Madame Bovary | 06 | Elle avait lu / She had read / Emma hatte „Paul und Virginia“ gelesen

 

VI

Elle avait lu Paul et Virginie et elle avait rêvé la maisonnette de bambous, le nègre Domingo, le chien Fidèle, mais surtout l’amitié douce de quelque bon petit frère, qui va chercher pour vous des fruits rouges dans des grands arbres plus hauts que des clochers, ou qui court pieds nus sur le sable, vous apportant un nid d’oiseau.

Lorsqu’elle eut treize ans, son père l’amena lui-même à la ville, pour la mettre au couvent. Ils descendirent dans une auberge du quartier Saint-Gervais, où ils eurent à leur souper des assiettes peintes qui représentaient l’histoire de mademoiselle de La Vallière. Les explications légendaires, coupées çà et là par l’égratignure des couteaux, glorifiaient toutes la religion, les délicatesses du cœur et les pompes de la Cour.

Loin de s’ennuyer au couvent les premiers temps, elle se plut dans la société des bonnes sœurs, qui, pour l’amuser, la conduisaient dans la chapelle, où l’on pénétrait du réfectoire par un long corridor. Elle jouait fort peu durant les récréations, comprenait bien le catéchisme, et c’est elle qui répondait toujours à M. le vicaire, dans les questions difficiles. Vivant donc sans jamais sortir de la tiède atmosphère des classes et parmi ces femmes au teint blanc, portant des chapelets à croix de cuivre, elle s’assoupit doucement à la langueur mystique qui s’exhale des parfums de l’autel, de la fraîcheur des bénitiers et du rayonnement des cierges. Au lieu de suivre la messe, elle regardait dans son livre les vignettes pieuses bordées d’azur, et elle aimait la brebis malade, le Sacré-Cœur percé de flèches aiguës, ou le pauvre Jésus, qui tombe en marchant sur sa croix. Elle essaya, par mortification, de rester tout un jour sans manger. Elle cherchait dans sa tête quelque vœu à accomplir.

Quand elle allait à confesse, elle inventait de petits péchés, afin de rester là plus longtemps, à genoux dans l’ombre, les mains jointes, le visage à la grille sous le chuchotement du prêtre. Les comparaisons de fiancé, d’époux, d’amant céleste et de mariage éternel qui reviennent dans les sermons lui soulevaient au fond de l’âme des douceurs inattendues.

Le soir, avant la prière, on faisait dans l’étude une lecture religieuse. C’était, pendant la semaine, quelque résumé d’Histoire sainte ou les Conférences de l’abbé Frayssinous, et, le dimanche, des passages du Génie du christianisme, par récréation. Comme elle écouta, les premières fois, la lamentation sonore des mélancolies romantiques se répétant à tous les échos de la terre et de l’éternité ! Si son enfance se fût écoulée dans l’arrière-boutique d’un quartier marchand, elle se serait peut-être ouverte alors aux envahissements lyriques de la nature, qui, d’ordinaire, ne nous arrivent que par la traduction des écrivains. Mais elle connaissait trop la campagne ; elle savait le bêlement des troupeaux, les laitages, les charrues. Habituée aux aspects calmes, elle se tournait, au contraire, vers les accidentés. Elle n’aimait la mer qu’à cause de ses tempêtes, et la verdure seulement lorsqu’elle était clair-semée parmi les ruines. Il fallait qu’elle pût retirer des choses une sorte de profit personnel ; et elle rejetait comme inutile tout ce qui ne contribuait pas à la consommation immédiate de son cœur, — étant de tempérament plus sentimentale qu’artiste, cherchant des émotions et non des paysages.

