je ne te tourmenterai plus !

— Pourquoi ? Qui t’a forcée ?

Elle répliqua :

— Il le fallait, mon ami.

— N’étais-tu pas heureuse ? Est-ce ma faute ? J’ai fait tout ce que j’ai pu pourtant !

— Oui…, c’est vrai…, tu es bon, toi !

Et elle lui passait la main dans les cheveux, lentement. La douceur de cette sensation surchargeait sa tristesse ; il sentait tout son être s’écrouler de désespoir à l’idée qu’il fallait la perdre, quand, au contraire, elle avouait pour lui plus d’amour que jamais ; et il ne trouvait rien ; il ne savait pas, il n’osait, l’urgence d’une résolution immédiate achevant de le bouleverser.

Elle en avait fini, songeait-elle, avec toutes les trahisons, les bassesses et les innombrables convoitises qui la torturaient. Elle ne haïssait personne, maintenant ; une confusion de crépuscule s’abattait en sa pensée, et de tous les bruits de la terre Emma n’entendait plus que l’intermittente lamentation de ce pauvre cœur, douce et indistincte, comme le dernier écho d’une symphonie qui s’éloigne.

— Amenez-moi la petite, dit-elle en se soulevant du coude.

— Tu n’es pas plus mal, n’est-ce pas ? demanda Charles.

— Non ! non !

L’enfant arriva sur le bras de sa bonne, dans sa longue chemise de nuit, d’où sortaient ses pieds nus, sérieuse et presque rêvant encore. Elle considérait avec étonnement la chambre tout en désordre, et clignait des yeux, éblouie par les flambeaux qui brûlaient sur les meubles. Ils lui rappelaient sans doute les matins du jour de l’an ou de la mi-carême, quand, ainsi réveillée de bonne heure à la clarté des bougies, elle venait dans le lit de sa mère pour y recevoir ses étrennes, car elle se mit à dire :

— Où est-ce donc, maman ?

Et comme tout le monde se taisait :

— Mais je ne vois pas mon petit soulier !

Félicité la penchait vers le lit, tandis qu’elle regardait toujours du côté de la cheminée.

— Est-ce nourrice qui l’aurait pris ? demanda-t-elle.

Et, à ce nom, qui la reportait dans le souvenir de ses adultères et de ses calamités, Mme Bovary détourna sa tête, comme au dégoût d’un autre poison plus fort qui lui remontait à la bouche. Berthe, cependant, restait posée sur le lit.

— Oh ! comme tu as de grands yeux, maman ! comme tu es pâle ! comme tu sues !…

Sa mère la regardait.

— J’ai peur ! dit la petite en se reculant.

Emma prit sa main pour la baiser ; elle se débattait.

— Assez ! qu’on l’emmène ! s’écria Charles, qui sanglotait dans l’alcôve.

Puis les symptômes s’arrêtèrent un moment ; elle paraissait moins agitée ; et, à chaque parole insignifiante, à chaque souffle de sa poitrine un peu plus calme, il reprenait espoir. Enfin, lorsque Canivet entra, il se jeta dans ses bras en pleurant.

— Ah ! c’est vous ! merci ! vous êtes bon ! Mais tout va mieux. Tenez, regardez-la…

Le confrère ne fut nullement de cette opinion, et, n’y allant pas, comme il le disait lui-même, par quatre chemins, il prescrivit de l’émétique, afin de dégager complètement l’estomac.

Elle ne tarda pas à vomir du sang. Ses lèvres se serrèrent davantage. Elle avait les membres crispés, le corps couvert de taches brunes, et son pouls glissait sous les doigts comme un fil tendu, comme une corde de harpe près de se rompre.

Puis elle se mettait à crier, horriblement. Elle maudissait le poison, l’invectivait, le suppliait de se hâter, et repoussait de ses bras roidis tout ce que Charles, plus agonisant qu’elle, s’efforçait de lui faire boire. Il était debout, son mouchoir sur les lèvres, râlant, pleurant, et suffoqué par des sanglots qui le secouaient jusqu’aux talons ; Félicité courait çà et là dans la chambre ; Homais, immobile, poussait de gros soupirs, et M. Canivet, gardant toujours son aplomb, commençait néanmoins à se sentir troublé.

— Diable !… cependant… elle est purgée, et, du moment que la cause cesse…

— L’effet doit cesser, dit Homais ; c’est évident.

— Mais sauvez-la ! exclamait Bovary.

Aussi, sans écouter le pharmacien, qui hasardait encore cette hypothèse : « C’est peut-être un paroxysme salutaire », Canivet allait administrer de la thériaque, lorsqu’on entendit le claquement d’un fouet ; toutes les vitres frémirent, et, une berline de poste qu’enlevaient à plein poitrail trois chevaux crottés jusqu’aux oreilles, débusqua d’un bond au coin des halles. C’était le docteur Larivière.

L’apparition d’un dieu n’eût pas causé plus d’émoi. Bovary leva les mains, Canivet s’arrêta court, et Homais retira son bonnet grec bien avant que le docteur fût entré.

Il appartenait à la grande école chirurgicale sortie du tablier de Bichat, à cette génération, maintenant disparue, de praticiens philosophes qui, chérissant leur art d’un amour fanatique, l’exerçaient avec exaltation et sagacité ! Tout tremblait dans son hôpital quand il se mettait en colère, et ses élèves le vénéraient si bien, qu’ils s’efforçaient, à peine établis, de l’imiter le plus possible ; de sorte que l’on retrouvait sur eux, par les villes d’alentour, sa longue douillette de mérinos et son large habit noir, dont les parements déboutonnés couvraient un peu ses mains charnues, de fort belles mains, et qui n’avaient jamais de gants, comme pour être plus promptes à plonger dans les misères. Dédaigneux des croix, des titres et des académies, hospitalier, libéral, paternel avec les pauvres et pratiquant la vertu sans y croire, il eût presque passé pour un saint si la finesse de son esprit ne l’eût fait craindre comme un démon. Son regard, plus tranchant que ses bistouris, vous descendait droit dans l’âme et désarticulait tout mensonge à travers les allégations et les pudeurs. Et il allait ainsi, plein de cette majesté débonnaire que donnent la conscience d’un grand talent, de la fortune, et quarante ans d’une existence laborieuse et irréprochable.

Il fronça les sourcils dès la porte, en apercevant la face cadavéreuse d’Emma, étendue sur le dos, la bouche ouverte. Puis, tout en ayant l’air d’écouter Canivet, il se passait l’index sous les narines et répétait :

— C’est bien, c’est bien.

Mais il fit un geste lent des épaules. Bovary l’observa : ils se regardèrent ; et cet homme, si habitué pourtant à l’aspect des douleurs, ne put retenir une larme qui tomba sur son jabot. Il voulut emmener Canivet dans la pièce voisine. Charles le suivit.

— Elle est bien mal, n’est-ce pas ? Si l’on posait des sinapismes ? je ne sais quoi ! Trouvez donc quelque chose, vous qui en avez tant sauvé !

Charles lui entourait le corps de ses deux bras, et il le contemplait d’une manière effarée, suppliante, à demi pâmé contre sa poitrine.

— Allons, mon pauvre garçon, du courage ! Il n’y a plus rien à faire.

Et le docteur Larivière se détourna.

— Vous partez ?

— Je vais revenir.

Il sortit comme pour donner un ordre au postillon, avec le sieur Canivet, qui ne se souciait pas non plus de voir Emma mourir entre ses mains.

Le pharmacien les rejoignit sur la place. Il ne pouvait, par tempérament, se séparer des gens célèbres. Aussi conjura-t-il M. Larivière de lui faire cet insigne honneur d’accepter à déjeuner.

On envoya bien vite prendre des pigeons au Lion d’or, tout ce qu’il y avait de côtelettes à la boucherie, de la crème chez Tuvache, des œufs chez Lestiboudois, et l’apothicaire aidait lui-même aux préparatifs, tandis que Mme Homais disait, en tirant les cordons de sa camisole :

— Vous ferez excuse, monsieur ; car dans notre malheureux pays, du moment qu’on n’est pas prévenu la veille…

— Les verres à patte !!! souffla Homais.

— Au moins, si nous étions à la ville, nous aurions la ressource des pieds farcis.

— Tais-toi !… À table, docteur !

Il jugea bon, après les premiers morceaux, de fournir quelques détails sur la catastrophe :

— Nous avons eu d’abord un sentiment de siccité au pharynx, puis des douleurs intolérables à l’épigastre, superpurgation, coma.

— Comment s’est-elle donc empoisonnée ?

— Je l’ignore, docteur, et même je ne sais pas trop où elle a pu se procurer cet acide arsénieux.

Justin, qui apportait alors une pile d’assiettes, fut saisi d’un tremblement.

— Qu’as-tu ? dit le pharmacien.

Le jeune homme, à cette question, laissa tout tomber par terre, avec un grand fracas.

— Imbécile ! s’écria Homais, maladroit ! lourdaud ! fichu âne !

Mais, soudain, se maîtrisant :

— J’ai voulu, docteur, tenter une analyse, et primo, j’ai délicatement introduit dans un tube…

— Il aurait mieux valu, dit le chirurgien, lui introduire vos doigts dans la gorge.

Son confrère se taisait, ayant tout à l’heure reçu confidentiellement une forte semonce à propos de son émétique, de sorte que ce bon Canivet, si arrogant et verbeux lors du pied-bot, était très modeste aujourd’hui ; il souriait sans discontinuer, d’une manière approbative.

Homais s’épanouissait dans son orgueil d’amphitryon, et l’affligeante idée de Bovary contribuait vaguement à son plaisir, par un retour égoïste qu’il faisait sur lui-même. Puis la présence du Docteur le transportait. Il étalait son érudition, il citait pêle-mêle les cantharides, l’upas, le mancenillier, la vipère.

— Et même j’ai lu que différentes personnes s’étaient trouvées intoxiquées, docteur, et comme foudroyées par des boudins qui avaient subi une trop véhémente fumigation ! Du moins, c’était dans un fort beau rapport, composé par une de nos sommités pharmaceutiques, un de nos maîtres, l’illustre Cadet de Gassicourt !

Mme Homais réapparut, portant une de ces vacillantes machines que l’on chauffe avec de l’esprit-de-vin ; car Homais tenait à faire son café sur la table, l’ayant d’ailleurs torréfié lui-même, porphyrisé lui-même, mixtionné lui-même.

— Saccharum, docteur, dit-il en offrant du sucre.

Puis il fit descendre tous ses enfants, curieux d’avoir l’avis du chirurgien sur leur constitution.

Enfin, M. Larivière allait partir, quand Mme Homais lui demanda une consultation pour son mari. Il s’épaississait le sang à s’endormir chaque soir après le dîner.

— Oh ! ce n’est pas le sens qui le gêne.

Et, souriant un peu de ce calembour inaperçu, le docteur ouvrit la porte. Mais la pharmacie regorgeait de monde, et il eut grand-peine à pouvoir se débarrasser du sieur Tuvache, qui redoutait pour son épouse une fluxion de poitrine, parce qu’elle avait coutume de cracher dans les cendres ; puis de M. Binet, qui éprouvait parfois des fringales, et de Mme Caron, qui avait des picotements ; de Lheureux, qui avait des vertiges ; de Lestiboudois, qui avait un rhumatisme ; de Mme Lefrançois, qui avait des aigreurs. Enfin les trois chevaux détalèrent, et l’on trouva généralement qu’il n’avait point montré de complaisance.

