IX Six semaines s’écoulèrent. Rodolphe ne revint pas. Un soir, enfin, il parut. Il s’était dit, le lendemain des comices : — N’y retournons pas de sitôt, ce serait une faute. Et, au bout de la semaine, il était parti pour la chasse. Après la chasse, il avait songé qu’il était trop tard, puis il fit ce raisonnement : — Mais, si du premier jour elle m’a aimé, elle doit, par l’impatience de me revoir, m’aimer davantage. Continuons donc ! Et il comprit que son calcul avait été bon lorsque, en entrant dans la salle, il aperçut Emma pâlir. Elle était seule. Le jour tombait. Les petits rideaux de mousseline, le long des vitres, épaississaient le crépuscule, et la dorure du baromètre, sur qui frappait un rayon de soleil, étalait des feux dans la glace, entre les découpures du polypier. Rodolphe resta debout ; et à peine si Emma répondit à ses premières phrases de politesse. — Moi, dit-il, j’ai eu des affaires. J’ai été malade. — Gravement ? s’écria-t-elle. — Eh bien, fit Rodolphe en s’asseyant à ses côtés sur un tabouret, non !… C’est que je n’ai pas voulu revenir. — Pourquoi ? — Vous ne devinez pas ? Il la regarda encore une fois, mais d’une façon si violente qu’elle baissa la tête en rougissant. Il reprit : — Emma… — Monsieur ! fit-elle en s’écartant un peu. — Ah ! vous voyez bien, répliqua-t-il d’une voix mélancolique, que j’avais raison de vouloir ne pas revenir ; car ce nom, ce nom qui remplit mon âme et qui m’est échappé, vous me l’interdisez ! Madame Bovary !… Eh ! tout le monde vous appelle comme cela !… Ce n’est pas votre nom, d’ailleurs ; c’est le nom d’un autre ! Il répéta : — D’un autre ! Et il se cacha la figure entre les mains. — Oui, je pense à vous continuellement !… Votre souvenir me désespère ! Ah ! pardon !… Je vous quitte… Adieu !… J’irai loin…, si loin, que vous n’entendrez plus parler de moi !… Et cependant…, aujourd’hui…, je ne sais quelle force encore m’a poussé vers vous ! Car on ne lutte pas contre le ciel, on ne résiste point au sourire des anges ! on se laisse entraîner par ce qui est beau, charmant, adorable ! C’était la première fois qu’Emma s’entendait dire ces choses ; et son orgueil, comme quelqu’un qui se délasse dans une étuve, s’étirait mollement et tout entier à la chaleur de ce langage. — Mais, si je ne suis pas venu, continua-t-il, si je n’ai pu vous voir, ah ! du moins j’ai bien contemplé ce qui vous entoure. La nuit, toutes les nuits, je me relevais, j’arrivais jusqu’ici, je regardais votre maison, le toit qui brillait sous la lune, les arbres du jardin qui se balançaient à votre fenêtre, et une petite lampe, une lueur, qui brillait à travers les carreaux, dans l’ombre. Ah ! vous ne saviez guère qu’il y avait là, si près et si loin, un pauvre misérable… Elle se tourna vers lui avec un sanglot. — Oh ! vous êtes bon ! dit-elle. — Non, je vous aime, voilà tout ! Vous n’en doutez pas ! Dites-le-moi ; un mot ! un seul mot ! Et Rodolphe, insensiblement, se laissa glisser du tabouret jusqu’à terre ; mais on entendit un bruit de sabots dans la cuisine, et la porte de la salle, il s’en aperçut, n’était pas fermée. — Que vous seriez charitable, poursuivit-il en se relevant, de satisfaire une fantaisie ! C’était de visiter sa maison ; il désirait la connaître ; et, Mme Bovary n’y voyant point d’inconvénient, ils se levaient tous les deux, quand Charles entra. — Bonjour, docteur, lui dit Rodolphe. Le médecin, flatté de ce titre inattendu, se répandit en obséquiosités, et l’autre en profita pour se remettre un peu. — Madame m’entretenait, fit-il donc, de sa santé… Charles l’interrompit : il avait mille inquiétudes, en effet ; les oppressions de sa femme recommençaient. Alors Rodolphe demanda si l’exercice du cheval ne serait pas bon. — Certes ! excellent, parfait !… Voilà une idée ! Tu devrais la suivre. Et, comme elle objectait qu’elle n’avait point de cheval, M. Rodolphe en offrit un ; elle refusa ses offres ; il n’insista pas ; puis, afin de motiver sa visite, il conta que son charretier, l’homme à la saignée, éprouvait toujours des étourdissements. — J’y passerai, dit Bovary. — Non, non, je vous l’enverrai ; nous viendrons, ce sera plus commode pour vous. — Ah ! fort bien. Je vous remercie. Et, dès qu’ils furent seuls : — Pourquoi n’acceptes-tu pas les propositions de M. Boulanger, qui sont si gracieuses ? Elle prit un air boudeur, chercha mille excuses, et déclara finalement que cela peut-être semblerait drôle. — Ah ! je m’en moque pas mal ! dit Charles en faisant une pirouette. La santé avant tout ! Tu as tort ! — Eh ! comment veux-tu que je monte à cheval, puisque je n’ai pas d’amazone ? — Il faut t’en commander une ! répondit-il. L’amazone la décida. Quand le costume fut prêt, Charles écrivit à M. Boulanger que sa femme était à sa disposition, et qu’ils comptaient sur sa complaisance. Le lendemain, à midi, Rodolphe arriva devant la porte de Charles avec deux chevaux de maître. L’un portait des pompons roses aux oreilles et une selle de femme en peau de daim. Rodolphe avait mis de longues bottes molles, se disant que sans doute elle n’en avait jamais vu de pareilles ; en effet, Emma fut charmée de sa tournure, lorsqu’il apparut sur le palier avec son grand habit de velours et sa culotte de tricot blanc. Elle était prête, elle l’attendait. Justin s’échappa de la pharmacie pour la voir, et l’apothicaire aussi se dérangea. Il faisait à M. Boulanger des recommandations : — Un malheur arrive si vite ! Prenez garde ! Vos chevaux peut-être sont fougueux ! Elle entendit du bruit au-dessus de sa tête : c’était Félicité qui tambourinait contre les carreaux pour divertir la petite Berthe. L’enfant envoya de loin un baiser ; sa mère lui répondit d’un signe avec le pommeau de sa cravache. — Bonne promenade ! cria M. Homais. De la prudence, surtout ! de la prudence ! Et il agita son journal en les regardant s’éloigner. Dès qu’il sentit la terre, le cheval d’Emma prit le galop. Rodolphe galopait à côté d’elle. Par moments ils échangeaient une parole. La figure un peu baissée, la main haute et le bras droit déployé, elle s’abandonnait à la cadence du mouvement qui la berçait sur la selle. Au bas de la côte, Rodolphe lâcha les rênes ; ils partirent ensemble, d’un seul bond ; puis, en haut, tout à coup, les chevaux s’arrêtèrent, et son grand voile bleu retomba. On était aux premiers jours d’octobre. Il y avait du brouillard sur la campagne. Des vapeurs s’allongeaient à l’horizon, entre le contour des collines ; et d’autres, se déchirant, montaient, se perdaient. Quelquefois, dans un écartement des nuées, sous un rayon de soleil, on apercevait au loin les toits d’Yonville, avec les jardins au bord de l’eau, les cours, les murs, et le clocher de l’église. Emma fermait à demi les paupières pour reconnaître sa maison, et jamais ce pauvre village où elle vivait ne lui avait semblé si petit. De la hauteur où ils étaient, toute la vallée paraissait un immense lac pâle, s’évaporant à l’air. Les massifs d’arbres, de place en place, saillissaient comme des rochers noirs ; et les hautes lignes des peupliers, qui dépassaient la brume, figuraient des grèves que le vent remuait. À côté, sur la pelouse, entre les sapins, une lumière brune circulait dans l’atmosphère tiède. La terre, roussâtre comme de la poudre de tabac, amortissait le bruit des pas ; et, du bout de leurs fers, en marchant, les