X Il n’avait reçu la lettre du pharmacien que trente-six heures après l’événement ; et, par égard pour sa sensibilité, M. Homais l’avait rédigée de telle façon qu’il était impossible de savoir à quoi s’en tenir. Le bonhomme tomba d’abord comme frappé d’apoplexie. Ensuite il comprit qu’elle n’était pas morte. Mais elle pouvait l’être… Enfin il avait passé sa blouse, pris son chapeau, accroché un éperon à son soulier et était parti ventre à terre ; et, tout le long de la route, le père Rouault, haletant, se dévora d’angoisses. Une fois même, il fut obligé de descendre. Il n’y voyait plus, il entendait des voix autour de lui, il se sentait devenir fou. Le jour se leva. Il aperçut trois poules noires qui dormaient dans un arbre ; il tressaillit, épouvanté de ce présage. Alors il promit à la sainte Vierge trois chasubles pour l’église, et qu’il irait pieds nus depuis le cimetière des Bertaux jusqu’à la chapelle de Vassonville. Il entra dans Maromme en hélant les gens de l’auberge, enfonça la porte d’un coup d’épaule, bondit au sac d’avoine, versa dans la mangeoire une bouteille de cidre doux, et renfourcha son bidet, qui faisait feu des quatre fers. Il se disait qu’on la sauverait sans doute ; les médecins découvriraient un remède, c’était sûr. Il se rappela toutes les guérisons miraculeuses qu’on lui avait contées. Puis elle lui apparaissait morte. Elle était là, devant lui, étendue sur le dos, au milieu de la route. Il tirait la bride et l’hallucination disparaissait. À Quincampoix, pour se donner du cœur, il but trois cafés l’un sur l’autre. Il songea qu’on s’était trompé de nom en écrivant. Il chercha la lettre dans sa poche, l’y sentit, mais il n’osa pas l’ouvrir. Il en vint à supposer que c’était peut-être une farce, une vengeance de quelqu’un, une fantaisie d’homme en goguette ; et, d’ailleurs, si elle était morte, on le saurait ? Mais non ! la campagne n’avait rien d’extraordinaire : le ciel était bleu, les arbres se balançaient ; un troupeau de moutons passa. Il aperçut le village ; on le vit accourant tout penché sur son cheval, qu’il bâtonnait à grands coups, et dont les sangles dégouttelaient de sang. Quand il eut repris connaissance, il tomba tout en pleurs dans les bras de Bovary : — Ma fille ! Emma ! mon enfant ! expliquez-moi… ? Et l’autre répondait avec des sanglots : — Je ne sais pas, je ne sais pas ! c’est une malédiction ! L’apothicaire les sépara. — Ces horribles détails sont inutiles. J’en instruirai monsieur. Voici le monde qui vient. De la dignité, fichtre ! de la philosophie ! Le pauvre garçon voulut paraître fort, et il répéta plusieurs fois : — Oui…, du courage ! — Eh bien, s’écria le bonhomme, j’en aurai, nom d’un tonnerre de Dieu ! Je m’en vas la conduire jusqu’au bout. La cloche tintait. Tout était prêt. Il fallut se mettre en marche. Et, assis dans une stalle du chœur, l’un près de l’autre, ils virent passer devant eux et repasser continuellement les trois chantres qui psalmodiaient. Le serpent soufflait à pleine poitrine. M. Bournisien, en grand appareil, chantait d’une voix aiguë ; il saluait le tabernacle, élevait les mains, étendait les bras. Lestiboudois circulait dans l’église avec sa latte de baleine ; près du lutrin, la bière reposait entre quatre rangs de cierges. Charles avait envie de se lever pour les éteindre. Il tâchait cependant de s’exciter à la dévotion, de s’élancer dans l’espoir d’une vie future où il la reverrait. Il imaginait qu’elle était partie en voyage, bien loin, depuis longtemps. Mais, quand il pensait qu’elle se trouvait là-dessous, et que tout était fini, qu’on l’emportait dans la terre, il se prenait d’une rage farouche, noire, désespérée. Parfois il croyait ne plus rien sentir ; et il savourait cet adoucissement de sa douleur, tout en se reprochant d’être un misérable. On entendit sur les dalles comme le bruit sec d’un bâton ferré qui les frappait à temps égaux. Cela venait du fond, et s’arrêta court dans les bas-côtés de l’église. Un homme en grosse veste brune s’agenouilla péniblement. C’était Hippolyte, le garçon du Lion d’or. Il avait mis sa jambe neuve. L’un des chantres vint faire le tour de la nef pour quêter, et les gros sous, les uns après