L’attention publique fut distraite par l’apparition de M. Bournisien, qui passait sous les halles avec les saintes huiles.

Homais, comme il le devait à ses principes, compara les prêtres à des corbeaux qu’attire l’odeur des morts ; la vue d’un ecclésiastique lui était personnellement désagréable, car la soutane le faisait rêver au linceul, et il exécrait l’une un peu par épouvante de l’autre.

Néanmoins, ne reculant pas devant ce qu’il appelait sa mission, il retourna chez Bovary en compagnie de Canivet, que M. Larivière, avant de partir, avait engagé fortement à cette démarche ; et même, sans les représentations de sa femme, il eût emmené avec lui ses deux fils, afin de les accoutumer aux fortes circonstances, pour que ce fût une leçon, un exemple, un tableau solennel qui leur restât plus tard dans la tête.

La chambre, quand ils entrèrent, était toute pleine d’une solennité lugubre. Il y avait sur la table à ouvrage, recouverte d’une serviette blanche, cinq ou six petites boules de coton dans un plat d’argent, près d’un gros crucifix, entre deux chandeliers qui brûlaient. Emma, le menton contre sa poitrine, ouvrait démesurément les paupières ; et ses pauvres mains se traînaient sur les draps, avec ce geste hideux et doux des agonisants qui semblent vouloir déjà se recouvrir du suaire. Pâle comme une statue, et les yeux rouges comme des charbons, Charles, sans pleurer, se tenait en face d’elle, au pied du lit, tandis que le prêtre, appuyé sur un genou, marmottait des paroles basses.

Elle tourna sa figure lentement, et parut saisie de joie à voir tout à coup l’étole violette, sans doute retrouvant au milieu d’un apaisement extraordinaire la volupté perdue de ses premiers élancements mystiques, avec des visions de béatitude éternelle qui commençaient.

Le prêtre se releva pour prendre le crucifix ; alors elle allongea le cou comme quelqu’un qui a soif, et, collant ses lèvres sur le corps de l’Homme-Dieu, elle y déposa de toute sa force expirante le plus grand baiser d’amour qu’elle eût jamais donné. Ensuite il récita le Misereatur et l’Indulgentiam, trempa son pouce droit dans l’huile et commença les onctions : d’abord sur les yeux, qui avaient tant convoité toutes les somptuosités terrestres ; puis sur les narines, friandes de brises tièdes et de senteurs amoureuses ; puis sur la bouche, qui s’était ouverte pour le mensonge, qui avait gémi d’orgueil et crié dans la luxure ; puis sur les mains, qui se délectaient aux contacts suaves, et enfin sur la plante des pieds, si rapides autrefois quand elle courait à l’assouvissance de ses désirs, et qui maintenant ne marcheraient plus.

Le curé s’essuya les doigts, jeta dans le feu les brins de coton trempés d’huile, et revint s’asseoir près de la moribonde pour lui dire qu’elle devait à présent joindre ses souffrances à celles de Jésus-Christ et s’abandonner à la miséricorde divine.

En finissant ses exhortations, il essaya de lui mettre dans la main un cierge bénit, symbole des gloires célestes dont elle allait tout à l’heure être environnée. Emma, trop faible, ne put fermer les doigts, et le cierge, sans M. Bournisien, serait tombé à terre.

Cependant elle n’était plus aussi pâle, et son visage avait une expression de sérénité, comme si le sacrement l’eût guérie.

Le prêtre ne manqua point d’en faire l’observation ; il expliqua même à Bovary que le Seigneur, quelquefois, prolongeait l’existence des personnes lorsqu’il le jugeait convenable pour leur salut ; et Charles se rappela un jour où, ainsi près de mourir, elle avait reçu la communion.

— Il ne fallait peut-être pas se désespérer, pensa-t-il.

En effet, elle regarda tout autour d’elle, lentement, comme quelqu’un qui se réveille d’un songe ; puis, d’une voix distincte, elle demanda son miroir, et elle resta penchée dessus quelque temps, jusqu’au moment où de grosses larmes lui découlèrent des yeux. Alors elle se renversa la tête en poussant un soupir et retomba sur l’oreiller.

Sa poitrine aussitôt se mit à haleter rapidement. La langue tout entière lui sortit hors de la bouche ; ses yeux, en roulant, pâlissaient comme deux globes de lampe qui s’éteignent, à la croire déjà morte, sans l’effrayante accélération de ses côtes, secouées par un souffle furieux, comme si l’âme eût fait des bonds pour se détacher. Félicité s’agenouilla devant le crucifix, et le pharmacien lui-même fléchit un peu les jarrets, tandis que M. Canivet regardait vaguement sur la place. Bournisien s’était remis en prière, la figure inclinée contre le bord de la couche, avec sa longue soutane noire qui traînait derrière lui dans l’appartement. Charles était de l’autre côté, à genoux, les bras étendus vers Emma. Il avait pris ses mains et il les serrait, tressaillant à chaque battement de son cœur, comme au contrecoup d’une ruine qui tombe. À mesure que le râle devenait plus fort, l’ecclésiastique précipitait ses oraisons ; elles se mêlaient aux sanglots étouffés de Bovary, et quelquefois tout semblait disparaître dans le sourd murmure des syllabes latines, qui tintaient comme un glas de cloche.

Tout à coup, on entendit sur le trottoir un bruit de gros sabots, avec le frôlement d’un bâton ; et une voix s’éleva, une voix rauque, qui chantait :

Souvent la chaleur d’un beau jour
Fait rêver fillette à l’amour.

Emma se releva comme un cadavre que l’on galvanise, les cheveux dénoués, la prunelle fixe, béante.

Pour amasser diligemment
Les épis que la faux moissonne,
Ma Nanette va s’inclinant
Vers le sillon qui nous les donne.

— L’Aveugle s’écria-t-elle.

Et Emma se mit à rire, d’un rire atroce, frénétique, désespéré, croyant voir la face hideuse du misérable, qui se dressait dans les ténèbres éternelles comme un épouvantement.

Il souffla bien fort ce jour-là
Et le jupon court s’envola !

Une convulsion la rabattit sur le matelas. Tous s’approchèrent. Elle n’existait plus.

Chapter Eight

She asked herself as she walked along, “What am I going to say? How shall I begin?” And as she went on she recognised the thickets, the trees, the sea-rushes on the hill, the chateau yonder. All the sensations of her first tenderness came back to her, and her poor aching heart opened out amorously. A warm wind blew in her face; the melting snow fell drop by drop from the buds to the grass.

She entered, as she used to, through the small park-gate. She reached the avenue bordered by a double row of dense lime-trees. They were swaying their long whispering branches to and fro. The dogs in their kennels all barked, and the noise of their voices resounded, but brought out no one.

She went up the large straight staircase with wooden balusters that led to the corridor paved with dusty flags, into which several doors in a row opened, as in a monastery or an inn. His was at the top, right at the end, on the left. When she placed her fingers on the lock her strength suddenly deserted her. She was afraid, almost wished he would not be there, though this was her only hope, her last chance of salvation. She collected her thoughts for one moment, and, strengthening herself by the feeling of present necessity, went in.

He was in front of the fire, both his feet on the mantelpiece, smoking a pipe.

“What! it is you!” he said, getting up hurriedly.

“Yes, it is I, Rodolphe. I should like to ask your advice.”

And, despite all her efforts, it was impossible for her to open her lips.

“You have not changed; you are charming as ever!”

“Oh,” she replied bitterly, “they are poor charms since you disdained them.”

Then he began a long explanation of his conduct, excusing himself in vague terms, in default of being able to invent better.

She yielded to his words, still more to his voice and the sight of him, so that, she pretended to believe, or perhaps believed; in the pretext he gave for their rupture; this was a secret on which depended the honour, the very life of a third person.

“No matter!” she said, looking at him sadly. “I have suffered much.”

He replied philosophically —

“Such is life!”

“Has life,” Emma went on, “been good to you at least, since our separation?”

“Oh, neither good nor bad.”

“Perhaps it would have been better never to have parted.”

“Yes, perhaps.”

“You think so?” she said, drawing nearer, and she sighed. “Oh, Rodolphe! if you but knew! I loved you so!”

It was then that she took his hand, and they remained some time, their fingers intertwined, like that first day at the Show. With a gesture of pride he struggled against this emotion. But sinking upon his breast she said to him —

“How did you think I could live without you? One cannot lose the habit of happiness. I was desolate. I thought I should die. I will tell you about all that and you will see. And you — you fled from me!”

For, all the three years, he had carefully avoided her in consequence of that natural cowardice that characterises the stronger sex. Emma went on, with dainty little nods, more coaxing than an amorous kitten —

“You love others, confess it! Oh, I understand them, dear! I excuse them. You probably seduced them as you seduced me. You are indeed a man; you have everything to make one love you. But we’ll begin again, won’t we? We will love one another. See! I am laughing; I am happy! Oh, speak!”

And she was charming to see, with her eyes, in which trembled a tear, like the rain of a storm in a blue corolla.

He had drawn her upon his knees, and with the back of his hand was caressing her smooth hair, where in the twilight was mirrored like a golden arrow one last ray of the sun. She bent down her brow; at last he kissed her on the eyelids quite gently with the tips of his lips.

“Why, you have been crying! What for?”

She burst into tears. Rodolphe thought this was an outburst of her love. As she did not speak, he took this silence for a last remnant of resistance, and then he cried out —

“Oh, forgive me! You are the only one who pleases me. I was imbecile and cruel. I love you. I will love you always. What is it. Tell me!” He was kneeling by her.

“Well, I am ruined, Rodolphe! You must lend me three thousand francs.”

“But — but —” said he, getting up slowly, while his face assumed a grave expression.

“You know,” she went on quickly, “that my husband had placed his whole fortune at a notary’s. He ran away. So we borrowed; the patients don’t pay us. Moreover, the settling of the estate is not yet done; we shall have the money later on. But to-day, for want of three thousand francs, we are to be sold up. It is to be at once, this very moment, and, counting upon your friendship, I have come to you.”

“Ah!” thought Rodolphe, turning very pale, “that was what she came for.” At last he said with a calm air —

“Dear madame, I have not got them.”

He did not lie. If he had had them, he would, no doubt, have given them, although it is generally disagreeable to do such fine things: a demand for money being, of all the winds that blow upon love, the coldest and most destructive.

First she looked at him for some moments.

“You have not got them!” she repeated several times. “You have not got them! I ought to have spared myself this last shame. You never loved me. You are no better than the others.”

She was betraying, ruining herself.

Rodolphe interrupted her, declaring he was “hard up” himself.

“Ah! I pity you,” said Emma. “Yes — very much.”

