Madame Bovary | 23 | D’abord / To begin with / Zunächst

 

XIV

D’abord, il ne savait comment faire pour dédommager M. Homais de tous les médicaments pris chez lui ; et, quoiqu’il eût pu, comme médecin, ne pas les payer, néanmoins il rougissait un peu de cette obligation. Puis la dépense du ménage, à présent que la cuisinière était maîtresse, devenait effrayante ; les notes pleuvaient dans la maison ; les fournisseurs murmuraient ; M. Lheureux, surtout, le harcelait. En effet, au plus fort de la maladie d’Emma, celui-ci, profitant de la circonstance pour exagérer sa facture, avait vite apporté le manteau, le sac de nuit, deux caisses au lieu d’une, quantité d’autres choses encore. Charles eut beau dire qu’il n’en avait pas besoin, le marchand répondit arrogamment qu’on lui avait commandé tous ces articles et qu’il ne les reprendrait pas ; d’ailleurs, ce serait contrarier Madame dans sa convalescence ; Monsieur réfléchirait ; bref, il était résolu à le poursuivre en justice plutôt que d’abandonner ses droits et que d’emporter ses marchandises. Charles ordonna par la suite de les renvoyer à son magasin ; Félicité oublia ; il avait d’autres soucis ; on n’y pensa plus ; M. Lheureux revint à la charge, et, tour à tour menaçant et gémissant, manœuvra de telle façon, que Bovary finit par souscrire un billet à six mois d’échéance. Mais à peine eut-il signé ce billet, qu’une idée audacieuse lui surgit : c’était d’emprunter mille francs à M. Lheureux. Donc, il demanda, d’un air embarrassé, s’il n’y avait pas moyen de les avoir, ajoutant que ce serait pour un an et au taux que l’on voudrait. Lheureux courut à sa boutique, en rapporta les écus et dicta un autre billet, par lequel Bovary déclarait devoir payer à son ordre, le 1er septembre prochain, la somme de mille soixante et dix francs ; ce qui, avec les cent quatre-vingts déjà stipulés, faisait juste douze cent cinquante. Ainsi, prêtant à six pour cent, augmenté d’un quart de commission, et les fournitures lui rapportant un bon tiers pour le moins, cela devait, en douze mois, donner cent trente francs de bénéfice ; et il espérait que l’affaire ne s’arrêterait pas là, qu’on ne pourrait payer les billets, qu’on les renouvellerait, et que son pauvre argent, s’étant nourri chez le médecin comme dans une maison de santé, lui reviendrait, un jour, considérablement plus dodu, et gros à faire craquer le sac.

Tout, d’ailleurs, lui réussissait. Il était adjudicataire d’une fourniture de cidre pour l’hôpital de Neufchâtel ; M. Guillaumin lui promettait des actions dans les tourbières de Grumesnil, et il rêvait d’établir un nouveau service de diligences entre Argueil et Rouen, qui ne tarderait pas, sans doute, à ruiner la guimbarde du Lion d’or, et qui, marchant plus vite, étant à prix plus bas et portant plus de bagages, lui mettrait ainsi dans les mains tout le commerce d’Yonville.

Charles se demanda plusieurs fois par quel moyen, l’année prochaine, pouvoir rembourser tant d’argent ; et il cherchait, imaginait des expédients, comme de recourir à son père ou de vendre quelque chose. Mais son père serait sourd, et il n’avait, lui, rien à vendre. Alors il découvrait de tels embarras, qu’il écartait vite de sa conscience un sujet de méditation aussi désagréable. Il se reprochait d’en oublier Emma ; comme si, toutes ses pensées appartenant à cette femme, c’eût été lui dérober quelque chose que de n’y pas continuellement réfléchir.

L’hiver fut rude. La convalescence de Madame fut longue. Quand il faisait beau, on la poussait dans son fauteuil auprès de la fenêtre, celle qui regardait la place ; car elle avait maintenant le jardin en antipathie, et la persienne de ce côté restait constamment fermée. Elle voulut que l’on vendît le cheval ; ce qu’elle aimait autrefois, à présent lui déplaisait. Toutes ses idées paraissaient se borner au soin d’elle-même. Elle restait dans son lit à faire de petites collations, sonnait sa domestique pour s’informer de ses tisanes ou pour causer avec elle. Cependant la neige sur le toit des halles jetait dans la chambre un reflet blanc, immobile ; ensuite ce fut la pluie qui tombait. Et Emma quotidiennement attendait, avec une sorte d’anxiété, l’infaillible retour d’événements minimes, qui pourtant ne lui importaient guère. Le plus considérable était, le soir, l’arrivée de l’Hirondelle. Alors l’aubergiste criait et d’autres voix répondaient, tandis que le falot d’Hippolyte, qui cherchait des coffres sur la bâche, faisait comme une étoile dans l’obscurité. À midi, Charles rentrait ; ensuite il sortait ; puis elle prenait un bouillon, et, vers cinq heures, à la tombée du jour, les enfants qui s’en revenaient de la classe, traînant leurs sabots sur le trottoir, frappaient tous avec leurs règles la cliquette des auvents, les uns après les autres.

C’était à cette heure-là que M. Bournisien venait la voir. Il s’enquérait de sa santé, lui apportait des nouvelles et l’exhortait à la religion dans un petit bavardage câlin qui ne manquait pas d’agrément. La vue seule de sa soutane la réconfortait.

Un jour qu’au plus fort de sa maladie elle s’était crue agonisante, elle avait demandé la communion ; et, à mesure que l’on faisait dans sa chambre les préparatifs pour le sacrement, que l’on disposait en autel la commode encombrée de sirops et que Félicité semait par terre des fleurs de dahlia, Emma sentait quelque chose de fort passant sur elle, qui la débarrassait de ses douleurs, de toute perception, de tout sentiment. Sa chair allégée ne pesait plus, une autre vie commençait ; il lui sembla que son être, montant vers Dieu, allait s’anéantir dans cet amour comme un encens allumé qui se dissipe en vapeur. On aspergea d’eau bénite les draps du lit ; le prêtre retira du saint ciboire la blanche hostie ; et ce fut en défaillant d’une joie céleste qu’elle avança les lèvres pour accepter le corps du Sauveur qui se présentait. Les rideaux de son alcôve se gonflaient mollement, autour d’elle, en façon de nuées, et les rayons des deux cierges brûlant sur la commode lui parurent être des gloires éblouissantes. Alors elle laissa retomber sa tête, croyant entendre dans les espaces le chant des harpes séraphiques et apercevoir en un ciel d’azur, sur un trône d’or, au milieu des saints tenant des palmes vertes, Dieu le Père tout éclatant de majesté, et qui d’un signe faisait descendre vers la terre des anges aux ailes de flamme pour l’emporter dans leurs bras.

Cette vision splendide demeura dans sa mémoire comme la chose la plus belle qu’il fût possible de rêver ; si bien qu’à présent elle s’efforçait d’en ressaisir la sensation, qui continuait cependant, mais d’une manière moins exclusive et avec une douceur aussi profonde. Son âme, courbatue d’orgueil, se reposait enfin dans l’humilité chrétienne ; et, savourant le plaisir d’être faible, Emma contemplait en elle-même la destruction de sa volonté, qui devait faire aux envahissements de la grâce une large entrée. Il existait donc à la place du bonheur des félicités plus grandes, un autre amour au-dessus de tous les amours, sans intermittence ni fin, et qui s’accroîtrait éternellement ! Elle entrevit, parmi les illusions de son espoir, un état de pureté flottant au-dessus de la terre, se confondant avec le ciel, et où elle aspira d’être. Elle voulut devenir une sainte. Elle acheta des chapelets, elle porta des amulettes ; elle souhaitait avoir dans sa chambre, au chevet de sa couche, un reliquaire enchâssé d’émeraudes, pour le baiser tous les soirs.

Le Curé s’émerveillait de ces dispositions, bien que la religion d’Emma, trouvait-il, pût, à force de ferveur, finir par friser l’hérésie et même l’extravagance. Mais, n’étant pas très versé dans ces matières sitôt qu’elles dépassaient une certaine mesure, il écrivit à M. Boulard, libraire de Monseigneur, de lui envoyer quelque chose de fameux pour une personne du sexe, qui était pleine d’esprit. Le libraire, avec autant d’indifférence que s’il eût expédié de la quincaillerie à des nègres, vous emballa pêle-mêle tout ce qui avait cours pour lors dans le négoce des livres pieux. C’étaient de petits manuels par demandes et par réponses, des pamphlets d’un ton rogue dans la manière de M. de Maistre, et des espèces de romans à cartonnage rose et à style douceâtre, fabriqués par des séminaristes troubadours ou des bas bleus repenties. Il y avait le Pensez-y bien ; l’Homme du monde aux pieds de Marie, par M. de ***, décoré de plusieurs ordres ; des Erreurs de Voltaire, à l’usage des jeunes gens, etc.