chevaux poussaient devant eux des pommes de pin tombées. Rodolphe et Emma suivirent ainsi la lisière du bois. Elle se détournait de temps à autre afin d’éviter son regard, et alors elle ne voyait que les troncs des sapins alignés, dont la succession continue l’étourdissait un peu. Les chevaux soufflaient. Le cuir des selles craquait. Au moment où ils entrèrent dans la forêt, le soleil parut. — Dieu nous protège ! dit Rodolphe. — Vous croyez ? fit-elle. — Avançons ! avançons ! reprit-il. Il claqua de la langue. Les deux bêtes couraient. De longues fougères, au bord du chemin, se prenaient dans l’étrier d’Emma. Rodolphe, tout en allant, se penchait et il les retirait à mesure. D’autres fois, pour écarter les branches, il passait près d’elle, et Emma sentait son genou lui frôler la jambe. Le ciel était devenu bleu. Les feuilles ne remuaient pas. Il y avait de grands espaces pleins de bruyères tout en fleurs ; et des nappes de violettes s’alternaient avec le fouillis des arbres, qui étaient gris, fauves ou dorés, selon la diversité des feuillages. Souvent on entendait, sous les buissons, glisser un petit battement d’ailes, ou bien le cri rauque et doux des corbeaux, qui s’envolaient dans les chênes. Ils descendirent. Rodolphe attacha les chevaux. Elle allait devant, sur la mousse, entre les ornières. Mais sa robe trop longue l’embarrassait, bien qu’elle la portât relevée par la queue, et Rodolphe, marchant derrière elle, contemplait entre ce drap noir et la bottine noire, la délicatesse de son bas blanc, qui lui semblait quelque chose de sa nudité. Elle s’arrêta. — Je suis fatiguée, dit-elle. — Allons, essayez encore ! reprit-il. Du courage ! Puis, cent pas plus loin, elle s’arrêta de nouveau ; et, à travers son voile, qui de son chapeau d’homme descendait obliquement sur ses hanches, on distinguait son visage dans une transparence bleuâtre, comme si elle eût nagé sous des flots d’azur. — Où allons-nous donc ? Il ne répondit rien. Elle respirait d’une façon saccadée. Rodolphe jetait les yeux autour de lui et il se mordait la moustache. Ils arrivèrent à un endroit plus large, où l’on avait abattu des baliveaux. Ils s’assirent sur un tronc d’arbre renversé, et Rodolphe se mit à lui parler de son amour. Il ne l’effraya point d’abord par des compliments. Il fut calme, sérieux, mélancolique. Emma l’écoutait la tête basse, et tout en remuant, avec la pointe de son pied, des copeaux par terre. Mais, à cette phrase : — Est-ce que nos destinées maintenant ne sont pas communes. — Eh non ! répondit-elle. Vous le savez bien. C’est impossible. Elle se leva pour partir. Il la saisit au poignet. Elle s’arrêta. Puis, l’ayant considéré quelques minutes d’un œil amoureux et tout humide, elle dit vivement : — Ah ! tenez, n’en parlons plus… Où sont les chevaux ? Retournons. Il eut un geste de colère et d’ennui. Elle répéta : — Où sont les chevaux ? où sont les chevaux ? Alors, souriant d’un sourire étrange et la prunelle fixe, les dents serrées, il s’avança en écartant les bras. Elle se recula tremblante. Elle balbutiait : — Oh ! vous me faites peur ! vous me faites mal ! Partons. — Puisqu’il le faut, reprit-il en changeant de visage. Et il redevint aussitôt respectueux, caressant, timide. Elle lui donna son bras. Ils s’en retournèrent. Il disait : — Qu’aviez-vous donc ? Pourquoi ? Je n’ai pas compris ! Vous vous méprenez, sans doute ? Vous êtes dans mon âme comme une madone sur un piédestal, à une place haute, solide et immaculée. Mais j’ai besoin de vous pour vivre ! J’ai besoin de vos yeux, de votre voix, de votre pensée. Soyez mon amie, ma sœur, mon ange ! Et il allongeait son bras et lui en entourait la taille. Elle tâchait de se dégager mollement. Il la soutenait ainsi, en marchant. Mais ils entendirent les deux chevaux qui broutaient le feuillage. — Oh ! encore, dit Rodolphe. Ne partons pas ! Restez ! Il l’entraîna plus loin, autour d’un petit étang, où des lentilles d’eau faisaient une verdure sur les ondes. Des nénuphars flétris se tenaient immobiles entre les joncs. Au bruit de leurs pas dans l’herbe, des grenouilles sautaient pour se cacher. — J’ai tort, j’ai tort, disait-elle. Je suis folle de vous entendre. — Pourquoi ?… Emma ! Emma ! — Oh ! Rodolphe !… fit lentement la jeune femme en se penchant sur son épaule. Le drap de sa robe s’accrochait au velours de l’habit. Elle renversa son cou blanc, qui se gonflait d’un soupir ; et, défaillante, tout en pleurs, avec un long frémissement et se cachant la figure, elle s’abandonna. Les ombres du soir descendaient ; le soleil horizontal, passant entre les branches, lui éblouissait les yeux. Çà et là, tout autour d’elle, dans les feuilles ou par terre, des taches lumineuses tremblaient, comme si des colibris, en volant, eussent éparpillé leurs plumes. Le silence était partout ; quelque chose de doux semblait sortir des arbres ; elle sentait son cœur, dont les battements recommençaient, et le sang circuler dans sa chair comme un fleuve de lait. Alors, elle entendit tout au loin, au delà du bois, sur les autres collines, un cri vague et prolongé, une voix qui se traînait, et elle l’écoutait silencieusement, se mêlant comme une musique aux dernières vibrations de ses nerfs émus. Rodolphe, le cigare aux dents, raccommodait avec son canif une des deux brides cassée. Ils s’en revinrent à Yonville, par le même chemin. Ils revirent sur la boue les traces de leurs chevaux, côte à côte, et les mêmes buissons, les mêmes cailloux dans l’herbe. Rien autour d’eux n’avait changé ; et pour elle, cependant, quelque chose était survenu de plus considérable que si les montagnes se fussent déplacées. Rodolphe, de temps à autre, se penchait et lui prenait sa main pour la baiser. Elle était charmante, à cheval ! Droite, avec sa taille mince, le genou plié sur la crinière de sa bête et un peu colorée par le grand air, dans la rougeur du soir. En entrant dans Yonville, elle caracola sur les pavés. On la regardait des fenêtres. Son mari, au dîner, lui trouva bonne mine ; mais elle eut l’air de ne pas l’entendre lorsqu’il s’informa de sa promenade ; et elle restait le coude au bord de son assiette, entre les deux bougies qui brûlaient. — Emma ! dit-il. — Quoi ? — Eh bien, j’ai passé cette après-midi chez M. Alexandre ; il a une ancienne pouliche encore fort belle, un peu couronnée seulement, et qu’on aurait, je suis sûr, pour une centaine d’écus… Il ajouta : — Pensant même que cela te serait agréable, je l’ai retenue…, je l’ai achetée… Ai-je bien fait ? Dis-moi donc. Elle remua la tête en signe d’assentiment ; puis, un quart d’heure après : — Sors-tu ce soir ? demanda-t-elle. — Oui. Pourquoi ? — Oh ! rien, rien, mon ami. Et, dès qu’elle fut débarrassée de Charles, elle monta s’enfermer dans sa chambre. D’abord, ce fut comme un étourdissement ; elle voyait les arbres, les chemins, les fossés, Rodolphe, et elle sentait encore l’étreinte de ses bras, tandis que le feuillage frémissait et que les joncs sifflaient. Mais, en s’apercevant dans la glace, elle s’étonna de son visage. Jamais elle n’avait eu les yeux si grands, si noirs, ni d’une telle profondeur. Quelque chose de subtil épandu sur sa personne la transfigurait. Elle se répétait : « J’ai un amant ! un amant ! » se délectant à cette idée comme à celle d’une autre puberté qui lui serait survenue. Elle allait donc posséder enfin