And fixing her eyes upon an embossed carabine, that shone against its panoply, “But when one is so poor one doesn’t have silver on the butt of one’s gun. One doesn’t buy a clock inlaid with tortoise shell,” she went on, pointing to a buhl timepiece, “nor silver-gilt whistles for one’s whips,” and she touched them, “nor charms for one’s watch. Oh, he wants for nothing! even to a liqueur-stand in his room! For you love yourself; you live well. You have a chateau, farms, woods; you go hunting; you travel to Paris. Why, if it were but that,” she cried, taking up two studs from the mantelpiece, “but the least of these trifles, one can get money for them. Oh, I do not want them, keep them!”

And she threw the two links away from her, their gold chain breaking as it struck against the wall.

“But I! I would have given you everything. I would have sold all, worked for you with my hands, I would have begged on the highroads for a smile, for a look, to hear you say ‘Thanks!’ And you sit there quietly in your arm-chair, as if you had not made me suffer enough already! But for you, and you know it, I might have lived happily. What made you do it? Was it a bet? Yet you loved me — you said so. And but a moment since — Ah! it would have been better to have driven me away. My hands are hot with your kisses, and there is the spot on the carpet where at my knees you swore an eternity of love! You made me believe you; for two years you held me in the most magnificent, the sweetest dream! Eh! Our plans for the journey, do you remember? Oh, your letter! your letter! it tore my heart! And then when I come back to him — to him, rich, happy, free — to implore the help the first stranger would give, a suppliant, and bringing back to him all my tenderness, he repulses me because it would cost him three thousand francs!”

“I haven’t got them,” replied Rodolphe, with that perfect calm with which resigned rage covers itself as with a shield.

She went out. The walls trembled, the ceiling was crushing her, and she passed back through the long alley, stumbling against the heaps of dead leaves scattered by the wind. At last she reached the ha-ha hedge in front of the gate; she broke her nails against the lock in her haste to open it. Then a hundred steps farther on, breathless, almost falling, she stopped. And now turning round, she once more saw the impassive chateau, with the park, the gardens, the three courts, and all the windows of the facade.

She remained lost in stupor, and having no more consciousness of herself than through the beating of her arteries, that she seemed to hear bursting forth like a deafening music filling all the fields. The earth beneath her feet was more yielding than the sea, and the furrows seemed to her immense brown waves breaking into foam. Everything in her head, of memories, ideas, went off at once like a thousand pieces of fireworks. She saw her father, Lheureux’s closet, their room at home, another landscape. Madness was coming upon her; she grew afraid, and managed to recover herself, in a confused way, it is true, for she did not in the, least remember the cause of the terrible condition she was in, that is to say, the question of money. She suffered only in her love, and felt her soul passing from her in this memory; as wounded men, dying, feel their life ebb from their bleeding wounds.

Night was falling, crows were flying about.

Suddenly it seemed to her that fiery spheres were exploding in the air like fulminating balls when they strike, and were whirling, whirling, to melt at last upon the snow between the branches of the trees. In the midst of each of them appeared the face of Rodolphe. They multiplied and drew near her, penetrating, her. It all disappeared; she recognised the lights of the houses that shone through the fog.

Now her situation, like an abyss, rose up before her. She was panting as if her heart would burst. Then in an ecstasy of heroism, that made her almost joyous, she ran down the hill, crossed the cow-plank, the foot-path, the alley, the market, and reached the chemist’s shop. She was about to enter, but at the sound of the bell someone might come, and slipping in by the gate, holding her breath, feeling her way along the walls, she went as far as the door of the kitchen, where a candle stuck on the stove was burning. Justin in his shirt-sleeves was carrying out a dish.

“Ah! they are dining; I will wait.”

He returned; she tapped at the window. He went out.

“The key! the one for upstairs where he keeps the —”

“What?”

And he looked at her, astonished at the pallor of her face, that stood out white against the black background of the night. She seemed to him extraordinarily beautiful and majestic as a phantom. Without understanding what she wanted, he had the presentiment of something terrible.

But she went on quickly in a love voice; in a sweet, melting voice, “I want it; give it to me.”

As the partition wall was thin, they could hear the clatter of the forks on the plates in the dining-room.

She pretended that she wanted to kill the rats that kept her from sleeping.

“I must tell master.”

“No, stay!” Then with an indifferent air, “Oh, it’s not worth while; I’ll tell him presently. Come, light me upstairs.”

She entered the corridor into which the laboratory door opened. Against the wall was a key labelled Capharnaum.

“Justin!” called the druggist impatiently.

“Let us go up.”

And he followed her. The key turned in the lock, and she went straight to the third shelf, so well did her memory guide her, seized the blue jar, tore out the cork, plunged in her hand, and withdrawing it full of a white powder, she began eating it.

“Stop!” he cried, rushing at her.

“Hush! someone will come.”

He was in despair, was calling out.

“Say nothing, or all the blame will fall on your master.”

Then she went home, suddenly calmed, and with something of the serenity of one that had performed a duty.

When Charles, distracted by the news of the distraint, returned home, Emma had just gone out. He cried aloud, wept, fainted, but she did not return. Where could she be? He sent Felicite to Homais, to Monsieur Tuvache, to Lheureux, to the “Lion d’Or,” everywhere, and in the intervals of his agony he saw his reputation destroyed, their fortune lost, Berthe’s future ruined. By what? — Not a word! He waited till six in the evening. At last, unable to bear it any longer, and fancying she had gone to Rouen, he set out along the highroad, walked a mile, met no one, again waited, and returned home. She had come back.

“What was the matter? Why? Explain to me.”

She sat down at her writing-table and wrote a letter, which she sealed slowly, adding the date and the hour. Then she said in a solemn tone:

“You are to read it to-morrow; till then, I pray you, do not ask me a single question. No, not one!”

“But —”

“Oh, leave me!”

She lay down full length on her bed. A bitter taste that she felt in her mouth awakened her. She saw Charles, and again closed her eyes.

She was studying herself curiously, to see if she were not suffering. But no! nothing as yet. She heard the ticking of the clock, the crackling of the fire, and Charles breathing as he stood upright by her bed.

“Ahl it is but a little thing, death!” she thought. “I shall fall asleep and all will be over.”

She drank a mouthful of water and turned to the wall. The frightful taste of ink continued.

“I am thirsty; oh! so thirsty,” she sighed.

“What is it?” said Charles, who was handing her a glass.

“It is nothing! Open the window; I am choking.”

She was seized with a sickness so sudden that she had hardly time to draw out her handkerchief from under the pillow.

“Take it away,” she said quickly; “throw it away.”

He spoke to her; she did not answer. She lay motionless, afraid that the slightest movement might make her vomit. But she felt an icy cold creeping from her feet to her heart.

“Ah! it is beginning,” she murmured.

“What did you say?”

She turned her head from side to side with a gentle movement full of agony, while constantly opening her mouth as if something very heavy were weighing upon her tongue. At eight o’clock the vomiting began again.

Charles noticed that at the bottom of the basin there was a sort of white sediment sticking to the sides of the porcelain.

“This is extraordinary — very singular,” he repeated.

But she said in a firm voice, “No, you are mistaken.”

Then gently, and almost as caressing her, he passed his hand over her stomach. She uttered a sharp cry. He fell back terror-stricken.

Then she began to groan, faintly at first. Her shoulders were shaken by a strong shuddering, and she was growing paler than the sheets in which her clenched fingers buried themselves. Her unequal pulse was now almost imperceptible.

Drops of sweat oozed from her bluish face, that seemed as if rigid in the exhalations of a metallic vapour. Her teeth chattered, her dilated eyes looked vaguely about her, and to all questions she replied only with a shake of the head; she even smiled once or twice. Gradually, her moaning grew louder; a hollow shriek burst from her; she pretended she was better and that she would get up presently. But she was seized with convulsions and cried out —

“Ah! my God! It is horrible!”

He threw himself on his knees by her bed.

“Tell me! what have you eaten? Answer, for heaven’s sake!”

And he looked at her with a tenderness in his eyes such as she had never seen.

“Well, there — there!” she said in a faint voice. He flew to the writing-table, tore open the seal, and read aloud: “Accuse no one.” He stopped, passed his hands across his eyes, and read it over again.

“What! help — help!”

He could only keep repeating the word: “Poisoned! poisoned!” Felicite ran to Homais, who proclaimed it in the market-place; Madame Lefrancois heard it at the “Lion d’Or”; some got up to go and tell their neighbours, and all night the village was on the alert.

Distraught, faltering, reeling, Charles wandered about the room. He knocked against the furniture, tore his hair, and the chemist had never believed that there could be so terrible a sight.

He went home to write to Monsieur Canivet and to Doctor Lariviere. He lost his head, and made more than fifteen rough copies. Hippolyte went to Neufchatel, and Justin so spurred Bovary’s horse that he left it foundered and three parts dead by the hill at Bois-Guillaume.

Charles tried to look up his medical dictionary, but could not read it; the lines were dancing.

“Be calm,” said the druggist; “we have only to administer a powerful antidote. What is the poison?”

Charles showed him the letter. It was arsenic.

“Very well,” said Homais, “we must make an analysis.”

For he knew that in cases of poisoning an analysis must be made; and the other, who did not understand, answered —

“Oh, do anything! save her!”

Then going back to her, he sank upon the carpet, and lay there with his head leaning against the edge of her bed, sobbing.

“Don’t cry,” she said to him. “Soon I shall not trouble you any more.”

“Why was it? Who drove you to it?”

She replied. “It had to be, my dear!”

“Weren’t you happy? Is it my fault? I did all I could!”

“Yes, that is true — you are good — you.”

And she passed her hand slowly over his hair. The sweetness of this sensation deepened his sadness; he felt his whole being dissolving in despair at the thought that he must lose her, just when she was confessing more love for him than ever. And he could think of nothing; he did not know, he did not dare; the urgent need for some immediate resolution gave the finishing stroke to the turmoil of his mind.

So she had done, she thought, with all the treachery; and meanness, and numberless desires that had tortured her. She hated no one now; a twilight dimness was settling upon her thoughts, and, of all earthly noises, Emma heard none but the intermittent lamentations of this poor heart, sweet and indistinct like the echo of a symphony dying away.

“Bring me the child,” she said, raising herself on her elbow.

“You are not worse, are you?” asked Charles.

“No, no!”

The child, serious, and still half-asleep, was carried in on the servant’s arm in her long white nightgown, from which her bare feet peeped out. She looked wonderingly at the disordered room, and half-closed her eyes, dazzled by the candles burning on the table. They reminded her, no doubt, of the morning of New Year’s day and Mid-Lent, when thus awakened early by candle-light she came to her mother’s bed to fetch her presents, for she began saying —

“But where is it, mamma?” And as everybody was silent, “But I can’t see my little stocking.”

Felicite held her over the bed while she still kept looking towards the mantelpiece.

“Has nurse taken it?” she asked.

And at this name, that carried her back to the memory of her adulteries and her calamities, Madame Bovary turned away her head, as at the loathing of another bitterer poison that rose to her mouth. But Berthe remained perched on the bed.

“Oh, how big your eyes are, mamma! How pale you are! how hot you are!”

Her mother looked at her. “I am frightened!” cried the child, recoiling.

Emma took her hand to kiss it; the child struggled.

“That will do. Take her away,” cried Charles, who was sobbing in the alcove.

