Madame Bovary | 22 | À peine arrivé chez lui / No sooner was Rodolphe at home / Kaum auf seinem Gute angekommen

 

XIII

À peine arrivé chez lui, Rodolphe s’assit brusquement à son bureau, sous la tête de cerf faisant trophée contre la muraille. Mais, quand il eut la plume entre les doigts, il ne sut rien trouver, si bien que, s’appuyant sur les deux coudes, il se mit à réfléchir. Emma lui semblait être reculée dans un passé lointain, comme si la résolution qu’il avait prise venait de placer entre eux, tout à coup, un immense intervalle.

Afin de ressaisir quelque chose d’elle, il alla chercher dans l’armoire, au chevet de son lit, une vieille boîte à biscuits de Reims où il enfermait d’habitude ses lettres de femmes, et il s’en échappa une odeur de poussière humide et de roses flétries. D’abord il aperçut un mouchoir de poche, couvert de gouttelettes pâles. C’était un mouchoir à elle, une fois qu’elle avait saigné du nez, en promenade ; il ne s’en souvenait plus. Il y avait auprès, se cognant à tous les angles, la miniature donnée par Emma ; sa toilette lui parut prétentieuse et son regard en coulisse du plus pitoyable effet ; puis, à force de considérer cette image et d’évoquer le souvenir du modèle, les traits d’Emma peu à peu se confondirent en sa mémoire, comme si la figure vivante et la figure peinte, se frottant l’une contre l’autre, se fussent réciproquement effacées. Enfin il lut de ses lettres ; elles étaient pleines d’explications relatives à leur voyage, courtes, techniques et pressantes comme des billets d’affaires. Il voulut revoir les longues, celles d’autrefois ; pour les trouver au fond de la boîte, Rodolphe dérangea toutes les autres ; et machinalement il se mit à fouiller dans ce tas de papiers et de choses, y retrouvant pêle-mêle des bouquets, une jarretière, un masque noir, des épingles et des cheveux — des cheveux ! de bruns, de blonds ; quelques-uns même, s’accrochant à la ferrure de la boîte, se cassaient quand on l’ouvrait.

Ainsi flânant parmi ses souvenirs, il examinait les écritures et le style des lettres, aussi variés que leurs orthographes. Elles étaient tendres ou joviales, facétieuses, mélancoliques ; il y en avait qui demandaient de l’amour et d’autres qui demandaient de l’argent. À propos d’un mot, il se rappelait des visages, de certains gestes, un son de voix ; quelquefois pourtant il ne se rappelait rien.

En effet, ces femmes, accourant à la fois dans sa pensée, s’y gênaient les unes les autres et s’y rapetissaient, comme sous un même niveau d’amour qui les égalisait. Prenant donc à poignée les lettres confondues, il s’amusa pendant quelques minutes à les faire tomber en cascades, de sa main droite dans sa main gauche. Enfin, ennuyé, assoupi, Rodolphe alla reporter la boîte dans l’armoire en se disant :

— Quel tas de blagues !…

Ce qui résumait son opinion ; car les plaisirs, comme des écoliers dans la cour d’un collège, avaient tellement piétiné sur son cœur, que rien de vert n’y poussait, et ce qui passait par là, plus étourdi que les enfants, n’y laissait pas même, comme eux, son nom gravé sur la muraille.

— Allons, se dit-il, commençons !

Il écrivit :

« Du courage, Emma ! du courage ! Je ne veux pas faire le malheur de votre existence… »

— Après tout, c’est vrai, pensa Rodolphe ; j’agis dans son intérêt ; je suis honnête.

« Avez-vous mûrement pesé votre détermination ? Savez-vous l’abîme où je vous entraînais, pauvre ange ? Non, n’est-ce pas ? Vous alliez confiante et folle, croyant au bonheur, à l’avenir… Ah ! malheureux que nous sommes ! insensés ! »

Rodolphe s’arrêta pour trouver ici quelque bonne excuse.

— Si je lui disais que toute ma fortune est perdue ?… Ah ! non, et d’ailleurs, cela n’empêcherait rien. Ce serait à recommencer plus tard. Est-ce qu’on peut faire entendre raison à des femmes pareilles !

Il réfléchit, puis ajouta :

« Je ne vous oublierai pas, croyez-le bien, et j’aurai continuellement pour vous un dévouement profond ; mais, un jour, tôt ou tard, cette ardeur (c’est là le sort des choses humaines) se fût diminuée, sans doute ! Il nous serait venu des lassitudes, et qui sait même si je n’aurais pas eu l’atroce douleur d’assister à vos remords et d’y participer moi-même, puisque je les aurais causés. L’idée seule des chagrins qui vous arrivent me torture, Emma ! Oubliez-moi ! Pourquoi faut-il que je vous aie connue ? Pourquoi étiez-vous si belle ? Est-ce ma faute ? Ô mon Dieu ! non, non, n’en accusez que la fatalité ! »

— Voilà un mot qui fait toujours de l’effet, se dit-il.

« Ah ! si vous eussiez été une de ces femmes au cœur frivole comme on en voit, certes, j’aurais pu, par égoïsme, tenter une expérience alors sans danger pour vous. Mais cette exaltation délicieuse, qui fait à la fois votre charme et votre tourment, vous a empêchée de comprendre, adorable femme que vous êtes, la fausseté de notre position future. Moi non plus, je n’y avais pas réfléchi d’abord, et je me reposais à l’ombre de ce bonheur idéal, comme à celle du mancenillier, sans prévoir les conséquences. »

— Elle va peut-être croire que c’est par avarice que j’y renonce… Ah ! n’importe ! tant pis, il faut en finir !

« Le monde est cruel, Emma. Partout où nous eussions été, il nous aurait poursuivis. Il vous aurait fallu subir les questions indiscrètes, la calomnie, le dédain, l’outrage peut-être. L’outrage à vous ! Oh !… Et moi qui voudrais vous faire asseoir sur un trône ! moi qui emporte votre pensée comme un talisman ! Car je me punis par l’exil de tout le mal que je vous ai fait. Je pars. Où ? Je n’en sais rien, je suis fou ! Adieu ! Soyez toujours bonne ! Conservez le souvenir du malheureux qui vous a perdue. Apprenez mon nom à votre enfant, qu’il le redise dans ses prières. »

La mèche des deux bougies tremblait. Rodolphe se leva pour aller fermer la fenêtre, et, quand il se fut rassis :

— Il me semble que c’est tout. Ah ! encore ceci, de peur qu’elle ne vienne à me relancer :

« Je serai loin quand vous lirez ces tristes lignes ; car j’ai voulu m’enfuir au plus vite afin d’éviter la tentation de vous revoir. Pas de faiblesse ! Je reviendrai ; et peut-être que, plus tard, nous causerons ensemble très froidement de nos anciennes amours. Adieu ! »

Et il y avait un dernier adieu, séparé en deux mots : À Dieu ! ce qu’il jugeait d’un excellent goût.

— Comment vais-je signer, maintenant ? se dit-il. Votre tout dévoué ?… Non. Votre ami ?… Oui, c’est cela.

« Votre ami. »
Il relut sa lettre. Elle lui parut bonne.

— Pauvre petite femme ! pensa-t-il avec attendrissement. Elle va me croire plus insensible qu’un roc ; il eût fallu quelques larmes là-dessus ; mais, moi, je ne peux pas pleurer ; ce n’est pas ma faute. Alors, s’étant versé de l’eau dans un verre, Rodolphe y trempa son doigt et il laissa tomber de haut une grosse goutte, qui fit une tache pâle sur l’encre ; puis, cherchant à cacheter la lettre, le cachet Amor nel cor se rencontra.

— Cela ne va guère à la circonstance… Ah bah ! n’importe !

Après quoi, il fuma trois pipes et s’alla coucher.

