Madame Bovary | 24 | La foule stationnait / The crowd was waiting / Eine Menge Menschen

 

XV

La foule stationnait contre le mur, parquée symétriquement entre des balustrades. À l’angle des rues voisines, de gigantesques affiches répétaient en caractères baroques : « Lucie de Lamermoor… Lagardy… Opéra…, etc. » Il faisait beau ; on avait chaud ; la sueur coulait dans les frisures, tous les mouchoirs tirés épongeaient les fronts rouges ; et parfois un vent tiède, qui soufflait de la rivière, agitait mollement la bordure des tentes en coutil suspendues à la porte des estaminets. Un peu plus bas, cependant, on était rafraîchi par un courant d’air glacial qui sentait le suif, le cuir et l’huile. C’était l’exhalaison de la rue des Charrettes, pleine de grands magasins noirs où l’on roule des barriques.

De peur de paraître ridicule, Emma voulut, avant d’entrer, faire un tour de promenade sur le port, et Bovary, par prudence, garda les billets à sa main, dans la poche de son pantalon, qu’il appuyait contre son ventre.

Un battement de cœur la prit dès le vestibule. Elle sourit involontairement de vanité, en voyant la foule qui se précipitait à droite par l’autre corridor, tandis qu’elle montait l’escalier des premières. Elle eut plaisir, comme un enfant, à pousser de son doigt les larges portes tapissées ; elle aspira de toute sa poitrine l’odeur poussiéreuse des couloirs, et, quand elle fut assise dans sa loge, elle se cambra la taille avec une désinvolture de duchesse.

La salle commençait à se remplir, on tirait les lorgnettes de leurs étuis, et les abonnés, s’apercevant de loin, se faisaient des salutations. Ils venaient se délasser dans les beaux-arts des inquiétudes de la vente ; mais, n’oubliant point les affaires, ils causaient encore cotons, trois-six ou indigo. On voyait là des têtes de vieux, inexpressives et pacifiques, et qui, blanchâtres de chevelure et de teint, ressemblaient à des médailles d’argent ternies par une vapeur de plomb. Les jeunes beaux se pavanaient au parquet, étalant, dans l’ouverture de leur gilet, leur cravate rose ou vert pomme ; et Mme Bovary les admirait d’en haut, appuyant sur des badines à pomme d’or la paume tendue de leurs gants jaunes.

Cependant, les bougies de l’orchestre s’allumèrent ; le lustre descendit du plafond, versant, avec le rayonnement de ses facettes, une gaieté subite dans la salle ; puis les musiciens entrèrent les uns après les autres, et ce fut d’abord un long charivari de basses ronflant, de violons grinçant, de pistons trompettant, de flûtes et de flageolets qui piaulaient. Mais on entendit trois coups sur la scène ; un roulement de timbales commença, les instruments de cuivre plaquèrent des accords, et le rideau, se levant, découvrit un paysage.

C’était le carrefour d’un bois, avec une fontaine, à gauche, ombragée par un chêne. Des paysans et des seigneurs, le plaid sur l’épaule, chantaient tous ensemble une chanson de chasse ; puis il survint un capitaine qui invoquait l’ange du mal en levant au ciel ses deux bras ; un autre parut ; ils s’en allèrent, et les chasseurs reprirent.

Elle se retrouvait dans les lectures de sa jeunesse, en plein Walter Scott. Il lui semblait entendre, à travers le brouillard, le son des cornemuses écossaises se répéter sur les bruyères. D’ailleurs, le souvenir du roman facilitant l’intelligence du libretto, elle suivait l’intrigue phrase à phrase, tandis que d’insaisissables pensées qui lui revenaient, se dispersaient, aussitôt, sous les rafales de la musique. Elle se laissait aller au bercement des mélodies et se sentait elle-même vibrer de tout son être comme si les archets des violons se fussent promenés sur ses nerfs. Elle n’avait pas assez d’yeux pour contempler les costumes, les décors, les personnages, les arbres peints qui tremblaient quand on marchait, et les toques de velours, les manteaux, les épées, toutes ces imaginations qui s’agitaient dans l’harmonie comme dans l’atmosphère d’un autre monde. Mais une jeune femme s’avança en jetant une bourse à un écuyer vert. Elle resta seule, et alors on entendit une flûte qui faisait comme un murmure de fontaine ou comme des gazouillements d’oiseau. Lucie entama d’un air brave sa cavatine en sol majeur ; elle se plaignait d’amour, elle demandait des ailes. Emma, de même, aurait voulu, fuyant la vie, s’envoler dans une étreinte. Tout à coup, Edgar Lagardy parut.

Il avait une de ces pâleurs splendides qui donnent quelque chose de la majesté des marbres aux races ardentes du Midi. Sa taille vigoureuse était prise dans un pourpoint de couleur brune ; un petit poignard ciselé lui battait sur la cuisse gauche, et il roulait des regards langoureusement en découvrant ses dents blanches. On disait qu’une princesse polonaise, l’écoutant un soir chanter sur la plage de Biarritz, où il radoubait des chaloupes, en était devenue amoureuse. Elle s’était ruinée à cause de lui. Il l’avait plantée là pour d’autres femmes, et cette célébrité sentimentale ne laissait pas que de servir à sa réputation artistique. Le cabotin diplomate avait même soin de faire toujours glisser dans les réclames une phrase poétique sur la fascination de sa personne et la sensibilité de son âme. Un bel organe, un imperturbable aplomb, plus de tempérament que d’intelligence et plus d’emphase que de lyrisme, achevaient de rehausser cette admirable nature de charlatan, où il y avait du coiffeur et du toréador.

Dès la première scène, il enthousiasma. Il pressait Lucie dans ses bras, il la quittait, il revenait, il semblait désespéré : il avait des éclats de colère, puis des râles élégiaques d’une douceur infinie, et les notes s’échappaient de son cou nu, pleines de sanglots et de baisers. Emma se penchait pour le voir, égratignant avec ses ongles le velours de sa loge. Elle s’emplissait le cœur de ces lamentations mélodieuses qui se traînaient à l’accompagnement des contrebasses, comme des cris de naufragés dans le tumulte d’une tempête. Elle reconnaissait tous les enivrements et les angoisses dont elle avait manqué mourir. La voix de la chanteuse ne lui semblait être que le retentissement de sa conscience, et cette illusion qui la charmait quelque chose même de sa vie. Mais personne sur la terre ne l’avait aimée d’un pareil amour. Il ne pleurait pas comme Edgar, le dernier soir, au clair de lune, lorsqu’ils se disaient : « À demain ; à demain !… » La salle craquait sous les bravos ; on recommença la strette entière ; les amoureux parlaient des fleurs de leur tombe, de serments, d’exil, de fatalité, d’espérances, et quand ils poussèrent l’adieu final, Emma jeta un cri aigu, qui se confondit avec la vibration des derniers accords.

— Pourquoi donc, demanda Bovary, ce seigneur est-il à la persécuter ?

