Madame Bovary | 30 | Dans les voyages / During the journeys / Wenn Leo nach Yonville kam

 

VI

Dans les voyages qu’il faisait pour la voir, Léon souvent avait dîné chez le pharmacien, et s’était cru contraint, par politesse, de l’inviter à son tour.

— Volontiers ! avait répondu M. Homais ; il faut, d’ailleurs, que je me retrempe un peu, car je m’encroûte ici. Nous irons au spectacle, au restaurant, nous ferons des folies !

— Ah ! bon ami ! murmura tendrement Mme Homais, effrayée des périls vagues qu’il se disposait à courir.

— Eh bien, quoi ? tu trouves que je ne ruine pas assez ma santé à vivre parmi les émanations continuelles de la pharmacie ! Voilà, du reste, le caractère des femmes : elles sont jalouses de la Science, puis s’opposent à ce que l’on prenne les plus légitimes distractions. N’importe, comptez sur moi ; un de ces jours, je tombe à Rouen et nous ferons sauter ensemble les monacos.

L’apothicaire, autrefois, se fût bien gardé d’une telle expression ; mais il donnait maintenant dans un genre folâtre et parisien qu’il trouvait du meilleur goût, et, comme Mme Bovary, sa voisine, il interrogeait le clerc curieusement sur les mœurs de la capitale, même il parlait argot afin d’éblouir… les bourgeois, disant turne, bazar, chicard, chicandard, Breda-street, et Je me la casse, pour : Je m’en vais.

Donc, un jeudi, Emma fut surprise de rencontrer, dans la cuisine du Lion d’or, M. Homais en costume de voyageur, c’est-à-dire couvert d’un vieux manteau qu’on ne lui connaissait pas, tandis qu’il portait d’une main une valise, et, de l’autre, la chancelière de son établissement. Il n’avait confié son projet à personne, dans la crainte d’inquiéter le public par son absence.

L’idée de revoir les lieux où s’était passée sa jeunesse l’exaltait sans doute, car tout le long du chemin il n’arrêta pas de discourir ; puis, à peine arrivé, il sauta vivement de la voiture pour se mettre en quête de Léon ; et le clerc eut beau se débattre, M. Homais l’entraîna vers le grand Café de Normandie, où il entra majestueusement sans retirer son chapeau, estimant fort provincial de se découvrir dans un endroit public.

Emma attendit Léon trois quarts d’heure. Enfin elle courut à son étude, et, perdue dans toute sorte de conjectures, l’accusant d’indifférence et se reprochant à elle-même sa faiblesse, elle passa l’après-midi le front collé contre les carreaux.

Ils étaient encore à deux heures attablés l’un devant l’autre. La grande salle se vidait ; le tuyau du poêle, en forme de palmier, arrondissait au plafond blanc sa gerbe dorée ; et près d’eux, derrière le vitrage, en plein soleil, un petit jet d’eau gargouillait dans un bassin de marbre où, parmi du cresson et des asperges, trois homards engourdis s’allongeaient jusqu’à des cailles, toutes couchées en pile, sur le flanc.

Homais se délectait. Quoiqu’il se grisât de luxe encore plus que de bonne chère, le vin de Pomard, cependant, lui excitait un peu les facultés, et, lorsque apparut l’omelette au rhum, il exposa sur les femmes des théories immorales. Ce qui le séduisait par-dessus tout, c’était le chic. Il adorait une toilette élégante dans un appartement bien meublé, et, quant aux qualités corporelles, ne détestait pas le morceau.

Léon contemplait la pendule avec désespoir. L’apothicaire buvait, mangeait, parlait.

— Vous devez être, dit-il tout à coup, bien privé à Rouen. Du reste, vos amours ne logent pas loin.

Et, comme l’autre rougissait :

— Allons, soyez franc ! Nierez-vous qu’à Yonville… ?

Le jeune homme balbutia.

— Chez Mme Bovary, vous ne courtisiez point… ?

— Et qui donc ?

— La bonne !

Il ne plaisantait pas ; mais, la vanité l’emportant sur toute prudence, Léon, malgré lui, se récria. D’ailleurs, il n’aimait que les femmes brunes.

— Je vous approuve, dit le pharmacien ; elles ont plus de tempérament.

Et, se penchant à l’oreille de son ami, il indiqua les symptômes auxquels on reconnaissait qu’une femme avait du tempérament. Il se lança même dans une digression ethnographique : l’Allemande était vaporeuse, la Française libertine, l’Italienne passionnée.

— Et les négresses ? demanda le clerc.

— C’est un goût d’artiste, dit Homais. — Garçon ! deux demi-tasses !

— Partons-nous ? reprit à la fin Léon s’impatientant.

— Yes.

Mais il voulut, avant de s’en aller, voir le maître de l’établissement et lui adressa quelques félicitations.

Alors le jeune homme, pour être seul, allégua qu’il avait affaire.

— Ah ! je vous escorte ! dit Homais.

Et, tout en descendant les rues avec lui, il parlait de sa femme, de ses enfants, de leur avenir et de sa pharmacie, racontait en quelle décadence elle était autrefois, et le point de perfection où il l’avait montée.

Arrivé devant l’Hôtel de Boulogne, Léon le quitta brusquement, escalada l’escalier, et trouva sa maîtresse en grand émoi.

Au nom du pharmacien, elle s’emporta. Cependant, il accumulait de bonnes raisons ; ce n’était pas sa faute, ne connaissait-elle pas M. Homais ? pouvait-elle croire qu’il préférât sa compagnie ? Mais elle se détournait ; il la retint ; et, s’affaissant sur les genoux, il lui entoura la taille de ses deux bras, dans une pose langoureuse toute pleine de concupiscence et de supplication.

Elle était debout ; ses grands yeux enflammés le regardaient sérieusement et presque d’une façon terrible. Puis des larmes les obscurcirent, ses paupières roses s’abaissèrent, elle abandonna ses mains, et Léon les portait à sa bouche lorsque parut un domestique, avertissant Monsieur qu’on le demandait.

— Tu vas revenir ? dit-elle.

— Oui.

— Mais quand ?

— Tout à l’heure.

— C’est un truc, dit le pharmacien en apercevant Léon. J’ai voulu interrompre cette visite qui me paraissait vous contrarier. Allons chez Bridoux prendre un verre de garus.

Léon jura qu’il lui fallait retourner à son étude. Alors l’apothicaire fit des plaisanteries sur les paperasses, la procédure.

— Laissez donc un peu Cujas et Barthole, que diable ! Qui vous empêche ? Soyez un brave ! Allons chez Bridoux ; vous verrez son chien. C’est très curieux !

Et comme le clerc s’obstinait toujours :

— J’y vais aussi. Je lirai un journal en vous attendant, ou je feuilleterai un Code.

Léon, étourdi par la colère d’Emma, le bavardage de M. Homais et peut-être les pesanteurs du déjeuner, restait indécis et comme sous la fascination du pharmacien qui répétait :

— Allons chez Bridoux ! c’est à deux pas, rue Malpalu.

Alors, par lâcheté, par bêtise, par cet inqualifiable sentiment qui nous entraîne aux actions les plus antipathiques, il se laissa conduire chez Bridoux ; et ils le trouvèrent dans sa petite cour, surveillant trois garçons qui haletaient à tourner la grande roue d’une machine pour faire de l’eau de Seltz… Homais leur donna des conseils ; il embrassa Bridoux ; on prit le garus. Vingt fois Léon voulut s’en aller ; mais l’autre l’arrêtait par le bras en lui disant :

— Tout à l’heure ! je sors. Nous irons au Fanal de Rouen, voir ces messieurs. Je vous présenterai à Thomassin.

Il s’en débarrassa pourtant et courut d’un bond jusqu’à l’hôtel. Emma n’y était plus.

Elle venait de partir, exaspérée. Elle le détestait maintenant. Ce manque de parole au rendez-vous lui semblait un outrage, et elle cherchait encore d’autres raisons pour s’en détacher : il était incapable d’héroïsme, faible, banal, plus mou qu’une femme, avare d’ailleurs et pusillanime.

Puis, se calmant, elle finit par découvrir qu’elle l’avait sans doute calomnié. Mais le dénigrement de ceux que nous aimons toujours nous en détache quelque peu. Il ne faut pas toucher aux idoles : la dorure en reste aux mains.

Ils en vinrent à parler plus souvent de choses indifférentes à leur amour ; et, dans les lettres qu’Emma lui envoyait, il était question de fleurs, de vers, de la lune et des étoiles, ressources naïves d’une passion affaiblie, qui essayait de s’aviver à tous les secours extérieurs. Elle se promettait continuellement, pour son prochain voyage, une félicité profonde ; puis elle s’avouait ne rien sentir d’extraordinaire. Cette déception s’effaçait vite sous un espoir nouveau, et Emma revenait à lui plus enflammée, plus avide. Elle se déshabillait brutalement, arrachant le lacet mince de son corset, qui sifflait autour de ses hanches comme une couleuvre qui glisse. Elle allait sur la pointe de ses pieds nus regarder encore une fois si la porte était fermée, puis elle faisait d’un seul geste tomber ensemble tous ses vêtements ; — et, pâle, sans parler, sérieuse, elle s’abattait contre sa poitrine, avec un long frisson.

Cependant, il y avait sur ce front couvert de gouttes froides, sur ces lèvres balbutiantes, dans ces prunelles égarées, dans l’étreinte de ces bras, quelque chose d’extrême, de vague et de lugubre, qui semblait à Léon se glisser entre eux, subtilement, comme pour les séparer.

Il n’osait lui faire des questions ; mais, la discernant si expérimentée, elle avait dû passer, se disait-il, par toutes les épreuves de la souffrance et du plaisir. Ce qui le charmait autrefois l’effrayait un peu maintenant. D’ailleurs, il se révoltait contre l’absorption, chaque jour plus grande, de sa personnalité. Il en voulait à Emma de cette victoire permanente. Il s’efforçait même à ne pas la chérir ; puis, au craquement de ses bottines, il se sentait lâche, comme les ivrognes à la vue des liqueurs fortes.

Elle ne manquait point, il est vrai, de lui prodiguer toutes sortes d’attentions, depuis les recherches de table jusqu’aux coquetteries du costume et aux langueurs du regard. Elle apportait d’Yonville des roses dans son sein, qu’elle lui jetait à la figure, montrait des inquiétudes pour sa santé, lui donnait des conseils sur sa conduite, et, afin de le retenir davantage, espérant que le ciel peut-être s’en mêlerait, elle lui passa autour du cou une médaille de la Vierge. Elle s’informait, comme une mère vertueuse, de ses camarades. Elle lui disait :

— Ne les vois pas, ne sors pas, ne pense qu’à nous ; aime-moi !

Elle aurait voulu pouvoir surveiller sa vie, et l’idée lui vint de le faire suivre dans les rues. Il y avait toujours, près de l’hôtel, une sorte de vagabond qui accostait les voyageurs et qui ne refuserait pas… Mais sa fierté se révolta.

— Eh ! tant pis ! qu’il me trompe, que m’importe ! est-ce que j’y tiens ?

Un jour qu’ils s’étaient quittés de bonne heure, et qu’elle s’en revenait seule par le boulevard, elle aperçut les murs de son couvent ; alors elle s’assit sur un banc, à l’ombre des ormes. Quel calme dans ce temps-là ! comme elle enviait les ineffables sentiments d’amour qu’elle tâchait, d’après des livres, de se figurer !

Les premiers mois de son mariage, ses promenades à cheval dans la forêt, le vicomte qui valsait, et Lagardy chantant, tout repassa devant ses yeux… Et Léon lui parut soudain dans le même éloignement que les autres.

— Je l’aime pourtant ! se disait-elle.

N’importe ! elle n’était pas heureuse, ne l’avait jamais été. D’où venait donc cette insuffisance de la vie, cette pourriture instantanée des choses où elle s’appuyait ?… Mais, s’il y avait quelque part un être fort et beau, une nature valeureuse, pleine à la fois d’exaltation et de raffinements, un cœur de poète sous une forme d’ange, lyre aux cordes d’airain, sonnant vers le ciel des épithalames élégiaques, pourquoi, par hasard, ne le trouverait-elle pas ? Oh ! quelle impossibilité ! Rien, d’ailleurs, ne valait la peine d’une recherche ; tout mentait ! Chaque sourire cachait un bâillement d’ennui, chaque joie une malédiction, tout plaisir son dégoût, et les meilleurs baisers ne vous laissaient sur la lèvre qu’une irréalisable envie d’une volupté plus haute.

Un râle métallique se traîna dans les airs et, quatre coups se firent entendre à la cloche du couvent. Quatre heures ! et il lui semblait qu’elle était là, sur ce banc, depuis l’éternité. Mais un infini de passions peut tenir dans une minute, comme une foule dans un petit espace. Emma vivait tout occupée des siennes, et ne s’inquiétait pas plus de l’argent qu’une archiduchesse.

Une fois pourtant, un homme d’allure chétive, rubicond et chauve, entra chez elle, se déclarant envoyé par M. Vinçart, de Rouen. Il retira les épingles qui fermaient la poche latérale de sa longue redingote verte, les piqua sur sa manche et tendit poliment un papier.