Le lendemain, quand il fut debout (vers deux heures environ, il avait dormi tard), Rodolphe se fit cueillir une corbeille d’abricots. Il disposa la lettre dans le fond, sous des feuilles de vigne, et ordonna tout de suite à Girard, son valet de charrue, de porter cela délicatement chez Mme Bovary. Il se servait de ce moyen pour correspondre avec elle, lui envoyant, selon la saison, des fruits ou du gibier.

— Si elle te demande de mes nouvelles, dit-il, tu répondras que je suis parti en voyage. Il faut remettre le panier à elle-même, en mains propres… Va, et prends garde !

Girard passa sa blouse neuve, noua son mouchoir autour des abricots, et marchant à grands pas lourds dans ses grosses galoches ferrées, prit tranquillement le chemin d’Yonville.

Mme Bovary, quand il arriva chez elle, arrangeait avec Félicité, sur la table de la cuisine, un paquet de linge.

— Voilà, dit le valet, ce que notre maître vous envoie.

Elle fut saisie d’une appréhension, et, tout en cherchant quelque monnaie dans sa poche, elle considérait le paysan d’un œil hagard, tandis qu’il la regardait lui-même avec ébahissement, ne comprenant pas qu’un pareil cadeau pût tant émouvoir quelqu’un. Enfin il sortit. Félicité restait. Elle n’y tenait plus, elle courut dans la salle comme pour y porter les abricots, renversa le panier, arracha les feuilles, trouva la lettre, l’ouvrit, et, comme s’il y avait eu derrière elle un effroyable incendie, Emma se mit à fuir vers sa chambre, tout épouvantée.

Charles y était, elle l’aperçut ; il lui parla, elle n’entendit rien, et elle continua vivement à monter les marches ; haletante, éperdue, ivre, et toujours tenant cette horrible feuille de papier, qui lui claquait dans les doigts comme une plaque de tôle. Au second étage, elle s’arrêta devant la porte du grenier, qui était fermée.

Alors elle voulut se calmer ; elle se rappela la lettre ; il fallait la finir, elle n’osait pas. D’ailleurs, où ? comment ? on la verrait.

— Ah ! non, ici, pensa-t-elle, je serai bien.

Emma poussa la porte et entra.

Les ardoises laissaient tomber d’aplomb une chaleur lourde, qui lui serrait les tempes et l’étouffait ; elle se traîna jusqu’à la mansarde close, dont elle tira le verrou, et la lumière éblouissante jaillit d’un bond.

En face, par-dessus les toits, la pleine campagne s’étalait à perte de vue. En bas, sous elle, la place du village était vide ; les cailloux du trottoir scintillaient, les girouettes des maisons se tenaient immobiles ; au coin de la rue, il partit d’un étage inférieur une sorte de ronflement à modulations stridentes. C’était Binet qui tournait.

Elle s’était appuyée contre l’embrasure de la mansarde, et elle relisait la lettre avec des ricanements de colère. Mais plus elle y fixait d’attention, plus ses idées se confondaient. Elle le revoyait, elle l’entendait, elle l’entourait de ses deux bras ; et des battements de cœur, qui la frappaient sous la poitrine comme à grands coups de bélier, s’accéléraient l’un après l’autre, à intermittences inégales. Elle jetait les yeux tout autour d’elle avec l’envie que la terre croulât. Pourquoi n’en pas finir ? Qui la retenait donc ? Elle était libre. Et elle s’avança, elle regarda les pavés en se disant :

— Allons ! allons !

Le rayon lumineux qui montait d’en bas directement tirait vers l’abîme le poids de son corps. Il lui semblait que le sol de la place oscillant s’élevait le long des murs, et que le plancher s’inclinait par le bout, à la manière d’un vaisseau qui tangue. Elle se tenait tout au bord, presque suspendue, entourée d’un grand espace. Le bleu du ciel l’envahissait, l’air circulait dans sa tête creuse, elle n’avait qu’à céder, qu’à se laisser prendre ; et le ronflement du tour ne discontinuait pas, comme une voix furieuse qui l’appelait.

— Ma femme ! ma femme ! cria Charles.

Elle s’arrêta.

— Où es-tu donc ? Arrive !

L’idée qu’elle venait d’échapper à la mort faillit la faire s’évanouir de terreur ; elle ferma les yeux ; puis elle tressaillit au contact d’une main sur sa manche : c’était Félicité.

— Monsieur vous attend, Madame ; la soupe est servie.

Et il fallut descendre ! il fallut se mettre à table !

Elle essaya de manger. Les morceaux l’étouffaient. Alors elle déplia sa serviette comme pour en examiner les reprises et voulut réellement s’appliquer à ce travail, compter les fils de la toile. Tout à coup, le souvenir de la lettre lui revint. L’avait-elle donc perdue ? Où la retrouver ? Mais elle éprouvait une telle lassitude dans l’esprit, que jamais elle ne put inventer un prétexte à sortir de table. Puis elle était devenue lâche ; elle avait peur de Charles ; il savait tout, c’était sûr ! En effet, il prononça ces mots, singulièrement :

— Nous ne sommes pas près, à ce qu’il paraît, de voir M. Rodolphe.

— Qui te l’a dit ? fit-elle en tressaillant.

— Qui me l’a dit ? répliqua-t-il un peu surpris de ce ton brusque ; c’est Girard, que j’ai rencontré tout à l’heure à la porte du Café Français. Il est parti en voyage, ou il doit partir.

Elle eut un sanglot.

— Quoi donc t’étonne ? Il s’absente ainsi de temps à autre pour se distraire, et, ma foi ! je l’approuve. Quand on a de la fortune et que l’on est garçon !… Du reste, il s’amuse joliment, notre ami ! c’est un farceur. M. Langlois m’a conté…

Il se tut par convenance, à cause de la domestique qui entrait.

Celle-ci replaça dans la corbeille les abricots répandus sur l’étagère ; Charles, sans remarquer la rougeur de sa femme, se les fit apporter, en prit un et mordit à même.

— Oh ! parfait ! disait-il. Tiens, goûte.

Et il tendit la corbeille, qu’elle repoussa doucement.

— Sens donc : quelle odeur ! fit-il en la lui passant sous le nez à plusieurs reprises.

— J’étouffe ! s’écria-t-elle en se levant d’un bond.

Mais, par un effort de volonté, ce spasme disparut ; puis :

— Ce n’est rien ! dit-elle, ce n’est rien ! c’est nerveux ! Assieds-toi, mange !

Car elle redoutait qu’on ne fût à la questionner, à la soigner, qu’on ne la quittât plus.

Charles, pour obéir, s’était rassis, et il crachait dans sa main les noyaux des abricots, qu’il déposait ensuite dans son assiette.

Tout à coup, un tilbury bleu passa au grand trot sur la place. Emma poussa un cri et tomba roide par terre, à la renverse.

En effet, Rodolphe, après bien des réflexions, s’était décidé à partir pour Rouen. Or, comme il n’y a, de la Huchette à Buchy, pas d’autre chemin que celui d’Yonville, il lui avait fallu traverser le village, et Emma l’avait reconnu à la lueur des lanternes qui coupaient comme un éclair le crépuscule.

Le pharmacien, au tumulte qui se faisait dans la maison, s’y précipita. La table, avec toutes les assiettes, était renversée ; de la sauce, de la viande, les couteaux, la salière et l’huilier jonchaient l’appartement ; Charles appelait au secours ; Berthe, effarée, criait ; et Félicité, dont les mains tremblaient, délaçait Madame, qui avait le long du corps des mouvements convulsifs.

— Je cours, dit l’apothicaire, chercher dans mon laboratoire, un peu de vinaigre aromatique.

Puis, comme elle rouvrait les yeux en respirant le flacon :

— J’en étais sûr, fit-il ; cela vous réveillerait un mort.

— Parle-nous ! disait Charles, parle-nous ! Remets-toi ! C’est moi, ton Charles qui t’aime ! Me reconnais-tu ? Tiens, voilà ta petite fille : embrasse-la donc !

L’enfant avançait les bras vers sa mère pour se pendre à son cou. Mais, détournant la tête, Emma dit d’une voix saccadée :

— Non, non… personne !