Il y avait au couvent une vieille fille qui venait tous les mois, pendant huit jours, travailler à la lingerie. Protégée par l’archevêché comme appartenant à une ancienne famille de gentilshommes ruinés sous la Révolution, elle mangeait au réfectoire à la table des bonnes sœurs, et faisait avec elles, après le repas, un petit bout de causette avant de remonter à son ouvrage. Souvent les pensionnaires s’échappaient de l’étude pour l’aller voir. Elle savait par cœur des chansons galantes du siècle passé, qu’elle chantait à demi-voix, tout en poussant son aiguille. Elle contait des histoires, vous apprenait des nouvelles, faisait en ville vos commissions, et prêtait aux grandes, en cachette, quelque roman qu’elle avait toujours dans les poches de son tablier, et dont la bonne demoiselle elle-même avalait de longs chapitres, dans les intervalles de sa besogne. Ce n’étaient qu’amours, amants, amantes, dames persécutées s’évanouissant dans des pavillons solitaires, postillons qu’on tue à tous les relais, chevaux qu’on crève à toutes les pages, forêts sombres, troubles du cœur, serments, sanglots, larmes et baisers, nacelles au clair de lune, rossignols dans les bosquets, messieurs braves comme des lions, doux comme des agneaux, vertueux comme on ne l’est pas, toujours bien mis, et qui pleurent comme des urnes. Pendant six mois, à quinze ans, Emma se graissa donc les mains à cette poussière des vieux cabinets de lecture. Avec Walter Scott, plus tard, elle s’éprit de choses historiques, rêva bahuts, salle des gardes et ménestrels. Elle aurait voulu vivre dans quelque vieux manoir, comme ces châtelaines au long corsage, qui, sous le trèfle des ogives, passaient leurs jours, le coude sur la pierre et le menton dans la main, à regarder venir du fond de la campagne un cavalier à plume blanche qui galope sur un cheval noir. Elle eut dans ce temps-là le culte de Marie Stuart, et des vénérations enthousiastes à l’endroit des femmes illustres ou infortunées. Jeanne d’Arc, Héloïse, Agnès Sorel, la belle Ferronnière et Clémence Isaure, pour elle, se détachaient comme des comètes sur l’immensité ténébreuse de l’histoire, où saillissaient encore çà et là, mais plus perdus dans l’ombre et sans aucun rapport entre eux, saint Louis avec son chêne, Bayard mourant, quelques férocités de Louis XI, un peu de Saint-Barthélemy, le panache du Béarnais, et toujours le souvenir des assiettes peintes où Louis XIV était vanté.

À la classe de musique, dans les romances qu’elle chantait, il n’était question que de petits anges aux ailes d’or, de madones, de lagunes, de gondoliers, pacifiques compositions qui lui laissaient entrevoir, à travers la niaiserie du style et les imprudences de la note, l’attirante fantasmagorie des réalités sentimentales. Quelques-unes de ses camarades apportaient au couvent les keepsakes qu’elles avaient reçus en étrennes. Il les fallait cacher, c’était une affaire ; on les lisait au dortoir. Maniant délicatement leurs belles reliures de satin, Emma fixait ses regards éblouis sur le nom des auteurs inconnus qui avaient signé, le plus souvent, comtes ou vicomtes, au bas de leurs pièces.

Elle frémissait, en soulevant de son haleine le papier de soie des gravures, qui se levait à demi plié et retombait doucement contre la page. C’était, derrière la balustrade d’un balcon, un jeune homme en court manteau qui serrait dans ses bras une jeune fille en robe blanche, portant une aumônière à sa ceinture ; ou bien les portraits anonymes des ladies anglaises à boucles blondes qui, sous leur chapeau de paille rond, vous regardent avec leurs grands yeux clairs. On en voyait d’étalées dans des voitures, glissant au milieu des parcs, où un lévrier sautait devant l’attelage que conduisaient au trot deux petits postillons en culotte blanche. D’autres, rêvant sur des sofas près d’un billet décacheté, contemplaient la lune, par la fenêtre entr’ouverte, à demi drapée d’un rideau noir. Les naïves, une larme sur la joue, becquetaient une tourterelle à travers les barreaux d’une cage gothique, ou, souriant la tête sur l’épaule, effeuillaient une marguerite de leurs doigts pointus, retroussés comme des souliers à la poulaine. Et vous y étiez aussi, sultans à longues pipes, pâmés sous des tonnelles, aux bras des bayadères, djiaours, sabres turcs, bonnets grecs, et vous surtout, paysages blafards des contrées dithyrambiques, qui souvent nous montrez à la fois des palmiers, des sapins, des tigres à droite, un lion à gauche, des minarets tartares à l’horizon, au premier plan des ruines romaines, puis des chameaux accroupis ; — le tout encadré d’une forêt vierge bien nettoyée, et avec un grand rayon de soleil perpendiculaire tremblotant dans l’eau, où se détachent en écorchures blanches, sur un fond d’acier gris, de loin en loin, des cygnes qui nagent.

