Madame Bovary | 25 | III | Monsieur Léon / Leo hatte

 

TROISIÈME PARTIE.

I

Monsieur Léon, tout en étudiant son droit, avait passablement fréquenté la Chaumière, où il obtint même de forts jolis succès près des grisettes, qui lui trouvaient l’air distingué. C’était le plus convenable des étudiants : il ne portait les cheveux ni trop longs ni trop courts, ne mangeait pas le 1er du mois l’argent de son trimestre, et se maintenait en de bons termes avec ses professeurs. Quant à faire des excès, il s’en était toujours abstenu, autant par pusillanimité que par délicatesse.

Souvent, lorsqu’il restait à lire dans sa chambre, ou bien assis le soir sous les tilleuls du Luxembourg, il laissait tomber son Code par terre, et le souvenir d’Emma lui revenait. Mais peu à peu ce sentiment s’affaiblit et d’autres convoitises s’accumulèrent par-dessus, bien qu’il persistât cependant à travers elles ; car Léon ne perdait pas toute espérance, et il y avait pour lui comme une promesse incertaine qui se balançait dans l’avenir, tel qu’un fruit d’or suspendu à quelque feuillage fantastique.

Puis, en la revoyant après trois années d’absence, sa passion se réveilla. Il fallait, pensait-il, se résoudre enfin à la vouloir posséder. D’ailleurs, sa timidité s’était usée au contact des compagnies folâtres, et il revenait en province, méprisant tout ce qui ne foulait pas d’un pied verni l’asphalte du boulevard. Auprès d’une Parisienne en dentelles, dans le salon de quelque docteur illustre, personnage à décorations et à voiture, le pauvre clerc, sans doute, eût tremblé comme un enfant ; mais ici, à Rouen, sur le port, devant la femme de ce petit médecin, il se sentait à l’aise, sûr d’avance qu’il éblouirait. L’aplomb dépend des milieux où il se pose : on ne parle pas à l’entresol comme au quatrième étage, et la femme riche semble avoir autour d’elle, pour garder sa vertu, tous ses billets de banque, comme une cuirasse dans la doublure de son corset.

En quittant, la veille au soir, M. et Mme Bovary, Léon, de loin, les avait suivis dans la rue ; puis les ayant vus s’arrêter à la Croix-Rouge, il avait tourné les talons et passé toute la nuit à méditer un plan.

Le lendemain donc, vers cinq heures, il entra dans la cuisine de Vauberge, la gorge serrée, les joues pâles, et avec cette résolution des poltrons que rien n’arrête.

— Monsieur n’y est point, répondit un domestique.

Cela lui parut de bon augure. Il monta.

Elle ne fut pas troublée à son abord ; elle lui fit, au contraire, des excuses pour avoir oublié de lui dire où ils étaient descendus.

— Oh ! je l’ai deviné, reprit Léon.

— Comment ?

Il prétendit avoir été guidé vers elle, au hasard, par un instinct. Elle se mit à sourire, et aussitôt, pour réparer sa sottise, Léon raconta qu’il avait passé sa matinée à la chercher successivement dans tous les hôtels de la ville.

— Vous vous êtes donc décidée à rester ? ajouta-t-il.

— Oui, dit-elle, et j’ai eu tort. Il ne faut pas s’accoutumer à des plaisirs impraticables, quand on a autour de soi mille exigences…

— Oh ! je m’imagine…

— Eh ! non, car vous n’êtes pas une femme, vous.

Mais les hommes avaient aussi leurs chagrins, et la conversation s’engagea par quelques réflexions philosophiques. Emma s’étendit beaucoup sur la misère des affections terrestres et l’éternel isolement où le cœur reste enseveli.

Pour se faire valoir, ou par une imitation naïve de cette mélancolie qui provoquait la sienne, le jeune homme déclara s’être ennuyé prodigieusement tout le temps de ses études. La procédure l’irritait, d’autres vocations l’attiraient, et sa mère ne cessait, dans chaque lettre, de le tourmenter. Car ils précisaient de plus en plus les motifs de leur douleur, chacun, à mesure qu’il parlait, s’exaltant un peu dans cette confidence progressive. Mais ils s’arrêtaient quelquefois devant l’exposition complète de leur idée, et cherchaient alors à imaginer une phrase qui pût la traduire cependant. Elle ne confessa point sa passion pour un autre ; il ne dit pas qu’il l’avait oubliée.

Peut-être ne se rappelait-il plus ses soupers après le bal, avec des débardeuses ; et elle ne se souvenait pas sans doute des rendez-vous d’autrefois, quand elle courait le matin dans les herbes, vers le château de son amant. Les bruits de la ville arrivaient à peine jusqu’à eux ; et la chambre semblait petite, tout exprès pour resserrer davantage leur solitude. Emma, vêtue d’un peignoir en basin, appuyait son chignon contre le dossier du vieux fauteuil ; le papier jaune de la muraille faisait comme un fond d’or derrière elle ; et sa tête nue se répétait dans la glace avec la raie blanche au milieu, et le bout de ses oreilles dépassant sous ses bandeaux.

— Mais pardon, dit-elle, j’ai tort ! je vous ennuie avec mes éternelles plaintes !

— Non, jamais ! jamais !

— Si vous saviez, reprit-elle, en levant au plafond ses beaux yeux qui roulaient une larme, tout ce que j’avais rêvé !

— Et moi, donc ! Oh ! j’ai bien souffert ! souvent je sortais, je m’en allais, je me traînais le long des quais, m’étourdissant au bruit de la foule sans pouvoir bannir l’obsession qui me poursuivait. Il y a sur le boulevard, chez un marchand d’estampes, une gravure italienne qui représente une Muse. Elle est drapée d’une tunique et elle regarde la lune, avec des myosotis sur sa chevelure dénouée. Quelque chose incessamment me poussait là ; j’y suis resté des heures entières.

Puis, d’une voix tremblante :

— Elle vous ressemblait un peu.

Mme Bovary détourna la tête, pour qu’il ne vît pas sur ses lèvres l’irrésistible sourire qu’elle y sentait monter.

— Souvent, reprit-il, je vous écrivais des lettres qu’ensuite je déchirais.

Elle ne répondait pas. Il continua :

— Je m’imaginais quelquefois qu’un hasard vous amènerait. J’ai cru vous reconnaître au coin des rues ; et je courais après tous les fiacres où flottait à la portière un châle, un voile pareil au vôtre…

Elle semblait déterminée à le laisser parler sans l’interrompre. Croisant les bras et baissant la figure, elle considérait la rosette de ses pantoufles, et elle faisait dans leur satin de petits mouvements, par intervalles, avec les doigts de son pied.

Cependant elle soupira :

— Ce qu’il y a de plus lamentable, n’est-ce pas ? c’est de traîner, comme moi, une existence inutile. Si nos douleurs pouvaient servir à quelqu’un, on se consolerait dans la pensée du sacrifice !

Il se mit à vanter la vertu, le devoir et les immolations silencieuses, ayant lui-même un incroyable besoin de dévouement qu’il ne pouvait assouvir.

— J’aimerais beaucoup, dit-elle, à être une religieuse d’hôpital.

— Hélas ! répliqua-t-il, les hommes n’ont point de ces missions saintes, et je ne vois nulle part aucun métier…, à moins peut-être que celui de médecin…

Avec un haussement léger de ses épaules, Emma l’interrompit pour se plaindre de sa maladie où elle avait manqué mourir ; quel dommage ! elle ne souffrirait plus maintenant. Léon tout de suite envia le calme du tombeau, et même, un soir, il avait écrit son testament en recommandant qu’on l’ensevelît dans ce beau couvre-pied, à bandes de velours, qu’il tenait d’elle ; car c’est ainsi qu’ils auraient voulu avoir été, l’un et l’autre se faisant un idéal sur lequel ils ajustaient à présent leur vie passée. D’ailleurs, la parole est un laminoir qui allonge toujours les sentiments.

Mais à cette invention du couvre-pied :

— Pourquoi donc ? demanda-t-elle.

— Pourquoi ?

Il hésitait.

— Parce que je vous ai bien aimée !

Et, s’applaudissant d’avoir franchi la difficulté, Léon, du coin de l’œil, épia sa physionomie.

Ce fut comme le ciel, quand un coup de vent chasse les nuages. L’amas des pensées tristes qui les assombrissaient parut se retirer de ses yeux bleus ; tout son visage rayonna.

Il attendait. Enfin elle répondit :

— Je m’en étais toujours doutée…

Alors, ils se racontèrent les petits événements de cette existence lointaine, dont ils venaient de résumer, par un seul mot, les plaisirs et les mélancolies. Il se rappelait le berceau de clématite, les robes qu’elle avait portées, les meubles de sa chambre, toute sa maison.

— Et nos pauvres cactus, où sont-ils ?

— Le froid les a tués cet hiver.

— Ah ! que j’ai pensé à eux, savez-vous ? Souvent je les revoyais comme autrefois, quand, par les matins d’été, le soleil frappait sur les jalousies… et j’apercevais vos deux bras nus qui passaient entre les fleurs.

— Pauvre ami ! fit-elle en lui tendant la main.

Léon, bien vite, y colla ses lèvres. Puis, quand il eut largement respiré :

— Vous étiez, dans ce temps-là, pour moi, je ne sais quelle force incompréhensible qui captivait ma vie. Une fois, par exemple, je suis venu chez vous ; mais vous ne vous en souvenez pas, sans doute ?

— Si, dit-elle. Continuez.

— Vous étiez en bas, dans l’antichambre, prête à sortir, sur la marche ; — vous aviez même un chapeau à petites fleurs bleues ; et, sans nulle invitation de votre part, malgré moi, je vous ai accompagnée. À chaque minute, cependant, j’avais de plus en plus conscience de ma sottise, et je continuais à marcher près de vous, n’osant vous suivre tout à fait, et ne voulant pas vous quitter. Quand vous entriez dans une boutique, je restais dans la rue, je vous regardais par le carreau défaire vos gants et compter la monnaie sur le comptoir. Ensuite vous avez sonné chez Mme Tuvache, on vous a ouvert, et je suis resté comme un idiot devant la grande porte lourde, qui était retombée sur vous.

Mme Bovary, en l’écoutant, s’étonnait d’être si vieille ; toutes ces choses qui réapparaissaient lui semblaient élargir son existence ; cela faisait comme des immensités sentimentales où elle se reportait ; et elle disait de temps à autre, à voix basse et les paupières à demi fermées :

— Oui, c’est vrai !… c’est vrai !… c’est vrai…

Ils entendirent huit heures sonner aux différentes horloges du quartier Beauvoisine, qui est plein de pensionnats, d’églises et de grands hôtels abandonnés. Ils ne se parlaient plus ; mais ils sentaient, en se regardant, un bruissement dans leurs têtes, comme si quelque chose de sonore se fût réciproquement échappé de leurs prunelles fixes. Ils venaient de se joindre les mains ; et le passé, l’avenir, les réminiscences et les rêves, tout se trouvait confondu dans la douceur de cette extase. La nuit s’épaississait sur les murs, où brillaient encore, à demi perdues dans l’ombre, les grosses couleurs de quatre estampes représentant quatre scènes de la tour de Nesle, avec une légende au bas, en espagnol et en français. Par la fenêtre à guillotine, on voyait un coin de ciel noir, entre des, toits pointus.