Elle s’évanouit encore. On la porta sur son lit.

Elle restait étendue, la bouche ouverte, les paupières fermées, les mains à plat, immobile, et blanche comme une statue de cire. Il sortait de ses yeux deux ruisseaux de larmes qui coulaient lentement sur l’oreiller.

Charles, debout, se tenait au fond de l’alcôve, et le pharmacien, près de lui, gardait ce silence méditatif qu’il est convenable d’avoir dans les occasions sérieuses de la vie.

— Rassurez-vous, dit-il en lui poussant le coude, je crois que le paroxysme est passé.

— Oui, elle repose un peu maintenant ! répondit Charles, qui la regardait dormir. Pauvre femme !… pauvre femme !… la voilà retombée !

Alors Homais demanda comment cet accident était survenu. Charles répondit que cela l’avait saisie tout à coup, pendant qu’elle mangeait des abricots.

— Extraordinaire !… reprit le pharmacien. Mais il se pourrait que les abricots eussent occasionné la syncope ! Il y a des natures si impressionnables à l’encontre de certaines odeurs ! et ce serait même une belle question à étudier, tant sous le rapport pathologique que sous le rapport physiologique. Les prêtres en connaissaient l’importance, eux qui ont toujours mêlé des aromates à leurs cérémonies. C’est pour vous stupéfier l’entendement et provoquer des extases, chose d’ailleurs facile à obtenir chez les personnes du sexe, qui sont plus délicates que les autres. On en cite qui s’évanouissent à l’odeur de la corne brûlée, du pain tendre…

— Prenez garde de l’éveiller ! dit à voix basse Bovary.

— Et non seulement, continua l’apothicaire, les humains sont en butte à ces anomalies, mais encore les animaux. Ainsi, vous n’êtes pas sans savoir l’effet singulièrement aphrodisiaque que produit le nepeta cataria, vulgairement appelé herbe-au-chat, sur la gent féline ; et d’autre part, pour citer un exemple que je garantis authentique, Bridoux (un de mes anciens camarades, actuellement établi rue Malpalu) possède un chien qui tombe en convulsions dès qu’on lui présente une tabatière. Souvent même il en fait l’expérience devant ses amis, à son pavillon du bois Guillaume. Croirait-on qu’un simple sternutatoire pût exercer de tels ravages dans l’organisme d’un quadrupède ? C’est extrêmement curieux, n’est-il pas vrai ?

— Oui, dit Charles, qui n’écoutait pas.

— Cela nous prouve, reprit l’autre en souriant avec un air de suffisance bénigne, les irrégularités sans nombre du système nerveux. Pour ce qui est de Madame, elle m’a toujours paru, je l’avoue, une vraie sensitive. Aussi ne vous conseillerai-je point, mon bon ami, aucun de ces prétendus remèdes qui, sous prétexte d’attaquer les symptômes, attaquent le tempérament. Non, pas de médicamentation oiseuse ! du régime, voilà tout ! des sédatifs, des émollients, des dulcifiants. Puis, ne pensez-vous pas qu’il faudrait peut-être frapper l’imagination ?

— En quoi ? comment ? dit Bovary.

— Ah ! c’est là la question ! Telle est effectivement la question : That is the question ! comme je lisais dernièrement dans le journal.

Mais Emma, se réveillant, s’écria :

— Et la lettre ? et la lettre ?

On crut qu’elle avait le délire ; elle l’eut à partir de minuit : une fièvre cérébrale s’était déclarée.

Pendant quarante-trois jours, Charles ne la quitta pas. Il abandonna tous ses malades ; il ne se couchait plus, il était continuellement à lui tâter le pouls, à lui poser des sinapismes, des compresses d’eau froide. Il envoyait Justin jusqu’à Neufchâtel chercher de la glace ; la glace se fondait en route ; il le renvoyait. Il appela M. Canivet en consultation ; il fit venir de Rouen le docteur Larivière, son ancien maître ; il était désespéré. Ce qui l’effrayait le plus, c’était l’abattement d’Emma ; car elle ne parlait pas, n’entendait rien et même semblait ne point souffrir, — comme si son corps et son âme se fussent ensemble reposés de toutes leurs agitations.

Vers le milieu d’octobre, elle put se tenir assise dans son lit, avec des oreillers derrière elle. Charles pleura quand il la vit manger sa première tartine de confitures. Les forces lui revinrent ; elle se levait quelques heures pendant l’après-midi, et, un jour qu’elle se sentait mieux, il essaya de lui faire faire, à son bras, un tour de promenade dans le jardin. Le sable des allées disparaissait sous les feuilles mortes ; elle marchait pas à pas, en traînant ses pantoufles, et, s’appuyant de l’épaule contre Charles, elle continuait à sourire.

Ils allèrent ainsi jusqu’au fond, près de la terrasse. Elle se redressa lentement, se mit la main devant ses yeux, pour regarder ; elle regarda au loin, tout au loin ; mais il n’y avait à l’horizon que de grands feux d’herbe, qui fumaient sur les collines.

— Tu vas te fatiguer, ma chérie, dit Bovary.

Et, la poussant doucement pour la faire entrer sous la tonnelle :

— Assieds-toi donc sur ce banc : tu seras bien.

— Oh ! non, pas là, pas là ! fit-elle d’une voix défaillante.

Elle eut un étourdissement, et dès le soir, sa maladie recommença, avec une allure plus incertaine, il est vrai, et des caractères plus complexes. Tantôt elle souffrait au cœur, puis dans la poitrine, dans le cerveau, dans les membres ; il lui survint des vomissements où Charles crut apercevoir les premiers symptômes d’un cancer.

Et le pauvre garçon, par là-dessus, avait des inquiétudes d’argent !

Chapter Thirteen

No sooner was Rodolphe at home than he sat down quickly at his bureau under the stag’s head that hung as a trophy on the wall. But when he had the pen between his fingers, he could think of nothing, so that, resting on his elbows, he began to reflect. Emma seemed to him to have receded into a far-off past, as if the resolution he had taken had suddenly placed a distance between them.

To get back something of her, he fetched from the cupboard at the bedside an old Rheims biscuit-box, in which he usually kept his letters from women, and from it came an odour of dry dust and withered roses. First he saw a handkerchief with pale little spots. It was a handkerchief of hers. Once when they were walking her nose had bled; he had forgotten it. Near it, chipped at all the corners, was a miniature given him by Emma: her toilette seemed to him pretentious, and her languishing look in the worst possible taste. Then, from looking at this image and recalling the memory of its original, Emma’s features little by little grew confused in his remembrance, as if the living and the painted face, rubbing one against the other, had effaced each other. Finally, he read some of her letters; they were full of explanations relating to their journey, short, technical, and urgent, like business notes. He wanted to see the long ones again, those of old times. In order to find them at the bottom of the box, Rodolphe disturbed all the others, and mechanically began rummaging amidst this mass of papers and things, finding pell-mell bouquets, garters, a black mask, pins, and hair — hair! dark and fair, some even, catching in the hinges of the box, broke when it was opened.

Thus dallying with his souvenirs, he examined the writing and the style of the letters, as varied as their orthography. They were tender or jovial, facetious, melancholy; there were some that asked for love, others that asked for money. A word recalled faces to him, certain gestures, the sound of a voice; sometimes, however, he remembered nothing at all.

In fact, these women, rushing at once into his thoughts, cramped each other and lessened, as reduced to a uniform level of love that equalised them all. So taking handfuls of the mixed-up letters, he amused himself for some moments with letting them fall in cascades from his right into his left hand. At last, bored and weary, Rodolphe took back the box to the cupboard, saying to himself, “What a lot of rubbish!” Which summed up his opinion; for pleasures, like schoolboys in a school courtyard, had so trampled upon his heart that no green thing grew there, and that which passed through it, more heedless than children, did not even, like them, leave a name carved upon the wall.

“Come,” said he, “let’s begin.”

He wrote —

“Courage, Emma! courage! I would not bring misery into your life.”