Mme Bovary n’avait pas encore l’intelligence assez nette pour s’appliquer sérieusement à n’importe quoi ; d’ailleurs, elle entreprit ces lectures avec trop de précipitation. Elle s’irrita contre les prescriptions du culte ; l’arrogance des écrits polémiques lui déplut par leur acharnement à poursuivre des gens qu’elle ne connaissait pas ; et les contes profanes relevés de religion lui parurent écrits dans une telle ignorance du monde, qu’ils l’écartèrent insensiblement des vérités dont elle attendait la preuve. Elle persista pourtant, et, lorsque le volume lui tombait des mains, elle se croyait prise par la plus fine mélancolie catholique qu’une âme éthérée pût concevoir.

Quant au souvenir de Rodolphe, elle l’avait descendu tout au fond de son cœur ; et il restait là, plus solennel et plus immobile qu’une momie de roi dans un souterrain. Une exhalaison s’échappait de ce grand amour embaumé et qui, passant à travers tout, parfumait de tendresse l’atmosphère d’immaculation où elle voulait vivre. Quand elle se mettait à genoux sur son prie-Dieu gothique, elle adressait au Seigneur les mêmes paroles de suavité qu’elle murmurait jadis à son amant, dans les épanchements de l’adultère. C’était pour faire venir la croyance ; mais aucune délectation ne descendait des cieux, et elle se relevait, les membres fatigués, avec le sentiment vague d’une immense duperie. Cette recherche, pensait-elle, n’était qu’un mérite de plus ; et dans l’orgueil de sa dévotion, Emma se comparait à ces grandes dames d’autrefois, dont elle avait rêvé la gloire sur un portrait de la Vallière, et qui, traînant avec tant de majesté la queue chamarrée de leurs longues robes, se retiraient en des solitudes pour y répandre aux pieds du Christ toutes les larmes d’un cœur que l’existence blessait.

Alors, elle se livra à des charités excessives. Elle cousait des habits pour les pauvres ; elle envoyait du bois aux femmes en couches ; et Charles, un jour en rentrant, trouva dans la cuisine trois vauriens attablés qui mangeaient un potage. Elle fit revenir à la maison sa petite fille, que son mari, durant sa maladie, avait renvoyée chez la nourrice. Elle voulut lui apprendre à lire ; Berthe avait beau pleurer, elle ne s’irritait plus. C’était un parti pris de résignation, une indulgence universelle. Son langage, à propos de tout, était plein d’expressions idéales. Elle disait à son enfant :

— Ta colique est-elle passée, mon ange ?

Mme Bovary mère ne trouvait rien à blâmer, sauf peut-être cette manie de tricoter des camisoles pour les orphelins, au lieu de raccommoder ses torchons. Mais, harassée de querelles domestiques, la bonne femme se plaisait en cette maison tranquille, et même elle y demeura jusques après Pâques, afin d’éviter les sarcasmes du père Bovary, qui ne manquait pas, tous les vendredis saints, de se commander une andouille.

Outre la compagnie de sa belle-mère, qui la raffermissait un peu par sa rectitude de jugement et ses façons graves, Emma, presque tous les jours, avait encore d’autres sociétés. C’était Mme Langlois, Mme Caron, Mme Dubreuil, Mme Tuvache et, régulièrement, de deux à cinq heures, l’excellente Mme Homais, qui n’avait jamais voulu croire, celle-là, à aucun des cancans que l’on débitait sur sa voisine. Les petits Homais aussi venaient la voir ; Justin les accompagnait. Il montait avec eux dans la chambre, et il restait debout près de la porte, immobile, sans parler. Souvent même, Mme Bovary, n’y prenant garde, se mettait à sa toilette. Elle commençait par retirer son peigne, en secouant sa tête d’un mouvement brusque ; et, quand il aperçut la première fois cette chevelure entière qui descendait jusqu’aux jarrets en déroulant ses anneaux noirs, ce fut pour lui, le pauvre enfant, comme l’entrée subite dans quelque chose d’extraordinaire et de nouveau dont la splendeur l’effraya.

Emma, sans doute, ne remarquait pas ses empressements silencieux ni ses timidités. Elle ne se doutait point que l’amour, disparu de sa vie, palpitait là, près d’elle, sous cette chemise de grosse toile, dans ce cœur d’adolescent ouvert aux émanations de sa beauté. Du reste, elle enveloppait tout maintenant d’une telle indifférence, elle avait des paroles si affectueuses et des regards si hautains, des façons si diverses, que l’on ne distinguait plus l’égoïsme de la charité, ni la corruption de la vertu. Un soir, par exemple, elle s’emporta contre sa domestique, qui lui demandait à sortir et balbutiait en cherchant un prétexte, puis tout à coup :

— Tu l’aimes donc ? dit-elle.

Et, sans attendre la réponse de Félicité, qui rougissait elle ajouta d’un air triste :

— Allons, cours-y ! amuse-toi !

Elle fit, au commencement du printemps, bouleverser le jardin d’un bout à l’autre, malgré les observations de Bovary ; il fut heureux, cependant, de lui voir enfin manifester une volonté quelconque. Elle en témoigna davantage à mesure qu’elle se rétablissait. D’abord, elle trouva moyen d’expulser la mère Rolet, la nourrice, qui avait pris l’habitude, pendant sa convalescence, de venir trop souvent à la cuisine avec ses deux nourrissons et son pensionnaire, plus endenté qu’un cannibale. Puis elle se dégagea de la famille Homais, congédia successivement toutes les autres visites et même fréquenta l’église avec moins d’assiduité, à la grande approbation de l’apothicaire, qui lui dit alors amicalement :

— Vous donniez un peu dans la calotte !

M. Bournisien, comme autrefois, survenait tous les jours, en sortant du catéchisme. Il préférait rester dehors, à prendre l’air au milieu du bocage, il appelait ainsi la tonnelle. C’était l’heure où Charles rentrait. Ils avaient chaud ; on apportait du cidre doux, et ils buvaient ensemble au complet rétablissement de Madame.

Binet se trouvait là, c’est-à-dire un peu plus bas, contre le mur de la terrasse, à pêcher des écrevisses. Bovary l’invitait à se rafraîchir, et il s’entendait parfaitement à déboucher les cruchons.

— Il faut, disait-il en promenant autour de lui et jusqu’aux extrémités du paysage un regard satisfait, tenir ainsi la bouteille d’aplomb sur la table, et, après que les ficelles sont coupées, pousser le liège à petits coups, doucement, doucement, comme on fait, d’ailleurs, à l’eau de Seltz, dans les restaurants.

Mais le cidre, pendant sa démonstration, souvent leur jaillissait en plein visage, et alors l’ecclésiastique, avec un rire opaque, ne manquait jamais cette plaisanterie :

— Sa bonté saute aux yeux !

Il était brave homme, en effet, et même, un jour, ne fut point scandalisé du pharmacien, qui conseillait à Charles, pour distraire Madame, de la mener au théâtre de Rouen voir l’illustre ténor Lagardy. Homais s’étonnant de ce silence, voulut savoir son opinion, et le prêtre déclara qu’il regardait la musique comme moins dangereuse pour les mœurs que la littérature.

Mais le pharmacien prit la défense des lettres. Le théâtre, prétendait-il, servait à fronder les préjugés, et, sous le masque du plaisir, enseignait la vertu.

— Castigat ridendo mores, monsieur Bournisien ! Ainsi, regardez la plupart des tragédies de Voltaire ; elles sont semées habilement de réflexions philosophiques qui en font pour le peuple une véritable école de morale et de diplomatie.

— Moi, dit Binet, j’ai vu autrefois une pièce intitulée le Gamin de Paris, où l’on remarque le caractère d’un vieux général qui est vraiment tapé ! Il rembarre un fils de famille qui avait séduit une ouvrière, qui à la fin…

— Certainement ! continuait Homais, il y a la mauvaise littérature comme il y a la mauvaise pharmacie, mais condamner en bloc le plus important des beaux arts me paraît une balourdise, une idée gothique, digne de ces temps abominables où l’on enfermait Galilée.

— Je sais bien, objecta le Curé, qu’il existe de bons ouvrages, de bons auteurs ; cependant, ne serait-ce que ces personnes de sexe différent réunies dans un appartement enchanteur, orné de pompes mondaines, et puis ces déguisements païens, ce fard, ces flambeaux, ces voix efféminées, tout cela doit finir par engendrer un certain libertinage d’esprit et vous donner des pensées déshonnêtes, des tentations impures. Telle est du moins l’opinion de tous les Pères. Enfin, ajouta-t-il en prenant subitement un ton de voix mystique, tandis qu’il roulait sur son pouce une prise de tabac, si l’Église a condamné les spectacles, c’est qu’elle avait raison ; il faut nous soumettre à ses décrets.