Et l’abat-jour du quinquet, accroché dans la muraille au-dessus de la tête d’Emma, éclairait tous ces tableaux du monde, qui passaient devant elle les uns après les autres, dans le silence du dortoir et au bruit lointain de quelque fiacre attardé qui roulait encore sur les boulevards.

Quand sa mère mourut, elle pleura beaucoup les premiers jours. Elle se fit faire un tableau funèbre avec les cheveux de la défunte, et, dans une lettre qu’elle envoyait aux Bertaux, toute pleine de réflexions tristes sur la vie, elle demandait qu’on l’ensevelît plus tard dans le même tombeau. Le bonhomme la crut malade et vint la voir. Emma fut intérieurement satisfaite de se sentir arrivée du premier coup à ce rare idéal des existences pâles, où ne parviennent jamais les cœurs médiocres. Elle se laissa donc glisser dans les méandres lamartiniens, écouta les harpes sur les lacs, tous les chants de cygnes mourants, toutes les chutes de feuilles, les vierges pures qui montent au ciel, et la voix de l’Éternel discourant dans les vallons. Elle s’en ennuya, n’en voulut point convenir, continua par habitude, ensuite par vanité, et fut enfin surprise de se sentir apaisée, et sans plus de tristesse au cœur que de rides sur son front.

Les bonnes religieuses, qui avaient si bien présumé de sa vocation, s’aperçurent avec de grands étonnements que Mlle Rouault semblait échapper à leur soin. Elles lui avaient, en effet, tant prodigué les offices, les retraites, les neuvaines et les sermons, si bien prêché le respect que l’on doit aux saints et aux martyrs, et donné tant de bons conseils pour la modestie du corps et le salut de son âme, qu’elle fit comme les chevaux que l’on tire par la bride : elle s’arrêta court et le mors lui sortit des dents. Cet esprit, positif au milieu de ses enthousiasmes, qui avait aimé l’église pour ses fleurs, la musique pour les paroles des romances, et la littérature pour ses excitations passionnelles, s’insurgeait devant les mystères de la foi, de même qu’elle s’irritait davantage contre la discipline, qui était quelque chose d’antipathique à sa constitution. Quand son père la retira de pension, on ne fut point fâché de la voir partir. La supérieure trouvait même qu’elle était devenue, dans les derniers temps, peu révérencieuse envers la communauté.

Emma, rentrée chez elle, se plut d’abord au commandement des domestiques, prit ensuite la campagne en dégoût et regretta son couvent. Quand Charles vint aux Bertaux pour la première fois, elle se considérait comme fort désillusionnée, n’ayant plus rien à apprendre, ne devant plus rien sentir.

Mais l’anxiété d’un état nouveau, ou peut-être l’irritation causée par la présence de cet homme, avait suffi à lui faire croire qu’elle possédait enfin cette passion merveilleuse qui jusqu’alors s’était tenue comme un grand oiseau au plumage rose planant dans la splendeur des ciels poétiques ; — et elle ne pouvait s’imaginer à présent que ce calme où elle vivait fût le bonheur qu’elle avait rêvé. 

Chapter Six

She had read “Paul and Virginia,” and she had dreamed of the little bamboo-house, the nigger Domingo, the dog Fiddle, but above all of the sweet friendship of some dear little brother, who seeks red fruit for you on trees taller than steeples, or who runs barefoot over the sand, bringing you a bird’s nest.

When she was thirteen, her father himself took her to town to place her in the convent. They stopped at an inn in the St. Gervais quarter, where, at their supper, they used painted plates that set forth the story of Mademoiselle de la Valliere. The explanatory legends, chipped here and there by the scratching of knives, all glorified religion, the tendernesses of the heart, and the pomps of court.

Far from being bored at first at the convent, she took pleasure in the society of the good sisters, who, to amuse her, took her to the chapel, which one entered from the refectory by a long corridor. She played very little during recreation hours, knew her catechism well, and it was she who always answered Monsieur le Vicaire’s difficult questions. Living thus, without every leaving the warm atmosphere of the classrooms, and amid these pale-faced women wearing rosaries with brass crosses, she was softly lulled by the mystic languor exhaled in the perfumes of the altar, the freshness of the holy water, and the lights of the tapers. Instead of attending to mass, she looked at the pious vignettes with their azure borders in her book, and she loved the sick lamb, the sacred heart pierced with sharp arrows, or the poor Jesus sinking beneath the cross he carries. She tried, by way of mortification, to eat nothing a whole day. She puzzled her head to find some vow to fulfil.