C’était un billet de sept cents francs, souscrit par elle, et que Lheureux, malgré toutes ses protestations, avait passé à l’ordre de Vinçart.

Elle expédia chez lui sa domestique. Il ne pouvait venir.

Alors, l’inconnu, qui était resté debout, lançant de droite et de gauche des regards curieux que dissimulaient ses gros sourcils blonds, demanda d’un air naïf :

— Quelle réponse apporter à M. Vinçart ?

— Eh bien, répondit Emma, dites-lui… que je n’en ai pas… Ce sera la semaine prochaine… Qu’il attende… oui, la semaine prochaine.

Et le bonhomme s’en alla sans souffler mot.

Mais, le lendemain, à midi, elle reçut un protêt ; et la vue du papier timbré, où s’étalait à plusieurs reprises et en gros caractères : « Maître Hareng, huissier à Buchy », l’effraya si fort, qu’elle courut en toute hâte chez le marchand d’étoffes.

Elle le trouva dans sa boutique, en train de ficeler un paquet.

— Serviteur ! dit-il, je suis à vous.

Lheureux n’en continua pas moins sa besogne, aidé par une jeune fille de treize ans environ, un peu bossue, et qui lui servait à la fois de commis et de cuisinière.

Puis, faisant claquer ses sabots sur les planches de la boutique, il monta devant Madame au premier étage, et l’introduisit dans un étroit cabinet, où un gros bureau en bois de sape supportait quelques registres, défendus transversalement par une barre de fer cadenassée. Contre le mur, sous des coupons d’indienne, on entrevoyait un coffre-fort, mais d’une telle dimension, qu’il devait contenir autre chose que des billets et de l’argent. M. Lheureux, en effet, prêtait sur gages, et c’est là qu’il avait mis la chaîne en or de Mme Bovary, avec les boucles d’oreilles du pauvre père Tellier, qui, enfin contraint de vendre, avait acheté à Quincampoix un maigre fonds d’épicerie, où il se mourait de son catarrhe, au milieu de ses chandelles moins jaunes que sa figure.

Lheureux s’assit dans son large fauteuil de paille, en disant :

— Quoi de neuf ?

— Tenez.

Et elle lui montra le papier.

— Eh bien, qu’y puis-je ?

Alors, elle s’emporta, rappelant la parole qu’il avait donnée de ne pas faire circuler ses billets ; il en convenait.

— Mais j’ai été forcé moi-même, j’avais le couteau sur la gorge.

— Et que va-t-il arriver, maintenant ? reprit-elle.

— Oh ! c’est bien simple : un jugement du tribunal, et puis la saisie… ; bernique !

Emma se retenait pour ne pas le battre. Elle lui demanda doucement s’il n’y avait pas moyen de calmer M. Vinçart.

— Ah bien, oui ! calmer Vinçart ; vous ne le connaissez guère ; il est plus féroce qu’un Arabe.

Pourtant il fallait que M. Lheureux s’en mêlât.

— Écoutez donc ! il me semble que, jusqu’à présent, j’ai été assez bon pour vous.

Et, déployant un de ses registres :

— Tenez !

Puis, remontant la page avec son doigt :

— Voyons…, voyons… Le 3 août, deux cents francs… Au 17 juin, cent cinquante… 23 mars, quarante-six… En avril…

Il s’arrêta, comme craignant de faire quelque sottise.

— Et je ne dis rien des billets souscrits par Monsieur, un de sept cents francs, un autre de trois cents ! Quant à vos petits acomptes, aux intérêts, ça n’en finit pas, on s’y embrouille. Je ne m’en mêle plus !

Elle pleurait, elle l’appela même « son bon monsieur Lheureux ». Mais il se rejetait toujours sur ce « mâtin de Vinçart ». D’ailleurs, il n’avait pas un centime, personne à présent ne le payait, on lui mangeait la laine sur le dos, un pauvre boutiquier comme lui ne pouvait faire d’avances.

Emma se taisait ; et M. Lheureux, qui mordillonnait les barbes d’une plume, sans doute s’inquiéta de son silence, car il reprit :

— Au moins, si un de ces jours j’avais quelques rentrées… Je pourrais…

— Du reste, dit-elle, dès que l’arriéré de Barneville…

— Comment ?…

Et, en apprenant que Langlois n’avait pas encore payé, il parut fort surpris. Puis, d’une voix mielleuse :

— Et nous convenons, dites-vous… ?

— Oh ! de ce que vous voudrez !

Alors, il ferma les yeux pour réfléchir, écrivit quelques chiffres, et, déclarant qu’il aurait grand mal, que la chose était scabreuse et qu’il se saignait, il dicta quatre billets de deux cent cinquante francs, chacun, espacés les uns des autres à un mois d’échéance.

— Pourvu que Vinçart veuille m’entendre ! Du reste c’est convenu, je ne lanterne pas, je suis rond comme une pomme.

Ensuite il lui montra négligemment plusieurs marchandises nouvelles, mais dont pas une, dans son opinion, n’était digne de Madame.

— Quand je pense que voilà une robe à sept sous le mètre, et certifiée bon teint ! Ils gobent cela pourtant ! On ne leur conte pas ce qui en est, vous pensez bien, voulant par cet aveu de coquinerie envers les autres la convaincre tout à fait de sa probité.

Puis il la rappela, pour lui montrer trois aunes de guipure qu’il avait trouvées dernièrement « dans une vendue ».

— Est-ce beau ! disait Lheureux ; on s’en sert beaucoup maintenant, comme têtes de fauteuils, c’est le genre.

Et, plus prompt qu’un escamoteur, il enveloppa la guipure de papier bleu et la mit dans les mains d’Emma.

— Au moins, que je sache… ?

— Ah ! plus tard, reprit-il en lui tournant les talons.

Dès le soir, elle pressa Bovary d’écrire à sa mère pour qu’elle leur envoyât bien vite tout l’arriéré de l’héritage. La belle-mère répondit n’avoir plus rien : la liquidation était close, et il leur restait, outre Barneville, six cents livres de rente, qu’elle leur servirait exactement.

Alors Madame expédia des factures chez deux ou trois clients, et bientôt usa largement de ce moyen, qui lui réussissait. Elle avait toujours soin d’ajouter en post-scriptum : « N’en parlez pas à mon mari, vous savez comme il est fier… Excusez-moi… Votre servante… » Il y eut quelques réclamations ; elle les intercepta.

Pour se faire de l’argent, elle se mit à vendre ses vieux gants, ses vieux chapeaux, la vieille ferraille ; et elle marchandait avec rapacité, — son sang de paysanne la poussant au gain. Puis, dans ses voyages à la ville, elle brocantait des babioles, que M. Lheureux, à défaut d’autres, lui prendrait certainement. Elle s’acheta des plumes d’autruche, de la porcelaine chinoise et des bahuts ; elle empruntait à Félicité, à Mme Lefrançois, à l’hôtelière de la Croix-Rouge, à tout le monde, n’importe où. Avec l’argent qu’elle reçut enfin de Barneville, elle paya deux billets ; les quinze cents autres francs s’écoulèrent. Elle s’engagea de nouveau, et toujours ainsi !

Parfois, il est vrai, elle tâchait de faire des calculs ; mais elle découvrait des choses si exorbitantes, qu’elle n’y pouvait croire. Alors elle recommençait, s’embrouillait vite, plantait tout là et n’y pensait plus.

La maison était bien triste, maintenant ! On en voyait sortir les fournisseurs avec des figures furieuses. Il y avait des mouchoirs traînant sur les fourneaux ; et la petite Berthe, au grand scandale de Mme Homais, portait des bas percés. Si Charles, timidement, hasardait une observation, elle répondait avec brutalité que ce n’était point sa faute !

Pourquoi ces emportements ? Il expliquait tout par son ancienne maladie nerveuse ; et, se reprochant d’avoir pris pour des défauts ses infirmités, il s’accusait d’égoïsme, avait envie de courir l’embrasser.

— Oh ! non, se disait-il, je l’ennuierais !

Et il restait.

Après le dîner, il se promenait seul dans le jardin ; il prenait la petite Berthe sur ses genoux, et, déployant son journal de médecine, essayait de lui apprendre à lire. L’enfant, qui n’étudiait jamais, ne tardait pas à ouvrir de grands yeux tristes et se mettait à pleurer. Alors il la consolait ; il allait lui chercher de l’eau dans l’arrosoir pour faire des rivières sur le sable, ou cassait les branches des troènes pour planter des arbres dans les plates-bandes, ce qui gâtait peu le jardin, tout encombré de longues herbes ; on devait tant de journées à Lestiboudois ! Puis l’enfant avait froid et demandait sa mère.

— Appelle ta bonne, disait Charles. Tu sais bien, ma petite, que ta maman ne veut pas qu’on la dérange.

L’automne commençait et déjà les feuilles tombaient, — comme il y a deux ans, lorsqu’elle était malade ! — Quand donc tout cela finira-t-il !… Et il continuait à marcher, les deux mains derrière le dos.

Madame était dans sa chambre. On n’y montait pas. Elle restait là tout le long du jour, engourdie, à peine vêtue, et, de temps à autre, faisant fumer des pastilles du sérail qu’elle avait achetées à Rouen, dans la boutique d’un Algérien. Pour ne pas avoir la nuit auprès d’elle, cet homme étendu qui dormait, elle finit, à force de grimaces, par le reléguer au second étage ; et elle lisait jusqu’au matin des livres extravagants où il y avait des tableaux orgiaques avec des situations sanglantes. Souvent une terreur la prenait, elle poussait un cri, Charles accourait.

— Ah ! va-t’en ! disait-elle.

Ou, d’autres fois, brûlée plus fort par cette flamme intime que l’adultère avivait, haletante, émue, tout en désir, elle ouvrait sa fenêtre, aspirait l’air froid, éparpillait au vent sa chevelure trop lourde, et, regardant les étoiles, souhaitait des amours de prince. Elle pensait à lui, à Léon. Elle eût alors tout donné pour un seul de ces rendez-vous, qui la rassasiaient.

C’était ses jours de gala. Elle les voulait splendides ! et, lorsqu’il ne pouvait payer seul la dépense, elle complétait le surplus libéralement, ce qui arrivait à peu près toutes les fois. Il essaya de lui faire comprendre qu’ils seraient aussi bien ailleurs, dans quelque hôtel plus modeste ; mais elle trouva des objections.

Un jour, elle tira de son sac six petites cuillers en vermeil (c’était le cadeau de noces du père Rouault), en le priant d’aller immédiatement porter cela, pour elle, au mont-de-piété ; et Léon obéit, bien que cette démarche lui déplût. Il avait peur de se compromettre.

Puis, en y réfléchissant, il trouva que sa maîtresse prenait des allures étranges, et qu’on n’avait peut-être pas tort de vouloir l’en détacher.

En effet, quelqu’un avait envoyé à sa mère une longue lettre anonyme, pour la prévenir qu’il se perdait avec une femme mariée ; et aussitôt la bonne dame, entrevoyant l’éternel épouvantail des familles, c’est-à-dire la vague créature pernicieuse, la sirène, le monstre, qui habite fantastiquement les profondeurs de l’amour, écrivit à maître Dubocage son patron, lequel fut parfait dans cette affaire. Il le tint durant trois quarts d’heure, voulant lui dessiller les yeux, l’avertir du gouffre. Une telle intrigue nuirait plus tard à son établissement. Il le supplia de rompre, et, s’il ne faisait ce sacrifice dans son propre intérêt, qu’il le fît au moins pour lui, Dubocage !

Léon enfin avait juré de ne plus revoir Emma ; et il se reprochait de n’avoir pas tenu sa parole, considérant tout ce que cette femme pourrait encore lui attirer d’embarras et de discours, sans compter les plaisanteries de ses camarades, qui se débitaient le matin, autour du poêle. D’ailleurs, il allait devenir premier clerc : c’était le moment d’être sérieux. Aussi renonçait-il à la flûte, aux sentiments exaltés, à l’imagination, — car tout bourgeois, dans l’échauffement de sa jeunesse, ne fût-ce qu’un jour, une minute, s’est cru capable d’immenses passions, de hautes entreprises. Le plus médiocre libertin a rêvé des sultanes ; chaque notaire porte en soi les débris d’un poète.

Il s’ennuyait maintenant lorsque Emma, tout à coup, sanglotait sur sa poitrine ; et son cœur, comme les gens qui ne peuvent endurer qu’une certaine dose de musique, s’assoupissait d’indifférence au vacarme d’un amour dont il ne distinguait plus les délicatesses.

Ils se connaissaient trop pour avoir ces ébahissements de la possession qui en centuplent la joie. Elle était aussi dégoûtée de lui qu’il était fatigué d’elle. Emma retrouvait dans l’adultère toutes les platitudes du mariage.