— Pourquoi, demanda l’apothicaire, excommunie-t-elle les comédiens ? car, autrefois, ils concouraient ouvertement aux cérémonies du culte. Oui, on jouait, on représentait au milieu du chœur des espèces de farces appelées mystères, dans lesquelles les lois de la décence souvent se trouvaient offensées.

L’ecclésiastique se contenta de pousser un gémissement, et le pharmacien poursuivit :

— C’est comme dans la Bible ; il y a… savez-vous…, plus d’un détail… piquant, des choses… vraiment… gaillardes !

Et, sur un geste d’irritation que faisait M. Bournisien :

— Ah ! vous conviendrez que ce n’est pas un livre à mettre entre les mains d’une jeune personne, et je serais fâché qu’Athalie…

— Mais ce sont les protestants, et non pas nous, s’écria l’autre impatienté, qui recommandent la Bible !

— N’importe ! dit Homais, je m’étonne que, de nos jours, en un siècle de lumières, on s’obstine encore à proscrire un délassement intellectuel qui est inoffensif, moralisant et même hygiénique quelquefois, n’est-ce pas, docteur ?

— Sans doute, répondit le médecin nonchalamment, soit que, ayant les mêmes idées, il voulût n’offenser personne, ou bien qu’il n’eût pas d’idées.

La conversation semblait finie, quand le pharmacien jugea convenable de pousser une dernière botte.

— J’en ai connu, des prêtres, qui s’habillaient en bourgeois pour aller voir gigoter des danseuses.

— Allons donc ! fit le curé.

— Ah ! j’en ai connu !

Et, séparant les syllabes de sa phrase, Homais répéta :

— J’en-ai-connu.

— Eh bien ! ils avaient tort, dit Bournisien résigné à tout entendre.

— Parbleu ! ils en font bien d’autres ! exclama l’apothicaire.

— Monsieur !… reprit l’ecclésiastique avec des yeux si farouches, que le pharmacien en fut intimidé.

— Je veux seulement dire, répliqua-t-il alors d’un ton moins brutal, que la tolérance est le plus sûr moyen d’attirer les âmes à la religion.

— C’est vrai ! c’est vrai ! concéda le bonhomme en se rasseyant sur sa chaise.

Mais il n’y resta que deux minutes. Puis, dès qu’il fut parti, M. Homais dit au médecin :

— Voilà ce qui s’appelle une prise de bec ! Je l’ai roulé, vous avez vu, d’une manière !… Enfin, croyez-moi, conduisez Madame au spectacle, ne serait-ce que pour faire une fois dans votre vie enrager un de ces corbeaux-là, saprelotte ! Si quelqu’un pouvait me remplacer, je vous accompagnerais moi-même. Dépêchez-vous ! Lagardy ne donnera qu’une seule représentation ; il est engagé en Angleterre à des appointements considérables. C’est, à ce qu’on assure, un fameux lapin ! il roule sur l’or ! il mène avec lui trois maîtresses et son cuisinier ! Tous ces grands artistes brûlent la chandelle par les deux bouts ; il leur faut une existence dévergondée qui excite un peu l’imagination. Mais ils meurent à l’hôpital, parce qu’ils n’ont pas eu l’esprit, étant jeunes, de faire des économies. Allons, bon appétit ; à demain !

Cette idée de spectacle germa vite dans la tête de Bovary ; car aussitôt il en fit part à sa femme, qui refusa tout d’abord, alléguant la fatigue, le dérangement, la dépense ; mais, par extraordinaire, Charles ne céda pas, tant il jugeait cette récréation lui devoir être profitable. Il n’y voyait aucun empêchement ; sa mère leur avait expédié trois cents francs sur lesquels il ne comptait plus, les dettes courantes n’avaient rien d’énorme, et l’échéance des billets à payer au sieur Lheureux était encore si longue, qu’il n’y fallait pas songer. D’ailleurs, imaginant qu’elle y mettait de la délicatesse, Charles insista davantage ; si bien qu’elle finit, à force d’obsessions, par se décider. Et, le lendemain, à huit heures, ils s’emballèrent dans l’Hirondelle.

L’apothicaire, que rien ne retenait à Yonville, mais qui se croyait contraint de n’en pas bouger, soupira en les voyant partir.

— Allons, bon voyage ! leur dit-il, heureux mortels que vous êtes !

Puis, s’adressant à Emma, qui portait une robe de soie bleue à quatre falbalas :

— Je vous trouve jolie comme un Amour ! Vous allez faire florès à Rouen.

La diligence descendait à l’hôtel de la Croix-Rouge, sur la place Beauvoisine. C’était une de ces auberges comme il y en a dans tous les faubourgs de province, avec de grandes écuries et de petites chambres à coucher, où l’on voit au milieu de la cour des poules picorant l’avoine sous les cabriolets crottés des commis voyageurs ; — bons vieux gîtes à balcon de bois vermoulu qui craquent au vent dans les nuits d’hiver, continuellement pleins de monde, de vacarme et de mangeaille, dont les tables noires sont poissées par les glorias, les vitres épaisses jaunies par les mouches, les serviettes humides tachées par le vin bleu ; et qui, sentant toujours le village, comme des valets de ferme habillés en bourgeois, ont un café sur la rue, et du côté de la campagne un jardin à légumes. Charles immédiatement se mit en courses. Il confondit l’avant-scène avec les galeries, le parquet avec les loges, demanda des explications, ne les comprit pas, fut renvoyé du contrôleur au directeur, revint à l’auberge, retourna au bureau, et, plusieurs fois ainsi, arpenta toute la longueur de la ville, depuis le théâtre jusqu’au boulevard.

Madame s’acheta un chapeau, des gants, un bouquet. Monsieur craignait beaucoup de manquer le commencement ; et, sans avoir eu le temps d’avaler un bouillon, ils se présentèrent devant les portes du théâtre, qui étaient encore fermées.

Chapter Fourteen

To begin with, he did not know how he could pay Monsieur Homais for all the physic supplied by him, and though, as a medical man, he was not obliged to pay for it, he nevertheless blushed a little at such an obligation. Then the expenses of the household, now that the servant was mistress, became terrible. Bills rained in upon the house; the tradesmen grumbled; Monsieur Lheureux especially harassed him. In fact, at the height of Emma’s illness, the latter, taking advantage of the circumstances to make his bill larger, had hurriedly brought the cloak, the travelling-bag, two trunks instead of one, and a number of other things. It was very well for Charles to say he did not want them. The tradesman answered arrogantly that these articles had been ordered, and that he would not take them back; besides, it would vex madame in her convalescence; the doctor had better think it over; in short, he was resolved to sue him rather than give up his rights and take back his goods. Charles subsequently ordered them to be sent back to the shop. Felicite forgot; he had other things to attend to; then thought no more about them. Monsieur Lheureux returned to the charge, and, by turns threatening and whining, so managed that Bovary ended by signing a bill at six months. But hardly had he signed this bill than a bold idea occurred to him: it was to borrow a thousand francs from Lheureux. So, with an embarrassed air, he asked if it were possible to get them, adding that it would be for a year, at any interest he wished. Lheureux ran off to his shop, brought back the money, and dictated another bill, by which Bovary undertook to pay to his order on the 1st of September next the sum of one thousand and seventy francs, which, with the hundred and eighty already agreed to, made just twelve hundred and fifty, thus lending at six per cent in addition to one-fourth for commission: and the things bringing him in a good third at the least, this ought in twelve months to give him a profit of a hundred and thirty francs. He hoped that the business would not stop there; that the bills would not be paid; that they would be renewed; and that his poor little money, having thriven at the doctor’s as at a hospital, would come back to him one day considerably more plump, and fat enough to burst his bag.

Everything, moreover, succeeded with him. He was adjudicator for a supply of cider to the hospital at Neufchatel; Monsieur Guillaumin promised him some shares in the turf-pits of Gaumesnil, and he dreamt of establishing a new diligence service between Arcueil and Rouen, which no doubt would not be long in ruining the ramshackle van of the “Lion d’Or,” and that, travelling faster, at a cheaper rate, and carrying more luggage, would thus put into his hands the whole commerce of Yonville.