When she went to confession, she invented little sins in order that she might stay there longer, kneeling in the shadow, her hands joined, her face against the grating beneath the whispering of the priest. The comparisons of betrothed, husband, celestial lover, and eternal marriage, that recur in sermons, stirred within her soul depths of unexpected sweetness.

In the evening, before prayers, there was some religious reading in the study. On week-nights it was some abstract of sacred history or the Lectures of the Abbe Frayssinous, and on Sundays passages from the “Genie du Christianisme,” as a recreation. How she listened at first to the sonorous lamentations of its romantic melancholies reechoing through the world and eternity! If her childhood had been spent in the shop-parlour of some business quarter, she might perhaps have opened her heart to those lyrical invasions of Nature, which usually come to us only through translation in books. But she knew the country too well; she knew the lowing of cattle, the milking, the ploughs.

Accustomed to calm aspects of life, she turned, on the contrary, to those of excitement. She loved the sea only for the sake of its storms, and the green fields only when broken up by ruins.

She wanted to get some personal profit out of things, and she rejected as useless all that did not contribute to the immediate desires of her heart, being of a temperament more sentimental than artistic, looking for emotions, not landscapes.

At the convent there was an old maid who came for a week each month to mend the linen. Patronized by the clergy, because she belonged to an ancient family of noblemen ruined by the Revolution, she dined in the refectory at the table of the good sisters, and after the meal had a bit of chat with them before going back to her work. The girls often slipped out from the study to go and see her. She knew by heart the love songs of the last century, and sang them in a low voice as she stitched away.

She told stories, gave them news, went errands in the town, and on the sly lent the big girls some novel, that she always carried in the pockets of her apron, and of which the good lady herself swallowed long chapters in the intervals of her work. They were all love, lovers, sweethearts, persecuted ladies fainting in lonely pavilions, postilions killed at every stage, horses ridden to death on every page, sombre forests, heartaches, vows, sobs, tears and kisses, little skiffs by moonlight, nightingales in shady groves, “gentlemen” brave as lions, gentle as lambs, virtuous as no one ever was, always well dressed, and weeping like fountains. For six months, then, Emma, at fifteen years of age, made her hands dirty with books from old lending libraries.

Through Walter Scott, later on, she fell in love with historical events, dreamed of old chests, guard-rooms and minstrels. She would have liked to live in some old manor-house, like those long-waisted chatelaines who, in the shade of pointed arches, spent their days leaning on the stone, chin in hand, watching a cavalier with white plume galloping on his black horse from the distant fields. At this time she had a cult for Mary Stuart and enthusiastic veneration for illustrious or unhappy women. Joan of Arc, Heloise, Agnes Sorel, the beautiful Ferroniere, and Clemence Isaure stood out to her like comets in the dark immensity of heaven, where also were seen, lost in shadow, and all unconnected, St. Louis with his oak, the dying Bayard, some cruelties of Louis XI, a little of St. Bartholomew’s Day, the plume of the Bearnais, and always the remembrance of the plates painted in honour of Louis XIV.

In the music class, in the ballads she sang, there was nothing but little angels with golden wings, madonnas, lagunes, gondoliers;-mild compositions that allowed her to catch a glimpse athwart the obscurity of style and the weakness of the music of the attractive phantasmagoria of sentimental realities. Some of her companions brought “keepsakes” given them as new year’s gifts to the convent. These had to be hidden; it was quite an undertaking; they were read in the dormitory. Delicately handling the beautiful satin bindings, Emma looked with dazzled eyes at the names of the unknown authors, who had signed their verses for the most part as counts or viscounts.

She trembled as she blew back the tissue paper over the engraving and saw it folded in two and fall gently against the page. Here behind the balustrade of a balcony was a young man in a short cloak, holding in his arms a young girl in a white dress wearing an alms-bag at her belt; or there were nameless portraits of English ladies with fair curls, who looked at you from under their round straw hats with their large clear eyes. Some there were lounging in their carriages, gliding through parks, a greyhound bounding along in front of the equipage driven at a trot by two midget postilions in white breeches. Others, dreaming on sofas with an open letter, gazed at the moon through a slightly open window half draped by a black curtain. The naive ones, a tear on their cheeks, were kissing doves through the bars of a Gothic cage, or, smiling, their heads on one side, were plucking the leaves of a marguerite with their taper fingers, that curved at the tips like peaked shoes. And you, too, were there, Sultans with long pipes reclining beneath arbours in the arms of Bayaderes; Djiaours, Turkish sabres, Greek caps; and you especially, pale landscapes of dithyrambic lands, that often show us at once palm trees and firs, tigers on the right, a lion to the left, Tartar minarets on the horizon; the whole framed by a very neat virgin forest, and with a great perpendicular sunbeam trembling in the water, where, standing out in relief like white excoriations on a steel-grey ground, swans are swimming about.