Mais comment pouvoir s’en débarrasser ? Puis, elle avait beau se sentir humiliée de la bassesse d’un tel bonheur, elle y tenait par habitude ou par corruption ; et, chaque jour, elle s’y acharnait davantage, tarissant toute félicité à la vouloir trop grande. Elle accusait Léon de ses espoirs déçus, comme s’il l’avait trahie ; et même elle souhaitait une catastrophe qui amenât leur séparation, puisqu’elle n’avait pas le courage de s’y décider.

Elle n’en continuait pas moins à lui écrire des lettres amoureuses, en vertu de cette idée, qu’une femme doit toujours écrire à son amant.

Mais, en écrivant, elle percevait un autre homme, un fantôme fait de ses plus ardents souvenirs, de ses lectures les plus belles, de ses convoitises les plus fortes ; et il devenait à la fin si véritable, et accessible, qu’elle en palpitait émerveillée, sans pouvoir néanmoins le nettement imaginer, tant il se perdait, comme un dieu, sous l’abondance de ses attributs. Il habitait la contrée bleuâtre où les échelles de soie se balancent à des balcons, sous le souffle des fleurs, dans la clarté de la lune. Elle le sentait près d’elle, il allait venir et l’enlèverait tout entière dans un baiser. Ensuite elle retombait à plat, brisée ; car ces élans d’amour vague la fatiguaient plus que de grandes débauches.

Elle éprouvait maintenant une courbature incessante et universelle. Souvent même, Emma recevait des assignations, du papier timbré qu’elle regardait à peine. Elle aurait voulu ne plus vivre, ou continuellement dormir.

Le jour de la mi-carême, elle ne rentra pas à Yonville ; elle alla le soir au bal masqué. Elle mit un pantalon de velours et des bas rouges, avec une perruque à catogan et un lampion sur l’oreille. Elle sauta toute la nuit au son furieux des trombones ; on faisait cercle autour d’elle ; et elle se trouva le matin sur le péristyle du théâtre parmi cinq ou six masques, débardeuses et matelots, des camarades de Léon, qui parlaient d’aller souper.

Les cafés d’alentour étaient pleins. Ils avisèrent sur le port un restaurant des plus médiocres, dont le maître leur ouvrit, au quatrième étage, une petite chambre.

Les hommes chuchotèrent dans un coin, sans doute se consultant sur la dépense. Il y avait un clerc, deux carabins et un commis : quelle société pour elle ! Quant aux femmes, Emma s’aperçut au timbre de leurs voix, qu’elles devaient être, presque toutes, du dernier rang. Elle eut peur alors, recula sa chaise et baissa les yeux.

Les autres se mirent à manger. Elle ne mangea pas ; elle avait le front en feu, des picotements aux paupières et un froid de glace à la peau. Elle sentait dans sa tête le plancher du bal, rebondissant encore sous la pulsation rythmique des mille pieds qui dansaient. Puis, l’odeur du punch avec la fumée des cigares l’étourdit. Elle s’évanouissait ; on la porta devant la fenêtre.

Le jour commençait à se lever, et une grande tache de couleur pourpre s’élargissait dans le ciel pâle, du côté de Sainte-Catherine. La rivière livide frissonnait au vent ; il n’y avait personne sur les ponts ; les réverbères s’éteignaient.

Elle se ranima cependant, et vint à penser à Berthe, qui dormait là-bas, dans la chambre de sa bonne. Mais une charrette pleine de longs rubans de fer passa, en jetant contre le mur des maisons une vibration métallique assourdissante.

Elle s’esquiva brusquement, se débarrassa de son costume, dit à Léon qu’il lui fallait s’en retourner, et enfin resta seule à l’Hôtel de Boulogne. Tout et elle-même lui étaient insupportables. Elle aurait voulu, s’échappant comme un oiseau, aller se rajeunir quelque part, bien loin, dans les espaces immaculés.

Elle sortit, elle traversa le boulevard, la place Cauchoise et le faubourg, jusqu’à une rue découverte qui dominait des jardins. Elle marchait vite, le grand air la calmait : et peu à peu les figures de la foule, les masques, les quadrilles, les lustres, le souper, ces femmes, tout disparaissait comme des brumes emportées. Puis, revenue à la Croix-Rouge, elle se jeta sur son lit, dans la petite chambre du second, où il y avait les images de la Tour de Nesle. À quatre heures du soir, Hivert la réveilla.

En rentrant chez elle, Félicité lui montra derrière la pendule un papier gris. Elle lut :

« En vertu de la grosse, en forme exécutoire d’un jugement… »

Quel jugement ? La veille, en effet, on avait apporté un autre papier qu’elle ne connaissait pas ; aussi fut-elle stupéfaite de ces mots :

« Commandement de par le roi, la loi et justice, à Mme Bovary… »

Alors, sautant plusieurs lignes, elle aperçut :

« Dans vingt-quatre heures pour tout délai. » — Quoi donc ? « Payer la somme totale de huit mille francs. » Et même il y avait plus bas : « Elle y sera contrainte par toute voie de droit, et notamment par la saisie exécutoire de ses meubles et effets. »

Que faire ?… C’était dans vingt-quatre heures ; demain ! Lheureux, pensa-t-elle, voulait sans doute l’effrayer encore ; car elle devina du coup toutes ses manœuvres, le but de ses complaisances. Ce qui la rassurait, c’était l’exagération même de la somme.

Cependant, à force d’acheter, de ne pas payer, d’emprunter, de souscrire des billets, puis de renouveler ces billets, qui s’enflaient à chaque échéance nouvelle, elle avait fini par préparer au sieur Lheureux un capital, qu’il attendait impatiemment pour ses spéculations.

Elle se présenta chez lui d’un air dégagé.

— Vous savez ce qui m’arrive ? C’est une plaisanterie sans doute !

— Non.

— Comment cela ?

Il se détourna lentement, et lui dit en se croisant les bras :

— Pensiez-vous, ma petite dame, que j’allais, jusqu’à la consommation des siècles, être votre fournisseur et banquier pour l’amour de Dieu ? Il faut bien que je rentre dans mes déboursés, soyons justes !

Elle se récria sur la dette.

— Ah ! tant pis ! le tribunal l’a reconnue ! il y a jugement ! on vous l’a signifié ! D’ailleurs, ce n’est pas moi, c’est Vinçart.

— Est-ce que vous ne pourriez… ?

— Oh ! rien du tout.

— Mais…, cependant…, raisonnons.

Et elle battit la campagne ; elle n’avait rien su… c’était une surprise…

— À qui la faute ? dit Lheureux en la saluant ironiquement. Tandis que je suis, moi, à bûcher comme un nègre, vous vous repassez du bon temps.

— Ah ! pas de morale !

— Ça ne nuit jamais, répliqua-t-il.

Elle fut lâche, elle le supplia ; et même elle appuya sa jolie main blanche et longue, sur les genoux du marchand.

— Laissez-moi donc ! On dirait que vous voulez me séduire !

— Vous êtes un misérable ! s’écria-t-elle.

— Oh ! oh ! comme vous y allez ! reprit-il en riant.

— Je ferai savoir qui vous êtes. Je dirai à mon mari…

— Eh bien, moi, je lui montrerai quelque chose, à votre mari !

Et Lheureux tira de son coffre-fort le reçu de dix-huit cents francs, qu’elle lui avait donné lors de l’escompte Vinçart.

— Croyez-vous, ajouta-t-il, qu’il ne comprenne pas votre petit vol, ce pauvre cher homme ?

Elle s’affaissa, plus assommée qu’elle n’eût été par un coup de massue. Il se promenait depuis la fenêtre jusqu’au bureau, tout en répétant :

— Ah ! je lui montrerai bien… je lui montrerai bien…

Ensuite il se rapprocha d’elle, et, d’une voix douce :

— Ce n’est pas amusant, je le sais ; personne, après tout n’en est mort, et, puisque c’est le seul moyen qui vous reste de me rendre mon argent…

— Mais où en trouverai-je ? dit Emma en se tordant les bras.

— Ah bah ! quand on a comme vous des amis !

Et il la regardait d’une façon si perspicace et si terrible qu’elle en frissonna jusqu’aux entrailles.

— Je vous promets, dit-elle, je signerai…

— J’en ai assez, de vos signatures !

— Je vendrai encore…

— Allons donc ! fit-il en haussant les épaules, vous n’avez plus rien.

Et il cria dans le judas qui s’ouvrait sur la boutique :

— Annette ! n’oublie pas les trois coupons du n° 14.

La servante parut ; Emma comprit, et demanda « ce qu’il faudrait d’argent pour arrêter toutes les poursuites ».

— Il est trop tard !

— Mais, si je vous apportais plusieurs mille francs, le quart de la somme, le tiers, presque tout ?

— Eh ! non, c’est inutile !

Il la poussait doucement vers l’escalier.

— Je vous en conjure, monsieur Lheureux, quelques jours encore !

Elle sanglotait.

— Allons, bon ! des larmes !

— Vous me désespérez !

— Je m’en moque pas mal ! dit-il en refermant la porte.

Chapter Six

During the journeys he made to see her, Leon had often dined at the chemist’s, and he felt obliged from politeness to invite him in turn.

“With pleasure!” Monsieur Homais replied; “besides, I must invigorate my mind, for I am getting rusty here. We’ll go to the theatre, to the restaurant; we’ll make a night of it.”

“Oh, my dear!” tenderly murmured Madame Homais, alarmed at the vague perils he was preparing to brave.

“Well, what? Do you think I’m not sufficiently ruining my health living here amid the continual emanations of the pharmacy? But there! that is the way with women! They are jealous of science, and then are opposed to our taking the most legitimate distractions. No matter! Count upon me. One of these days I shall turn up at Rouen, and we’ll go the pace together.”

The druggist would formerly have taken good care not to use such an expression, but he was cultivating a gay Parisian style, which he thought in the best taste; and, like his neighbour, Madame Bovary, he questioned the clerk curiously about the customs of the capital; he even talked slang to dazzle the bourgeois, saying bender, crummy, dandy, macaroni, the cheese, cut my stick and “I’ll hook it,” for “I am going.”

So one Thursday Emma was surprised to meet Monsieur Homais in the kitchen of the “Lion d’Or,” wearing a traveller’s costume, that is to say, wrapped in an old cloak which no one knew he had, while he carried a valise in one hand and the foot-warmer of his establishment in the other. He had confided his intentions to no one, for fear of causing the public anxiety by his absence.

The idea of seeing again the place where his youth had been spent no doubt excited him, for during the whole journey he never ceased talking, and as soon as he had arrived, he jumped quickly out of the diligence to go in search of Leon. In vain the clerk tried to get rid of him. Monsieur Homais dragged him off to the large Cafe de la Normandie, which he entered majestically, not raising his hat, thinking it very provincial to uncover in any public place.

Emma waited for Leon three quarters of an hour. At last she ran to his office; and, lost in all sorts of conjectures, accusing him of indifference, and reproaching herself for her weakness, she spent the afternoon, her face pressed against the window-panes.

At two o’clock they were still at a table opposite each other. The large room was emptying; the stove-pipe, in the shape of a palm-tree, spread its gilt leaves over the white ceiling, and near them, outside the window, in the bright sunshine, a little fountain gurgled in a white basin, where; in the midst of watercress and asparagus, three torpid lobsters stretched across to some quails that lay heaped up in a pile on their sides.

Homais was enjoying himself. Although he was even more intoxicated with the luxury than the rich fare, the Pommard wine all the same rather excited his faculties; and when the omelette au rhum appeared, he began propounding immoral theories about women. What seduced him above all else was chic. He admired an elegant toilette in a well-furnished apartment, and as to bodily qualities, he didn’t dislike a young girl.

Leon watched the clock in despair. The druggist went on drinking, eating, and talking.

“You must be very lonely,” he said suddenly, “here at Rouen. To be sure your lady-love doesn’t live far away.”

And the other blushed —

“Come now, be frank. Can you deny that at Yonville —”

The young man stammered something.

“At Madame Bovary’s, you’re not making love to —”

“To whom?”

“The servant!”

He was not joking; but vanity getting the better of all prudence, Leon, in spite of himself protested. Besides, he only liked dark women.

“I approve of that,” said the chemist; “they have more passion.”

And whispering into his friend’s ear, he pointed out the symptoms by which one could find out if a woman had passion. He even launched into an ethnographic digression: the German was vapourish, the French woman licentious, the Italian passionate.

“And negresses?” asked the clerk.

“They are an artistic taste!” said Homais. “Waiter! two cups of coffee!”

“Are we going?” at last asked Leon impatiently.

“Ja!”

But before leaving he wanted to see the proprietor of the establishment and made him a few compliments. Then the young man, to be alone, alleged he had some business engagement.

“Ah! I will escort you,” said Homais.

And all the while he was walking through the streets with him he talked of his wife, his children; of their future, and of his business; told him in what a decayed condition it had formerly been, and to what a degree of perfection he had raised it.

Arrived in front of the Hotel de Boulogne, Leon left him abruptly, ran up the stairs, and found his mistress in great excitement. At mention of the chemist she flew into a passion. He, however, piled up good reasons; it wasn’t his fault; didn’t she know Homais — did she believe that he would prefer his company? But she turned away; he drew her back, and, sinking on his knees, clasped her waist with his arms in a languorous pose, full of concupiscence and supplication.