— Mais non, répondit-elle ; c’est son amant.

— Pourtant il jure de se venger sur sa famille, tandis que l’autre, celui qui est venu tout à l’heure, disait : « J’aime Lucie et je m’en crois aimé. » D’ailleurs, il est parti avec son père, bras dessus, bras dessous. Car c’est bien son père, n’est-ce pas, le petit laid qui porte une plume de coq à son chapeau ?

Malgré les explications d’Emma, dès le duo récitatif où Gilbert expose à son maître Ashton ses abominables manœuvres, Charles, en voyant le faux anneau de fiançailles qui doit abuser Lucie, crut que c’était un souvenir d’amour envoyé par Edgar. Il avouait, du reste, ne pas comprendre l’histoire, — à cause de la musique — qui nuisait beaucoup aux paroles.

— Qu’importe ? dit Emma ; tais-toi !

— C’est que j’aime, reprit-il en se penchant sur son épaule, à me rendre compte, tu sais bien.

— Tais-toi ! tais-toi ! fit-elle impatientée.

Lucie s’avançait, à demi soutenue par ses femmes, une couronne d’oranger dans les cheveux, et plus pâle que le satin blanc de sa robe. Emma rêvait au jour de son mariage ; et elle se revoyait là-bas, au milieu des blés, sur le petit sentier, quand on marchait vers l’église. Pourquoi donc n’avait-elle pas, comme celle-là, résisté, supplié ? Elle était joyeuse, au contraire, sans s’apercevoir de l’abîme où elle se précipitait… Ah ! si, dans la fraîcheur de sa beauté, avant les souillures du mariage et la désillusion de l’adultère, elle avait pu placer sa vie sur quelque grand cœur solide, alors la vertu, la tendresse, les voluptés et le devoir se confondant, jamais elle ne serait descendue d’une félicité si haute. Mais ce bonheur-là, sans doute, était un mensonge imaginé pour le désespoir de tout désir. Elle connaissait à présent la petitesse des passions que l’art exagérait. S’efforçant donc d’en détourner sa pensée, Emma voulait ne plus voir dans cette reproduction de ses douleurs qu’une fantaisie plastique bonne à amuser les yeux, et même elle souriait intérieurement d’une pitié dédaigneuse, quand au fond du théâtre, sous la portière de velours, un homme apparut en manteau noir.

Son grand chapeau à l’espagnole tomba dans un geste qu’il fit ; et aussitôt les instruments et les chanteurs entonnèrent le sextuor. Edgar, étincelant de furie, dominait tous les autres de sa voix plus claire. Ashton lui lançait en notes graves des provocations homicides, Lucie poussait sa plainte aiguë, Arthur modulait à l’écart des sons moyens, et la basse-taille du ministre ronflait comme un orgue, tandis que les voix de femmes, répétant ses paroles, reprenaient en chœur, délicieusement. Ils étaient tous sur la même ligne à gesticuler ; et la colère, la vengeance, la jalousie, la terreur, la miséricorde et la stupéfaction s’exhalaient à la fois de leurs bouches entrouvertes. L’amoureux outragé brandissait son épée nue ; sa collerette de guipure se levait par saccades, selon les mouvements de sa poitrine, et il allait de droite et de gauche, à grands pas, faisant sonner contre les planches les éperons vermeils de ses bottes molles, qui s’évasaient à la cheville. Il devait avoir, pensait-elle, un intarissable amour, pour en déverser sur la foule à si larges effluves. Toutes ses velléités de dénigrement s’évanouissaient sous la poésie du rôle qui l’envahissait, et, entraînée vers l’homme par l’illusion du personnage, elle tâcha de se figurer sa vie, cette vie retentissante, extraordinaire, splendide, et qu’elle aurait pu mener cependant, si le hasard l’avait voulu. Ils se seraient connus, ils se seraient aimés ! Avec lui, par tous les royaumes de l’Europe, elle aurait voyagé de capitale en capitale, partageant ses fatigues et son orgueil, ramassant les fleurs qu’on lui jetait, brodant elle-même ses costumes ; puis, chaque soir, au fond d’une loge, derrière la grille à treillis d’or, elle eût recueilli, béante, les expansions de cette âme qui n’aurait chanté que pour elle seule ; de la scène, tout en jouant, il l’aurait regardée. Mais une folie la saisit : il la regardait, c’est sûr ! Elle eut envie de courir dans ses bras pour se réfugier en sa force, comme dans l’incarnation de l’amour même, et de lui dire, de s’écrier : « Enlève-moi, emmène-moi, partons ! À toi, à toi ! toutes mes ardeurs et tous mes rêves ! »

Le rideau se baissa.

L’odeur du gaz se mêlait aux haleines ; le vent des éventails rendait l’atmosphère plus étouffante. Emma voulut sortir ; la foule encombrait les corridors, et elle retomba dans son fauteuil avec des palpitations qui la suffoquaient. Charles, ayant peur de la voir s’évanouir, courut à la buvette lui chercher un verre d’orgeat.

Il eut grand-peine à regagner sa place, car on lui heurtait les coudes à tous les pas, à cause du verre qu’il tenait entre ses mains, et même il en versa les trois quarts sur les épaules d’une Rouennaise en manches courtes, qui, sentant le liquide froid lui couler dans les reins, jeta des cris de paon, comme si on l’eût assassinée. Son mari, qui était un filateur, s’emporta contre le maladroit ; et, tandis qu’avec son mouchoir elle épongeait les taches sur sa belle robe de taffetas cerise, il murmurait d’un ton bourru les mots d’indemnité, de frais, de remboursement. Enfin, Charles arriva près de sa femme, en lui disant tout essoufflé :

— J’ai cru, ma foi, que j’y resterais ! Il y a un monde !… un monde !…

Il ajouta :

— Devine un peu qui j’ai rencontré là-haut ? M. Léon !

— Léon ?

— Lui-même ! Il va venir te présenter ses civilités.

Et, comme il achevait ces mots, l’ancien clerc d’Yonville entra dans la loge.

Il tendit sa main avec un sans-façon de gentilhomme : et Mme Bovary machinalement avança la sienne, sans doute obéissant à l’attraction d’une volonté plus forte. Elle ne l’avait pas sentie depuis ce soir de printemps où il pleuvait sur les feuilles vertes, quand ils se dirent adieu, debout au bord de la fenêtre. Mais, vite, se rappelant à la convenance de la situation, elle secoua dans un effort cette torpeur de ses souvenirs et se mit à balbutier des phrases rapides.

— Ah ! bonjour… Comment ! vous voilà ?

— Silence ! cria une voix du parterre, car le troisième acte commençait.

— Vous êtes donc à Rouen ?

— Oui.

— Et depuis quand ?

— À la porte ! à la porte !

On se tournait vers eux ; ils se turent.