Then the symptoms ceased for a moment; she seemed less agitated; and at every insignificant word, at every respiration a little more easy, he regained hope. At last, when Canivet came in, he threw himself into his arms.

“Ah! it is you. Thanks! You are good! But she is better. See! look at her.”

His colleague was by no means of this opinion, and, as he said of himself, “never beating about the bush,” he prescribed, an emetic in order to empty the stomach completely.

She soon began vomiting blood. Her lips became drawn. Her limbs were convulsed, her whole body covered with brown spots, and her pulse slipped beneath the fingers like a stretched thread, like a harp-string nearly breaking.

After this she began to scream horribly. She cursed the poison, railed at it, and implored it to be quick, and thrust away with her stiffened arms everything that Charles, in more agony than herself, tried to make her drink. He stood up, his handkerchief to his lips, with a rattling sound in his throat, weeping, and choked by sobs that shook his whole body. Felicite was running hither and thither in the room. Homais, motionless, uttered great sighs; and Monsieur Canivet, always retaining his self-command, nevertheless began to feel uneasy.

“The devil! yet she has been purged, and from the moment that the cause ceases —”

“The effect must cease,” said Homais, “that is evident.”

“Oh, save her!” cried Bovary.

And, without listening to the chemist, who was still venturing the hypothesis, “It is perhaps a salutary paroxysm,” Canivet was about to administer some theriac, when they heard the cracking of a whip; all the windows rattled, and a post-chaise drawn by three horses abreast, up to their ears in mud, drove at a gallop round the corner of the market. It was Doctor Lariviere.

The apparition of a god would not have caused more commotion. Bovary raised his hands; Canivet stopped short; and Homais pulled off his skull-cap long before the doctor had come in.

He belonged to that great school of surgery begotten of Bichat, to that generation, now extinct, of philosophical practitioners, who, loving their art with a fanatical love, exercised it with enthusiasm and wisdom. Everyone in his hospital trembled when he was angry; and his students so revered him that they tried, as soon as they were themselves in practice, to imitate him as much as possible. So that in all the towns about they were found wearing his long wadded merino overcoat and black frock-coat, whose buttoned cuffs slightly covered his brawny hands — very beautiful hands, and that never knew gloves, as though to be more ready to plunge into suffering. Disdainful of honours, of titles, and of academies, like one of the old Knight-Hospitallers, generous, fatherly to the poor, and practising virtue without believing in it, he would almost have passed for a saint if the keenness of his intellect had not caused him to be feared as a demon. His glance, more penetrating than his bistouries, looked straight into your soul, and dissected every lie athwart all assertions and all reticences. And thus he went along, full of that debonair majesty that is given by the consciousness of great talent, of fortune, and of forty years of a labourious and irreproachable life.

He frowned as soon as he had passed the door when he saw the cadaverous face of Emma stretched out on her back with her mouth open. Then, while apparently listening to Canivet, he rubbed his fingers up and down beneath his nostrils, and repeated —

“Good! good!”

But he made a slow gesture with his shoulders. Bovary watched him; they looked at one another; and this man, accustomed as he was to the sight of pain, could not keep back a tear that fell on his shirt-frill.

He tried to take Canivet into the next room. Charles followed him.

“She is very ill, isn’t she? If we put on sinapisms? Anything! Oh, think of something, you who have saved so many!”

Charles caught him in both his arms, and gazed at him wildly, imploringly, half-fainting against his breast.

“Come, my poor fellow, courage! There is nothing more to be done.”

And Doctor Lariviere turned away.

“You are going?”

“I will come back.”

He went out only to give an order to the coachman, with Monsieur Canivet, who did not care either to have Emma die under his hands.

The chemist rejoined them on the Place. He could not by temperament keep away from celebrities, so he begged Monsieur Lariviere to do him the signal honour of accepting some breakfast.

He sent quickly to the “Lion d’Or” for some pigeons; to the butcher’s for all the cutlets that were to be had; to Tuvache for cream; and to Lestiboudois for eggs; and the druggist himself aided in the preparations, while Madame Homais was saying as she pulled together the strings of her jacket —

“You must excuse us, sir, for in this poor place, when one hasn’t been told the night before —”

“Wine glasses!” whispered Homais.

“If only we were in town, we could fall back upon stuffed trotters.”

“Be quiet! Sit down, doctor!”

He thought fit, after the first few mouthfuls, to give some details as to the catastrophe.

“We first had a feeling of siccity in the pharynx, then intolerable pains at the epigastrium, super purgation, coma.”

“But how did she poison herself?”

“I don’t know, doctor, and I don’t even know where she can have procured the arsenious acid.”

Justin, who was just bringing in a pile of plates, began to tremble.

“What’s the matter?” said the chemist.

At this question the young man dropped the whole lot on the ground with a crash.

“Imbecile!” cried Homais. “awkward lout! block-head! confounded ass!”

But suddenly controlling himself —

“I wished, doctor, to make an analysis, and primo I delicately introduced a tube —”

“You would have done better,” said the physician, “to introduce your fingers into her throat.”

His colleague was silent, having just before privately received a severe lecture about his emetic, so that this good Canivet, so arrogant and so verbose at the time of the clubfoot, was to-day very modest. He smiled without ceasing in an approving manner.

Homais dilated in Amphytrionic pride, and the affecting thought of Bovary vaguely contributed to his pleasure by a kind of egotistic reflex upon himself. Then the presence of the doctor transported him. He displayed his erudition, cited pell-mell cantharides, upas, the manchineel, vipers.

“I have even read that various persons have found themselves under toxicological symptoms, and, as it were, thunderstricken by black-pudding that had been subjected to a too vehement fumigation. At least, this was stated in a very fine report drawn up by one of our pharmaceutical chiefs, one of our masters, the illustrious Cadet de Gassicourt!”

Madame Homais reappeared, carrying one of those shaky machines that are heated with spirits of wine; for Homais liked to make his coffee at table, having, moreover, torrefied it, pulverised it, and mixed it himself.

“Saccharum, doctor?” said he, offering the sugar.

Then he had all his children brought down, anxious to have the physician’s opinion on their constitutions.

At last Monsieur Lariviere was about to leave, when Madame Homais asked for a consultation about her husband. He was making his blood too thick by going to sleep every evening after dinner.

“Oh, it isn’t his blood that’s too thick,” said the physician.

And, smiling a little at his unnoticed joke, the doctor opened the door. But the chemist’s shop was full of people; he had the greatest difficulty in getting rid of Monsieur Tuvache, who feared his spouse would get inflammation of the lungs, because she was in the habit of spitting on the ashes; then of Monsieur Binet, who sometimes experienced sudden attacks of great hunger; and of Madame Caron, who suffered from tinglings; of Lheureux, who had vertigo; of Lestiboudois, who had rheumatism; and of Madame Lefrancois, who had heartburn. At last the three horses started; and it was the general opinion that he had not shown himself at all obliging.

Public attention was distracted by the appearance of Monsieur Bournisien, who was going across the market with the holy oil.

Homais, as was due to his principles, compared priests to ravens attracted by the odour of death. The sight of an ecclesiastic was personally disagreeable to him, for the cassock made him think of the shroud, and he detested the one from some fear of the other.

Nevertheless, not shrinking from what he called his mission, he returned to Bovary’s in company with Canivet whom Monsieur Lariviere, before leaving, had strongly urged to make this visit; and he would, but for his wife’s objections, have taken his two sons with him, in order to accustom them to great occasions; that this might be a lesson, an example, a solemn picture, that should remain in their heads later on.

The room when they went in was full of mournful solemnity. On the work-table, covered over with a white cloth, there were five or six small balls of cotton in a silver dish, near a large crucifix between two lighted candles.

Emma, her chin sunken upon her breast, had her eyes inordinately wide open, and her poor hands wandered over the sheets with that hideous and soft movement of the dying, that seems as if they wanted already to cover themselves with the shroud. Pale as a statue and with eyes red as fire, Charles, not weeping, stood opposite her at the foot of the bed, while the priest, bending one knee, was muttering words in a low voice.

She turned her face slowly, and seemed filled with joy on seeing suddenly the violet stole, no doubt finding again, in the midst of a temporary lull in her pain, the lost voluptuousness of her first mystical transports, with the visions of eternal beatitude that were beginning.

The priest rose to take the crucifix; then she stretched forward her neck as one who is athirst, and glueing her lips to the body of the Man-God, she pressed upon it with all her expiring strength the fullest kiss of love that she had ever given. Then he recited the Misereatur and the Indulgentiam, dipped his right thumb in the oil, and began to give extreme unction. First upon the eyes, that had so coveted all worldly pomp; then upon the nostrils, that had been greedy of the warm breeze and amorous odours; then upon the mouth, that had uttered lies, that had curled with pride and cried out in lewdness; then upon the hands that had delighted in sensual touches; and finally upon the soles of the feet, so swift of yore, when she was running to satisfy her desires, and that would now walk no more.

The cure wiped his fingers, threw the bit of cotton dipped in oil into the fire, and came and sat down by the dying woman, to tell her that she must now blend her sufferings with those of Jesus Christ and abandon herself to the divine mercy.

Finishing his exhortations, he tried to place in her hand a blessed candle, symbol of the celestial glory with which she was soon to be surrounded. Emma, too weak, could not close her fingers, and the taper, but for Monsieur Bournisien would have fallen to the ground.

However, she was not quite so pale, and her face had an expression of serenity as if the sacrament had cured her.

The priest did not fail to point this out; he even explained to Bovary that the Lord sometimes prolonged the life of persons when he thought it meet for their salvation; and Charles remembered the day when, so near death, she had received the communion. Perhaps there was no need to despair, he thought.

In fact, she looked around her slowly, as one awakening from a dream; then in a distinct voice she asked for her looking-glass, and remained some time bending over it, until the big tears fell from her eyes. Then she turned away her head with a sigh and fell back upon the pillows.

Her chest soon began panting rapidly; the whole of her tongue protruded from her mouth; her eyes, as they rolled, grew paler, like the two globes of a lamp that is going out, so that one might have thought her already dead but for the fearful labouring of her ribs, shaken by violent breathing, as if the soul were struggling to free itself. Felicite knelt down before the crucifix, and the druggist himself slightly bent his knees, while Monsieur Canivet looked out vaguely at the Place. Bournisien had again begun to pray, his face bowed against the edge of the bed, his long black cassock trailing behind him in the room. Charles was on the other side, on his knees, his arms outstretched towards Emma. He had taken her hands and pressed them, shuddering at every beat of her heart, as at the shaking of a falling ruin. As the death-rattle became stronger the priest prayed faster; his prayers mingled with the stifled sobs of Bovary, and sometimes all seemed lost in the muffled murmur of the Latin syllables that tolled like a passing bell.

Suddenly on the pavement was heard a loud noise of clogs and the clattering of a stick; and a voice rose — a raucous voice — that sang —

“Maids an the warmth of a summer day Dream of love and of love always”

Emma raised herself like a galvanised corpse, her hair undone, her eyes fixed, staring.

“Where the sickle blades have been, Nannette, gathering ears of corn, Passes bending down, my queen, To the earth where they were born.”

“The blind man!” she cried. And Emma began to laugh, an atrocious, frantic, despairing laugh, thinking she saw the hideous face of the poor wretch that stood out against the eternal night like a menace.