She was standing; up, her large flashing eyes looked at him seriously, almost terribly. Then tears obscured them, her red eyelids were lowered, she gave him her hands, and Leon was pressing them to his lips when a servant appeared to tell the gentleman that he was wanted.

“You will come back?” she said.

“Yes.”

“But when?”

“Immediately.”

“It’s a trick,” said the chemist, when he saw Leon. “I wanted to interrupt this visit, that seemed to me to annoy you. Let’s go and have a glass of garus at Bridoux’.”

Leon vowed that he must get back to his office. Then the druggist joked him about quill-drivers and the law.

“Leave Cujas and Barthole alone a bit. Who the devil prevents you? Be a man! Let’s go to Bridoux’. You’ll see his dog. It’s very interesting.”

And as the clerk still insisted —

“I’ll go with you. I’ll read a paper while I wait for you, or turn over the leaves of a ‘Code.’”

Leon, bewildered by Emma’s anger, Monsieur Homais’ chatter, and, perhaps, by the heaviness of the luncheon, was undecided, and, as it were, fascinated by the chemist, who kept repeating —

“Let’s go to Bridoux’. It’s just by here, in the Rue Malpalu.”

Then, through cowardice, through stupidity, through that indefinable feeling that drags us into the most distasteful acts, he allowed himself to be led off to Bridoux’, whom they found in his small yard, superintending three workmen, who panted as they turned the large wheel of a machine for making seltzer-water. Homais gave them some good advice. He embraced Bridoux; they took some garus. Twenty times Leon tried to escape, but the other seized him by the arm saying —

“Presently! I’m coming! We’ll go to the ‘Fanal de Rouen’ to see the fellows there. I’ll introduce you to Thornassin.”

At last he managed to get rid of him, and rushed straight to the hotel. Emma was no longer there. She had just gone in a fit of anger. She detested him now. This failing to keep their rendezvous seemed to her an insult, and she tried to rake up other reasons to separate herself from him. He was incapable of heroism, weak, banal, more spiritless than a woman, avaricious too, and cowardly.

Then, growing calmer, she at length discovered that she had, no doubt, calumniated him. But the disparaging of those we love always alienates us from them to some extent. We must not touch our idols; the gilt sticks to our fingers.

They gradually came to talking more frequently of matters outside their love, and in the letters that Emma wrote him she spoke of flowers, verses, the moon and the stars, naive resources of a waning passion striving to keep itself alive by all external aids. She was constantly promising herself a profound felicity on her next journey. Then she confessed to herself that she felt nothing extraordinary. This disappointment quickly gave way to a new hope, and Emma returned to him more inflamed, more eager than ever. She undressed brutally, tearing off the thin laces of her corset that nestled around her hips like a gliding snake. She went on tiptoe, barefooted, to see once more that the door was closed, then, pale, serious, and, without speaking, with one movement, she threw herself upon his breast with a long shudder.

Yet there was upon that brow covered with cold drops, on those quivering lips, in those wild eyes, in the strain of those arms, something vague and dreary that seemed to Leon to glide between them subtly as if to separate them.

He did not dare to question her; but, seeing her so skilled, she must have passed, he thought, through every experience of suffering and of pleasure. What had once charmed now frightened him a little. Besides, he rebelled against his absorption, daily more marked, by her personality. He begrudged Emma this constant victory. He even strove not to love her; then, when he heard the creaking of her boots, he turned coward, like drunkards at the sight of strong drinks.

She did not fail, in truth, to lavish all sorts of attentions upon him, from the delicacies of food to the coquettries of dress and languishing looks. She brought roses to her breast from Yonville, which she threw into his face; was anxious about his health, gave him advice as to his conduct; and, in order the more surely to keep her hold on him, hoping perhaps that heaven would take her part, she tied a medal of the Virgin round his neck. She inquired like a virtuous mother about his companions. She said to him —

“Don’t see them; don’t go out; think only of ourselves; love me!”

She would have liked to be able to watch over his life; and the idea occurred to her of having him followed in the streets. Near the hotel there was always a kind of loafer who accosted travellers, and who would not refuse. But her pride revolted at this.

“Bah! so much the worse. Let him deceive me! What does it matter to me? As If I cared for him!”

One day, when they had parted early and she was returning alone along the boulevard, she saw the walls of her convent; then she sat down on a form in the shade of the elm-trees. How calm that time had been! How she longed for the ineffable sentiments of love that she had tried to figure to herself out of books! The first month of her marriage, her rides in the wood, the viscount that waltzed, and Lagardy singing, all repassed before her eyes. And Leon suddenly appeared to her as far off as the others.

“Yet I love him,” she said to herself.

No matter! She was not happy — she never had been. Whence came this insufficiency in life — this instantaneous turning to decay of everything on which she leant? But if there were somewhere a being strong and beautiful, a valiant nature, full at once of exaltation and refinement, a poet’s heart in an angel’s form, a lyre with sounding chords ringing out elegiac epithalamia to heaven, why, perchance, should she not find him? Ah! how impossible! Besides, nothing was worth the trouble of seeking it; everything was a lie. Every smile hid a yawn of boredom, every joy a curse, all pleasure satiety, and the sweetest kisses left upon your lips only the unattainable desire for a greater delight.

A metallic clang droned through the air, and four strokes were heard from the convent-clock. Four o’clock! And it seemed to her that she had been there on that form an eternity. But an infinity of passions may be contained in a minute, like a crowd in a small space.

Emma lived all absorbed in hers, and troubled no more about money matters than an archduchess.

Once, however, a wretched-looking man, rubicund and bald, came to her house, saying he had been sent by Monsieur Vincart of Rouen. He took out the pins that held together the side-pockets of his long green overcoat, stuck them into his sleeve, and politely handed her a paper.

It was a bill for seven hundred francs, signed by her, and which Lheureux, in spite of all his professions, had paid away to Vincart. She sent her servant for him. He could not come. Then the stranger, who had remained standing, casting right and left curious glances, that his thick, fair eyebrows hid, asked with a naive air —

“What answer am I to take Monsieur Vincart?”

“Oh,” said Emma, “tell him that I haven’t it. I will send next week; he must wait; yes, till next week.”

And the fellow went without another word.

But the next day at twelve o’clock she received a summons, and the sight of the stamped paper, on which appeared several times in large letters, “Maitre Hareng, bailiff at Buchy,” so frightened her that she rushed in hot haste to the linendraper’s. She found him in his shop, doing up a parcel.

“Your obedient!” he said; “I am at your service.”

But Lheureux, all the same, went on with his work, helped by a young girl of about thirteen, somewhat hunch-backed, who was at once his clerk and his servant.

Then, his clogs clattering on the shop-boards, he went up in front of Madame Bovary to the first door, and introduced her into a narrow closet, where, in a large bureau in sapon-wood, lay some ledgers, protected by a horizontal padlocked iron bar. Against the wall, under some remnants of calico, one glimpsed a safe, but of such dimensions that it must contain something besides bills and money. Monsieur Lheureux, in fact, went in for pawnbroking, and it was there that he had put Madame Bovary’s gold chain, together with the earrings of poor old Tellier, who, at last forced to sell out, had bought a meagre store of grocery at Quincampoix, where he was dying of catarrh amongst his candles, that were less yellow than his face.

Lheureux sat down in a large cane arm-chair, saying: “What news?”

“See!”

And she showed him the paper.

“Well how can I help it?”

Then she grew angry, reminding him of the promise he had given not to pay away her bills. He acknowledged it.

“But I was pressed myself; the knife was at my own throat.”

“And what will happen now?” she went on.

“Oh, it’s very simple; a judgment and then a distraint — that’s about it!”

Emma kept down a desire to strike him, and asked gently if there was no way of quieting Monsieur Vincart.

“I dare say! Quiet Vincart! You don’t know him; he’s more ferocious than an Arab!”

Still Monsieur Lheureux must interfere.

“Well, listen. It seems to me so far I’ve been very good to you.” And opening one of his ledgers, “See,” he said. Then running up the page with his finger, “Let’s see! let’s see! August 3d, two hundred francs; June 17th, a hundred and fifty; March 23d, forty-six. In April —”

He stopped, as if afraid of making some mistake.

“Not to speak of the bills signed by Monsieur Bovary, one for seven hundred francs, and another for three hundred. As to your little installments, with the interest, why, there’s no end to ’em; one gets quite muddled over ’em. I’ll have nothing more to do with it.”

She wept; she even called him “her good Monsieur Lheureux.” But he always fell back upon “that rascal Vincart.” Besides, he hadn’t a brass farthing; no one was paying him now-a-days; they were eating his coat off his back; a poor shopkeeper like him couldn’t advance money.

Emma was silent, and Monsieur Lheureux, who was biting the feathers of a quill, no doubt became uneasy at her silence, for he went on —

“Unless one of these days I have something coming in, I might —”

“Besides,” said she, “as soon as the balance of Barneville —”

“What!”

And on hearing that Langlois had not yet paid he seemed much surprised. Then in a honied voice —

“And we agree, you say?”

“Oh! to anything you like.”

On this he closed his eyes to reflect, wrote down a few figures, and declaring it would be very difficult for him, that the affair was shady, and that he was being bled, he wrote out four bills for two hundred and fifty francs each, to fall due month by month.

“Provided that Vincart will listen to me! However, it’s settled. I don’t play the fool; I’m straight enough.”

Next he carelessly showed her several new goods, not one of which, however, was in his opinion worthy of madame.

“When I think that there’s a dress at threepence-halfpenny a yard, and warranted fast colours! And yet they actually swallow it! Of course you understand one doesn’t tell them what it really is!” He hoped by this confession of dishonesty to others to quite convince her of his probity to her.

Then he called her back to show her three yards of guipure that he had lately picked up “at a sale.”

“Isn’t it lovely?” said Lheureux. “It is very much used now for the backs of arm-chairs. It’s quite the rage.”

And, more ready than a juggler, he wrapped up the guipure in some blue paper and put it in Emma’s hands.

“But at least let me know —”

“Yes, another time,” he replied, turning on his heel.

That same evening she urged Bovary to write to his mother, to ask her to send as quickly as possible the whole of the balance due from the father’s estate. The mother-in-law replied that she had nothing more, the winding up was over, and there was due to them besides Barneville an income of six hundred francs, that she would pay them punctually.

Then Madame Bovary sent in accounts to two or three patients, and she made large use of this method, which was very successful. She was always careful to add a postscript: “Do not mention this to my husband; you know how proud he is. Excuse me. Yours obediently.” There were some complaints; she intercepted them.

To get money she began selling her old gloves, her old hats, the old odds and ends, and she bargained rapaciously, her peasant blood standing her in good stead. Then on her journey to town she picked up nick-nacks secondhand, that, in default of anyone else, Monsieur Lheureux would certainly take off her hands. She bought ostrich feathers, Chinese porcelain, and trunks; she borrowed from Felicite, from Madame Lefrancois, from the landlady at the Croix-Rouge, from everybody, no matter where.

With the money she at last received from Barneville she paid two bills; the other fifteen hundred francs fell due. She renewed the bills, and thus it was continually.

Sometimes, it is true, she tried to make a calculation, but she discovered things so exorbitant that she could not believe them possible. Then she recommenced, soon got confused, gave it all up, and thought no more about it.

The house was very dreary now. Tradesmen were seen leaving it with angry faces. Handkerchiefs were lying about on the stoves, and little Berthe, to the great scandal of Madame Homais, wore stockings with holes in them. If Charles timidly ventured a remark, she answered roughly that it wasn’t her fault.

What was the meaning of all these fits of temper? She explained everything through her old nervous illness, and reproaching himself with having taken her infirmities for faults, accused himself of egotism, and longed to go and take her in his arms.

“Ah, no!” he said to himself; “I should worry her.”

And he did not stir.

After dinner he walked about alone in the garden; he took little Berthe on his knees, and unfolding his medical journal, tried to teach her to read. But the child, who never had any lessons, soon looked up with large, sad eyes and began to cry. Then he comforted her; went to fetch water in her can to make rivers on the sand path, or broke off branches from the privet hedges to plant trees in the beds. This did not spoil the garden much, all choked now with long weeds. They owed Lestiboudois for so many days. Then the child grew cold and asked for her mother.

“Call the servant,” said Charles. “You know, dearie, that mamma does not like to be disturbed.”

Autumn was setting in, and the leaves were already falling, as they did two years ago when she was ill. Where would it all end? And he walked up and down, his hands behind his back.

Madame was in her room, which no one entered. She stayed there all day long, torpid, half dressed, and from time to time burning Turkish pastilles which she had bought at Rouen in an Algerian’s shop. In order not to have at night this sleeping man stretched at her side, by dint of manoeuvring, she at last succeeded in banishing him to the second floor, while she read till morning extravagant books, full of pictures of orgies and thrilling situations. Often, seized with fear, she cried out, and Charles hurried to her.

“Oh, go away!” she would say.

Or at other times, consumed more ardently than ever by that inner flame to which adultery added fuel, panting, tremulous, all desire, she threw open her window, breathed in the cold air, shook loose in the wind her masses of hair, too heavy, and, gazing upon the stars, longed for some princely love. She thought of him, of Leon. She would then have given anything for a single one of those meetings that surfeited her.

