Madame Bovary | 20 | Il avait lu dernièrement/ He had recently read / Homais hatte letzthin

 

XI

Il avait lu dernièrement l’éloge d’une nouvelle méthode pour la cure des pieds-bots ; et comme il était partisan du progrès, il conçut cette idée patriotique que Yonville, pour se mettre au niveau, devait avoir des opérations de stréphopodie.

— Car, disait-il à Emma, que risque-t-on ? Examinez (et il énumérait, sur ses doigts, les avantages de la tentative) ; succès presque certain, soulagement et embellissement du malade, célébrité vite acquise à l’opérateur. Pourquoi votre mari, par exemple, ne voudrait-il pas débarrasser ce pauvre Hippolyte, du Lion d’or ? Notez qu’il ne manquerait pas de raconter sa guérison à tous les voyageurs, et puis (Homais baissait la voix et regardait autour de lui) qui donc m’empêcherait d’envoyer au journal une petite note là-dessus ? Eh ! mon Dieu ! un article circule…, on en parle…, cela finit par faire la boule de neige ! Et qui sait ? qui sait ?

En effet, Bovary pouvait réussir ; rien n’affirmait à Emma qu’il ne fût pas habile, et quelle satisfaction pour elle que de l’avoir engagé à une démarche d’où sa réputation et sa fortune se trouveraient accrues ? Elle ne demandait qu’à s’appuyer sur quelque chose de plus solide que l’amour.

Charles, sollicité par l’apothicaire et par elle, se laissa convaincre. Il fit venir de Rouen le volume du docteur Duval, et, tous les soirs, se prenant la tête entre les mains, il s’enfonçait dans cette lecture.

Tandis qu’il étudiait les équins, les varus et les valgus, c’est-à-dire la stréphocatopodie, la stréphendopodie et la stréphexopodie (ou, pour parler mieux, les différentes déviations du pied, soit en bas, en dedans ou en dehors), avec la stréphypopodie et la stréphanopodie (autrement dit torsion en dessous et redressement en haut), M. Homais par toute sorte de raisonnements, exhortait le garçon d’auberge à se faire opérer.

— À peine sentiras-tu, peut-être, une légère douleur ; c’est une simple piqûre comme une petite saignée, moins que l’extirpation de certains cors.

Hippolyte, réfléchissant, roulait des yeux stupides.

— Du reste, reprenait le pharmacien, ça ne me regarde pas ! c’est pour toi ! par humanité pure ! Je voudrais te voir, mon ami, débarrassé de ta hideuse claudication, avec ce balancement de la région lombaire, qui, bien que tu prétendes, doit te nuire considérablement dans l’exercice de ton métier.

Alors Homais lui représentait combien il se sentirait ensuite plus gaillard et plus ingambe, et même lui donnait à entendre qu’il s’en trouverait mieux pour plaire aux femmes ; et le valet d’écurie se prenait à sourire lourdement. Puis il l’attaquait par la vanité :

— N’es-tu pas un homme, saprelotte ? Que serait-ce donc, s’il t’avait fallu servir, aller combattre sous les drapeaux ?… Ah ! Hippolyte !

Et Homais s’éloignait, déclarant qu’il ne comprenait pas cet entêtement, cet aveuglement à se refuser aux bienfaits de la science.

Le malheureux céda, car ce fut comme une conjuration. Binet, qui ne se mêlait jamais des affaires d’autrui, Mme Lefrançois, Artémise, les voisins, et jusqu’au maire, M. Tuvache, tout le monde l’engagea, le sermonna, lui faisait honte ; mais ce qui acheva de le décider, c’est que ça ne lui coûterait rien. Bovary se chargeait même de fournir la machine pour l’opération. Emma avait eu l’idée de cette générosité ; et Charles y consentit, se disant au fond du cœur que sa femme était un ange.

Avec les conseils du pharmacien, et en recommençant trois fois, il fit donc construire par le menuisier, aidé du serrurier, une manière de boîte pesant huit livres environ, et où le fer, le bois, la tôle, le cuir, les vis et les écrous ne se trouvaient point épargnés.

Cependant, pour savoir quel tendon couper à Hippolyte, il fallait connaître d’abord quelle espèce de pied-bot il avait.

Il avait un pied faisant avec la jambe une ligne presque droite, ce qui ne l’empêchait pas d’être tourné en dedans, de sorte que c’était un équin mêlé d’un peu de varus, ou bien un léger varus fortement accusé d’équin. Mais, avec cet équin, large en effet comme un pied de cheval, à peau rugueuse, à tendons secs, à gros orteils, et où les ongles noirs figuraient les clous d’un fer, le stréphopode, depuis le matin jusqu’à la nuit, galopait comme un cerf. On le voyait continuellement sur la place, sautiller tout autour des charrettes, en jetant en avant son support inégal. Il semblait même plus vigoureux de cette jambe-là que de l’autre. À force d’avoir servi, elle avait contracté comme des qualités morales de patience et d’énergie, et quand on lui donnait quelque gros ouvrage, il s’écorait dessus, préférablement.

Or, puisque c’était un équin, il fallait couper le tendon d’Achille, quitte à s’en prendre plus tard au muscle tibial antérieur pour se débarrasser du varus ; car le médecin n’osait d’un seul coup risquer deux opérations, et même il tremblait déjà, dans la peur d’attaquer quelque région importante qu’il ne connaissait pas.

Ni Ambroise Paré, appliquant pour la première fois depuis Celse, après quinze siècles d’intervalle, la ligature immédiate d’une artère ; ni Dupuytren allant ouvrir un abcès à travers une couche épaisse d’encéphale ; ni Gensoul, quand il fit la première ablation de maxillaire supérieur, n’avaient certes le cœur si palpitant, la main si frémissante, l’intellect aussi tendu que M. Bovary quand il approcha d’Hippolyte, son ténotome entre les doigts. Et, comme dans les hôpitaux, on voyait à côté, sur une table, un tas de charpie, des fils cirés, beaucoup de bandes, une pyramide de bandes, tout ce qu’il y avait de bandes chez l’apothicaire. C’était M. Homais qui avait organisé dès le matin tous ces préparatifs, autant pour éblouir la multitude que pour s’illusionner lui-même. Charles piqua la peau ; on entendit un craquement sec. Le tendon était coupé, l’opération était finie. Hippolyte n’en revenait pas de surprise ; il se penchait sur les mains de Bovary pour les couvrir de baisers.

— Allons, calme-toi, disait l’apothicaire, tu témoigneras plus tard ta reconnaissance envers ton bienfaiteur !

Et il descendit conter le résultat à cinq ou six curieux qui stationnaient dans la cour, et qui s’imaginaient qu’Hippolyte allait reparaître marchant droit. Puis Charles, ayant bouclé son malade dans le moteur mécanique, s’en retourna chez lui, où Emma, tout anxieuse, l’attendait sur la porte. Elle lui sauta au cou ; ils se mirent à table ; il mangea beaucoup, et même il voulut, au dessert, prendre une tasse de café, débauche qu’il ne se permettait que le dimanche lorsqu’il y avait du monde.

La soirée fut charmante, pleine de causeries, de rêves en commun. Ils parlèrent de leur fortune future, d’améliorations à introduire dans leur ménage, il voyait sa considération s’étendant, son bien-être s’augmentant, sa femme l’aimant toujours ; et elle se trouvait heureuse de se rafraîchir dans un sentiment nouveau, plus sain, meilleur, enfin d’éprouver quelque tendresse pour ce pauvre garçon qui la chérissait. L’idée de Rodolphe, un moment, lui passa par la tête ; mais ses yeux se reportèrent sur Charles : elle remarqua même avec surprise qu’il n’avait point les dents vilaines.

Ils étaient au lit lorsque M. Homais, malgré la cuisinière, entra tout à coup dans la chambre, en tenant à la main une feuille de papier fraîche écrite. C’était la réclame qu’il destinait au Fanal de Rouen. Il la leur apportait à lire.

— Lisez vous-même, dit Bovary.

Il lut :

— « Malgré les préjugés qui recouvrent encore une partie de la face de l’Europe comme un réseau, la lumière cependant commence à pénétrer dans nos campagnes. C’est ainsi que, mardi, notre petite cité d’Yonville s’est vue le théâtre d’une expérience chirurgicale qui est en même temps un acte de haute philanthropie. M. Bovary, un de nos praticiens les plus distingués… »

— Ah ! c’est trop ! c’est trop ! disait Charles, que l’émotion suffoquait.

— Mais non, pas du tout ! comment donc !… « A opéré d’un pied-bot… » Je n’ai pas mis le terme scientifique, parce que, vous savez, dans un journal…, tout le monde peut-être ne comprendrait pas ; il faut que les masses…

— En effet, dit Bovary. Continuez.

— Je reprends, dit le pharmacien. « M. Bovary, un de nos praticiens les plus distingués, a opéré d’un pied-bot le nommé Hippolyte Tautain, garçon d’écurie depuis vingt-cinq ans à l’hôtel du Lion d’or, tenu par Mme veuve Lefrançois, sur la place d’Armes. La nouveauté de la tentative et l’intérêt qui s’attachait au sujet avaient attiré un tel concours de population, qu’il y avait véritablement encombrement au seuil de l’établissement. L’opération, du reste, s’est pratiquée comme par enchantement, et à peine si quelques gouttes de sang sont venues sur la peau, comme pour dire que le tendon rebelle venait enfin de céder sous les efforts de l’art. Le malade, chose étrange (nous l’affirmons de visu) n’accusa point de douleur. Son état, jusqu’à présent, ne laisse rien à désirer. Tout porte à croire que la convalescence sera courte ; et qui sait même si, à la prochaine fête villageoise, nous ne verrons pas notre brave Hippolyte figurer dans des danses bachiques, au milieu d’un chœur de joyeux drilles, et ainsi prouver à tous les yeux, par sa verve et ses entrechats, sa complète guérison ? Honneur donc aux savants généreux ! honneur à ces esprits infatigables qui consacrent leurs veilles à l’amélioration ou bien au soulagement de leur espèce ! Honneur ! trois fois honneur ! N’est-ce pas le cas de s’écrier que les aveugles verront, les sourds entendront et les boiteux marcheront ! Mais ce que le fanatisme autrefois promettait à ses élus, la science maintenant l’accomplit pour tous les hommes ! Nous tiendrons nos lecteurs au courant des phases successives de cette cure si remarquable. »

Ce qui n’empêcha pas que, cinq jours après, la mère Lefrançois n’arrivât tout effarée en s’écriant :

— Au secours ! il se meurt !… J’en perds la tête !