“After all, that’s true,” thought Rodolphe. “I am acting in her interest; I am honest.”

“Have you carefully weighed your resolution? Do you know to what an abyss I was dragging you, poor angel? No, you do not, do you? You were coming confident and fearless, believing in happiness in the future. Ah! unhappy that we are — insensate!”

Rodolphe stopped here to think of some good excuse.

“If I told her all my fortune is lost? No! Besides, that would stop nothing. It would all have to be begun over again later on. As if one could make women like that listen to reason!” He reflected, then went on —

“I shall not forget you, oh believe it; and I shall ever have a profound devotion for you; but some day, sooner or later, this ardour (such is the fate of human things) would have grown less, no doubt. Lassitude would have come to us, and who knows if I should not even have had the atrocious pain of witnessing your remorse, of sharing it myself, since I should have been its cause? The mere idea of the grief that would come to you tortures me, Emma. Forget me! Why did I ever know you? Why were you so beautiful? Is it my fault? O my God! No, no! Accuse only fate.”

“That’s a word that always tells,” he said to himself.

“Ah, if you had been one of those frivolous women that one sees, certainly I might, through egotism, have tried an experiment, in that case without danger for you. But that delicious exaltation, at once your charm and your torment, has prevented you from understanding, adorable woman that you are, the falseness of our future position. Nor had I reflected upon this at first, and I rested in the shade of that ideal happiness as beneath that of the manchineel tree, without foreseeing the consequences.”

“Perhaps she’ll think I’m giving it up from avarice. Ah, well! so much the worse; it must be stopped!”

“The world is cruel, Emma. Wherever we might have gone, it would have persecuted us. You would have had to put up with indiscreet questions, calumny, contempt, insult perhaps. Insult to you! Oh! And I, who would place you on a throne! I who bear with me your memory as a talisman! For I am going to punish myself by exile for all the ill I have done you. I am going away. Whither I know not. I am mad. Adieu! Be good always. Preserve the memory of the unfortunate who has lost you. Teach my name to your child; let her repeat it in her prayers.”

The wicks of the candles flickered. Rodolphe got up to, shut the window, and when he had sat down again —

“I think it’s all right. Ah! and this for fear she should come and hunt me up.”

“I shall be far away when you read these sad lines, for I have wished to flee as quickly as possible to shun the temptation of seeing you again. No weakness! I shall return, and perhaps later on we shall talk together very coldly of our old love. Adieu!”

And there was a last “adieu” divided into two words! “A Dieu!” which he thought in very excellent taste.

“Now how am I to sign?” he said to himself. “ ‘Yours devotedly?’ No! ‘Your friend?’ Yes, that’s it.”

“Your friend.”

He re-read his letter. He considered it very good.

“Poor little woman!” he thought with emotion. “She’ll think me harder than a rock. There ought to have been some tears on this; but I can’t cry; it isn’t my fault.” Then, having emptied some water into a glass, Rodolphe dipped his finger into it, and let a big drop fall on the paper, that made a pale stain on the ink. Then looking for a seal, he came upon the one “Amor nel cor.”

“That doesn’t at all fit in with the circumstances. Pshaw! never mind!”

After which he smoked three pipes and went to bed.

The next day when he was up (at about two o’clock — he had slept late), Rodolphe had a basket of apricots picked. He put his letter at the bottom under some vine leaves, and at once ordered Girard, his ploughman, to take it with care to Madame Bovary. He made use of this means for corresponding with her, sending according to the season fruits or game.

“If she asks after me,” he said, “you will tell her that I have gone on a journey. You must give the basket to her herself, into her own hands. Get along and take care!”

Girard put on his new blouse, knotted his handkerchief round the apricots, and walking with great heavy steps in his thick iron-bound galoshes, made his way to Yonville.

Madame Bovary, when he got to her house, was arranging a bundle of linen on the kitchen-table with Felicite.

“Here,” said the ploughboy, “is something for you — from the master.”

She was seized with apprehension, and as she sought in her pocket for some coppers, she looked at the peasant with haggard eyes, while he himself looked at her with amazement, not understanding how such a present could so move anyone. At last he went out. Felicite remained. She could bear it no longer; she ran into the sitting room as if to take the apricots there, overturned the basket, tore away the leaves, found the letter, opened it, and, as if some fearful fire were behind her, Emma flew to her room terrified.

Charles was there; she saw him; he spoke to her; she heard nothing, and she went on quickly up the stairs, breathless, distraught, dumb, and ever holding this horrible piece of paper, that crackled between her fingers like a plate of sheet-iron. On the second floor she stopped before the attic door, which was closed.

Then she tried to calm herself; she recalled the letter; she must finish it; she did not dare to. And where? How? She would be seen! “Ah, no! here,” she thought, “I shall be all right.”

Emma pushed open the door and went in.

The slates threw straight down a heavy heat that gripped her temples, stifled her; she dragged herself to the closed garret-window. She drew back the bolt, and the dazzling light burst in with a leap.

Opposite, beyond the roofs, stretched the open country till it was lost to sight. Down below, underneath her, the village square was empty; the stones of the pavement glittered, the weathercocks on the houses were motionless. At the corner of the street, from a lower storey, rose a kind of humming with strident modulations. It was Binet turning.

She leant against the embrasure of the window, and reread the letter with angry sneers. But the more she fixed her attention upon it, the more confused were her ideas. She saw him again, heard him, encircled him with her arms, and throbs of her heart, that beat against her breast like blows of a sledge-hammer, grew faster and faster, with uneven intervals. She looked about her with the wish that the earth might crumble into pieces. Why not end it all? What restrained her? She was free. She advanced, looking at the paving-stones, saying to herself, “Come! come!”

The luminous ray that came straight up from below drew the weight of her body towards the abyss. It seemed to her that the ground of the oscillating square went up the walls and that the floor dipped on end like a tossing boat. She was right at the edge, almost hanging, surrounded by vast space. The blue of the heavens suffused her, the air was whirling in her hollow head; she had but to yield, to let herself be taken; and the humming of the lathe never ceased, like an angry voice calling her.

“Emma! Emma!” cried Charles.

She stopped.

“Wherever are you? Come!”

The thought that she had just escaped from death almost made her faint with terror. She closed her eyes; then she shivered at the touch of a hand on her sleeve; it was Felicite.

“Master is waiting for you, madame; the soup is on the table.”

And she had to go down to sit at table.

She tried to eat. The food choked her. Then she unfolded her napkin as if to examine the darns, and she really thought of applying herself to this work, counting the threads in the linen. Suddenly the remembrance of the letter returned to her. How had she lost it? Where could she find it? But she felt such weariness of spirit that she could not even invent a pretext for leaving the table. Then she became a coward; she was afraid of Charles; he knew all, that was certain! Indeed he pronounced these words in a strange manner:

“We are not likely to see Monsieur Rodolphe soon again, it seems.”

“Who told you?” she said, shuddering.

“Who told me!” he replied, rather astonished at her abrupt tone. “Why, Girard, whom I met just now at the door of the Cafe Francais. He has gone on a journey, or is to go.”

She gave a sob.

“What surprises you in that? He absents himself like that from time to time for a change, and, ma foi, I think he’s right, when one has a fortune and is a bachelor. Besides, he has jolly times, has our friend. He’s a bit of a rake. Monsieur Langlois told me —”

He stopped for propriety’s sake because the servant came in. She put back into the basket the apricots scattered on the sideboard. Charles, without noticing his wife’s colour, had them brought to him, took one, and bit into it.

“Ah! perfect!” said he; “just taste!”

And he handed her the basket, which she put away from her gently.

“Do just smell! What an odour!” he remarked, passing it under her nose several times.

“I am choking,” she cried, leaping up. But by an effort of will the spasm passed; then —

“It is nothing,” she said, “it is nothing! It is nervousness. Sit down and go on eating.” For she dreaded lest he should begin questioning her, attending to her, that she should not be left alone.