les autres, sonnaient dans le plat d’argent. — Dépêchez-vous donc ! Je souffre, moi ! s’écria Bovary tout en lui jetant avec colère une pièce de cinq francs. L’homme d’église le remercia par une longue révérence. On chantait, on s’agenouillait, on se relevait, cela n’en finissait pas ! Il se rappela qu’une fois, dans les premiers temps, ils avaient ensemble assisté à la messe, et ils s’étaient mis de l’autre côté, à droite, contre le mur. La cloche recommença. Il y eut un grand mouvement de chaises. Les porteurs glissèrent leurs trois bâtons sous la bière, et l’on sortit de l’église. Justin alors parut sur le seuil de la pharmacie. Il y rentra tout à coup, pâle, chancelant. On se tenait aux fenêtres pour voir passer le cortège. Charles, en avant, se cambrait la taille. Il affectait un air brave et saluait d’un signe ceux qui, débouchant des ruelles ou des portes, se rangeaient dans la foule. Les six hommes, trois de chaque côté, marchaient au petit pas et en haletant un peu. Les prêtres, les chantres et les deux enfants de chœur récitaient le De profundis ; et leurs voix s’en allaient sur la campagne, montant et s’abaissant avec des ondulations. Parfois ils disparaissaient aux détours du sentier ; mais la grande croix d’argent se dressait toujours entre les arbres. Les femmes suivaient, couvertes de mantes noires à capuchon rabattu ; elles portaient à la main un gros cierge qui brûlait, et Charles se sentait défaillir à cette continuelle répétition de prières et de flambeaux, sous ces odeurs affadissantes de cire et de soutane. Une brise fraîche soufflait, les seigles et les colzas verdoyaient, des gouttelettes de rosée tremblaient au bord du chemin, sur les haies d’épines. Toutes sortes de bruits joyeux emplissaient l’horizon : le claquement d’une charrette roulant au loin dans les ornières, le cri d’un coq qui se répétait ou la galopade d’un poulain que l’on voyait s’enfuir sous les pommiers. Le ciel pur était tacheté de nuages roses ; des lumignons bleuâtres se rabattaient sur les chaumières couvertes d’iris ; Charles, en passant, reconnaissait les cours. Il se souvenait de matins comme celui-ci, où, après avoir visité quelque malade, il en sortait, et retournait vers elle. Le drap noir, semé de larmes blanches, se levait de temps à autre en découvrant la bière. Les porteurs fatigués se ralentissaient, et elle avançait par saccades continues, comme une chaloupe qui tangue à chaque flot. On arriva. Les hommes continuèrent jusqu’en bas, à une place dans le gazon où la fosse était creusée. On se rangea tout autour ; et, tandis que le prêtre parlait, la terre rouge, rejetée sur les bords, coulait par les coins, sans bruit, continuellement. Puis, quand les quatre cordes furent disposées, on poussa la bière dessus. Il la regarda descendre. Elle descendait toujours. Enfin, on entendit un choc ; les cordes en grinçant remontèrent. Alors Bournisien prit la bêche que lui tendait Lestiboudois ; de sa main gauche, tout en aspergeant de la droite, il poussa vigoureusement une large pelletée ; et le bois du cercueil, heurté par les cailloux, fit ce bruit formidable qui nous semble être le retentissement de l’éternité. L’ecclésiastique passa le goupillon à son voisin. C’était M. Homais. Il le secoua gravement, puis le tendit à Charles, qui s’affaissa jusqu’aux genoux dans la terre, et il en jetait à pleines mains tout en criant : « Adieu ! » Il lui envoyait des baisers ; il se traînait vers la fosse pour s’y engloutir avec elle. On l’emmena ; et il ne tarda pas à s’apaiser, éprouvant peut-être, comme tous les autres, la vague satisfaction d’en avoir fini. Le père Rouault, en revenant, se mit tranquillement à fumer une pipe ; ce que Homais, dans son for intérieur, jugea peu convenable. Il remarqua de même que M. Binet s’était abstenu de paraître, que Tuvache « avait filé » après la messe, et que Théodore, le domestique du notaire, portait un habit bleu, « comme si l’on ne pouvait pas trouver un habit noir, puisque c’est l’usage, que diable ! » Et pour communiquer ses observations, il allait d’un groupe à l’autre. On y déplorait la mort d’Emma, et surtout Lheureux, qui n’avait point manqué de venir à l’enterrement. — Cette