Madame Bovary | 10 | II | Yonville-L’Abbaye / Abtei Yonville

 

DEUXIÈME PARTIE

I

Yonville-L’Abbaye (ainsi nommé, à cause d’une ancienne abbaye de Capucins dont les ruines n’existent même plus) est un bourg à huit lieues de Rouen, entre la route d’Abbeville et celle de Beauvais, au fond d’une vallée qu’arrose la Rieule, petite rivière qui se jette dans l’Andelle, après avoir fait tourner trois moulins vers son embouchure, et où il y a quelques truites, que les garçons, le dimanche, s’amusent à pêcher à la ligne.

On quitte la grande route à la Boissière et l’on continue à plat jusqu’au haut de la côte des Leux, d’où l’on découvre la vallée. La rivière qui la traverse en fait comme deux régions de physionomie distincte : tout ce qui est à gauche est en herbage, tout ce qui est à droite est en labour. La prairie s’allonge sous un bourrelet de collines basses pour se rattacher par derrière aux pâturages du pays de Bray, tandis que, du côté de l’est, la plaine, montant doucement, va s’élargissant et étale à perte de vue ses blondes pièces de blé. L’eau qui court au bord de l’herbe sépare d’une raie blanche la couleur des prés et celle des sillons, et la campagne ainsi ressemble à un grand manteau déplié qui a un collet de velours vert, bordé d’un galon d’argent.

Au bout de l’horizon, lorsqu’on arrive, on a devant soi les chênes de la forêt d’Argueil, avec les escarpements de la côte Saint-Jean, rayés du haut en bas par de longues traînées rouges, inégales ; ce sont les traces des pluies, et ces tons de brique, tranchant en filets minces sur la couleur grise de la montagne, viennent de la quantité de sources ferrugineuses qui coulent au delà, dans le pays d’alentour.

On est ici sur les confins de la Normandie, de la Picardie et de l’Île-de-France, contrée bâtarde où le langage est sans accentuation, comme le paysage sans caractère. C’est là que l’on fait les pires fromages de Neufchâtel de tout l’arrondissement, et, d’autre part, la culture y est coûteuse, parce qu’il faut beaucoup de fumier pour engraisser ces terres friables pleines de sable et de cailloux.

Jusqu’en 1835, il n’y avait point de route praticable pour arriver à Yonville ; mais on a établi vers cette époque un chemin de grande vicinalité qui relie la route d’Abbeville à celle d’Amiens, et sert quelquefois aux rouliers allant de Rouen dans les Flandres. Cependant, Yonville-l’Abbaye est demeuré stationnaire, malgré ses débouchés nouveaux. Au lieu d’améliorer les cultures, on s’y obstine encore aux herbages, quelque dépréciés qu’ils soient, et le bourg paresseux, s’écartant de la plaine, a continué naturellement à s’agrandir vers la rivière. On l’aperçoit de loin, tout couché en long sur la rive, comme un gardeur de vaches qui fait la sieste au bord de l’eau.

Au bas de la côte, après le pont, commence une chaussée plantée de jeunes trembles, qui vous mène en droite ligne jusqu’aux premières maisons du pays. Elles sont encloses de haies, au milieu de cours pleines de bâtiments épars, pressoirs, charretteries et bouilleries, disséminés sous les arbres touffus portant des échelles, des gaules ou des faux accrochées dans leur branchage. Les toits de chaume, comme des bonnets de fourrure rabattus sur des yeux, descendent jusqu’au tiers à peu près des fenêtres basses, dont les gros verres bombés sont garnis d’un nœud dans le milieu, à la façon des culs de bouteilles. Sur le mur de plâtre que traversent en diagonale des lambourdes noires, s’accroche parfois quelque maigre poirier, et les rez-de-chaussée ont à leur porte une petite barrière tournante pour les défendre des poussins, qui viennent picorer, sur le seuil, des miettes de pain bis trempé de cidre. Cependant les cours se font plus étroites, les habitations se rapprochent, les haies disparaissent ; un fagot de fougères se balance sous une fenêtre au bout d’un manche à balai ; il y a la forge d’un maréchal et ensuite un charron avec deux ou trois charrettes neuves, en dehors, qui empiètent sur la route. Puis, à travers une claire-voie, apparaît une maison blanche au delà d’un rond de gazon que décore un Amour, le doigt posé sur la bouche ; deux vases en fonte sont à chaque bout du perron ; des panonceaux brillent à la porte ; c’est la maison du notaire, et la plus belle du pays.

L’église est de l’autre côté de la rue, vingt pas plus loin, à l’entrée de la place. Le petit cimetière qui l’entoure, clos d’un mur à hauteur d’appui, est si bien rempli de tombeaux, que les vieilles pierres à ras du sol font un dallage continu, où l’herbe a dessiné de soi-même des carrés verts réguliers. L’église a été rebâtie à neuf dans les dernières années du règne de Charles X. La voûte en bois commence à se pourrir par le haut, et, de place en place, a des enfonçures noires dans sa couleur bleue. Au-dessus de la porte, où seraient les orgues, se tient un jubé pour les hommes, avec un escalier tournant qui retentit sous les sabots.

Le grand jour, arrivant par les vitraux tout unis, éclaire obliquement les bancs rangés en travers de la muraille, que tapisse çà et là quelque paillasson cloué, ayant au-dessous de lui ces mots en grosses lettres : « Banc de M. un tel. » Plus loin, à l’endroit où le vaisseau se rétrécit, le confessionnal fait pendant à une statuette de la Vierge, vêtue d’une robe de satin, coiffée d’un voile de tulle semé d’étoiles d’argent, et tout empourprée aux pommettes comme une idole des îles Sandwich ; enfin une copie de la Sainte Famille, envoi du ministre de l’intérieur, dominant le maître-autel entre quatre chandeliers, termine au fond la perspective. Les stalles du chœur, en bois de sapin, sont restées sans être peintes.

Les halles, c’est-à-dire un toit de tuiles supporté par une vingtaine de poteaux, occupent à elles seules la moitié environ de la grande place d’Yonville. La mairie, construite sur les dessins d’un architecte de Paris, est une manière de temple grec qui fait l’angle, à côté de la maison du pharmacien. Elle a, au rez-de-chaussée, trois colonnes ioniques et, au premier étage, une galerie à plein cintre, tandis que le tympan qui la termine est rempli par un coq gaulois, appuyé d’une patte sur la Charte et tenant de l’autre les balances de la justice.

Mais ce qui attire le plus les yeux, c’est, en face de l’auberge du Lion d’or, la pharmacie de M. Homais ! Le soir, principalement, quand son quinquet est allumé et que les bocaux rouges et verts qui embellissent sa devanture allongent au loin, sur le sol, leurs deux clartés de couleur ; alors, à travers elles, comme dans des feux du Bengale, s’entrevoit l’ombre du pharmacien, accoudé sur son pupitre. Sa maison, du haut en bas, est placardée d’inscriptions écrites en anglaise, en ronde, en moulée : « Eaux de Vichy, de Seltz et de Barèges, robs dépuratifs, médecine Raspail, racahout des Arabes, pastilles Darcet, pâte Regnault, bandages ; bains, chocolats de santé, etc. » Et l’enseigne, qui tient toute la largeur de la boutique, porte en lettres d’or : Homais, pharmacien. Puis, au fond de la boutique, derrière les grandes balances scellées sur le comptoir, le mot laboratoire se déroule au-dessus d’une porte vitrée qui, à moitié de sa hauteur, répète encore une fois Homais, en lettres d’or, sur un fond noir.

Il n’y a plus ensuite rien à voir dans Yonville. La rue (la seule), longue d’une portée de fusil et bordée de quelques boutiques, s’arrête court au tournant de la route. Si on la laisse sur la droite et que l’on suive le bas de la côte Saint-Jean, bientôt on arrive au cimetière.