Charles several times asked himself by what means he should next year be able to pay back so much money. He reflected, imagined expedients, such as applying to his father or selling something. But his father would be deaf, and he — he had nothing to sell. Then he foresaw such worries that he quickly dismissed so disagreeable a subject of meditation from his mind. He reproached himself with forgetting Emma, as if, all his thoughts belonging to this woman, it was robbing her of something not to be constantly thinking of her.

The winter was severe, Madame Bovary’s convalescence slow. When it was fine they wheeled her arm-chair to the window that overlooked the square, for she now had an antipathy to the garden, and the blinds on that side were always down. She wished the horse to be sold; what she formerly liked now displeased her. All her ideas seemed to be limited to the care of herself. She stayed in bed taking little meals, rang for the servant to inquire about her gruel or to chat with her. The snow on the market-roof threw a white, still light into the room; then the rain began to fall; and Emma waited daily with a mind full of eagerness for the inevitable return of some trifling events which nevertheless had no relation to her. The most important was the arrival of the “Hirondelle” in the evening. Then the landlady shouted out, and other voices answered, while Hippolyte’s lantern, as he fetched the boxes from the boot, was like a star in the darkness. At mid-day Charles came in; then he went out again; next she took some beef-tea, and towards five o’clock, as the day drew in, the children coming back from school, dragging their wooden shoes along the pavement, knocked the clapper of the shutters with their rulers one after the other.

It was at this hour that Monsieur Bournisien came to see her. He inquired after her health, gave her news, exhorted her to religion, in a coaxing little prattle that was not without its charm. The mere thought of his cassock comforted her.

One day, when at the height of her illness, she had thought herself dying, and had asked for the communion; and, while they were making the preparations in her room for the sacrament, while they were turning the night table covered with syrups into an altar, and while Felicite was strewing dahlia flowers on the floor, Emma felt some power passing over her that freed her from her pains, from all perception, from all feeling. Her body, relieved, no longer thought; another life was beginning; it seemed to her that her being, mounting toward God, would be annihilated in that love like a burning incense that melts into vapour. The bed-clothes were sprinkled with holy water, the priest drew from the holy pyx the white wafer; and it was fainting with a celestial joy that she put out her lips to accept the body of the Saviour presented to her. The curtains of the alcove floated gently round her like clouds, and the rays of the two tapers burning on the night-table seemed to shine like dazzling halos. Then she let her head fall back, fancying she heard in space the music of seraphic harps, and perceived in an azure sky, on a golden throne in the midst of saints holding green palms, God the Father, resplendent with majesty, who with a sign sent to earth angels with wings of fire to carry her away in their arms.

This splendid vision dwelt in her memory as the most beautiful thing that it was possible to dream, so that now she strove to recall her sensation. That still lasted, however, but in a less exclusive fashion and with a deeper sweetness. Her soul, tortured by pride, at length found rest in Christian humility, and, tasting the joy of weakness, she saw within herself the destruction of her will, that must have left a wide entrance for the inroads of heavenly grace. There existed, then, in the place of happiness, still greater joys — another love beyond all loves, without pause and without end, one that would grow eternally! She saw amid the illusions of her hope a state of purity floating above the earth mingling with heaven, to which she aspired. She wanted to become a saint. She bought chaplets and wore amulets; she wished to have in her room, by the side of her bed, a reliquary set in emeralds that she might kiss it every evening.

The cure marvelled at this humour, although Emma’s religion, he thought, might, from its fervour, end by touching on heresy, extravagance. But not being much versed in these matters, as soon as they went beyond a certain limit he wrote to Monsieur Boulard, bookseller to Monsignor, to send him “something good for a lady who was very clever.” The bookseller, with as much indifference as if he had been sending off hardware to niggers, packed up, pellmell, everything that was then the fashion in the pious book trade. There were little manuals in questions and answers, pamphlets of aggressive tone after the manner of Monsieur de Maistre, and certain novels in rose-coloured bindings and with a honied style, manufactured by troubadour seminarists or penitent blue-stockings. There were the “Think of it; the Man of the World at Mary’s Feet, by Monsieur de — decorated with many Orders”; “The Errors of Voltaire, for the Use of the Young,” etc.

Madame Bovary’s mind was not yet sufficiently clear to apply herself seriously to anything; moreover, she began this reading in too much hurry. She grew provoked at the doctrines of religion; the arrogance of the polemic writings displeased her by their inveteracy in attacking people she did not know; and the secular stories, relieved with religion, seemed to her written in such ignorance of the world, that they insensibly estranged her from the truths for whose proof she was looking. Nevertheless, she persevered; and when the volume slipped from her hands, she fancied herself seized with the finest Catholic melancholy that an ethereal soul could conceive.

As for the memory of Rodolphe, she had thrust it back to the bottom of her heart, and it remained there more solemn and more motionless than a king’s mummy in a catacomb. An exhalation escaped from this embalmed love, that, penetrating through everything, perfumed with tenderness the immaculate atmosphere in which she longed to live. When she knelt on her Gothic prie-Dieu, she addressed to the Lord the same suave words that she had murmured formerly to her lover in the outpourings of adultery. It was to make faith come; but no delights descended from the heavens, and she arose with tired limbs and with a vague feeling of a gigantic dupery.

This searching after faith, she thought, was only one merit the more, and in the pride of her devoutness Emma compared herself to those grand ladies of long ago whose glory she, had dreamed of over a portrait of La Valliere, and who, trailing with so much majesty the lace-trimmed trains of their long gowns, retired into solitudes to shed at the feet of Christ all the tears of hearts that life had wounded.

Then she gave herself up to excessive charity. She sewed clothes for the poor, she sent wood to women in childbed; and Charles one day, on coming home, found three good-for-nothings in the kitchen seated at the table eating soup. She had her little girl, whom during her illness her husband had sent back to the nurse, brought home. She wanted to teach her to read; even when Berthe cried, she was not vexed. She had made up her mind to resignation, to universal indulgence. Her language about everything was full of ideal expressions. She said to her child, “Is your stomach-ache better, my angel?”

Madame Bovary senior found nothing to censure except perhaps this mania of knitting jackets for orphans instead of mending her own house-linen; but, harassed with domestic quarrels, the good woman took pleasure in this quiet house, and she even stayed there till after Easter, to escape the sarcasms of old Bovary, who never failed on Good Friday to order chitterlings.

Besides the companionship of her mother-in-law, who strengthened her a little by the rectitude of her judgment and her grave ways, Emma almost every day had other visitors. These were Madame Langlois, Madame Caron, Madame Dubreuil, Madame Tuvache, and regularly from two to five o’clock the excellent Madame Homais, who, for her part, had never believed any of the tittle-tattle about her neighbour. The little Homais also came to see her; Justin accompanied them. He went up with them to her bedroom, and remained standing near the door, motionless and mute. Often even Madame Bovary; taking no heed of him, began her toilette. She began by taking out her comb, shaking her head with a quick movement, and when he for the first time saw all this mass of hair that fell to her knees unrolling in black ringlets, it was to him, poor child! like a sudden entrance into something new and strange, whose splendour terrified him.

Emma, no doubt, did not notice his silent attentions or his timidity. She had no suspicion that the love vanished from her life was there, palpitating by her side, beneath that coarse holland shirt, in that youthful heart open to the emanations of her beauty. Besides, she now enveloped all things with such indifference, she had words so affectionate with looks so haughty, such contradictory ways, that one could no longer distinguish egotism from charity, or corruption from virtue. One evening, for example, she was angry with the servant, who had asked to go out, and stammered as she tried to find some pretext. Then suddenly —

“So you love him?” she said.

And without waiting for any answer from Felicite, who was blushing, she added, “There! run along; enjoy yourself!”

In the beginning of spring she had the garden turned up from end to end, despite Bovary’s remonstrances. However, he was glad to see her at last manifest a wish of any kind. As she grew stronger she displayed more wilfulness. First, she found occasion to expel Mere Rollet, the nurse, who during her convalescence had contracted the habit of coming too often to the kitchen with her two nurslings and her boarder, better off for teeth than a cannibal. Then she got rid of the Homais family, successively dismissed all the other visitors, and even frequented church less assiduously, to the great approval of the druggist, who said to her in a friendly way —

“You were going in a bit for the cassock!”

As formerly, Monsieur Bournisien dropped in every day when he came out after catechism class. He preferred staying out of doors to taking the air “in the grove,” as he called the arbour. This was the time when Charles came home. They were hot; some sweet cider was brought out, and they drank together to madame’s complete restoration.

Binet was there; that is to say, a little lower down against the terrace wall, fishing for crayfish. Bovary invited him to have a drink, and he thoroughly understood the uncorking of the stone bottles.

“You must,” he said, throwing a satisfied glance all round him, even to the very extremity of the landscape, “hold the bottle perpendicularly on the table, and after the strings are cut, press up the cork with little thrusts, gently, gently, as indeed they do seltzer-water at restaurants.”