“The wind is strong this summer day, Her petticoat has flown away.”

She fell back upon the mattress in a convulsion. They all drew near. She was dead.

Achtes Kapitel

Auf dem Wege fragte sie sich:

„Was werde ich ihm sagen? Womit soll ich anfangen?“

Je näher sie kam, um so bekannter erschienen ihr die Büsche und Bäume, der Ginster am Hange und schließlich das Herrenhaus vor ihr. Die zärtliche Liebesstimmung von damals tauchte wieder auf, und ihr armes gequältes Herz schwoll im Nachhall der vergangenen Seligkeit. Ein lauer Wind strich ihr übers Gesicht. Schmelzender Schnee fiel, Tropfen auf Tropfen, von den knospenden Bäumen hernieder ins Gras.

Wie einst schlüpfte sie durch die kleine Gartenpforte und ging über den von einer doppelten Lindenreihe durchschnittenen Herrenhof. Die Bäume wiegten säuselnd ihre langen Zweige. Sämtliche Hunde im Zwinger schlugen an, aber trotz ihres Gebells erschien niemand.

Sie stieg die breite, mit einem hölzernen Geländer versehene Treppe hinauf. Die führte zu einem mit Steinfliesen belegten staubigen Gang, auf den eine lange Reihe verschiedener Zimmer mündete, wie in einem Kloster oder in einem Hotel. Rudolfs Zimmer lag links ganz am Ende. Als sie die Finger um die Türklinke legte, verließen sie plötzlich die Kräfte. Sie fürchtete, er möchte nicht zu Haus sein, ja, sie wünschte es beinah, und doch war es ihre einzige Hoffnung, der letzte Versuch zu ihrer Rettung. Einen Augenblick sammelte sie sich noch, dachte an ihre Not, faßte Mut und trat ein.

Er saß vor dem Feuer, beide Füße gegen den Kaminsims gestemmt, und rauchte eine Pfeife.

„Mein Gott, Sie!“ rief er aus und sprang rasch auf.

„Ja, ich! Rudolf! Ich komme, Sie um einen Rat zu bitten!“

Weiter brachte sie trotz aller Anstrengung nichts heraus.

„Sie haben sich nicht verändert! Sie sind noch immer reizend.“

„So,“ wehrte sie voll Bitternis ab, „das müssen traurige Reize sein, mein Freund, da Sie sie verschmäht haben!“

Und nun begann er sein damaliges Benehmen zu erklären. Er entschuldigte sich in halbschürigen Ausdrücken, da er etwas Ordentliches nicht vorzubringen hatte. Emma ließ sich durch seine Worte fangen, mehr noch durch den Klang seiner Stimme und durch seine Gegenwart. Dies war so mächtig, daß sie sich stellte, als schenke sie seinen Ausflüchten Glauben. Vielleicht glaubte sie ihm auch wirklich. Er deutete ein Geheimnis an, von dem die Ehre und das Leben eines dritten Menschen abgehangen hätte.

„Das ist ja nun gleichgültig“, sagte sie und sah ihn traurig an. „Ich habe schwer gelitten!“

Rudolf meinte philosophisch:

„So ist das Leben!“

„Hat es wenigstens Ihnen Gutes gebracht, nach unserer Trennung?“ fragte sie.

„Ach, nichts Gutes und nichts Schlechtes!“

„Dann wäre es vielleicht besser gewesen, wenn wir damals nicht voneinander gegangen wären?“

„Ja! Vielleicht!“

„Glaubst du das?“ fragte sie, indem sie aufseufzend ihm näher trat. „Ach Rudolf! Wenn du wüßtest! Ich habe dich sehr lieb gehabt!“

Jetzt war sie es, die seine Hand ergriff. Eine Zeitlang saßen sie mit verschlungenen Händen da wie damals, am Bundestage der Landwirte. In einer sichtlichen Regung seines Stolzes kämpfte er gegen seine eigene Rührung. Da schmiegte sich Emma an seine Brust und sagte:

„Wie hast du nur glauben können, daß ich ohne dich leben sollte! Ein Glück, das man besessen, vergißt man nie! Ich war ganz verzweifelt! Dem Tode nahe! Ich will dir alles erzählen, du sollst alles erfahren. Aber du! Du hast mich nicht einmal sehen mögen!“

In der Tat war er ihr seit drei Jahren ängstlich aus dem Wege gegangen, in jener natürlichen Feigheit, die für das starke Geschlecht charakteristisch ist. Emma sprach weiter, unter zierlichen Sendungen ihres Kopfes, schmeichlerischer als eine verliebte Katze.

„Du liebst andre! Gesteh es nur! Ach, ich begreife das ja auch und entschuldige diese anderen! Du hast sie verführt, wie du mich verführt hast. Du bist der geborene Verführer! Hast alles, was uns Frauen verrückt macht. Aber sag! Wollen wir von neuem beginnen? Ja? Sieh, ich lache! Ich bin glücklich! ... So rede doch!“

Sie sah entzückend aus. Eine Träne zitterte in ihrem Auge, wie eine Wasserperle nach einem Gewitter im Kelch einer blauen Blume.

Er zog sie auf seine Knie und strich mit der Hand liebkosend ihr Haar, über das der letzte Sonnenstrahl wie ein goldner Pfeil hinwegflog, funkelnd im Dämmerlicht. Sie senkte die Stirn, und er küßte sie leise und sanft auf die Augenlider.

„Du hast geweint?“ fragte er. „Warum?“

Da schluchzte sie laut auf. Rudolf hielt das für einen Ausbruch ihrer Liebe, und da sie kein Wort sagte, nahm er ihr Schweigen für eine letzte Scham und rief aus:

„O, verzeih mir! Du bist die einzige, die mir gefällt. Ich war ein Tor, ein Schwächling! Ein Elender! Ich liebe dich! Ich werde dich immer lieben! Aber was hast du? Sag es mir doch!“

Er sank ihr zu Füßen.

„So höre! ... Ich bin zugrunde gerichtet, Rudolf! Du mußt mir dreitausend Franken leihen.“

„Ja ... aber ...“

Er erhob sich langsam, und sein Gesicht nahm einen ernsten Ausdruck an.

„Du mußt nämlich wissen,“ fuhr sie schnell fort, „daß mein Mann sein ganzes Vermögen einem Notar anvertraut hatte. Der ist flüchtig geworden. Wir haben uns Geld geliehen. Die Patienten bezahlten nicht. Übrigens ist der Nachlaßkonkurs meines Schwiegervaters noch nicht zu Ende. Wir werden bald wieder Geld haben. Aber heute fehlen uns dreitausend Franken. Deswegen sollen wir gepfändet werden. Und zwar gleich, in einer Stunde! Ich baue auf deine Freundschaft, und deshalb bin zu dir gekommen!“

„Aha!“ dachte Rudolf und ward plötzlich blaß. „Also darum ist sie gekommen!“ Nach einer kleinen Weile sagte er gelassen: „Verehrteste, soviel habe ich nicht!“

Er log nicht. Er würde ihr die Summe wohl gegeben haben, wenn er sie da gehabt hätte, obgleich es ihm wie den meisten Menschen unangenehm gewesen wäre, sich großmütig zeigen zu müssen. Von allen Feinden, die über die Liebe herfallen können, ist eine Bitte um Geld der hartherzigste und gefährlichste.

Sie sah ihn erst lange fest an; dann sagte sie:

„Du hast sie nicht!“ Und mehrere Male wiederholte sie: „Du hast sie nicht! ... Ich hätte mir diese letzte Schmach also ersparen können! Du hast mich nie geliebt! Du bist nicht mehr wert als die andern!“

Sie verriet sich und ihre Frauenehre.

Rudolf unterbrach sie und versicherte, er sei selbst in Verlegenheit.

„Ach! Du tust mir sehr leid ...“, sagte Emma. „Ja, ungemein!“

Ihre Augen blieben an einer damaszierten Büchse hängen, die im Gewehrschrank blinkte.

„Aber wenn man arm ist, dann kauft man sich keine Flinten mit Silberbeschlag, kauft man sich keine Stutzuhr mit Schildpatteinlagen, keine Reitstöcke mit goldnen Griffen!“ Sie berührte einen, der auf dem Tische lag. „Und trägt keine solche Berlocken an der Uhrkette!“ Ach, er ließ sich sichtlich nichts abgehen. Das bewies allein das Likörschränkchen im Zimmer. „Ja, dich selber, dich liebst du! Dich und ein gutes Leben! Du hast ein Schloß, Pachthöfe, Wälder! Du reitest die Jagden mit, machst Reisen nach Paris! Und wenn du mir nur das gegeben hättest!“ Sie sprach immer lauter und nahm seine mit Brillanten geschmückten Manschettenknöpfe vom Kamin. „Diesen und andern entbehrlichen Tand! Geld läßt sich schnell schaffen! Aber nun nicht mehr! Ich will nichts davon haben! Behalt alles!“ Sie schleuderte die beiden Knöpfe weit von sich. Sie schlugen gegen die Wand. Ein Goldkettchen zerbrach.

„Ich, ach, ich hätte dir alles gegeben, hätte alles verkauft. Mit meinen Händen hätte ich für dich gearbeitet, auf der Straße hätte ich gebettelt, nur um von dir ein Lächeln, einen Blick, ein einziges Dankwort zu erhaschen. Aber du! Du bleibst gemütlich in deinem Lehnstuhl sitzen, als ob du mir nicht schon genug Leid zugefügt hättest! Ohne dich — das weißt du sehr wohl! — hätte ich glücklich sein können! Wer zwang dich dazu? Wolltest du eine Wette gewinnen? Und dabei hast du mir eben noch gesagt, daß du mich liebtest! Ach, hättest du mich doch lieber davongejagt! Meine Hände sind noch warm von deinen Küssen, und hier auf dem Teppich, hier auf dieser Stelle hast du gekniet und mir ewige Liebe geschworen! Du hast mich immer belogen und betrogen! Mich zwei Jahre lang in dem süßen Wahn des herrlichsten Gefühls gelassen! Und dann der Plan unsrer Flucht! Erinnerst du dich daran? An deinen Brief, deinen Brief! Er hat mir das Herz zerrissen! Und heute, wo ich zu diesem Manne zurückkehre, zu ihm, der reich, glücklich und frei ist, und ihn um eine Hilfe bitte, die der erste beste gewähren würde, wo ich ihn unter Tränen bitte und ihm meine ganze Liebe wiederbringe, da stößt er mich zurück, — weils ihn dreitausend Franken kosten könnte!“

„Ich habe sie nicht“, wiederholte Rudolf mit der Gelassenheit, hinter die sich zornige Naturen wie hinter einen Schild zu bergen pflegen.

Sie ging.

Die Wände schwankten, die Decke drohte sie zu erdrücken. Wieder nahm sie ihren Weg durch den langen Lindengang, über Haufen welken Laubs, das der Wind aufwühlte. Endlich stand sie vor dem Gittertor. Sie zerbrach sich die Nägel an seinem Schloß, so hastig wollte sie es öffnen. Hundert Schritte weiter blieb sie völlig außer Atem stehn und konnte sich kaum noch aufrecht halten. Wie sie sich umwandte, sah sie noch einmal auf das still daliegende Herrenhaus mit seinen langen Fensterreihen, auf den Park, die Höfe und die Gärten.