Charles se précipita vers le Lion d’or, et le pharmacien qui l’aperçut passant sur la place, sans chapeau, abandonna la pharmacie. Il parut lui-même, haletant, rouge, inquiet, et demandant à tous ceux qui montaient l’escalier :

— Qu’a donc notre intéressant stréphopode ?

Il se tordait, le stréphopode, dans des convulsions atroces, si bien que le moteur mécanique où était enfermée sa jambe frappait contre la muraille à la défoncer.

Avec beaucoup de précautions, pour ne pas déranger la position du membre, on retira donc la boîte, et l’on vit un spectacle affreux. Les formes du pied disparaissaient dans une telle bouffissure, que la peau tout entière semblait près de se rompre, et elle était couverte d’ecchymoses occasionnées par la fameuse machine. Hippolyte déjà s’était plaint d’en souffrir ; on n’y avait pris garde ; il fallut reconnaître qu’il n’avait pas eu tort complètement ; et on le laissa libre quelques heures. Mais à peine l’œdème eut-il un peu disparu, que les deux savants jugèrent à propos de rétablir le membre dans l’appareil, et en l’y serrant davantage, pour accélérer les choses. Enfin, trois jours après, Hippolyte n’y pouvant plus tenir, ils retirèrent encore une fois la mécanique, tout en s’étonnant beaucoup du résultat qu’ils aperçurent. Une tuméfaction livide s’étendait sur la jambe, et avec des phlyctènes de place en place, par où suintait un liquide noir. Cela prenait une tournure sérieuse. Hippolyte commençait à s’ennuyer, et la mère Lefrançois l’installa dans la petite salle, près de la cuisine, pour qu’il eût au moins quelque distraction.

Mais le percepteur, qui tous les jours y dînait, se plaignit avec amertume d’un tel voisinage. Alors on transporta Hippolyte dans la salle de billard.

Il était là, geignant sous ses grosses couvertures, pâle, la barbe longue, les yeux caves, et, de temps à autre, tournant sa tête en sueur sur le sale oreiller où s’abattaient les mouches. Mme Bovary le venait voir. Elle lui apportait des linges pour ses cataplasmes, et le consolait, l’encourageait. Du reste, il ne manquait pas de compagnie, les jours de marché surtout, lorsque les paysans autour de lui poussaient les billes du billard, escrimaient avec les queues, fumaient, buvaient, chantaient, braillaient.

— Comment vas-tu ? disaient-ils en lui frappant sur l’épaule. Ah ! tu n’es pas fier, à ce qu’il paraît ! mais c’est ta faute. Il faudrait faire ceci, faire cela.

Et on lui racontait des histoires de gens qui avaient tous été guéris par d’autres remèdes que les siens ; puis, en manière de consolation, ils ajoutaient :

— C’est que tu t’écoutes trop ! lève-toi donc ! tu te dorlotes comme un roi ! Ah ! n’importe, vieux farceur ! tu ne sens pas bon !

La gangrène, en effet, montait de plus en plus. Bovary en était malade lui-même. Il venait à chaque heure, à tout moment. Hippolyte le regardait avec des yeux pleins d’épouvante et balbutiait en sanglotant :

— Quand est-ce que je serai guéri ?… Ah ! sauvez-moi !… Que je suis malheureux ! que je suis malheureux !

Et le médecin s’en allait, toujours en lui recommandant la diète.

— Ne l’écoute point, mon garçon, reprenait la mère Lefrançois ; ils t’ont déjà bien assez martyrisé ? tu vas t’affaiblir encore. Tiens, avale !

Et elle lui présentait quelque bon bouillon, quelque tranche de gigot, quelque morceau de lard, et parfois des petits verres d’eau-de-vie, qu’il n’avait pas le courage de porter à ses lèvres.

L’abbé Bournisien, apprenant qu’il empirait, fit demander à le voir. Il commença par le plaindre de son mal, tout en déclarant qu’il fallait s’en réjouir, puisque c’était la volonté du Seigneur, et profiter vite de l’occasion pour se réconcilier avec le ciel.

— Car, disait l’ecclésiastique d’un ton paterne, tu négligeais un peu tes devoirs ; on te voyait rarement à l’office divin ; combien y a-t-il d’années que tu ne t’es approché de la sainte table ? Je comprends que tes occupations, que le tourbillon du monde aient pu t’écarter du soin de ton salut. Mais à présent, c’est l’heure d’y réfléchir. Ne désespère pas cependant ; j’ai connu de grands coupables qui, près de comparaître devant Dieu (tu n’en es point encore là, je le sais bien), avaient imploré sa miséricorde, et qui certainement sont morts dans les meilleures dispositions. Espérons que, tout comme eux, tu nous donneras de bons exemples ! Ainsi, par précaution, qui donc t’empêcherait de réciter matin et soir un « Je vous salue, Marie, pleine de grâce », et un « Notre Père, qui êtes aux cieux » ? Oui fais cela ! pour moi, pour m’obliger. Qu’est-ce que ça coûte ?… Me le promets-tu ?

Le pauvre diable promit. Le curé revint les jours suivants. Il causait avec l’aubergiste et même racontait des anecdotes entremêlées de plaisanteries, de calembours qu’Hippolyte ne comprenait pas. Puis, dès que la circonstance le permettait, il retombait sur les matières de religion, en prenant une figure convenable.

Son zèle parut réussir ; car bientôt le stréphopode témoigna l’envie d’aller en pèlerinage à Bon-Secours, s’il se guérissait : à quoi M. Bournisien répondit qu’il ne voyait pas d’inconvénient ; deux précautions valaient mieux qu’une. On ne risquait rien.

L’apothicaire s’indigna contre ce qu’il appelait les manœuvres du prêtre ; elles nuisaient, prétendait-il, à la convalescence d’Hippolyte, et il répétait à Mme Lefrançois :

— Laissez-le ! Laissez-le ! vous lui perturbez le moral avec votre mysticisme !

Mais la bonne femme ne voulait plus l’entendre. Il était la cause de tout. Par esprit de contradiction, elle accrocha même au chevet du malade un bénitier tout plein, avec une branche de buis.

Cependant la religion pas plus que la chirurgie ne paraissait le secourir, et l’invincible pourriture allait montant toujours des extrémités vers le ventre. On avait beau varier les potions et changer les cataplasmes, les muscles chaque jour se décollaient davantage, et enfin Charles répondit par un signe de tête affirmatif quand la mère Lefrançois lui demanda si elle ne pourrait point, en désespoir de cause, faire venir M. Canivet, de Neufchâtel, qui était une célébrité.

Docteur en médecine, âgé de cinquante ans, jouissant d’une bonne position et sûr de lui-même, le confrère ne se gêna pas pour rire dédaigneusement lorsqu’il découvrit cette jambe gangrenée jusqu’au genou. Puis, ayant déclaré net qu’il la fallait amputer, il s’en alla chez le pharmacien déblatérer contre les ânes qui avaient pu réduire un malheureux homme en un tel état. Secouant M. Homais par le bouton de sa redingote, il vociférait dans la pharmacie :

— Ce sont là des inventions de Paris ! Voilà les idées de ces messieurs de la Capitale ! c’est comme le strabisme, le chloroforme et la lithotritie, un tas de monstruosités que le gouvernement devrait défendre ! Mais on veut faire le malin, et l’on vous fourre des remèdes sans s’inquiéter des conséquences. Nous ne sommes pas si forts que cela, nous autres ; nous ne sommes pas des savants, des mirliflores, des jolis cœurs ; nous sommes des praticiens, des guérisseurs, et nous n’imaginerions pas d’opérer quelqu’un qui se porte à merveille ! Redresser des pieds bots ! est-ce qu’on peut redresser les pieds-bots ? c’est comme si l’on voulait, par exemple, rendre droit un bossu !

Homais souffrait en écoutant ce discours, et il dissimulait son malaise sous un sourire de courtisan, ayant besoin de ménager M. Canivet, dont les ordonnances quelquefois arrivaient jusqu’à Yonville ; aussi ne prit-il pas la défense de Bovary, ne fit-il même aucune observation, et, abandonnant ses principes, il sacrifia sa dignité aux intérêts plus sérieux de son négoce.

Ce fut dans le village un événement considérable que cette amputation de cuisse par le docteur Canivet ! Tous les habitants, ce jour-là, s’étaient levés de meilleure heure, et la Grande-Rue, bien que pleine de monde, avait quelque chose de lugubre comme s’il se fût agi d’une exécution capitale. On discutait chez l’épicier sur la maladie d’Hippolyte ; les boutiques ne vendaient rien, et Mme Tuvache, la femme du maire, ne bougeait pas de sa fenêtre, par l’impatience où elle était de voir venir l’opérateur.

Il arriva dans son cabriolet, qu’il conduisait lui-même. Mais, le ressort du côté droit s’étant à la longue affaissé sous le poids de sa corpulence, il se faisait que la voiture penchait un peu tout en allant, et l’on apercevait sur l’autre coussin près de lui une vaste boîte, recouverte de basane rouge, dont les trois fermoirs de cuivre brillaient magistralement.

Quand il fut entré comme un tourbillon sous le porche du Lion d’or, le docteur, criant très haut, ordonna de dételer son cheval, puis il alla dans l’écurie voir s’il mangeait bien l’avoine ; car, en arrivant chez ses malades, il s’occupait d’abord de sa jument et de son cabriolet. On disait même à ce propos : « Ah ! M. Canivet, c’est un original ! » Et on l’estimait davantage pour cet inébranlable aplomb. L’univers aurait pu crever jusqu’au dernier homme, qu’il n’eût pas failli à la moindre de ses habitudes.

Homais se présenta.

— Je compte sur vous, fit le docteur. Sommes-nous prêts ? En marche !

Mais l’apothicaire, en rougissant, avoua qu’il était trop sensible pour assister à une pareille opération.