Elle se leva pour allumer deux bougies sur la commode, puis elle vint se rasseoir.

— Eh bien ?… fit Léon.

— Eh bien ? répondit-elle.

Et il cherchait comment renouer le dialogue interrompu, quand elle lui dit :

— D’où vient que personne, jusqu’à présent, ne m’a jamais exprimé des sentiments pareils ?

Le clerc se récria que les natures idéales étaient difficiles à comprendre. Lui, du premier coup d’œil, il l’avait aimée ; et il se désespérait en pensant au bonheur qu’ils auraient eu si, par une grâce du hasard, se rencontrant plus tôt, ils se fussent attachés l’un à l’autre d’une manière indissoluble.

— J’y ai songé quelquefois, reprit-elle.

— Quel rêve ! murmura Léon.

Et, maniant délicatement le liséré bleu de sa longue ceinture blanche, il ajouta :

— Qui nous empêche donc de recommencer ?…

— Non, mon ami, répondit-elle. Je suis trop vieille… vous êtes trop jeune…, oubliez-moi ! D’autres vous aimeront…, vous les aimerez.

— Pas comme vous ! s’écria-t-il.

— Enfant que vous êtes ! Allons, soyons sage ! je le veux !

Elle lui représenta les impossibilités de leur amour, et qu’ils devaient se tenir, comme autrefois, dans les simples termes d’une amitié fraternelle.

Était-ce sérieusement qu’elle parlait ainsi ? Sans doute qu’Emma n’en savait rien elle-même, tout occupée par le charme de la séduction et la nécessité de s’en défendre ; et, contemplant le jeune homme d’un regard attendri, elle repoussait doucement les timides caresses que ses mains frémissantes essayaient.

— Ah ! pardon, dit-il en se reculant.

Et Emma fut prise d’un vague effroi, devant cette timidité, plus dangereuse pour elle que la hardiesse de Rodolphe quand il s’avançait les bras ouverts. Jamais aucun homme ne lui avait paru si beau. Une exquise candeur s’échappait de son maintien. Il baissait ses longs cils fins qui se recourbaient. Sa joue à l’épiderme suave rougissait — pensait-elle — du désir de sa personne, et Emma sentait une invincible envie d’y porter ses lèvres. Alors se penchant vers la pendule comme pour regarder l’heure :

— Qu’il est tard, mon Dieu ! dit-elle ; que nous bavardons !

Il comprit l’allusion et chercha son chapeau.

— J’en ai même oublié le spectacle ! Ce pauvre Bovary qui m’avait laissée tout exprès ! M. Lormeaux, de la rue Grand-Pont, devait m’y conduire avec sa femme.

Et l’occasion était perdue, car elle partait dès le lendemain.

— Vrai ? fit Léon.

— Oui.

— Il faut pourtant que je vous voie encore, reprit-il ; j’avais à vous dire…

— Quoi ?

— Une chose… grave, sérieuse. Eh ! non, d’ailleurs, vous ne partirez pas, c’est impossible ! Si vous saviez… Écoutez-moi… Vous ne m’avez donc pas compris ? vous n’avez donc pas deviné ?…

— Cependant vous parlez bien, dit Emma.

— Ah ! des plaisanteries ! Assez, assez ! Faites, par pitié, que je vous revoie…, une fois…, une seule.

— Eh bien !…

Elle s’arrêta ; puis, comme se ravisant :

— Oh ! pas ici !

— Où vous voudrez.

— Voulez-vous…

Elle parut réfléchir, et, d’un ton bref.

— Demain, à onze heures, dans la cathédrale.

— J’y serai ! s’écria-t-il en saisissant ses mains, qu’elle dégagea.

Et, comme ils se trouvaient debout tous les deux, lui placé derrière elle et Emma baissant la tête, il se pencha vers son cou et la baisa longuement à la nuque.

— Mais vous êtes fou ! ah ! vous êtes fou ! disait-elle avec de petits rires sonores, tandis que les baisers se multipliaient.

Alors, avançant la tête par-dessus son épaule, il sembla chercher le consentement de ses yeux. Ils tombèrent sur lui, pleins d’une majesté glaciale.

Léon fit trois pas en arrière, pour sortir. Il resta sur le seuil. Puis il chuchota d’une voix tremblante :

— À demain.

Elle répondit par un signe de tête, et disparut comme un oiseau dans la pièce à côté.

Emma, le soir, écrivit au clerc une interminable lettre où elle se dégageait du rendez-vous : tout maintenant était fini, et ils ne devaient plus, pour leur bonheur, se rencontrer. Mais, quand la lettre fut close, comme elle ne savait pas l’adresse de Léon, elle se trouva fort embarrassée.

— Je la lui donnerai moi-même, se dit-elle ; il viendra.

Léon, le lendemain, fenêtre ouverte et chantonnant sur son balcon, vernit lui-même ses escarpins, et à plusieurs couches. Il passa un pantalon blanc, des chaussettes fines, un habit vert, répandit dans son mouchoir tout ce qu’il possédait de senteurs, puis, s’étant fait friser, se défrisa, pour donner à sa chevelure plus d’élégance naturelle.

— Il est encore trop tôt ! pensa-t-il en regardant le coucou du perruquier, qui marquait neuf heures.

Il lut un vieux journal de modes, sortit, fuma un cigare, remonta trois rues, songea qu’il était temps et se dirigea lestement vers le parvis Notre-Dame.

C’était par un beau matin d’été. Des argenteries reluisaient aux boutiques des orfèvres, et la lumière qui arrivait obliquement sur la cathédrale posait des miroitements à la cassure des pierres grises ; une compagnie d’oiseaux tourbillonnaient dans le ciel bleu, autour des clochetons à trèfles ; la place, retentissante de cris, sentait des fleurs qui bordaient son pavé, roses, jasmins, œillets, narcisses et tubéreuses, espacés inégalement par des verdures humides, de l’herbe-au-chat et du mouron pour les oiseaux ; la fontaine, au milieu, gargouillait, et sous de larges parapluies, parmi des cantaloups s’étageant en pyramides, des marchandes, nu-tête, tournaient dans du papier des bouquets de violettes.

Le jeune homme en prit un. C’était la première fois qu’il achetait des fleurs pour une femme ; et sa poitrine, en les respirant, se gonfla d’orgueil, comme si cet hommage qu’il destinait à une autre se fût retourné vers lui.

Cependant il avait peur d’être aperçu ; il entra résolument dans l’église.

Le suisse, alors, se tenait sur le seuil, au milieu du portail à gauche, au-dessous de la Marianne dansant, plumet en tête, rapière au mollet, canne au poing, plus majestueux qu’un cardinal et reluisant comme un saint ciboire.

Il s’avança vers Léon, et, avec ce sourire de bénignité pateline que prennent les ecclésiastiques lorsqu’ils interrogent les enfants :

— Monsieur, sans doute, n’est pas d’ici ? Monsieur désire voir les curiosités de l’église ?

— Non, dit l’autre.

Et il fit d’abord le tour des bas-côtés. Puis il vint regarder sur la place. Emma n’arrivait pas. Il remonta jusqu’au chœur.

La nef se mirait dans les bénitiers pleins, avec le commencement des ogives et quelques portions de vitrail. Mais le reflet des peintures, se brisant au bord du marbre, continuait plus loin, sur les dalles, comme un tapis bariolé. Le grand jour du dehors s’allongeait dans l’église en trois rayons énormes, par les trois portails ouverts. De temps à autre, au fond, un sacristain passait en faisant devant l’autel l’oblique génuflexion des dévôts pressés. Les lustres de cristal pendaient immobiles. Dans le chœur, une lampe d’argent brûlait ; et, des chapelles latérales, des parties sombres de l’église, il s’échappait quelquefois comme des exhalaisons de soupirs, avec le son d’une grille qui retombait, en répercutant son écho sous les hautes voûtes.

Léon, à pas sérieux, marchait auprès des murs. Jamais la vie ne lui avait paru si bonne. Elle allait venir tout à l’heure, charmante, agitée, épiant derrière elle les regards qui la suivaient, — et avec sa robe à volants, son lorgnon d’or, ses bottines minces, dans toute sorte d’élégances dont il n’avait pas goûté, et dans l’ineffable séduction de la vertu qui succombe. L’église, comme un boudoir gigantesque, se disposait autour d’elle ; les voûtes s’inclinaient pour recueillir dans l’ombre la confession de son amour : les vitraux resplendissaient pour illuminer son visage, et les encensoirs allaient brûler pour qu’elle apparût comme un ange, dans la fumée des parfums.

Cependant elle ne venait pas. Il se plaça sur une chaise et ses yeux rencontrèrent un vitrage bleu où l’on voit des bateliers qui portent des corbeilles. Il le regarda longtemps, attentivement, et il comptait les écailles des poissons et les boutonnières des pourpoints, tandis que sa pensée vagabondait à la recherche d’Emma.

Le suisse, à l’écart, s’indignait intérieurement contre cet individu, qui se permettait d’admirer seul la cathédrale. Il lui semblait se conduire d’une façon monstrueuse, le voler en quelque sorte, et presque commettre un sacrilège.

Mais un frou-frou de soie sur les dalles, la bordure d’un chapeau, un camail noir… C’était elle ! Léon se leva et courut à sa rencontre.

Emma était pâle. Elle marchait vite.

— Lisez ! dit-elle en lui tendant un papier… Oh non !

Et brusquement elle retira sa main, pour entrer dans la chapelle de la Vierge, où, s’agenouillant contre une chaise, elle se mit en prière.

Le jeune homme fut irrité de cette fantaisie bigote ; puis il éprouva pourtant un certain charme à la voir, au milieu du rendez-vous, ainsi perdue dans les oraisons comme une marquise andalouse ; puis il ne tarda pas à s’ennuyer, car elle n’en finissait.

Emma priait, ou plutôt s’efforçait de prier, espérant qu’il allait lui descendre du ciel quelque résolution subite ; et, pour attirer le secours divin, elle s’emplissait les yeux des splendeurs du tabernacle, elle aspirait le parfum des juliennes blanches épanouies dans les grands vases, et prêtait l’oreille au silence de l’église, qui ne faisait qu’accroître le tumulte de son cœur.

Elle se relevait, et ils allaient partir, quand le suisse s’approcha vivement, en disant :

— Madame, sans doute, n’est pas d’ici ? Madame désire voir les curiosités de l’église ?

— Eh non ! s’écria le clerc.

— Pourquoi pas ? reprit-elle.

Car elle se raccrochait de sa vertu chancelante à la Vierge, aux sculptures, aux tombeaux, à toutes les occasions.

Alors, afin de procéder dans l’ordre, le suisse les conduisit jusqu’à l’entrée, près de la place, où leur montrant avec sa canne un grand cercle de pavés noirs, sans inscriptions ni ciselures :

— Voilà, fit-il majestueusement, la circonférence de la belle cloche d’Amboise. Elle pesait quarante mille livres. Il n’y avait pas sa pareille dans toute l’Europe. L’ouvrier qui l’a fondue en est mort de joie…

— Partons, dit Léon.