And the shade of the argand lamp fastened to the wall above Emma’s head lighted up all these pictures of the world, that passed before her one by one in the silence of the dormitory, and to the distant noise of some belated carriage rolling over the Boulevards.

When her mother died she cried much the first few days. She had a funeral picture made with the hair of the deceased, and, in a letter sent to the Bertaux full of sad reflections on life, she asked to be buried later on in the same grave. The goodman thought she must be ill, and came to see her. Emma was secretly pleased that she had reached at a first attempt the rare ideal of pale lives, never attained by mediocre hearts. She let herself glide along with Lamartine meanderings, listened to harps on lakes, to all the songs of dying swans, to the falling of the leaves, the pure virgins ascending to heaven, and the voice of the Eternal discoursing down the valleys. She wearied of it, would not confess it, continued from habit, and at last was surprised to feel herself soothed, and with no more sadness at heart than wrinkles on her brow.

The good nuns, who had been so sure of her vocation, perceived with great astonishment that Mademoiselle Rouault seemed to be slipping from them. They had indeed been so lavish to her of prayers, retreats, novenas, and sermons, they had so often preached the respect due to saints and martyrs, and given so much good advice as to the modesty of the body and the salvation of her soul, that she did as tightly reined horses; she pulled up short and the bit slipped from her teeth. This nature, positive in the midst of its enthusiasms, that had loved the church for the sake of the flowers, and music for the words of the songs, and literature for its passional stimulus, rebelled against the mysteries of faith as it grew irritated by discipline, a thing antipathetic to her constitution. When her father took her from school, no one was sorry to see her go. The Lady Superior even thought that she had latterly been somewhat irreverent to the community.

Emma, at home once more, first took pleasure in looking after the servants, then grew disgusted with the country and missed her convent. When Charles came to the Bertaux for the first time, she thought herself quite disillusioned, with nothing more to learn, and nothing more to feel.

But the uneasiness of her new position, or perhaps the disturbance caused by the presence of this man, had sufficed to make her believe that she at last felt that wondrous passion which, till then, like a great bird with rose-coloured wings, hung in the splendour of the skies of poesy; and now she could not think that the calm in which she lived was the happiness she had dreamed.

Sechstes Kapitel

Emma hatte „Paul und Virginia“ gelesen und in ihren Träumereien alles vor sich gesehen: die Bambushütte, den Neger Domingo, den Hund Fidelis. Insbesondre hatte sie sich in die zärtliche Freundschaft irgendeines guten Kameraden hineingelebt, der für sie rote Früchte auf überturmhohen Bäumen pflückte und barfuß durch den Sand gelaufen kam, ihr ein Vogelnest zu bringen.

Als sie dreizehn Jahre alt war, brachte ihr Vater sie zur Stadt, um sie in das Kloster zu geben. Sie stiegen in einem Gasthofe im Viertel Saint-Gervais ab, wo sie beim Abendessen Teller vorgesetzt bekamen, auf denen Szenen aus dem Leben des Fräuleins von Lavallière gemalt waren. Alle diese legendenhaften Bilder, hier und da von Messerkritzeln beschädigt, verherrlichten Frömmigkeit, Gefühlsüberschwang und höfischen Prunk.