Lors du choléra, pour l’agrandir, on a abattu un pan de mur et acheté trois acres de terre à côté ; mais toute cette portion nouvelle est presque inhabitée, les tombes, comme autrefois, continuant à s’entasser vers la porte. Le gardien, qui est en même temps fossoyeur et bedeau à l’église (tirant ainsi des cadavres de la paroisse un double bénéfice), a profité du terrain vide pour y semer des pommes de terre. D’année en année, cependant, son petit champ se rétrécit, et, lorsqu’il survient une épidémie, il ne sait pas s’il doit se réjouir des décès ou s’affliger des sépultures.

— Vous vous nourrissez des morts, Lestiboudois ! lui dit enfin un jour, M. le curé.

Cette parole sombre le fit réfléchir, elle l’arrêta pour quelque temps ; mais, aujourd’hui encore, il continue la culture de ses tubercules, et même soutient avec aplomb qu’ils poussent naturellement.

Depuis les événements que l’on va raconter, rien, en effet, n’a changé à Yonville. Le drapeau tricolore de fer-blanc tourne toujours au haut du clocher de l’église ; la boutique du marchand de nouveautés agite encore au vent ses deux banderoles d’indienne ; les fœtus du pharmacien, comme des paquets d’amadou blanc, se pourrissent de plus en plus dans leur alcool bourbeux, et, au-dessus de la grande porte de l’auberge, le vieux lion d’or, déteint par les pluies, montre toujours aux passants sa frisure de caniche.

Le soir que les époux Bovary devaient arriver à Yonville, Mme veuve Lefrançois, la maîtresse de cette auberge, était si fort affairée, qu’elle suait à grosses gouttes en remuant ses casseroles. C’était le lendemain jour de marché dans le bourg. Il fallait d’avance tailler les viandes, vider les poulets, faire de la soupe et du café. Elle avait, de plus, le repas de ses pensionnaires, celui du médecin, de sa femme et de leur bonne ; le billard retentissait d’éclats de rire ; trois meuniers, dans la petite salle, appelaient pour qu’on leur apportât de l’eau-de-vie ; le bois flambait, la braise craquait, et, sur la longue table de la cuisine, parmi les quartiers de mouton cru, s’élevaient des piles d’assiettes qui tremblaient aux secousses du billot où l’on hachait des épinards. On entendait, dans la basse-cour, crier les volailles que la servante poursuivait pour leur couper le cou.

Un homme en pantoufles de peau verte, quelque peu marqué de petite vérole et coiffé d’un bonnet de velours à gland d’or, se chauffait le dos contre la cheminée. Sa figure n’exprimait rien que la satisfaction de soi-même, et il avait l’air aussi calme dans la vie que le chardonneret suspendu au-dessus de sa tête, dans une cage d’osier : c’était le pharmacien.

— Artémise ! criait la maîtresse d’auberge, casse de la bourrée, emplis les carafes, apporte de l’eau-de-vie, dépêche-toi ! Au moins, si je savais quel dessert offrir à la société que vous attendez ! Bonté divine ! les commis du déménagement recommencent leur tintamarre dans le billard ! Et leur charrette qui est restée sous la grande porte ! L’Hirondelle est capable de la défoncer en arrivant ! Appelle Polyte pour qu’il la remise !… Dire que, depuis le matin, monsieur Homais, ils ont peut-être fait quinze parties et bu huit pots de cidre !… Mais ils vont me déchirer le tapis, continuait-elle en les regardant de loin, son écumoire à la main.

— Le mal ne serait pas grand, répondit M. Homais, vous en achèteriez un autre.

— Un autre billard ! exclama la veuve.

— Puisque celui-là ne tient plus, madame Lefrançois ; je vous le répète, vous vous faites tort ! vous vous faites grand tort ! Et puis les amateurs, à présent, veulent des blouses étroites et des queues lourdes. On ne joue plus la bille ; tout est changé ! Il faut marcher avec son siècle ! Regardez Tellier, plutôt…

L’hôtesse devint rouge de dépit. Le pharmacien ajouta :

— Son billard, vous avez beau dire, est plus mignon que le vôtre ; et qu’on ait l’idée, par exemple de monter une poule patriotique pour la Pologne ou les inondés de Lyon…

— Ce ne sont pas des gueux comme lui qui nous font peur ! interrompit l’hôtesse, en haussant ses grosses épaules. Allez ! allez ! monsieur Homais, tant que le Lion d’or vivra, on y viendra. Nous avons du foin dans nos bottes, nous autres ! Au lieu qu’un de ces matins vous verrez le Café français fermé, et avec une belle affiche sur les auvents !… Changer mon billard, continuait-elle en se parlant à elle-même, lui qui m’est si commode pour ranger ma lessive, et sur lequel, dans le temps de la chasse, j’ai mis coucher jusqu’à six voyageurs !… Mais ce lambin d’Hivert qui n’arrive pas !

— L’attendez-vous pour le dîner de vos messieurs ? demanda le pharmacien.

— L’attendre ? Et M. Binet donc ! À six heures battant vous allez le voir entrer, car son pareil n’existe pas sur la terre pour l’exactitude. Il lui faut toujours sa place dans la petite salle ! On le tuerait plutôt que de le faire dîner ailleurs ! et dégoûté qu’il est ! et si difficile pour le cidre ! Ce n’est pas comme M. Léon ; lui, il arrive quelquefois à sept heures, sept heures et demie même ; il ne regarde seulement pas à ce qu’il mange. Quel bon jeune homme ! Jamais un mot plus haut que l’autre.

— C’est qu’il y a bien de la différence, voyez-vous, entre quelqu’un qui a reçu de l’éducation et un ancien carabinier qui est percepteur.

Six heures sonnèrent. Binet entra.

Il était vêtu d’une redingote bleue, tombant droit d’elle-même tout autour de son corps maigre, et sa casquette de cuir, à pattes nouées par des cordons sur le sommet de sa tête, laissait voir, sous la visière relevée, un front chauve, qu’avait déprimé l’habitude du casque. Il portait un gilet de drap noir, un col de crin, un pantalon gris, et, en toute saison, des bottes bien cirées qui avaient deux renflements parallèles, à cause de la saillie de ses orteils. Pas un poil ne dépassait la ligne de son collier blond, qui, contournant la mâchoire, encadrait comme la bordure d’une plate-bande sa longue figure terne, dont les yeux étaient petits et le nez busqué. Fort à tous les jeux de cartes, bon chasseur et possédant une belle écriture, il avait chez lui un tour, où il s’amusait à tourner des ronds de serviette dont il encombrait sa maison, avec la jalousie d’un artiste et l’égoïsme d’un bourgeois.

Il se dirigea vers la petite salle ; mais il fallut d’abord en faire sortir les trois meuniers ; et, pendant tout le temps que l’on fut à mettre son couvert, Binet resta silencieux à sa place, auprès du poêle ; puis il ferma la porte et retira sa casquette, comme d’usage.

— Ce ne sont pas les civilités qui lui useront la langue ! dit le pharmacien, dès qu’il fut seul avec l’hôtesse.

— Jamais il ne cause davantage, répondit-elle ; il est venu ici, la semaine dernière, deux voyageurs en draps, des garçons pleins d’esprit qui contaient, le soir, un tas de farces que j’en pleurais de rire ; eh bien, il restait là, comme une alose, sans dire un mot.

— Oui, fit le pharmacien, pas d’imagination, pas de saillies, rien de ce qui constitue l’homme de société !

— On dit pourtant qu’il a des moyens, objecta l’hôtesse.

— Des moyens ? répliqua M. Homais ; lui ! des moyens ? Dans sa partie, c’est possible, ajouta-t-il d’un ton plus calme.

Et il reprit :

— Ah ! qu’un négociant qui a des relations considérables, qu’un jurisconsulte, un médecin, un pharmacien soient tellement absorbés qu’ils en deviennent fantasques et bourrus même, je le comprends ; on en cite des traits dans les histoires ! Mais, au moins, c’est qu’ils pensent à quelque chose. Moi, par exemple, combien de fois m’est-il arrivé de chercher ma plume sur mon bureau pour écrire une étiquette, et de trouver, en définitive, que je l’avais placée à mon oreille !

Cependant, Mme Lefrançois alla sur le seuil regarder si l’Hirondelle n’arrivait pas. Elle tressaillit. Un homme vêtu de noir entra tout à coup dans la cuisine. On distinguait, aux dernières lueurs du crépuscule, qu’il avait la figure rubiconde et le corps athlétique.