Mais, à partir de ce moment, elle n’écouta plus ; et le chœur des conviés, la scène d’Ashton et de son valet, le grand duo en ré majeur, tout passa pour elle dans l’éloignement, comme si les instruments fussent devenus moins sonores et les personnages plus reculés ; elle se rappelait les parties de cartes chez le pharmacien, et la promenade chez la nourrice, les lectures sous la tonnelle, les tête-à-tête au coin du feu, tout ce pauvre amour si calme et si long, si discret, si tendre, et qu’elle avait oublié cependant. Pourquoi donc revenait-il ? quelle combinaison d’aventures le replaçait dans sa vie ? Il se tenait derrière elle, s’appuyant de l’épaule contre la cloison ; et, de temps à autre, elle se sentait frissonner sous le souffle tiède de ses narines qui lui descendait dans la chevelure.

— Est-ce que cela vous amuse ? dit-il en se penchant sur elle de si près, que la pointe de sa moustache lui effleura la joue.

Elle répondit nonchalamment :

— Oh ! mon Dieu, non ! pas beaucoup.

Alors il fit la proposition de sortir du théâtre, pour aller prendre des glaces quelque part.

— Ah ! pas encore ! restons ! dit Bovary. Elle a les cheveux dénoués : cela promet d’être tragique.

Mais la scène de la folie n’intéressait point Emma, et le jeu de la chanteuse lui parut exagéré.

— Elle crie trop fort, dit-elle en se tournant vers Charles, qui écoutait.

— Oui… peut-être… un peu, répliqua-t-il, indécis entre la franchise de son plaisir et le respect qu’il portait aux opinions de sa femme.

Puis Léon dit en soupirant :

— Il fait une chaleur…

— Insupportable ! c’est vrai.

— Es-tu gênée ? demanda Bovary.

— Oui, j’étouffe ; partons.

M. Léon posa délicatement sur ses épaules son long châle de dentelle, et ils allèrent tous les trois s’asseoir sur le port, en plein air, devant le vitrage d’un café.

Il fut d’abord question de sa maladie, bien qu’Emma interrompît Charles de temps à autre, par crainte, disait-elle, d’ennuyer M. Léon ; et celui-ci leur raconta qu’il venait à Rouen passer deux ans dans une forte étude, afin de se rompre aux affaires, qui étaient différentes en Normandie de celles que l’on traitait à Paris. Puis il s’informa de Berthe, de la famille Homais, de la mère Lefrançois ; et, comme ils n’avaient, en présence du mari, rien de plus à se dire, bientôt la conversation s’arrêta.

Des gens qui sortaient du spectacle passèrent sur le trottoir, tout fredonnant ou braillant à plein gosier : Ô bel ange, ma Lucie ! Alors Léon, pour faire le dilettante, se mit à parler musique. Il avait vu Tamburini, Rubini, Persiani, Grisi ; et à côté d’eux, Lagardy, malgré ses grands éclats, ne valait rien.

— Pourtant, interrompit Charles qui mordait à petits coups son sorbet au rhum, on prétend qu’au dernier acte il est admirable tout à fait ; je regrette d’être parti avant la fin, car ça commençait à m’amuser.

— Au reste, reprit le clerc, il donnera bientôt une autre représentation.

Mais Charles répondit qu’ils s’en allaient dès le lendemain.

— À moins, ajouta-t-il en se tournant vers sa femme, que tu ne veuilles rester seule, mon petit chat ?

Et, changeant de manœuvre devant cette occasion inattendue qui s’offrait à son espoir, le jeune homme entama l’éloge de Lagardy dans le morceau final. C’était quelque chose de superbe, de sublime ! Alors Charles insista :

— Tu reviendrais dimanche. Voyons, décide-toi ! tu as tort, si tu sens le moins du monde que cela te fait du bien.

Cependant les tables, alentour, se dégarnissaient ; un garçon vint discrètement se poster près d’eux ; Charles qui comprit, tira sa bourse ; le clerc le retint par le bras, et même n’oublia point de laisser, en plus, deux pièces blanches, qu’il fit sonner contre le marbre.

— Je suis fâché, vraiment, murmura Bovary, de l’argent que vous…

L’autre eut un geste dédaigneux plein de cordialité, et, prenant son chapeau :

— C’est convenu, n’est-ce pas, demain, à six heures ?

Charles se récria encore une fois qu’il ne pouvait s’absenter plus longtemps ; mais rien n’empêchait Emma…

— C’est que…, balbutia-t-elle avec un singulier sourire, je ne sais pas trop…

— Eh bien ! tu réfléchiras, nous verrons, la nuit porte conseil…

Puis à Léon, qui les accompagnait :

— Maintenant que vous voilà dans nos contrées, vous viendrez, j’espère de temps à autre, nous demander à dîner ?

Le clerc affirma qu’il n’y manquerait pas, ayant d’ailleurs besoin de se rendre à Yonville pour une affaire de son étude. Et l’on se sépara devant le passage Saint-Herbland, au moment où onze heures et demie sonnaient à la cathédrale.

Chapter Fifteen

The crowd was waiting against the wall, symmetrically enclosed between the balustrades. At the corner of the neighbouring streets huge bills repeated in quaint letters “Lucie de Lammermoor-Lagardy-Opera-etc.” The weather was fine, the people were hot, perspiration trickled amid the curls, and handkerchiefs taken from pockets were mopping red foreheads; and now and then a warm wind that blew from the river gently stirred the border of the tick awnings hanging from the doors of the public-houses. A little lower down, however, one was refreshed by a current of icy air that smelt of tallow, leather, and oil. This was an exhalation from the Rue des Charrettes, full of large black warehouses where they made casks.

For fear of seeming ridiculous, Emma before going in wished to have a little stroll in the harbour, and Bovary prudently kept his tickets in his hand, in the pocket of his trousers, which he pressed against his stomach.

Her heart began to beat as soon as she reached the vestibule. She involuntarily smiled with vanity on seeing the crowd rushing to the right by the other corridor while she went up the staircase to the reserved seats. She was as pleased as a child to push with her finger the large tapestried door. She breathed in with all her might the dusty smell of the lobbies, and when she was seated in her box she bent forward with the air of a duchess.

The theatre was beginning to fill; opera-glasses were taken from their cases, and the subscribers, catching sight of one another, were bowing. They came to seek relaxation in the fine arts after the anxieties of business; but “business” was not forgotten; they still talked cottons, spirits of wine, or indigo. The heads of old men were to be seen, inexpressive and peaceful, with their hair and complexions looking like silver medals tarnished by steam of lead. The young beaux were strutting about in the pit, showing in the opening of their waistcoats their pink or applegreen cravats, and Madame Bovary from above admired them leaning on their canes with golden knobs in the open palm of their yellow gloves.

Now the lights of the orchestra were lit, the lustre, let down from the ceiling, throwing by the glimmering of its facets a sudden gaiety over the theatre; then the musicians came in one after the other; and first there was the protracted hubbub of the basses grumbling, violins squeaking, cornets trumpeting, flutes and flageolets fifing. But three knocks were heard on the stage, a rolling of drums began, the brass instruments played some chords, and the curtain rising, discovered a country-scene.