But during his demonstration the cider often spurted right into their faces, and then the ecclesiastic, with a thick laugh, never missed this joke —

“Its goodness strikes the eye!”

He was, in fact, a good fellow and one day he was not even scandalised at the chemist, who advised Charles to give madame some distraction by taking her to the theatre at Rouen to hear the illustrious tenor, Lagardy. Homais, surprised at this silence, wanted to know his opinion, and the priest declared that he considered music less dangerous for morals than literature.

But the chemist took up the defence of letters. The theatre, he contended, served for railing at prejudices, and, beneath a mask of pleasure, taught virtue.

“‘Castigat ridendo mores,’ Monsieur Bournisien! Thus consider the greater part of Voltaire’s tragedies; they are cleverly strewn with philosophical reflections, that made them a vast school of morals and diplomacy for the people.”

“I,” said Binet, “once saw a piece called the ‘Gamin de Paris,’ in which there was the character of an old general that is really hit off to a T. He sets down a young swell who had seduced a working girl, who at the ending —”

“Certainly,” continued Homais, “there is bad literature as there is bad pharmacy, but to condemn in a lump the most important of the fine arts seems to me a stupidity, a Gothic idea, worthy of the abominable times that imprisoned Galileo.”

“I know very well,” objected the cure, “that there are good works, good authors. However, if it were only those persons of different sexes united in a bewitching apartment, decorated rouge, those lights, those effeminate voices, all this must, in the long-run, engender a certain mental libertinage, give rise to immodest thoughts and impure temptations. Such, at any rate, is the opinion of all the Fathers. Finally,” he added, suddenly assuming a mystic tone of voice while he rolled a pinch of snuff between his fingers, “if the Church has condemned the theatre, she must be right; we must submit to her decrees.”

“Why,” asked the druggist, “should she excommunicate actors? For formerly they openly took part in religious ceremonies. Yes, in the middle of the chancel they acted; they performed a kind of farce called ‘Mysteries,’ which often offended against the laws of decency.”

The ecclesiastic contented himself with uttering a groan, and the chemist went on —

“It’s like it is in the Bible; there there are, you know, more than one piquant detail, matters really libidinous!”

And on a gesture of irritation from Monsieur Bournisien —

“Ah! you’ll admit that it is not a book to place in the hands of a young girl, and I should be sorry if Athalie —”

“But it is the Protestants, and not we,” cried the other impatiently, “who recommend the Bible.”

“No matter,” said Homais. “I am surprised that in our days, in this century of enlightenment, anyone should still persist in proscribing an intellectual relaxation that is inoffensive, moralising, and sometimes even hygienic; is it not, doctor?”

“No doubt,” replied the doctor carelessly, either because, sharing the same ideas, he wished to offend no one, or else because he had not any ideas.

The conversation seemed at an end when the chemist thought fit to shoot a Parthian arrow.

“I’ve known priests who put on ordinary clothes to go and see dancers kicking about.”

“Come, come!” said the cure.

“Ah! I’ve known some!” And separating the words of his sentence, Homais repeated, “I— have — known — some!”

“Well, they were wrong,” said Bournisien, resigned to anything.

“By Jove! they go in for more than that,” exclaimed the druggist.

“Sir!” replied the ecclesiastic, with such angry eyes that the druggist was intimidated by them.

“I only mean to say,” he replied in less brutal a tone, “that toleration is the surest way to draw people to religion.”

“That is true! that is true!” agreed the good fellow, sitting down again on his chair. But he stayed only a few moments.

Then, as soon as he had gone, Monsieur Homais said to the doctor —

“That’s what I call a cock-fight. I beat him, did you see, in a way! — Now take my advice. Take madame to the theatre, if it were only for once in your life, to enrage one of these ravens, hang it! If anyone could take my place, I would accompany you myself. Be quick about it. Lagardy is only going to give one performance; he’s engaged to go to England at a high salary. From what I hear, he’s a regular dog; he’s rolling in money; he’s taking three mistresses and a cook along with him. All these great artists burn the candle at both ends; they require a dissolute life, that suits the imagination to some extent. But they die at the hospital, because they haven’t the sense when young to lay by. Well, a pleasant dinner! Goodbye till to-morrow.”

The idea of the theatre quickly germinated in Bovary’s head, for he at once communicated it to his wife, who at first refused, alleging the fatigue, the worry, the expense; but, for a wonder, Charles did not give in, so sure was he that this recreation would be good for her. He saw nothing to prevent it: his mother had sent them three hundred francs which he had no longer expected; the current debts were not very large, and the falling in of Lheureux’s bills was still so far off that there was no need to think about them. Besides, imagining that she was refusing from delicacy, he insisted the more; so that by dint of worrying her she at last made up her mind, and the next day at eight o’clock they set out in the “Hirondelle.”

The druggist, whom nothing whatever kept at Yonville, but who thought himself bound not to budge from it, sighed as he saw them go.

“Well, a pleasant journey!” he said to them; “happy mortals that you are!”

Then addressing himself to Emma, who was wearing a blue silk gown with four flounces —

“You are as lovely as a Venus. You’ll cut a figure at Rouen.”

The diligence stopped at the “Croix-Rouge” in the Place Beauvoisine. It was the inn that is in every provincial faubourg, with large stables and small bedrooms, where one sees in the middle of the court chickens pilfering the oats under the muddy gigs of the commercial travellers — a good old house, with worm-eaten balconies that creak in the wind on winter nights, always full of people, noise, and feeding, whose black tables are sticky with coffee and brandy, the thick windows made yellow by the flies, the damp napkins stained with cheap wine, and that always smells of the village, like ploughboys dressed in Sundayclothes, has a cafe on the street, and towards the countryside a kitchen-garden. Charles at once set out. He muddled up the stage-boxes with the gallery, the pit with the boxes; asked for explanations, did not understand them; was sent from the box-office to the acting-manager; came back to the inn, returned to the theatre, and thus several times traversed the whole length of the town from the theatre to the boulevard.

Madame Bovary bought a bonnet, gloves, and a bouquet. The doctor was much afraid of missing the beginning, and, without having had time to swallow a plate of soup, they presented themselves at the doors of the theatre, which were still closed.

Vierzehntes Kapitel

Zunächst wußte er nicht, wie er dem Apotheker die vielen Arzneien vergüten sollte, die er von ihm bezogen hatte. Als Arzt brauchte er sie nicht zu bezahlen, aber das wäre ihm peinlich gewesen. Dann war der Haushalt, jetzt wo ihn das Mädchen führte, schrecklich teuer geworden. Die Rechnungen regneten nur so ins Haus. Die Lieferanten begannen ungeduldig zu werden. Insbesondre mahnte Lheureux in lästiger Weise. Er hatte den Höhepunkt von Emmas Krankheit dazu benutzt, ihre Rechnung höher auszuschreiben, als sie wirklich war. Flugs brachte er auch den Mantel, die Handtasche und zwei Koffer statt des einen und noch eine Menge andrer Gegenstände, die bestellt worden seien, wie er behauptete. Es nützte Bovary gar nichts, daß er erklärte, er brauche die Sachen nicht; der Händler erwiderte ihm in ungezogenem Tone, alle diese Waren seien bei ihm bestellt und er nähme sie nicht zurück. Herr Bovary möge sichs überlegen; er werde ihn eher verklagen als sich selber benachteiligen. Karl befahl daraufhin dem Mädchen, die Gegenstände im Geschäft abzugeben, aber Felicie vergaß es. Er selbst hatte sich um andre Dinge zu kümmern und dachte nicht mehr daran. Nach einer gewissen Zeit unternahm Lheureux einen neuen Versuch. Bald drohend, bald jammernd, brachte er es so weit, daß ihm Bovary schließlich einen Wechsel ausstellte, der in sechs Monaten fällig war. Als er das Papier unterschrieb, kam ihm der kühne Gedanke, tausend Franken von Lheureux zu leihen. Verlegen fragte er, ob er ihm diese Summe auf ein Jahr zu beliebigem Zinsfuß verschaffen könne. Der Handelsmann eilte sofort in seinen Laden, brachte das Geld und zugleich einen zweiten Wechsel, durch den sich Bovary verpflichtete, am 1. September kommenden Jahres eintausendundsiebzig Franken zu zahlen. Mit den bereits anerkannten hundertundachtzig Franken ergab das eine Gesamtschuld von zwölfhundertundfünfzig Franken. Lheureux machte hierbei ein ganz hübsches Geschäft; im übrigen wußte er im voraus genau, daß es hierbei nicht bliebe. Er rechnete darauf, daß der Arzt die Wechsel am Fälligkeitstage nicht einlösen könne und sie prolongieren müsse. Auf diese Weise sollte das erst armselige Sümmchen im Hause des Arztes wie in einem Sanatorium eine ordentliche Mastkur durchmachen und eines Tages dick und rund zu ihm zurückkehren.