— Qu’y a-t-il pour votre service, monsieur le curé ? demanda la maîtresse d’auberge, tout en atteignant sur la cheminée un des flambeaux de cuivre qui s’y trouvaient rangés en colonnade avec leurs chandelles ; voulez-vous prendre quelque chose ? un doigt de cassis, un verre de vin ?

L’ecclésiastique refusa fort civilement. Il venait chercher son parapluie, qu’il avait oublié l’autre jour au couvent d’Ernemont, et, après avoir prié Mme Lefrançois de le lui faire remettre au presbytère dans la soirée, il sortit pour se rendre à l’église, où l’on sonnait l’Angelus.

Quand le pharmacien n’entendit plus sur la place le bruit de ses souliers, il trouva fort inconvenante sa conduite de tout à l’heure. Ce refus d’accepter un rafraîchissement lui semblait une hypocrisie des plus odieuses ; les prêtres godaillaient tous sans qu’on les vît, et cherchaient à ramener le temps de la dîme.

L’hôtesse prit la défense de son curé :

— D’ailleurs, il en plierait quatre comme vous sur son genou. Il a, l’année dernière, aidé nos gens à rentrer la paille ; il en portait jusqu’à six bottes à la fois, tant il est fort !

— Bravo ! dit le pharmacien. Envoyez donc vos filles en confesse à des gaillards d’un tempérament pareil ! Moi, si j’étais le gouvernement, je voudrais qu’on saignât les prêtres une fois par mois. Oui, Mme Lefrançois, tous les mois, une large phlébotomie, dans l’intérêt de la police et des mœurs !

— Taisez-vous donc, monsieur Homais ! vous êtes un impie ! vous n’avez pas de religion !

Le pharmacien répondit :

— J’ai une religion, ma religion, et même j’en ai plus qu’eux tous, avec leurs momeries et leurs jongleries ! J’adore Dieu, au contraire ! Je crois en l’Être suprême, à un Créateur, quel qu’il soit, peu m’importe, qui nous a placés ici-bas pour y remplir nos devoirs de citoyen et de père de famille ; mais je n’ai pas besoin d’aller, dans une église, baiser des plats d’argent, et engraisser de ma poche un tas de farceurs qui se nourrissent mieux que nous ! Car on peut l’honorer aussi bien dans un bois, dans un champ, ou même en contemplant la voûte éthérée, comme les anciens. Mon Dieu, à moi, c’est le Dieu de Socrate, de Franklin, de Voltaire et de Béranger ! Je suis pour la Profession de foi du vicaire savoyard et les immortels principes de 89 ! Aussi, je n’admets pas un bonhomme de bon Dieu qui se promène dans son parterre la canne à la main, loge ses amis dans le ventre des baleines, meurt en poussant un cri et ressuscite au bout de trois jours : choses absurdes en elles-mêmes et complètement opposées, d’ailleurs, à toutes les lois de la physique ; ce qui nous démontre, en passant, que les prêtres ont toujours croupi dans une ignorance turpide, où ils s’efforcent d’engloutir avec eux les populations.

Il se tut, cherchant des yeux un public autour de lui, car, dans son effervescence, le pharmacien un moment s’était cru en plein conseil municipal. Mais la maîtresse d’auberge ne l’écoutait plus ; elle tendait son oreille à un roulement éloigné. On distingua le bruit d’une voiture mêlé à un claquement de fers lâches qui battaient la terre, et l’Hirondelle enfin s’arrêta devant la porte.

C’était un coffre jaune porté par deux grandes roues qui, montant jusqu’à la hauteur de la bâche, empêchaient les voyageurs de voir la route et leur salissaient les épaules. Les petits carreaux de ses vasistas étroits tremblaient dans leurs châssis quand la voiture était fermée, et gardaient des taches de boue, çà et là, parmi leur vieille couche de poussière, que les pluies d’orage même ne lavaient pas tout à fait. Elle était attelée de trois chevaux, dont le premier en arbalète, et, lorsqu’on descendait les côtes, elle touchait du fond en cahotant.

Quelques bourgeois d’Yonville arrivèrent sur la place ; ils parlaient tous à la fois, demandant des nouvelles, des explications et des bourriches ; Hivert ne savait auquel répondre. C’était lui qui faisait à la ville les commissions du pays. Il allait dans les boutiques, rapportait des rouleaux de cuir au cordonnier, de la ferraille au maréchal, un baril de harengs pour sa maîtresse, des bonnets de chez la modiste, des toupets de chez le coiffeur ; et, le long de la route, en s’en revenant, il distribuait ses paquets, qu’il jetait par-dessus les clôtures des cours, debout sur son siège, et criant à pleine poitrine, pendant que ses chevaux allaient tout seuls.

Un accident l’avait retardé ; la levrette de Mme Bovary s’était enfuie à travers champs. On l’avait sifflée un grand quart d’heure. Hivert même était retourné d’une demi-lieue en arrière, croyant l’apercevoir à chaque minute ; mais il avait fallu continuer la route. Emma avait pleuré, s’était emportée ; elle avait accusé Charles de ce malheur. M. Lheureux, marchand d’étoffes, qui se trouvait avec elle dans la voiture, avait essayé de la consoler par quantité d’exemples de chiens perdus, reconnaissant leur maître au bout de longues années. On en citait un, disait-il, qui était revenu de Constantinople à Paris. Un autre avait fait cinquante lieues en ligne droite et passé quatre rivières à la nage ; et son père à lui-même avait possédé un caniche qui, après douze ans d’absence, lui avait tout à coup sauté sur le dos, un soir, dans la rue, comme il allait dîner en ville. 

Part II

Chapter One

Yonville-l’Abbaye (so called from an old Capuchin abbey of which not even the ruins remain) is a market-town twenty-four miles from Rouen, between the Abbeville and Beauvais roads, at the foot of a valley watered by the Rieule, a little river that runs into the Andelle after turning three water-mills near its mouth, where there are a few trout that the lads amuse themselves by fishing for on Sundays.

We leave the highroad at La Boissiere and keep straight on to the top of the Leux hill, whence the valley is seen. The river that runs through it makes of it, as it were, two regions with distinct physiognomies — all on the left is pasture land, all of the right arable. The meadow stretches under a bulge of low hills to join at the back with the pasture land of the Bray country, while on the eastern side, the plain, gently rising, broadens out, showing as far as eye can follow its blond cornfields. The water, flowing by the grass, divides with a white line the colour of the roads and of the plains, and the country is like a great unfolded mantle with a green velvet cape bordered with a fringe of silver.

Before us, on the verge of the horizon, lie the oaks of the forest of Argueil, with the steeps of the Saint-Jean hills scarred from top to bottom with red irregular lines; they are rain tracks, and these brick-tones standing out in narrow streaks against the grey colour of the mountain are due to the quantity of iron springs that flow beyond in the neighboring country.

Here we are on the confines of Normandy, Picardy, and the Ile-de-France, a bastard land whose language is without accent and its landscape is without character. It is there that they make the worst Neufchatel cheeses of all the arrondissement; and, on the other hand, farming is costly because so much manure is needed to enrich this friable soil full of sand and flints.

Up to 1835 there was no practicable road for getting to Yonville, but about this time a cross-road was made which joins that of Abbeville to that of Amiens, and is occasionally used by the Rouen wagoners on their way to Flanders. Yonville-l’Abbaye has remained stationary in spite of its “new outlet.” Instead of improving the soil, they persist in keeping up the pasture lands, however depreciated they may be in value, and the lazy borough, growing away from the plain, has naturally spread riverwards. It is seem from afar sprawling along the banks like a cowherd taking a siesta by the water-side.