It was the cross-roads of a wood, with a fountain shaded by an oak to the left. Peasants and lords with plaids on their shoulders were singing a hunting-song together; then a captain suddenly came on, who evoked the spirit of evil by lifting both his arms to heaven. Another appeared; they went away, and the hunters started afresh. She felt herself transported to the reading of her youth, into the midst of Walter Scott. She seemed to hear through the mist the sound of the Scotch bagpipes re-echoing over the heather. Then her remembrance of the novel helping her to understand the libretto, she followed the story phrase by phrase, while vague thoughts that came back to her dispersed at once again with the bursts of music. She gave herself up to the lullaby of the melodies, and felt all her being vibrate as if the violin bows were drawn over her nerves. She had not eyes enough to look at the costumes, the scenery, the actors, the painted trees that shook when anyone walked, and the velvet caps, cloaks, swords — all those imaginary things that floated amid the harmony as in the atmosphere of another world. But a young woman stepped forward, throwing a purse to a squire in green. She was left alone, and the flute was heard like the murmur of a fountain or the warbling of birds. Lucie attacked her cavatina in G major bravely. She plained of love; she longed for wings. Emma, too, fleeing from life, would have liked to fly away in an embrace. Suddenly Edgar-Lagardy appeared.

He had that splendid pallor that gives something of the majesty of marble to the ardent races of the South. His vigorous form was tightly clad in a brown-coloured doublet; a small chiselled poniard hung against his left thigh, and he cast round laughing looks showing his white teeth. They said that a Polish princess having heard him sing one night on the beach at Biarritz, where he mended boats, had fallen in love with him. She had ruined herself for him. He had deserted her for other women, and this sentimental celebrity did not fail to enhance his artistic reputation. The diplomatic mummer took care always to slip into his advertisements some poetic phrase on the fascination of his person and the susceptibility of his soul. A fine organ, imperturbable coolness, more temperament than intelligence, more power of emphasis than of real singing, made up the charm of this admirable charlatan nature, in which there was something of the hairdresser and the toreador.

From the first scene he evoked enthusiasm. He pressed Lucy in his arms, he left her, he came back, he seemed desperate; he had outbursts of rage, then elegiac gurglings of infinite sweetness, and the notes escaped from his bare neck full of sobs and kisses. Emma leant forward to see him, clutching the velvet of the box with her nails. She was filling her heart with these melodious lamentations that were drawn out to the accompaniment of the double-basses, like the cries of the drowning in the tumult of a tempest. She recognised all the intoxication and the anguish that had almost killed her. The voice of a prima donna seemed to her to be but echoes of her conscience, and this illusion that charmed her as some very thing of her own life. But no one on earth had loved her with such love. He had not wept like Edgar that last moonlit night when they said, “To-morrow! to-morrow!” The theatre rang with cheers; they recommenced the entire movement; the lovers spoke of the flowers on their tomb, of vows, exile, fate, hopes; and when they uttered the final adieu, Emma gave a sharp cry that mingled with the vibrations of the last chords.

“But why,” asked Bovary, “does that gentleman persecute her?”

“No, no!” she answered; “he is her lover!”

“Yet he vows vengeance on her family, while the other one who came on before said, ‘I love Lucie and she loves me!’ Besides, he went off with her father arm in arm. For he certainly is her father, isn’t he — the ugly little man with a cock’s feather in his hat?”

Despite Emma’s explanations, as soon as the recitative duet began in which Gilbert lays bare his abominable machinations to his master Ashton, Charles, seeing the false troth-ring that is to deceive Lucie, thought it was a love-gift sent by Edgar. He confessed, moreover, that he did not understand the story because of the music, which interfered very much with the words.

“What does it matter?” said Emma. “Do be quiet!”

“Yes, but you know,” he went on, leaning against her shoulder, “I like to understand things.”

“Be quiet! be quiet!” she cried impatiently.

Lucie advanced, half supported by her women, a wreath of orange blossoms in her hair, and paler than the white satin of her gown. Emma dreamed of her marriage day; she saw herself at home again amid the corn in the little path as they walked to the church. Oh, why had not she, like this woman, resisted, implored? She, on the contrary, had been joyous, without seeing the abyss into which she was throwing herself. Ah! if in the freshness of her beauty, before the soiling of marriage and the disillusions of adultery, she could have anchored her life upon some great, strong heart, then virtue, tenderness, voluptuousness, and duty blending, she would never have fallen from so high a happiness. But that happiness, no doubt, was a lie invented for the despair of all desire. She now knew the smallness of the passions that art exaggerated. So, striving to divert her thoughts, Emma determined now to see in this reproduction of her sorrows only a plastic fantasy, well enough to please the eye, and she even smiled internally with disdainful pity when at the back of the stage under the velvet hangings a man appeared in a black cloak.

His large Spanish hat fell at a gesture he made, and immediately the instruments and the singers began the sextet. Edgar, flashing with fury, dominated all the others with his clearer voice; Ashton hurled homicidal provocations at him in deep notes; Lucie uttered her shrill plaint, Arthur at one side, his modulated tones in the middle register, and the bass of the minister pealed forth like an organ, while the voices of the women repeating his words took them up in chorus delightfully. They were all in a row gesticulating, and anger, vengeance, jealousy, terror, and stupefaction breathed forth at once from their half-opened mouths. The outraged lover brandished his naked sword; his guipure ruffle rose with jerks to the movements of his chest, and he walked from right to left with long strides, clanking against the boards the silver-gilt spurs of his soft boots, widening out at the ankles. He, she thought must have an inexhaustible love to lavish it upon the crowd with such effusion. All her small fault-findings faded before the poetry of the part that absorbed her; and, drawn towards this man by the illusion of the character, she tried to imagine to herself his life — that life resonant, extraordinary, splendid, and that might have been hers if fate had willed it. They would have known one another, loved one another. With him, through all the kingdoms of Europe she would have travelled from capital to capital, sharing his fatigues and his pride, picking up the flowers thrown to him, herself embroidering his costumes. Then each evening, at the back of a box, behind the golden trellis-work she would have drunk in eagerly the expansions of this soul that would have sung for her alone; from the stage, even as he acted, he would have looked at her. But the mad idea seized her that he was looking at her; it was certain. She longed to run to his arms, to take refuge in his strength, as in the incarnation of love itself, and to say to him, to cry out, “Take me away! carry me with you! let us go! Thine, thine! all my ardour and all my dreams!”

The curtain fell.

The smell of the gas mingled with that of the breaths, the waving of the fans, made the air more suffocating. Emma wanted to go out; the crowd filled the corridors, and she fell back in her arm-chair with palpitations that choked her. Charles, fearing that she would faint, ran to the refreshment-room to get a glass of barley-water.