Charles, to obey her, sat down again, and he spat the stones of the apricots into his hands, afterwards putting them on his plate.

Suddenly a blue tilbury passed across the square at a rapid trot. Emma uttered a cry and fell back rigid to the ground.

In fact, Rodolphe, after many reflections, had decided to set out for Rouen. Now, as from La Huchette to Buchy there is no other way than by Yonville, he had to go through the village, and Emma had recognised him by the rays of the lanterns, which like lightning flashed through the twilight.

The chemist, at the tumult which broke out in the house ran thither. The table with all the plates was upset; sauce, meat, knives, the salt, and cruet-stand were strewn over the room; Charles was calling for help; Berthe, scared, was crying; and Felicite, whose hands trembled, was unlacing her mistress, whose whole body shivered convulsively.

“I’ll run to my laboratory for some aromatic vinegar,” said the druggist.

Then as she opened her eyes on smelling the bottle —

“I was sure of it,” he remarked; “that would wake any dead person for you!”

“Speak to us,” said Charles; “collect yourself; it is your Charles, who loves you. Do you know me? See! here is your little girl! Oh, kiss her!”

The child stretched out her arms to her mother to cling to her neck. But turning away her head, Emma said in a broken voice “No, no! no one!”

She fainted again. They carried her to her bed. She lay there stretched at full length, her lips apart, her eyelids closed, her hands open, motionless, and white as a waxen image. Two streams of tears flowed from her eyes and fell slowly upon the pillow.

Charles, standing up, was at the back of the alcove, and the chemist, near him, maintained that meditative silence that is becoming on the serious occasions of life.

“Do not be uneasy,” he said, touching his elbow; “I think the paroxysm is past.”

“Yes, she is resting a little now,” answered Charles, watching her sleep. “Poor girl! poor girl! She had gone off now!”

Then Homais asked how the accident had come about. Charles answered that she had been taken ill suddenly while she was eating some apricots.

“Extraordinary!” continued the chemist. “But it might be that the apricots had brought on the syncope. Some natures are so sensitive to certain smells; and it would even be a very fine question to study both in its pathological and physiological relation. The priests know the importance of it, they who have introduced aromatics into all their ceremonies. It is to stupefy the senses and to bring on ecstasies — a thing, moreover, very easy in persons of the weaker sex, who are more delicate than the other. Some are cited who faint at the smell of burnt hartshorn, of new bread —”

“Take care; you’ll wake her!” said Bovary in a low voice.

“And not only,” the druggist went on, “are human beings subject to such anomalies, but animals also. Thus you are not ignorant of the singularly aphrodisiac effect produced by the Nepeta cataria, vulgarly called catmint, on the feline race; and, on the other hand, to quote an example whose authenticity I can answer for. Bridaux (one of my old comrades, at present established in the Rue Malpalu) possesses a dog that falls into convulsions as soon as you hold out a snuff-box to him. He often even makes the experiment before his friends at his summer-house at Guillaume Wood. Would anyone believe that a simple sternutation could produce such ravages on a quadrupedal organism? It is extremely curious, is it not?”

“Yes,” said Charles, who was not listening to him.

“This shows us,” went on the other, smiling with benign self-sufficiency, “the innumerable irregularities of the nervous system. With regard to madame, she has always seemed to me, I confess, very susceptible. And so I should by no means recommend to you, my dear friend, any of those so-called remedies that, under the pretence of attacking the symptoms, attack the constitution. No; no useless physicking! Diet, that is all; sedatives, emollients, dulcification. Then, don’t you think that perhaps her imagination should be worked upon?”

“In what way? How?” said Bovary.

“Ah! that is it. Such is indeed the question. ‘That is the question,’ as I lately read in a newspaper.”

But Emma, awaking, cried out —

“The letter! the letter!”

They thought she was delirious; and she was by midnight. Brain-fever had set in.

For forty-three days Charles did not leave her. He gave up all his patients; he no longer went to bed; he was constantly feeling her pulse, putting on sinapisms and cold-water compresses. He sent Justin as far as Neufchatel for ice; the ice melted on the way; he sent him back again. He called Monsieur Canivet into consultation; he sent for Dr. Lariviere, his old master, from Rouen; he was in despair. What alarmed him most was Emma’s prostration, for she did not speak, did not listen, did not even seem to suffer, as if her body and soul were both resting together after all their troubles.

About the middle of October she could sit up in bed supported by pillows. Charles wept when he saw her eat her first bread-and-jelly. Her strength returned to her; she got up for a few hours of an afternoon, and one day, when she felt better, he tried to take her, leaning on his arm, for a walk round the garden. The sand of the paths was disappearing beneath the dead leaves; she walked slowly, dragging along her slippers, and leaning against Charles’s shoulder. She smiled all the time.

They went thus to the bottom of the garden near the terrace. She drew herself up slowly, shading her eyes with her hand to look. She looked far off, as far as she could, but on the horizon were only great bonfires of grass smoking on the hills.

“You will tire yourself, my darling!” said Bovary. And, pushing her gently to make her go into the arbour, “Sit down on this seat; you’ll be comfortable.”

“Oh! no; not there!” she said in a faltering voice.

She was seized with giddiness, and from that evening her illness recommenced, with a more uncertain character, it is true, and more complex symptoms. Now she suffered in her heart, then in the chest, the head, the limbs; she had vomitings, in which Charles thought he saw the first signs of cancer.

And besides this, the poor fellow was worried about money matters.

Dreizehntes Kapitel

Kaum auf seinem Gute angekommen, setzte sich Rudolf eiligst an den Schreibtisch, über dem an der Wand ein Hirschgeweih, eine Jagdtrophäe, hing. Aber sowie er die Feder in der Hand hatte, wußte er nicht, was er schreiben sollte. Den Kopf zwischen beide Hände gestützt, begann er nachzudenken. Emma war ihm in weite Ferne entrückt. Der bloße Entschluß, mit ihr zu brechen, hatte sie ihm mit einem Male ungeheuerlich entfremdet.

Um sie greifbarer vor sich zu haben, suchte er aus dem Schranke, der am Kopfende seines Bettes stand, eine alte Blechschachtel hervor, in der ursprünglich einmal Kakes drin gewesen waren und in der er seine „Weiberbriefe“ aufbewahrte. Geruch von Moder und vertrockneten Rosen drang ihm entgegen. Zu oberst lag ein Taschentuch, verblaßte Blutflecken darauf. Es war von Emma; auf einem ihrer gemeinsamen Spaziergänge hatte sie einmal Nasenbluten bekommen. Jetzt fiel es ihm wieder ein. Daneben lag ein Bild von ihr, das sie ihm geschenkt hatte. Alle vier Ecken daran waren abgestoßen. Das Kleid, das sie auf diesem Bilde anhatte, kam ihm theatralisch vor und ihr himmelnder Blick jämmerlich. Wie er sich ihr Konterfei so betrachtete und sich das Urbild in die Phantasie zurückzurufen suchte, verschwammen Emmas Züge in seinem Gedächtnisse, gleichsam als ob sich die noch lebende Erinnerung und das gemalte Bildchen gegenseitig befehdeten und eins das andre vernichtete.

Nun fing er an, in ihren Briefen zu lesen. Die aus der letzten Zeit wimmelten von Anspielungen auf die Reise; sie waren kurz, sachlich und in Eile hingeschrieben, wie Geschäftsbriefe. Er suchte nach den langen Briefen von einst. Da sie zu unterst lagen, mußte er den ganzen Kasten durchwühlen. Aus dem Wust von Papieren und kleinen Gegenständen zog er mechanisch welke Blumen, ein Strumpfband, eine schwarze Maske, Haarnadeln und Locken heraus. Braune und blonde Locken. Ein paar Haare davon hatten sich ins Scharnier gezwängt und rissen nun beim Herausnehmen ...