At the foot of the hill beyond the bridge begins a roadway, planted with young aspens, that leads in a straight line to the first houses in the place. These, fenced in by hedges, are in the middle of courtyards full of straggling buildings, wine-presses, cart-sheds and distilleries scattered under thick trees, with ladders, poles, or scythes hung on to the branches. The thatched roofs, like fur caps drawn over eyes, reach down over about a third of the low windows, whose coarse convex glasses have knots in the middle like the bottoms of bottles. Against the plaster wall diagonally crossed by black joists, a meagre pear-tree sometimes leans and the ground-floors have at their door a small swing-gate to keep out the chicks that come pilfering crumbs of bread steeped in cider on the threshold. But the courtyards grow narrower, the houses closer together, and the fences disappear; a bundle of ferns swings under a window from the end of a broomstick; there is a blacksmith’s forge and then a wheelwright’s, with two or three new carts outside that partly block the way. Then across an open space appears a white house beyond a grass mound ornamented by a Cupid, his finger on his lips; two brass vases are at each end of a flight of steps; scutcheons blaze upon the door. It is the notary’s house, and the finest in the place.

The Church is on the other side of the street, twenty paces farther down, at the entrance of the square. The little cemetery that surrounds it, closed in by a wall breast high, is so full of graves that the old stones, level with the ground, form a continuous pavement, on which the grass of itself has marked out regular green squares. The church was rebuilt during the last years of the reign of Charles X. The wooden roof is beginning to rot from the top, and here and there has black hollows in its blue colour. Over the door, where the organ should be, is a loft for the men, with a spiral staircase that reverberates under their wooden shoes.

The daylight coming through the plain glass windows falls obliquely upon the pews ranged along the walls, which are adorned here and there with a straw mat bearing beneath it the words in large letters, “Mr. So-and-so’s pew.” Farther on, at a spot where the building narrows, the confessional forms a pendant to a statuette of the Virgin, clothed in a satin robe, coifed with a tulle veil sprinkled with silver stars, and with red cheeks, like an idol of the Sandwich Islands; and, finally, a copy of the “Holy Family, presented by the Minister of the Interior,” overlooking the high altar, between four candlesticks, closes in the perspective. The choir stalls, of deal wood, have been left unpainted.

The market, that is to say, a tiled roof supported by some twenty posts, occupies of itself about half the public square of Yonville. The town hall, constructed “from the designs of a Paris architect,” is a sort of Greek temple that forms the corner next to the chemist’s shop. On the ground-floor are three Ionic columns and on the first floor a semicircular gallery, while the dome that crowns it is occupied by a Gallic cock, resting one foot upon the “Charte” and holding in the other the scales of Justice.

But that which most attracts the eye is opposite the Lion d’Or inn, the chemist’s shop of Monsieur Homais. In the evening especially its argand lamp is lit up and the red and green jars that embellish his shop-front throw far across the street their two streams of colour; then across them as if in Bengal lights is seen the shadow of the chemist leaning over his desk. His house from top to bottom is placarded with inscriptions written in large hand, round hand, printed hand: “Vichy, Seltzer, Barege waters, blood purifiers, Raspail patent medicine, Arabian racahout, Darcet lozenges, Regnault paste, trusses, baths, hygienic chocolate,” etc. And the signboard, which takes up all the breadth of the shop, bears in gold letters, “Homais, Chemist.” Then at the back of the shop, behind the great scales fixed to the counter, the word “Laboratory” appears on a scroll above a glass door, which about half-way up once more repeats “Homais” in gold letters on a black ground.

Beyond this there is nothing to see at Yonville. The street (the only one) a gunshot in length and flanked by a few shops on either side stops short at the turn of the highroad. If it is left on the right hand and the foot of the Saint-Jean hills followed the cemetery is soon reached.

At the time of the cholera, in order to enlarge this, a piece of wall was pulled down, and three acres of land by its side purchased; but all the new portion is almost tenantless; the tombs, as heretofore, continue to crowd together towards the gate. The keeper, who is at once gravedigger and church beadle (thus making a double profit out of the parish corpses), has taken advantage of the unused plot of ground to plant potatoes there. From year to year, however, his small field grows smaller, and when there is an epidemic, he does not know whether to rejoice at the deaths or regret the burials.

“You live on the dead, Lestiboudois!” the curie at last said to him one day. This grim remark made him reflect; it checked him for some time; but to this day he carries on the cultivation of his little tubers, and even maintains stoutly that they grow naturally.

Since the events about to be narrated, nothing in fact has changed at Yonville. The tin tricolour flag still swings at the top of the church-steeple; the two chintz streamers still flutter in the wind from the linen-draper’s; the chemist’s fetuses, like lumps of white amadou, rot more and more in their turbid alcohol, and above the big door of the inn the old golden lion, faded by rain, still shows passers-by its poodle mane.

On the evening when the Bovarys were to arrive at Yonville, Widow Lefrancois, the landlady of this inn, was so very busy that she sweated great drops as she moved her saucepans. To-morrow was market-day. The meat had to be cut beforehand, the fowls drawn, the soup and coffee made. Moreover, she had the boarders’ meal to see to, and that of the doctor, his wife, and their servant; the billiard-room was echoing with bursts of laughter; three millers in a small parlour were calling for brandy; the wood was blazing, the brazen pan was hissing, and on the long kitchen table, amid the quarters of raw mutton, rose piles of plates that rattled with the shaking of the block on which spinach was being chopped.

From the poultry-yard was heard the screaming of the fowls whom the servant was chasing in order to wring their necks.

A man slightly marked with small-pox, in green leather slippers, and wearing a velvet cap with a gold tassel, was warming his back at the chimney. His face expressed nothing but self-satisfaction, and he appeared to take life as calmly as the goldfinch suspended over his head in its wicker cage: this was the chemist.

“Artemise!” shouted the landlady, “chop some wood, fill the water bottles, bring some brandy, look sharp! If only I knew what dessert to offer the guests you are expecting! Good heavens! Those furniture-movers are beginning their racket in the billiard-room again; and their van has been left before the front door! The ‘Hirondelle’ might run into it when it draws up. Call Polyte and tell him to put it up. Only think, Monsieur Homais, that since morning they have had about fifteen games, and drunk eight jars of cider! Why, they’ll tear my cloth for me,” she went on, looking at them from a distance, her strainer in her hand.

“That wouldn’t be much of a loss,” replied Monsieur Homais. “You would buy another.”

“Another billiard-table!” exclaimed the widow.

“Since that one is coming to pieces, Madame Lefrancois. I tell you again you are doing yourself harm, much harm! And besides, players now want narrow pockets and heavy cues. Hazards aren’t played now; everything is changed! One must keep pace with the times! Just look at Tellier!”

The hostess reddened with vexation. The chemist went on —

“You may say what you like; his table is better than yours; and if one were to think, for example, of getting up a patriotic pool for Poland or the sufferers from the Lyons floods —”

“It isn’t beggars like him that’ll frighten us,” interrupted the landlady, shrugging her fat shoulders. “Come, come, Monsieur Homais; as long as the ‘Lion d’Or’ exists people will come to it. We’ve feathered our nest; while one of these days you’ll find the ‘Cafe Francais’ closed with a big placard on the shutters. Change my billiard-table!” she went on, speaking to herself, “the table that comes in so handy for folding the washing, and on which, in the hunting season, I have slept six visitors! But that dawdler, Hivert, doesn’t come!”

“Are you waiting for him for your gentlemen’s dinner?”

“Wait for him! And what about Monsieur Binet? As the clock strikes six you’ll see him come in, for he hasn’t his equal under the sun for punctuality. He must always have his seat in the small parlour. He’d rather die than dine anywhere else. And so squeamish as he is, and so particular about the cider! Not like Monsieur Leon; he sometimes comes at seven, or even half-past, and he doesn’t so much as look at what he eats. Such a nice young man! Never speaks a rough word!”

“Well, you see, there’s a great difference between an educated man and an old carabineer who is now a tax-collector.”

Six o’clock struck. Binet came in.

He wore a blue frock-coat falling in a straight line round his thin body, and his leather cap, with its lappets knotted over the top of his head with string, showed under the turned-up peak a bald forehead, flattened by the constant wearing of a helmet. He wore a black cloth waistcoat, a hair collar, grey trousers, and, all the year round, well-blacked boots, that had two parallel swellings due to the sticking out of his big-toes. Not a hair stood out from the regular line of fair whiskers, which, encircling his jaws, framed, after the fashion of a garden border, his long, wan face, whose eyes were small and the nose hooked. Clever at all games of cards, a good hunter, and writing a fine hand, he had at home a lathe, and amused himself by turning napkin rings, with which he filled up his house, with the jealousy of an artist and the egotism of a bourgeois.