These were her gala days. She wanted them to be sumptuous, and when he alone could not pay the expenses, she made up the deficit liberally, which happened pretty well every time. He tried to make her understand that they would be quite as comfortable somewhere else, in a smaller hotel, but she always found some objection.

One day she drew six small silver-gilt spoons from her bag (they were old Roualt’s wedding present), begging him to pawn them at once for her, and Leon obeyed, though the proceeding annoyed him. He was afraid of compromising himself.

Then, on, reflection, he began to think his mistress’s ways were growing odd, and that they were perhaps not wrong in wishing to separate him from her.

In fact someone had sent his mother a long anonymous letter to warn her that he was “ruining himself with a married woman,” and the good lady at once conjuring up the eternal bugbear of families the vague pernicious creature, the siren, the monster, who dwells fantastically in depths of love, wrote to Lawyer Dubocage, his employer, who behaved perfectly in the affair. He kept him for three quarters of an hour trying to open his eyes, to warn him of the abyss into which he was falling. Such an intrigue would damage him later on, when he set up for himself. He implored him to break with her, and, if he would not make this sacrifice in his own interest, to do it at least for his, Dubocage’s sake.

At last Leon swore he would not see Emma again, and he reproached himself with not having kept his word, considering all the worry and lectures this woman might still draw down upon him, without reckoning the jokes made by his companions as they sat round the stove in the morning. Besides, he was soon to be head clerk; it was time to settle down. So he gave up his flute, exalted sentiments, and poetry; for every bourgeois in the flush of his youth, were it but for a day, a moment, has believed himself capable of immense passions, of lofty enterprises. The most mediocre libertine has dreamed of sultanas; every notary bears within him the debris of a poet.

He was bored now when Emma suddenly began to sob on his breast, and his heart, like the people who can only stand a certain amount of music, dozed to the sound of a love whose delicacies he no longer noted.

They knew one another too well for any of those surprises of possession that increase its joys a hundred-fold. She was as sick of him as he was weary of her. Emma found again in adultery all the platitudes of marriage.

But how to get rid of him? Then, though she might feel humiliated at the baseness of such enjoyment, she clung to it from habit or from corruption, and each day she hungered after them the more, exhausting all felicity in wishing for too much of it. She accused Leon of her baffled hopes, as if he had betrayed her; and she even longed for some catastrophe that would bring about their separation, since she had not the courage to make up her mind to it herself.

She none the less went on writing him love letters, in virtue of the notion that a woman must write to her lover.

But whilst she wrote it was another man she saw, a phantom fashioned out of her most ardent memories, of her finest reading, her strongest lusts, and at last he became so real, so tangible, that she palpitated wondering, without, however, the power to imagine him clearly, so lost was he, like a god, beneath the abundance of his attributes. He dwelt in that azure land where silk ladders hang from balconies under the breath of flowers, in the light of the moon. She felt him near her; he was coming, and would carry her right away in a kiss.

Then she fell back exhausted, for these transports of vague love wearied her more than great debauchery.

She now felt constant ache all over her. Often she even received summonses, stamped paper that she barely looked at. She would have liked not to be alive, or to be always asleep.

On Mid-Lent she did not return to Yonville, but in the evening went to a masked ball. She wore velvet breeches, red stockings, a club wig, and three-cornered hat cocked on one side. She danced all night to the wild tones of the trombones; people gathered round her, and in the morning she found herself on the steps of the theatre together with five or six masks, debardeuses and sailors, Leon’s comrades, who were talking about having supper.

The neighbouring cafes were full. They caught sight of one on the harbour, a very indifferent restaurant, whose proprietor showed them to a little room on the fourth floor.

The men were whispering in a corner, no doubt consorting about expenses. There were a clerk, two medical students, and a shopman — what company for her! As to the women, Emma soon perceived from the tone of their voices that they must almost belong to the lowest class. Then she was frightened, pushed back her chair, and cast down her eyes.

The others began to eat; she ate nothing. Her head was on fire, her eyes smarted, and her skin was ice-cold. In her head she seemed to feel the floor of the ball-room rebounding again beneath the rhythmical pulsation of the thousands of dancing feet. And now the smell of the punch, the smoke of the cigars, made her giddy. She fainted, and they carried her to the window.

Day was breaking, and a great stain of purple colour broadened out in the pale horizon over the St. Catherine hills. The livid river was shivering in the wind; there was no one on the bridges; the street lamps were going out.

She revived, and began thinking of Berthe asleep yonder in the servant’s room. Then a cart filled with long strips of iron passed by, and made a deafening metallic vibration against the walls of the houses.

She slipped away suddenly, threw off her costume, told Leon she must get back, and at last was alone at the Hotel de Boulogne. Everything, even herself, was now unbearable to her. She wished that, taking wing like a bird, she could fly somewhere, far away to regions of purity, and there grow young again.

She went out, crossed the Boulevard, the Place Cauchoise, and the Faubourg, as far as an open street that overlooked some gardens. She walked rapidly; the fresh air calming her; and, little by little, the faces of the crowd, the masks, the quadrilles, the lights, the supper, those women, all disappeared like mists fading away. Then, reaching the “Croix-Rouge,” she threw herself on the bed in her little room on the second floor, where there were pictures of the “Tour de Nesle.” At four o’clock Hivert awoke her.

When she got home, Felicite showed her behind the clock a grey paper. She read —

“In virtue of the seizure in execution of a judgment.”

What judgment? As a matter of fact, the evening before another paper had been brought that she had not yet seen, and she was stunned by these words —

“By order of the king, law, and justice, to Madame Bovary.” Then, skipping several lines, she read, “Within twenty-four hours, without fail —” But what? “To pay the sum of eight thousand francs.” And there was even at the bottom, “She will be constrained thereto by every form of law, and notably by a writ of distraint on her furniture and effects.”

What was to be done? In twenty-four hours — tomorrow. Lheureux, she thought, wanted to frighten her again; for she saw through all his devices, the object of his kindnesses. What reassured her was the very magnitude of the sum.

However, by dint of buying and not paying, of borrowing, signing bills, and renewing these bills that grew at each new falling-in, she had ended by preparing a capital for Monsieur Lheureux which he was impatiently awaiting for his speculations.

She presented herself at his place with an offhand air.

“You know what has happened to me? No doubt it’s a joke!”

“How so?”

He turned away slowly, and, folding his arms, said to her —

“My good lady, did you think I should go on to all eternity being your purveyor and banker, for the love of God? Now be just. I must get back what I’ve laid out. Now be just.”

She cried out against the debt.

“Ah! so much the worse. The court has admitted it. There’s a judgment. It’s been notified to you. Besides, it isn’t my fault. It’s Vincart’s.”

“Could you not —?”

“Oh, nothing whatever.”

“But still, now talk it over.”

And she began beating about the bush; she had known nothing about it; it was a surprise.

“Whose fault is that?” said Lheureux, bowing ironically. “While I’m slaving like a nigger, you go gallivanting about.”

“Ah! no lecturing.”

“It never does any harm,” he replied.

She turned coward; she implored him; she even pressed her pretty white and slender hand against the shopkeeper’s knee.

“There, that’ll do! Anyone’d think you wanted to seduce me!”

“You are a wretch!” she cried.

“Oh, oh! go it! go it!”

“I will show you up. I shall tell my husband.”

“All right! I too. I’ll show your husband something.”

And Lheureux drew from his strong box the receipt for eighteen hundred francs that she had given him when Vincart had discounted the bills.

“Do you think,” he added, “that he’ll not understand your little theft, the poor dear man?”

She collapsed, more overcome than if felled by the blow of a pole-axe. He was walking up and down from the window to the bureau, repeating all the while —

“Ah! I’ll show him! I’ll show him!” Then he approached her, and in a soft voice said —

“It isn’t pleasant, I know; but, after all, no bones are broken, and, since that is the only way that is left for you paying back my money —”

“But where am I to get any?” said Emma, wringing her hands.

“Bah! when one has friends like you!”

And he looked at her in so keen, so terrible a fashion, that she shuddered to her very heart.

“I promise you,” she said, “to sign —”

“I’ve enough of your signatures.”

“I will sell something.”

“Get along!” he said, shrugging his shoulders; “you’ve not got anything.”

And he called through the peep-hole that looked down into the shop —

“Annette, don’t forget the three coupons of No. 14.”

The servant appeared. Emma understood, and asked how much money would be wanted to put a stop to the proceedings.

“It is too late.”

“But if I brought you several thousand francs — a quarter of the sum — a third — perhaps the whole?”

“No; it’s no use!”

And he pushed her gently towards the staircase.

“I implore you, Monsieur Lheureux, just a few days more!” She was sobbing.

“There! tears now!”

“You are driving me to despair!”

“What do I care?” said he, shutting the door.

Sechstes Kapitel

Wenn Leo nach Yonville kam, um Emma zu besuchen, aß er häufig bei dem Apotheker zu Mittag. Aus Höflichkeit lud er ihn ein, ihn nun auch einmal in Rouen zu besuchen.

„Gern!“ gab Homais zur Antwort. „Ich muß sowieso einmal ausspannen, sonst roste ich hier noch ganz und gar ein. Wir wollen zusammen ins Theater gehen, ein bißchen kneipen und ein paar Dummheiten loslassen!“

„Aber Mann!“ mahnte Frau Homais besorgt. Die undefinierbaren Gefahren, denen er entgegenlief, ängstigten sie im voraus.

„Was ist da weiter dabei? Hab ich meine Gesundheit nicht schon genug ruiniert in den fortwährenden Ausdünstungen der Drogen? Ja, ja, so sind die Frauen! Vergräbt man sich in die Wissenschaften, so sind sie eifersüchtig; und will man sich gelegentlich in harmlosester Weise ein bißchen erholen, dann ists ihnen auch wieder nicht recht. Aber lassen wirs gut sein! Rechnen Sie auf mich! In allernächster Zeit tauch ich in Rouen auf: und dann wollen wir mal zusammen eine Kiste öffnen!“

Früher hätte sich Homais gehütet, einen derartigen Ausdruck zu gebrauchen, aber seit einiger Zeit gefiel er sich ungemein darin, den jovialen Großstädter zu spielen. Ähnlich wie seine Nachbarin, Frau Bovary, fragte er den Adjunkt auf das neugierigste nach den Pariser Sitten und Unsitten aus. Er begann sogar in seiner Redeweise den Jargon der Pariser anzunehmen, um den Philistern zu imponieren.

Eines Donnerstags früh traf ihn Emma zu ihrer Überraschung in der Küche des Goldnen Löwen im Reiseanzug, das heißt, in einen alten Mantel gemummt, in dem man ihn noch nie gesehen hatte, eine Reisetasche in der einen Hand, einen Fußsack in der andern. Er hatte sein Vorhaben keinem Menschen verraten, aus Furcht, die Kundschaft könne an seiner Abwesenheit Anstoß nehmen.

Der Gedanke, die Orte wiedersehen zu sollen, wo er seine Jugend verlebt hatte, regte ihn sichtlich auf, denn während der ganzen Fahrt redete er in einem fort. Kaum war man in Rouen angekommen, so stürzte er aus dem Wagen, um Leo aufzusuchen. Dem Adjunkt half kein Widerstreben: Homais schleppte ihn mit in das „Grand Café zur Normandie“, wo er, bedeckten Hauptes, stolz wie ein Fürst eintrat. Er hielt es nämlich für höchst provinzlerhaft, in einem öffentlichen Lokal den Hut abzunehmen.

Emma wartete drei Viertelstunden lang auf Leo. Schließlich eilte sie in seine Kanzlei. Unter allen möglichen Mutmaßungen, wobei sie ihm den Vorwurf der Gleichgültigkeit und sich selber den der Schwäche machte, verbrachte sie dann den Nachmittag, die Stirn gegen die Scheiben gepreßt, im Boulogner Hofe.

Um zwei Uhr saßen Leo und Homais immer noch bei Tisch. Der große Saal des Restaurants leerte sich. Sie saßen am Ofen, der die Form eines hochragenden Palmenstammes hatte, dessen innen vergoldete Fächer sich unter der weißen Decke ausbreiteten. Neben ihnen, im hellen Sonnenlichte, hinter Glaswänden, sprudelte ein kleiner Springbrunnen über einem Marmorbecken. An seinem Rande hockten zwischen Brunnenkresse und Spargel drei schläfrige Hummern; daneben lagen Wachteln, zu einem Haufen aufgeschichtet.

Der Apotheker tat sich sozusagen eine Güte. Wenngleich ihn die Pracht noch mehr entzückte als das vortreffliche Mahl, so tat der Burgunder doch seine Wirkung. Und als das Omelett mit Rum aufgetragen ward, da offenbarte er unmoralische Theorien „über die Weiber“. Am meisten rege ihn eine „schicke“ Frau auf, und nichts ginge über eine elegante Robe in einem vornehm eingerichteten Raume. Was die körperlichen Reize anbelange, da sei viel Fleisch „nicht ohne“.