ces joies de l’amour, cette fièvre du bonheur dont elle avait désespéré. Elle entrait dans quelque chose de merveilleux où tout serait passion, extase, délire ; une immensité bleuâtre l’entourait, les sommets du sentiment étincelaient sous sa pensée, et l’existence ordinaire n’apparaissait qu’au loin, tout en bas, dans l’ombre, entre les intervalles de ces hauteurs. Alors elle se rappela les héroïnes des livres qu’elle avait lus, et la légion lyrique de ces femmes adultères se mit à chanter dans sa mémoire avec des voix de sœurs qui la charmaient. Elle devenait elle-même comme une partie véritable de ces imaginations et réalisait la longue rêverie de sa jeunesse, en se considérant dans ce type d’amoureuse qu’elle avait tant envié. D’ailleurs, Emma éprouvait une satisfaction de vengeance. N’avait-elle pas assez souffert ! Mais elle triomphait maintenant, et l’amour, si longtemps contenu, jaillissait tout entier avec des bouillonnements joyeux. Elle le savourait sans remords, sans inquiétude, sans trouble. La journée du lendemain se passa dans une douceur nouvelle. Ils se firent des serments. Elle lui raconta ses tristesses. Rodolphe l’interrompait par ses baisers ; et elle lui demandait, en le contemplant les paupières à demi closes, de l’appeler encore par son nom et de répéter qu’il l’aimait. C’était dans la forêt, comme la veille, sous une hutte de sabotiers. Les murs en étaient de paille et le toit descendait si bas, qu’il fallait se tenir courbé. Ils étaient assis l’un contre l’autre, sur un lit de feuilles sèches. À partir de ce jour-là, ils s’écrivirent régulièrement tous les soirs. Emma portait sa lettre au bout du jardin, près de la rivière, dans une fissure de la terrasse. Rodolphe venait l’y chercher et en plaçait une autre, qu’elle accusait toujours d’être trop courte. Un matin, que Charles était sorti dès avant l’aube, elle fut prise par la fantaisie de voir Rodolphe à l’instant. On pouvait arriver promptement à la Huchette, y rester une heure et être rentré dans Yonville que tout le monde encore serait endormi. Cette idée la fit haleter de convoitise, et elle se trouva bientôt au milieu de la prairie, où elle marchait à pas rapides, sans regarder derrière elle. Le jour commençait à paraître. Emma, de loin, reconnut la maison de son amant, dont les deux girouettes à queue-d’aronde se découpaient en noir sur le crépuscule pâle. Après la cour de la ferme, il y avait un corps de logis qui devait être le château. Elle y entra, comme si les murs, à son approche, se fussent écartés d’eux-mêmes. Un grand escalier droit montait vers un corridor. Emma tourna la clenche d’une porte, et tout à coup, au fond de la chambre, elle aperçut un homme qui dormait. C’était Rodolphe. Elle poussa un cri. — Te voilà ! te voilà ! répétait-il. Comment as-tu fait pour venir ?… Ah ! ta robe est mouillée ! — Je t’aime ! répondit-elle en lui passant les bras autour du cou. Cette première audace lui ayant réussi, chaque fois maintenant que Charles sortait de bonne heure, Emma s’habillait vite et descendait à pas de loup le perron qui conduisait au bord de l’eau. Mais, quand la planche aux vaches était levée, il fallait suivre les murs qui longeaient la rivière ; la berge était glissante ; elle s’accrochait de la main, pour ne pas tomber, aux bouquets de ravenelles flétries. Puis elle prenait à travers des champs en labour, où elle enfonçait, trébuchait et empêtrait ses bottines minces. Son foulard, noué sur sa tête, s’agitait au vent dans les herbages ; elle avait peur des bœufs, elle se mettait à courir ; elle arrivait essoufflée, les joues roses, et exhalant de toute sa personne un frais parfum de sève, de verdure et de grand air. Rodolphe, à cette heure-là, dormait encore. C’était comme une matinée de printemps qui entrait dans sa chambre. Les rideaux jaunes, le long des fenêtres laissaient passer doucement une lourde lumière blonde. Emma tâtonnait en clignant des yeux, tandis que les gouttes de rosée suspendues à ses bandeaux faisaient comme une auréole de topazes tout autour de sa figure. Rodolphe, en riant, l’attirait à lui et il la prenait sur son cœur. Ensuite, elle examinait l’appartement, elle ouvrait les tiroirs des meubles, elle se peignait avec son peigne et se regardait dans le miroir à barbe. Souvent même, elle mettait entre ses dents le tuyau d’une grosse pipe qui était sur la table de nuit, parmi des citrons et des morceaux de sucre, près d’une carafe d’eau. Il leur fallait un bon quart d’heure pour les adieux. Alors Emma pleurait ; elle aurait voulu ne jamais abandonner Rodolphe. Quelque chose de plus fort qu’elle la poussait vers lui, si bien qu’un jour, la voyant survenir à l’improviste, il fronça le visage comme quelqu’un de contrarié. — Qu’as-tu donc ? dit-elle. Souffres-tu ? Parle-moi ! Enfin il déclara, d’un air sérieux, que ses visites devenaient imprudentes et qu’elle se compromettait. |
Chapter Nine Six weeks passed. Rodolphe did not come again. At last one evening he appeared. The day after the show he had said to himself —“We mustn’t go back too soon; that would be a mistake.” And at the end of a week he had gone off hunting. After the hunting he had thought it was too late, and then he reasoned thus — “If from the first day she loved me, she must from impatience to see me again love me more. Let’s go on with it!” And he knew that his calculation had been right when, on entering the room, he saw Emma turn pale. She was alone. The day was drawing in. The small muslin curtain along the windows deepened the twilight, and the gilding of the barometer, on which the rays of the sun fell, shone in the looking-glass between the meshes of the coral. Rodolphe remained standing, and Emma hardly answered his first conventional phrases. “I,” he said, “have been busy. I have been ill.” “Seriously?” she cried. “Well,” said Rodolphe, sitting down at her side on a footstool, “no; it was because I did not want to come back.” “Why?” “Can you not guess?” He looked at her again, but so hard that she lowered her head, blushing. He went on — “Emma!” “Sir,” she said, drawing back a little. “Ah! you see,” replied he in a melancholy voice, “that I was right not to come back; for this name, this name that fills my whole soul, and that escaped me, you forbid me to use! Madame Bovary! why all the world calls you thus! Besides, it is not your name; it is the name of another!” He repeated, “of another!” And he hid his face in his hands. “Yes, I think of you constantly. The memory of you drives me to despair. Ah! forgive me! I will leave you! Farewell! I will go far away, so far that you will never hear of me again; and yet — to-day — I know not what force impelled me towards you. For one does not struggle against Heaven; one cannot resist the smile of angels; one is carried away by that which is beautiful, charming, adorable.” It was the first time that Emma had heard such words spoken to herself, and her pride, like one who reposes bathed in warmth, expanded softly and fully at this glowing language. “But if I did not come,” he continued, “if I could not see you, at least I have gazed long on all that surrounds you. At night-every night-I arose; I came hither; I watched your house, its glimmering in the moon, the trees in the garden swaying before your window, and the little lamp, a gleam shining through