He went to the small parlour, but the three millers had to be got out first, and during the whole time necessary for laying the cloth, Binet remained silent in his place near the stove. Then he shut the door and took off his cap in his usual way.

“It isn’t with saying civil things that he’ll wear out his tongue,” said the chemist, as soon as he was along with the landlady.

“He never talks more,” she replied. “Last week two travelers in the cloth line were here — such clever chaps who told such jokes in the evening, that I fairly cried with laughing; and he stood there like a dab fish and never said a word.”

“Yes,” observed the chemist; “no imagination, no sallies, nothing that makes the society-man.”

“Yet they say he has parts,” objected the landlady.

“Parts!” replied Monsieur Homais; “he, parts! In his own line it is possible,” he added in a calmer tone. And he went on —

“Ah! That a merchant, who has large connections, a jurisconsult, a doctor, a chemist, should be thus absent-minded, that the should become whimsical or even peevish, I can understand; such cases are cited in history. But at least it is because they are thinking of something. Myself, for example, how often has it happened to me to look on the bureau for my pen to write a label, and to find, after all, that I had put it behind my ear!”

Madame Lefrancois just then went to the door to see if the “Hirondelle” were not coming. She started. A man dressed in black suddenly came into the kitchen. By the last gleam of the twilight one could see that his face was rubicund and his form athletic.

“What can I do for you, Monsieur le Curie?” asked the landlady, as she reached down from the chimney one of the copper candlesticks placed with their candles in a row. “Will you take something? A thimbleful of Cassis? A glass of wine?”

The priest declined very politely. He had come for his umbrella, that he had forgotten the other day at the Ernemont convent, and after asking Madame Lefrancois to have it sent to him at the presbytery in the evening, he left for the church, from which the Angelus was ringing.

When the chemist no longer heard the noise of his boots along the square, he thought the priest’s behaviour just now very unbecoming. This refusal to take any refreshment seemed to him the most odious hypocrisy; all priests tippled on the sly, and were trying to bring back the days of the tithe.

The landlady took up the defence of her curie.

“Besides, he could double up four men like you over his knee. Last year he helped our people to bring in the straw; he carried as many as six trusses at once, he is so strong.”

“Bravo!” said the chemist. “Now just send your daughters to confess to fellows which such a temperament! I, if I were the Government, I’d have the priests bled once a month. Yes, Madame Lefrancois, every month — a good phlebotomy, in the interests of the police and morals.”

“Be quiet, Monsieur Homais. You are an infidel; you’ve no religion.”

The chemist answered: “I have a religion, my religion, and I even have more than all these others with their mummeries and their juggling. I adore God, on the contrary. I believe in the Supreme Being, in a Creator, whatever he may be. I care little who has placed us here below to fulfil our duties as citizens and fathers of families; but I don’t need to go to church to kiss silver plates, and fatten, out of my pocket, a lot of good-for-nothings who live better than we do. For one can know Him as well in a wood, in a field, or even contemplating the eternal vault like the ancients. My God! Mine is the God of Socrates, of Franklin, of Voltaire, and of Beranger! I am for the profession of faith of the ‘Savoyard Vicar,’ and the immortal principles of ‘89! And I can’t admit of an old boy of a God who takes walks in his garden with a cane in his hand, who lodges his friends in the belly of whales, dies uttering a cry, and rises again at the end of three days; things absurd in themselves, and completely opposed, moreover, to all physical laws, which prove to us, by the way, that priests have always wallowed in turpid ignorance, in which they would fain engulf the people with them.”

He ceased, looking round for an audience, for in his bubbling over the chemist had for a moment fancied himself in the midst of the town council. But the landlady no longer heeded him; she was listening to a distant rolling. One could distinguish the noise of a carriage mingled with the clattering of loose horseshoes that beat against the ground, and at last the “Hirondelle” stopped at the door.

It was a yellow box on two large wheels, that, reaching to the tilt, prevented travelers from seeing the road and dirtied their shoulders. The small panes of the narrow windows rattled in their sashes when the coach was closed, and retained here and there patches of mud amid the old layers of dust, that not even storms of rain had altogether washed away. It was drawn by three horses, the first a leader, and when it came down-hill its bottom jolted against the ground.

Some of the inhabitants of Yonville came out into the square; they all spoke at once, asking for news, for explanations, for hampers. Hivert did not know whom to answer. It was he who did the errands of the place in town. He went to the shops and brought back rolls of leather for the shoemaker, old iron for the farrier, a barrel of herrings for his mistress, caps from the milliner’s, locks from the hair-dresser’s and all along the road on his return journey he distributed his parcels, which he threw, standing upright on his seat and shouting at the top of his voice, over the enclosures of the yards.

An accident had delayed him. Madame Bovary’s greyhound had run across the field. They had whistled for him a quarter of an hour; Hivert had even gone back a mile and a half expecting every moment to catch sight of her; but it had been necessary to go on.

Emma had wept, grown angry; she had accused Charles of this misfortune. Monsieur Lheureux, a draper, who happened to be in the coach with her, had tried to console her by a number of examples of lost dogs recognizing their masters at the end of long years. One, he said had been told of, who had come back to Paris from Constantinople. Another had gone one hundred and fifty miles in a straight line, and swum four rivers; and his own father had possessed a poodle, which, after twelve years of absence, had all of a sudden jumped on his back in the street as he was going to dine in town.

Zweites Buch

Erstes Kapitel

Abtei Yonville (so genannt nach einer ehemaligen Kapuzinerabtei, von der indessen nicht einmal mehr die Ruinen stehen) ist ein Marktflecken, acht Wegstunden östlich von Rouen, zwischen der Straße von Abbeville und der von Beauvais. Der Ort liegt im Tale der Rieule, eines Nebenflüßchens der Andelle. Nahe seiner Einmündung treibt der Bach drei Mühlen. Er hat Forellen, nach denen die Dorfjungen reihenweise an den Sonntagen zu ihrer Belustigung angeln.

Man verläßt die Heeresstraße bei La Boissière und geht auf der Hochebene bis zur Höhe von Leux, wo man das Tiefland offen vor sich liegen sieht. Der Fluß teilt es in zwei deutlich unterscheidbare Hälften: zur Linken Weideland, rechts ist alles bebaut. Diese Prärie, die sich bis zu den Triften der Landschaft Pray hinzieht, wird von einer ganz niedrigen Hügelkette begrenzt, während die Ebene gegen Osten allmählich ansteigt und sich im Unermeßlichen verliert. So weit das Auge reicht, schweift es über meilenweite Kornfelder. Das Gewässer sondert wie mit einem langen weißen Strich das Grün der Wiesen von dem Blond der Äcker, und so liegt das ganze Land unten ausgebreitet da wie ein riesiger gelber Mantel mit einem grünen silberngesäumten Samtkragen.

Fern am Horizont erkennt man geradeaus den Eichwald von Argueil und die steilen Abhänge von Sankt Johann mit ihren eigentümlichen, senkrechten, ungleichmäßigen roten Strichen. Das sind die Wege, die sich das Regenwasser sucht; und die roten Streifen auf dem Grau der Berge rühren von den vielen eisenhaltigen Quellen drinnen im Gebirge her, die ihr Wasser nach allen Seiten hinab ins Land schicken.

Man steht auf der Grenzscheide der Normandie, der Pikardie und der Ile-de-France, inmitten eines von der Natur stiefmütterlich behandelten Geländes, das weder im Dialekt seiner Bewohner noch in seinem Landschaftsbilde besondre Eigenheiten aufweist. Von hier kommen die allerschlechtesten Käse des ganzen Bezirks von Neufchâtel. Allerdings ist die Bewirtschaftung dieser Gegend kostspielig, da der trockene steinige Sandboden viel Dünger verlangt.