— Quand on est simple spectateur, disait-il, l’imagination, vous savez, se frappe ! Et puis j’ai le système nerveux tellement…

— Ah bah ! interrompit Canivet, vous me paraissez, au contraire, porté à l’apoplexie. Et, d’ailleurs, cela ne m’étonne pas ; car, vous autres, messieurs les pharmaciens, vous êtes continuellement fourrés dans votre cuisine, ce qui doit finir par altérer votre tempérament. Regardez-moi, plutôt : tous les jours, je me lève à quatre heures, je fais ma barbe à l’eau froide (je n’ai jamais froid), et je ne porte pas de flanelle, je n’attrape aucun rhume, le coffre est bon ! Je vis tantôt d’une manière, tantôt d’une autre, en philosophe, au hasard de la fourchette. C’est pourquoi je ne suis point délicat comme vous, et il m’est aussi parfaitement égal de découper un chrétien que la première volaille venue. Après ça, direz-vous, l’habitude… ! l’habitude !…

Alors, sans aucun égard pour Hippolyte, qui suait d’angoisse entre ses draps, ces messieurs engagèrent une conversation où l’apothicaire compara le sang-froid d’un chirurgien à celui d’un général ; et ce rapprochement fut agréable à Canivet, qui se répandit en paroles sur les exigences de son art. Il le considérait comme un sacerdoce, bien que les officiers de santé le déshonorassent. Enfin, revenant au malade, il examina les bandes apportées par Homais, les mêmes qui avaient comparu lors du pied-bot, et demanda quelqu’un pour lui tenir le membre. On envoya chercher Lestiboudois, et M. Canivet, ayant retroussé ses manches, passa dans la salle de billard, tandis que l’apothicaire restait avec Artémise et l’aubergiste, plus pâles toutes les deux que leur tablier, et l’oreille tendue contre la porte.

Bovary, pendant ce temps-là, n’osait bouger de sa maison. Il se tenait en bas, dans la salle, assis au coin de la cheminée sans feu, le menton sur sa poitrine, les mains jointes, les yeux fixes. Quelle mésaventure ! pensait-il, quel désappointement ! Il avait pris pourtant toutes les précautions imaginables. La fatalité s’en était mêlée. N’importe ! si Hippolyte plus tard venait à mourir, c’est lui qui l’aurait assassiné. Et puis, quelle raison donnerait-il dans les visites, quand on l’interrogerait ? Peut-être, cependant, s’était-il trompé en quelque chose ? Il cherchait, ne trouvait pas. Mais les plus fameux chirurgiens se trompaient bien. Voilà ce qu’on ne voudrait jamais croire ! on allait rire, au contraire, clabauder ! Cela se répandrait jusqu’à Forges ! jusqu’à Neufchâtel ! jusqu’à Rouen ! partout ! Qui sait si des confrères n’écriraient pas contre lui ? Une polémique s’ensuivrait, il faudrait répondre dans les journaux. Hippolyte même pouvait lui faire un procès. Il se voyait déshonoré, ruiné, perdu ! Et son imagination, assaillie par une multitude d’hypothèses, ballottait au milieu d’elles comme un tonneau vide emporté à la mer et qui roule sur les flots.

Emma, en face de lui, le regardait ; elle ne partageait pas son humiliation, elle en éprouvait une autre : c’était de s’être imaginé qu’un pareil homme pût valoir quelque chose, comme si vingt fois déjà elle n’avait pas suffisamment aperçu sa médiocrité.

Charles se promenait de long en large, dans la chambre. Ses bottes craquaient sur le parquet.

— Assieds-toi, dit-elle, tu m’agaces !

Il se rassit.

Comment donc avait-elle fait (elle qui était si intelligente !) pour se méprendre encore une fois ? Du reste, par quelle déplorable manie avoir ainsi abîmé son existence en sacrifices continuels ? Elle se rappela tous ses instincts de luxe, toutes les privations de son âme, les bassesses du mariage, du ménage, ses rêves tombant dans la boue comme des hirondelles blessées, tout ce qu’elle avait désiré, tout ce qu’elle s’était refusé, tout ce qu’elle aurait pu avoir ! et pourquoi ? pourquoi ?

Au milieu du silence qui emplissait le village, un cri déchirant traversa l’air. Bovary devint pâle à s’évanouir. Elle fronça les sourcils d’un geste nerveux, puis continua. C’était pour lui cependant, pour cet être, pour cet homme qui ne comprenait rien, qui ne sentait rien ! car il était là, tout tranquillement, et sans même se douter que le ridicule de son nom allait désormais la salir comme lui. Elle avait fait des efforts pour l’aimer, et elle s’était repentie en pleurant d’avoir cédé à un autre.

— Mais c’était peut-être un valgus ! exclama soudain Bovary, qui méditait.

Au choc imprévu de cette phrase tombant sur sa pensée comme une balle de plomb dans un plat d’argent, Emma tressaillant leva la tête pour deviner ce qu’il voulait dire ; et ils se regardèrent silencieusement, presque ébahis de se voir, tant ils étaient par leur conscience éloignés l’un de l’autre. Charles la considérait avec le regard trouble d’un homme ivre, tout en écoutant, immobile, les derniers cris de l’amputé qui se suivaient en modulations traînantes, coupées de saccades aiguës, comme le hurlement lointain de quelque bête qu’on égorge. Emma mordait ses lèvres blêmes, et, roulant entre ses doigts un des brins du polypier qu’elle avait cassé, elle fixait sur Charles la pointe ardente de ses prunelles, comme deux flèches de feu prêtes à partir. Tout en lui l’irritait maintenant, sa figure, son costume, ce qu’il ne disait pas, sa personne entière, son existence enfin. Elle se repentait, comme d’un crime, de sa vertu passée, et ce qui en restait encore s’écroulait sous les coups furieux de son orgueil. Elle se délectait dans toutes les ironies mauvaises de l’adultère triomphant. Le souvenir de son amant revenait à elle avec des attractions vertigineuses : elle y jetait son âme, emportée vers cette image par un enthousiasme nouveau ; et Charles lui semblait aussi détaché de sa vie, aussi absent pour toujours, aussi impossible et anéanti, que s’il allait mourir et qu’il eût agonisé sous ses yeux.

Il se fit un bruit de pas sur le trottoir. Charles regarda ; et, à travers la jalousie baissée, il aperçut au bord des halles, en plein soleil, le docteur Canivet qui s’essuyait le front avec son foulard. Homais, derrière lui, portait à la main une grande boîte rouge, et ils se dirigeaient tous les deux du côté de la pharmacie.

Alors, par tendresse subite et découragement, Charles se tourna vers sa femme en lui disant :

— Embrasse-moi donc, ma bonne !

— Laisse-moi ! fit-elle, toute rouge de colère.

— Qu’as-tu ? qu’as-tu ? répétait-il stupéfait. Calme-toi ! reprends-toi !… Tu sais bien que je t’aime ! … viens !

— Assez ! s’écria-t-elle d’un air terrible.

Et s’échappant de la salle, Emma ferma la porte si fort, que le baromètre bondit de la muraille et s’écrasa par terre.

Charles s’affaissa dans son fauteuil, bouleversé, cherchant ce qu’elle pouvait avoir, imaginant une maladie nerveuse, pleurant, et sentant vaguement circuler autour de lui quelque chose de funeste et d’incompréhensible.

Quand Rodolphe, le soir, arriva dans le jardin, il trouva sa maîtresse qui l’attendait au bas du perron, sur la première marche. Ils s’étreignirent, et toute leur rancune se fondit comme une neige sous la chaleur de ce baiser.

 

Chapter Eleven

He had recently read a eulogy on a new method for curing club-foot, and as he was a partisan of progress, he conceived the patriotic idea that Yonville, in order to keep to the fore, ought to have some operations for strephopody or club-foot.

“For,” said he to Emma, “what risk is there? See —” (and he enumerated on his fingers the advantages of the attempt), “success, almost certain relief and beautifying of the patient, celebrity acquired by the operator. Why, for example, should not your husband relieve poor Hippolyte of the ‘Lion d’Or’? Note that he would not fail to tell about his cure to all the travellers, and then” (Homais lowered his voice and looked round him) “who is to prevent me from sending a short paragraph on the subject to the paper? Eh! goodness me! an article gets about; it is talked of; it ends by making a snowball! And who knows? who knows?”

In fact, Bovary might succeed. Nothing proved to Emma that he was not clever; and what a satisfaction for her to have urged him to a step by which his reputation and fortune would be increased! She only wished to lean on something more solid than love.

Charles, urged by the druggist and by her, allowed himself to be persuaded. He sent to Rouen for Dr. Duval’s volume, and every evening, holding his head between both hands, plunged into the reading of it.

While he was studying equinus, varus, and valgus, that is to say, katastrephopody, endostrephopody, and exostrephopody (or better, the various turnings of the foot downwards, inwards, and outwards, with the hypostrephopody and anastrephopody), otherwise torsion downwards and upwards, Monsier Homais, with all sorts of arguments, was exhorting the lad at the inn to submit to the operation.

“You will scarcely feel, probably, a slight pain; it is a simple prick, like a little blood-letting, less than the extraction of certain corns.”

Hippolyte, reflecting, rolled his stupid eyes.

“However,” continued the chemist, “it doesn’t concern me. It’s for your sake, for pure humanity! I should like to see you, my friend, rid of your hideous caudication, together with that waddling of the lumbar regions which, whatever you say, must considerably interfere with you in the exercise of your calling.”

Then Homais represented to him how much jollier and brisker he would feel afterwards, and even gave him to understand that he would be more likely to please the women; and the stable-boy began to smile heavily. Then he attacked him through his vanity:

“Aren’t you a man? Hang it! what would you have done if you had had to go into the army, to go and fight beneath the standard? Ah! Hippolyte!”

And Homais retired, declaring that he could not understand this obstinacy, this blindness in refusing the benefactions of science.

The poor fellow gave way, for it was like a conspiracy. Binet, who never interfered with other people’s business, Madame Lefrancois, Artemise, the neighbours, even the mayor, Monsieur Tuvache — everyone persuaded him, lectured him, shamed him; but what finally decided him was that it would cost him nothing. Bovary even undertook to provide the machine for the operation. This generosity was an idea of Emma’s, and Charles consented to it, thinking in his heart of hearts that his wife was an angel.