Le bonhomme se remit en marche ; puis, revenu à la chapelle de la Vierge, il étendit les bras dans un geste synthétique de démonstration, et, plus orgueilleux qu’un propriétaire campagnard vous montrant ses espaliers :

— Cette simple dalle recouvre Pierre de Brézé, seigneur de la Varenne et de Brissac, grand maréchal de Poitou et gouverneur de Normandie, mort à la bataille de Montlhéry, le 16 juillet 1465.

Léon, se mordant les lèvres, trépignait.

— Et, à droite, ce gentilhomme tout bardé de fer, sur un cheval qui se cabre, est son petit-fils Louis de Brézé, seigneur de Breval et de Montchauvet, comte de Maulevrier, baron de Mauny, chambellan du roi, chevalier de l’Ordre et pareillement gouverneur de Normandie, mort le 23 juillet 1531, un dimanche, comme l’inscription porte ; et, au-dessous, cet homme prêt à descendre au tombeau vous figure exactement le même. Il n’est point possible, n’est-ce pas, de voir une plus parfaite représentation du néant ?

Mme Bovary prit son lorgnon. Léon, immobile, la regardait, n’essayant même plus de dire un seul mot, de faire un seul geste, tant il se sentait découragé devant ce double parti pris de bavardage et d’indifférence.

L’éternel guide continuait :

— Près de lui, cette femme à genoux qui pleure est son épouse, Diane de Poitiers, comtesse de Brézé, duchesse de Valentinois, née en 1499, morte en 1566 ; et, à gauche, celle qui porte un enfant, la sainte Vierge. Maintenant, tournez-vous de ce côté : voici les tombeaux d’Amboise. Ils ont été tous les deux cardinaux et archevêques de Rouen. Celui-là était ministre du roi Louis XII. Il a fait beaucoup de bien à la cathédrale. On a trouvé dans son testament trente mille écus d’or pour les pauvres.

Et, sans s’arrêter, tout en parlant, il les poussa dans une chapelle encombrée par des balustrades, en dérangea quelques-unes, et découvrit une sorte de bloc, qui pouvait bien avoir été une statue mal faite.

— Elle décorait autrefois, dit-il avec un long gémissement, la tombe de Richard Cœur de lion, roi d’Angleterre et duc de Normandie. Ce sont les calvinistes, monsieur, qui vous l’ont réduite en cet état. Ils l’avaient, par méchanceté, ensevelie dans de la terre, sous le siège épiscopal de Monseigneur. Tenez, voici la porte par où il se rend à son habitation, Monseigneur. Passons voir les vitraux de la Gargouille.

Mais Léon tira vivement une pièce blanche de sa poche et saisit Emma par le bras. Le suisse demeura tout stupéfait, ne comprenant point cette munificence intempestive, lorsqu’il restait encore à l’étranger tant de choses à voir. Aussi, le rappelant :

— Eh ! monsieur. La flèche ! la flèche !…

— Merci, fit Léon.

— Monsieur a tort ! Elle aura quatre cent quarante pieds, neuf de moins que la grande pyramide d’Égypte. Elle est toute en fonte, elle…

Léon fuyait ; car il lui semblait que son amour, qui, depuis deux heures bientôt, s’était immobilisé dans l’église comme les pierres, allait maintenant s’évaporer telle qu’une fumée, par cette espèce de tuyau tronqué de cage oblongue, de cheminée à jour, qui se hasarde si grotesquement sur la cathédrale, comme la tentative extravagante de quelque chaudronnier fantaisiste.

— Où allons-nous donc ? disait-elle.

Sans répondre, il continuait à marcher d’un pas rapide, et déjà Mme Bovary trempait son doigt dans l’eau bénite, quand ils entendirent derrière eux un grand souffle haletant, entrecoupé régulièrement par le rebondissement d’une canne. Léon se détourna.

— Monsieur !

— Quoi ?

Et il reconnut le suisse, portant sous son bras et maintenant en équilibre contre son ventre une vingtaine environ de forts volumes brochés. C’étaient les ouvrages qui traitaient de la cathédrale.

— Imbécile ! grommela Léon s’élançant hors de l’église.

Un gamin polissonnait sur le parvis :

— Va me chercher un fiacre !

L’enfant partit comme une balle, par la rue des Quatre-Vents ; alors ils restèrent seuls quelques minutes, face à face et un peu embarrassés.

— Ah ! Léon !… Vraiment…, je ne sais… si je dois… !

Elle minaudait. Puis, d’un air sérieux :

— C’est très inconvenant, savez-vous ?

— En quoi ? répliqua le clerc. Cela se fait à Paris !

Et cette parole, comme un irrésistible argument, la détermina.

Cependant le fiacre n’arrivait pas. Léon avait peur qu’elle ne rentrât dans l’église. Enfin le fiacre parut.

— Sortez du moins par le portail du nord ! leur cria le Suisse, qui était resté sur le seuil, pour voir la Résurrection, le Jugement dernier, le Paradis, le Roi David, et les Réprouvés dans les flammes d’enfer.

— Où Monsieur va-t-il ? demanda le cocher.

— Où vous voudrez ! dit Léon poussant Emma dans la voiture.

Et la lourde machine se mit en route.

Elle descendit la rue Grand-Pont, traversa la place des Arts, le quai Napoléon, le pont Neuf et s’arrêta court devant la statue de Pierre Corneille.

— Continuez ! fit une voix qui sortait de l’intérieur.

La voiture repartit, et, se laissant, dès le carrefour La Fayette, emporter par la descente, elle entra au grand galop dans la gare du chemin de fer.

— Non, tout droit ! cria la même voix.

Le fiacre sortit des grilles, et bientôt, arrivé sur le Cours, trotta doucement, au milieu des grands ormes. Le cocher s’essuya le front, mit son chapeau de cuir entre ses jambes et poussa la voiture en dehors des contre-allées, au bord de l’eau, près du gazon.

Elle alla le long de la rivière, sur le chemin de halage pavé de cailloux secs, et, longtemps, du côté d’Oyssel, au delà des îles.

Mais tout à coup, elle s’élança d’un bond à travers Quatremares, Sotteville, la Grande-Chaussée, la rue d’Elbeuf, et fit sa troisième halte devant le jardin des plantes.

— Marchez donc ! s’écria la voix plus furieusement.

Et aussitôt, reprenant sa course, elle passa par Saint-Sever, par le quai des Curandiers, par le quai aux Meules, encore une fois par le pont, par la place du Champ-de-Mars et derrière les jardins de l’hôpital, où des vieillards en veste noire se promènent au soleil, le long d’une terrasse toute verdie par des lierres. Elle remonta le boulevard Bouvreuil, parcourut le boulevard Cauchoise, puis tout le Mont-Riboudet jusqu’à la côte de Deville.

Elle revint ; et alors, sans parti pris ni direction, au hasard, elle vagabonda. On la vit à Saint-Pol, à Lescure, au mont Gargan, à la Rouge-Mare, et place du Gaillardbois ; rue Maladrerie, rue Dinanderie, devant Saint-Romain, Saint-Vivien, Saint-Maclou, Saint-Nicaise, — devant la Douane, — à la basse Vieille-Tour, aux Trois-Pipes et au Cimetière monumental. De temps à autre, le cocher sur son siège jetait aux cabarets des regards désespérés. Il ne comprenait pas quelle fureur de la locomotion poussait ces individus à ne vouloir point s’arrêter. Il essayait quelquefois, et aussitôt il entendait derrière lui partir des exclamations de colère. Alors il cinglait de plus belle ses deux rosses tout en sueur, mais sans prendre garde aux cahots, accrochant par-ci par-là, ne s’en souciant, démoralisé, et presque pleurant de soif, de fatigue et de tristesse.

Et sur le port, au milieu des camions et des barriques, et dans les rues, au coin des bornes, les bourgeois ouvraient de grands yeux ébahis devant cette chose si extraordinaire en province, une voiture à stores tendus, et qui apparaissait ainsi continuellement, plus close qu’un tombeau et ballottée comme un navire.

Une fois, au milieu du jour, en pleine campagne, au moment où le soleil dardait le plus fort contre les vieilles lanternes argentées, une main nue passa sous les petits rideaux de toile jaune et jeta des déchirures de papier, qui se dispersèrent au vent et s’abattirent plus loin, comme des papillons blancs, sur un champ de trèfles rouges tout en fleur.

Puis, vers six heures, la voiture s’arrêta dans une ruelle du quartier Beauvoisine, et une femme en descendit qui marchait le voile baissé, sans détourner la tête.

Part III

Chapter One

Monsieur Leon, while studying law, had gone pretty often to the dancing-rooms, where he was even a great success amongst the grisettes, who thought he had a distinguished air. He was the best-mannered of the students; he wore his hair neither too long nor too short, didn’t spend all his quarter’s money on the first day of the month, and kept on good terms with his professors. As for excesses, he had always abstained from them, as much from cowardice as from refinement.

Often when he stayed in his room to read, or else when sitting of an evening under the lime-trees of the Luxembourg, he let his Code fall to the ground, and the memory of Emma came back to him. But gradually this feeling grew weaker, and other desires gathered over it, although it still persisted through them all. For Leon did not lose all hope; there was for him, as it were, a vague promise floating in the future, like a golden fruit suspended from some fantastic tree.

Then, seeing her again after three years of absence his passion reawakened. He must, he thought, at last make up his mind to possess her. Moreover, his timidity had worn off by contact with his gay companions, and he returned to the provinces despising everyone who had not with varnished shoes trodden the asphalt of the boulevards. By the side of a Parisienne in her laces, in the drawing-room of some illustrious physician, a person driving his carriage and wearing many orders, the poor clerk would no doubt have trembled like a child; but here, at Rouen, on the harbour, with the wife of this small doctor he felt at his ease, sure beforehand he would shine. Self-possession depends on its environment. We don’t speak on the first floor as on the fourth; and the wealthy woman seems to have, about her, to guard her virtue, all her banknotes, like a cuirass in the lining of her corset.

On leaving the Bovarys the night before, Leon had followed them through the streets at a distance; then having seen them stop at the “Croix-Rouge,” he turned on his heel, and spent the night meditating a plan.

So the next day about five o’clock he walked into the kitchen of the inn, with a choking sensation in his throat, pale cheeks, and that resolution of cowards that stops at nothing.

“The gentleman isn’t in,” answered a servant.

This seemed to him a good omen. He went upstairs.

She was not disturbed at his approach; on the contrary, she apologised for having neglected to tell him where they were staying.

“Oh, I divined it!” said Leon.

He pretended he had been guided towards her by chance, by, instinct. She began to smile; and at once, to repair his folly, Leon told her that he had spent his morning in looking for her in all the hotels in the town one after the other.

“So you have made up your mind to stay?” he added.

“Yes,” she said, “and I am wrong. One ought not to accustom oneself to impossible pleasures when there are a thousand demands upon one.”

“Oh, I can imagine!”

“Ah! no; for you, you are a man!”

But men too had had their trials, and the conversation went off into certain philosophical reflections. Emma expatiated much on the misery of earthly affections, and the eternal isolation in which the heart remains entombed.