Bis zum Jahre 1835 führte keine brauchbare Straße nach Yonville. Erst um diese Zeit wurde ein sogenannter „Hauptvizinalweg“ angelegt, der die beiden großen Heeresstraßen von Abbeville und von Amiens untereinander verbindet und bisweilen von den Fuhrleuten benutzt wird, die von Rouen nach Flandern fahren. Aber trotz dieser „neuen Verbindungen“ gelangte Yonville zu keiner rechten Entwicklung. Anstatt sich mehr auf den Getreidebau zu legen, blieb man hartnäckig immer noch bei der Weidebewirtschaftung, so kargen Gewinn sie auch brachte; und die träge Bewohnerschaft baut sich auch noch heute lieber nach dem Berge statt nach der Ebene zu an. Schon von weitem sieht man den Ort am Ufer lang hingestreckt liegen, wie einen Kuhhirten, der sich faulenzend am Bache hingeworfen hat.

Von der Brücke, die über die Rieule führt, geht der mit Pappeln besäumte Fahrweg in schnurgerader Linie nach den ersten Gehöften des Ortes. Alle sind sie von Hecken umschlossen. Neben den Hauptgebäuden sieht man allerhand ordnungslos angelegte Nebenhäuschen, Keltereien, Schuppen und Brennereien, dazwischen buschige Bäume, an denen Leitern, Stangen, Sensen und andres Gerät hängen oder lehnen. Die Strohdächer sehen wie bis an die Augen ins Gesicht hereingezogene Pelzmützen aus; sie verdecken ein Drittel der niedrigen Butzenscheibenfenster. Da und dort rankt sich dürres Spalierobst an den weißen, von schwarzem Gebälk durchquerten Kalkwänden der Häuser empor. Die Eingänge im Erdgeschoß haben drehbare Halbtüren, damit die Hühner nicht eindringen, die auf den Schwellen in Apfelwein aufgeweichte Brotkrumen aufpicken.

Allmählich werden die Höfe enger, die Gebäude rücken näher aneinander, und die Hecken verschwinden. An einem der Häuser hängt, schaukelnd an einem Besenstiel zum Fenster heraus, ein Bündel Farnkraut. Hier ist die Schmiede; ein Wagen und zwei oder drei neue Karren stehen davor und versperren die Straße. Weiterhin leuchtet durch die offene Pforte der Gartenmauer ein weißes Landhaus, eine runde Rasenfläche davor mit einem Amor in der Mitte, der sich den Finger vor den Mund hält. Die Freitreppe flankieren zwei Vasen aus Bronze. Ein Amtsschild mit Wappen glänzt am Tore. Es ist das Haus des Notars, das schönste der ganzen Gegend.

Zwanzig Schritte weiter, auf der andern Seite der Straße, beginnt der Marktplatz mit der Kirche. In dem kleinen Friedhofe um sie herum, den eine niedrige Mauer von Ellbogenhöhe umschließt, liegt Grabplatte an Grabplatte. Diese alten Steine bilden geradezu ein Pflaster, auf das aus den Ritzen hervorschießendes Gras grüne Rechtecke gezeichnet hat. Die Kirche selbst ist ein Neubau aus der letzten Zeit der Regierung Karls des Zehnten. Das hölzerne Dach beginnt bereits morsch zu werden. Auf dem blauen Anstrich der Decke über dem Schiff zeigen sich stellenweise schwarze Flecken. Über dem Eingang befindet sich da, wo gewöhnlich sonst in der Kirche die Orgel ist, eine Empore für die Männer, zu der eine Wendeltreppe hinaufführt, die laut dröhnt, wenn man sie betritt.

Das Tageslicht flutet in schrägen Strahlen durch die farblosen Scheiben auf die Bankreihen hernieder, die sich von Längswand zu Längswand hinziehen. Vor manchen Sitzen sind Strohmatten befestigt, und Namensschilder verkünden weithin sichtbar: „Platz des Herrn Soundso.“ Wo sich das Schiff verengert, steht der Beichtstuhl und ihm gegenüber ein Standbild der Madonna, die ein Atlasgewand und einen Schleier, mit lauter silbernen Sternen besät, trägt. Ihre Wangen sind genau so knallrot angemalt wie die eines Götzenbildes auf den Sandwichinseln. Im Chor über dem Hochaltar schimmert hinter vier hohen Leuchtern die Kopie einer Heiligen Familie von Pietro Perugino, eine Stiftung der Regierung. Die Chorstühle aus Fichtenholz sind ohne Anstrich.

Fast die Hälfte des Marktplatzes von Yonville nehmen „die Hallen“ ein: ein Ziegeldach auf etlichen zwanzig Holzsäulen. Das Rathaus, nach dem Entwurfe eines Pariser Architekten in antikem Stil erbaut, steht in der jenseitigen Ecke des Platzes neben der Apotheke. Das Erdgeschoß hat eine dorische Säulenhalle, der erste Stock eine offene Galerie, und darüber im Giebelfelde haust ein gallischer Hahn, der mit der einen Klaue das Gesetzbuch umkrallt und in der andern die Wage der Gerechtigkeit hält.

Das Augenmerk des Fremden fällt immer zuerst auf die Apotheke des Herrn Homais, schräg gegenüber vom „Gasthof zum goldnen Löwen“. Zumal am Abend, wenn die große Lampe im Laden brennt und ihr helles, durch die bunten Flüssigkeiten in den dickbauchigen Flaschen, die das Schaufenster schmücken sollen, rot und grün gefärbtes Licht weit hinaus über das Straßenpflaster fällt, dann sieht man den Schattenriß des über sein Pult gebeugten Apothekers wie in bengalischer Beleuchtung. Außen ist sein Haus von oben bis unten mit Reklameschildern bedeckt, die in allen möglichen Schriftarten ausschreien: „Mineralwasser von Vichy“, „Sauerbrunnen“, „Selterswasser“, „Kamillentee“, „Kräuterlikör“, „Kraftmehl“, „Hustenpastillen“, „Zahnpulver“, „Mundwasser“, „Bandagen“, „Badesalz“, „Gesundheitsschokolade“ usw. usw. Auf der Firma, die so lang ist wie der ganze Laden, steht in mächtigen goldnen Buchstaben: „Homais, Apotheker“. Drinnen, hinter den hohen, auf der Ladentafel festgeschraubten Wagen, liest man über einer Glastüre das Wort „Laboratorium“ und auf der Tür selbst noch einmal in goldnen Lettern auf schwarzem Grunde den Namen „Homais“.

Weitere Sehenswürdigkeiten gibt es in Yonville nicht. Die Hauptstraße (die einzige) reicht einen Büchsenschuß weit und hat zu beiden Seiten ein paar Kramläden. An der Straßenbiegung ist der Ort zu Ende. Wenn man vorher nach links abwendet und dem Hange folgt, gelangt man hinab zum Gemeindefriedhof.

Zur Zeit der Cholera wurde ein Stück der Kirchhofsmauer niedergelegt und der Friedhof durch Ankauf von drei Morgen Land vergrößert, aber dieser ganze neue Teil ist so gut wie noch unbenutzt geblieben. Wie vordem drängen sich die Grabhügel nach dem Eingangstor zu zusammen. Der Pförtner, der zugleich auch Totengräber und Kirchendiener ist und somit aus den Leichen der Gemeinde eine doppelte Einnahme zieht, hat sich das unbenutzte Land angeeignet, um darauf Kartoffeln zu erbauen. Aber von Jahr zu Jahr vermindert sich sein bißchen Boden, und es brauchte bloß wieder einmal eine Epidemie zu kommen, so wüßte er nicht, ob er sich über die vielen Toten freuen oder über ihre neuen Gräber ärgern solle.

„Lestiboudois, Sie leben von den Toten!“ sagte eines Tages der Pfarrer zu ihm.

Diese gruselige Bemerkung stimmte den Küster nachdenklich. Eine Zeitlang enthielt er sich der Landwirtschaft. Dann aber und bis auf den heutigen Tag zog er seine Erdäpfel weiter. Ja, er versichert sogar mit Nachdruck, sie wüchsen ganz von selber.