So by the advice of the chemist, and after three fresh starts, he had a kind of box made by the carpenter, with the aid of the locksmith, that weighed about eight pounds, and in which iron, wood, sheer-iron, leather, screws, and nuts had not been spared.

But to know which of Hippolyte’s tendons to cut, it was necessary first of all to find out what kind of club-foot he had.

He had a foot forming almost a straight line with the leg, which, however, did not prevent it from being turned in, so that it was an equinus together with something of a varus, or else a slight varus with a strong tendency to equinus. But with this equinus, wide in foot like a horse’s hoof, with rugose skin, dry tendons, and large toes, on which the black nails looked as if made of iron, the clubfoot ran about like a deer from morn till night. He was constantly to be seen on the Place, jumping round the carts, thrusting his limping foot forwards. He seemed even stronger on that leg than the other. By dint of hard service it had acquired, as it were, moral qualities of patience and energy; and when he was given some heavy work, he stood on it in preference to its fellow.

Now, as it was an equinus, it was necessary to cut the tendon of Achilles, and, if need were, the anterior tibial muscle could be seen to afterwards for getting rid of the varus; for the doctor did not dare to risk both operations at once; he was even trembling already for fear of injuring some important region that he did not know.

Neither Ambrose Pare, applying for the first time since Celsus, after an interval of fifteen centuries, a ligature to an artery, nor Dupuytren, about to open an abscess in the brain, nor Gensoul when he first took away the superior maxilla, had hearts that trembled, hands that shook, minds so strained as Monsieur Bovary when he approached Hippolyte, his tenotome between his fingers. And as at hospitals, near by on a table lay a heap of lint, with waxed thread, many bandages — a pyramid of bandages — every bandage to be found at the druggist’s. It was Monsieur Homais who since morning had been organising all these preparations, as much to dazzle the multitude as to keep up his illusions. Charles pierced the skin; a dry crackling was heard. The tendon was cut, the operation over. Hippolyte could not get over his surprise, but bent over Bovary’s hands to cover them with kisses.

“Come, be calm,” said the druggist; “later on you will show your gratitude to your benefactor.”

And he went down to tell the result to five or six inquirers who were waiting in the yard, and who fancied that Hippolyte would reappear walking properly. Then Charles, having buckled his patient into the machine, went home, where Emma, all anxiety, awaited him at the door. She threw herself on his neck; they sat down to table; he ate much, and at dessert he even wanted to take a cup of coffee, a luxury he only permitted himself on Sundays when there was company.

The evening was charming, full of prattle, of dreams together. They talked about their future fortune, of the improvements to be made in their house; he saw people’s estimation of him growing, his comforts increasing, his wife always loving him; and she was happy to refresh herself with a new sentiment, healthier, better, to feel at last some tenderness for this poor fellow who adored her. The thought of Rodolphe for one moment passed through her mind, but her eyes turned again to Charles; she even noticed with surprise that he had not bad teeth.

They were in bed when Monsieur Homais, in spite of the servant, suddenly entered the room, holding in his hand a sheet of paper just written. It was the paragraph he intended for the “Fanal de Rouen.” He brought it for them to read.

“Read it yourself,” said Bovary.

He read —

“ ‘Despite the prejudices that still invest a part of the face of Europe like a net, the light nevertheless begins to penetrate our country places. Thus on Tuesday our little town of Yonville found itself the scene of a surgical operation which is at the same time an, act of loftiest philanthropy. Monsieur Bovary, one of our, most distinguished practitioners —’”

“Oh, that is too much! too much!” said Charles, choking with emotion.

“No, no! not at all! What next!”

“ ‘— Performed an operation on a club-footed man.’ I have not used the scientific term, because you know in a newspaper everyone would not perhaps understand. The masses must —’”

“No doubt,” said Bovary; “go on!”

“I proceed,” said the chemist. “‘Monsieur Bovary, one of our most distinguished practitioners, performed an operation on a club-footed man called Hippolyte Tautain, stableman for the last twenty-five years at the hotel of the “Lion d’Or,” kept by Widow Lefrancois, at the Place d’Armes. The novelty of the attempt, and the interest incident to the subject, had attracted such a concourse of persons that there was a veritable obstruction on the threshold of the establishment. The operation, moreover, was performed as if by magic, and barely a few drops of blood appeared on the skin, as though to say that the rebellious tendon had at last given way beneath the efforts of art. The patient, strangely enough — we affirm it as an eye-witness — complained of no pain. His condition up to the present time leaves nothing to be desired. Everything tends to show that his convelescence will be brief; and who knows even if at our next village festivity we shall not see our good Hippolyte figuring in the bacchic dance in the midst of a chorus of joyous boon-companions, and thus proving to all eyes by his verve and his capers his complete cure? Honour, then, to the generous savants! Honour to those indefatigable spirits who consecrate their vigils to the amelioration or to the alleviation of their kind! Honour, thrice honour! Is it not time to cry that the blind shall see, the deaf hear, the lame walk? But that which fanaticism formerly promised to its elect, science now accomplishes for all men. We shall keep our readers informed as to the successive phases of this remarkable cure.’ ”

This did not prevent Mere Lefrancois, from coming five days after, scared, and crying out —

“Help! he is dying! I am going crazy!”

Charles rushed to the “Lion d’Or,” and the chemist, who caught sight of him passing along the Place hatless, abandoned his shop. He appeared himself breathless, red, anxious, and asking everyone who was going up the stairs —

“Why, what’s the matter with our interesting strephopode?”

The strephopode was writhing in hideous convulsions, so that the machine in which his leg was enclosed was knocked against the wall enough to break it.

With many precautions, in order not to disturb the position of the limb, the box was removed, and an awful sight presented itself. The outlines of the foot disappeared in such a swelling that the entire skin seemed about to burst, and it was covered with ecchymosis, caused by the famous machine. Hippolyte had already complained of suffering from it. No attention had been paid to him; they had to acknowledge that he had not been altogether wrong, and he was freed for a few hours. But, hardly had the oedema gone down to some extent, than the two savants thought fit to put back the limb in the apparatus, strapping it tighter to hasten matters. At last, three days after, Hippolyte being unable to endure it any longer, they once more removed the machine, and were much surprised at the result they saw. The livid tumefaction spread over the leg, with blisters here and there, whence there oozed a black liquid. Matters were taking a serious turn. Hippolyte began to worry himself, and Mere Lefrancois, had him installed in the little room near the kitchen, so that he might at least have some distraction.

But the tax-collector, who dined there every day, complained bitterly of such companionship. Then Hippolyte was removed to the billiard-room. He lay there moaning under his heavy coverings, pale with long beard, sunken eyes, and from time to time turning his perspiring head on the dirty pillow, where the flies alighted. Madame Bovary went to see him. She brought him linen for his poultices; she comforted, and encouraged him. Besides, he did not want for company, especially on market-days, when the peasants were knocking about the billiard-balls round him, fenced with the cues, smoked, drank, sang, and brawled.

“How are you?” they said, clapping him on the shoulder. “Ah! you’re not up to much, it seems, but it’s your own fault. You should do this! do that!” And then they told him stories of people who had all been cured by other remedies than his. Then by way of consolation they added —

“You give way too much! Get up! You coddle yourself like a king! All the same, old chap, you don’t smell nice!”

Gangrene, in fact, was spreading more and more. Bovary himself turned sick at it. He came every hour, every moment. Hippolyte looked at him with eyes full of terror, sobbing —

“When shall I get well? Oh, save me! How unfortunate I am! How unfortunate I am!”

And the doctor left, always recommending him to diet himself.

“Don’t listen to him, my lad,” said Mere Lefrancois, “Haven’t they tortured you enough already? You’ll grow still weaker. Here! swallow this.”

And she gave him some good beef-tea, a slice of mutton, a piece of bacon, and sometimes small glasses of brandy, that he had not the strength to put to his lips.

Abbe Bournisien, hearing that he was growing worse, asked to see him. He began by pitying his sufferings, declaring at the same time that he ought to rejoice at them since it was the will of the Lord, and take advantage of the occasion to reconcile himself to Heaven.

“For,” said the ecclesiastic in a paternal tone, “you rather neglected your duties; you were rarely seen at divine worship. How many years is it since you approached the holy table? I understand that your work, that the whirl of the world may have kept you from care for your salvation. But now is the time to reflect. Yet don’t despair. I have known great sinners, who, about to appear before God (you are not yet at this point I know), had implored His mercy, and who certainly died in the best frame of mind. Let us hope that, like them, you will set us a good example. Thus, as a precaution, what is to prevent you from saying morning and evening a ‘Hail Mary, full of grace,’ and ‘Our Father which art in heaven’? Yes, do that, for my sake, to oblige me. That won’t cost you anything. Will you promise me?”

The poor devil promised. The cure came back day after day. He chatted with the landlady; and even told anecdotes interspersed with jokes and puns that Hippolyte did not understand. Then, as soon as he could, he fell back upon matters of religion, putting on an appropriate expression of face.

His zeal seemed successful, for the club-foot soon manifested a desire to go on a pilgrimage to Bon-Secours if he were cured; to which Monsieur Bournisien replied that he saw no objection; two precautions were better than one; it was no risk anyhow.

The druggist was indignant at what he called the manoeuvres of the priest; they were prejudicial, he said, to Hippolyte’s convalescence, and he kept repeating to Madame Lefrancois, “Leave him alone! leave him alone! You perturb his morals with your mysticism.” But the good woman would no longer listen to him; he was the cause of it all. From a spirit of contradiction she hung up near the bedside of the patient a basin filled with holy-water and a branch of box.

Religion, however, seemed no more able to succour him than surgery, and the invincible gangrene still spread from the extremities towards the stomach. It was all very well to vary the potions and change the poultices; the muscles each day rotted more and more; and at last Charles replied by an affirmative nod of the head when Mere Lefrancois, asked him if she could not, as a forlorn hope, send for Monsieur Canivet of Neufchatel, who was a celebrity.