To show off, or from a naive imitation of this melancholy which called forth his, the young man declared that he had been awfully bored during the whole course of his studies. The law irritated him, other vocations attracted him, and his mother never ceased worrying him in every one of her letters. As they talked they explained more and more fully the motives of their sadness, working themselves up in their progressive confidence. But they sometimes stopped short of the complete exposition of their thought, and then sought to invent a phrase that might express it all the same. She did not confess her passion for another; he did not say that he had forgotten her.

Perhaps he no longer remembered his suppers with girls after masked balls; and no doubt she did not recollect the rendezvous of old when she ran across the fields in the morning to her lover’s house. The noises of the town hardly reached them, and the room seemed small, as if on purpose to hem in their solitude more closely. Emma, in a dimity dressing-gown, leant her head against the back of the old arm-chair; the yellow wall-paper formed, as it were, a golden background behind her, and her bare head was mirrored in the glass with the white parting in the middle, and the tip of her ears peeping out from the folds of her hair.

“But pardon me!” she said. “It is wrong of me. I weary you with my eternal complaints.”

“No, never, never!”

“If you knew,” she went on, raising to the ceiling her beautiful eyes, in which a tear was trembling, “all that I had dreamed!”

“And I! Oh, I too have suffered! Often I went out; I went away. I dragged myself along the quays, seeking distraction amid the din of the crowd without being able to banish the heaviness that weighed upon me. In an engraver’s shop on the boulevard there is an Italian print of one of the Muses. She is draped in a tunic, and she is looking at the moon, with forget-me-nots in her flowing hair. Something drove me there continually; I stayed there hours together.” Then in a trembling voice, “She resembled you a little.”

Madame Bovary turned away her head that he might not see the irrepressible smile she felt rising to her lips.

“Often,” he went on, “I wrote you letters that I tore up.”

She did not answer. He continued —

“I sometimes fancied that some chance would bring you. I thought I recognised you at street-corners, and I ran after all the carriages through whose windows I saw a shawl fluttering, a veil like yours.”

She seemed resolved to let him go on speaking without interruption. Crossing her arms and bending down her face, she looked at the rosettes on her slippers, and at intervals made little movements inside the satin of them with her toes.

At last she sighed.

“But the most wretched thing, is it not — is to drag out, as I do, a useless existence. If our pains were only of some use to someone, we should find consolation in the thought of the sacrifice.”

He started off in praise of virtue, duty, and silent immolation, having himself an incredible longing for self-sacrifice that he could not satisfy.

“I should much like,” she said, “to be a nurse at a hospital.”

“Alas! men have none of these holy missions, and I see nowhere any calling — unless perhaps that of a doctor.”

With a slight shrug of her shoulders, Emma interrupted him to speak of her illness, which had almost killed her. What a pity! She should not be suffering now! Leon at once envied the calm of the tomb, and one evening he had even made his will, asking to be buried in that beautiful rug with velvet stripes he had received from her. For this was how they would have wished to be, each setting up an ideal to which they were now adapting their past life. Besides, speech is a rolling-mill that always thins out the sentiment.

But at this invention of the rug she asked, “But why?”

“Why?” He hesitated. “Because I loved you so!” And congratulating himself at having surmounted the difficulty, Leon watched her face out of the corner of his eyes.

It was like the sky when a gust of wind drives the clouds across. The mass of sad thoughts that darkened them seemed to be lifted from her blue eyes; her whole face shone. He waited. At last she replied —

“I always suspected it.”

Then they went over all the trifling events of that far-off existence, whose joys and sorrows they had just summed up in one word. They recalled the arbour with clematis, the dresses she had worn, the furniture of her room, the whole of her house.

“And our poor cactuses, where are they?”

“The cold killed them this winter.”

“Ah! how I have thought of them, do you know? I often saw them again as of yore, when on the summer mornings the sun beat down upon your blinds, and I saw your two bare arms passing out amongst the flowers.”

“Poor friend!” she said, holding out her hand to him.

Leon swiftly pressed his lips to it. Then, when he had taken a deep breath —

“At that time you were to me I know not what incomprehensible force that took captive my life. Once, for instance, I went to see you; but you, no doubt, do not remember it.”

“I do,” she said; “go on.”

“You were downstairs in the ante-room, ready to go out, standing on the last stair; you were wearing a bonnet with small blue flowers; and without any invitation from you, in spite of myself, I went with you. Every moment, however, I grew more and more conscious of my folly, and I went on walking by you, not daring to follow you completely, and unwilling to leave you. When you went into a shop, I waited in the street, and I watched you through the window taking off your gloves and counting the change on the counter. Then you rang at Madame Tuvache’s; you were let in, and I stood like an idiot in front of the great heavy door that had closed after you.”

Madame Bovary, as she listened to him, wondered that she was so old. All these things reappearing before her seemed to widen out her life; it was like some sentimental immensity to which she returned; and from time to time she said in a low voice, her eyes half closed —

“Yes, it is true — true — true!”

They heard eight strike on the different clocks of the Beauvoisine quarter, which is full of schools, churches, and large empty hotels. They no longer spoke, but they felt as they looked upon each other a buzzing in their heads, as if something sonorous had escaped from the fixed eyes of each of them. They were hand in hand now, and the past, the future, reminiscences and dreams, all were confounded in the sweetness of this ecstasy. Night was darkening over the walls, on which still shone, half hidden in the shade, the coarse colours of four bills representing four scenes from the “Tour de Nesle,” with a motto in Spanish and French at the bottom. Through the sash-window a patch of dark sky was seen between the pointed roofs.

She rose to light two wax-candles on the drawers, then she sat down again.

“Well!” said Leon.

“Well!” she replied.

He was thinking how to resume the interrupted conversation, when she said to him —

“How is it that no one until now has ever expressed such sentiments to me?”

The clerk said that ideal natures were difficult to understand. He from the first moment had loved her, and he despaired when he thought of the happiness that would have been theirs, if thanks to fortune, meeting her earlier, they had been indissolubly bound to one another.

“I have sometimes thought of it,” she went on.

“What a dream!” murmured Leon. And fingering gently the blue binding of her long white sash, he added, “And who prevents us from beginning now?”

“No, my friend,” she replied; “I am too old; you are too young. Forget me! Others will love you; you will love them.”

“Not as you!” he cried.

“What a child you are! Come, let us be sensible. I wish it.”

She showed him the impossibility of their love, and that they must remain, as formerly, on the simple terms of a fraternal friendship.

Was she speaking thus seriously? No doubt Emma did not herself know, quite absorbed as she was by the charm of the seduction, and the necessity of defending herself from it; and contemplating the young man with a moved look, she gently repulsed the timid caresses that his trembling hands attempted.

“Ah! forgive me!” he cried, drawing back.

Emma was seized with a vague fear at this shyness, more dangerous to her than the boldness of Rodolphe when he advanced to her open-armed. No man had ever seemed to her so beautiful. An exquisite candour emanated from his being. He lowered his long fine eyelashes, that curled upwards. His cheek, with the soft skin reddened, she thought, with desire of her person, and Emma felt an invincible longing to press her lips to it. Then, leaning towards the clock as if to see the time —

“Ah! how late it is!” she said; “how we do chatter!”

He understood the hint and took up his hat.

“It has even made me forget the theatre. And poor Bovary has left me here especially for that. Monsieur Lormeaux, of the Rue Grand-Pont, was to take me and his wife.”

And the opportunity was lost, as she was to leave the next day.

“Really!” said Leon.

“Yes.”

“But I must see you again,” he went on. “I wanted to tell you —”

“What?”

“Something — important — serious. Oh, no! Besides, you will not go; it is impossible. If you should — listen to me. Then you have not understood me; you have not guessed —”

“Yet you speak plainly,” said Emma.

“Ah! you can jest. Enough! enough! Oh, for pity’s sake, let me see you once — only once!”

“Well —“She stopped; then, as if thinking better of it, “Oh, not here!”

“Where you will.”

“Will you —“She seemed to reflect; then abruptly, “To-morrow at eleven o’clock in the cathedral.”

“I shall be there,” he cried, seizing her hands, which she disengaged.

And as they were both standing up, he behind her, and Emma with her head bent, he stooped over her and pressed long kisses on her neck.

“You are mad! Ah! you are mad!” she said, with sounding little laughs, while the kisses multiplied.

Then bending his head over her shoulder, he seemed to beg the consent of her eyes. They fell upon him full of an icy dignity.

Leon stepped back to go out. He stopped on the threshold; then he whispered with a trembling voice, “Tomorrow!”

She answered with a nod, and disappeared like a bird into the next room.

In the evening Emma wrote the clerk an interminable letter, in which she cancelled the rendezvous; all was over; they must not, for the sake of their happiness, meet again. But when the letter was finished, as she did not know Leon’s address, she was puzzled.

“I’ll give it to him myself,” she said; “he will come.”

The next morning, at the open window, and humming on his balcony, Leon himself varnished his pumps with several coatings. He put on white trousers, fine socks, a green coat, emptied all the scent he had into his handkerchief, then having had his hair curled, he uncurled it again, in order to give it a more natural elegance.

“It is still too early,” he thought, looking at the hairdresser’s cuckoo-clock, that pointed to the hour of nine. He read an old fashion journal, went out, smoked a cigar, walked up three streets, thought it was time, and went slowly towards the porch of Notre Dame.

It was a beautiful summer morning. Silver plate sparkled in the jeweller’s windows, and the light falling obliquely on the cathedral made mirrors of the corners of the grey stones; a flock of birds fluttered in the grey sky round the trefoil bell-turrets; the square, resounding with cries, was fragrant with the flowers that bordered its pavement, roses, jasmines, pinks, narcissi, and tube-roses, unevenly spaced out between moist grasses, catmint, and chickweed for the birds; the fountains gurgled in the centre, and under large umbrellas, amidst melons, piled up in heaps, flower-women, bare-headed, were twisting paper round bunches of violets.

The young man took one. It was the first time that he had bought flowers for a woman, and his breast, as he smelt them, swelled with pride, as if this homage that he meant for another had recoiled upon himself.

But he was afraid of being seen; he resolutely entered the church. The beadle, who was just then standing on the threshold in the middle of the left doorway, under the “Dancing Marianne,” with feather cap, and rapier dangling against his calves, came in, more majestic than a cardinal, and as shining as a saint on a holy pyx.

He came towards Leon, and, with that smile of wheedling benignity assumed by ecclesiastics when they question children —

“The gentleman, no doubt, does not belong to these parts? The gentleman would like to see the curiosities of the church?”

“No!” said the other.

And he first went round the lower aisles. Then he went out to look at the Place. Emma was not coming yet. He went up again to the choir.

The nave was reflected in the full fonts with the beginning of the arches and some portions of the glass windows. But the reflections of the paintings, broken by the marble rim, were continued farther on upon the flag-stones, like a many-coloured carpet. The broad daylight from without streamed into the church in three enormous rays from the three opened portals. From time to time at the upper end a sacristan passed, making the oblique genuflexion of devout persons in a hurry. The crystal lustres hung motionless. In the choir a silver lamp was burning, and from the side chapels and dark places of the church sometimes rose sounds like sighs, with the clang of a closing grating, its echo reverberating under the lofty vault.