Seit den Ereignissen, die hier erzählt werden, hat sich in Yonville wirklich nichts verändert. Noch immer dreht sich auf der Kirchturmspitze die weiß-rot-blaue Fahne aus Blech, noch immer flattern vor dem Laden des Modewarenhändlers zwei Kattunwimpel im Winde, noch immer schwimmen im Schaufenster der Apotheke häßliche Präparate in Glasbüchsen voll trübgewordnem Alkohol, und ganz wie einst zeigt der alte, von Wind und Wetter ziemlich entgoldete Löwe über dem Tore des Gasthofes den Vorübergehenden seine Pudelmähne.

An dem Abend, da das Ehepaar Bovary in Yonville eintreffen sollte, war die Löwenwirtin, die Witwe Franz, derartig beschäftigt, daß ihr beim Hantieren mit ihren Töpfen der Schweiß von der Stirne perlte. Am folgenden Tag war nämlich Markttag im Städtchen. Da mußte Fleisch zurechtgehackt, Geflügel ausgenommen, Bouillon gekocht und Kaffee gebrannt werden. Daneben die regelmäßigen Tischteilnehmer und heute obendrein der neue Doktor nebst Frau Gemahlin und Dienstmädchen! Am Billard lachten Gäste, und in der kleinen Gaststube riefen drei Müllerburschen nach Schnaps. Im Herde prasselte und schmorte es, und auf dem langen Küchentische paradierten neben einer rohen Hammelkeule Stöße von Tellern, die nach dem Takte des Wiegemessers tanzten, mit dem die Köchin Spinat zerkleinerte. Vom Hofe aus ertönte das ängstliche Gegacker der Hühner, die von der Magd gejagt wurden, weil sie etlichen die Köpfe abschneiden wollte.

Ein Herr in grünledernen Pantoffeln, eine goldne Troddel an seinem schwarzsamtnen Käppchen, wärmte sich am Kamin des Gastzimmers den Rücken. Im Gesicht hatte er ein paar Blatternarben. Sein ganzes Wesen strahlte förmlich von Selbstzufriedenheit. Offenbar lebte er genau so gleichmütig dahin wie der Stieglitz, der oben an der Decke in seinem Weidenbauer herumhüpfte. Dieser Herr war der Apotheker.

„Artemisia!“ rief die Wirtin. „Leg noch ein bißchen Reisig ins Feuer! Fülle die Wasserflaschen! Schaff den Schnaps hinein! Und mach schnell! Ach, wenn ich nur wüßte, was ich den Herrschaften, die heute eintreffen, zum Nachtisch vorsetzen soll? Heiliger Bimbam! Die Leute von der Speditionsgesellschaft hören mit ihrem Geklapper auf dem Billard auch gar nicht auf! Und der Möbelwagen steht draußen immer noch mitten auf der Straße, gerade vor der Hofeinfahrt! Wenn die Post kommt, wird es eine Karambolage geben. Ruf mir mal Hippolyt! Er soll den Wagen beiseiteschieben ... Was ich sagen wollte, Herr Apotheker, diese Leute spielen schon den ganzen Vormittag. Jetzt sind sie bei der fünfzehnten Partie und beim achten Schoppen Apfelwein! Man wird mir noch ein Loch ins Tuch stoßen!“

Sie war auf einen Augenblick, den Kochlöffel in der Hand, ins Gastzimmer gelaufen.

„Das wär auch weiter kein Malheur!“ meinte Homais. „Dann schaffen Sie gleich ein neues Billard an!“

„Ein neues Billard!“ jammerte die Witwe.

„Nu freilich, Frau Franz! Das alte Ding da taugt nicht mehr viel! Ich habs Ihnen schon tausendmal gesagt. Es ist Ihr eigner Schaden! Und ein großer Schaden! Heutzutage verlangen passionierte Spieler große Bälle und schwere Queues. Mit solchen Bällchen spielt man nicht mehr. Die Zeiten ändern sich! Man muß modern sein! Sehen Sie sich mal bei Tellier im Café Français ...“

Die Wirtin wurde rot vor Ärger, aber der Apotheker fuhr fort:

„Sie können sagen, was Sie wollen! Sein Billard ist handlicher als Ihrs. Und wenn es heißt, eine patriotische Poule zu entrieren, sagen wir: zum Besten der vertriebenen Polen oder für die Überschwemmten von Lyon ...“

„Ach was!“ unterbrach ihn die Löwenwirtin verächtlich. „Vor dem Bettelvolk hat unsereiner noch lange keine Angst! Lassen Sies nur gut sein, Herr Apotheker! Solange der Goldne Löwe bestehen wird, sitzen auch Gäste drin! Wir verhungern nicht! Aber Ihr geliebtes Café Français, das wird eines schönen Tages die Bude zumachen! Oder vielmehr der Gerichtsvollzieher! Ich soll mir ein andres Billard anschaffen? Wo meins so bequem ist zum Wäschefalten! Und wenn Jagdgäste da sind, können gleich sechse drauf übernachten! Nee, nee ... Wo bleibt nur eigentlich der langweilige Kerl, der Hivert!“

„Sollen denn Ihre Tischgäste mit dem Essen warten, bis die Post gekommen ist?“ fragte Homais ungeduldig.

„Warten? Herr Binet ist ja noch nicht da! Der kommt Schlag sechs, einen wie alle Tage! So ein Muster von Pünktlichkeit gibts auf der ganzen Welt nicht wieder. Er hat seit urdenklichen Zeiten seinen Stammplatz in der kleinen Stube. Er ließe sich eher totschlagen, als daß er wo anders äße. Was Schlechtes darf man dem nicht vorsetzen. Und auf den Apfelwein versteht er sich aus dem ff. Er ist nicht wie Herr Leo, der heute um sieben und morgen um halb acht erscheint und alles ißt, was man ihm vorsetzt! Übrigens ein feiner junger Mann! Ich hab noch nie ein lautes Wort von ihm gehört.“

„Da sehen Sie eben den Unterschied zwischen jemandem, der eine Kinderstube hinter sich hat, und einem ehemaligen Kürassier und jetzigen Steuereinnehmer!“

Es schlug sechs. Binet trat ein.

Er hatte einen blauen Rock an, der schlaff an seinem mageren Körper herunterhing. Unter dem Schirm seiner Ledermütze blickte ein Kahlkopf hervor, der um die Stirn eingedrückt von dem langjährigen Tragen des schweren Helms aussah. Er trug eine Weste aus schwarzem Stoff, einen Pelzkragen, graue Hosen und tadellos blankgewichste Schuhe, die vorn besonders ausgearbeitet waren, weil er dauernd an geschwollenen Zehen litt. Sein blonder Backenbart war peinlichst gestutzt und umrahmte ihm das lange bleiche Gesicht mit den kleinen Augen und der Adlernase wie eine Hecke den Garten. Er war ein Meister in jeglichem Kartenspiel und ein guter Jäger, hatte eine hübsche Handschrift und besaß zu Hause eine Drehbank, auf der er zu seinem Vergnügen Serviettenringe drechselte. Er hatte ihrer schon eine Unmenge, die er mit der Eifersucht eines Künstlers und dem Geiz des Spießers hütete.

Binet schritt nach der kleinen Stube zu. Erst mußten dort aber die drei Müllerburschen hinauskomplimentiert werden. Während man drin für ihn deckte, blieb er in der großen Gaststube stumm in der Nähe des Ofens stehen, dann ging er hinein, klinkte die Türe ein und nahm seine Mütze ab. Das hatte alles so seine Ordnung.

„An übermäßiger Höflichkeit wird der mal nicht sterben!“ bemerkte der Apotheker, als er wieder mit der Wirtin allein war.

„Er redet nie viel,“ entgegnete diese. „Vergangene Woche waren zwei Tuchreisende hier, lustige Kerle, die uns den ganzen Abend Schnurren erzählt haben. Ich wäre beinahe umgekommen vor Lachen. Der aber hat wie ein Stockfisch dabeigesessen und keine Miene verzogen.“

„Ja, ja,“ sagte der Apotheker, „der Mensch hat keine Phantasie, keinen Witz, keinen geselligen Sinn!“

„Er soll aber wohlhabend sein,“ warf die Wirtin ein.