A doctor of medicine, fifty years of age, enjoying a good position and self-possessed, Charles’s colleague did not refrain from laughing disdainfully when he had uncovered the leg, mortified to the knee. Then having flatly declared that it must be amputated, he went off to the chemist’s to rail at the asses who could have reduced a poor man to such a state. Shaking Monsieur Homais by the button of his coat, he shouted out in the shop —

“These are the inventions of Paris! These are the ideas of those gentry of the capital! It is like strabismus, chloroform, lithotrity, a heap of monstrosities that the Government ought to prohibit. But they want to do the clever, and they cram you with remedies without, troubling about the consequences. We are not so clever, not we! We are not savants, coxcombs, fops! We are practitioners; we cure people, and we should not dream of operating on anyone who is in perfect health. Straighten club-feet! As if one could straighten club-feet! It is as if one wished, for example, to make a hunchback straight!”

Homais suffered as he listened to this discourse, and he concealed his discomfort beneath a courtier’s smile; for he needed to humour Monsier Canivet, whose prescriptions sometimes came as far as Yonville. So he did not take up the defence of Bovary; he did not even make a single remark, and, renouncing his principles, he sacrificed his dignity to the more serious interests of his business.

This amputation of the thigh by Doctor Canivet was a great event in the village. On that day all the inhabitants got up earlier, and the Grande Rue, although full of people, had something lugubrious about it, as if an execution had been expected. At the grocer’s they discussed Hippolyte’s illness; the shops did no business, and Madame Tuvache, the mayor’s wife, did not stir from her window, such was her impatience to see the operator arrive.

He came in his gig, which he drove himself. But the springs of the right side having at length given way beneath the weight of his corpulence, it happened that the carriage as it rolled along leaned over a little, and on the other cushion near him could be seen a large box covered in red sheep-leather, whose three brass clasps shone grandly.

After he had entered like a whirlwind the porch of the “Lion d’Or,” the doctor, shouting very loud, ordered them to unharness his horse. Then he went into the stable to see that he was eating his oats all right; for on arriving at a patient’s he first of all looked after his mare and his gig. People even said about this —

“Ah! Monsieur Canivet’s a character!”

And he was the more esteemed for this imperturbable coolness. The universe to the last man might have died, and he would not have missed the smallest of his habits.

Homais presented himself.

“I count on you,” said the doctor. “Are we ready? Come along!”

But the druggist, turning red, confessed that he was too sensitive to assist at such an operation.

“When one is a simple spectator,” he said, “the imagination, you know, is impressed. And then I have such a nervous system!”

“Pshaw!” interrupted Canivet; “on the contrary, you seem to me inclined to apoplexy. Besides, that doesn’t astonish me, for you chemist fellows are always poking about your kitchens, which must end by spoiling your constitutions. Now just look at me. I get up every day at four o’clock; I shave with cold water (and am never cold). I don’t wear flannels, and I never catch cold; my carcass is good enough! I live now in one way, now in another, like a philosopher, taking pot-luck; that is why I am not squeamish like you, and it is as indifferent to me to carve a Christian as the first fowl that turns up. Then, perhaps, you will say, habit! habit!”

Then, without any consideration for Hippolyte, who was sweating with agony between his sheets, these gentlemen entered into a conversation, in which the druggist compared the coolness of a surgeon to that of a general; and this comparison was pleasing to Canivet, who launched out on the exigencies of his art. He looked upon, it as a sacred office, although the ordinary practitioners dishonoured it. At last, coming back to the patient, he examined the bandages brought by Homais, the same that had appeared for the club-foot, and asked for someone to hold the limb for him. Lestiboudois was sent for, and Monsieur Canivet having turned up his sleeves, passed into the billiard-room, while the druggist stayed with Artemise and the landlady, both whiter than their aprons, and with ears strained towards the door.

Bovary during this time did not dare to stir from his house.

He kept downstairs in the sitting-room by the side of the fireless chimney, his chin on his breast, his hands clasped, his eyes staring. “What a mishap!” he thought, “what a mishap!” Perhaps, after all, he had made some slip. He thought it over, but could hit upon nothing. But the most famous surgeons also made mistakes; and that is what no one would ever believe! People, on the contrary, would laugh, jeer! It would spread as far as Forges, as Neufchatel, as Rouen, everywhere! Who could say if his colleagues would not write against him. Polemics would ensue; he would have to answer in the papers. Hippolyte might even prosecute him. He saw himself dishonoured, ruined, lost; and his imagination, assailed by a world of hypotheses, tossed amongst them like an empty cask borne by the sea and floating upon the waves.

Emma, opposite, watched him; she did not share his humiliation; she felt another — that of having supposed such a man was worth anything. As if twenty times already she had not sufficiently perceived his mediocrity.

Charles was walking up and down the room; his boots creaked on the floor.

“Sit down,” she said; “you fidget me.”

He sat down again.

How was it that she — she, who was so intelligent — could have allowed herself to be deceived again? and through what deplorable madness had she thus ruined her life by continual sacrifices? She recalled all her instincts of luxury, all the privations of her soul, the sordidness of marriage, of the household, her dream sinking into the mire like wounded swallows; all that she had longed for, all that she had denied herself, all that she might have had! And for what? for what?

In the midst of the silence that hung over the village a heart-rending cry rose on the air. Bovary turned white to fainting. She knit her brows with a nervous gesture, then went on. And it was for him, for this creature, for this man, who understood nothing, who felt nothing! For he was there quite quiet, not even suspecting that the ridicule of his name would henceforth sully hers as well as his. She had made efforts to love him, and she had repented with tears for having yielded to another!

“But it was perhaps a valgus!” suddenly exclaimed Bovary, who was meditating.

At the unexpected shock of this phrase falling on her thought like a leaden bullet on a silver plate, Emma, shuddering, raised her head in order to find out what he meant to say; and they looked at the other in silence, almost amazed to see each other, so far sundered were they by their inner thoughts. Charles gazed at her with the dull look of a drunken man, while he listened motionless to the last cries of the sufferer, that followed each other in long-drawn modulations, broken by sharp spasms like the far-off howling of some beast being slaughtered. Emma bit her wan lips, and rolling between her fingers a piece of coral that she had broken, fixed on Charles the burning glance of her eyes like two arrows of fire about to dart forth. Everything in him irritated her now; his face, his dress, what he did not say, his whole person, his existence, in fine. She repented of her past virtue as of a crime, and what still remained of it rumbled away beneath the furious blows of her pride. She revelled in all the evil ironies of triumphant adultery. The memory of her lover came back to her with dazzling attractions; she threw her whole soul into it, borne away towards this image with a fresh enthusiasm; and Charles seemed to her as much removed from her life, as absent forever, as impossible and annihilated, as if he had been about to die and were passing under her eyes.

There was a sound of steps on the pavement. Charles looked up, and through the lowered blinds he saw at the corner of the market in the broad sunshine Dr. Canivet, who was wiping his brow with his handkerchief. Homais, behind him, was carrying a large red box in his hand, and both were going towards the chemist’s.

Then with a feeling of sudden tenderness and discouragement Charles turned to his wife saying to her —

“Oh, kiss me, my own!”

“Leave me!” she said, red with anger.

“What is the matter?” he asked, stupefied. “Be calm; compose yourself. You know well enough that I love you. Come!”

“Enough!” she cried with a terrible look.

And escaping from the room, Emma closed the door so violently that the barometer fell from the wall and smashed on the floor.

Charles sank back into his arm-chair overwhelmed, trying to discover what could be wrong with her, fancying some nervous illness, weeping, and vaguely feeling something fatal and incomprehensible whirling round him.

When Rodolphe came to the garden that evening, he found his mistress waiting for him at the foot of the steps on the lowest stair. They threw their arms round one another, and all their rancour melted like snow beneath the warmth of that kiss.

Elftes Kapitel

Homais hatte letzthin die Lobpreisung einer neuen Methode, Klumpfüße zu heilen, gelesen, und als Fortschrittler, der er war, verfiel er sofort auf die partikularistische Idee, auch in Yonville müsse es strephopodische Operationen geben, damit es auf der Höhe der Kultur bleibe.

„Was ist denn dabei zu riskieren?“ fragte er Frau Bovary. Er zählte ihr die Vorteile eines solchen Versuches an den Fingern auf. Erfolg so gut wie sicher. Wiederherstellung des Kranken. Befreiung von einem Schönheitsfehler. Bedeutende Reklame für den Operateur. „Warum soll Ihr Herr Gemahl nicht beispielsweise den armen Hippolyt vom Goldnen Löwen kurieren? Bedenken Sie, daß er seine Heilung allen Reisenden erzählen würde. Und dann ...“ Der Apotheker begann zu flüstern und blickte scheu um sich, „... was sollte mich daran hindern, eine kleine Notiz darüber in die Zeitung zu bringen? Du mein Gott! So ein Artikel wird überall gelesen ... man spricht davon ... schließlich weiß es die ganze Welt. Aus Schneeflocken werden am Ende Lawinen! Und wer weiß? Wer weiß?“

Warum nicht? Bovary konnte in der Tat Erfolg haben. Emma hatte gar keinen Anlaß, Karls chirurgische Geschicklichkeit zu bezweifeln, und was für eine Befriedigung wäre es für sie, die geistige Urheberin eines Entschlusses zu sein, der sein Ansehen und seine Einnahmen steigern mußte. Sie verlangte mehr als bloß die Liebe dieses Mannes.

Vom Apotheker und von seiner Frau bestürmt, ließ sich Karl überreden. Er bestellte sich in Rouen das Werk des Doktors Düval, und nun vertiefte er sich jeden Abend, den Kopf zwischen den Händen, in diese Lektüre. Während er sich über Pferdefußbildungen, Varus und Valgus, Strephocatopodie, Strephendopodie, Strephexopodie (d.h. über die verschiedenartigen inneren und äußerlichen Verkrüppelungen des menschlichen Fußes), Strephypopodie und Strephanopodie (das sind Fußleiden, die oberhalb oder unterhalb der Verkrüppelung um sich greifen) unterrichtete, suchte Homais den Hausknecht vom Goldnen Löwen mit allen Mitteln der Überredungskunst zur Operation zu bewegen.

„Du wirst höchstens einen ganz leichten Schmerz spüren“, sagte er zu ihm. „Es ist nichts weiter als ein Einstich wie beim Aderlassen, nicht schlimmer, als wenn du dir ein Hühnerauge schneiden läßt.“

Hippolyts blöde Augen blickten unschlüssig um sich.