Leon with solemn steps walked along by the walls. Life had never seemed so good to him. She would come directly, charming, agitated, looking back at the glances that followed her, and with her flounced dress, her gold eyeglass, her thin shoes, with all sorts of elegant trifles that he had never enjoyed, and with the ineffable seduction of yielding virtue. The church like a huge boudoir spread around her; the arches bent down to gather in the shade the confession of her love; the windows shone resplendent to illumine her face, and the censers would burn that she might appear like an angel amid the fumes of the sweet-smelling odours.

But she did not come. He sat down on a chair, and his eyes fell upon a blue stained window representing boatmen carrying baskets. He looked at it long, attentively, and he counted the scales of the fishes and the button-holes of the doublets, while his thoughts wandered off towards Emma.

The beadle, standing aloof, was inwardly angry at this individual who took the liberty of admiring the cathedral by himself. He seemed to him to be conducting himself in a monstrous fashion, to be robbing him in a sort, and almost committing sacrilege.

But a rustle of silk on the flags, the tip of a bonnet, a lined cloak — it was she! Leon rose and ran to meet her.

Emma was pale. She walked fast.

“Read!” she said, holding out a paper to him. “Oh, no!”

And she abruptly withdrew her hand to enter the chapel of the Virgin, where, kneeling on a chair, she began to pray.

The young man was irritated at this bigot fancy; then he nevertheless experienced a certain charm in seeing her, in the middle of a rendezvous, thus lost in her devotions, like an Andalusian marchioness; then he grew bored, for she seemed never coming to an end.

Emma prayed, or rather strove to pray, hoping that some sudden resolution might descend to her from heaven; and to draw down divine aid she filled full her eyes with the splendours of the tabernacle. She breathed in the perfumes of the full-blown flowers in the large vases, and listened to the stillness of the church, that only heightened the tumult of her heart.

She rose, and they were about to leave, when the beadle came forward, hurriedly saying —

“Madame, no doubt, does not belong to these parts? Madame would like to see the curiosities of the church?”

“Oh, no!” cried the clerk.

“Why not?” said she. For she clung with her expiring virtue to the Virgin, the sculptures, the tombs — anything.

Then, in order to proceed “by rule,” the beadle conducted them right to the entrance near the square, where, pointing out with his cane a large circle of block-stones without inscription or carving —

“This,” he said majestically, “is the circumference of the beautiful bell of Ambroise. It weighed forty thousand pounds. There was not its equal in all Europe. The workman who cast it died of the joy —”

“Let us go on,” said Leon.

The old fellow started off again; then, having got back to the chapel of the Virgin, he stretched forth his arm with an all-embracing gesture of demonstration, and, prouder than a country squire showing you his espaliers, went on —

“This simple stone covers Pierre de Breze, lord of Varenne and of Brissac, grand marshal of Poitou, and governor of Normandy, who died at the battle of Montlhery on the 16th of July, 1465.”

Leon bit his lips, fuming.

“And on the right, this gentleman all encased in iron, on the prancing horse, is his grandson, Louis de Breze, lord of Breval and of Montchauvet, Count de Maulevrier, Baron de Mauny, chamberlain to the king, Knight of the Order, and also governor of Normandy; died on the 23rd of July, 1531 — a Sunday, as the inscription specifies; and below, this figure, about to descend into the tomb, portrays the same person. It is not possible, is it, to see a more perfect representation of annihilation?”

Madame Bovary put up her eyeglasses. Leon, motionless, looked at her, no longer even attempting to speak a single word, to make a gesture, so discouraged was he at this two-fold obstinacy of gossip and indifference.

The everlasting guide went on —

“Near him, this kneeling woman who weeps is his spouse, Diane de Poitiers, Countess de Breze, Duchess de Valentinois, born in 1499, died in 1566, and to the left, the one with the child is the Holy Virgin. Now turn to this side; here are the tombs of the Ambroise. They were both cardinals and archbishops of Rouen. That one was minister under Louis XII. He did a great deal for the cathedral. In his will he left thirty thousand gold crowns for the poor.”

And without stopping, still talking, he pushed them into a chapel full of balustrades, some put away, and disclosed a kind of block that certainly might once have been an ill-made statue.

“Truly,” he said with a groan, “it adorned the tomb of Richard Coeur de Lion, King of England and Duke of Normandy. It was the Calvinists, sir, who reduced it to this condition. They had buried it for spite in the earth, under the episcopal seat of Monsignor. See! this is the door by which Monsignor passes to his house. Let us pass on quickly to see the gargoyle windows.”

But Leon hastily took some silver from his pocket and seized Emma’s arm. The beadle stood dumfounded, not able to understand this untimely munificence when there were still so many things for the stranger to see. So calling him back, he cried —

“Sir! sir! The steeple! the steeple!”

“No, thank you!” said Leon.

“You are wrong, sir! It is four hundred and forty feet high, nine less than the great pyramid of Egypt. It is all cast; it —”

Leon was fleeing, for it seemed to him that his love, that for nearly two hours now had become petrified in the church like the stones, would vanish like a vapour through that sort of truncated funnel, of oblong cage, of open chimney that rises so grotesquely from the cathedral like the extravagant attempt of some fantastic brazier.

“But where are we going?” she said.

Making no answer, he walked on with a rapid step; and Madame Bovary was already, dipping her finger in the holy water when behind them they heard a panting breath interrupted by the regular sound of a cane. Leon turned back.

“Sir!”

“What is it?”

And he recognised the beadle, holding under his arms and balancing against his stomach some twenty large sewn volumes. They were works “which treated of the cathedral.”

“Idiot!” growled Leon, rushing out of the church.

A lad was playing about the close.

“Go and get me a cab!”

The child bounded off like a ball by the Rue Quatre-Vents; then they were alone a few minutes, face to face, and a little embarrassed.

“Ah! Leon! Really — I don’t know — if I ought,” she whispered. Then with a more serious air, “Do you know, it is very improper —”

“How so?” replied the clerk. “It is done at Paris.”

And that, as an irresistible argument, decided her.

Still the cab did not come. Leon was afraid she might go back into the church. At last the cab appeared.

“At all events, go out by the north porch,” cried the beadle, who was left alone on the threshold, “so as to see the Resurrection, the Last Judgment, Paradise, King David, and the Condemned in Hell-flames.”

“Where to, sir?” asked the coachman.

“Where you like,” said Leon, forcing Emma into the cab.

And the lumbering machine set out. It went down the Rue Grand-Pont, crossed the Place des Arts, the Quai Napoleon, the Pont Neuf, and stopped short before the statue of Pierre Corneille.

“Go on,” cried a voice that came from within.

The cab went on again, and as soon as it reached the Carrefour Lafayette, set off down-hill, and entered the station at a gallop.

“No, straight on!” cried the same voice.

The cab came out by the gate, and soon having reached the Cours, trotted quietly beneath the elm-trees. The coachman wiped his brow, put his leather hat between his knees, and drove his carriage beyond the side alley by the meadow to the margin of the waters.

It went along by the river, along the towing-path paved with sharp pebbles, and for a long while in the direction of Oyssel, beyond the isles.

But suddenly it turned with a dash across Quatremares, Sotteville, La Grande-Chaussee, the Rue d’Elbeuf, and made its third halt in front of the Jardin des Plantes.

“Get on, will you?” cried the voice more furiously.

And at once resuming its course, it passed by Saint-Sever, by the Quai’des Curandiers, the Quai aux Meules, once more over the bridge, by the Place du Champ de Mars, and behind the hospital gardens, where old men in black coats were walking in the sun along the terrace all green with ivy. It went up the Boulevard Bouvreuil, along the Boulevard Cauchoise, then the whole of Mont-Riboudet to the Deville hills.

It came back; and then, without any fixed plan or direction, wandered about at hazard. The cab was seen at Saint-Pol, at Lescure, at Mont Gargan, at La Rougue-Marc and Place du Gaillardbois; in the Rue Maladrerie, Rue Dinanderie, before Saint-Romain, Saint-Vivien, Saint-Maclou, Saint-Nicaise — in front of the Customs, at the “Vieille Tour,” the “Trois Pipes,” and the Monumental Cemetery. From time to time the coachman, on his box cast despairing eyes at the public-houses. He could not understand what furious desire for locomotion urged these individuals never to wish to stop. He tried to now and then, and at once exclamations of anger burst forth behind him. Then he lashed his perspiring jades afresh, but indifferent to their jolting, running up against things here and there, not caring if he did, demoralised, and almost weeping with thirst, fatigue, and depression.

And on the harbour, in the midst of the drays and casks, and in the streets, at the corners, the good folk opened large wonder-stricken eyes at this sight, so extraordinary in the provinces, a cab with blinds drawn, and which appeared thus constantly shut more closely than a tomb, and tossing about like a vessel.

Once in the middle of the day, in the open country, just as the sun beat most fiercely against the old plated lanterns, a bared hand passed beneath the small blinds of yellow canvas, and threw out some scraps of paper that scattered in the wind, and farther off lighted like white butterflies on a field of red clover all in bloom.

At about six o’clock the carriage stopped in a back street of the Beauvoisine Quarter, and a woman got out, who walked with her veil down, and without turning her head.

Drittes Buch

Erstes Kapitel

Leo hatte während seiner Pariser Studienzeit die Ballsäle fleißig besucht und daselbst recht hübsche Erfolge bei den Grisetten gehabt. Sie hatten gefunden, er sähe sehr schick aus. Übrigens war er der mäßigste Student. Er trug das Haar weder zu kurz noch zu lang, verjuchheite nicht gleich am Ersten des Monats sein ganzes Geld und stand sich mit seinen Professoren vortrefflich. Von wirklichen Ausschweifungen hatte er sich allezeit fern gehalten, aus Ängstlichkeit und weil ihm das wüste Leben zu grob war.

Oft, wenn er des Abends in seinem Zimmer las oder unter den Linden des Luxemburggartens saß, glitt ihm sein Code-Napoléon aus den Händen. Dann kam ihm Emma in den Sinn. Aber allmählich verblaßte diese Erinnerung, und allerlei Liebeleien überwucherten sie, ohne sie freilich ganz zu ersticken. Denn er hatte noch nicht alle Hoffnung verloren, und ein vages Versprechen winkte ihm in der Zukunft wie eine goldne Frucht an einem Wunderbaume.

Als er sie jetzt nach dreijähriger Trennung wiedersah, erwachte seine alte Leidenschaft wieder. Er sagte sich, jetzt gälte es, sich fest zu entschließen, wenn er sie besitzen wollte. Seine ehemalige Schüchternheit hatte er übrigens im Verkehr mit leichtfertiger Gesellschaft abgelegt. Er war in die Provinz zurückgekehrt mit einer gewissen Verachtung aller derer, die nicht schon ein paar Lackschuhe auf dem Asphalt der Großstadt abgetreten hatten. Vor einer Pariserin in Spitzen, im Salon eines berühmten Professors mit Orden und Equipage, hätte der arme Adjunkt sicherlich gezittert wie ein Kind, hier aber, in Rouen, am Hafen, vor der Frau dieses kleinen Landarztes, da fühlte er sich überlegen und eines leichten Sieges gewiß. Sicheres Auftreten hängt von der Umgebung ab. Im ersten Stock spricht man anders als im vierten, und es ist beinahe, als seien die Banknoten einer reichen Frau ihr Tugendwächter. Sie trägt sie alle mit sich wie ein Panzerhemd unter ihrem Korsett.