Mit allen diesen Andenken vertrödelte er eine Weile. Er stellte seine Betrachtungen über die verschiedenen Handschriften an, über den Stil in den einzelnen Briefbündeln, über die nicht minder variierende Rechtschreibung darin. Die einen hatten zärtlich geschrieben, andre lustig, witzig oder rührselig. Die wollten Liebe, jene Geld. Zuweilen erinnerte sich Rudolf bei einem bestimmten Worte an Gesichter, an gewisse Gesten, an den Klang einer Stimme. Manche wiederum beschworen nicht die geringste Erinnerung herauf.

Alle diese Frauen kamen ihm jetzt alle auf einmal in den Sinn. Jede war eine Feindin der andern. Alle zogen sie sich gegenseitig in den Schmutz. Etwas Gemeinsames — die Liebe — stellte sie allesamt auf ein und dasselbe Niveau.

Wahllos nahm er einen Stoß Briefe in die Finger, bildete eine Art Fächer daraus und spielte damit. Schließlich aber warf er sie, halb gelangweilt, halb verträumt, wieder in den Kasten und stellte diesen in den Schrank zurück.

„Lauter Blödsinn!“

Das war der Extrakt seiner Lebensweisheit. Sein Herz war wie ein Schulhof, auf dem die Kinder so erbarmungslos herumgetrampelt waren, daß kein grüner Halm mehr sproß. Die Freuden des Daseins hatten noch gründlicher gewirtschaftet. Die Schüler kritzeln ihre Namen an die Mauern. In Rudolfs Herz war keiner zu lesen.

„Nun aber los!“ rief er sich zu.

Er begann zu schreiben:

„Liebe Emma!

Sei tapfer! Ich will Dir Deine Existenz nicht zertrümmern ...“

„Eigentlich sehr richtig!“ dachte er bei sich. „Das ist nur in ihrem Interesse. Also durchaus anständig von mir ...“

„... Hast Du Dir Deinen Entschluß wirklich reiflich überlegt? Hast Du aber auch den Abgrund bemerkt, armes Lieb, in den ich Dich beinahe schon geführt hätte? Wohl nicht! Du folgst mir tollkühn und zuversichtlich, im festen Glauben an das Glück, an die Zukunft! Ach, wie unglücklich sind wir! Und wie verblendet waren wir!“

Rudolf hörte zu schreiben auf. Er suchte nach guten Ausflüchten. „Wenn ich ihr nun sagte, ich hätte mein Vermögen verloren? Ach, nein, lieber nicht! Übrigens nützte das nichts. Die Geschichte ging dann doch wieder von neuem los. Es ist, weiß Gott, verdammt schwer, so eine Frau wieder vernünftig zu machen!“

Er sann nach, dann schrieb er weiter:

„Ich werde Dich niemals vergessen. Glaube mir das! Mein ganzes Leben lang werde ich in inniger Verehrung Deiner gedenken. So aber hätte sich unsre Leidenschaft (das ist nun einmal das Schicksal alles Menschlichen!) eines Tages, früher oder später, doch verflüchtet. Zweifellos! Wir wären ihrer müde geworden, und wer weiß, ob mir nicht der gräßliche Schmerz beschieden gewesen wäre, Deine Reue zu erleben und selber welche zu empfinden als Veranlasser der Deinigen? Die bloße Vorstellung, Dir dieses Leid verursachen zu können, martert mich. Liebste Emma, vergiß mich! Wir hätten uns nie kennen lernen sollen! Warum bist Du so schön! Bin ich der Schuldige? Bei Gott, nein, nein! Wir müssen das Schicksal anklagen ...“

„Dieses Wort machte immer Eindruck“, sagte er zu sich.

„Ja, wenn Du eine leichtsinnige Frau wärst, wie es ihrer so viele gibt, ja dann hätte ich den Versuch wagen können, aus Egoismus, ohne Gefahr für Dich. Aber bei Deiner köstlichen schwärmerischen Art, dem Quell Deines Reizes und zugleich Deines vielen Kummers, bist Du nicht imstande, Du Beste aller Frauen, die Kehrseite unsrer zukünftigen Stellung in der Welt vorauszusehen. Auch ich habe zunächst gar nicht daran gedacht, habe mich in unserm Höhenglücke behaglich gesonnt, mich in ein Märchenland geträumt und mich um keine Folgen gekümmert ...“

„Vielleicht glaubt sie, ich zöge mich aus Geiz zurück ... Auch egal! Desto besser! Wenns nur Schluß wird!“

„... Die Welt ist grausam, geliebte Emma. Man hätte uns überall, wohin wir gekommen wären, Schwierigkeiten bereitet. Du hättest unverschämte Fragen, Verleumdungen, Schmähungen und vielleicht Beleidigungen über Dich ergehen lassen müssen. Beleidigungen, Du! Und ich wollte Dich zu meiner Königin erheben. Du solltest mein Heiligstes sein. Nun bestrafe ich mich mit der Verbannung, weil ich Dir so viel Schlimmes angetan habe. Ich gehe fort. Wohin? Ach, ich weiß es nicht, ich bin wahnsinnig!

Lebwohl! Bleib immer gut! Und vergiß den Unglücklichen nicht ganz, der Dich verloren hat! Lehre Deine Kleine meinen Namen, damit sie mich in ihre Gebete einschließt!“

Die Lichter der beiden Kerzen flackerten unruhig. Rudolf stand vom Schreibtisch auf und schloß das Fenster.

„So! Ich denke, das genügt! Halt! Noch etwas! Auf keinen Fall eine Aussprache!“

Er setzte sich wieder hin und schrieb weiter:

„Wenn Du diese betrübten Zeilen lesen wirst, bin ich schon weit weg, denn ich muß eilends fliehen, um der Versuchung zu entrinnen, Dich wiedersehen zu wollen. Ich darf nicht schwach werden! Wenn ich wiederkomme, dann werden wir vielleicht miteinander von unsrer verlorenen Liebe reden, kühl und vernünftig. Adieu!“

Er setzte noch ein „A dieu!“ darunter, in zwei Worten geschrieben. Das hielt er für sehr geschmackvoll.

„Wie soll ich nun unterzeichnen?“ fragte er sich. „Dein ergebenster? Nein! Dein treuer Freund? Ja, ja! Machen wir!“

Und er schrieb:

„Dein treuer Freund

R.“

Er las den ganzen Brief noch einmal durch. Er gefiel ihm.

„Armes Frauchen!“ dachte er in einem Anflug von Rührseligkeit. „Sie wird denken, ich sei gefühllos wie Stein. Eigentlich fehlen ein paar Tränenspuren. Aber heulen kann ich nicht. Das ist mein Fehler.“

Er goß etwas Wasser aus der Flasche in ein Glas, tauchte einen Finger hinein, hielt die Hand hoch und ließ einen großen Tropfen auf den Briefbogen herabfallen. Die Tinte der Schrift färbte ihn blaßblau. Um den Brief zu versiegeln, suchte er nun nach einem Petschaft. Das mit dem Wahlspruch Amor nel Cor geriet ihm in die Hand.

„Paßt eigentlich nicht gerade!“ dachte er. „Ach was! Tut nichts!“

Er rauchte noch drei Pfeifen und ging dann schlafen.

Es war spät geworden. Am andern Tage stand er mittags gegen zwei Uhr auf. Alsbald ließ er ein Körbchen Aprikosen pflücken, legte den Brief unter die Weinblätter am Boden und befahl Gerhard, seinem Kutscher, den Korb unverzüglich Frau Bovary zu bringen. Auf diese Art hatte er Emma häufig Nachrichten zukommen lassen, je nach der Jahreszeit, zusammen mit Früchten oder Wild.

„Wenn sie sich nach mir erkundigt,“ instruierte er, „dann antwortest du, ich sei verreist! Den Korb gibst du ihr persönlich in die Hände! Verstanden? So! Ab!“

Gerhard zog seine neue Bluse an, knüpfte sein Taschentuch über die Aprikosen und marschierte in seinen Nagelschuhen mit schwerfälligen Schritten voller Gemütsruhe gen Yonville.