Lheureux hatte allenthalben Erfolge. Er erlangte die regelmäßigen Apfelweinlieferungen für das Neufchâteler Krankenhaus. Der Notar Guillaumin schanzte ihm Aktien der Torfgruben zu Grümesnil zu. Dazu trug er sich mit dem Plane, zwischen Argueil und Rouen eine neue Postverbindung zu eröffnen, die den alten Rumpelkasten des Goldnen Löwen unbedingt außer Konkurrenz stellen sollte, indem sie schneller führe, billiger wäre und Eilgut bestelle. Damit wollte er den ganzen Handel von Yonville in seine Hände bringen.

Karl grübelte oftmals darüber nach, wie er die beträchtliche Wechselschuld in einem Jahre wohl tilgen könne. Er kam dabei auf allerhand Möglichkeiten. Sollte er sich an seinen Vater wenden oder irgend etwas verkaufen? Aber ersteres hatte vermutlich keinen Erfolg, und zu verkaufen gab es nichts. Er mochte sich sonst noch ausdenken, was er wollte: überall drohten die größten Schwierigkeiten. Und so schenkte er sich nur allzu gern weitere unerfreuliche Überlegungen. Er redete sich ein, er vernachlässige seine Frau, wenn er ihr nicht all sein Dichten und Trachten widme. Er wollte an nichts andres denken, selbst wenn ihr dadurch kein Abbruch geschähe.

Der Winter war streng. Emmas Genesung schritt nur langsam vorwärts. Als das Wetter wärmer wurde, schob man sie in ihrem Lehnstuhl an das Fenster, und zwar an das nach dem Marktplatze zu gelegene. Das andre mit dem Blick in den Garten war ihr jetzt verleidet; deshalb mußte seine Jalousie beständig heruntergelassen bleiben. Sie bestimmte, daß ihr Reitpferd verkauft werden solle. Alles, was ihr früher lieb gewesen, war ihr nunmehr zuwider. Sie kümmerte sich um nichts mehr als um ihre eigene Person. Die kleinen Mahlzeiten nahm sie in ihrem Bett ein. Manchmal klingelte sie dem Mädchen, um sich die Arznei reichen zu lassen oder um mit ihm zu plaudern. Der Schnee auf dem Dache der Hallen warf seinen hellen, immer gleichen Widerschein in das Zimmer. Dann kamen Regentage. Sie empfand eine Art Angst vor den sich alle Tage wiederholenden unausbleiblichen kleinen und kleinsten Ereignissen, die sie eigentlich gar nichts angingen, am meisten vor der allabendlichen Ankunft der Post im Goldnen Löwen. Dann redete die Wirtin laut, allerlei andre Stimmen lärmten dazwischen, und die Laterne Hippolyts, der unter den Koffern auf dem Wagenverdeck herumsuchte, leuchtete wie ein Stern durch die Dunkelheit. Um die Mittagszeit kam Karl nach Hause, dann ging er wieder. Sie trank ihre Bouillon. Um fünf Uhr, wenn es zu dämmern begann, kamen die Kinder aus der Schule; sie klapperten mit ihren Holzschuhen über das Trottoir, und im Vorübergehen schlug eins wie das andere mit dem Lineal gegen die eisernen Riegel der Fensterläden.

Um diese Zeit pflegte sich der Pfarrer einzustellen. Er erkundigte sich nach ihrem Befinden, erzählte ihr Neuigkeiten und ermahnte sie zur Frömmigkeit in gefälligem Plaudertone. Schon der Anblick der Soutane hatte für Emma etwas Beruhigendes.

Eines Tages, als ihre Krankheit am schlimmsten war, hatte sie nach dem Abendmahl verlangt, im Glauben, ihr letztes Stündlein sei gekommen. Während man im Gemach die nötigen Vorbereitungen zu dieser Zeremonie traf, die mit Arzneiflaschen bedeckte Kommode in einen Altar wandelte und den Fußboden mit Blumen bestreute, da war es ihr, als überkäme sie eine geheimnisvolle Kraft, die ihr ihre Schmerzen, alle Empfindungen und Wahrnehmungen nahm. Sie war wie körperlos geworden, sie hegte keine Gedanken mehr, und ein neues Leben begann ihr. Sie hatte das Gefühl, als schwebe ihre Seele gen Himmel, als verlösche sie in der Sehnsucht nach dem ewigen Frieden wie eine Opferflamme über verglimmendem Räucherwerk. Man besprengte ihr Bett mit Weihwasser. Der Priester nahm die weiße Hostie aus dem heiligen Ciborium. Halb ohnmächtig vor überirdischer Lust, öffnete Emma die Lippen, um den Leib des Heilands zu empfangen, der sich ihr bot. Die Bettvorhänge um sie herum bauschten sich weich wie Wolken, und die beiden brennenden Kerzen auf der Kommode leuchteten ihr mit ihrem Strahlenkranze wie Gloriolen herüber. Als sie mit dem Kopfe in das Kissen zurücksank, glaubte sie aus himmlischen Höhen seraphische Harfenklänge zu hören und im Azur auf goldnem Throne, umringt von Heiligen mit grünen Palmen, Gott den Vater in aller seiner erhabenen Herrlichkeit zu schaun. Er winkte, und Engel mit Flammenflügeln wallten zur Erde hernieder, um sie emporzutragen ...

Diese wundervolle Vision bewahrte Emma in ihrem Gedächtnisse. Es war der allerschönste Traum, den sie je geträumt. Sie gab sich Mühe, das Bild immer wieder zu empfinden. Es wich ihr nicht aus der Phantasie, aber es erschien ihr nur manchmal und in süßer Verklärung. Ihr einst so stolzer Sinn beugte sich in christlicher Demut. Das Gefühl der menschlichen Ohnmacht ward ihr ein köstlicher Genuß. Sie sah förmlich, wie aus ihrem Herzen der eigene Wille wich und der hereindringenden göttlichen Gnade Tür und Tor weit öffnete. Es gab also außer dem Erdenglück eine höhere Glückseligkeit und über aller Liebe hienieden eine andre erhabenere, ohne Schwankungen und ohne Ende, eine Brücke in das Ewige! In neuen Illusionen erträumte sie sich über der Erde ein Reich der Reinheit, einen Vorhimmel. Dort zu weilen, ward ihre Sehnsucht. Sie wollte eine Heilige werden. Sie kaufte sich Rosenkränze und trug Amulette. Ihr größter Wunsch war, in ihrem Zimmer, zu Häupten ihres Bettes, einen Reliquienschrein mit Smaragden zu besitzen. Den wollte sie dann alle Abende küssen.

Der Pfarrer wunderte sich über Emmas Wandlung, verhehlte sich jedoch nicht, daß diese allzu inbrünstige Frömmigkeit sehr leicht in Überschwenglichkeit und Ketzerei ausarten könne. Aber er war kein Seelenkenner, zumal außergewöhnlichen Erscheinungen gegenüber. Deshalb wandte er sich an den Buchhändler des Erzbischofs und bat ihn, ihm „ein passendes Erbauungsbuch für eine gebildete Frauensperson“ zu schicken. Mit der größten Gleichgültigkeit, als handle es sich darum, irgendwelchen Krimskram an einen Kamerunneger zu versenden, packte der Buchhändler alle möglichen gerade vorrätigen frommen Schriften in ein Paket: Katechismen in Form von Frage und Antwort, Streitschriften aufgeblasener Dogmatiker und frömmelnde Romane in rosa Einbändchen und süßlichem Stil, verbrochen von dichtenden Schulmeistern oder blaustrümpfigen Betschwestern, mit Titeln wie: „Die Herzpostille“, „Der Weltmann zu Füßen Mariä. Von Herrn von ***, Ritter mehrerer Orden“, „Voltaires Ketzereien zum Gebrauch für die Jugend“, usw. usw.

Emma war seelisch noch viel zu schwach, um sich mit geistigen Dingen ernstlich befassen zu können. Überdies stürzte sie sich auf diese Bücher mit allzu großem Bedürfnis nach wirklicher Erbauung. Die Starrheit der kirchlichen Lehren empörte sie, die Anmaßungen der Polemik stießen sie ab, und die Intoleranz, mit der ihr unbekannte Menschen verfolgt wurden, mißfiel ihr. Die Romane, in denen profane Dinge durch religiöse Ideen aufgeputzt waren, entbehrten ihr zu sehr auch nur der geringsten Weltkenntnis. Sie verschleierten die Realitäten des Lebens, für deren Brutalität sie viel lieber literarische Beweise gefunden hätte. Trotzdem las sie weiter, und wenn ihr eins der Bücher aus den Händen glitt, dann wähnte sie den zartesten Weltschmerz der katholischen Mystik zu empfinden, wie ihn nur die übersinnlichsten Seelen zu verspüren imstande sind.