Nachdem sich Leo von Herrn und Frau Bovary verabschiedet hatte, war er aus einiger Entfernung den beiden durch die Straßen gefolgt, bis er sie im „Roten Kreuz“ verschwinden sah. Dann machte er kehrt und grübelte die ganze Nacht hindurch über einen Kriegsplan.

Am andern Tag nachmittags gegen fünf Uhr betrat er den Gasthof mit beklommener Kehle, blassen Wangen und dem festen Entschluß, vor nichts zurückzuscheuen.

„Der Herr Doktor ist schon wieder abgereist!“ vermeldete ihm ein Kellner.

Leo faßte das als gutes Vorzeichen auf. Er stieg hinauf.

Emma war offenbar gar nicht aufgeregt, als er eintrat. Sie bat ihn kühl um Entschuldigung, daß sie gestern vergessen habe, ihm mitzuteilen, in welchem Gasthofe sie abgestiegen seien.

„O, das habe ich erraten“, sagte Leo.

„Wieso?“

Er behauptete, das gute Glück, eine innere Stimme habe ihn hierher geleitet.

Sie lächelte; und um seine Albernheit wieder gutzumachen, log er nunmehr, er habe den ganzen Morgen damit zugebracht, in allen Gasthöfen nach ihnen zu fragen.

„Sie haben sich also entschlossen zu bleiben?“ fügte er hinzu.

„Ja,“ gab sie zur Antwort, „aber ich hätte es lieber nicht tun sollen. Man darf sich nicht an unpraktische Vergnügungen gewöhnen, wenn man zu Hause tausend Pflichten hat ...“

„Ja, das kann ich mir denken ...“

„Nein, das können Sie nicht. Das kann nur eine Frau.“

Er meinte, die Männer hätten auch ihr Kreuz, und nach einer philosophischen Einleitung begann die eigentliche Unterhaltung. Emma beklagte die Armseligkeit der irdischen Freuden und die ewige Einsamkeit, in die das Menschenherz verbannt sei.

Um sich Ansehen zu geben, oder vielleicht auch in unwillkürlicher Nachahmung ihrer Melancholie, die ihn angesteckt hatte, behauptete der junge Mann, er hätte sich während seiner ganzen Studienzeit ungeheuerlich gelangweilt. Die Juristerei sei ihm gräßlich zuwider. Andere Berufsarten lockten ihn stark, aber seine Mutter quäle ihn in jedem ihrer Briefe. Mehr und mehr schilderten sie sich die Gründe ihres Leids, und je eifriger sie sprachen, um so stärker packte sie die wachsende Vertraulichkeit. Aber ganz offen waren sie alle beide nicht; sie suchten nach Worten, mit denen sie die nackte Wahrheit umschreiben könnten. Emma verheimlichte es, daß sie inzwischen einen andern geliebt, und er gestand nicht, daß er sie vergessen hatte. Vielleicht dachte er auch wirklich nicht mehr an die Soupers nach den Maskenbällen, und sie erinnerte sich nicht ihrer Morgengänge, wie sie durch die Wiesen nach dem Rittergute zu dem Geliebten gegangen war. Der Straßenlärm hallte nur schwach zu ihnen herauf, und die Enge des Zimmers schien ihr Alleinsein noch traulicher zu machen. Emma trug ein Morgenkleid aus leichtem Stoff; sie lehnte ihren Kopf gegen den Rücken des alten Lehnstuhls, in dem sie saß. Hinter ihr die gelbe Tapete umgab sie wie mit Goldgrund, und ihr bloßer Kopf mit dem schimmernden Scheitel, der ihre Ohren beinahe ganz verdeckte, wiederholte sich wie ein Gemälde im Spiegel.

„Ach, verzeihen Sie!“ sagte sie. „Es ist unrecht von mir, Sie mit meinen ewigen Klagen zu langweilen.“

„Keineswegs!“

„Wenn Sie wüßten,“ fuhr sie fort und schlug ihre schönen Augen, aus denen Tränen rollten, zur Decke empor, „was ich mir alles erträumt habe!“

„Und ich erst! Ach, ich habe so sehr gelitten! Oft bin ich ausgegangen, still für mich hin, und hab mich die Kais entlang geschleppt, nur um mich im Getriebe der Menge zu zerstreuen und die trüben Gedanken loszubekommen, die mich in einem fort verfolgten. In einem Schaufenster eines Kunsthändlers auf dem Boulevard habe ich einmal einen italienischen Kupferstich gesehen, der eine Muse darstellt. Sie trägt eine Tunika, einen Vergißmeinnichtkranz im offnen Haar und blickt zum Mond empor. Irgend etwas trieb mich immer wieder dorthin. Oft hab ich stundenlang davor gestanden ...“ Und mit zitternder Stimme fügte er hinzu: „Sie sah Ihnen ein wenig ähnlich.“

Frau Bovary wandte sich ab, damit er das Lächeln um ihre Lippen nicht bemerke, das sie nicht unterdrücken konnte.

„Und wie oft“, fuhr er fort, „habe ich an Sie Briefe geschrieben und hinterher wieder zerrissen.“

Sie antwortete nicht.

„Manchmal bildete ich mir ein, irgendein Zufall müsse Sie mir wieder in den Weg führen. Oft war es mir, als ob ich Sie an der nächsten Straßenecke treffen sollte. Ich bin hinter Droschken hergelaufen, aus denen ein Schal oder ein Schleier flatterte, wie Sie welche zu tragen pflegen ...“

Sie schien sich vorgenommen zu haben, ihn ohne Unterbrechung reden zu lassen. Sie hatte die Arme gekreuzt und betrachtete gesenkten Hauptes die Rosetten ihrer Hausschuhe, auf deren Atlas die kleinen Bewegungen sichtbar wurden, die sie ab und zu mit den Zehen machte.

Endlich sagte sie mit einem Seufzer:

„Ist es nicht das Allertraurigste, ein unnützes Leben so wie ich führen zu müssen? Wenn unsere Schmerzen wenigstens jemandem nützlich wären, dann könnte man sich doch in dem Bewußtsein trösten, sich für etwas zu opfern.“

Er pries die Tugend, die Pflicht und das stumme Sichaufopfern. Er selbst verspüre eine unglaubliche Sehnsucht, ganz in etwas aufzugehen, die er nicht befriedigen könne.

„Ich möchte am liebsten Krankenschwester sein“, behauptete sie.

„Ach ja!“ erwiderte er. „Aber für uns Männer gibt es keinen solchen barmherzigen Beruf. Ich wüßte keine Beschäftigung ... es sei denn vielleicht die des Arztes ...“

Emma unterbrach ihn mit einem leichten Achselzucken und begann von ihrer Krankheit zu sprechen, an der sie beinah gestorben wäre. Wie schade! meinte sie, dann brauche sie jetzt nicht mehr zu leiden. Sofort schwärmte Leo für die „Ruhe im Grabe“. Ja, er hätte sogar eines Abends sein Testament niedergeschrieben und darin bestimmt, daß man ihm in den Sarg die schöne Decke mit der Seidenstickerei legen solle, die er von ihr geschenkt bekommen hatte. Nach dem, wie alles hätte sein können, also nach einem imaginären Zustand, änderten sie jetzt in der Erzählung ihre Vergangenheit. Ist doch die Sprache immer ein Walzwerk, das die Gefühle breitdrückt.

Bei dem Märchen von der Reisedecke fragte sie:

„Warum denn?“

„Warum?“ Er zögerte. „Weil ich Sie so zärtlich geliebt habe!“

Froh, die größte Schwierigkeit überwunden zu haben, beobachtete Leo Emmas Gesicht von der Seite. Es leuchtete wie der Himmel, wenn der Wind plötzlich eine Wolkenschicht, die darüber war, zerreißt. Die vielen traurigen Gedanken, die es verdunkelt hatten, waren aus ihren Augen wie weggeweht.

Er wartete. Endlich sagte sie:

„Ich hab es immer geahnt ...“

Nun begannen sie von den kleinen Begebnissen jener fernen Tage einander zu erzählen, von allem Freud und Leid, das sie soeben in ein einziges Wort zusammengefaßt hatten. Er erinnerte sich der Wiege aus Tannenholz, ihrer Kleider, der Möbel in ihrem Zimmer, ihres ganzen Hauses.

„Und unsere armen Kakteen, was machen die?“

„Sie sind letzten Winter alle erfroren!“

„Ach, wie oft hab ich an sie zurückgedacht. Das glauben Sie mir gar nicht! Wie oft hab ich sie vor mir gesehen, wie damals im Sommer, wenn die Morgensonne auf Ihre Jalousien schien ... und Sie mit bloßen Armen Ihre Blumen begossen ...“

„Armer Freund!“ sagte sie und reichte ihm ihre Hand.

Leo beeilte sich, seine Lippen darauf zu pressen. Dann seufzte er tief auf und sagte:

„Damals übten Sie einen geheimnisvollen Zauber auf mich aus. Ich war ganz in Ihrem Banne. Einmal zum Beispiel kam ich zu Ihnen ... aber Sie werden sich wohl nicht mehr daran erinnern?“

„Doch, fahren Sie nur fort!“

„Sie standen unten in der Hausflur, wo die Treppe aufhört, gerade im Begriff auszugehen. Sie hatten einen Hut mit kleinen blauen Blumen auf. Ohne daß Sie mich dazu aufgefordert hatten, begleitete ich Sie. Ich konnte nicht anders. Aber mir jeder Minute trat es mir klarer ins Bewußtsein, wie ungezogen das von mir war. Ängstlich und unsicher ging ich neben Ihnen her und brachte es doch nicht über mich, mich von Ihnen zu trennen. Wenn Sie in einen Laden traten, wartete ich draußen auf der Straße und sah Ihnen durch das Schaufenster zu, wie Sie die Handschuhe abstreiften und das Geld auf den Ladentisch legten. Zuletzt klingelten Sie bei Frau Tüvache; man öffnete Ihnen, und ich stand wie ein begossener Pudel vor der mächtigen Haustüre, die hinter Ihnen ins Schloß gefallen war.“

Frau Bovary hörte ihm zu, ganz verwundert. Wie lange war das schon her! Alle diese Dinge, die aus der Vergessenheit heraufstiegen, erweckten in ihr das Gefühl, eine alte Frau zu sein. Unendlich viele innere Erlebnisse lagen dazwischen. Ab und zu sagte sie mit leiser Stimme und halbgeschlossenen Lidern:

„Ja ... So war es ... So war es ... So war es!“

Von den verschiedenen Uhren der Stadt schlug es acht, von den Uhren der Schulen, Kirchen und verlassenen Paläste. Sie sprachen nicht mehr, aber sie sahen einander an und spürten dabei ein Brausen in ihren Köpfen, und jeder hatte das Gefühl, dieses Rauschen ströme aus den starren Augensternen des anderen. Ihre Hände hatten sich gefunden, und Vergangenheit und Zukunft, Erinnerung und Träume, alles ward eins mir der zärtlichen Wonne des Augenblicks. Die Dämmerung dichtete sich an den Wänden, und halb im Dunkel verloren, schimmerten nur noch die grellen Farbenflecke von vier dahängenden Buntdrucken. Durch das oben offene Fenster erblickte man zwischen spitzen Dachgiebeln ein Stück des schwarzen Himmels.