the window-panes in the darkness. Ah! you never knew that there, so near you, so far from you, was a poor wretch!” She turned towards him with a sob. “Oh, you are good!” she said. “No, I love you, that is all! You do not doubt that! Tell me — one word — only one word!” And Rodolphe imperceptibly glided from the footstool to the ground; but a sound of wooden shoes was heard in the kitchen, and he noticed the door of the room was not closed. “How kind it would be of you,” he went on, rising, “if you would humour a whim of mine.” It was to go over her house; he wanted to know it; and Madame Bovary seeing no objection to this, they both rose, when Charles came in. “Good morning, doctor,” Rodolphe said to him. The doctor, flattered at this unexpected title, launched out into obsequious phrases. Of this the other took advantage to pull himself together a little. “Madame was speaking to me,” he then said, “about her health.” Charles interrupted him; he had indeed a thousand anxieties; his wife’s palpitations of the heart were beginning again. Then Rodolphe asked if riding would not be good. “Certainly! excellent! just the thing! There’s an idea! You ought to follow it up.” And as she objected that she had no horse, Monsieur Rodolphe offered one. She refused his offer; he did not insist. Then to explain his visit he said that his ploughman, the man of the blood-letting, still suffered from giddiness. “I’ll call around,” said Bovary. “No, no! I’ll send him to you; we’ll come; that will be more convenient for you.” “Ah! very good! I thank you.” And as soon as they were alone, “Why don’t you accept Monsieur Boulanger’s kind offer?” She assumed a sulky air, invented a thousand excuses, and finally declared that perhaps it would look odd. “Well, what the deuce do I care for that?” said Charles, making a pirouette. “Health before everything! You are wrong.” “And how do you think I can ride when I haven’t got a habit?” “You must order one,” he answered. The riding-habit decided her. When the habit was ready, Charles wrote to Monsieur Boulanger that his wife was at his command, and that they counted on his good-nature. The next day at noon Rodolphe appeared at Charles’s door with two saddle-horses. One had pink rosettes at his ears and a deerskin side-saddle. Rodolphe had put on high soft boots, saying to himself that no doubt she had never seen anything like them. In fact, Emma was charmed with his appearance as he stood on the landing in his great velvet coat and white corduroy breeches. She was ready; she was waiting for him. Justin escaped from the chemist’s to see her start, and the chemist also came out. He was giving Monsieur Boulanger a little good advice. “An accident happens so easily. Be careful! Your horses perhaps are mettlesome.” She heard a noise above her; it was Felicite drumming on the windowpanes to amuse little Berthe. The child blew her a kiss; her mother answered with a wave of her whip. “A pleasant ride!” cried Monsieur Homais. “Prudence! above all, prudence!” And he flourished his newspaper as he saw them disappear. As soon as he felt the ground, Emma’s horse set off at a gallop. Rodolphe galloped by her side. Now and then they exchanged a word. Her figure slightly bent, her hand well up, and her right arm stretched out, she gave herself up to the cadence of the movement that rocked her in her saddle. At the bottom of the hill Rodolphe gave his horse its head; they started together at a bound, then at the top suddenly the horses stopped, and her large blue veil fell about her. It was early in October. There was fog over the land. Hazy clouds hovered on the horizon between the outlines of the hills; others, rent asunder, floated up and disappeared. Sometimes through a rift in the clouds, beneath a ray of sunshine, gleamed from afar the roots of Yonville, with the gardens at the water’s edge, the yards, the walls and the church steeple. Emma half closed her eyes to pick out her house, and never had this poor village where she lived appeared so small. From the height on which they were the whole valley seemed an immense pale lake sending off its vapour into the air. Clumps of trees here and there stood out like black rocks, and the tall lines of the poplars that rose above the mist were like a beach stirred by the wind. By the side, on the turf between the pines, a brown light shimmered in the warm atmosphere. The earth, ruddy like the powder of tobacco, deadened the noise of their steps, and with the edge of their shoes the horses as they walked kicked the fallen fir cones in front of them. Rodolphe and Emma thus went along the skirt of the wood. She turned away from time to time to avoid his look, and then she saw only the pine trunks in lines, whose monotonous succession made her a little giddy. The horses were panting; the leather of the saddles creaked. Just as they were entering the forest the sun shone out. “God protects us!” said Rodolphe. “Do you think so?” she said. “Forward! forward!” he continued. He “tchk’d” with his tongue. The two beasts set off at a trot. Long ferns by the roadside caught in Emma’s stirrup. Rodolphe leant forward and removed them as they rode along. At other times, to turn aside the branches, he passed close to her, and Emma felt his knee brushing against her leg. The sky was now blue, the leaves no longer stirred. There were spaces full of heather in flower, and plots of violets alternated with the confused patches of the trees that were grey, fawn, or golden coloured, according to the nature of their leaves. Often in the thicket was heard the fluttering of wings, or else the hoarse, soft cry of the ravens flying off amidst the oaks. They dismounted. Rodolphe fastened up the horses. She walked on in front on the moss between the paths. But her long habit got in her way, although she held it up by the skirt; and Rodolphe, walking behind her, saw between the black cloth and the black shoe the fineness of her white stocking, that seemed to him as if it were a part of her nakedness. She stopped. “I am tired,” she said. “Come, try again,” he went on. “Courage!” Then some hundred paces farther on she again stopped, and through her veil, that fell sideways from her man’s hat over her hips, her face appeared in a bluish transparency as if she were floating under azure waves. “But where are we going?” He did not answer. She was breathing irregularly. Rodolphe looked round him biting his moustache. They came to a larger space where the coppice had been cut. They sat down on the trunk of a fallen tree, and Rodolphe began speaking to her of his love. He did not begin by frightening her with compliments. He was calm, serious, melancholy. Emma listened to him with bowed head, and stirred the bits of wood on the ground with the tip of her foot. But at the words, “Are not our destinies now one?” “Oh, no! she replied. “You know that well. It is impossible!” She rose to go. He seized her by the wrist. She stopped. Then, having gazed at him for a few moments with an amorous and humid look, she said hurriedly — “Ah! do not speak of it again! Where are the horses? Let us go back.” He made a gesture of anger and annoyance. She repeated: “Where are the horses? Where are the horses?” Then smiling a strange smile, his pupil fixed, his teeth set, he advanced with outstretched