He had great difficulty in getting back to his seat, for his elbows were jerked at every step because of the glass he held in his hands, and he even spilt three-fourths on the shoulders of a Rouen lady in short sleeves, who feeling the cold liquid running down to her loins, uttered cries like a peacock, as if she were being assassinated. Her husband, who was a millowner, railed at the clumsy fellow, and while she was with her handkerchief wiping up the stains from her handsome cherry-coloured taffeta gown, he angrily muttered about indemnity, costs, reimbursement. At last Charles reached his wife, saying to her, quite out of breath —

“Ma foi! I thought I should have had to stay there. There is such a crowd — SUCH a crowd!”

He added —

“Just guess whom I met up there! Monsieur Leon!”

“Leon?”

“Himself! He’s coming along to pay his respects.” And as he finished these words the ex-clerk of Yonville entered the box.

He held out his hand with the ease of a gentleman; and Madame Bovary extended hers, without doubt obeying the attraction of a stronger will. She had not felt it since that spring evening when the rain fell upon the green leaves, and they had said good-bye standing at the window. But soon recalling herself to the necessities of the situation, with an effort she shook off the torpor of her memories, and began stammering a few hurried words.

“Ah, good-day! What! you here?”

“Silence!” cried a voice from the pit, for the third act was beginning.

“So you are at Rouen?”

“Yes.”

“And since when?”

“Turn them out! turn them out!” People were looking at them. They were silent.

But from that moment she listened no more; and the chorus of the guests, the scene between Ashton and his servant, the grand duet in D major, all were for her as far off as if the instruments had grown less sonorous and the characters more remote. She remembered the games at cards at the druggist’s, and the walk to the nurse’s, the reading in the arbour, the tete-a-tete by the fireside — all that poor love, so calm and so protracted, so discreet, so tender, and that she had nevertheless forgotten. And why had he come back? What combination of circumstances had brought him back into her life? He was standing behind her, leaning with his shoulder against the wall of the box; now and again she felt herself shuddering beneath the hot breath from his nostrils falling upon her hair.

“Does this amuse you?” said he, bending over her so closely that the end of his moustache brushed her cheek. She replied carelessly —

“Oh, dear me, no, not much.”

Then he proposed that they should leave the theatre and go and take an ice somewhere.

“Oh, not yet; let us stay,” said Bovary. “Her hair’s undone; this is going to be tragic.”

But the mad scene did not at all interest Emma, and the acting of the singer seemed to her exaggerated.

“She screams too loud,” said she, turning to Charles, who was listening.

“Yes — a little,” he replied, undecided between the frankness of his pleasure and his respect for his wife’s opinion.

Then with a sigh Leon said —

“The heat is —”

“Unbearable! Yes!”

“Do you feel unwell?” asked Bovary.

“Yes, I am stifling; let us go.”

Monsieur Leon put her long lace shawl carefully about her shoulders, and all three went off to sit down in the harbour, in the open air, outside the windows of a cafe.

First they spoke of her illness, although Emma interrupted Charles from time to time, for fear, she said, of boring Monsieur Leon; and the latter told them that he had come to spend two years at Rouen in a large office, in order to get practice in his profession, which was different in Normandy and Paris. Then he inquired after Berthe, the Homais, Mere Lefrancois, and as they had, in the husband’s presence, nothing more to say to one another, the conversation soon came to an end.

People coming out of the theatre passed along the pavement, humming or shouting at the top of their voices, “O bel ange, ma Lucie!” Then Leon, playing the dilettante, began to talk music. He had seen Tambourini, Rubini, Persiani, Grisi, and, compared with them, Lagardy, despite his grand outbursts, was nowhere.

“Yet,” interrupted Charles, who was slowly sipping his rum-sherbet, “they say that he is quite admirable in the last act. I regret leaving before the end, because it was beginning to amuse me.”

“Why,” said the clerk, “he will soon give another performance.”

But Charles replied that they were going back next day. “Unless,” he added, turning to his wife, “you would like to stay alone, kitten?”

And changing his tactics at this unexpected opportunity that presented itself to his hopes, the young man sang the praises of Lagardy in the last number. It was really superb, sublime. Then Charles insisted —

“You would get back on Sunday. Come, make up your mind. You are wrong if you feel that this is doing you the least good.”

The tables round them, however, were emptying; a waiter came and stood discreetly near them. Charles, who understood, took out his purse; the clerk held back his arm, and did not forget to leave two more pieces of silver that he made chink on the marble.

“I am really sorry,” said Bovary, “about the money which you are —”

The other made a careless gesture full of cordiality, and taking his hat said —

“It is settled, isn’t it? To-morrow at six o’clock?”

Charles explained once more that he could not absent himself longer, but that nothing prevented Emma —

“But,” she stammered, with a strange smile, “I am not sure —”

“Well, you must think it over. We’ll see. Night brings counsel.” Then to Leon, who was walking along with them, “Now that you are in our part of the world, I hope you’ll come and ask us for some dinner now and then.”

The clerk declared he would not fail to do so, being obliged, moreover, to go to Yonville on some business for his office. And they parted before the Saint-Herbland Passage just as the clock in the cathedral struck half-past eleven.

Fünfzehntes Kapitel

Eine Menge Menschen umlagerte die Eingänge. Überall an den Ecken der in der Nähe gelegenen Straßen prangten riesige Plakate, die in auffälligen Lettern ausschrien:

LUCIA VON LAMMERMOOR ... OPER ...
DONIZETTI ... GASTSPIEL ... LAGARDY ...

Es war ein schöner, aber heißer Tag. Der Schweiß rann den Leuten über die Stirn, und sie fächelten ihren erhitzten Gesichtern mit den Taschentüchern Kühlung zu. Hin und wieder wehte lauer Wind vom Strome her und blähte ein wenig die Leinwandmarkisen der Restaurants. Weiter unten, an den Kais, wurde man durch einen eisigen Luftzug abgekühlt, in den sich Gerüche von Talg, Leder und Öl aus den zahlreichen dunklen, vom Rollen der großen Fässer lärmigen Gewölben der Karren-Gasse mischten.

Aus Furcht, sich lächerlich zu machen, schlug Frau Bovary vor, noch nicht in das Theater hineinzugehen und erst einen Spaziergang durch die Hafenpromenaden zu machen. Dabei hielt Karl die Eintrittskarten, die er in der Hosentasche trug, vorsichtig mit seinen Fingern fest und drückte sie gegen die Bauchwand, so daß er sie in einem fort fühlte.

In der Vorhalle bekam Emma Herzklopfen. Als sie wahrnahm, daß sich der Menschenschwall die Nebentreppen nach den Galerien hinaufschob, während sie selbst die breite Treppe zum ersten Range emporschreiten durfte, lächelte sie unwillkürlich vor Eitelkeit. Es gewährte ihr ein kindliches Vergnügen, die breiten vergoldeten Türen mit der Hand aufzustoßen. In vollen Zügen atmete sie den Staubgeruch der Gänge ein, und als sie in ihrer Loge saß, machte sie sichs mit einer Ungezwungenheit einer Principessa bequem.