„Im übrigen“, fuhr der Apotheker fort, „kann mirs natürlich ganz egal sein. Dein Nutzen ist es. Ich rate dirs nur aus purer Nächstenliebe. Mein lieber Freund, ich möchte dich gar zu gern von deinem scheußlichen Hinkfuß befreit sehen, von diesem ewigen Hin- und Herwackeln mit den Hüften. Du kannst dagegen sagen, was du willst: es stört dich in der Ausübung deines Berufs doch erheblich!“

Nun schilderte ihm Homais, wie frei und flott er sich nach einer Operation werde bewegen können. Auch gab er ihm zu verstehen, daß er dann mehr Glück bei den Weibern haben würde, worüber der Bursche albern grinste.

„Schockschwerebrett! Du bist doch auch ein Mann! Du hättest doch auch nicht kneifen können, wenn man dich zu den Soldaten ausgehoben und in den Krieg geschickt hätte! Also Hippolyt!“

Homais wandte sich von ihm ab und meinte, so ein Dickkopf sei ihm noch nicht vorgekommen. Er begreife nicht, wie man sich den Wohltaten der Wissenschaft derartig störrisch entziehen könne.

Endlich gab der arme Schlucker nach. Das war ja die reine Verschwörung gegen ihn! Binet, der sich sonst niemals um die Angelegenheiten anderer kümmerte, die Löwenwirtin, Artemisia, die Nachbarn und selbst der Bürgermeister, alle drangen sie in ihn, redeten ihm zu und machten ihn lächerlich. Und was vollends den Ausschlag gab: die Operation sollte ihm keinen roten Heller kosten. Bovary versprach sogar, Material und Medikamente umsonst zu liefern. Emma war die Anstifterin dieser Generosität. Karl pflichtete ihr bei und sagte sich im stillen: „Meine Frau ist doch wirklich ein Engel!“

Beraten vom Apotheker, ließ Karl nach drei fehlgeschlagenen Versuchen durch den Tischler unter Beihilfe des Schlossers eine Art Gehäuse anfertigen. Es wog beinahe acht Pfund, und an Holz, Eisen, Blech, Leder, Schrauben usw. war nicht gespart worden.

Um nun zu bestimmen, welche Sehne zu durchschneiden sei, mußte zunächst festgestellt werden, welche besondere Art von Klumpfuß hier vorlag. Hippolyts Fuß setzte sich an sein Schienbein nahezu geradlinig an. Dazu war er noch nach innen zu verdreht. Es war also Pferdefuß, verbunden mit etwas Varus oder, anders ausgedrückt, ein Fall leichten Varus mit starker Neigung zu einem Pferdefuß.

Trotz dieses Klumpfußes, der in der Tat plump wie ein Pferdehuf war und runzelige Haut, ausgedörrte Sehnen und dicke Zehen mit schwarzen wie eisern aussehenden Nägeln hatte, war der Krüppel von früh bis abend munter wie ein Wiesel. Man sah ihn unaufhörlich im Hofe um die Wagen herumhumpeln. Es hatte sogar den Anschein, als sei sein mißratenes Bein kräftiger denn das gesunde. Offenbar hatte sich Hippolyt, von Jugend auf im schweren Dienst, sehr viel Geduld und Ausdauer zu eigen gemacht.

An einem Pferdefuß muß zunächst die Achillessehne durchschnitten werden, dann die vordere Schienbeinmuskel. Eher kann der Varus nicht beseitigt werden. Karl wagte es kaum, beide Schnitte auf einmal zu machen. Auch hatte er große Angst, einen wichtigen Teil zu verletzen. Seine anatomischen Kenntnisse waren mangelhaft.

Ambrosius Paré, der fünfzehn Jahrhunderte nach Celsus die erste unmittelbare Unterbindung einer Arterie wagte, Düpuytren, der es unternahm, einen Abszeß am Gehirn zu öffnen, Gensoul, der als erster eine Oberkiefer-Abtragung ausführte, — allen diesen hat sicherlich nicht so das Herz geklopft und die Hand gezittert, und sie waren gewiß nicht so aufgeregt wie Bovary, als er Hippolyt unter sein Messer nahm.

Im Stübchen des Hausknechts sah es aus wie in einem Lazarett. Auf dem Tische lagen Haufen von Scharpie, gewichste Fäden, Binden, alles was in der Apotheke an Verbandszeug vorrätig gewesen war. Homais hatte das alles eigenhändig vorbereitet, sowohl um die Leute zu verblüffen als auch um sich selbst etwas vorzumachen.

Karl führte den Einschnitt aus. Ein platzendes Geräusch. Die Sehne war zerschnitten, die Operation beendet.

Hippolyt war vor Erstaunen außer aller Fassung. Er nahm Bovarys Hände und bedeckte sie mit Küssen.

„Erst mal Ruhe!“ gebot der Apotheker. „Die Dankbarkeit für deinen Wohltäter kannst du ja später bezeigen!“

Er ging hinunter, um das Ereignis den fünf oder sechs Neugierigen mitzuteilen, die im Hofe herumstanden und sich eingebildet hatten, Hippolyt werde erscheinen und mit einem Male laufen wie jeder andere. Karl schnallte seinem Patienten das Gehäuse an und begab sich sodann nach Haus, wo ihn Emma angstvoll an der Türe erwartete. Sie fiel ihm um den Hals.

Sie setzten sich zu Tisch. Er aß viel und verlangte zum Nachtisch sogar eine Tasse Kaffee; diesen Luxus erlaubte er sich sonst nur Sonntags, wenn ein Gast da war.

Der Abend verlief in heiterer Stimmung unter Gesprächen und gemeinsamem Pläneschmieden. Sie plauderten vom kommenden Glücke, von der Hebung ihres Hausstandes. Er sah seinen ärztlichen Ruf wachsen, seinen Wohlstand gedeihen und die Liebe seiner Frau immerdar währen. Und sie, sie fühlte sich beglückt und verjüngt, gesünder und besser in ihrer wiedererstandenen leisen Zuneigung für diesen armen Mann, der sie so sehr liebte. Flüchtig schoß ihr der Gedanke an Rudolf durch den Kopf, aber ihre Augen ruhten alsbald wieder auf Karl, und dabei bemerkte sie erstaunt, daß seine Zähne eigentlich gar nicht häßlich waren.

Sie waren bereits zu Bett, als Homais trotz der Abwehr des Mädchens plötzlich ins Zimmer trat, in der Hand ein frisch beschriebenes Stück Papier. Es war der Reklame-Aufsatz, den er für den „Leuchtturm von Rouen“ verfaßt hatte. Er brachte ihn, um ihn dem Arzte zum Lesen zu geben.

„Lesen Sie ihn vor!“ bat Bovary.

Der Apotheker tat es:

    „Ungeachtet der Vorurteile, in die ein Teil der Europäer noch immer verstrickt ist wie in ein Netz, beginnt es in unserer Gegend doch zu tagen. Am Dienstag war unser Städtchen Yonville der Schauplatz einer chirurgischen Tat, die zugleich ein Beispiel edelster Menschenliebe ist. Herr Karl Bovary, einer unserer angesehensten praktischen Ärzte, ...“

„Ach, das ist zu viel! Das ist zu viel!“ unterbrach ihn Karl, vor Erregung tief atmend.

„Aber durchaus nicht! Wieso denn?“

Er las weiter:

    „... hat den verkrüppelten Fuß ...“

Er unterbrach sich selbst:

„Ich habe hier absichtlich den terminus technicus vermieden, wissen Sie! In einer Tageszeitung muß alles gemeinverständlich sein ... die große Masse ...“

„Sehr richtig!“ meinte Bovary. „Bitte fahren Sie fort!“

„Ich wiederhole:

    Herr Karl Bovary, einer unserer angesehensten praktischen Ärzte, hat den verkrüppelten Fuß eines gewissen Hippolyt Tautain operiert, des langjährigen Hausknechts im Hotel zum Goldnen Löwen der verwitweten Frau Franz am Markt. Das aktuelle Ereignis und das allgemeine Interesse an der Operation hatten eine derartig große Volksmenge angezogen, daß der Zugang zu dem Etablissement gesperrt werden mußte. Die Operation selbst vollzog sich wunderbar schnell. Bluterguß trat so gut wie nicht ein. Kaum ein paar Blutstropfen verrieten, daß ein hartnäckiges Leiden endlich der Macht der Wissenschaft wich. Der Kranke verspürte dabei erstaunlicherweise — wie der Berichterstatter als Augenzeuge versichern darf — nicht den geringsten Schmerz, und sein Zustand läßt bis jetzt nichts zu wünschen übrig. Allem Dafürhalten nach wird die vollständige Heilung rasch erfolgen, und wer weiß, ob der brave Hippolyt nicht bei der kommenden Kirmes mit den flotten Urlaubern um die Wette tanzen und seine Wiederherstellung durch muntere Sprünge feiern wird? Ehre aber den hochherzigen Gelehrten, Ehre den unermüdlichen Geistern, die ihre Nächte der Menschheit zum Heile opfern! Ehre, dreimal Ehre ihnen!
    Der Tag wird noch kommen, wo verkündet werden wird, daß die Blinden sehen, die Tauben hören und die Lahmen gehen! Was der kirchliche Aberglaube ehedem nur den Auserwählten versprach, schenkt die Wissenschaft mehr und mehr allen Menschen. Wir werden unsere verehrten Leser über den weiteren Verlauf dieser so ungemein merkwürdigen Kur auf dem laufenden erhalten.“

Trotz alledem kam fünf Tage darauf die Löwenwirtin ganz verstört gelaufen und rief:

„Zu Hilfe! Er stirbt! Ich weiß nicht, was ich machen soll!“

Karl rannte Hals über Kopf nach dem Goldnen Löwen, und der Apotheker, der den Arzt so über den Markt stürmen sah, verließ sofort im bloßen Kopfe seinen Laden. Atemlos, aufgeregt und mit rotem Gesichte erreichte er den Gasthof und fragte jeden, dem er auf der Treppe begegnete:

„Na, was macht denn unser interessanter Strephopode?“

Der Strephopode wand sich in schrecklichen Zuckungen, so daß das Gehäuse, in das sein Bein eingezwängt war, gegen die Wand geschlagen ward und entzwei zu gehen drohte.