Leo sah verzweifelt auf die Uhr. Der Apotheker trank, aß und schmatzte weiter.

„Sie müssen sich übrigens ziemlich einsam fühlen hier in Rouen“, sagte er plötzlich. „Aber schließlich wohnt ja Ihr Liebchen nicht allzuweit.“ Da Leo errötete, setzte er hinzu: „Na, gestehen Sie nur! Wollen Sie leugnen, daß Sie in Yonville ...“

Der junge Mann stammelte etwas Unverständliches.

„... im Hause Bovary jemanden poussieren ...“

„Aber wen denn?“

„Na, das Dienstmädel!“

Es war sein Ernst. Aber Leos Eitelkeit war stärker als alle Vorsicht. Ohne sichs zu überlegen, widersprach er. Er liebe nur brünette Frauen.

„Da haben Sie nicht unrecht“, meinte der Apotheker. „Die haben mehr Temperament!“

Homais begann zu flüstern und verriet seinem Freunde die Symptome, an denen man erkennen könne, ob eine Frau Feuer habe. Er geriet sogar auf eine ethnographische Abschweifung. Die Deutschen seien schwärmerisch, die Französinnen wollüstig, die Italienerinnen leidenschaftlich.

„Und die Negerinnen?“ fragte der Adjunkt.

„Das ist etwas für Kenner! Kellner! Zwei Tassen Kaffee!“

„Gehen wir?“ fragte Leo ungeduldig.

„Yes!“

Aber zuvor wollte er den Besitzer des Restaurants sprechen und ihm seine Zufriedenheit aussprechen.

Des weiteren schützte der junge Mann einen geschäftlichen Gang vor. Er wollte nun endlich allein sein.

„Ich begleite Sie natürlich!“ sagte Homais.

Unterwegs erzählte er unaufhörlich von seiner Frau, von seinen Kindern, von ihrem Gedeihen, von seiner Apotheke, vom verwahrlosten Zustand, in dem er sie übernommen, und wie er sie in die Höhe gebracht habe.

Vor dem Boulogner Hofe verabschiedete sich Leo kurzerhand von ihm, eilte die Treppe hinan und fand seine Geliebte in der größten Erregung. Bei der Erwähnung des Apothekers geriet sie in Wut. Leo versuchte, sie durch allerlei vernünftige Gründe zu beruhigen. Es sei wirklich nicht seine Schuld gewesen. Sie kenne Homais doch. Wie habe sie nur glauben können, daß er lieber mit ihm statt mit ihr zusammen sei? Aber sie wollte gar nichts hören und schickte sich an, fortzugehen. Er hielt sie zurück, sank vor ihr auf die Knie, umschlang sie mit beiden Armen und sah sie mit einem rührenden Blick voller Begehrlichkeit und Unterwürfigkeit an.

Sie stand aufrecht vor ihm. Mit großen flammenden Augen sah sie ihn ernst, fast drohend an. Dann aber verschwamm dieser Ausdruck in Tränen. Ihre geröteten Lider schlossen sich, sie überließ ihm ihre Hände, die er an seine Lippen zog. Da erschien der Hausdiener. Ein Herr wünsche ihn dringend zu sprechen.

„Du kommst doch wieder?“ fragte Emma.

„Gewiß!“

„Aber wann?“

„Sofort!“

Es war der Apotheker.

„Ein feiner Trick, nicht?“ schmunzelte er, als er Leo erblickte.

„Ich wollte Ihnen Ihre Unterredung verkürzen. Sie war Ihnen doch offensichtlich unangenehm. So! Jetzt gehen wir zu meinem Freund Bridoux, einen Bittern genehmigen!“

Leo beteuerte, er müsse in seine Kanzlei. Aber der Apotheker lachte ihn aus und machte seine Witze über die Juristerei.

„Lassen Sie doch den Aktenkram Aktenkram sein! Zum Teufel, warum nur nicht? Seien Sie kein Frosch! Kommen Sie, wir gehn zu Bridoux! Seinen Terrier müssen Sie mal sehen! Der ist zu spaßig!“ Und da der Adjunkt immer noch widerstrebte, fuhr er fort: „Na, da begleite ich Sie wenigstens! Werde in Ihrem Laden eine Zeitung lesen oder in irgendeinem alten Schmöker blättern.“

Leo war wie betäubt durch Emmas Unwillen, durch des Apothekers Geschwätz und vielleicht auch durch die Nachwirkung des reichlichen Frühstücks. Unentschlossen stand er da, während Homais immer wieder in ihn drang:

„Kommen Sie nur mit! Wir gehn zu Bridoux! Er wohnt keine hundert Schritte von hier! Rue Malpalu!“

Diese Aufforderung wirkte wie eine Suggestion. Aus Feigheit oder Narrheit oder aus jenem merkwürdigen Drange, der den Menschen mitunter zu Handlungen bewegt, die seinem eigentlichen Willen zuwiderlaufen, ließ sich Leo zu Bridoux führen. Sie fanden ihn in dem kleinen Hofe seines Hauses, wo er drei Burschen beaufsichtigte, die das große Rad einer Selterwasserzubereitungsmaschine drehten. Nach einer herzlichen Begrüßung gab Homais seinem Kollegen Ratschläge. Dann trank man den Bittern. Leo war hundertmal im Begriffe, sich zu empfehlen, aber Homais hielt ihn immer wieder fest, indem er sagte:

„Gleich! Gleich! Ich gehe ja mit! Wir wollen nun mal in den ‚Leuchtturm von Rouen‘! Dem Redakteur guten Tag sagen. Ich mache Sie mit ihm bekannt, mit Herrn Thomassin.“

Trotzdem machte sich Leo endlich los und eilte wiederum in den Boulogner Hof. Emma war nicht mehr da. Im höchsten Grade aufgebracht, war sie fortgegangen. Jetzt haßte sie Leo. Das Stelldichein zu versäumen, das faßte sie als Beschimpfung auf! Nun suchte sie nach noch andern Gründen, mit ihm zu brechen. Er sei eines höheren Aufschwungs unfähig, schwach, banal, feminin, dazu knickerig und kleinmütig.

Dann wurde sie ruhiger; sie sah ein, daß sie ihn schlechter machte, als er war. Aber das Herabzerren eines Geliebten hinterläßt immer gewisse Spuren. Man darf ein Götzenbild nicht berühren: die Vergoldung bleibt einem an den Fingern kleben.

Fortan unterhielten sie sich immer häufiger von Dingen, die nichts mit ihrer Liebe zu tun hatten. In den Briefen, die ihm Emma schrieb, war die Rede von Blumen, Versen, vom Mond und den Sternen, mit einem Worte von allen den primitiven Requisiten, die eine mattgewordne Leidenschaft aufbaut, um den Schein aufrecht zu erhalten. Immer wieder erhoffte sie sich von dem nächsten Beieinandersein die alte Glückseligkeit, aber hinterher gestand sie sich jedesmal, daß sie nichts davon gespürt hatte. Diese Enttäuschung wandelte sich trotzdem in neues Hoffen. Emma kam immer wieder zu Leo voll Begehren und sinnlicher Erregung. Sie warf die Kleider ab und riß das Korsett herunter, dessen Schnuren ihr um die Hüften schlugen wie zischende Schlangen. Mit nackten Füßen lief sie an die Tür und überzeugte sich, daß sie verriegelt war. Mit einer hastigen Bewegung entledigte sie sich dann des Hemdes — und bleich, stumm, ernst und von Schauern durchströmt, warf sie sich in seine Arme.

Aber auf ihrer von kaltem Schweiß beperlten Stirn, auf ihren stöhnenden Lippen, in ihren irren Augen, in ihrer wilden Umarmung lebte etwas Unheimliches, Feindseliges, Todtrauriges. Leo fühlte es. Es hatte sich eingeschlichen, um sie zu trennen.

Ohne daß er darnach zu fragen wagte, kam er ferner zu der Erkenntnis, daß die Geliebte alle Prüfungen der Lust und des Leids schon einmal an sich selber erfahren haben mußte. Was ihn dereinst entzückt hatte, das flößte ihm jetzt Grauen ein.

Dazu kam, daß er gegen die täglich zunehmende Vergewaltigung seiner Person rebellierte. Er grollte ihr ob ihrer immer neuen Siege. Oft zwang er sich, kalt zu bleiben, aber wenn er sie dann auf sich zukommen sah, ward er doch wieder schwach, wie ein Absinthtrinker, den das grüne Gift immer wieder verführt.

Allerdings wandte sie alle Liebeskünste an: von ausgesuchten Genüssen bei Tisch bis zu den Raffinements der Kleidung und den schmachtendsten Zärtlichkeiten. Sie brachte aus ihrem Garten Rosen mit, die sie an der Brust trug und ihm ins Gesicht warf. Sie sorgte sich um seine Gesundheit und gab ihm gute Ratschläge, wie er leben solle. Abergläubisch schenkte sie ihm ein Amulett mit einem Madonnenbildchen. Wie eine ehrsame Mutter erkundigte sie sich nach seinen Freunden und Bekannten.

„Laß sie! Geh nicht aus! Denk nur an mich und bleib mir treu!“

Am liebsten hätte sie ihn überwacht oder gar überwachen lassen. Mitunter kam ihr letzteres in den Sinn. Es trieb sich in der Nähe des Boulogner Hofes regelmäßig ein Tagedieb herum, der dies wohl übernommen hätte. Aber ihr Stolz hielt sie davon ab.

„Mag er mich hintergehen! Dann ist er eben nichts wert! Was tuts? Ich halte ihn nicht!“

Eines Tages ging sie zeitiger von ihm weg als gewöhnlich. Als sie allein den Boulevard hinschlenderte, bemerkte sie die Mauer ihres Klosters. Da setzte sie sich auf eine schattige Bank unter den Ulmen. Wie friedsam hatte sie damals gelebt! Sie bekam Sehnsucht nach den jungfräulichen Vorstellungen von der Liebe, die sie sich damals aus Büchern erträumt hatte ...

Dann erinnerte sie sich an ihre Flitterwochen ... an den Vicomte, mit dem sie Walzer getanzt hatte, ... an die Ritte durch den Wald ... an den Tenor Lagardy ... Alles das zog wieder an ihr vorüber ... Und mit einem Male stand ihr auch Leo so fern wie alles andre.

„Aber ich liebe ihn doch!“ flüsterte sie.

Sie war dennoch nicht glücklich, und nie war sie das gewesen! Warum reichte ihr das Leben nie etwas Ganzes? Warum kam immer gleich Moder in alle Dinge, die sie an ihr Herz zog?

Wenn es irgendwo auf Erden ein Wesen gab, stark und schön und tapfer, begeisterungsfähig und liebeserfahren zugleich, mit einem Dichterherzen und einem Engelskörper, ein Schwärmer und Sänger, warum war sie ihm nicht zufällig begegnet? Ach, weil das eine Unmöglichkeit ist! Weil es vergeblich ist, ihn zu suchen! Weil alles Lug und Trug ist! Jedes Lächeln verbirgt immer nur das Gähnen der Langweile, jede Freude einen Fluch, jeder Genuß den Ekel, der ihm unvermeidlich folgt! Die heißesten Küsse hinterlassen dem Menschen nichts als die unstillbare Begierde nach der Wollust der Götter!

Eherne Klänge dröhnten durch die Luft. Die Klosterglocke schlug viermal. Vier Uhr! Es dünkte Emma, sie säße schon eine Ewigkeit auf ihrer Bank. Unendlich viel Leidenschaft kann sich in einer Minute zusammendrängen, wie eine Menschenmenge in einem kleinen Raume ...

Emma lebte nur noch für sich selbst. Die Geldangelegenheiten kümmerten sie nicht mehr. Aber eines Tages erschien ein Mann von schäbigem Aussehen und erklärte, Herr Vinçard in Rouen schicke ihn her. Er zog die Stecknadeln heraus, mit denen er die eine Seitentasche seines langen grünen Rockes verschlossen hatte, steckte sie im Ärmelaufschlag fest und überreichte ihr höflich ein Papier. Es war ein Wechsel auf siebenhundert Franken, den sie ausgestellt hatte. Lheureux hatte ihn seinem Versprechen entgegen an Vinçard weitergegeben.

Sie schickte Felicie zu dem Händler. Er könne nicht abkommen, ließ er zurücksagen. Der Unbekannte hatte stehend gewartet und dabei hinter seinen dichten blonden Augenlidern neugierige Blicke auf Haus und Hof gerichtet. Jetzt fragte er einfältig:

„Was soll ich Herrn Vinçard ausrichten?“

„Sagen Sie ihm nur“, gab Emma zur Antwort, „... ich hätte kein Geld! Vielleicht in acht Tagen ... Er solle warten ... Ja, ja, in acht Tagen!“

Der Mann ging, ohne etwas zu erwidern. Aber am Tage darauf erhielt sie eine Wechselklage. Auf der gestempelten Zustellungsurkunde starrten ihr mehrfach die Worte „Hareng, Gerichtsvollzieher in Büchy“ entgegen. Darüber erschrak sie dermaßen, daß sie spornstreichs zu Lheureux lief.