Wie in einer Betäubung stand sie da. Sie empfand kaum noch etwas andres als das Pochen und Pulsen des Blutes in ihren Adern, das ihr aus dem Körper zu springen und wie laute Musik das ganze Land rings um sie zu durchrauschen schien. Der Boden unter ihren Füßen kam ihr weicher vor als Wasser, und die Furchen der Felder am Wege erschienen ihr wie lange braune Wellen, die auf und nieder wogten. Alles, was ihr im Kopfe lebte, alle Erinnerungen und Gedanken sprangen auf einmal heraus, mit tausend Funken wie ein Feuerwerk. Sie sah ihren Vater vor sich, dann das Kontor des Wucherers, ihr Zimmer zu Haus, dann irgendeine Landschaft, immer wieder etwas andres. Das war heller Wahnsinn! Ihr ward bange. Da raffte sie ihre letzten Kräfte zusammen. Es war nur noch wenig Verstand in ihr, denn sie erinnerte sich nicht mehr an die Ursache ihres schrecklichen Zustandes, das heißt an die Geldfrage. Sie litt einzig an ihrer Liebe, und sie fühlte, wie ihr durch die alten Erinnerungen die Seele dahinschwand, so wie zu Tode Verwundete ihr Leben mit dem Blute ihrer Wunde hinströmen fühlen.

Die Nacht brach herein. Raben flogen.

Es schien ihr plötzlich, als sausten feurige Kugeln durch die Luft. Sie kreisten und kreisten, um schließlich im Schnee zwischen den kahlen Ästen der Bäume zu zergehen. In jeder erschien Rudolfs Gesicht. Sie wurden immer zahlreicher; sie kamen immer näher; sie bedrohten sie. Da, plötzlich waren sie alle verschwunden ... Jetzt erkannte sie die Lichter der Häuser, die von ferne durch den Nebel schimmerten.

Nun ward sie sich auch wieder ihrer Not bewußt, ihres tiefen Elends. Ihr klopfendes Herz schien ihr die Brust zersprengen zu wollen ... Aber mit einem Male füllte sich ihre Seele mit einem beinahe freudigen Heldenmut, und so schnell sie konnte, lief sie den Abhang hinunter, überschritt die Planke über dem Bach, eilte durch die Allee, an den Hallen vorbei, bis sie vor der Apotheke stand.

Es war niemand im Laden. Sie wollte eintreten, aber das Geräusch der Klingel hätte sie verraten können. Deshalb ging sie durch die Haustüre; kaum atmend, tastete sie an der Wand der Hausflur hin bis zur Küchentüre. Drinnen brannte eine Kerze über dem Herd. Justin, in Hemdsärmeln, trug gerade eine Schüssel durch die andere Tür hinaus.

„So! Man ist bei Tisch. Ich will warten“, sagte sie sich.

Als er zurückkam, klopfte sie gegen die Scheibe der Küchentüre.

Er kam heraus.

„Den Schlüssel! Den von oben, wo die ...“

Er sah sie an und erschrak über ihr blasses Gesicht, das sich vom Dunkel der Nacht grell abhob. Sie kam ihm überirdisch schön vor und hoheitsvoll wie eine Fee. Ohne zu begreifen, was sie wollte, ahnte er doch etwas Schreckliches.

Sie begann wieder, hastig, aber mit sanfter Stimme, die ihm das Herz rührte:

„Ich will ihn haben! Gib ihn mir!“

Durch die dünne Wand hörte man das Klappern der Gabeln auf den Tellern im Eßzimmer.

Sie gebrauche etwas, um die Ratten zu töten, die sie nicht schlafen ließen.

„Ich müßte den Herrn Apotheker rufen.“

„Nein! Nicht!“ Und in gleichgültigem Tone setzte sie hinzu: „Das ist nicht nötig. Ich werd es ihm nachher selber sagen. Leucht mir nur!“ Sie trat in den Gang, von dem aus man in das Laboratorium gelangte. An der Wand hing ein Schlüssel mit einem Schildchen: „Kapernaum.“

„Justin!“ rief drinnen der Apotheker, dem der Lehrling zu lange wegblieb.

„Gehn wir hinauf!“ befahl Emma.

Er folgte ihr.

Der Schlüssel drehte sich im Schloß. Sie stürzte nach links, griff nach dem dritten Wandbrett — ihr Gedächtnis führte sie richtig —, hob den Deckel der blauen Glasbüchse, faßte mit der Hand hinein und zog die Faust voll weißen Pulvers heraus, das sie sich schnell in den Mund schüttete.

„Halten Sie ein!“ schrie Justin, ihr in die Arme fallend.

„Still! Man könnte kommen!“

Er war verzweifelt und wollte um Hilfe rufen.

„Sag nichts davon! Man könnte deinen Herrn zur Verantwortung ziehen!“

Dann ging sie hinaus, plötzlich voller Frieden, im seligen Gefühle, eine Pflicht erfüllt zu haben.

 

Neuntes Kapitel

Emma hatte eben das Haus verlassen, als Karl heimkam. Die Nachricht von der Pfändung traf ihn wie ein Keulenschlag. Dazu seine Frau fort! Er schrie, weinte und fiel in Ohnmacht. Was nützte das? Wo konnte sie nur sein? Er schickte Felicie zu Homais, zu Tüvache, zu Lheureux, nach dem Goldenen Löwen, überallhin. Und mitten in seiner Angst um Emma quälte ihn der Gedanke, daß sein guter Ruf vernichtet, ihr gemeinsames Vermögen verloren und die Zukunft Bertas zerstört sei. Und warum? Keine Erklärung! Er wartete bis sechs Uhr abends. Endlich hielt ers nicht mehr aus, und da er vermutete, sie sei nach Rouen gefahren, ging er ihr auf der Landstraße eine halbe Wegstunde weit entgegen. Niemand kam. Er wartete noch eine Weile und kehrte dann zurück.

Sie war zu Haus.

„Was ist das für eine Geschichte? Wie ist das gekommen? Erklär es mir!“

Sie saß an ihrem Schreibtisch und beendete gerade einen Brief, den sie langsam versiegelte, nachdem sie Tag und Stunde darunter gesetzt hatte. Dann sagte sie in feierlichem Tone:

„Du wirst ihn morgen lesen! Bis dahin bitte ich dich, keine einzige Frage an mich zu richten! Keine, bitte!“

„Aber ...“

„Ach, laß mich!“

Sie legte sich lang auf ihr Bett.

Ein bitterer Geschmack im Munde weckte sie auf. Sie sah Karl ... verschwommen ... und schloß die Augen wieder.

Sie beobachtete sich aufmerksam, um Schmerzen festzustellen. Nein, sie fühlte noch keine! Sie hörte den Pendelschlag der Uhr, das Knistern des Feuers und Karls Atemzüge, der neben ihrem Bett stand.

„Ach, der Tod ist gar nichts Schlimmes!“ dachte sie. „Ich werde einschlafen, und dann ist alles vorüber!“

Sie trank einen Schluck Wasser und drehte sich der Wand zu.

Der abscheuliche Tintengeschmack war immer noch da.

„Ich habe Durst! Großen Durst!“ seufzte sie.

„Was fehlt dir denn?“ fragte Karl und reichte ihr ein Glas.

„Es ist nichts! ... Mach das Fenster auf! ... Ich ersticke!“

Ein Brechreiz überkam sie jetzt so plötzlich, daß sie kaum noch Zeit hatte, ihr Taschentuch unter dem Kopfkissen hervorzuziehen.

„Nimms weg!“ sagte sie nervös. „Wirfs weg!“

Er fragte sie aus, aber sie antwortete nicht. Sie lag unbeweglich da, aus Furcht, sich bei der geringsten Bewegung erbrechen zu müssen. Inzwischen fühlte sie eine eisige Kälte von den Füßen zum Herzen hinaufsteigen.

„Ach,“ murmelte sie, „jetzt fängt es wohl an?“

„Was sagst du?“

Sie warf den Kopf in unterdrückter Unruhe hin und her. Fortwährend öffnete sie den Mund, als läge etwas Schweres auf ihrer Zunge. Um acht Uhr fing das Erbrechen wieder an.

Karl bemerkte auf dem Boden des Napfes einen weißen Niederschlag, der sich am Porzellan ansetzte.

„Sonderbar! Sonderbar!“ wiederholte er.

Aber sie sagte mit fester Stimme:

„Nein, du irrst dich!“

Da fuhr er ihr mit der Hand zart, wie liebkosend, bis in die Magengegend und drückte da. Sie stieß einen schrillen Schrei aus. Er wich erschrocken zurück.

Dann begann sie zu wimmern, zuerst nur leise. Ein Schüttelfrost überfiel sie. Sie wurde bleicher als das Bettuch, in das sich ihre Finger krampfhaft einkrallten. Ihr unregelmäßiger Pulsschlag war kaum noch fühlbar. Kalte Schweißtropfen rannen über ihr bläulich gewordnes Gesicht; etwas wie ein metallischer Ausschlag lag über ihren erstarrten Zügen. Die Zähne schlugen ihr klappernd aufeinander. Ihre erweiterten Augen blickten ausdruckslos umher. Alle Fragen, die man an sie richtete, beantwortete sie nur mit Kopfnicken. Zwei- oder dreimal lächelte sie freilich. Allmählich wurde das Stöhnen heftiger. Ein dumpfes Geheul entrang sich ihr. Dabei behauptete sie, daß es ihr besser gehe und daß sie sofort aufstehen würde.

Sie verfiel in Zuckungen. Sie schrie:

„Mein Gott, ist das gräßlich!“

Karl warf sich vor ihrem Bett auf die Knie.

„Sprich! Was hast du gegessen? Um Gottes willen, antworte mir!“

Er sah sie an mit Augen voller Zärtlichkeit, wie Emma keine je geschaut hatte.

„Ja ... da ... da ... lies!“ stammelte sie mit versagender Stimme.

Er stürzte zum Schreibtisch, riß den Brief auf und las laut:

„Man klage niemanden an ...“ Er hielt inne, fuhr sich mit der Hand über die Augen und las stumm weiter ...

„Vergiftet!“

Er konnte immer nur das eine Wort herausbringen:

„Vergiftet! Vergiftet!“

Dann rief er um Hilfe.

Felicie lief zu Homais, der es aller Welt ausposaunte. Frau Franz im Goldenen Löwen erfuhr es. Manche standen aus ihren Betten auf, um es ihren Nachbarn mitzuteilen. Die ganze Nacht hindurch war der halbe Ort wach.

Halb von Sinnen, vor sich hinredend, nahe am Hinfallen, lief Karl im Zimmer umher, wobei er an die Möbel anrannte und sich Haare ausraufte. Der Apotheker hatte noch nie ein so fürchterliches Schauspiel gesehen.

Er ging nach Hause, um an den Doktor Canivet und den Professor Larivière zu schreiben. Er hatte selber den Kopf verloren. Er brachte keinen vernünftigen Brief zustande. Schließlich mußte sich Hippolyt nach Neufchâtel aufmachen, und Justin ritt auf Bovarys Pferd nach Rouen. Am Wilhelmswalde ließ er den Gaul lahm und halbtot zurück.