arms. She recoiled trembling. She stammered: “Oh, you frighten me! You hurt me! Let me go!” “If it must be,” he went on, his face changing; and he again became respectful, caressing, timid. She gave him her arm. They went back. He said — “What was the matter with you? Why? I do not understand. You were mistaken, no doubt. In my soul you are as a Madonna on a pedestal, in a place lofty, secure, immaculate. But I need you to live! I must have your eyes, your voice, your thought! Be my friend, my sister, my angel!” And he put out his arm round her waist. She feebly tried to disengage herself. He supported her thus as they walked along. But they heard the two horses browsing on the leaves. “Oh! one moment!” said Rodolphe. “Do not let us go! Stay!” He drew her farther on to a small pool where duckweeds made a greenness on the water. Faded water lilies lay motionless between the reeds. At the noise of their steps in the grass, frogs jumped away to hide themselves. “I am wrong! I am wrong!” she said. “I am mad to listen to you!” “Why? Emma! Emma!” “Oh, Rodolphe!” said the young woman slowly, leaning on his shoulder. The cloth of her habit caught against the velvet of his coat. She threw back her white neck, swelling with a sigh, and faltering, in tears, with a long shudder and hiding her face, she gave herself up to him — The shades of night were falling; the horizontal sun passing between the branches dazzled the eyes. Here and there around her, in the leaves or on the ground, trembled luminous patches, as it hummingbirds flying about had scattered their feathers. Silence was everywhere; something sweet seemed to come forth from the trees; she felt her heart, whose beating had begun again, and the blood coursing through her flesh like a stream of milk. Then far away, beyond the wood, on the other hills, she heard a vague prolonged cry, a voice which lingered, and in silence she heard it mingling like music with the last pulsations of her throbbing nerves. Rodolphe, a cigar between his lips, was mending with his penknife one of the two broken bridles. They returned to Yonville by the same road. On the mud they saw again the traces of their horses side by side, the same thickets, the same stones to the grass; nothing around them seemed changed; and yet for her something had happened more stupendous than if the mountains had moved in their places. Rodolphe now and again bent forward and took her hand to kiss it. She was charming on horseback — upright, with her slender waist, her knee bent on the mane of her horse, her face somewhat flushed by the fresh air in the red of the evening. On entering Yonville she made her horse prance in the road. People looked at her from the windows. At dinner her husband thought she looked well, but she pretended not to hear him when he inquired about her ride, and she remained sitting there with her elbow at the side of her plate between the two lighted candles. “Emma!” he said. “What?” “Well, I spent the afternoon at Monsieur Alexandre’s. He has an old cob, still very fine, only a little brokenkneed, and that could be bought; I am sure, for a hundred crowns.” He added, “And thinking it might please you, I have bespoken it — bought it. Have I done right? Do tell me?” She nodded her head in assent; then a quarter of an hour later — “Are you going out to-night?” she asked. “Yes. Why?” “Oh, nothing, nothing, my dear!” And as soon as she had got rid of Charles she went and shut herself up in her room. At first she felt stunned; she saw the trees, the paths, the ditches, Rodolphe, and she again felt the pressure of his arm, while the leaves rustled and the reeds whistled. But when she saw herself in the glass she wondered at her face. Never had her eyes been so large, so black, of so profound a depth. Something subtle about her being transfigured her. She repeated, “I have a lover! a lover!” delighting at the idea as if a second puberty had come to her. So at last she was to know those joys of love, that fever of happiness of which she had despairedl She was entering upon marvels where all would be passion, ecstasy, delirium. An azure infinity encompassed her, the heights of sentiment sparkled under her thought, and ordinary existence appeared only afar off, down below in the shade, through the interspaces of these heights. Then she recalled the heroines of the books that she had read, and the lyric legion of these adulterous women began to sing in her memory with the voice of sisters that charmed her. She became herself, as it were, an actual part of these imaginings, and realised the love-dream of her youth as she saw herself in this type of amorous women whom she had so envied. Besides, Emma felt a satisfaction of revenge. Had she not suffered enough? But now she triumphed, and the love so long pent up burst forth in full joyous bubblings. She tasted it without remorse, without anxiety, without trouble. The day following passed with a new sweetness. They made vows to one another She told him of her sorrows. Rodolphe interrupted her with kisses; and she looking at him through half-closed eyes, asked him to call her again by her name — to say that he loved her They were in the forest, as yesterday, in the shed of some woodenshoe maker. The walls were of straw, and the roof so low they had to stoop. They were seated side by side on a bed of dry leaves. From that day forth they wrote to one another regularly every evening. Emma placed her letter at the end of the garden, by the river, in a fissure of the wall. Rodolphe came to fetch it, and put another there, that she always found fault with as too short. One morning, when Charles had gone out before day break, she was seized with the fancy to see Rodolphe at once. She would go quickly to La Huchette, stay there an hour, and be back again at Yonville while everyone was still asleep. This idea made her pant with desire, and she soon found herself in the middle of the field, walking with rapid steps, without looking behind her. Day was just breaking. Emma from afar recognised her lover’s house. Its two dove-tailed weathercocks stood out black against the pale dawn. Beyond the farmyard there was a detached building that she thought must be the chateau She entered — it was if the doors at her approach had opened wide of their own accord. A large straight staircase led up to the corridor. Emma raised the latch of a door, and suddenly at the end of the room she saw a man sleeping. It was Rodolphe. She uttered a cry. “You here? You here?” he repeated. “How did you manage to come? Ah! your dress is damp.” “I love you,” she answered, throwing her arms about his neck. This first piece of daring successful, now every time Charles went out early Emma dressed quickly and slipped on tiptoe down the steps that led to the waterside. But when the plank for the cows was taken up, she had to go by the walls alongside of the river; the bank was slippery; in order not to fall she caught hold of the tufts of faded wallflowers. Then she went across ploughed fields, in which she sank, stumbling; and clogging her thin shoes. Her scarf, knotted round her head, fluttered to the wind in the meadows. She was afraid of the oxen; she began to run; she arrived out of breath, with rosy cheeks, and breathing out from her whole person a fresh perfume of