Als der Kutscher dort ankam, war Frau Bovary gerade damit beschäftigt, auf dem Küchentische zusammen mit Felicie Wäsche zu falten.

„Eine schöne Empfehlung von meinem Herrn,“ vermeldete er, „und das schickt er hier!“

Emma überkam eine bange Ahnung, und während sie in ihrer Schürzentasche nach einem Geldstücke zum Trinkgeld suchte, sah sie den Mann mit verstörtem Blick an. Der betrachtete sie verwundert; er begriff nicht, daß ein solches Geschenk jemanden so sehr aufregen könne. Dann ging er.

Felicie war noch da. Emma hielt es nicht länger aus, sie eilte in das Eßzimmer, indem sie sagte, sie wolle die Aprikosen dahin tragen. Dort schüttete sie den Korb aus, nahm die Weinblätter heraus und fand den Brief. Sie öffnete ihn und floh hinauf nach ihrem Zimmer, als brenne es hinter ihr. Sie war fassungslos vor Angst.

Karl war auf dem Flur. Sie sah ihn. Er sagte etwas zu ihr. Sie verstand es nicht. Nun lief sie hastig noch eine Treppe höher, außer Atem, wie vor den Kopf geschlagen, halbverrückt, immer den unseligen Brief fest in der Hand, der ihr zwischen den Fingern knisterte. Im zweiten Stock blieb sie vor der geschlossenen Bodentüre stehen.

Sie wollte sich beruhigen. Der Brief kam ihr nicht aus dem Sinn. Sie wollte ihn ordentlich lesen, aber sie wagte es nicht. Nirgends war sie ungestört.

„Ja, hier gehts!“ sagte sie sich. Sie klinkte die Tür auf und trat in die Bodenkammer.

Unter den Schieferplatten des Daches brütete dumpfe Schwüle, die ihr auf die Schläfen drückte und den Atem benahm. Sie schleppte sich bis zu dem großen Bodenfenster und stieß den Holzladen auf. Grelles Licht flutete ihr entgegen.

Vor ihr, über den Dächern, breitete sich das Land bis in die Fernen. Unter ihr der Markt war menschenleer. Die Steine des Fußsteigs glänzten. Die Wetterfahnen der Häuser standen unbeweglich. Aus dem Eckhause schräg gegenüber, aus einem der Dachfenster drang ein schnarrendes, kreischendes Geräusch herauf. Binet saß an seiner Drehbank.

Emma lehnte sich an das Fensterkreuz und las den Brief mit zornverzerrtem Gesicht immer wieder von neuem. Aber je gründlicher sie ihn studierte, um so wirrer wurden ihre Gedanken. Im Geist sah sie den Geliebten, hörte ihn reden, zog ihn leidenschaftlich an sich. Das Herz schlug ihr in der Brust wie mit wuchtigen Hammerschlägen, die immer rascher und unregelmäßiger wurden. Ihre Augen irrten im Kreise. Sie fühlte den Wunsch in sich, daß die ganze Welt zusammenstürze. Wozu weiterleben? Wer hinderte sie, ein Ende zu machen, sie, die Vogelfreie?

Sie bog sich weit aus dem Fenster heraus und starrte hinab auf das Straßenpflaster.

„Mut! Mut!“ rief sie sich zu.

Das leuchtende Pflaster da unten zog die Last ihres Körpers förmlich in die Tiefe. Sie hatte die Empfindung, als bewege sich die Fläche des Marktplatzes und hebe sich an den Häusermauern empor zu ihr. Und die Diele, auf der sie stand, begann zu schwanken wie das Deck eines Seeschiffes ... Sie lehnte sich noch weiter zum Fenster hinaus. Schon hing sie beinahe im freien Raume. Der weite blaue Himmel umgab sie, und die Luft strich ihr um den wie hohlen Kopf. Sie brauchte nur noch sich nicht mehr festzuhalten, nur noch die Hände loszulassen ... Ohne Unterlaß summte unten die Drehbank wie die rufende Stimme eines bösen Geistes ...

In diesem Moment rief Karl:

„Emma! Emma!“

Da kam sie wieder zur Besinnung.

„Wo steckst du denn? Komm doch!“

Der Gedanke, daß sie soeben dem Tode entronnen war, erfüllte sie mit Schrecken und Grauen. Sie schloß die Augen. Zusammenfahrend fühlte sie sich von jemandem am Arm gefaßt: es war Felicie.

„Gnädige Frau, die Suppe ist angerichtet. Herr Bovary wartet.“

Sie mußte hinunter, mußte sich mit zu Tisch setzen.

Sie versuchte zu essen, aber sie brachte nicht einen Bissen hinunter. Sie faltete ihre Serviette auseinander, als ob sie sich die ausgebesserten Stellen genau ansehen wollte, und wirklich tat sie das und begann die Fäden des Gewebes zu zählen ... Plötzlich fiel ihr der Brief wieder ein. Hatte sie ihn oben fallen lassen? Wohin war er? Aber ihr Geist war zu matt, als daß sie imstande gewesen wäre, einen Vorwand zu ersinnen, um bei Tisch aufstehen zu können. Sie war feig geworden. Sie hatte Furcht vor Karl. Sicherlich wußte er nun alles, sicherlich! Und wahrhaftig, da sagte er mit eigentümlicher Betonung:

„Rudolf werden wir wohl nicht sobald wieder zu sehen kriegen?“

„Wer hat dir das gesagt?“ fragte sie zitternd.

„Wer mir das gesagt hat?“ wiederholte er, ein wenig betroffen von dem harten Klang ihrer Frage. „Na, sein Kutscher, dem ich vorhin vor dem Cafe Français begegnet bin. Boulanger ist verreist, oder er steht im Begriff zu verreisen ...“

Emma schluchzte laut auf.

„Wundert dich das?“ fuhr er fort. „Er verdrückt sich doch immer mal von Zeit zu Zeit so. Um sich zu zerstreuen. Kanns ihm nicht verdenken. Wenn man das nötige Geld dazu hat und Junggeselle ist ... Übrigens ist unser Freund ein Lebenskünstler! Ein alter Schäker! Langlois hat mir erzählt ...“

Er verstummte, aus Anstand, weil das Dienstmädchen gerade hereinkam. Sie legte die Aprikosen wieder ordentlich in das Körbchen, das auf der Kredenz stand. Karl ließ es sich auf den Tisch bringen, ohne zu bemerken, daß seine Frau rot wurde. Er nahm eine der Früchte und biß hinein.

„Ah!“ machte er. „Vorzüglich! Koste mal!“

Er schob ihr das Körbchen zu. Sie wehrte leicht ab.

„So riech doch wenigstens! Das ist ein Duft!“

Er hielt ihr eine Aprikose links und rechts an die Nase.

„Ich bekomm keine Luft!“ rief sie und sprang auf. Aber schnell beherrschte sie sich wieder, mit Aufgebot aller ihrer Kraft. „Es war nichts! Gar nichts! Wieder meine Nerven! Setz dich nur wieder hin und iß!“

Sie fürchtete, er könne sie ausfragen, um sie besorgt sein und sie dann nicht allein lassen. Karl gehorchte ihr und setzte sich wieder. Er spuckte die Aprikosenkerne immer erst in die Hand und legte sie dann auf seinen Teller.

Da fuhr draußen ein blauer Dogcart im flotten Trabe über den Markt. Emma stieß einen Schrei aus und fiel rücklings langhin zu Boden.

Rudolf hatte sich nach langer Überlegung entschlossen, nach Rouen zu fahren. Da nun aber von der Hüchette nach dorthin kein anderer Weg als der über Yonville führte, mußte er diesen Ort wohl oder übel berühren. Emma hatte ihn im Scheine der Wagenlaternen, die draußen die Dunkelheit wie Sterne durchhuschten, erkannt.