Er stand in seinem Laden und schnürte gerade ein Paket zu.

„Ihr Diener!“ begrüßte er sie. „Ich stehe Ihnen sogleich zur Verfügung!“

Im übrigen ließ er sich in seiner Beschäftigung nicht stören, bei der ihm ein etwa dreizehnjähriges Mädchen half. Es war ein wenig verwachsen und versah bei dem Händler zugleich die Stelle des Ladenmädchens und der Köchin.

Als er fertig war, führte er Frau Bovary hinauf in den ersten Stock. Er ging ihr in seinen schlürfenden Holzschuhen auf der Treppe voran. Oben öffnete er die Tür zu einem engen Gemach, in dem ein großer Schreibtisch mit einem Aufsatz voller Rechnungsbücher stand, die durch eine eiserne, mit einem Vorhängeschloß versehene Stange verwahrt waren. An der Wand stand ein Geldschrank von solcher Größe, daß er sichtlich noch andre Dinge als bloß Geld und Banknoten enthalten mußte. In der Tat lieh Lheureux Geld auf Pfänder aus. In diesem Schrank lagen unter anderm die Kette der Frau Bovary und die Ohrringe des alten Tellier. Der ehemalige Besitzer des Café Français hatte inzwischen sein Grundstück verkaufen müssen und in Quincampoix einen kleinen Kramladen eröffnet. Dort ging er seiner Schwindsucht langsam zugrunde, inmitten seiner Talglichte, die weniger gelb waren als sein Gesicht.

Lheureux setzte sich in seinen großen Rohrstuhl und fragte:

„Na, was gibts Neues?“

Emma hielt ihm die Vorladung hin.

„Hier, lesen Sie!“

„Ja, was geht denn mich das an?“

Diese Antwort empörte sie. Sie erinnerte ihn an sein Versprechen, ihre Wechsel nicht in Umlauf zu bringen. Er gab das zu.

„Aber notgedrungen hab ichs doch tun müssen! Mir saß selber das Messer an der Kehle!“

„Und was wird jetzt geschehn?“

„Ganz einfach! Erst kommt ein gerichtlicher Schuldtitel und dann die Zwangsvollstreckung! Schwapp! Ab!“

Emma konnte sich nur mit Mühe beherrschen. Sie hätte ihm beinahe ins Gesicht geschlagen. Ruhig fragte sie, ob es denn kein Mittel gebe, Herrn Vinçard zu vertrösten.

„Den und vertrösten! Da kennen Sie Vinçard schlecht! Das ist ein Bluthund!“

Dann müsse eben Lheureux einspringen.

„Hören Sie mal,“ entgegnete er, „mir scheint, daß ich schon genug für Sie eingesprungen bin! Sehen Sie!“ Er schlug seine Bücher auf: „Hier! Am 3. August zweihundert Franken ... am 17. Juni hundertundfünfzig Franken ... am 23. März sechsundvierzig Franken ... am 10. April ...“

Er hielt inne, als fürchte er eine Dummheit zu sagen.

„Dazu kommen noch die Wechsel, die mir Ihr Mann ausgestellt hat, einen zu siebenhundert und einen zu dreihundert Franken! Von Ihren ewigen kleinen Rechnungen und den rückständigen Zinsen gar nicht zu reden! Das ist ja endlos! Da findet sich ja gar niemand mehr hinein! Ich will nichts mehr mit der Sache zu tun haben!“

Emma fing an zu weinen, nannte ihn sogar ihren lieben guten Lheureux, aber er verschanzte sich immer wieder hinter „diesen Schweinehund, den Vinçard“. Übrigens verfüge er selber über keinen roten Heller in bar. Kein Mensch bezahle ihn. Man zöge ihm das Fell über die Ohren. Ein armer Händler, wie er, könne nichts borgen.

Emma schwieg. Lheureux nagte an einem Federhalter. Durch ihr Schweigen sichtlich beunruhigt, sagte er schließlich:

„Na, vielleicht ... wenn dieser Tage was einkommt ...“

Sie unterbrach ihn:

„Wenn ich die letzte Rate für das Grundstück in Barneville bekomme ...“

„Wieso?“

Er tat so, als sei er sehr überrascht, daß Langlois noch nicht gezahlt habe. Mit honigsüßer Stimme sagte er:

„Na, da machen Sie mal einen Vorschlag!“

„Ach, den müssen Sie machen!“

Er schloß die Augen, als ob er sich etwas überlegte. Hierauf schrieb er ein paar Ziffern, und dann erklärte er, er käme sehr schlecht dabei weg, die Geschichte sei faul und er schneide sich in sein eignes Fleisch. Schließlich füllte er vier Wechsel aus, jeden zu zweihundertundfünfzig Franken, mit Fälligkeitstagen, die je vier Wochen auseinanderlagen.

„Vorausgesetzt natürlich, daß Vinçard darauf eingeht!“ sagte er. „Mir solls ja recht sein! Ich fackle nicht lange! Bei mir geht alles wie geschmiert!“

Er zeigte ihr im Vorbeigehen schnell noch ein paar Neuigkeiten.

„Es ist aber nichts für Sie darunter, gnädige Frau!“ meinte er. „Wenn ich bedenke: dieser Stoff, das Meter zu drei Groschen und angeblich sogar waschecht! Die Leute reißen sich drum! Man sagt ihnen natürlich nicht, was wirklich dran ist ... Sie könnens sich ja denken!“

Durch derlei Geständnisse seiner Unreellität andern gegenüber sollte er sich bei ihr als desto ehrlicher hinstellen. Emma war bereits an der Tür, als er sie zurückrief und ihr drei Meter Brokatstickerei zeigte, einen „Gelegenheitskauf“, wie er sagte.

„Prachtvoll! Nicht?“ sagte er. „Man nimmt es jetzt vielfach zu Sofabehängen. Das ist hochmodern!“

Mit der Geschicklichkeit eines Taschenspielers hatte er den Spitzenstoff bereits in blaues Papier eingeschlagen und Emma in die Hände gedrückt.

„Ich muß doch aber wenigstens wissen, was ...“

„Ach, das eilt ja nicht!“ unterbrach er sie und wandte sich einem andern Kunden zu.

Noch an dem nämlichen Abend bestürmte sie Karl, er solle doch seiner Mutter schreiben, daß sie den Rest der Erbschaft schicke. Es kam die Antwort, es sei nichts mehr da. Nach Erledigung aller Verbindlichkeiten verblieben ihm — abgesehen von dem Grundstück in Barneville — jährlich sechshundert Franken, die ihm pünktlich zugehen würden.

Nunmehr verschickte sie an ein paar von Karls Patienten Rechnungen; und da dies von Erfolg war, machte sie das häufiger. Der Vorsicht halber schrieb sie darunter: „Ich bitte, es meinem Manne nicht zu sagen. Sie wissen, wie stolz er in dieser Beziehung ist. Verzeihen Sie gütigst. Ihre sehr ergebene ...“ Hie und da liefen Beschwerden ein, die sie unterschlug.

Um sich Geld zu verschaffen, verkaufte sie ihre alten Handschuhe, ihre abgelegten Hüte, altes Eisen. Dabei handelte sie wie ein Jude. Hier kam ihr gewinnsüchtiges Bauernblut zum Vorschein. Auf ihren Ausflügen nach Rouen erstand sie allerhand Trödel, den Lheureux an Zahlungs Statt annehmen sollte. Sie kaufte Straußenfedern, chinesisches Porzellan, altertümliche Truhen. Sie lieh sich Geld von Felicie, von Frau Franz, von der Wirtin vom „Roten Kreuz“, von aller Welt. Darin war sie skrupellos. Mit dem Geld, das sie noch für das Barneviller Haus bekam, bezahlte sie zwei von den vier Wechseln. Die übrigen fünfzehnhundert Franken waren im Handumdrehen weg. Sie ging neue Verpflichtungen ein und immer wieder welche.

Manchmal versuchte sie allerdings zu rechnen, aber was dabei herauskam, erschien ihr unglaublich. Sie rechnete und rechnete, bis ihr wirr im Kopfe wurde. Dann ließ sie es und dachte gar nicht mehr daran.

Um ihr Haus war es traurig bestellt. Oft sah man Lieferanten mit wütenden Gesichtern herauskommen. Am Ofen trocknete Wäsche. Und die kleine Berta lief zum größten Entsetzen von Frau Homais in zerrissenen Strümpfen einher. Wenn sich Karl gelegentlich eine bescheidene Bemerkung erlaubte, antwortete ihm Emma barsch, es sei nicht ihre Schuld.

„Warum ist sie so reizbar?“ fragte er sich und suchte die Erklärung dafür in ihrem alten Nervenleiden. Er machte sich Vorwürfe, daß er nicht genügend Rücksicht auf ihr körperliches Leiden genommen habe. Er schalt sich einen Egoisten und wäre am liebsten zu ihr gelaufen und hätte sie geküßt.

„Lieber nicht!“ sagte er sich. „Es könnte ihr lästig sein!“

Und er ging nicht zu ihr.

Nach dem Essen schlenderte er allein im Garten umher. Er nahm die kleine Berta auf seine Knie, schlug seine Medizinische Wochenschrift auf und versuchte dem Kind das Lesen beizubringen. Es war noch gänzlich unwissend. Sehr bald machte es große, traurige Augen und begann zu weinen. Da tröstete er es. Er holte Wasser in der Gießkanne und legte ein Bächlein im Kies an, oder er brach Zweige von den Jasminsträuchern und pflanze sie als Bäumchen in die Beete. Dem Garten schadete das nur wenig, er war schon längst von Unkraut überwuchert. Lestiboudois hatte schon wer weiß wie lange keinen Lohn erhalten! Dann fror das Kind, und es verlangte nach der Mutter.

„Ruf Felicie!“ sagte Karl. „Du weißt, mein Herzchen, Mama will nicht gestört werden!“

Es wurde wieder Herbst, und schon fielen die Blätter. Jetzt war es genau zwei Jahre her, daß Emma krank war! Wann würde das endlich wieder in Ordnung sein? Er setzte seinen Weg fort, die Hände auf dem Rücken.

Frau Bovary war in ihrem Zimmer. Kein Mensch durfte sie stören. Sie hielt sich dort den ganzen Tag auf, im Halbschlafe und kaum bekleidet. Von Zeit zu Zeit zündete sie eins der Räucherkerzchen an, die sie in Rouen im Laden eines Algeriers gekauft hatte. Um in der Nacht nicht immer ihren schnarchenden Mann neben sich zu haben, brachte sie es durch allerlei Grimassen so weit, daß er sich in den zweiten Stock zurückzog. Nun las sie bis zum Morgen überspannte Bücher, die von Orgien und von Mord und Totschlag erzählten. Oft bekam sie davon Angstanfälle. Dann schrie sie auf, und Karl kam eiligst herunter.

„Ach, geh nur wieder!“ sagte sie.

Manchmal wieder lief sie, vom heimlichen Feuer des Ehebruchs durchglüht, schwer atmend und in heißer sinnlicher Erregung ans Fenster, sog die kühle Nachtluft ein und ließ sich den Wind um das schwere Haar wehen. Zu den Gestirnen aufblickend, wünschte sie sich die Liebe eines Fürsten ...

Leo trat ihr vor die Phantasie. Was hätte sie in diesem Augenblick darum gegeben, ihn bei sich zu haben und sich von ihm sattküssen zu lassen.

Die Tage des Stelldicheins waren ihre Sonntage, Tage der Verschwendung! Und wenn Leo nicht imstande war, alles allein zu bezahlen, steuerte sie auf das freigebigste dazu bei, was beinahe jedesmal der Fall war. Er versuchte, sie zu überzeugen, daß sie ebensogut in einem einfacheren Gasthofe zusammen kommen könnten. Sie wollte jedoch nichts davon hören.

Eines Tages brachte sie in ihrer Reisetasche ein halbes Dutzend vergoldete Teelöffel mit, das Hochzeitsgeschenk ihres Vaters. Sie bat Leo, sie im Leihhause zu versetzen. Er gehorchte, obgleich ihm dieser Gang sehr peinlich war. Er fürchtete, sich bloßzustellen. Als er hinterher noch einmal darüber nachdachte, fand er, daß seine Geliebte überhaupt recht seltsam geworden sei und daß es vielleicht ratsam wäre, mit ihr zu brechen. Seine Mutter hatte übrigens einen langen anonymen Brief bekommen, in der ihr von irgendwem mitgeteilt worden war, ihr Sohn „ruiniere sich mit einer verheirateten Frau.“ Der guten alten Dame stand sofort der konventionelle Familienpopanz vor Augen: der Vampir, die Sirene, die Teufelin, die im Hexenreiche der Liebe ihr Wesen treibt. Sie wandte sich brieflich an Leos Chef, den Justizrat Dübocage, dem die Geschichte längst schon zu Ohren gekommen war. Er nahm Leo dreiviertel Stunden lang ordentlich ins Gebet, öffnete ihm die Augen, wie er sich ausdrückte, und zeigte ihm den Abgrund, dem er zusteuere. Wenn es zum öffentlichen Skandal käme, sei seine weitere Karriere gefährdet! Er bat ihn dringend, das Verhältnis abzubrechen, wenn nicht im eignen Interesse, so doch in seinem, des Notars.