Das Haus füllte sich allmählich. Die Operngläser kamen aus ihren Futteralen. Die Stammsitzinhaber nickten sich aus der Entfernung zu. Sie wollten sich hier im Reiche der Kunst von der Unrast ihres Krämerlebens erholen, doch sie vergaßen die Geschäfte nicht, sondern redeten noch immer von Baumwolle, Fusel und Indigo. Das waren Grauköpfe mit friedfertigen Alltagsgesichtern; weiß in der Farbe von Haar und Haut, glichen sie einander wie abgegriffene Silbermünzen. Im Parkett paradierten die jungen Modenarren mit knallroten und grasgrünen Krawatten. Frau Bovary bewunderte sie von oben, wie sie sich mit gelbbehandschuhten Händen auf die goldenen Knäufe ihrer Stöcke stützten. Jetzt wurden die Orchesterlampen angezündet, und der Kronleuchter ward von der Decke herabgelassen. Sein in den Glasprismen widerglitzerndes Lichtmeer brachte frohe Stimmung in die Menschen. Dann erschienen die Musiker, einer nach dem andern, und nun hub ein wirres Getöse an von brummenden Kontrabässen, kratzenden Violinen, fauchenden Klarinetten und winselnden Flöten. Endlich drei kurze Schläge mit dem Taktstocke des Kapellmeisters. Paukenwirbel, Hörnerklang. Der Vorhang hob sich.

Auf der Bühne ward eine Landschaft sichtbar: ein Kreuzweg im Walde, zur Linken eine Quelle, von einer Eiche beschattet. Bauern, Mäntel um die Schultern, sangen im Chor ein Lied. Dann tritt ein Edelmann auf, der die Geister der Hölle mit gen Himmel gereckten Armen um Rache anfleht. Noch einer erscheint. Beide gehen zusammen ab. Der Chor singt von neuem.

Emma sah sich in die Atmosphäre ihrer Mädchenlektüre zurückversetzt, in die Welt Walter Scotts. Es war ihr, als höre sie den Klang schottischer Dudelsäcke über die nebelige Heide hallen. Die Erinnerung an den Roman des Briten erleichterte ihr das Verständnis der Oper. Aufmerksam folgte sie der intriganten Handlung, während eine Flut von Gedanken in ihr aufwallte, um alsbald unter den Wogen der Musik wieder zu verfließen. Sie gab sich diesen schmeichelnden Melodien hin. Sie fühlte, wie ihr die Seele in der Brust mit in Schwingungen geriet, als strichen die Violinenbogen über ihre Nerven. Sie hätte hundert Augen haben mögen, um sich satt sehen zu können an den Dekorationen, Kostümen, Gestalten, an den gemalten und doch zitternden Bäumen, an den Samtbaretten, Rittermänteln und Degen, an allen diesen Trugbildern, in denen eine so seltsame Harmonie wie um Dinge einer ganz andern Welt lebte ... Eine junge Dame trat auf, die einem Reitknecht in grünem Rocke eine Börse zuwarf. Dann blieb sie allein, und nun kam ein Flötensolo, zart wie Quellengeflüster und Vogelgezwitscher. Lucia begann ihre Kavatine in G-Dur. Sie sang von unglücklicher Liebe und wünschte sich Flügel. Ach, auch Emma hätte aus diesem Leben fliehen mögen, weit weg in Liebesarmen!

Da erschien auf der Szene Lagardy als Edgard. Er hatte jenen schimmernden blassen Teint, der dem Südländer etwas von der grandiosen Wirkung des Marmors verleiht. Seine männliche Gestalt war in ein braunes Wams gezwängt. Ein kleiner Dolch mit zierlichem Gehänge schlug ihm die linke Lende. Er warf lange schmachtende Blicke und zeigte seine blendend weißen Zähne. Man hatte Emma erzählt, eine polnische Fürstin habe ihn am Strand von Biarritz singen hören, wo er Schiffszimmermann gewesen sei, und sich in ihn verliebt. Seinetwegen habe sie sich ruiniert. Er habe sie dann einer andern zuliebe sitzen lassen.

Derartige galante Abenteuer mit sentimentalem Finale dienten dem berühmten Künstler als Reklame. Der schlaue Mime brachte es sogar fertig, in die Rezensionen der Zeitungen poetische Floskeln über den bezaubernden Eindruck seiner Persönlichkeit und die leichte Empfänglichkeit seines Herzens zu lancieren. Er besaß eine schöne Stimme, unfehlbare Sicherheit, mehr Temperament als Intelligenz, mehr Pathos als Empfindung. Er war Genie und Scharlatan zugleich, und in seinem Wesen lag ebensoviel von einem Friseur wie von einem Toreador.

Sobald er nur auf der Bühne erschien, begeisterte er Emma. Er schloß Lucia in seine Arme, wandte sich weg und kam wieder, sichtlich verzweifelt. Bald loderte sein Haß wild auf, bald klagte er in den zartesten Elegien, und die Töne perlten ihm aus der Kehle, zwischen Tränen und Küssen. Emma beugte sich weit vor, um ihn voll zu sehen, wobei sich ihre Fingernägel in den Plüsch der Logenbrüstung eingruben. Ihr Herz ward voll von diesen wehmütigen Melodien, die, von den Kontrabässen dumpf begleitet, nicht aufhörten, gleich wie die Notschreie von Schiffbrüchigen im Sturmgebraus. Die junge Frau kannte alle diese Verzücktheiten und Herzensängste, die sie unlängst dem Tode so nahe gebracht hatten. Die Stimme der Primadonna erschütterte sie wie eine laute Verkündung ihrer heimlichsten Beichte. Das Scheinbild der Kunst beleuchtete ihr die eigenen Erlebnisse. Aber ach, so wie Lucia war sie doch von niemanden in der Welt geliebt worden! Rudolf hatte nicht um sie geweint, so wie Edgard, am letzten Abend im Mondenschein, als sie sich Lebewohl sagten ...

Beifall durchstürmte das Haus. Die ganze Stretta mußte wiederholt werden. Noch einmal sangen die Liebenden von den Blumen auf ihren Gräbern, von Treue, Trennung, Verhängnis und Hoffnungen; und als sie sich den letzten Scheidegruß zuriefen, stieß Emma einen lauten Schrei aus, der in der Orchestermusik des Finale verhallte.

„Warum läßt sie denn eigentlich dieser Edelmann nicht in Ruhe?“ fragte Bovary.

„Aber nein!“ antwortete sie. „Das ist doch ihr Geliebter!“

„Er schwört doch, er wolle sich an ihrer Familie rächen. Und der andre, der dann kam, hat doch gesagt:

    ‚Nimm, Teure, meine Schwüre an
    Der reinsten, wärmsten Liebe!‘

Und sie sagt:

    ‚So sei es denn!‘

Übrigens der, mit dem sie fortging, Arm in Arm, der kleine Häßliche mit der Hahnenfeder auf dem Hut, das war doch ihr Vater, nicht wahr?“

Trotz Emmas Berichtigungen blieb Karl, der das Rezitativ im zweiten Akte zwischen Lord Ashton und Gilbert mißverstanden hatte, bei dem Glauben, Edgard habe Lucia ein Liebeszeichen gesandt. Er gestand ein, von der ganzen Handlung nichts begriffen zu haben. Die Musik störe, sie beeinträchtige den Text.