Das Andenken an Rudolf hatte sie in die Tiefen ihres Herzens begraben; darin ruhte es unberührter und stiller denn eine ägyptische Königsmumie in ihrer Kammer. Aus dieser großen eingesargten Liebe drang ein leiser, alles durchströmender Duft von Zärtlichkeit in das neue reine Dasein, das Emma führen wollte. Wenn sie in ihrem gotischen Betstuhl kniete, richtete sie an ihren Gott genau die verliebten Worte, die sie einst ihrem Geliebten zugeflüstert hatte in den Ekstasen des Ehebruchs. Damit wollte sie der göttlichen Gnade teilhaftig werden. Aber vom Himmel her kam ihr keine Tröstung, und sie erhob sich mit müden Gliedern und dem leeren Gefühl, namenlos betrogen worden zu sein. Dieses Suchen, dachte sie bei sich, sei wiederum ein Verdienst, und im Hochmut ihrer Selbsterniedrigung verglich sich Emma mit den großen Damen der Vergangenheit, deren Ruhm ihr damals, als sie über den Szenen aus dem Leben des Fräuleins von Lavallière träumte, aufgegangen war, jenen Damen in ihren mit königlicher Anmut getragenen langen kostbaren Schleppkleidern, die in einsamen Stunden zu Füßen Christi ihre vom Leben verwundeten Herzen ausgeweint hatten.

Nun wurde sie über die Maßen mildtätig. Sie nähte Kleider für die Armen, schickte Wöchnerinnen Brennholz, und als Karl eines Tages heimkam, fand er in der Küche drei Gassenjungen, die Suppe aßen. Die kleine Berta wurde wieder ins Haus genommen; Karl hatte sie während der Krankheit seiner Frau von neuem zu der Amme gegeben. Nun wollte ihr Emma das Lesen beibringen. Wenn das Kind weinte, regte sie sich nicht mehr auf. Es war eine Art Resignation über sie gekommen, eine duldsame Nachsicht gegen alles. Ihre Sprache ward voll gewählter Ausdrücke, selbst Alltäglichkeiten gegenüber.

Die alte Frau Bovary hatte nichts mehr an Emma auszusetzen, abgesehen von ihrer Manie, für Waisenkinder Jacken zu stricken und ihre eigenen Wischtücher unausgebessert zu lassen. Aber die gute Frau war der Zwiste in ihres Mannes Hause dermaßen müde, daß ihr der Frieden am Herde ihres Sohnes so wohltat, daß sie bis nach Ostern dablieb, um den Bärbeißigkeiten des alten Bovary zu entgehen, der alle Freitage, an den Fastentagen, unbedingt eine Bratwurst auf dem Tische sehen wollte.

Außer der Gesellschaft ihrer Schwiegermutter, die ihr durch ihre Rechtlichkeit und ihr würdiges Wesen einen gewissen Halt gab, hatte Emma jetzt fast alle Tage Besuch bei sich. Es verkehrten mit ihr: Frau Langlois, Frau Caron, Frau Dübreuil, Frau Tüvache, sowie die treffliche Frau Homais, die sich regelmäßig zwischen drei und fünf Uhr einstellte. Sie hatte dem Klatsch, der über ihre Nachbarin im Umlauf gewesen war, niemals Glauben schenken wollen. Auch die Apothekerskinder kamen mitunter in Justins Begleitung. Er brachte sie in Emmas Zimmer und blieb in der Nähe der Türe stehen, ohne sich zu rühren und ohne ein Wort zu sagen. Oft gewahrte ihn Frau Bovary gar nicht und ließ sich in ihrem Toilettemachen nicht stören. Sie kämmte sich das Haar, wobei sie den Kopf nach dem Durchziehen des Kammes jedesmal mit einer eigentümlichen heftigen Bewegung zurückwarf. Als der arme Junge zum ersten Male diese volle Haarflut sah, die in langen schwarzen Ringeln bis zu den Knien herabwallte, war es ihm zumute, als schaue er plötzlich ganz Neues, Außergewöhnliches, und er starrte wie geblendet hin.

Sicherlich bemerke Emma weder sein stummes Entzücken noch seine schüchterne Verehrung. Sie hatte keine Ahnung, daß die aus ihrem Leben entschwundene Liebe dort, ihr ganz nahe, in neuer Gestalt wieder auftauchte, unter einem groben Leinwandhemd, in einem jungen Herzen, das sich der Offenbarung ihrer Frauenschönheit weit öffnete. Im übrigen war sie jetzt in jeder Hinsicht grenzenlos gleichgültig. Mit dem stolzesten Gesichte sagte sie die zärtlichsten Worte. Ihr ganzes Benehmen war so widerspruchsvoll, daß man Selbstsucht nicht mehr von Mitleid an ihr unterscheiden konnte. Man wußte nicht mehr, war sie verdorben oder unnahbar.

Zum Beispiel war sie eines Abends sehr ungehalten über ihr Dienstmädchen. Es bat, ausgehen zu dürfen, und stotterte irgendeinen Vorwand her. Unvermittelt fragte Emma:

„Du liebst ihn also?“ und, ohne Felicies Antwort abzuwarten, fügte sie in traurigem Tone hinzu: „Geh! Lauf! Vergnüge dich!“

In den ersten Frühlingstagen ließ sie den Garten vollständig umändern. Karl war anfangs dagegen, dann jedoch freute er sich darüber, daß sie endlich wieder einmal einen bestimmten Wunsch äußerte. Nach und nach bewies sie auch anderweitig, daß sie sich wieder erholt hatte. Zunächst brachte sie es zuwege, daß Frau Rollet, die Amme, die sichs angewöhnt hatte, Tag für Tag mit ihren Säuglingen und Ziehkindern und einem kannibalischen Appetit in der Küche zu erscheinen, von dannen gejagt wurde. Sodann schüttelte sie sich die Familie Homais vom Halse, nach und nach auch die andern regelmäßigen Besucherinnen. Sogar in die Kirche ging sie seltener, zur großen Freude des Apothekers, der ihr daraufhin freundschaftlichst erklärte:

„Ich dachte schon, Sie seien eine Betschwester geworden!“

Bournisien kam nach wie vor alle Tage nach der Katechismusstunde. Am liebsten blieb er im Freien, im „Hain“, wie er die Laube scherzhaft zu nennen pflegte. Um dieselbe Zeit kehrte auch Karl meist heim. Beiden war warm, und so bekamen die beiden Männer eine Flasche Apfelsekt vorgesetzt, den sie „auf die völlige Genesung der gnädigen Frau“ tranken.

Öfters fand sich auch Binet ein, das heißt: er saß etwas tiefer, vor dem Garten, am Bache, um zu krebsen. Bovary lud ihn zu einer kleinen Erfrischung ein. Binet war ein Meister im Aufbrechen von Sektflaschen.

„Zunächst muß man die Bulle senkrecht auf den Tisch stellen,“ dozierte er, indem er selbstbewußt um sich blickte, „dann zerschneidet man die Bindfäden, und dann läßt man dem Pfropfen ganz, ganz sachte, nach und nach Luft. Sooo!“

Aber bei dieser Vorführung spritzte der Sekt öfters der ganzen Gesellschaft in die Gesichter, und der Priester unterließ es niemals, behaglich schmunzelnd den Witz zu machen:

„Seine Vortrefflichkeit springt einem buchstäblich in die Augen!“

Er war wirklich ein guter Mensch. Er hatte nicht einmal etwas dagegen, als der Apotheker dem Arzte empfahl, er solle mit seiner Frau zu ihrer Zerstreuung nach Rouen fahren und sich dort im Theater den berühmten Tenor Lagardy anhören. Homais wunderte sich über diese Duldsamkeit und fühlte ihm deshalb etwas auf den Zahn. Der Priester erklärte, er halte die Musik für weniger sittenverderbend als die Literatur. Aber Homais verteidigte die letztere. Er behauptete, das Theater kämpfe unter dem leichten Gewande des Spiels gegen veraltete Ideen und für die wahre Moral.