pauvre petite dame ! quelle douleur pour son mari ! L’apothicaire reprenait : — Sans moi, savez-vous bien, il se serait porté sur lui-même à quelque attentat funeste ! — Une si bonne personne ! Dire pourtant que je l’ai encore vue samedi dernier dans ma boutique ! — Je n’ai pas eu le loisir, dit Homais, de préparer quelques paroles que j’aurais jetées sur sa tombe. En rentrant, Charles se déshabilla, et le père Rouault repassa sa blouse bleue. Elle était neuve, et, comme il s’était, pendant la route, souvent essuyé les yeux avec les manches, elle avait déteint sur sa figure ; et la trace des pleurs y faisait des lignes dans la couche de poussière qui la salissait. Mme Bovary mère était avec eux. Ils se taisaient tous les trois. Enfin le bonhomme soupira : — Vous rappelez-vous, mon ami, que je suis venu à Tostes une fois, quand vous veniez de perdre votre première défunte. Je vous consolais dans ce temps-là ! Je trouvais quoi dire ; mais à présent… Puis, avec un long gémissement qui souleva toute sa poitrine : — Ah ! c’est la fin pour moi, voyez-vous ! J’ai vu partir ma femme…, mon fils après…, et voilà ma fille, aujourd’hui ! Il voulut s’en retourner tout de suite aux Bertaux, disant qu’il ne pourrait pas dormir dans cette maison-là. Il refusa même de voir sa petite-fille. — Non ! Non ! ça me ferait trop de deuil. Seulement, vous l’embrasserez bien ! Adieu !… vous êtes un bon garçon ! Et puis, jamais je n’oublierai ça, dit-il en se frappant la cuisse, n’ayez peur ! vous recevrez toujours votre dinde. Mais, quand il fut au haut de la côte, il se détourna, comme autrefois il s’était détourné sur le chemin de Saint-Victor, en se séparant d’elle. Les fenêtres du village étaient tout en feu sous les rayons obliques du soleil, qui se couchait dans la prairie. Il mit sa main devant ses yeux ; et il aperçut à l’horizon un enclos de murs où des arbres, çà et là, faisaient des bouquets noirs entre des pierres blanches, puis il continua sa route, au petit trot, car son bidet boitait. Charles et sa mère restèrent le soir, malgré leur fatigue, fort longtemps à causer ensemble. Ils parlèrent des jours d’autrefois et de l’avenir. Elle viendrait habiter Yonville, elle tiendrait son ménage, ils ne se quitteraient plus. Elle fut ingénieuse et caressante, se réjouissant intérieurement à ressaisir une affection qui depuis tant d’années lui échappait. Minuit sonna. Le village, comme d’habitude, était silencieux, et Charles, éveillé, pensait toujours à elle. Rodolphe, qui, pour se distraire, avait battu le bois toute la journée, dormait tranquillement dans son château ; et Léon, là-bas, dormait aussi. Il y en avait un autre qui, à cette heure-là, ne dormait pas. Sur la fosse, entre les sapins, un enfant pleurait agenouillé, et sa poitrine, brisée par les sanglots, haletait dans l’ombre, sous la pression d’un regret immense, plus doux que la lune et plus insondable que la nuit. La grille tout à coup craqua. C’était Lestiboudois ; il venait chercher sa bêche qu’il avait oubliée tantôt. Il reconnut Justin escaladant le mur, et sut alors à quoi s’en tenir sur le malfaiteur qui lui dérobait ses pommes de terre. |
Chapter Ten He had only received the chemist’s letter thirty-six hours after the event; and, from consideration for his feelings, Homais had so worded it that it was impossible to make out what it was all about. First, the old fellow had fallen as if struck by apoplexy. Next, he understood that she was not dead, but she might be. At last, he had put on his blouse, taken his hat, fastened his spurs to his boots, and set out at full speed; and the whole of the way old Rouault, panting, was torn by anguish. Once even he was obliged to dismount. He was dizzy; he heard voices round about him; he felt himself going mad. Day broke. He saw three black hens asleep in a tree. He shuddered, horrified at this omen. Then he promised the Holy Virgin three chasubles for the church, and that he would go barefooted from the cemetery at Bertaux to the chapel of Vassonville. He entered Maromme shouting for the people of the inn, burst open the door with a thrust of his shoulder, made for a sack of oats, emptied a bottle of sweet