sap, of verdure, of the open air. At this hour Rodolphe still slept. It was like a spring morning coming into his room. The yellow curtains along the windows let a heavy, whitish light enter softly. Emma felt about, opening and closing her eyes, while the drops of dew hanging from her hair formed, as it were, a topaz aureole around her face. Rodolphe, laughing, drew her to him, and pressed her to his breast. Then she examined the apartment, opened the drawers of the tables, combed her hair with his comb, and looked at herself in his shaving-glass. Often she even put between her teeth the big pipe that lay on the table by the bed, amongst lemons and pieces of sugar near a bottle of water. It took them a good quarter of an hour to say goodbye. Then Emma cried. She would have wished never to leave Rodolphe. Something stronger than herself forced her to him; so much so, that one day, seeing her come unexpectedly, he frowned as one put out. “What is the matter with you?” she said. “Are you ill? Tell me!” At last he declared with a serious air that her visits were becoming imprudent — that she was compromising herself. |
Neuntes Kapitel Sechs Wochen flossen hin. Rudolf kam nicht. Endlich, eines Spätnachmittags, erschien er. „Man darf sich nicht so schnell wieder sehen lassen. Das wäre ein Fehler!“ Nach dem Feste war er auf die Jagd gegangen. Und nach der Jagd hatte er sich gesagt, nun sei es zu spät zu einem Besuche. Sein Gedankengang war folgender: „Wenn sie mich vom ersten Tage an geliebt hat, wird sie mich nach dem Hangen und Bangen des Wartens nur um so mehr lieben. Warten wir also noch eine Weile!“ Als er Emma in der Großen Stube entgegentrat, sah er, wie sie blaß wurde. Da wußte er, daß er sich nicht verrechnet hatte. Sie war allein. Es dämmerte. Die kleinen Mullgardinen an den Scheiben der Fenster vermehrten das Halbdunkel. Das blanke Metall des Barometers, auf das ein Sonnenstrahl fiel, glitzerte auf der Fläche des Spiegels über dem Kamin wider wie flammendes Feuer. Rudolf stand noch immer. Emma antwortete nur mit Mühe auf seine ersten Höflichkeitsworte. „Ich war stark beschäftigt. Und dann bin ich auch krank gewesen.“ „Ernstlich?“ fragte sie erregt. „Na,“ erwiderte Rudolf, indem er sich ihr zur Seite auf einen niedrigen Sessel setzte, „eigentlich wollte ich nicht wiederkommen.“ „Warum?“ „Erraten Sie es nicht?“ Wiederum sah er sie an, diesmal so leidenschaftlich, daß sie rot wurde und die Augen senkte. Er begann von neuem: „Emma!“ „Herr Boulanger!“ rief sie und rückte ein wenig von ihm ab. „Ah!“ sagte er in wehmütigem Tone. „Sehen Sie, wie recht ich hatte, wenn ich nicht wiederkommen wollte! Ihr Name ..., dieser Name, der mein ganzes Herz erfüllt ..., er ist mir entschlüpft, und Sie verbieten mir, ihn auszusprechen! Frau Bovary! Alle Welt nennt Sie so! So heißen Sie! Und doch ist das der Name — eines andern!“ Nach einer Weile wiederholte er: „Eines andern!“ Er hielt sich die Hände vor sein Gesicht. „Ach, ich denke fortwährend an Sie ... Die Erinnerung bringt mich in Verzweiflung ... Verzeihen Sie mir ... Ich gehe ... Leben Sie wohl! Ich will weit, weit weg ... so weit gehen, daß Sie nichts mehr von mir hören werden! Aber heute ... heute ... ach, ich weiß nicht, was mich mit aller Gewalt hierher zu Ihnen getrieben hat! Gegen sein Schicksal kann keiner kämpfen! Und wo Engel lächeln, wer könnte da widerstehen? Man läßt sich hinreißen von der, die so schön, so süß, so anbetenswert ist!“ Es war das erstemal, daß Emma solche Dinge hörte, und als ob sie sich im Bade wollüstig dehnte, so fühlte sie sich in ihrem Selbstbewußtsein von der warmen Flut dieser Sprache umkost. „Aber wenn ich mich auch nicht habe sehen lassen,“ fuhr er fort, „wenn ich nicht mit Ihnen reden durfte, so habe ich doch wenigstens das gesehen, was Sie umgibt. Ach, nachts, Nacht für Nacht habe ich mich erhoben und bin hierher geeilt, um Ihr Haus zu schauen, Ihr Dach im Scheine des Mondes, die Bäume in Ihrem Garten, die ihre Wipfel vor Ihrem Fenster wiegen, und das Lampenlicht, den hellen Schimmer, der durch die Scheiben hinausleuchtete in das Dunkel! Ach, Sie haben es nicht geahnt, daß da unten, Ihnen so nahe und doch so fern, ein Armer, ein Unglücklicher stand ...“ Sie schluchzte auf und sah ihn an. „Sie sind ein guter Mensch!“ flüsterte sie. „Nein! Ich liebe Sie! Weiter nichts! Glauben Sie mir das? Sagen Sie mirs! Ein Wort! Ein einziges Wort!“ Leise glitt Rudolf von seinem Sitze zur Erde. Aber von der Küche her drang das Klappern von Holzpantoffeln. Auch war die Türe nicht geschlossen. Er erinnerte sich daran. „Es wäre barmherzig von Ihnen,“ sagte er, sich wieder erhebend, „wenn Sie mir einen Wunsch erfüllten.“ Er bat darum, ihm das Haus zu zeigen. Er wolle es kennen lernen. Frau Bovary hatte nichts dagegen. Sie gingen beide zur Türe, da trat Karl ein. „Guten Tag, Doktor!“ begrüßte ihn Rudolf. Der Arzt, den der ihm nicht zukommende akademische Titel schmeichelte, stotterte ein paar verbindliche Worte. Währenddessen wurde der andre wieder völlig Herr der Situation. „Die gnädige Frau hat mir soeben von ihrem Befinden erzählt ...“, begann er. Karl unterbrach ihn. Er sei in der Tat äußerst besorgt. Seine Frau habe bereits einmal an ähnlichen Zuständen gelitten. Rudolf fragte, ob da nicht Reiten gut wäre. „Gewiß! Ganz ausgezeichnet! Vortrefflich! Das ist wirklich ein guter Rat! Den solltest du tatsächlich befolgen, Emma!“ Sie wandte ein, daß sie kein Pferd habe, aber Rudolf bot ihr eins an. Sie lehnte sein Anerbieten ab, und er drang nicht weiter in sie. Dann erzählte er — um seinen Besuch zu motivieren -, sein Knecht, der Mann, dem Karl neulich zur Ader gelassen habe, leide immer noch an Schwindelanfällen. „Ich werde mal bei Ihnen auf dem Gute vorsprechen“, sagte Bovary. „Nein, nein! Ich schicke ihn lieber her. Wir kommen wieder zusammen. Das ist bequemer für Sie!“ „Sehr gütig! Ganz wie Sie wünschen!“ Als das Ehepaar dann allein war, fragte Karl: „Warum hast du eigentlich das Angebot des Herrn Boulanger abgelehnt? Es war doch sehr liebenswürdig!“ Emma tat, als ob sie schmollte; sie wußte nicht gleich, was sie sagen sollte, und schließlich erklärte sie, die Leute könnten es „komisch“ finden. „Ich pfeif auf die Leute!“ sagte Karl und machte eine verächtliche Gebärde. „Die Gesundheit ist tausendmal mehr wert! Das war nicht richtig von dir!“ „Aber ich habe doch auch kein Reitkleid!“ „Dann mußt du dir eins bestellen!“ Das Reitkleid gab den Ausschlag. Als es fertig war, schrieb Bovary an Boulanger, seine Frau stehe ihm zur Verfügung. Sie nähme sein gütiges Anerbieten an. Andern Tags um zwölf Uhr hielt Rudolf mit zwei Reitpferden vor dem Hause des Arztes. Das eine trug einen Damensattel aus Wildleder und einen roten Stirnriemen. Er selbst hatte hohe Reitstiefel aus feinstem weichen Leder an. Er nahm an, daß Emma solche gewiß noch nie gesehen hatte; und in der Tat war sie über sein Aussehen entzückt, als sie ihn in seinem langen dunkelbraunen Samtrock und den weißen Breeches an der Türe erblickte. Sie hatte auf ihn gewartet und war bereit. Justin stahl sich aus der Apotheke. Er mußte sie sehen. Auch den Apotheker litt es nicht in seinem Laden. Er gab Rudolf allerlei gute Ratschläge. „Es passiert so leicht ein Malheur!“ sagte er. „Reiten Sie vorsichtig! Sind die Tiere fromm?