„Was schadet das?“ wandte Emma ein. „Nun sei aber still!“

Er lehnte sich an ihren Arm. „Ich möchte gern im Bilde sein. Weißt du?“

„Sei doch endlich still!“ sagte sie unwillig. „Schweig!“

Lucia nahte, von ihren Dienerinnen gestützt, einen Myrtenkranz im Haar, bleicher als der weiße Atlas ihres Kleides ... Emma gedachte ihres eigenen Hochzeitstages, sie sah sich zwischen den Kornfeldern, auf dem schmalen Fußweg auf dem Gange zur Kirche. Warum hatte sie sich da nicht so widersetzt wie Lucia, unter leidenschaftlichem Flehen? Sie war vielmehr so fröhlich gewesen, ohne im geringsten zu ahnen, welcher Niederung sie zuschritt ... Ach, hätte sie, jung und frisch und schön, noch nicht besudelt durch die Ehe, noch nicht enttäuscht in ihrem Ehebruch, auf ein festes edles Herz bauen und Tugend, Zärtlichkeit, Sinnenlust und Pflichttreue zusammen fühlen dürfen! Niemals wäre sie von der Höhe solcher Glückseligkeit herabgesunken! „Nein, nein!“ rief sie schmerzlich bei sich aus. „All das große Glück da unten ist doch nur Lug und Trug, erdichtet von sehnsüchtigen oder verzweifelten Phantasten!“ Jetzt erkannte sie, daß die Leidenschaften in der Wirklichkeit armselig sind und nur in der Überschwenglichkeit der Kunst etwas Großes. Sie versuchte sich zur nüchternen Anschauung zu zwingen. Sie wollte in dieser Wiedergabe ihrer eigenen Schmerzen nichts mehr sehen als ein plastisches Phantasiegebilde, nichts mehr und nichts weniger als eine amüsante Augenweide. Und so lächelte sie in Gedanken überlegen-nachsichtig, als im Hintergrunde der Bühne hinter einer Samtportiere ein Mann in einem schwarzen Mantel erschien, dem sein breitkrempiger großer Hut bei einer Körperbewegung vom Kopfe fiel.

Das Sextett begann. Sänger und Orchester entfalten sich. Edgard rast vor Wut; sein glockenklarer Tenor dominiert, Ashton schleudert ihm in wuchtigen Tönen seine Todesdrohungen entgegen, Lucia klagt in schrillen Schreien, Arthur bleibt im Maße der Nebenrolle, und Raimunds Baß brummt wie Orgelgebraus. Die Frauen des Chors wiederholen die Worte, ein köstliches Echo. Gestikulierend stehen sie alle in einer Reihe. Zorn, Rachgier, Eifersucht, Angst, Mitleid und Erstaunen entströmen gleichzeitig ihren aufgerissenen Mündern. Der wütende Liebhaber schwingt seinen blanken Degen. Der Spitzenkragen wogt ihm auf der schwer atmenden Brust auf und nieder, während er mächtigen Schritts in seinen sporenklirrenden Stulpenstiefeln über die Bühne schreitet.

„Er muß eine unerschöpfliche Liebe in sich tragen,“ dachte Emma, „daß er sie an die Menge so verschwenden kann.“ Ihre Anwandlung von Geringschätzigkeit schwand vor dem Zauber seiner Rolle. Sie fühlte sich zu dem Menschen hingezogen, der sie unter dieser Gestalt berauschte. Sie versuchte, sich sein Leben vorzustellen, sein bewegtes, ungewöhnliches, glänzendes Leben, an dem sie hätte teilnehmen können, wenn es der Zufall gefügt hätte. Warum hatten sie sich nicht kennen gelernt und sich ineinander verliebt! Sie wäre mit ihm durch alle Länder Europas gereist, von Hauptstadt zu Hauptstadt, hätte mit ihm Mühen und Erfolge geteilt, die Blumen aufgelesen, die man ihm streute, und seine Bühnenkostüme eigenhändig gestickt. Alle Abende hätte sie, im Dunkel einer Loge, hinter vergoldetem Gitter aufmerksam den Sängen seiner Seele gelauscht, die einzig und allein ihr gewidmet wären. Von der Szene, beim Singen, hätte er zu ihr geschaut ...

Sie erschrak und ward verwirrt. Der Sänger sah zu ihr hinauf. Kein Zweifel! Sie hätte zu ihm hinstürzen mögen, in seine Arme, in seine Umarmung fliehen, als sei er die Verkörperung der Liebe, und ihm laut zurufen:

„Nimm mich, entführe mich! Komm! Ich gehöre dir, nur dir! Dir gelten alle meine Träume, mein ganzes heißes Herz!“

Der Vorhang fiel.

Gasgeruch erschwerte das Atmen, und das Fächeln der Fächer machte die Luft noch unerträglicher. Emma wollte die Loge verlassen, aber die Gänge waren durch die vielen Menschen versperrt. Sie sank in ihren Sessel zurück. Sie bekam Herzklopfen und Atemnot. Da Karl fürchtete, sie könne ohnmächtig werden, eilte er nach dem Büfett, um ihr ein Glas Mandelmilch zu holen.

Er hatte große Mühe, wieder nach der Loge zu gelangen. Das Glas in beiden Händen, rannte er bei jedem Schritte, den er tat, jemanden mit den Ellenbogen an. Schließlich goß er dreiviertel des Inhalts einer Dame in ausgeschnittener Toilette über die Schulter. Als sie das kühle Naß, das ihr den Rücken hinabrann, spürte, schrie sie laut auf, als ob man ihr ans Leben wolle. Ihr Gatte, ein Rouener Seifenfabrikant, ereiferte sich über diese Ungeschicktheit. Während seine Frau mit dem Taschentuche die Flecke von ihrem schönen roten Taftkleide abtupfte, knurrte er wütend etwas von Schadenersatz, Wert und Bezahlen. Endlich kam Karl glücklich bei Emma wieder an. Gänzlich außer Atem berichtete er ihr:

„Weiß Gott, beinahe hätt ich mich nicht durchgewürgt! Nein, diese Menschheit! Diese Menschheit!“ Nach einigem Verschnaufen fügte er hinzu: „Und ahnst du, wer mir da oben begegnet ist? Leo!“

„Leo?“

„Jawohl! Er wird gleich kommen, dir guten Tag zu sagen!“

Er hatte diese Worte kaum ausgesprochen, als der Adjunkt auch schon in der Loge erschien. Mit weltmännischer Ungezwungenheit reichte er ihr die Hand. Mechanisch streckte Frau Bovary die ihrige aus, wie im Banne eines stärkeren Willens. Diesen fremden Einfluß hatte sie lange nicht empfunden, seit jenem Frühlingsnachmittage nicht, an dem sie voneinander Abschied genommen. Sie hatte am Fenster gestanden, und draußen war leiser Regen auf die Blätter gefallen. Aber rasch besann sie sich auf das, was die jetzige Situation und die Konvenienz erheischten. Mit aller Kraft schüttelte sie den alten Bann und die alten Erinnerungen von sich ab und begann ein paar hastige Redensarten zu stammeln:

„Ach, guten Tag! Wie? Sie hier?“

„Ruhe!“ ertönte eine Stimme im Parkett. Inzwischen hatte nämlich der dritte Akt begonnen.