Karl wollte in seinem Medizinischen Lexikon nachschlagen, aber er war nicht imstande zu lesen. Die Buchstaben tanzten ihm vor den Augen.

„Ruhe!“ sagte der Apotheker. „Es handelt sich einzig und allein darum, ein wirksames Gegenmittel anzuwenden. Was war es für ein Gift?“

Karl zeigte den Brief. Es wäre Arsenik gewesen.

„Gut!“ versetzte Homais. „Wir müssen eine Analyse machen!“

Er hatte nämlich gelernt, daß man bei allen Vergiftungen eine Analyse machen müsse. Bovary hatte in seiner Angst alle Gelehrsamkeit vergessen. Er erwiderte ihm:

„Ja! Machen Sie eine. Tun Sie es! Retten Sie sie!“

Dann kehrte er in ihr Zimmer zurück, warf sich auf die Diele, lehnte den Kopf gegen den Rand ihres Bettes und schluchzte.

„Weine nicht!“ flüsterte sie. „Bald werde ich dich nicht mehr quälen!“

„Warum hast du das getan? Was trieb dich dazu?“

„Es mußte sein, mein Lieber!“

„Warst du denn nicht glücklich? Bin ich schuld? Ich habe dir doch alles zuliebe getan, was ich konnte!“

„Ja ... freilich ... Du bist gut ... du!“

Sie strich ihm langsam mit der Hand über das Haar. Die süße Empfindung vermehrte seine Traurigkeit. Er fühlte sich bis in den tiefsten Grund seiner verzweifelten Seele erschüttert, daß er sie verlieren sollte, jetzt, da sie ihm mehr Liebe bewies denn je. Er fand keinen Ausweg; er wußte keinen Zusammenhang; er wagte keine Frage. Und die Dringlichkeit eines Entschlusses machte ihn vollends wirr.

Sie dachte bei sich: „Nun ist es zu Ende mit dem vielfachen Verrat, mit allen den Erniedrigungen und den unzähligen, qualvollen Sehnsüchten!“ Nun haßte sie keinen mehr. Ihre Gedanken verschwammen wie in Dämmerung, und von allen Geräuschen der Erde hörte Emma nur noch die versagende Klage eines armen Herzens, matt und verklungen wie der leise Nachhall einer Symphonie.

„Bring mir die Kleine“, sagte sie und stützte sich leicht auf.

„Es ist nicht schlimmer, nicht wahr?“ fragte Karl.

„Nein, nein!“

Das Dienstmädchen trug das Kind auf dem Arm herein. Es hatte ein langes Nachthemd an, aus dem die nackten Füße hervorsahen. Es war ernst und noch halb im Schlaf. Erstaunt betrachtete es die große Unordnung im Zimmer. Geblendet vom Licht der Kerzen, die da und dort brannten, zwinkerte es mit den Augen. Offenbar dachte es, es sei Neujahrstagsmorgen, an dem es auch so früh wie heute geweckt wurde und beim Kerzenschein zur Mutter ans Bett kam, um Geschenke zu bekommen. Und so fragte es:

„Wo ist es denn, Mama?“ Und da niemand antwortete, redete es weiter: „Ich seh doch meine Schuhchen gar nicht!“

Felicie hielt die Kleine übers Bett, die immer noch nach dem Kamin hinsah.

„Hat Frau Rollet sie mir genommen?“

Bei diesem Namen, der an ihre Ehebrüche und all ihr Mißgeschick erinnerte, wandte sich Frau Bovary ab, als fühle sie den ekelhaften Geschmack eines noch viel stärkeren Giftes auf der Zunge. Berta saß noch auf ihrem Bette.

„Was für große Augen du hast, Mama! Wie blaß du bist! Wie du schwitzest!“

Die Mutter sah sie an.

„Ich fürchte mich!“ sagte die Kleine und wollte fort.

Emma wollte die Hand des Kindes küssen, aber es sträubte sich.

„Genug! Bringt sie weg!“ rief Karl, der im Alkoven schluchzte.

Dann ließen die Symptome einen Augenblick nach. Emma schien weniger aufgeregt, und bei jedem unbedeutenden Worte, bei jedem etwas ruhigeren Atemzug schöpfte er neue Hoffnung. Als Canivet endlich erschien, warf er sich weinend in seine Arme.

„Ach, da sind Sie! Ich danke Ihnen! Es ist gütig von Ihnen! Es geht ja besser! Da! Sehen Sie mal ...“

Der Kollege war keineswegs dieser Meinung, und da er, wie er sich ausdrückte, „immer aufs Ganze“ ging, verordnete er Emma ein ordentliches Brechmittel, um den Magen zunächst einmal völlig zu entleeren.

Sie brach alsbald Blut aus. Ihre Lippen preßten sich krampfhaft aufeinander. Sie zog die Gliedmaßen ein. Ihr Körper war bedeckt mit braunen Flecken, und ihr Puls glitt unter ihren Fingern hin wie ein dünnes Fädchen, das jeden Augenblick zu zerreißen droht.

Dann begann sie, gräßlich zu schreien. Sie verfluchte und schmähte das Gift, flehte, es möge sich beeilen, und stieß mit ihren steif gewordnen Armen alles zurück, was Karl ihr zu trinken reichte. Er war der völligen Auflösung noch näher als sie. Sein Taschentuch an die Lippen gepreßt, stand er vor ihr, stöhnend, weinend, von ruckweisem Schluchzen erschüttert und am ganzen Leib durchrüttelt. Felicie lief im Zimmer hin und her, Homais stand unbeweglich da und seufzte tief auf, und Canivet begann sich, trotz seiner ihm zur Gewohnheit gewordnen selbstbewußten Haltung, unbehaglich zu fühlen.

„Zum Teufel!“ murmelte er. „Der Magen ist nun doch leer! Und wenn die Ursache beseitigt ist, so ...“

„... muß die Wirkung aufhören!“ ergänzte Homais. „Das ist klar!“

„Rettet sie mir nur!“ rief Bovary.

Der Apotheker riskierte die Hypothese, es sei vielleicht ein heilsamer Paroxismus. Aber Canivet achtete nicht darauf und wollte ihr gerade Theriak eingeben, da knallte draußen eine Peitsche. Alle Fensterscheiben klirrten. Eine Extrapost mit drei bis an die Ohren von Schmutz bedeckten Pferden raste um die Ecke der Hallen. Es war Professor Larivière.

Die Erscheinung eines Gottes hätte keine größere Erregung hervorrufen können. Bovary streckte ihm die Hände entgegen, Canivet stand bewegungslos da, und Homais nahm sein Käppchen ab, noch ehe der Arzt eingetreten war.

Larivière gehörte der berühmten Chirurgenschule Bichats an, das heißt, einer Generation philosophischer Praktiker, die heute ausgestorben ist, begeisterter, gewissenhafter und scharfsichtiger Jünger ihrer Kunst. Wenn er in Zorn geriet, wagte in der ganzen Klinik niemand zu atmen. Seine Schüler verehrten ihn so, daß sie ihn, später in ihrer eigenen Praxis, mit möglichster Genauigkeit kopierten. So kam es, daß man bei den Ärzten in der Umgegend von Rouen allerorts seinen langen Schafspelz und seinen weiten schwarzen Gehrock wiederfand. Die offenen Ärmelaufschläge daran reichten ein Stück über seine fleischigen Hände, sehr schöne Hände, die niemals in Handschuhen steckten, als wollten sie immer schnell bereit sein, wo es Krankheit und Elend anzufassen galt. Er war ein Verächter von Orden, Titeln und Akademien, gastfreundlich, freidenkend, den Armen ein väterlicher Freund, Pessimist, selbst aber edel in Wort und Tat. Man hätte ihn als einen Heiligen gepriesen, wenn man ihn nicht wegen seines Witzes und Verstandes gefürchtet hätte wie den Teufel. Sein Blick war schärfer als sein Messer; er drang einem bis tief in die Seele, durch alle Heucheleien, Lügen und Ausflüchte hindurch. So ging er seines Weges in der schlichten Würde, die ihm das Bewußtsein seiner großen Tüchtigkeit, seines materiellen Vermögens und seiner vierzigjährigen arbeitsreichen und unanfechtbaren Wirksamkeit verlieh.

Als er das leichenhafte Antlitz Emmas sah, zog er schon von weitem die Brauen hoch. Sie lag mit offnem Munde auf dem Rücken ausgestreckt da. Während er Canivets Bericht scheinbar aufmerksam anhörte, strich er sich mit dem Zeigefinger um die Nasenflügel und sagte ein paarmal:

„Gut! ... Gut!“

Dann aber zuckte er bedenklich mit den Achseln. Bovary beobachtete ihn ängstlich. Sie sahen einander in die Augen, und der Gelehrte, der an den Anblick menschlichen Elends so gewöhnt war, konnte eine Träne nicht zurückhalten, die ihm auf die Krawatte herablief.

Er wollte Canivet in das Nebenzimmer ziehen. Karl folgte ihnen.

„Es steht wohl nicht gut mit meiner Frau? Wie wär es, wenn man ihr ein Senfpflaster auflegte? Ich weiß nichts. Finden Sie doch etwas! Sie haben ja schon so viele gerettet!“

Karl legte beide Arme auf Larivières Schultern und starrte ihn verstört und flehend an. Beinahe wäre er ihm ohnmächtig an die Brust gesunken.

„Mut! Mein armer Junge! Es ist nichts mehr zu machen!“ Larivière wandte sich ab.

„Sie gehn?“

„Ich komme wieder.“

Larivière ging hinaus, angeblich um dem Postillion eine Anweisung zu geben. Canivet folgte ihm. Auch er wollte nicht Zeuge des Todeskampfes sein.

Der Apotheker holte die beiden auf dem Marktplatz ein. Nichts fiel ihm von jeher schwerer, als sich von berühmten Menschen zu trennen. So beschwor er denn Larivière, er möge ihm die hohe Ehre erweisen, zum Frühstück sein Gast zu sein.

Man schickte ganz rasch nach dem Goldnen Löwen nach Tauben, zu Tüvache nach Sahne, zu Lestiboudois nach Eiern und zum Fleischer nach Koteletts. Der Apotheker war selbst bei den Vorbereitungen zum Mahle behilflich, und Frau Homais, sich ihre Jacke zurechtzupfend, sagte:

„Sie müssen schon entschuldigen, Herr Professor, man ist in so einer weggesetzten Gegend nicht immer gleich vorbereitet ...“

„Die Weingläser!“ flüsterte Homais.

„Wer in der Stadt wohnt, der kann sich schnell helfen ... mit Wurst und ...“

„Sei doch still! — Zu Tisch, bitte, Herr Professor!“

Er hielt es für angebracht, nach den ersten Bissen ein paar Einzelheiten über die Katastrophe zum besten zu geben:

„Zuerst äußerte sich Trockenheit im Pharynx, darauf unerträgliche gastrische Schmerzen, Neigung zum Vomieren, Schlafsucht ...“

„Wie hat sich denn die Vergiftung eigentlich ereignet?“

„Habe keine Ahnung, Herr Professor! Ich weiß nicht einmal recht, wo sie das acidum arsenicum herbekommen hat.“

Justin, der einen Stoß Teller hereinbrachte, begann am ganzen Körper zu zittern.