“ Emma vernahm über sich ein Geräusch. Es war Felicie, die mit der Hand gegen eine Fensterscheibe trommelte, um der kleinen Berta einen Spaß zu bereiten. Das Kind warf der Mutter ein Kußhändchen zu. Die Reiterin winkte mit der Gerte. „Viel Vergnügen!“ rief Homais. „Ja recht vorsichtig! Recht vorsichtig!“ Er sah den Wegreitenden noch lange nach und schwenkte grüßend mit seiner Zeitung. Sobald Emmas Pferd weichen Boden unter sich fühlte, fing es von selbst an zu galoppieren. Da sprengte auch Rudolf sein Pferd an. Hin und wieder wechselten sie ein Wort. Das Kinn ein wenig eingezogen, die hochgenommene linke Hand mit den Zügeln nach dem Widerrist zu vorhaltend, so überließ sie sich der wiegenden Galoppade. Es ging die Anhöhe hinauf, immer im Galopp. Oben parierten die Gäule plötzlich. Emmas langer blauer Schleier flatterte weiter. Es war einer der ersten Oktobertage. Nebel lag über den Fluren. In langen Schwaden beengten sie den Gesichtskreis und ließen die Hügel nur in Umrißlinien erkennen. Hin und wieder rissen die Nebel auseinander, flogen wie in Fetzen auf und zerstoben. Dann erblickte man durch die Lücken in der Ferne die Dächer von Yonville im Sonnenscheine, die Gärten am Bachufer, die Gehöfte und Hecken und den Kirchturm. Emma gab sich Mühe, ihr Haus herauszufinden, und noch nie war ihr der armselige Ort, in dem sie da lebte, so klein vorgekommen. Von der Höhe, auf der sie hielten, glich die ganze Niederung einem ungeheuer großen, fahlen, verdunstenden See. Die buschigen Bäume, die hie und da aus ihm herausragten, sahen wie schwarze Riffe aus, und die Reihen der hohen Pappeln wie lange Wellenzüge, die der Wind kräuselt. Über dem Rasen unter den Tannen sickerte braunes Licht durch die laue Luft. Der Boden, rötlich wie zerblätterter Tabak, dämpfte die Tritte. Abgefallene Tannenzapfen rollten über den Weg, von den Hufen berührt. Rudolf und Emma ritten den Waldsaum entlang. Ab und zu sah sie zur Seite, um seinem Blicke zu entgehen; dann glitten die Stämme der Bäume, einer nach dem andern, so rasch an ihr vorüber, daß die unaufhörliche Wiederholung sie halb schwindlig machte. Die Pferde keuchten. Gerade, als sie in den Wald kamen, trat die Sonne hervor. „Gott ist mit uns!“ sagte Rudolf. „Glauben Sie denn an ihn?“ fragte sie. „Galopp! Galopp!“ rief er von neuem und schnalzte mit der Zunge. Beide Tiere gehorchten. Hohe Farne, wie sie zu beiden Seiten des Pfades standen, verfingen sich in Emmas Steigbügel. Rudolf, der zur Linken Emmas ritt, bückte sich jedesmal im Weiterreiten und befreite sie wieder. Ein paarmal galoppierte er ganz dicht neben ihr hin, um überhängende Zweige von ihr abzuwehren; dann fühlte sie, wie sein rechtes Knie ihr linkes Bein berührte. Inzwischen war der Himmel ganz blau geworden. Kein Blatt rührte sich. Sie kamen über weite Felder, ganz voll blühenden Heidekrauts, und hie und da leuchteten unter dem grauen und gelben und goldbraunen Blätterwerk der Bäume Flecke von wilden Veilchen auf. Im Gebüsch regte sich öfters leiser Flügelschlag. Leise krächzend flogen Raben um die Eichen. Sie saßen ab. Rudolf band die Pferde an. Emma schritt ihm voraus, den Weg weiter, über Moos in alten Wagenspuren. Ihr langes Reitkleid erschwerte ihr das Gehen, obwohl sie es mit der einen Hand aufgerafft hatte. Rudolf ging hinter ihr. Er sah zwischen dem schwarzen Tuch und den schwarzen Stiefeln das lockende Weiß ihres Strumpfes, das er wie ein Stück Nacktheit empfand. Emma blieb stehen. „Ich bin müde!“ sagte sie. „Gehen wir weiter! Versuchen Sie es!“ bat er. „Mut!“ Hundert Schritte weiter blieb sie abermals stehen. Der blaue Schleier, der ihr von ihrem Herrenhute bis zu den Hüften herabwallte, übergoß ihr Gesicht mit bläulichem Licht. Es sah aus, wie in das Blau des Himmels getaucht. „Wohin gehen wir denn?“ Er gab keine Antwort. Sie atmete heftig. Rudolf hielt Umschau und biß sich in den Schnurrbart. Sie standen in einer Lichtung, in der gefällte Baumstämme dalagen. Sie setzten sich beide auf einen. Von neuem begann Rudolf, von seiner Liebe zu reden. Um Emma nicht durch Überschwenglichkeit zu verprellen, blieb er ruhig, ernst, schwermütig. Sie hörte ihm gesenkten Hauptes zu, während sie mit der Spitze ihres Stiefels den Waldboden aufscharrte. Aber bei dem Satze: „Sind unsre beiden Lebenspfade nunmehr nicht in einen zusammengelaufen?“ unterbrach sie ihn: „Nein! Das wissen Sie doch! Es ist unmöglich!“ Sie stand auf und wollte gehen. Er umfaßte ihr Handgelenk, und so blieb sie. Sie sah ihn eine kleine Weile liebevoll und mit feucht schimmernden Augen an, dann sagte sie hastig: „Genug! Reden wir nicht mehr davon! Gehen wir zurück zu unsern Pferden!“ Rudolf machte eine Bewegung zornigen Ärgers. Sie wiederholte: „Gehen wir zu unsern Pferden!“ Da lächelte er seltsam und näherte sich ihr mit vorgestreckten Händen, zusammengebissenen Zähnen und starrem Blicke. Sie wich zitternd zurück und stammelte: „Ich fürchte mich vor Ihnen! Sie tun mir weh! Gehen wir zurück!“ „Wenn es sein muß!“ gab er zur Antwort. Sein Gesichtsausdruck wandelte sich. Er sah wieder ehrerbietig, zärtlich, schüchtern aus. Emma reichte ihm den Arm. Sie traten den Rückweg an. „Was hatten Sie denn vorhin?“ fragte er. „Was war es? Ich habe Sie nicht begriffen. Gewiß haben Sie mich mißverstanden. Sie thronen in meinem Herzen wie eine Madonna, hoch und hehr und unerreichbar! Aber ich kann ohne Sie nicht leben! Ich muß Ihre Augen sehen, Ihre Stimme hören, Ihre Gedanken wissen! Seien Sie meine Freundin, meine Schwester, mein Schutzengel!“ Er schlang seinen Arm um ihre Taille. Sie versuchte, sich ihm sanft zu entwinden, aber er ließ sie nicht los. So gingen sie nebeneinander hin. Da hörten sie ihre Pferde, die Blätter von den Bäumen rupften. „Noch nicht!“ bat Rudolf. „Reiten wir noch nicht zurück! Bleiben Sie!“ Er zog sie mit sich vom Wege ab in die Nähe eines kleinen Weihers, dessen Spiegel mit Wasserlinsen bedeckt war. Zwischen Schilf träumten verwelkte Wasserrosen. Vor dem Geräusch ihrer Schritte im Gras hüpften die Frösche davon und verschwanden. „Es ist nicht recht von mir ... es ist nicht recht von mir! Ich bin toll, daß ich auf Sie höre!“ „Warum? Emma! Emma!“ „Ach, Rudolf!“ flüsterte die junge Frau, indem sie sich an ihn anschmiegte. Das Tuch ihres Jacketts lag dicht am Samt seines Rockes. Sie bog ihren weißen Hals zurück, den ein Seufzer schwellte. Halb ohnmächtig und tränenüberströmt, die Hände auf ihr Gesicht pressend und am ganzen Leib zitternd, gab sie sich ihm hin ... Die Dämmerung sank herab. Die Sonne stand blendend am Horizont und flammte in den Zweigen. Hier und da, um die beiden herum, im Laub und auf dem Boden, tanzten lichte Flecke, als hätten Kolibris im Vorbeifliegen ihre schimmernden Federn verloren. Rings tiefes Schweigen. Die Bäume atmeten süße Melancholie. Emma fühlte, wie ihr Herz wieder klopfte, wie ihr das Blut durch den Körper kreiste. In der Ferne, hinter dem Walde, über der Höhe ertönte ein langgezogener seltsamer Schrei, unaufhörlich. Dem lauschte sie schweigend. Er mischte sich in die verklingenden Schwingungen ihrer zuckenden Nerven und ward zu Musik ... Rudolf rauchte eine Zigarette und stellte mit Hilfe seines Taschenmessers einen zerrissenen Zügel wieder her. Auf demselben Wege ritten sie nach Yonville zurück. Sie sahen im weichen Boden die Spuren ihres Hinrittes, die Huftritte beider Pferde dicht beieinander, sie erkannten die Büsche wieder und einzelne Steine am Rain. Nichts um sie herum hatte sich verändert, und doch kam es Emma vor, als sei etwas höchst Bedeutsames geschehen, als seien die Berge von ihrem Platze geschoben. Von Zeit zu Zeit beugte sich Rudolf zu ihr herüber, um ihre rechte Hand zu erfassen und zu küssen. Er fand Emma im Sattel entzückend aussehend, bei ihrem geraden Sitz, ihrer schlanken Figur, der schicken Haltung ihres rechten Knies, ihren von der scharfen Luft geröteten Wangen, — alles im Abendrot. Als sie Yonville erreichten, wurde ihr Pferd unruhig. Einmal machte es sogar kehrt. Aus allen Fenstern sah man ihr zu. Beim Essen machte Karl die Bemerkung, Emma sähe vorzüglich aus. Als er sich aber darnach erkundigte, wie der Spazierritt gewesen sei, tat sie, als hätte sie die Frage überhört. Sie stützte sich auf die Ellenbogen und starrte über ihren Teller weg in die flackernden Kerzen. „Emma!