Mit vieler Vorsicht, um ja dabei die Lage des Fußes nicht zu verschieben, entfernte man das Holzgehäuse. Und nun bot sich ein gräßlicher Anblick dar. Die Form des Fußes war unter einer derartigen Schwellung verschwunden, daß es aussah, als platze demnächst die ganze Haut. Diese war blutunterlaufen und von Druckflecken bedeckt, die das famose Gehäuse verursacht hatte. Hippolyt hatte von Anfang an über Schmerzen geklagt, aber man hatte ihn nicht angehört. Nachdem man nunmehr einsah, daß er im Rechte gewesen war, gönnte man ihm ein paar Stunden Befreiung. Aber sowie die Schwellung ein wenig zurückgegangen war, hielten es die beiden Heilkünstler für angebracht, das Bein wieder einzuschienen und es noch fester einzupressen, um dadurch die Wiederherstellung zu beschleunigen.

Aber nach drei Tagen vermochte es Hippolyt nicht mehr auszuhalten. Man nahm ihm den Apparat abermals ab und war höchst über das verwundert, was sich nunmehr herausstellte. Die schwärzlichblau gewordene Schwellung erstreckte sich über das ganze Bein, das ganz voller Blasen war; eine dunkle Flüssigkeit sonderte sich ab. Man wurde bedenklich.

Hippolyt begann sich zu langweilen, und Frau Franz ließ ihn in die kleine Gaststube bringen neben der Küche, damit er wenigstens etwas Zerstreuung hätte. Aber der Steuereinnehmer, der dort seinen Stammplatz hatte, beschwerte sich über diese Nachbarschaft. Nunmehr schaffte man den Kranken in das Billardzimmer. Dort lag er wimmernd unter seinen schweren Decken, blaß, unrasiert, mit eingesunkenen Augen. Von Zeit zu Zeit wandte er seinen in Schweiß gebadeten Kopf auf dem schmutzigen Kissen hin und her, wenn ihn die Fliegen quälten.

Frau Bovary besuchte ihn. Sie brachte ihm Leinwand zu den Umschlägen, tröstete ihn und sprach ihm Mut ein. Auch sonst fehlte es ihm nicht an Gesellschaft, zumal an den Markttagen, wenn die Bauern drin bei ihm Billard spielten, mit den Queuen herumfuchtelten, rauchten, zechten, sangen und Spektakel machten.

„Wie geht dirs denn?“ fragten sie ihn und klopften ihm auf die Schulter. „So recht auf dem Damme bist du wohl nicht? Bist aber selber schuld daran!“ Er hätte dies oder jenes machen sollen. Sie erzählten ihm von Leuten, die durch ganz andere Heilmittel wiederhergestellt worden seien. Und zum sonderbaren Trost meinten sie:

„Du bist viel zu zimperlich! Steh doch auf! Du läßt dich wie ein Fürst verhätscheln! Das ist Unsinn, alter Schlaumeier! Und besonders gut riechst du auch nicht!“

Inzwischen griff der Brand immer weiter um sich. Bovary ward fast selber krank davon. Er kam aller Stunden, aller Augenblicke. Hippolyt sah ihn mit angsterfüllten Augen an. Schluchzend stammelte er:

„Lieber Herr Doktor, wann werd ich denn wieder gesund? Ach, helfen Sie mir! Ich bin so unglücklich, so unglücklich!“

Bovary schrieb ihm alle Tage vor, was er essen solle. Dann verließ er ihn.

„Hör nur gar nicht auf ihn, mein Junge!“ meinte die Löwenwirtin. „Sie haben dich schon gerade genug geschunden! Das macht dich bloß immer noch schwächer! Da, trink!“

Sie gab ihm hin und wieder Fleischbrühe, ein Stück Hammelkeule, Speck und manchmal ein Gläschen Schnaps, den er kaum an seine Lippen zu bringen wagte.

Abbé Bournisien, der gehört hatte, daß es Hippolyt schlechter ging, kam ihn zu besuchen. Er bedauerte ihn, dann aber erklärte er, in gewisser Beziehung müsse sich der Kranke freuen, denn es sei des Herrn Wille, der ihm Gelegenheit gäbe, sich mit dem Himmel zu versöhnen.

„Siehst du,“ sagte der Priester in väterlichem Tone, „du hast deine Pflichten recht vernachlässigt! Man hat dich selten in der Kirche gesehen. Wieviel Jahre lang hast du das heilige Abendmahl nicht genommen? Ich gebe zu, daß deine Beschäftigung und der Trubel der Welt dich abgehalten haben, für dein Seelenheil zu sorgen. Aber jetzt ist es an der Zeit, daß du dich darum kümmerst. Verzweifle indessen nicht! Ich habe große Sünder gekannt, die, kurz ehe sie vor Gottes Thron traten, (du bist noch nicht so weit, das weiß ich wohl!) seine Gnade erfleht haben; sie sind ohne Verdammnis gestorben! Hoffen wir, daß auch du uns gleich ihnen ein gutes Beispiel gibst! Darum: sei vorsichtig! Niemand verwehrt dir, morgens ein Ave-Maria und abends ein Paternoster zu beten! Ja, tue das! Mir zuliebe! Was kostet dich das? Willst du mir das versprechen?“

Der arme Teufel gelobte es. Tag für Tag kam der Seelsorger wieder. Er plauderte mit ihm und der Wirtin, und bisweilen erzählte er den beiden sogar Anekdoten, Späße und faule Witze, die Hippolyt allerdings nicht verstand. Aber bei jeder Gelegenheit kam er auf religiöse Dinge zu sprechen, wobei er jedesmal eine salbungsvolle Miene annahm.

Dieser Eifer verfehlte seine Wirkung nicht. Es dauerte nicht lange, da bekundete der Strephopode die Absicht, eine Wallfahrt nach Bon-Secours zu unternehmen, wenn er wieder gesund würde, worauf der Priester entgegnete, das sei nicht übel. Doppelt genäht halte besser. Er riskiere ja dabei nichts.

Der Apotheker war empört über „diese Pfaffenschliche“, wie er sich ausdrückte. Er behauptete, das verzögre die Genesung des Hausknechts nur.

„Laßt ihn doch nur in Ruhe!“ sagte er zur Löwenwirtin. „Mit euren Salbadereien macht ihr den Mann nur verdreht!“

Aber die gute Frau wollte davon nichts hören. Er und kein anderer sei ja an der ganzen Geschichte schuld! Und auch rein aus Widerspruchsgeist hing sie dem Kranken zu Häupten einen Weihwasserkessel und einen Buchsbaumzweig auf.

Allerdings nützten offenbar weder der kirchliche noch der chirurgische Segen. Unaufhaltsam schritt die Blutvergiftung vom Beine weiter in den Körper hinauf. Man versuchte immer neue Salben und Pflaster, aber der Fuß wurde immer brandiger, und schließlich antwortete Bovary mit einem zustimmenden Kopfnicken, als Mutter Franz ihn fragte, ob man angesichts dieser hoffnungslosen Lage nicht den Doktor Canivet aus Neufchâtel kommen lassen solle, der doch weitberühmt sei.

Canivet war Doktor der Medizin, fünfzig Jahre alt, ebenso wohlhabend wie selbstbewußt. Er kam und entblödete sich nicht, über den Kollegen geringschätzig zu lächeln, als er das bis an das Knie brandig gewordene Bein untersuchte. Sodann erklärte er, das Glied müsse amputiert werden.

Er suchte den Apotheker auf und wetterte gegen „die Esel, die das arme Luder so zugerichtet“ hätten. Er faßte Homais am Rockknopf und hielt ihm in seiner Apotheke eine Standpauke:

„Da habt Ihr so 'ne Pariser Erfindung! Solchen Unsinn hecken die Herren Gelehrten der Weltstadt nun aus! Genau so steht es mit ihren Schieloperationen, Chloroform-Betäubungen, Blaseneingriffen! Das ist alles Kapitalunfug gegen den sich der Staat ins Zeug legen sollte! Diese Scharlatane wollen bloß immer was zu tun haben. Sie erfinden die unglaublichsten Verfahren, aber an die Folgen denken sie nicht. Wir andern aber, wir sind rückständig. Wir sind keine Gelehrten, keine Zauberkünstler, keine Salonhelden. Wir haben unsre Praxis, wir heilen lumpige Krankheiten, aber es fällt uns nicht ein, Leute zu operieren, die kerngesund herumlaufen! Klumpfüße gerade zu hacken! Du lieber Gott! Ebenso könnte man auch einem Buckligen seinen Höcker abhobeln wollen!“

Homais war bei diesem Erguß gar nicht besonders wohl zumute, aber er verbarg sein Mißbehagen hinter einem verbindlichen Lächeln. Er mußte mit Canivet auf gutem Fuße bleiben, dieweil dieser in der Yonviller Gegend öfters konsultiert wurde und ihm dabei durch Rezepte zu verdienen gab. Aus diesem Grunde hütete er sich, für Bovary einzutreten. Er vermuckste sich nicht, ließ Grundsätze Grundsätze sein und opferte seine Würde den ihm wichtigeren Interessen seines Geschäfts.

Die Amputation des Beines, die der Doktor Canivet ausführte, war für den ganzen Ort ein wichtiges Ereignis. Frühzeitig waren die Leute schon auf den Beinen, und die Hauptstraße war voller Menschen, die allesamt etwas Trübseliges an sich hatten, als solle eine Hinrichtung stattfinden. Im Laden des Krämers stritt man sich über Hippolyts Krankheit. Ans Kaufen dachte niemand. Und Frau Tüvache, die Gattin des Bürgermeisters, lag vom frühen Morgen in ihrem Fenster, um ja nicht zu verpassen, wenn der Operateur ankäme.

Er kam in seinem Wägelchen angefahren, das er selber kutschierte. Durch die Last seines Körpers war die rechte Feder des Gefährts derartig niedergedrückt, daß der Wagenkasten schief stand. Neben dem Insassen auf dem Sitzpolster stand eine rotlederne Reisetasche, deren Messingschlösser prächtig funkelten. In starkem Trabe fuhr Canivet bis vor die kleine Freitreppe des Goldnen Löwen. Mit lauter Stimme befahl er, das Pferd auszuspannen. Er ging mit in den Stall und überzeugte sich, daß der Gaul ordentlich Hafer geschüttet bekam. Es war seine Gewohnheit, daß er sich immer zuerst seinem Tier und seinem Fuhrwerk widmete. Er galt deshalb im Munde der Leute für einen „Pferdejockel“. Aber gerade weil er sich darin unabbringbar gleichblieb, schätzte man ihn um so mehr. Und wenn der letzte Mensch auf Gottes ganzem Erdboden in den letzten Zügen gelegen hätte: Doktor Canivet wäre zunächst seiner kavalleristischen Pflicht nachgekommen.