„Was hast du?“ fuhr ihn der Apotheker an.

Bei dieser Frage ließ der Bursche alles, was er trug, fallen. Es gab ein großes Gekrache.

„Tolpatsch!“ schrie Homais. „Ungeschickter Kerl! Tranlampe! Alberner Esel!“

Dann aber beherrschte er sich plötzlich:

„Ich habe gleich daran gedacht, eine Analyse zu machen, Herr Professor, und deshalb primo ganz vorsichtig in ein Reagenzgläschen ...“

„Dienlicher wäre es gewesen,“ sagte der Chirurg, „wenn Sie ihr Ihre Finger in den Hals gesteckt hätten.“

Kollege Canivet sagte gar nichts dazu, dieweil er soeben unter vier Augen eine energische Belehrung wegen seines Brechmittels eingesteckt hatte. Er, der bei Gelegenheit des Klumpfußes so hochfahrend und redselig gewesen war, verhielt sich jetzt mäuschenstill. Er lächelte nur unausgesetzt, um seine Zustimmung zu markieren.

Homais strahlte vor Hausherrenstolz. Selbst der betrübliche Gedanke an Bovary trug — in egoistischer Kontrastwirkung — unbestimmt zu seiner Freude bei. Die Anwesenheit des berühmten Arztes stieg ihm in den Kopf. Er kramte seine ganze Gelehrsamkeit aus. Kunterbunt durcheinander schwatzte er von Kanthariden, Pflanzengiften, Manzanilla, Schlangengift usw.

„Ich habe sogar einmal gelesen, Herr Professor, daß mehrere Personen nach dem Genusse von zu stark geräucherter Wurst erkrankt und plötzlich gestorben sind. So berichtet wenigstens ein hochinteressanter Aufsatz eines unserer hervorragendsten Pharmazeuten, eines Klassikers meiner Wissenschaft, ... ein Aufsatz des berühmten Cadet de Gassicourt!“

Frau Homais erschien mit der Kaffeemaschine. Homais pflegte sich nämlich den Kaffee nach Tisch selbst zu bereiten. Er hatte ihn auch eigenhändig gemischt, gebrannt und gemahlen.

„Saccharum gefällig, Herr Professor?“ fragte er, indem er ihm den Zucker anbot.

Dann ließ er alle seine Kinder herunterkommen, da er neugierig war, die Ansicht des Chirurgen über ihre „Konstitution“ zu hören.

Als Larivière im Begriffe stand aufzubrechen, bat ihn Frau Homais noch um einen ärztlichen Rat in betreff ihres Mannes. Er schlief nämlich allabendlich nach Tisch ein. Davon bekäme er dickes Blut.

Der Arzt antwortete mit einem Scherze, dessen doppelten Sinn sie nicht verstand, dann ging er zur Türe. Aber die Apotheke war voller Leute, die ihn konsultieren wollten, und es gelang ihm nur schwer, sie loszuwerden. Da war Tüvache, der seine Frau für schwindsüchtig hielt, weil sie öfters in die Asche spuckte; Binet, der bisweilen an Heißhunger litt; Frau Caron, die es am ganzen Leibe juckte; Lheureux, der Schwindelanfälle hatte; Lestiboudois, der rheumatisch war; Frau Franz, die über Magenbeschwerden klagte. Endlich brachten ihn die drei Pferde von dannen. Man fand aber allgemein, daß er sich nicht besonders liebenswürdig gezeigt habe.

Nunmehr wurde die Aufmerksamkeit auf den Pfarrer Bournisien gelenkt, der mit dem Sterbesakrament an den Hallen hinging.

Seiner Weltanschauung treu, verglich Homais die Geistlichen mit den Raben, die der Leichengeruch anlockt. Der Anblick eines „Pfaffen“ war ihm ein Greuel. Er mußte bei einer Soutane immer an ein Leichentuch denken, und so verwünschte er jene schon deshalb, weil er dieses fürchtete.

Trotzdem verzichtete er nicht auf die gewissenhafte Erfüllung seiner „Mission“, wie er es nannte, und kehrte mit Canivet, dem dies von Larivière dringend ans Herz gelegt worden war, in das Bovarysche Haus zurück. Wenn seine Frau nicht völlig dagegen gewesen wäre, hätte er sogar seine beiden Knaben mitgenommen, damit sie das große Ereignis, das der Tod eines Menschen ist, kennen lernten. Es sollte ihnen eine Lehre, ein Beispiel, ein ernster Eindruck sein, eine Erinnerung für ihr ganzes weiteres Leben.

Sie fanden das Zimmer voll düstrer Feierlichkeit. Auf dem mit einem weißen Tischtuch bedeckten Nähtische stand zwischen zwei brennenden Wachskerzen ein hohes Kruzifix; daneben eine silberne Schüssel und fünf oder sechs Stück Watte. Emmas Kinn war ihr auf die Brust hinabgesunken, ihre Augen standen unnatürlich weit offen, und ihre armen Hände tasteten über den Bettüberzug hin, mit einer jener rührend-schrecklichen Gebärden, die Sterbenden eigen sind. Man hat die Empfindung, als bereiteten sie sich selber ihr Totenbett. Karl stand am Fußende des Lagers, ihrem Antlitz gegenüber, bleich wie eine Bildsäule, tränenlos, aber mit Augen, die rot waren wie glühende Kohlen. Der Priester kniete und murmelte leise Worte.

Emma wandte langsam ihr Haupt und empfand beim Anblick der violetten Stola sichtlich Freude. Offenbar fühlte sie einen seltsamen Frieden, eine Wiederholung derselben mystischen Wollust, die sie schon einmal erlebt hatte. Etwas wie eine Vision von himmlischer Glückseligkeit betäubte ihre letzten Leiden.

Der Priester erhob sich und ergriff das Kruzifix. Da reckte sie den Kopf in die Höhe, wie ein Durstiger, und preßte auf das Symbol des Gott-Menschen mit dem letzten Rest ihrer Kraft den innigsten Liebeskuß, den sie jemals gegeben hatte. Dann sprach der Geistliche das Misereatur und Indulgentiam, tauchte seinen rechten Daumen in das Öl und nahm die letzte Ölung vor. Zuerst salbte er die Augen, die es nach allem Herrlichen auf Erden so heiß gelüstet; dann die Nasenflügel, die so gern die lauen Lüfte und die Düfte der Liebe eingesogen; dann den Mund, der so oft zu Lügen sich aufgetan, oft hoffärtig gezuckt und in sündigem Girren geseufzt hatte; dann die Hände, die sich an vergnüglichen Berührungen ergötzt hatten; und endlich die Sohlen der Füße, die einst so flink waren, wenn sie zur Stillung von Begierden liefen, und die jetzt keinen Schritt mehr tun sollten.

Der Priester trocknete sich die Hände, warf das ölgetränkte Stück Watte ins Feuer und setzte sich wieder zu der Sterbenden. Er sagte ihr, daß ihre Leiden nunmehr mit denen Jesu Christi eins seien. Sie solle der göttlichen Barmherzigkeit vertrauen.

Als er mit seiner Tröstung zu Ende war, versuchte er, ihr eine geweihte Kerze in die Hand zu drücken, das Symbol der himmlischen Glorie, von der sie nun bald umstrahlt sein sollte. Aber Emma war zu schwach, um die Finger zu schließen, und wenn Bournisien nicht rasch wieder zugegriffen hätte, wäre die Kerze zu Boden gefallen.

Emma war nicht mehr so bleich wie erst. Ihr Gesicht hatte den Ausdruck heiterer Glückseligkeit angenommen, als ob das Sakrament sie wieder gesund gemacht hätte.

Der Priester verfehlte nicht, die Umstehenden darauf hinzuweisen, ja er gemahnte Bovary daran, daß der Herr zuweilen das Leben Sterbender wieder verlängere, wenn er es zum Heil ihrer Seele für notwendig erachte. Karl dachte an den Tag zurück, an dem sie schon einmal, dem Tode nahe, die letzte Ölung empfangen hatte.

„Vielleicht brauche ich noch nicht zu verzweifeln!“ dachte er.

Wirklich sah sie sich langsam um wie jemand, der aus einem Traum erwacht. Dann verlangte sie mit deutlicher Stimme ihren Spiegel und betrachtete darin eine Weile ihr Bild, bis ihr die Tränen aus den Augen rollten. Darnach legte sie den Kopf zurück, stieß einen Seufzer aus und sank in das Kissen.

Ihre Brust begann alsbald heftig zu keuchen. Die Zunge trat weit aus dem Munde. Die Augen begannen zu rollen und ihr Licht zu verlieren wie zwei Lampenglocken, hinter denen die Flammen verlöschen. Man hätte glauben können, sie sei schon tot, wenn ihre Atmungsorgane nicht so fürchterlich heftig gearbeitet hätten. Es war, als schüttle sie ein wilder innerer Sturm, als ringe das Leben gewaltig mit dem Tode.

Felicie kniete vor dem Kruzifix, und sogar der Apotheker knickte ein wenig die Beine, während Canivet gleichgültig auf den Markt hinausstarrte. Bournisien hatte wieder zu beten begonnen, die Stirn gegen den Rand des Bettes geneigt, weit hinter sich die lange schwarze Soutane. An der andern Seite des Bettes kniete Karl und streckte beide Arme nach Emma aus. Er ergriff ihre Hände und drückte sie! Bei jedem Schlag ihres Pulses zuckte er zusammen, als stürze eine Ruine auf ihn.

Je stärker das Röcheln wurde, um so mehr beschleunigte der Priester seine Gebete. Sie mischten sich mit dem erstickten Schluchzen Bovarys, und zuweilen vernahm man nichts als das dumpfe Murmeln der lateinischen Worte, das wie Totengeläut klang.

Plötzlich klapperten draußen auf der Straße Holzschuhe. Ein Stock schlug mehrere Male auf, und eine Stimme erhob sich, eine rauhe Stimme, und sang:

    ‚Wenns Sommer worden weit und breit,
    Wird heiß das Herze mancher Maid ...‘

Emma richtete sich ein wenig auf, wie eine Leiche, durch die ein elektrischer Strom geht. Ihr Haar hatte sich gelöst, ihre Augensterne waren starr, ihr Mund stand weit auf.

    ‚Nanette ging hinaus ins Feld,
    Zu sammeln, was die Sense fällt.
    Als sie sich in der Stoppel bückt,
    Da ist passiert, was sich nicht schickt ...‘

„Der Blinde!“ schrie sie.

Sie brach in Lachen aus, in ein furchtbares, wahnsinniges, verzweifeltes Lachen, weil sie in ihrer Phantasie das scheußliche Gesicht des Unglücklichen sah, wie ein Schreckgespenst aus der ewigen Nacht des Jenseits ...

    ‚Der Wind, der war so stark ... O weh!
    Hob ihr die Röckchen in die Höh.‘

Ein letzter Krampf warf sie in das Bett zurück. Alle traten hinzu. Sie war nicht mehr.