In der ersten Zeit ihres Klosteraufenthalts langweilte sie sich nicht im geringsten. Sie fühlte sich vielmehr in der Gesellschaft der gütigen Schwestern ganz behaglich, und es war ihr ein Vergnügen, wenn man sie mit in die Kapelle nahm, wohin man vom Refektorium durch einen langen Kreuzgang gelangte. In den Freistunden spielte sie nur höchst selten, im Katechismus war sie alsbald sehr bewandert, und auf schwierige Fragen war sie es, die dem Herrn Pfarrer immer zu antworten wußte. So lebte sie, ohne in die Welt hinauszukommen, in der lauen Atmosphäre der Schulstuben und unter den blassen Frauen mit ihren Rosenkränzen und Messingkreuzchen, und langsam versank sie in den mystischen Traumzustand, der sich um die Weihrauchdüfte, die Kühle der Weihwasserbecken und den Kerzenschimmer webt. Statt der Messe zuzuhören, betrachtete sie die frommen himmelblau umränderten Vignetten ihres Gebetbuches und verliebte sich in das kranke Lamm Gottes, in das von Pfeilen durchbohrte Herz Jesu und in den armen Christus selber, der, sein Kreuz schleppend, zusammenbricht. Um sich zu kasteien, versuchte sie, einen ganzen Tag lang ohne Nahrung auszuhalten. Sie zerbrach sich den Kopf, um irgendein Gelübde zu ersinnen, das sie auf sich nehmen wollte.

Wenn sie zur Beichte ging, erfand sie allerlei kleine Sünden, nur damit sie länger im Halbdunkel knien durfte, die Hände gefaltet, das Gesicht ans Gitter gepreßt, unter dem flüsternden Priester. Die Gleichnisse vom Bräutigam, vom Gemahl, vom himmlischen Geliebten und von der ewigen Hochzeit, die in den Predigten immer wiederkehrten, erweckten im Grunde ihrer Seele geheimnisvolle süße Schauer.

Abends, vor dem Ave-Maria, ward im Arbeitssaal aus einem frommen Buche vorgelesen. An den Wochentagen las man aus der Biblischen Geschichte oder aus den „Stunden der Andacht“ des Abbé Frayssinous und Sonntags zur Erbauung aus Chateaubriands „Geist des Christentums“. Wie andachtsvoll lauschte sie bei den ersten Malen den klangreichen Klagen romantischer Schwermut, die wie ein Echo aus Welt und Ewigkeit erschallten! Wäre Emmas Kindheit im Hinterstübchen eines Kramladens in einem Geschäftsviertel dahingeflossen, dann wäre das junge Mädchen vermutlich der Naturschwärmerei verfallen, die zumeist in literarischer Anregung ihre Quelle hat. So aber kannte sie das Land zu gut: das Blöken der Herden, die Milch- und Landwirtschaft. An friedsame Vorgänge gewöhnt, gewann sie eine Vorliebe für das dem Entgegengesetzte: das Abenteuerliche. So liebte sie das Meer einzig um der wilden Stürme willen und das Grün, nur wenn es zwischen Ruinen sein Dasein fristete. Es war ihr ein Bedürfnis, aus den Dingen einen egoistischen Genuß zu schöpfen, und sie warf alles als unnütz beiseite, was nicht unmittelbar zum Labsal ihres Herzens diente. Ihre Eigenart war eher sentimental als ästhetisch; sie spürte lieber seelischen Erregungen als Landschaften nach.