Homais stellte sich ein.

„Ich rechne auf Ihre Unterstützung!“ sagte der Chirurg. „Ist alles bereit? Na, dann kanns losgehen!“

Der Apotheker gestand errötend ein, daß er zu empfindlich sei, um einer solchen Operation assistieren zu können. „Als passiver Zuschauer“, sagte er, „greift einen so was doppelt an. Meine Nerven sind so herunter ...“

„Quatsch!“ unterbrach ihn Canivet. „Mir machen Sie vielmehr den Eindruck, als solle Sie demnächst der Schlag rühren. Übrigens kein Wunder! Ihr Herren Apotheker hockt ja von früh bis abends in Eurer Giftbude. Das muß sich ja schließlich auf die Nerven legen! Gucken Sie mich mal an! Tag für Tag stehe ich vier Uhr morgens auf, wasche mich mit eiskaltem Wasser ... Frieren kenne ich nicht, Flanellhemden gibts für mich nicht, das Zipperlein kriege ich nicht, und mein Magen ist mordsgesund. Dabei lebe ich heute so und morgen so, wie mirs gerade einfällt, aber immer als Lebenskünstler! Und deshalb bin ich auch nicht so zimperlich wie Sie. Es ist mir total Wurst, ob ich einem Rebhuhn oder einem christlichen Individuum das Bein abschneide. Sie haben mir neulich mal gesagt, der Mensch sei ein Gewohnheitstier. Sehr richtig! Es ist alles bloß Gewohnheit ...“

Ohne irgendwelche Rücksicht auf Hippolyt, der nebenan auf seinem Lager vor Angst schwitzte, führten die beiden ihre Unterhaltung in diesem Stile weiter. Der Apotheker verglich die Kaltblütigkeit eines Chirurgen mit der eines Feldherrn. Durch diesen Vergleich geschmeichelt, ließ sich Canivet des längeren über die Erfordernisse seiner Kunst aus. Der Beruf des Arztes sei ein Priesteramt, und wer es nicht als das, sondern als gemeines Handwerk ausübe, der sei ein Heiligtumschänder.

Endlich erinnerte er sich des Patienten und begann das von Homais gelieferte Verbandszeug zu prüfen. Es war dasselbe, das bereits bei der ersten Operation zur Stelle gewesen war. Sodann erbat er sich jemanden, der das Bein festhalten könne. Lestiboudois ward geholt.

Der Doktor zog den Rock aus, streifte sich die Hemdsärmel hoch und begab sich in das Billardzimmer, während der Apotheker in die Küche ging, wo die Wirtin sowie Artemisia neugierig und ängstlich warteten. Die Gesichter der beiden Frauen waren weißer als ihre Schürzen.

Währenddessen wagte sich Bovary nicht aus seinem Hause heraus. Er saß unten in der Großen Stube, zusammengeduckt und die Hände gefaltet, im Winkel neben dem Kamin, in dem kein Feuer brannte, und starrte vor sich hin. „Welch ein Mißgeschick!“ seufzte er. „Was für eine große Enttäuschung!“ Er hatte doch alle denkbaren Vorsichtsmaßregeln getroffen, und doch war der Teufel mit seiner Hand dazwischengekommen! Nicht zu ändern! Wenn Hippolyt noch stürbe, dann wäre er schuld daran! Und was sollte er antworten, wenn ihn seine Patienten darnach fragten? Sollte er sagen, er habe einen Fehler begangen? Aber welchen? Er wußte doch selber keinen, so sehr er auch darüber nachsann. Die berühmtesten Chirurgen versehen sich einmal. Aber das wird kein Mensch bedenken. Sie werden ihn alle nur auslachen und in Verruf bringen. Die Sache wird bis Forges ruchbar werden, bis Neufchâtel, bis Rouen und noch weiter! Vielleicht würde irgendein Kollege einen Bericht gegen ihn veröffentlichen, dem dann eine Polemik folgte, die ihn zwänge, in den Zeitungen eine Entgegnung zu bringen. Hippolyt könnte auf Schadenersatz klagen.

Karl sah sich entehrt, zugrunde gerichtet, verloren! Seine von tausend Befürchtungen bestürmte Phantasie schwankte hin und her wie eine leere Tonne auf den Wogen des Meeres.

Emma saß ihm gegenüber und beobachtete ihn. An seine Demütigung dachte sie nicht. Ihre Gedanken arbeiteten in andrer Richtung. Wie hatte sie sich nur einbilden können, daß sich ein Mann seines Schlages zu einer Leistung aufschwänge, wo sich seine Unfähigkeit doch schon mehr als ein dutzendmal erwiesen hatte!

Er lief im Zimmer auf und ab. Seine Stiefel knarrten.

„Setz dich doch!“ sagte sie. „Du machst mich noch ganz verrückt!“

Er tat es.

Wie hatte sie es nur fertig gebracht — wo sie doch so klug war! —, daß sie sich abermals so getäuscht hatte? Aber ja, ihr ganzer Lebenspfad war doch fortwährend durch das traurige Tal der Entbehrungen gegangen. Wie vom Wahnwitz geleitet! Sie rief sich alles einzeln ins Gedächtnis zurück: ihren unbefriedigten Hang zum Lebensgenuß, die Einsamkeit ihrer Seele, die Armseligkeit ihrer Ehe, ihres Hausstandes, ihre Träume und Illusionen, die in den Sumpf hinabgefallen waren wie verwundete Schwalben. Sie dachte an alles das, was sie sich ersehnt, an alles, was sie von sich gewiesen, an alles, was sie hätte haben können! Sie begriff den geheimen Zusammenhang nicht. Warum war denn alles so? Warum?

Das Städtchen lag in tiefer Ruhe. Plötzlich erscholl ein herzzerreißender Schrei. Bovary ward blaß und beinahe ohnmächtig. Emma zuckte nervös mit den Augenbrauen. Dann aber war ihr nichts mehr anzusehen.

Der da, der war der Schuldige! Dieser Mensch ohne Intelligenz und ohne Feingefühl! Da saß er, stumpfsinnig und ohne Verständnis dafür, daß er nicht nur seinen Namen lächerlich und ehrlos gemacht hatte, sondern den gemeinsamen Namen, also auch ihren Namen! Und sie, sie hatte sich solche Mühe gegeben, ihn zu lieben! Hatte unter Tränen bereut, daß sie ihm untreu geworden war!

„Vielleicht war es ein Valgus?“ rief Karl plötzlich laut aus. Das war das Ergebnis seines Nachsinnens.

Bei dem unerwarteten Schlag, den dieser Ausruf den Gedanken Emmas versetzte — er fiel wie eine Bleikugel auf eine silberne Platte —, hob sie erschrocken ihr Haupt. Was wollte er damit sagen, fragte sie sich. Sie sahen einander stumm an, gleichsam erstaunt, sich gegenseitig zu erblicken. Alle beide waren sie sich seelisch himmelweit fern. Karl starrte sie an mit dem wirren Blick eines Trunkenen und lauschte dabei, ohne sich zu regen, den verhallenden Schreien des Amputierten. Der heulte in langgedehnten Tönen, die ab und zu von grellem Gebrüll unterbrochen wurden. Alles das klang wie das ferne Gejammer eines Tieres, das man schlachtet. Emma biß sich auf die blassen Lippen. Ihre Finger spielten mit dem Blatt einer Blume, die sie zerpflückt hatte, und ihre heißen Blicke trafen ihn wie Brandpfeile. Jetzt reizte sie alles an ihm; sein Gesicht, sein Anzug, sein Schweigen, seine ganze Erscheinung, ja seine Existenz. Wie über ein Verbrechen empfand sie darob Reue, daß sie ihm so lange treu geblieben, und was noch von Anhänglichkeit übrig war, ging jetzt in den lodernden Flammen ihres Ingrimms auf. Mit wilder Schadenfreude genoß sie den Siegesjubel über ihre gebrochene Ehe. Von neuem gedachte sie des Geliebten und fühlte sich taumelnd zu ihm gezogen. Sein Bild entzückte und verführte sie in Gedanken abermals. Sie gab ihm ihre ganze Seele. Es war ihr, als sei Karl aus ihrem Leben herausgerissen, für immer entfremdet, unmöglich geworden, ausgetilgt. Als sei er gestorben, nachdem er vor ihren Augen den Todeskampf gekämpft hatte. Vom Trottoir her drang das Geräusch von Tritten herauf. Karl ging an das Fenster und sah durch die niedergelassenen Jalousien den Doktor Canivet an den Hallen in der vollen Sonne hingehen. Er wischte sich gerade die Stirn mit seinem Taschentuche. Hinter ihm schritt Homais, die große rote Reisetasche in der Hand. Beide steuerten auf die Apotheke zu.

In einem Anfall von Mutlosigkeit und Liebesbedürfnis näherte sich Karl seiner Frau:

„Gib mir einen Kuß, Geliebte!“

„Laß mich!“ wehrte sie ab, ganz rot vor Zorn.

„Was hast du denn? Was ist dir?“ fragte er betroffen. „Sei doch ruhig! Ärgere dich nicht! Du weißt ja, wie sehr ich dich liebe! Komm!“

„Weg!“ rief sie mit verzerrtem Gesicht. Sie stürzte aus dem Zimmer, wobei sie die Tür so heftig hinter sich zuschlug, daß das Barometer von der Wand fiel und in Stücke ging.

Karl sank in seinen Lehnstuhl. Erschrocken sann er darüber nach, was sie wohl habe. Er bildete sich ein, sie leide an einer Nervenkrankheit. Er fing an zu weinen im ahnenden Vorgefühl von etwas Unheilvollem, Unfaßbarem.

Als Rudolf an diesem Abend hinten in den Garten kam, fand er seine Geliebte auf der obersten Stufe der kleinen Gartentreppe sitzen und auf ihn warten. Sie küßten sich, und all ihr Ärger schmolz in der Glut der Umarmung wie der Schnee vor der Sonne.