„Castigat ridendo mores, verehrter Herr Pfarrer!“ zitierte er. „Sehen Sie sich daraufhin mal die Tragödien Voltaires an! Die meisten von ihnen sind mit philosophischen Aphorismen durchsetzt, die eine wahre Schule der Moral und Lebensklugheit für das Volk sind.“

„Ich habe einmal ein Stück gesehen,“ sagte Binet, „es hieß: ‚Der Pariser Taugenichts.‘ Darin kommt ein alter General vor, wirklich ein hahnebüchner Kerl. Er verstößt seinen Sohn, der eine Arbeiterin verführt hat; zu guter Letzt aber ...“

„Gewiß“, unterbrach ihn Homais, „gibt es schlechte Literatur, genau so wie es schlechte Arzneien gibt. Aber die wichtigste aller Künste deshalb gleich in Bausch und Bogen zu verurteilen, das dünkt mich eine kolossale Dummheit, eine groteske Idee, würdig der abscheulichen Zeiten, die einen Galilei im Kerker schmachten ließen.“

Der Pfarrer ergriff das Wort:

„Ich weiß sehr wohl: es gibt gute Dramen und gute Theaterschriftsteller. Aber diese modernen Stücke, in denen Personen zweierlei Geschlechts in Prunkgemächern, vollgepfropft von weltlichem Tand, zusammengesteckt werden, diese schamlosen Bühnenmätzchen, dieser Kostümluxus, diese Lichtvergeudung, dieser Feminismus, alles das hat keine andre Wirkung, als daß es leichtfertige Ideen in die Welt setzt, schändliche Gedanken und unzüchtige Anwandlungen. Wenigstens ist das zu allen Zeiten die Ansicht der kirchlichen Autoritäten.“

Er nahm einen salbungsvollen Ton an, während er zwischen seinen Fingern eine Prise Tabak hin und her rieb. „Und wenn die Kirche das Theater zuweilen in Acht und Bann getan hat, war sie in ihrem vollen Rechte. Wir müssen uns ihrem Gebote fügen.“

„Jawohl,“ eiferte der Apotheker, „man exkommuniziert die Schauspieler. In früheren Jahrhunderten nahmen sie an den kirchlichen Feiern teil. Man spielte sogar in der Kirche possenhafte Stücke, die sogenannten Mysterien, in denen es häufig nichts weniger als dezent zuging ...“

Der Geistliche begnügte sich, einen Seufzer auszustoßen. Der Apotheker redete immer weiter:

„Und wie stehts mit der Bibel? Es wimmelt darin — Sie wissens ja am besten — von Unanständigkeiten und — man kann nicht anders sagen — groben Schweinereien ...“ Bournisien machte eine unwillige Gebärde. „Aber Sie müssen mir doch zugeben, daß das kein Buch ist, das man jungen Leuten in die Hand geben kann. Ich werde es nie zulassen, daß meine Athalie ...“

„Das sind ja die Protestanten, nicht wir,“ rief der Pfarrer ungeduldig, „die den Leuten die Bibel überlassen!“

„Das kommt hier nicht in Frage“, erklärte Homais. „Ich wundre mich nur, daß man noch in unsrer Zeit, im Jahrhundert der wissenschaftlichen Aufklärung, eine geistige Erholung zu verdammen sucht, die in gesellschaftlicher, in moralischer, ja sogar in hygienischer Beziehung die Menschheit fördert! Das ist doch so, nicht, Doktor?“

„Zweifellos!“ erwiderte der Arzt nachlässig. Entweder wollte er niemandem zu nahetreten, obgleich er dieselbe Ansicht hegte, oder er hatte hierüber überhaupt keine Meinung.

Die Unterhaltung war eigentlich zu Ende, aber der Apotheker hielt es für angebracht, eine letzte Attacke zu reiten.

„Ich habe Geistliche gekannt,“ behauptete er, „die in Zivil ins Theater gingen, um die Balletteusen mit den Beinen strampeln zu sehen.“

„Ach was!“ wehrte der Pfarrer ab.

„Doch! Ich kenne welche!“ Und nochmals sagte er, Silbe für Silbe einzeln betonend: „Ich — ken — ne — wel — che!“

„Na ja,“ meinte Bournisien nachgiebig, „die Betreffenden haben da aber etwas Unrechtes getan.“

„Was Unrechtes? Der Teufel soll mich holen! Sie taten noch ganz andre Dinge!“

„Herr — Apo — the — ker!“ rief der Geistliche mit einem so zornigen Blicke, daß Homais eingeschüchtert wurde und einlenkte:

„Ich wollte damit ja nur sagen, daß die Toleranz die beste Fürsprecherin der Kirche ist.“

„Sehr wahr! Sehr wahr!“ gab der gutmütige Pfarrer zu, indem er sich wieder in seinen Stuhl zurücklehnte. Er blieb aber nur noch ein paar Minuten.

Als er fort war, sagte Homais zu Bovary:

„Das war eine ordentliche Abfuhr! Dem hab ichs mal gesteckt! Sie habens ja mit angehört! Um darauf zurückzukommen: tun Sie das ja, führen Sie Ihre Frau in das Theater, und wenns bloß deshalb wäre, um diesen schwarzen Raben damit zu ärgern. Sapperlot! Wenn ich einen Vertreter hätte, begleitete ich Sie selber! Aber halten Sie sich dazu! Lagardy singt nur einen einzigen Abend. Er hat ein Engagement nach England für ein Riesenhonorar! Übrigens soll er ein toller Schwerenöter sein! Er schwimmt im Gold! Drei Geliebte bringt er mit und seinen Leibkoch! Alle diese großen Künstler können nicht rechnen. Sie brauchen ein verschwenderisches Dasein, es regt ihre Phantasie an. Freilich enden sie im Spittel, weil sie in jungen Jahren nicht zu sparen verstehen ... Na, gesegnete Mahlzeit! Auf Wiedersehn!“

Der Gedanke, das Theater zu besuchen, schlug in Bovarys Kopfe schnell Wurzel. Er redete Emma in einem fort zu. Anfangs wollte sie nichts davon wissen und meinte, sie fühle sich zu schwach, es sei zu beschwerlich und zu kostspielig. Ausnahmsweise gab Karl nicht nach, zumal er sich einbildete, daß ihr diese Zerstreuung sehr dienlich wäre. Irgendwelche Schwierigkeit lag nicht vor. Seine Mutter hatte ihm jüngst ganz unvermutet dreihundert Franken geschickt. Die laufenden Ausgaben waren nicht groß, und die Wechselschuld bei Lheureux war noch lange nicht fällig, so daß er daran nicht zu denken brauchte. Er dachte, Emma sträube sich nur aus Rücksicht auf ihn. Deshalb bestürmte er sie immer mehr, bis sie seinen Bitten schließlich nachgab. Am andern Morgen um acht Uhr fuhren sie mit der Post ab.

Den Apotheker hielt nichts Dringliches in Yonville zurück, aber er hielt sich für unabkömmlich. Als er die beiden einsteigen sah, jammerte er.

„Glückliche Reise!“ sagte er. „Habt ihrs gut!“ Und zu Emma gewandt, fügte er hinzu: „Sie sehen zum Anbeißen hübsch aus! Sie werden in Rouen Furore machen!“

Die Post spannte in Rouen im „Roten Kreuz“ am Beauvoisine-Platz aus. Das war ein regelrechter Vorstadtgasthof mit geräumigen Ställen und winzigen Fremdenzimmern. Mitten im Hofe lief eine Schar Hühner herum, die unter den verschmutzten Einspännern der Geschäftsreisenden ihre Haferkörner aufpickten. Es war eine der Herbergen aus der guten alten Zeit. Sie haben morsche Holzbalkone, die in den Winternächten im Winde knarren; die Gäste, der Lärm und die Esserei werden in ihnen nie alle; die schwarzen Tischplatten sind voller großer Kaffeeflecke, die trüben dicken Fensterscheiben voller Fliegenschmutz und die feuchten Servietten voller Rotweinspuren. Auf der Straßenseite gibt es ein Café und hinten nach dem Freien zu einen Gemüsegarten. Alles trägt einen ländlichen Anstrich.

Karl machte sofort einen Besorgungsgang. An der Theaterkasse wußte er nicht, was Parkett, Proszeniumsloge, erster Rang und Galerie war; er bat um Auskunft, wurde dadurch aber auch nicht klüger. Der Kassierer wies ihn in die Direktion. Schließlich rannte er noch einmal in den Gasthof zurück, dann wieder an die Kasse. Auf diese Weise lief er mehrmals durch die halbe Stadt.

Frau Bovary kaufte sich einen neuen Hut, Handschuhe und Blumen. Karl war fortwährend in Angst, den Beginn der Oper zu versäumen. Und so nahmen sie sich beide keine Zeit, einen Bissen zu sich zu nehmen. Als sie aber vor dem Theater ankamen, waren die Türen noch geschlossen.