Im Kloster gab es nun eine alte Jungfer, die sich alle vier Wochen auf acht Tage einstellte, um die Wäsche auszubessern. Da sie einer alten Adelsfamilie entstammte, die in der Revolution zugrunde gegangen war, wurde sie von der Geistlichkeit begönnert. Sie aß mit im Refektorium, an der Tafel der frommen Schwestern, und pflegte mit ihnen nach Tisch ein Plauderstündchen zu machen, bevor sie wieder an ihre Arbeit ging. Oft geschah es auch, daß sich die Pensionärinnen aus der Arbeitsstube stahlen und die Alte aufsuchten. Sie wußte galante Chansons aus dem ancien régime auswendig und sang ihnen welche halbleise vor, ohne dabei ihre Flickarbeit zu vernachlässigen. Sie erzählte Geschichten, wußte stets Neuigkeiten, übernahm allerhand Besorgungen in der Stadt und lieh den größeren Mädchen Romane, von denen sie immer ein paar in den Taschen ihrer Schürze bei sich hatte. In den Ruhepausen ihrer Tätigkeit verschlang das gute Fräulein selber schnell ein paar Kapitel. Darin wimmelte es von Liebschaften, Liebhabern, Liebhaberinnen, von verfolgten Damen, die in einsamen Pavillonen ohnmächtig, und von Postillionen, die an allen Ecken und Enden gemordet wurden, von edlen Rossen, die man auf Seite für Seite zuschanden ritt, von düsteren Wäldern, Herzenskämpfen, Schwüren, Schluchzen, Tränen und Küssen, von Gondelfahrten im Mondenschein, Nachtigallen in den Büschen, von hohen Herren, die wie Löwen tapfer und sanft wie Bergschafe waren, dabei tugendsam bis ins Wunderbare, immer köstlich gekleidet und ganz unbeschreiblich tränenselig. Ein halbes Jahr lang beschmutzte sich die fünfzehnjährige Emma ihre Finger mit dem Staube dieser alten Scharteken. Dann geriet ihr Walter Scott in die Hände, und nun berauschte sie sich an geschichtlichen Begebenheiten im Banne von Burgzinnen, Rittersälen und Minnesängern. Am liebsten hätte sie in einem alten Herrensitze gelebt, gehüllt in schlanke Gewänder wie jene Edeldamen, die, den Ellenbogen auf den Fensterstein gestützt und das Kinn in der Hand, unter Kleeblattbogen ihre Tage verträumten und in die Fernen der Landschaft hinausschauten, ob nicht ein Rittersmann mit weißer Helmzier dahergestürmt käme auf einem schwarzen Roß. Damals trieb sie einen wahren Kult mit Maria Stuart; ihre Verehrung von berühmten oder unglücklichen Frauen ging bis zur Schwärmerei. Die Jungfrau von Orleans, Heloise, Agnes Sorel, die schöne Ferronnière und Clemence Isaure leuchteten wie strahlende Meteore in dem grenzenlosen Dunkel ihrer Geschichtsunkenntnisse. Fast ganz im Lichtlosen und ohne Beziehungen zueinander schwebten ferner in ihrer Vorstellung: der heilige Ludwig mit seiner Eiche, der sterbende Ritter Bayard, ein paar grausame Taten Ludwigs des Elften, irgendeine Szene aus der Bartholomäusnacht, der Helmbusch Heinrichs des Vierten, dazu unauslöschlich die Erinnerung an die gemalten Teller mit den Verherrlichungen Ludwigs des Vierzehnten.

In den Romanzen, die Emma in den Musikstunden sang, war immer die Rede von Englein mit goldenen Flügeln, von Madonnen, Lagunen und Gondolieren. Sie waren musikalisch nichts wert, aber so banal ihr Text und so reizlos ihre Melodien auch sein mochten: die Realitäten des Lebens hatten in ihnen den phantastischen Zauber der Sentimentalität. Etliche ihrer Kameradinnen schmuggelten lyrische Almanache in das Kloster ein, die sie als Neujahrsgeschenke bekommen hatten. Daß man sie heimlich halten mußte, war die Hauptsache dabei. Sie wurden im Schlafsaal gelesen. Emma nahm die schönen Atlaseinbände nur behutsam in die Hand und ließ sich von den Namen der unbekannten Autoren faszinieren, die ihre Beiträge zumeist als Grafen und Barone signiert hatten. Das Herz klopfte ihr, wenn sie das Seidenpapier von den Kupfern darin leise aufblies, bis es sich bauschte und langsam auf die andre Seite sank. Auf einem der Stiche sah man einen jungen Mann in einem Mäntelchen, wie er hinter der Brüstung eines Altans ein weiß gekleidetes junges Mädchen mit einer Tasche am Gürtel an sich drückte; auf anderen waren Bildnisse von ungenannten blondlockigen englischen Ladys, die unter runden Strohhüten mit großen hellen Augen hervorschauten. Andre sah man in flotten Wagen durch den Park fahren, wobei ein Windspiel vor den Pferden hersprang, die von zwei kleinen Grooms in weißen Hosen kutschiert wurden. Andre träumten auf dem Sofa, ein offenes Briefchen neben sich, und himmelten durch das halb offene, schwarz umhängte Fenster den Mond an. Wieder andre, Unschuldskinder, krauten, eine Träne auf der Wange, durch das Gitter eines gotischen Käfigs ein Turteltäubchen oder zerzupften, den Kopf verschämt geneigt, mit koketten Fingern, die wie Schnabelschuhspitzen nach oben gebogen waren, eine Marguerite. Alles mögliche andre zeigten die übrigen Stiche: Sultane mit langen Pfeifen, unter Lauben gelagert, Bajaderen in den Armen; Giaurs, Türkensäbel, phrygische Mützen, nicht zu vergessen die faden heroischen Landschaften, auf denen Palmen und Fichten, Tiger und Löwen friedlich beieinanderstehen, und Minaretts am Horizonte und römische Ruinen im Vordergrunde eine Gruppe lagernder Kamele überragen, während auf der einen Seite ein wohlgepflegtes Stück Urwald steht, auf der andern ein See, eine Riesensonne mit stechenden Strahlen darüber und auf seiner stahlblauen, hie und da weiß aufschäumenden Flut, in die Ferne verstreut, gleitende Schwäne ...