Leo gab zu guter Letzt sein Ehrenwort, Emma nicht wiederzusehen. Er hielt es nicht. Aber sehr bald bereute er diesen Wortbruch, indem er sich klar ward, in welche Mißhelligkeiten und in was für Gerede ihn diese Frau noch bringen konnte, ganz abgesehen von den Anzüglichkeiten, die seine Kollegen allmorgendlich losließen, wenn sie sich am Kamine wärmten. Er sollte demnächst in die erste Adjunktenstelle rücken. Es ward also Zeit, ein gesetzter Mensch zu werden. Aus diesem Grunde gab er auch das Flötespielen auf. Die Tage der Schwärmereien und Phantastereien waren für ihn vorüber! Jeder Philister hat in seiner Jugend seinen Sturm und Drang, und wenn der auch nur einen Tag, nur eine Stunde währt. Einmal ist jeder der ungeheuerlichsten Leidenschaft und himmelstürmender Pläne fähig. Den spießerlichsten Mann gelüstet es einmal nach einer großen Kurtisane, und selbst im nüchternen Juristen hat sich irgendwann einmal der Dichter geregt.

Es verstimmte Leo jetzt, wenn Emma ohne besondre Veranlassung an seiner Brust schluchzte. Und wie es Leute gibt, die Musik nur in gewissen Grenzen vertragen, so hatte er für die Überschwenglichkeiten ihrer Liebe kein Gefühl mehr. Die wilde Schönheit dieser Herzensstürme begriff er nicht.

Sie kannten einander zu gut, als daß der gegenseitige Besitz sie noch zu berauschen vermochte. Ihre Liebe hatte die Entwicklungsfähigkeit verloren. Sie waren beide einander überdrüssig, und Emma fand im Ehebruche alle Banalitäten der Ehe wieder.

Wie sollte sie sich aber Leos entledigen? So verächtlich ihr die Verflachung ihres Glückes auch vorkam: aus Gewohnheit oder Verderbtheit klammerte sie sich doch daran. Der Sinnengenuß ward ihr immer unentbehrlicher, so sehr sie sich auch nach höheren Wonnen sehnte. Sie warf Leo vor, er habe sie genarrt und betrogen. Sie wünschte sich eine Katastrophe herbei, die ihre Entzweiung zur Folge hätte, weil sie nicht den Mut hatte, sich aus freien Stücken von ihm zu trennen.

Sie hörte nicht auf, ihn mit verliebten Briefen zu überschütten. Ihrer Meinung nach war es die Pflicht einer Frau, ihrem Geliebten alle Tage zu schreiben. Aber beim Schreiben stand vor ihrer Phantasie ein ganz anderer Mann: nicht Leo, sondern ein Traumgebilde, die Ausgeburt ihrer zärtlichsten Erinnerungen, eine Reminiszenz an die herrlichsten Romanhelden, das leibhaft gewordne Idol ihrer heißesten Gelüste. Allmählich ward ihr dieser imaginäre Liebling so vertraut, als ob er wirklich existiere, und sie empfand die seltsamsten Schauer, wenn sie sich in ihn versenkte, obgleich sie eigentlich gar keine bestimmte Idee von ihm hatte. Er war ihr ein Gott, in der Fülle seiner Eigenschaffen unsichtbar. Er wohnte irgendwo hinter den Bergen, in einer Heimat romantischer Abenteuer, unter Rosendüften und Mondenschein. Sie fühlte, er war ihr nahe. Er umarmte und küßte sie ...

Nach solchen Traumzuständen war sie kraftlos und gebrochen. Die Raserei dieses Liebeswahnes erschlaffte sie mehr als die wildeste Ausschweifung.

Mehr und mehr verfiel sie in dauernde Mattheit. Gerichtliche Zustellungen und Vorladungen kamen. Es war ihr unmöglich, sie zu lesen. Leben war ihr eine Last. Am liebsten hätte sie immerdar geschlafen.

Am Fastnachtsabend kam sie nicht nach Yonville zurück. Sie nahm am Maskenballe teil. In seidnen Kniehosen und roten Strümpfen, eine Rokokoperücke auf dem Kopfe und einen Dreimaster auf dem linken Ohr, tollte und tanzte sie durch die laute Nacht. Es bildete sich eine Art Gefolge um sie, und gegen Morgen stand sie unter der Vorhalle des Theaters, umringt von einem halben Dutzend Masken, Bekannten von Leo: Matrosen und Fischerinnen. Man wollte irgendwo soupieren. Die Restaurants in der Nähe waren alle überfüllt. Schließlich entdeckte man einen bescheidenen Gasthof, in dem sie im vierten Stock ein kleines Zimmer bekamen.

Die männlichen Masken tuschelten in einer Ecke; wahrscheinlich einigten sie sich über die Kosten. Es waren zwei Studenten der medizinischen Hochschule, ein Adjunkt und ein Verkäufer. Was für eine Gesellschaft für eine Dame! Und die weiblichen Wesen? An ihrer Ausdrucksweise merkte Emma gar bald, daß sie fast alle der untersten Volksschicht angehören mußten. Nun begann sie sich zu ängstigen. Sie rückte mit ihrem Sessel beiseite und schlug die Augen nieder.

Die andern begannen zu tafeln. Emma aß nichts. Ihre Stirn glühte, ihre Augenlider zuckten, und ein kalter Schauer rieselte ihr über die Haut. In ihrem Hirn dröhnte noch der Lärm des Tanzsaals; es war ihr, als stampften tausend Füße im Takte um sie herum. Dazu betäubte sie der Zigarrenrauch und der Duft des Punsches. Sie wurde ohnmächtig. Man trug sie ans Fenster.

Der Morgen dämmerte. Hinter der Sankt-Katharinen-Höhe stand ein breiter Purpurstreifen auf dem bleichen Himmel. Vor ihr rann der graue Strom, im Winde erschauernd. Kein Mensch war auf den Brücken. Die Laternenlichter verblichen.

Sie erholte sich allmählich und dachte an ihre Berta, die fern in Yonville schlief, im Zimmer des Mädchens. Ein Wagen voll langer Eisenstangen fuhr unten vorüber; das Metall vibrierte in eigentümlichen Tönen ...

Da stahl sie sich in plötzlichem Entschlusse fort. Sie ließ Leo und kam allein zurück in den Boulogner Hof. Alles, selbst ihr eigner Körper war ihr unerträglich. Sie hätte fliegen mögen, sich wie ein Vogel hoch emporschwingen und sich rein baden im kristallklaren Äther.

Nachdem sie sich ihres Kostüms entledigt hatte, verließ sie den Gasthof und ging über den Boulevard, den Causer Platz, durch die Vorstadt, bis zu einer freien Straße mit Gärten. Sie ging rasch. Die frische Luft beruhigte sie. Nach und nach vergaß sie die lärmende Menge, die Masken, die Tanzmusik, das Lampenlicht, das Souper, die Dirnen. Alles war weg wie der Nebel im Winde. Im „Roten Kreuz“ angekommen, warf sie sich aufs Bett. Es war in demselben Zimmer des zweiten Stocks, wo ihr Leo damals seinen ersten Besuch gemacht hatte. Um vier Uhr nachmittags ward sie von Hivert geweckt.

Zu Haus zeigte ihr Felicie ein Schriftstück, das hinter der Uhr steckte. Emma las:

„Beglaubigte Abschrift. Urteilsausfertigung ...“ Sie hielt inne. „Was für ein Urteil?“ Sie besann sich.

Etliche Tage vorher war ein andres Schriftstück abgegeben worden, das sie ungelesen beiseitegelegt hatte. Erschrocken las sie weiter:

„Im Namen des Königs! ...“ Sie übersprang einige Zeilen. „... binnen einer Frist von vierundzwanzig Stunden ... achttausend Franken ...“ Und unten: „Vorstehende Ausfertigung wird ... zum Zwecke der Zwangsvollstreckung erteilt ...“

Was sollte sie dagegen tun? Binnen vierundzwanzig Stunden!

„Die sind morgen abgelaufen!“ sagte sie sich. „Unsinn! Lheureux will mir nur angst machen!“

Mit einem Male aber durchschaute sie alle seine Machenschaften, den Endzweck aller seiner Gefälligkeiten. Das einzige, was sie etwas beruhigte, war gerade die enorme Höhe der Schuldsumme. Durch ihre fortwährenden Käufe, ihr Nichtbarbezahlen, die Darlehen, das Ausstellen von Wechseln, die Zinsen, die Prolongationen, Provisionen usw. waren ihre Schulden bis zu dieser Höhe angelaufen. Lheureux wartete auf dieses Geld ungeduldig. Er brauchte es zu neuen Geschäften.

Mit unbefangener Miene trat Emma in sein Kontor.

„Wissen Sie, was mir da zugefertigt worden ist? Das ist wohl ein Scherz!“

„Bewahre!“

„Wieso aber?“

Er wandte sich ihr langsam zu, verschränkte die Arme und sagte:

„Haben Sie sich wirklich eingebildet, meine Verehrteste, daß ich bis zum Jüngsten Tage Ihr Hoflieferant und Bankier bliebe? Für nichts und wieder nichts? Es ist vielmehr die höchste Zeit, daß ich mein Geld zurückkriege! Das werden Sie doch einsehen!“

Sie bestritt die Höhe der Schuldsumme.

„Ja, das tut mir leid!“ erwiderte der Händler. „Das Gericht hat die Forderung anerkannt. Gegen den Schuldtitel ist nichts zu machen. Sie haben ja die Vorladung bekommen! Übrigens bin ich nicht der Kläger, sondern Vinçard.“

„Könnten Sie denn nicht ...“

„Ich kann gar nichts!“

„Aber ... sagen Sie ... überlegen wir uns einmal ...“

Sie redete hin und her. Sie habe nicht gewußt, sie sei überrascht worden ...

„Ist das denn meine Schuld?“ fragte Lheureux mit einer höhnischen Geste. „Während ich mich hier abplagte, haben Sie herrlich und in Freuden gelebt!“

„Wollen Sie mir eine Moralpredigt halten?“

„Das könnte nichts schaden!“

Sie wurde feig und legte sich aufs Bitten. Dabei ging sie so weit, daß sie den Händler mit ihrer schmalen weißen Hand berührte.

„Lassen Sie mich zufrieden!“ wehrte er ab. „Am Ende wollen Sie mich gar noch verführen!“

„Sie sind ein gemeiner Mensch!“ rief sie aus.

„Na, na!“ lachte er. „Werden Sie nur nicht gleich ungnädig!“

„Ich werde allen Leuten erzählen, was für ein Mensch Sie sind! Ich werde meinem Manne sagen ...“

„Und ich werde Ihrem Manne was zeigen ...“

Er entnahm seinem Geldschranke Emmas Empfangsbestätigung der Summe für das verkaufte Grundstück.

„Glauben Sie, daß er das nicht für einen kleinen Diebstahl halten wird, der arme gute Mann?“

Sie brach zusammen, wie von einem Keulenschlage getroffen. Lheureux lief zwischen seinem Schreibtisch und dem Fenster hin und her und sagte immer wieder:

„Jawohl, das zeig ich ihm ... das zeig ich ihm ...“

Plötzlich trat er vor Emma hin und sagte in wieder friedlichem Tone:

„'s ist grade kein Vergnügen — das weiß ich wohl! — aber es ist noch niemand dran gestorben, und da es der einzige Weg ist, der Ihnen bleibt, um mich zu bezahlen ...“

„Aber wo soll ich denn das viele Geld hernehmen?“ jammerte Emma und rang die Hände.

„Na, wenn man Freunde hat wie Sie!“

Er sah sie scharf und so tückisch an, daß ihr dieser Blick durch Mark und Bein ging.

„Ich will Ihnen einen neuen Wechsel geben ...“

„Danke! Habe genug von den alten!“

„Könnte ich nicht was verkaufen?“

„Was denn?“ fragte er achselzuckend. „Sie besitzen doch gar nichts!“ Dann rief er durch das kleine Schiebfensterchen in seinen Laden hinein: „Anna, vergiß nicht die drei Stück Tuch Nummer vierzehn!“

Das Mädchen trat ein. Emma begriff, was das heißen sollte. Sie machte einen letzten Versuch.

„Wieviel Geld wäre dazu nötig, die Zwangsvollstreckung aufzuhalten?“

„Es ist schon zu spät!“ antwortete Lheureux.

„Wenn ich nun aber ein paar Tausend Franken brächte? Ein Viertel der Summe? ... Ein Drittel? ... Und noch mehr?“

„Das hätte alles keinen Zweck!“

Er drängte sie sanft dem Ausgange zu.

„Ich beschwöre Sie, bester Herr Lheureux! Nur ein paar Tage Zeit!“

Sie schluchzte.

„Donnerwetter! Gar noch Tränen!“

„Sie bringen mich zur Verzweiflung!“ jammerte sie.

„Mir auch egal!“

Er machte die Türe zu.