cider into the manger, and again mounted his nag, whose feet struck fire as it dashed along. He said to himself that no doubt they would save her; the doctors would discover some remedy surely. He remembered all the miraculous cures he had been told about. Then she appeared to him dead. She was there; before his eyes, lying on her back in the middle of the road. He reined up, and the hallucination disappeared. At Quincampoix, to give himself heart, he drank three cups of coffee one after the other. He fancied they had made a mistake in the name in writing. He looked for the letter in his pocket, felt it there, but did not dare to open it. At last he began to think it was all a joke; someone’s spite, the jest of some wag; and besides, if she were dead, one would have known it. But no! There was nothing extraordinary about the country; the sky was blue, the trees swayed; a flock of sheep passed. He saw the village; he was seen coming bending forward upon his horse, belabouring it with great blows, the girths dripping with blood. When he had recovered consciousness, he fell, weeping, into Bovary’s arms: “My girl! Emma! my child! tell me —” The other replied, sobbing, “I don’t know! I don’t know! It’s a curse!” The druggist separated them. “These horrible details are useless. I will tell this gentleman all about it. Here are the people coming. Dignity! Come now! Philosophy!” The poor fellow tried to show himself brave, and repeated several times. “Yes! courage!” “Oh,” cried the old man, “so I will have, by God! I’ll go along o’ her to the end!” The bell began tolling. All was ready; they had to start. And seated in a stall of the choir, side by side, they saw pass and repass in front of them continually the three chanting choristers. The serpent-player was blowing with all his might. Monsieur Bournisien, in full vestments, was singing in a shrill voice. He bowed before the tabernacle, raising his hands, stretched out his arms. Lestiboudois went about the church with his whalebone stick. The bier stood near the lectern, between four rows of candles. Charles felt inclined to get up and put them out. Yet he tried to stir himself to a feeling of devotion, to throw himself into the hope of a future life in which he should see her again. He imagined to himself she had gone on a long journey, far away, for along time. But when he thought of her lying there, and that all was over, that they would lay her in the earth, he was seized with a fierce, gloomy, despairful rage. At times he thought he felt nothing more, and he enjoyed this lull in his pain, whilst at the same time he reproached himself for being a wretch. The sharp noise of an iron-ferruled stick was heard on the stones, striking them at irregular intervals. It came from the end of the church, and stopped short at the lower aisles. A man in a coarse brown jacket knelt down painfully. It was Hippolyte, the stable-boy at the “Lion d’Or.” He had put on his new leg. One of the choristers went round the nave making a collection, and the coppers chinked one after the other on the silver plate. “Oh, make haste! I am in pain!” cried Bovary, angrily throwing him a five-franc piece. The churchman thanked him with a deep bow. They sang, they knelt, they stood up; it was endless! He remembered that once, in the early times, they had been to mass together, and they had sat down on the other side, on the right, by the wall. The bell began again. There was a great moving of chairs; the bearers slipped their three staves under the coffin, and everyone left the church. Then Justin appeared at the door of the shop. He suddenly went in again, pale, staggering. People were at the windows to see the procession pass. Charles at the head walked erect. He affected a brave air, and saluted with a nod those who, coming out from the lanes or from their doors, stood amidst the crowd. The six men, three on either side, walked slowly, panting a little. The priests, the choristers, and the two choirboys recited the De profundis, and their voices echoed over the fields, rising and falling with their undulations. Sometimes they disappeared in the windings of the path; but the great silver