Emma erhob sich, um die Kerzen in den beiden Leuchtern auf der Kommode anzuzünden. Dann setzte sie sich wieder.

„Was ich sagen wollte ...“, begann Leo von neuem.

„Was war es?“

Er suchte nach Worten, um die unterbrochene Unterhaltung wieder anzuknüpfen, da fragte sie ihn:

„Wie kommt es, daß mir noch niemand solche innere Erlebnisse anvertraut hat?“

Leo erwiderte, ideale Naturen fänden selten Wahlverwandte. Er habe sie vorn ersten Augenblicke an geliebt, und der Gedanke bringe ihn zur Verzweiflung, daß sie miteinander für immerdar verbunden worden wären, wenn ein guter Stern sie früher zusammengeführt hätte.

„Ich habe manchmal dasselbe gedacht“, sagte sie.

„Welch ein schöner Traum!“ murmelte Leo. Und während er mit der Hand über den blauen Saum der Schleife ihres weißen Gürtels hinstrich, fügte er hinzu: „Aber was hindert uns denn, von vorn anzufangen?“

„Nein, mein Freund“, erwiderte sie. „Dazu bin ich zu alt ... und Sie zu jung ... Vergessen Sie mich! Andre werden Sie lieben ... und Sie werden sie wieder lieben!“

„Nicht so, wie ich Sie liebe!“

„Sie sind ein Kind! Seien Sie vernünftig. Ich will es!“

Sie setzte ihm auseinander, daß Liebe zwischen ihnen ein Ding der Unmöglichkeit sei und daß sie sich nur wie Schwester und Bruder lieben könnten, wie ehemals.

Ob sie das wirklich im Ernst sagte, das wußte sie selbst nicht. Sie fühlte nur, wie sie der Verführung zu unterliegen drohte und daß sie dagegen ankämpfen müsse. Sie sah Leo zärtlich an und stieß sanft seine zitternden Hände zurück, die sie schüchtern zu liebkosen versuchten.

„Seien Sie mir nicht bös!“ sagte er und wich zurück.

Emma empfand eine unbestimmte Furcht vor seiner Zaghaftigkeit, die ihr viel gefährlicher war als die Kühnheit Rudolfs, wenn er mit ausgebreiteten Armen auf sie zugekommen war. Niemals war ihr ein Mann so schön erschienen. In seinem Wesen lag eine köstliche Keuschheit. Seine Augen mit den langen, feinen, ein wenig aufwärtsgebogenen Wimpern waren halb geschlossen. Die zarte Haut seiner Wangen war rot geworden, aus Verlangen nach ihr, wie sie glaubte, und sie vermochte dem Drange kaum zu widerstehen, sie mit ihren Lippen zu berühren. Da fiel ihr Blick auf die Wanduhr.

„Mein Gott, wie spät es schon ist!“ rief sie aus. „Wir haben uns verplaudert!“

Er verstand den Wink und suchte nach seinem Hut.

„Das Theater habe ich ganz vergessen“, fuhr Emma fort. „Und mein armer Mann hat mich doch deshalb nur hiergelassen. Herr und Frau Lormeaux aus der Großenbrückenstraße wollten mich begleiten ...“

Schade! Denn morgen müsse sie wieder zu Hause sein.

„So?“ fragte Leo.

„Gewiß!“

„Aber ich muß Sie noch einmal sehen. Ich hab Ihnen noch etwas zu sagen!“

„Was denn?“

„Etwas ... Wichtiges, Ernstes! Ach, Sie dürfen noch nicht heimfahren! Nein! Das ist unmöglich! Wenn Sie wüßten ... Hören Sie mich doch an ... Sie haben mich doch verstanden? Ahnen Sie denn nicht ...“

„Sie haben es doch ziemlich deutlich gesagt!“

„Ach, scherzen Sie nicht! Das ertrag ich nicht! Haben Sie Mitleid mit mir! Ich möchte Sie noch einmal sehen ... einmal ... ein einziges ...“

„Es sei!“ Sie hielt inne. Dann aber, als besänne sie sich anders, sagte sie: „Aber nicht hier!“

„Wo Sie wollen!“

Sie dachte bei sich nach, dann sagte sie kurz:

„Morgen um elf in der Kathedrale!“

„Ich werde dort sein“, rief er aus und griff hastig nach ihren Händen. Sie entzog sie ihm.

Und wie sie beide aufrecht dastanden, sie mit gesenktem Kopf vor ihm, da beugte er sich über sie und drückte einen langen Kuß auf ihren Nacken.

„Sie sind toll! Ach, Sie sind toll!“ rief sie und lachte mit einem eigentümlichen tiefen Klange leise auf, während er ihren Hals immer noch mehr mit Küssen bedeckte. Dann beugte er den Kopf über ihre Schulter, als wolle er in den Augen ihre Zustimmung suchen. Da traf ihn ein eisiger stolzer Blick.

Er trat drei Schritte zurück, der Türe zu. Auf der Schwelle blieb er stehen und stammelte mit zitternder Stimme:

„Auf Wiedersehn morgen!“

Sie nickte und verschwand, leise wie ein Vogel, im Nebenzimmer.

Am Abend schrieb sie Leo einen endlosen Brief, in dem sie die Verabredung zurücknahm. Es sei alles aus, und es wäre zum Wohle beider, wenn sie sich nicht wiedersähen. Aber als der Brief fertig war, fiel ihr ein, daß sie doch seine Adresse gar nicht wußte. Was sollte sie tun?

„Ich werde ihm den Brief selbst geben,“ sagte sie sich, „morgen, wenn er kommt.“

Am andern Morgen stand Leo schon früh in der offnen Balkontüre, reinigte sich eigenhändig seine Schuhe und sang leise vor sich hin. Er machte es sehr sorgfältig. Dann zog er ein weißes Beinkleid an, elegante Strümpfe, einen grünen Rock, und schüttete seinen ganzen Vorrat von Parfüm in sein Taschentuch. Er ging zum Coiffeur, zerstörte sich aber hinterher die Frisur ein wenig, weil sein Haar nicht unnatürlich aussehen sollte.

„Es ist noch zu zeitig“, sagte er, als er auf der Kuckucksuhr des Friseurs sah, daß es noch nicht neun Uhr war.

Er blätterte in einem alten Modejournal, dann verließ er den Laden, zündete sich eine Zigarre an, schlenderte durch drei Straßen, und als er dachte, es sei Zeit, ging er langsam zum Notre-Dame-Platze.

Es war ein prächtiger Sommermorgen. In den Schaufenstern der Juweliere glitzerten die Silberwaren, und das Licht, das schräg auf die Kathedrale fiel, flimmerte auf den Bruchflächen der grauen Quadersteine. Ein Schwarm Vögel flatterte im Blau des Himmels um die Kreuzblumen der Türme. Über den lärmigen Platz wehte Blumenduft aus den Anlagen her, wo Jasmin, Nelken, Narzissen und Tuberosen blühten, von saftigen Grasflächen umrahmt und von Beeren tragenden Büschen für die Vögel. In der Mitte plätscherte ein Springbrunnen, und zwischen Pyramiden von Melonen saßen Hökerinnen, barhäuptig unter ungeheuren Schirmen, und banden kleine Veilchensträuße.

Leo kaufte einen. Es war das erstemal, daß er Blumen für eine Frau kaufte; und das Herz schlug ihm höher, wie er den Duft der Veilchen einatmete, als ob diese Huldigung, die er Emma darbringen wollte, ihm selber gölte. Er fürchtete, beobachtet zu werden, und rasch trat er in die Kirche.

Auf der Schwelle der linken Türe des Hauptportals unter der ‚Tanzenden Salome‘ stand der Schweizer, den Federhut auf dem Kopf, den Degen an der Seite, den Stock in der Faust, würdevoller als ein Kardinal und goldstrotzend wie ein Hostienkelch. Er trat Leo in den Weg und fragte mit jenem süßlich-gütigen Lächeln, das Geistliche anzunehmen pflegen, wenn sie mit Kindern reden:

„Der Herr ist gewiß nicht von hier? Will der Herr die Sehenswürdigkeiten der Kathedrale besichtigen?“

„Nein!“

Leo machte zunächst einen Rundgang durch die beiden Seitenschiffe und kam zum Hauptportal zurück. Emma war noch nicht da. Er ging abermals bis zum Chor.

Teile des Maßwerks und der bunten Fenster spiegelten sich in den gefüllten Weihwasserbecken. Das durch die Glasmalerei einfallende Licht brach sich an den marmornen Kanten und breitete bunte Teppichstücke über die Fliesen. Durch die drei geöffneten Türen des Hauptportals flutete das Tageslicht in drei mächtigen Lichtströmen in die Innenräume. Dann und wann ging ein Sakristan hinten am Hochaltar vorüber und machte vor dem Heiligtum die übliche Kniebeugung der eiligen Frommen. Die kristallenen Kronleuchter hingen unbeweglich herab. Im Chor brannte eine silberne Lampe. Aus den Seitenkapellen, aus den in Dunkel gehüllten Teilen der Kirche vernahm man zuweilen Schluchzen oder das Klirren einer zugeschlagenen Gittertür, Geräusche, die in den hohen Gewölben widerhallten.

Leo ging gemessenen Schrittes hin. Niemals war ihm das Leben so schön erschienen. Nun mußte sie bald kommen, reizend, erregt und stolz auf die Blicke, die ihr folgten, in ihrem volantbesetzten Kleid, mit ihrem goldnen Lorgnon, ihren zierlichen Stiefeletten, in all der Eleganz, die er noch nie gekostet hatte, und all dem unbeschreiblich Verführerischen einer unterliegenden Tugend. Und um sie die Kirche, gleichsam ein ungeheures Boudoir. Die Pfeiler neigten sich, um die im Dunkel geflüsterte Beichte ihrer Liebe entgegenzunehmen. Die farbigen Fenster leuchteten, ihr schönes Gesicht zu verklären, und aus den Weihrauchgefäßen wirbelten die Dämpfe, damit sie wie ein Engel in einer Wolke von Wohlgerüchen erscheine.

Aber sie kam nicht. Er setzte sich in einen der hohen Stühle, und seine Blicke fielen auf ein blaues Fenster, auf das Fischer mit Körben gemalt waren. Er betrachtete das Bild aufmerksam, zählte die Schuppen der Fische und die Knopflöcher an den Wämsen, während seine Gedanken auf der Suche nach Emma in die Weite irrten ...

Der Schweizer ärgerte sich im stillen über den Menschen, der sich erlaubte, die Kathedrale allein zu bewundern. Er fand sein Benehmen unerhört. Man bestahl ihn gewissermaßen und beging geradezu eine Tempelschändung.

Da raschelte Seide über die Fliesen. Der Rand eines Hutes tauchte auf, eine schwarze Mantille. Sie war es. Leo eilte ihr entgegen.

Sie war blaß und kam mit schnellen Schritten auf ihn zu.