“ „Was denn?“ „Weißt du, ich bin heute nachmittag beim Pferdehändler gewesen. Er hat eine recht gut aussehende alte Mutterstute zu verkaufen. Die Knie sind nur ein bißchen durch. Ich bin überzeugt, für hundert Taler ...“ Da sie nichts dazu sagte, fuhr er nach ein paar Augenblicken fort: „Ich habe gedacht, es sei dir erwünscht, und da habe ich mir den Gaul zurückstellen lassen ... nein, gleich gekauft ... Ists dir recht? Sag mal!“ Sie nickte bejahend mit dem Kopfe. Eine Viertelstunde später fragte sie: „Gehst du heute abend aus?“ „Ja. Warum denn?“ „Ach, ich wollt es bloß wissen, Bester!“ Sobald sie von Karl befreit war, ging sie in ihr Zimmer hinauf und schloß sich ein. Sie war zunächst noch wie unter einem Banne. Sie sah im Geist die Bäume, die Wege, die Gräben, den Geliebten und fühlte seine Umarmung. Das Laub wisperte um sie herum, und das Schilf rauschte. Dann aber erblickte sie sich im Spiegel. Sie staunte über ihr Aussehen. So große schwarze Augen hatte sie noch nie gehabt! Und wie tief sie lagen! Etwas Unsagbares umfloß ihre Gestalt. Sie kam sich wie verklärt vor. Immer wieder sagte sie sich: „Ich habe einen Geliebten! Einen Geliebten!“ Der Gedanke entzückte sie. Es war ihr, als sei sie jetzt erst Weib geworden. Endlich waren die Liebesfreuden auch für sie da, die fiebernde Glückseligkeit, auf die sie bereits keine Hoffnung mehr gehabt hatte! Sie war in eine Wunderwelt eingetreten, in der alles Leidenschaft, Verzückung und Rausch war. Blaue Unermeßlichkeit breitete sich rings um sie her, vor ihrer Phantasie glänzte das Hochland der Gefühle, und fern, tief unten, im Dunkel, weit weg von diesen Höhen, lag der Alltag. Sie erinnerte sich an allerlei Romanheldinnen, und diese Schar empfindsamer Ehebrecherinnen sangen in ihrem Gedächtnisse mit den Stimmen der Klosterschwestern. Entzückende Klänge! Jene Phantasiegeschöpfe gewannen Leben in ihr; der lange Traum ihrer Mädchenzeit ward zur Wirklichkeit. Nun war sie selber eine der amoureusen Frauen, die sie so sehr beneidet hatte! Dazu das Gefühl befriedigter Rache! Hatte sie nicht genug gelitten? Jetzt triumphierte sie, und ihre so lange unterdrückte Sinnlichkeit wallte nun auf und schäumte lebensfreudig über. Sie genoß ihre Liebe ohne Gewissenskämpfe, ohne Nervosität, ohne Wirrungen. Der Tag darauf verging in neuem süßen Glück. Sie schworen sich ewige Treue. Emma erzählte ihm von ihren Leiden und Trübsalen. Er unterbrach sie mit Küssen. Sie sah ihn mit halbgeschlossenen Augen an und bat ihn immer wieder, sie bei ihrem Vornamen zu nennen und ihr noch einmal zu sagen, daß er sie liebe. Es war wiederum im Walde, in einer verlassenen Holzschuhmacherhütte. Die Wände waren von Strohmatten und das Dach so niedrig, daß man drin nicht aufrecht stehen konnte. Sie saßen dicht beieinander auf einer Streu von trocknem Laub. Von diesem Tag an schrieben sie sich beide regelmäßig alle Abende. Emma trug ihren Brief hinter in den Garten, wo sie ihn unter einen lockeren Stein der kleinen Treppe, die zum Bach führte, verbarg. Dort holte ihn Rudolf ab und legte einen von sich hin. Seine Briefe waren sehr kurz, worüber sie sich alle Tage beklagte. Eines Morgens, da Karl bereits vor Sonnenaufgang fortgegangen war, geriet sie plötzlich auf den Einfall, unverweilt Rudolf sehen zu wollen. Ehe die Yonviller aufständen, konnte sie nach der Hüchette gehen, eine Stunde dort verweilen und wieder zurückkommen. Dieser Plan ließ sie gar nicht recht zur Besinnung kommen. Ein paar Augenblicke später war sie schon mitten in den Wiesen. Ohne sich umzublicken, schritt sie eilig ihres Wegs. Der Tag begann zu grauen. Schon von weitem erkannte sie das Gut des Geliebten. Der Schwalbenschwanz der Wetterfahne auf dem höchsten Giebel zeichnete sich schwarz vom fahlen Himmel ab. Über den Hof weg stand ein großes Gebäude. Das mußte das Herrenhaus sein. Dort trat sie ein. Es war ihr, als öffnete sich ihr alles von selbst. Eine breite Treppe führte auf einen Gang. Emma drückte auf die Klinke einer Tür, und da erblickte sie im Hintergrunde dieses Zimmers einen Mann im Bett. Es war Rudolf. Sie frohlockte laut. „Du? Du!“ rief er aus. „Wie hast du das fertig gebracht? Dein Kleid ist feucht ...“ „Ich liebe dich!“ war ihre Antwort, indem sie ihm die Arme um den Hals schlang. Nachdem ihr dieses Wagnis beim ersten Male geglückt war, kleidete sich Emma jedesmal, wenn Karl frühzeitig fort mußte, rasch an und schlich sich wie ein Wiesel durch die hintere Gartenpforte, auf dem Treppchen, das hinunter nach dem Bache führte, aus dem Hause. Aber wenn die Planke, die als Steg über das Wasser diente, zufällig weggenommen war, mußte sie ein Stück bis zum nächsten Steg an den Gartenmauern längs des Baches hingehen. Die bewachsene Böschung war steil und glitschig, und so mußte sie sich mit der einen Hand an Büscheln der vertrockneten Mauerblumen festhalten, um nicht zu fallen. Dann aber eilte sie querfeldein über die Äcker, ungeachtet, daß ihre zierlichen Schuhe einsanken, daß sie oft stolperte oder stecken blieb. Das Chiffontuch, das sie sich um Kopf und Hals gewunden hatte, flatterte im Winde. Aus Angst vor den weidenden Ochsen begann sie zu laufen. Atemlos, mit glühenden Wangen, ganz vom frischen Duft der Natur, ihrer Säfte, ihres Grüns und der freien Luft durchtränkt, kam sie an. Rudolf schlief dann meist noch. Sie kam zu ihm in sein Gemach wie der leibhaftgewordene Frühlingsmorgen. Die gelben Gardinen vor den Fenstern machten das eindringende goldene Morgenlicht traulich und dämmerig. Mit blinzelnden Augen fand sich Emma zurecht. Die Tautropfen an ihren Gewändern leuchteten wie Topase und verliehen ihr etwas Feenhaftes. Rudolf zog sie lachend zu sich und drückte sie an sein Herz. Darnach sah sie sich im Zimmer alles an, zog alle Fächer auf, kämmte sich mit seinem Kamm und betrachtete sich in seinem Rasierspiegel. Mitunter nahm sie seine große Tabakspfeife in den Mund, die auf dem Nachttisch lag, zwischen Zitronen und Zuckerstücken, neben der Wasserflasche. Zum Abschiednehmen brauchten sie immer eine Viertelstunde. Emma vergoß Tränen. Am liebsten wäre sie gar nicht wieder von ihm weggegangen. Eine unwiderstehliche Gewalt trieb sie immer von neuem in seine Arme. Da eines Tages, als er sie unerwartet eintreten sah, machte er ein bedenkliches Gesicht, als ob es ihm nicht recht wäre. „Was hast du denn?“ fragte sie. „Hast du Schmerzen? Sprich!“ Schließlich erklärte er ihr in ernstem Tone, ihre Besuche begönnen unvorsichtig zu werden. Sie kompromittiere sich. |