„So sind Sie also in Rouen?“

„Ja, gnädige Frau!“

„Und seit wann?“

„Hinaus! Hinaus!“

Alles drehte sich nach ihnen um. Sie verstummten.

Von diesem Augenblick war es mit Emmas Aufmerksamkeit vorbei. Der Chor der Hochzeitsgäste, die Szene zwischen Ashton und seinem Diener, das große Duett in D-Dur, alles das spielte sich für sie wie in großer Entfernung ab. Es war ihr, als klänge das Orchester nur noch gedämpft, als sängen die Personen ihr weit entrückt. Sie dachte zurück an die Spielabende im Hause des Apothekers, an den Gang zu der Amme ihres Kindes, an das Vorlesen in der Laube, an die Plauderstunden zu zweit am Kamin, an alle Einzelheiten dieser armen Liebe, die so friedsam, so traulich und so zart gewesen war und die sie längst vergessen hatte. Warum war er wieder da? Welches Zusammentreffen von besonderen Umständen ließ ihn von neuem ihren Lebenspfad kreuzen?

Er stand hinter ihr, die Schulter an die Logenwand gelehnt. Von Zeit zu Zeit schauerte Emma zusammen, wenn sie den warmen Hauch seiner Atemzüge auf ihrem Haar spürte.

„Macht Ihnen denn das Spaß?“ fragte er sie, indem er sich über sie beugte, so daß die Spitze seines Schnurrbarts ihre Wange streifte.

„Nein, nicht besonders!“ entgegnete sie leichthin.

Daraufhin machte er den Vorschlag, das Theater zu verlassen und irgendwo eine Portion Eis zu essen.

„Ach nein! Noch nicht! Bleiben wir!“ sagte Bovary. „Sie hat aufgelöstes Haar! Es scheint also tragisch zu werden!“

Aber die Wahnsinnsszene interessierte Emma gar nicht. Das Spiel der Sängerin schien ihr übertrieben.

„Sie schreit zu sehr!“ meinte sie, zu Karl gewandt, der aufmerksam zuhörte.

„Möglich! Jawohl! Ein wenig!“ gab er zur Antwort. Eigentlich gefiel ihm die Sängerin, aber die Meinung seiner Frau, die er immer zu respektieren pflegte, machte ihn unschlüssig.

Leo stöhnte:

„Ist das eine Hitze!“

„Tatsächlich! Nicht zum Aushalten!“ sagte Emma.

„Verträgst dus nicht mehr?“ fragte Bovary.

„Ich ersticke! Wir wollen gehen!“

Leo legte ihr behutsam den langen Spitzenschal um. Dann schlenderten sie alle drei nach dem Hafen, wo sie vor einem Kaffeehause im Freien Platz nahmen.

Anfangs unterhielten sie sich von Emmas Krankheit. Sie versuchte mehrfach, dem Gespräch eine andere Wendung zu geben, indem sie die Bemerkung machte, sie fürchte, Herrn Leo könne das langweilen. Darauf erzählte dieser, er müsse sich in Rouen zwei Jahre tüchtig auf die Hosen setzen, um sich in die hiesige Rechtspflege einzuarbeiten. In der Normandie mache man alles anders als in Paris. Dann erkundigte er sich nach der kleinen Berta, nach der Familie Homais, nach der Löwenwirtin. Mehr konnten sie sich in Karls Gegenwart nicht sagen, und so stockte die Unterhaltung.

Aus der Oper kommende Leute gingen vorüber, laut pfeifend und trällernd:

    ‚O Engel reiner Liebe!‘

Leo kehrte den Kunstkenner heraus und begann über Musik zu sprechen. Er habe Tamburini, Rubini, Persiani, Crisi gehört. Im Vergleich mit denen sei Lagardy trotz seiner großen Erfolge gar nichts.

Karl, der sein Sorbett mit Rum in ganz kleinen Dosen vertilgte, unterbrach ihn:

„Aber im letzten Akt, da soll er ganz wunderbar sein! Ich bedaure, daß ich nicht bis zu Ende drin geblieben bin. Es fing mir grade an zu gefallen!“

„Demnächst gibts ja eine Wiederholung!“ tröstete ihn Leo.

Karl erwiderte, daß sie am nächsten Tage wieder nach Hause müßten. „Es sei denn,“ meinte er, zu Emma gewandt, „du bliebst allein hier, mein Herzchen?“

Bei dieser unerwarteten Aussicht, die sich seiner Begehrlichkeit bot, änderte der junge Mann seine Taktik. Nun lobte er das Finale des Sängers. Er sei da köstlich, großartig!

Von neuem redete Karl seiner Frau zu:

„Du kannst ja am Sonntag zurückfahren. Entschließe dich nur! Es wäre unrecht von dir, wenn du es nicht tätest, sofern du dir auch nur ein wenig Vergnügen davon versprichst!“

Inzwischen waren die Nachbartische leer geworden. Der Kellner stand fortwährend in ihrer nächsten Nähe herum. Karl begriff und zog seine Börse. Leo kam ihm zuvor und gab obendrein zwei Silberstücke Trinkgeld, die er auf der Marmorplatte klirren ließ.

„Es ist mir wirklich nicht recht,“ murmelte Bovary, „daß Sie für uns Geld ...“

Der andere machte die aufrichtig gemeinte Geste der Nebensächlichkeit und ergriff seinen Hut.

„Es bleibt dabei! Morgen um sechs Uhr!“

Karl beteuerte nochmals, daß er unmöglich so lange bleiben könne. Emma indessen sei durch nichts gehindert.

„Es ist nur ...“, stotterte sie, verlegen lächelnd, „... ich weiß nicht recht ...“

„Na, überleg dirs noch! Wir können ja noch mal darüber reden, wenn dus beschlafen hast!“ Und zu Leo gewandt, der sie begleitete, sagte er: „Wo Sie jetzt wieder in unserer Gegend sind, hoffe ich, daß Sie sich ab und zu bei uns zu Tisch ansagen!“

Der Adjunkt versicherte, er werde nicht verfehlen, da er ohnehin demnächst in Yonville beruflich zu tun habe.

Als man sich vor dem Durchgang Saint-Herbland voneinander verabschiedete, schlug die Uhr der Kathedrale halb zwölf.