„Wohlhabend?“ echote Homais. „Der und wohlhabend!“ Und gelassen fügte er hinzu: „Gott ja, so für seine Verhältnisse. Das ist schon möglich!“

Nach einer kleinen Weile fuhr er fort: „Hm! Wenn ein Kaufmann, der ein großes Geschäft hat, oder ein Rechtsanwalt, ein Arzt, ein Apotheker derartig in seinem Beruf aufgeht, daß er zum Griesgram oder Sonderling wird, so verstehe ich das. Davor gibt es Beispiele und Exempel. Solche Leute haben immerhin Gedanken im Kopfe. Wie oft ists mir nicht selber passiert, daß ich meinen Federhalter auf meinem Schreibtische gesucht habe, um ein Schildchen auszufüllen oder so was, — und weiß der Kuckuck, schließlich hatte ich ihn hinterm rechten Ohre stecken!“

Frau Franz ging indessen an die Haustür, um nachzusehen, ob die Post noch nicht angekommen sei. Sie war ganz aufgeregt. Da trat ein schwarz gekleideter Mann in die Küche. Das Dämmerlicht beleuchtete sein kupferrotes Antlitz und umfloß seine herkulischen Linien.

„Was steht dem Herrn Pfarrer zu Diensten?“ fragte die Wirtin und nahm vom Kaminsims einen der Messingleuchter, die mit ihren weißen Kerzen in einer wohlgeordneten Reihe dastanden. „Haben Ehrwürden einen Wunsch? Ein Gläschen Wacholder oder einen Schoppen Wein?“

Der Priester dankte verbindlich. Er kam wegen seines Regenschirmes, den er tags zuvor im Kloster Ernemont hatte stehen lassen. Nachdem er Frau Franz gebeten hatte, ihn gelegentlich holen und im Pfarrhause abgeben zu lassen, empfahl er sich, um nach der Kirche zu gehen, wo schon das Ave-Maria geläutet ward.

Als die Tritte des Geistlichen draußen verklungen waren, machte der Apotheker die Bemerkung, der Pfarrer habe sich eben sehr ungebührlich benommen. Eine angebotene Erfrischung abzuschlagen, sei seiner Ansicht nach eine ganz abscheuliche Heuchelei. Die Pfaffen söffen insgeheim alle miteinander. Am liebsten möchten sie den Zehnten wieder einführen.

Die Löwenwirtin verteidigte ihren Beichtvater.

„Na, übrigens nimmt ers mit vier Mannsen von Eurem Kaliber zugleich auf!“ meinte sie. „Voriges Jahr hat er unsern Leuten beim Strohaufladen geholfen. Er hat immer sechs Schütten auf einmal getragen. So stark ist er!“

„Natürlich!“ rief Homais aus. „Schickt nur Eure Mädels solchen Krafthubern zur Beichte! Wenn ich im Staate was zu sagen hätte, dann kriegte jeder Pfaffe aller vier Wochen einen Blutegel angesetzt. Jawohl, Frau Wirtin, aller vier Wochen einen ordentlichen Aderlaß zur Hebung von Sicherheit und Sittlichkeit im Lande!“

„Aber Herr Apotheker! Sie sind gottlos! Sie haben keine Religion!“

Homais erwiderte:

„Ich habe eine Religion: meine Religion! Und die ist mehr wert als die dieser Leute mit all dem Firlefanz und Mummenschanz. Ich verehre Gott. Erst recht tue ich das. Ich glaube an eine höhere Macht, an einen Schöpfer. Sein Wesen kommt hierbei nicht in Frage. Wir Menschen sind hienieden da, damit wir unsre Pflichten als Staatsbürger und Familienväter erfüllen. Aber ich habe kein Bedürfnis, in die Kirche zu gehen, silbernes Gerät zu küssen und eine Bande von Possenreißern aus meiner Tasche zu mästen, die sich besser hegen und pflegen als ich mich selber. Gott kann man viel schöner verehren im Walde, im freien Felde oder meinetwegen nach antiker Anschauung angesichts der Gestirne am Himmel. Mein Gott ist der Gott der Philosophen und Künstler. Ich bin für Rousseaus Glaubensbekenntnis des savoyischen Vikars. Für die unsterblichen Ideen von Anno 1789! Und da glaube ich nicht an den sogenannten lieben Gott, der mit einem Spazierstöckchen in der Hand gemütlich durch seinen Erdengarten bummelt, seine Freunde in einem Walfischbauch einquartiert, jammernd am Kreuze stirbt und am dritten Tage wieder aufersteht von den Toten. Das ist schon an und für sich Blödsinn und obendrein wider alle Naturgesetze! Es beweist aber nebenbei, daß sich die Pfaffen in der schmachvollen Ignoranz, mit der sie die Menschheit verdummen möchten, mir Wollust selber herumsielen.“

Er schwieg und überschaute seine Zuhörerschaft. Er hatte sich ins Zeug gelegt, als spräche er vor versammeltem Gemeinderat. Die Wirtin war längst aus der Gaststube gelaufen. Sie lauschte draußen und vernahm ein fernes rollendes Geräusch. Bald hörte sie deutlich das Rasseln der Räder und das Klappern eines lockeren Eisens auf dem Pflaster. Endlich hielt die Postkutsche vor der Haustüre.

Es war ein gelblackierter Kasten auf zwei Riesenrädern, die bis an das Wagendeck hinaufreichten. Sie raubten dem Reisenden jegliche Aussicht und bespritzten ihn fortwährend. Die winzigen Scheiben in den Wagenfenstern klirrten in ihrem Rahmen. Wenn man sie heraufzog, sah man, daß sie vor Staub und Straßenschmutz starrten. Der stärkste Platzregen hätte sie nicht rein gewaschen. Das Fahrzeug war mit drei Pferden bespannt: zwei Stangen- und einem Vorderpferde.

Vor dem Gasthofe entstand ein kleiner Menschenauflauf. Alles redete durcheinander. Der eine fragte nach Neuigkeiten, ein andrer wollte irgendwelche Auskunft, ein dritter erwartete eine Postsendung. Hivert, der Postkutscher, wußte gar nicht, wem er zuerst Bescheid geben sollte. Er pflegte nämlich allerlei Aufträge für die Landleute in der Stadt zu übernehmen. Er machte Einkäufe, brachte dem Schuster Leder und dem Schmied altes Eisen mit; er besorgte der Posthalterin eine Tonne Heringe, holte von der Modistin Hauben und vom Friseur Lockenwickel. Auf dem Rückwege verteilte er dann die Pakete längs seiner Fahrstraße. Wenn er am Gehöft eines Auftraggebers vorbeifuhr, schrie er aus voller Kehle und warf das Paket über den Zaun in das Grundstück, wobei er sich von seinem Kutscherbocke erhob und die Pferde eine Strecke ohne Zügel laufen ließ.

Heute kam er mit Verspätung. Unterwegs war Frau Bovarys Windspiel querfeldein weggelaufen. Eine Viertelstunde lang pfiff man nach ihm. Hivert lief sogar ein paar Kilometer zurück; aller Augenblicke glaubte er, den Hund von weitem zu sehen. Schließlich aber mußte weitergefahren werden.

Emma weinte und war ganz außer sich. Karl sei an diesem Unglück schuld. Herr Lheureux, der Modewarenhändler, der mit in der Post fuhr, versuchte sie zu trösten, indem er ein Schock Geschichten von Hunden erzählte, die entlaufen waren und sich nach langen Jahren bei ihren einstigen Herren wieder eingestellt hatten. Unter anderem wußte er von einem Dackel zu berichten, der von Konstantinopel aus den Weg nach Paris zurückgefunden haben sollte. Ein andrer Hund war hinter einander dreißig Meilen gelaufen und hatte dabei vier Flüsse durchschwommen. Und sein eigner Vater hatte einen Pudel besessen; der war volle zwölf Jahre weg. Eines Abends, als der alte Lheureux durch die Stadt nach dem Gasthaus ging, sprang der Hund an ihm hoch.