Der Apotheker, der sofort gemerkt hatte, daß im Hause des Arztes „was los sei“, stürzte herbei. Der Eßtisch war mit allem, was darauf gestanden, umgestürzt. Die Teller, das Fleisch, die Sauce, die Bestecke, Salz und Öl, alles lag auf dem Fußboden umher. Karl hatte den Kopf verloren, die erschrockene kleine Berta schrie, und Felicie nestelte ihrer in Zuckungen daliegenden Herrin mit bebenden Händen die Kleider auf.

„Ich werde schnell Kräuteressig aus meinem Laboratorium holen!“ sagte Homais.

Als man Emma das Fläschchen ans Gesicht hielt, schlug sie seufzend die Augen wieder auf.

„Natürlich!“ meinte der Apotheker. „Damit kann man Tote erwecken!“

„Sprich!“ bat Karl. „Rede! Erhole dich! Ich bin ja da, dein Karl, der dich liebt! Erkennst du mich? Hier ist auch Berta! Gib ihr einen Kuß!“

Das Kind streckte die Ärmchen nach der Mutter aus und wollte sie um den Hals fassen. Aber Emma wandte den Kopf weg und stammelte:

„Nicht doch! Niemanden!“

Sie wurde abermals ohnmächtig. Man trug sie in ihr Bett.

Lang ausgestreckt lag sie da, mit offnem Munde, die Lider geschlossen, die Hände schlaff herabhängend, regungslos und blaß wie ein Wachsbild. Ihren Augen entquollen Tränen, die in zwei Ketten langsam auf das Kissen rannen.

Karl stand an ihrem Bett; neben ihm der Apotheker, stumm und nachdenklich, wie das bei ernsten Vorfällen so herkömmlich ist.

„Beruhigen Sie sich!“ sagte Homais und zupfte den Arzt. „Ich glaube, der Paroxysmus ist vorüber.“

„Ja,“ erwiderte Karl, die Schlummernde betrachtend. „Jetzt scheint sie ein wenig zu schlafen, die Ärmste! Ein Rückfall in das alte Leiden!“

Nun erkundigte sich Homais, wie das gekommen sei. Karl gab zur Antwort:

„Ganz plötzlich! Während sie eine Aprikose aß.“

„Höchst merkwürdig!“ meinte der Apotheker. „Es ist indessen möglich, daß die Aprikosen die Ohnmacht verursacht haben. Es gibt gewisse Naturen, die für bestimmte Gerüche stark empfänglich sind. Es wäre eine sehr interessante Arbeit, diese Erscheinungen wissenschaftlich zu untersuchen, sowohl nach physiologischen wie nach pathologischen Gesichtspunkten. Die Pfaffen haben von jeher gewußt, wie wertvoll das für sie ist. Die Verwendung von Weihrauch beim Gottesdienst ist uralt. Damit schläfert man den Verstand ein und versetzt Andächtige in Ekstase, am leichtesten übrigens weibliche Wesen. Die sind feinnerviger als wir Männer. Ich habe von Fällen gelesen, wo Frauen ohnmächtig geworden sind beim Geruch von verbranntem Horn, frischem Brot ...“

„Geben Sie acht, daß sie nicht aufgeweckt wird!“ mahnte Bovary mit flüsternder Stimme.

„Diese Anomalien kommen aber nicht allein bei Menschen vor,“ fuhr der Apotheker fort, „sondern sogar bei Tieren. Zweifellos ist Ihnen nicht unbekannt, daß Nepeta cataria, vulgär Katzenminze, sonderbarerweise auf das gesamte Katzengeschlecht als Aphrodisiakum wirkt. Einen weiteren Beleg kann ich aus meiner eigenen Erfahrung anführen. Bridoux, ein Studienfreund von mir — er wohnt jetzt in der Malpalu-Straße — besitzt einen Foxterrier, der jedesmal Krämpfe bekommt, wenn man ihm eine Schnupftabaksdose vor die Nase hält. Ich habe dieses Experiment selber ein paarmal mit angesehen, im Landhause meines Freundes am Wilhelmswalde. Sollte mans für möglich halten, daß ein so harmloses Niesemittel in den Organismus eines Vierfüßlers derartig eingreifen kann? Das ist höchst merkwürdig, nicht wahr?“

„Gewiß!“ sagte Karl, der gar nicht darauf gehört hatte.

„Das beweist uns,“ fuhr der andre fort, gutmütig-selbstgefällig lächelnd, „daß im Nervensystem zahllose Unregelmäßigkeiten möglich sind. Ich muß gestehen, daß mir Ihre Frau Gemahlin immer außerordentlich reizsam vorgekommen ist. Darum möchte ich Ihnen, verehrter Freund, auf keinen Fall raten, ihr eine jener Arzneien zu verordnen, die angeblich die Symptome so einer Krankheit beseitigen sollen, in Wirklichkeit aber nur der Gesundheit schaden. Nein, nein, hier sind Medikamente unnütz! Diät! Weiter nichts! Beruhigende, milde, kräftigende Kost! Und dann, könnte man bei ihr nicht auch irgendwie auf die Einbildungskraft einzuwirken versuchen?“

„Wieso? Womit?“

„Ja, das ist eben die Frage! Das ist wirklich die Frage! That is the question! — wie ich neulich in der Zeitung gelesen habe.“

Emma erwachte und rief:

„Der Brief? Der Brief?“

Die beiden Männer glaubten, sie rede im Delirium. In der Tat trat das mitternachts ein. Emma hatte Gehirnentzündung.

In den nächsten sechs Wochen wich Karl nicht von ihrem Lager. Er vernachlässigte alle seine Patienten. Er schlief kaum mehr, unermüdlich maß er ihren Puls, legte ihr Senfpflaster auf und erneute die Kaltwasser-Umschläge. Er schickte Justin nach Neufchâtel, um Eis zu holen. Es schmolz unterwegs. Justin mußte nochmals hin. Doktor Canivet wurde konsultiert. Professor Larivière, sein ehemaliger Lehrer, ward aus Rouen hergeholt. Karl war der völligen Verzweiflung nahe. Am meisten ängstigte ihn Emmas Apathie. Sie sprach nicht, interessierte sich für nichts, ja, sie schien selbst die Schmerzen nicht zu empfinden. Es war, als hätten Körper wie Geist bei ihr alle ihre Funktionen eingestellt.

Gegen Mitte Oktober konnte sie, von Kissen gestützt, wieder aufrecht in ihrem Bette sitzen. Als sie das erste Brötchen mit eingemachten Früchten verzehrte, da weinte Karl. Allmählich kehrten ihre Kräfte zurück. Sie durfte nachmittags ein paar Stunden aufstehen, und eines Tages fühlte sie sich soweit wohl, daß sie an Karls Arm einen kleinen Spaziergang durch den Garten versuchte.

Auf den sandigen Wegen lag gefallenes Laub. Sie ging ganz langsam, in Hausschuhen, ohne die Füße zu heben. An Karl angeschmiegt, lächelte sie in einem fort vor sich hin.

So schritten sie bis hinter an die Gartenmauer. Dort blieb sie stehen und richtete sich auf. Um besser zu sehen, hob sie die Hand über die Augen. Lange schaute sie hinaus in die Weite. Aber es gab in der Ferne nichts zu sehen als auf den Hügeln große Feuer, in denen man landwirtschaftliche Überbleibsel verbrannte.

„Das Stehen wird dich zu sehr anstrengen, Beste!“ warnte Karl und geleitete sie behutsam zur Laube hin. „Setz dich hier ein wenig auf die Bank! Das wird dir gut tun!“

„Nein, nein! Nicht hier! Hier nicht!“ stieß sie mit ersterbender Stimme hervor.

Sie wurde ohnmächtig, und abends war die Krankheit von neuem da, und zwar in erhöhtem Grade und mit allerlei Komplikationen. Bald hatte sie in der Herzgegend, bald in der Brust, bald im Kopfe, bald in den Gliedern Schmerzen. Dazu gesellte sich ein Auswurf, an dem Bovary die ersten Anzeichen der Lungenschwindsucht zu erkennen wähnte.

Zu alledem hatte der arme Schelm auch noch Geldsorgen.