„Lesen Sie das!“ sagte sie und hielt ihm ein Briefchen hin. „Nicht doch!“

Sie riß ihre Hand aus der seinen und eilte nach der Kapelle der Madonna, wo sie in einem Betstuhle zum Gebet niederkniete.

Leo war über diesen Anfall von Bigotterie zuerst empört, dann fand er einen eigentümlichen Reiz darin, sie während eines Stelldicheins in Gebete vertieft zu sehen wie eine andalusische Marquise, schließlich aber, als sie gar nicht aufhören wollte, langweilte er sich.

Emma betete, oder vielmehr sie zwang sich zum Beten in der Hoffnung, daß der Himmel sie mit einer plötzlichen Eingebung begnaden würde. Um diese Hilfe des Himmels herabzuschwören, starrte sie auf den Glanz des Tabernakels, atmete sie den Duft der weißen Blumen in den großen Vasen, lauschte sie auf die tiefe Stille der Kirche, die ihre innere Aufregung nur noch steigerte.

Sie erhob sich und wandte sich dem Ausgang zu. Da trat der Schweizer rasch auf sie zu:

„Gnädige Frau sind gewiß hier fremd? Wollen Sie sich die Sehenswürdigkeiten der Kirche ansehen?“

„Aber nein!“ rief der Adjunkt aus.

„Warum nicht?“ erwiderte sie. Ihre wankende Tugend klammerte sich an die Madonna, an die Bildsäulen, die Grabmäler, an jeden Vorwand.

Programmgemäß führte sie der Schweizer nach dem Hauptportal zurück und zeigte ihnen mit seinem Stock einen großen Kreis von schwarzen Steinchen ohne irgendwelche Beigabe noch Inschrift.

„Das hier“, sagte er salbungsvoll, „ist der Umfang der berühmten Glocke des Amboise. Sie wog vierzigtausend Pfund und hatte ihresgleichen nicht in Europa. Der Meister, der sie gegossen, ist vor Freude gestorben ...“

„Weiter!“ drängte Leo.

Der Biedermann setzte sich in Bewegung. Vor der Kapelle der Madonna blieb er stehen, machte eine Schulmeisterbewegung mit dem Arm und wies mit dem Stolze eines Landmannes, der seine Saaten zeigt, auf eine Grabplatte.

„Hier unter diesem sichren Stein ruht Peter von Brézé, Edler Herr von Varenne und Brissac, Großseneschall von Poitou und Verweser der Normandie, gefallen in der Schlacht bei Montlhéry am 16. Juli 1465.“

Leo biß sich in die Lippen und trat vor Ungeduld von einem Fuße auf den andern.

„Und hier rechts, dieser Ritter im Harnisch auf dem steigenden Rosse, ist sein Enkel Ludwig von Brézé, Edler Herr von Breval und Montchauvet, Graf von Maulevrier, Baron von Mauny, Kammerherr des Königs, Ordensritter und ebenfalls Verweser der Normandie, gestorben am 23. Juli 1531, an einem Sonntag, wie die Inschrift besagt. Und dieser Mann hier unten, der eben ins Grab steigen will, zeigt ihn ebenfalls. Eine unübertreffliche Darstellung der irdischen Vergänglichkeit!“

Frau Bovary nahm ihr Lorgnon. Leo stand unbeweglich dabei und sah sie an. Er wagte weder ein Wort zu sprechen noch eine Geste zu machen. So sehr entmutigte ihn das langweilige Geschwätz auf der einen und die Gleichgültigkeit auf der andern Seite.

Der unermüdliche Cicerone fuhr fort:

„Hier diese Frau, die weinend neben ihm kniet, ist seine Gemahlin Diana von Poitiers, Gräfin von Brézé, Herzogin von Valentinois, geboren 1499, gestorben Anno 1566. Und hier links die weibliche Gestalt mit dem Kind auf dem Arm ist die heilige Jungfrau. Jetzt bitte ich die Herrschaften hierher zu sehen. Hier sind die Grabmäler derer von Amboise! Sie waren beide Kardinäle und Erzbischöfe von Rouen. Dieser hier war Minister König Ludwigs des Zwölften. Die Kathedrale hat ihm sehr viel zu verdanken. In seinem Testament vermachte er den Armen dreißigtausend Taler in Gold.“

Ohne stehen zu bleiben und fortwährend redend, drängte er die beiden in eine Kapelle, die durch ein Geländer abgesperrt war. Er öffnete es und zeigte auf einen Stein in der Mauer, der einmal eine schlechte Statue gewesen sein konnte.

„Dieser Stein zierte dereinst“, sagte er mit einem tiefen Seufzer, „das Grab von Richard Löwenherz, König von England und Herzog von der Normandie. Die Kalvinisten haben ihn so zugerichtet, meine Herrschaften. Sie haben ihn aus Bosheit hier eingesetzt. Hier sehen Sie auch die Tür, durch die sich Seine Eminenz in die Wohnung begibt. Jetzt kommen wir zu den berühmten Kirchenfenstern von Lagargouille!“

Da drückte ihm Leo hastig ein großes Silberstück in die Hand und nahm Emmas Arm. Der Schweizer war ganz verblüfft über die Freigebigkeit des Fremden, der noch lange nicht alle Sehenswürdigkeiten gesehen hatte. Er rief ihm nach:

„Meine Herrschaften, der Turm, der Turm!“

„Danke!“ erwiderte Leo.

„Er ist wirklich sehenswert, meine Herrschaften! Er mißt vierhundertvierzig Fuß, nur neun weniger als die größte ägyptische Pyramide, und ist vollständig aus Eisen ...“

Leo eilte weiter. Seine Liebe war seit zwei Stunden stumm wie die Steine der Kathedrale. Er hatte keine Lust, sie nun auch noch durch den grotesken käfigartigen Schornstein zwängen zu lassen, den ein überspannter Eisengießer keck auf die Kirche gesetzt hatte. Das wäre ihr Tod gewesen.

„Wohin gehen wir nun?“ fragte Emma.

Ohne zu antworten, lief er rasch weiter, und Frau Bovary tauchte schon ihren Finger in das Weihwasserbecken am Ausgang, als sie plötzlich hinter sich ein Schnaufen und das regelmäßige Aufklopfen eines Stockes hörten. Leo wandte sich um.

„Meine Herrschaften!“

„Was gibts?“

Es war wieder der Schweizer, der ein paar Dutzend dicke ungebundene Bücher, mit seinem linken Arme gegen den Bauch gedrückt, trug. Es war die Literatur über die Kathedrale.

„Troddel!“ murmelte Leo und stürzte aus der Kirche.

Ein Junge spielte auf dem Vorplatz.

„Hol uns eine Droschke!“

Der Knabe rannte über den Platz, während sie ein paar Minuten allein dastanden. Sie sahen einander an und waren ein wenig verlegen.

„Leo ... wirklich ... ich weiß nicht ... ob ich darf!“ Es klang wie Koketterie. In ernstem Tone setzte sie hinzu: „Es ist sehr unschicklich, wissen Sie das?“

„Wieso?“ erwiderte der Adjunkt. „In Paris macht mans so!“

Dieses eine Wort bestimmte sie wie ein unumstößliches Argument. Aber der Wagen kam nicht. Leo fürchtete schon, sie könne wieder in die Kirche gehen. Endlich erschien die Droschke.

„Fahren Sie wenigstens noch ans Nordportal!“ rief ihnen der Schweizer nach. „Und sehen Sie sich ‚Die Auferstehung‘, das ‚Jüngste Gericht‘, den ‚König David‘ und ‚Die Verdammten in der Hölle‘ an!“

„Wohin wollen die Herrschaften?“ fragte der Kutscher.

„Fahren Sie irgendwohin!“ befahl Leo und schob Emma in den Wagen.

Das schwerfällige Gefährt setzte sich in Bewegung.

Der Kutscher fuhr durch die Großebrückenstraße, über den Platz der Künste, den Kai Napoleon hinunter, über die Neue Brücke und machte vor dem Denkmal Corneilles Halt.

„Weiter fahren!“ rief eine Stimme aus dem Inneren.

Der Wagen fuhr weiter, rasselte den Abhang zum Lafayette-Platz hinunter und bog dann schneller werdend nach dem Bahnhof ab.

„Nein, geradeaus!“ rief dieselbe Stimme.

Der Wagen machte kehrt und fuhr nun, auf dem Ring angelangt, in gemächlichem Trabe zwischen den alten Ulmen hin. Der Kutscher trocknete sich den Schweiß von der Stirn, nahm seinen Lederhut zwischen die Beine und lenkte sein Gefährt durch eine Seitenallee dem Seine-Ufer zu, bis an die Wiesen. Dann fuhr er den Schifferweg hin, am Strom entlang, über schlechtes Pflaster, nach Oyssel zu, über die Inseln hinaus.

Auf einmal fuhr er wieder flotter, durch Quatremares, Sotteville, die große Chaussee hin, durch die Elbeuferstraße und machte zum drittenmal Halt vor dem Botanischen Garten.

„So fahren Sie doch weiter!“ rief die Stimme, diesmal wütend. Alsobald nahm der Wagen seine Fahrt wieder auf, fuhr durch Sankt Sever über das Bleicher-Ufer und Mühlstein-Ufer, wiederum über die Brücke, über den Exerzierplatz, hinten um den Spitalgarten herum, wo Greise in schwarzen Kitteln auf der von Schlingpflanzen überwachsenen Terrasse in der Sonne spazieren gingen. Dann führte die Fahrt zum Boulevard Bouvreuil hinauf, nach dem Causer Boulevard und dann den ganzen Riboudet-Berg hinan bis zur Deviller Höhe.

Wiederum ward kehrt gemacht, und nun begann eine Kreuz- und Querfahrt ohne Ziel und Plan durch die Straßen und Gassen, über die Plätze und Märkte, an den Kirchen und öffentlichen Gebäuden und am Hauptfriedhof vorüber.

Hin und wieder warf der Kutscher einen verzweifelten Blick vom Bock herab nach den Kneipen. Er begriff nicht, welche Bewegungswut in seinen Fahrgästen steckte, so daß sie nirgends Halt machen wollten. Er versuchte es ein paarmal, aber jedesmal erhob sich hinter ihm ein zorniger Ruf. Von neuem trieb er seine warmgewordenen Pferde an und fuhr wieder weiter, unbekümmert, ob er hier und dort anrannte, ganz außer Fassung und dem Weinen nahe vor Durst, Erschlaffung und Traurigkeit.

Am Hafen, zwischen den Karren und Fässern, in den Strassen und an den Ecken machten die Bürger große Augen ob dieses in der Provinz ungewohnten Anblicks: ein Wagen mir herabgelassenen Vorhängen, der immer wieder auftauchte, bald da, bald dort, immer verschlossen wie ein Grab.

Einmal nur, im Freien, um die Mittagsstunde, als die Sonne am heißesten auf die alten versilberten Laternen brannte, langte eine bloße Hand unter den gelben Fenstervorhang heraus und streute eine Menge Papierschnitzel hinaus, die im Winde flatterten wie weiße Schmetterlinge und auf ein Kleefeld niederfielen.

Gegen sechs Uhr abends hielt die Droschke in einem Gäßchen der Vorstadt Beauvoisine. Eine dichtverschleierte Dame stieg heraus und ging, ohne sich umzusehen, weiter.