Das matte Licht der Lampe, die zu Emmas Häupten an der Wand hing, blinzelte auf alle diese weltlichen Bilder, die eins nach dem andern an ihr vorüberzogen, in des Schlafsaales Stille, in die kein Geräusch drang, höchstens das ferne Rollen eines späten Fuhrwerks.

Als ihr die Mutter starb, weinte Emma die ersten Tage viel. Sie ließ sich eine Locke der Verstorbenen in einen Glasrahmen fassen, schrieb ihrem Vater einen Brief ganz voller wehmütiger Betrachtungen über das Leben und bat ihn, man möge sie dereinst in demselben Grabe bestatten. Der gute Mann dachte, sie sei krank, und besuchte sie. Emma empfand eine innere Befriedigung darin, daß sie mit einem Male emporgehoben worden war in die hohen Regionen einer seltenen Gefühlswelt, in die Alltagsherzen niemals gelangen. Sie verlor sich in Lamartinischen Rührseligkeiten, hörte Harfenklänge über den Weihern und Schwanengesänge, die Klagen des fallenden Laubes, die Himmelfahrten jungfräulicher Seelen und die Stimme des Ewigen, die in den Tiefen flüstert.

Eines Tages jedoch ward ihr alles das langweilig, aber ohne sichs einzugestehen, und so blieb sie dabei zunächst aus Gewohnheit, dann aus Eitelkeit, und schließlich war sie überrascht, daß sie den inneren Frieden wiedergefunden hatte und daß ihr Herz ebensowenig schwermütig war wie ihre jugendliche Stirne runzelig.

Die frommen Schwestern, die stark auf Emmas heilige Mission gehofft hatten, bemerkten zu ihrem höchsten Befremden, daß Fräulein Rouault ihrem Einfluß zu entschlüpfen drohte. Man hatte ihr allzu reichliche Gebete, Andachtslieder, Predigten und Fasten angedeihen lassen, ihr zu trefflich vorgeredet, welch große Verehrung die Heiligen und Märtyrer genössen, und ihr zu vorzügliche Ratschläge gegeben, wie man den Leib kasteie und die Seele der ewigen Seligkeit zuführe; und so ging es mit ihr wie mit einem Pferd, das man zu straff an die Kandare genommen hat: sie blieb plötzlich stehen und machte nicht mehr mit.

Bei aller Schwärmerei war sie doch eine Verstandesnatur; sie hatte die Kirche wegen ihrer Blumen, die Musik wegen der Liedertexte und die Dichterwerke wegen ihrer sinnlichen Wirkung geliebt. Ihr Geist empörte sich gegen die Mysterien des Glaubens, und noch mehr lehnte sie sich nunmehr gegen die Klosterzucht auf, die ihrem tiefsten Wesen völlig zuwider war. Als ihr Vater sie aus dem Kloster nahm, hatte man durchaus nichts dagegen; die Oberin fand sogar, Emma habe es in der letzten Zeit an Ehrfurcht vor der Schwesternschaft recht fehlen lassen.

Wieder zu Hause, gefiel sich das junge Mädchen zunächst darin, das Gesinde zu kommandieren, bald jedoch ward sie des Landlebens überdrüssig, und nun sehnte sie sich nach dem Kloster zurück. Als Karl zum ersten Male das Gut betrat, war sie just überzeugt, daß sie alle Illusionen verloren habe, daß es nichts mehr auf der Welt gäbe, was ihr Hirn oder Herz rühren könne. Dann aber waren das mit jedem neuen Zustande verbundene wirre Gefühl und die Unruhe, die sich ihrer diesem Manne gegenüber bemächtigte, stark genug, um in ihr den Glauben zu erwecken: endlich sei jene wunderbare Leidenschaft in ihr erstanden, die bisher nicht anders als wie ein Riesenvogel mit rosigem Gefieder hoch in der Herrlichkeit himmlischer Traumfernen geschwebt hatte. Doch jetzt, in ihrer Ehe, hatte sie keine Kraft zu glauben, daß die Friedsamkeit, in der sie hinlebte, das erträumte Glück sei.