cross rose always before the trees. The women followed in black cloaks with turned-down hoods; each of them carried in her hands a large lighted candle, and Charles felt himself growing weaker at this continual repetition of prayers and torches, beneath this oppressive odour of wax and of cassocks. A fresh breeze was blowing; the rye and colza were sprouting, little dewdrops trembled at the roadsides and on the hawthorn hedges. All sorts of joyous sounds filled the air; the jolting of a cart rolling afar off in the ruts, the crowing of a cock, repeated again and again, or the gambling of a foal running away under the apple-trees: The pure sky was fretted with rosy clouds; a bluish haze rested upon the cots covered with iris. Charles as he passed recognised each courtyard. He remembered mornings like this, when, after visiting some patient, he came out from one and returned to her. The black cloth bestrewn with white beads blew up from time to time, laying bare the coffin. The tired bearers walked more slowly, and it advanced with constant jerks, like a boat that pitches with every wave. They reached the cemetery. The men went right down to a place in the grass where a grave was dug. They ranged themselves all round; and while the priest spoke, the red soil thrown up at the sides kept noiselessly slipping down at the corners. Then when the four ropes were arranged the coffin was placed upon them. He watched it descend; it seemed descending for ever. At last a thud was heard; the ropes creaked as they were drawn up. Then Bournisien took the spade handed to him by Lestiboudois; with his left hand all the time sprinkling water, with the right he vigorously threw in a large spadeful; and the wood of the coffin, struck by the pebbles, gave forth that dread sound that seems to us the reverberation of eternity. The ecclesiastic passed the holy water sprinkler to his neighbour. This was Homais. He swung it gravely, then handed it to Charles, who sank to his knees in the earth and threw in handfuls of it, crying, “Adieu!” He sent her kisses; he dragged himself towards the grave, to engulf himself with her. They led him away, and he soon grew calmer, feeling perhaps, like the others, a vague satisfaction that it was all over. Old Rouault on his way back began quietly smoking a pipe, which Homais in his innermost conscience thought not quite the thing. He also noticed that Monsieur Binet had not been present, and that Tuvache had “made off” after mass, and that Theodore, the notary’s servant wore a blue coat, “as if one could not have got a black coat, since that is the custom, by Jove!” And to share his observations with others he went from group to group. They were deploring Emma’s death, especially Lheureux, who had not failed to come to the funeral. “Poor little woman! What a trouble for her husband!” The druggist continued, “Do you know that but for me he would have committed some fatal attempt upon himself?” “Such a good woman! To think that I saw her only last Saturday in my shop.” “I haven’t had leisure,” said Homais, “to prepare a few words that I would have cast upon her tomb.” Charles on getting home undressed, and old Rouault put on his blue blouse. It was a new one, and as he had often during the journey wiped his eyes on the sleeves, the dye had stained his face, and the traces of tears made lines in the layer of dust that covered it. Madame Bovary senior was with them. All three were silent. At last the old fellow sighed — “Do you remember, my friend, that I went to Tostes once when you had just lost your first deceased? I consoled you at that time. I thought of something to say then, but now —” Then, with a loud groan that shook his whole chest, “Ah! this is the end for me, do you see! I saw my wife go, then my son, and now to-day it’s my daughter.” He wanted to go back at once to Bertaux, saying that he could not sleep in this house. He even refused to see his granddaughter. “No, no! It would grieve me too much. Only you’ll kiss her many times for me. Good-bye! you’re a good fellow! And then I shall never forget that,” he said, slapping his thigh. “Never fear, you shall always have your turkey.” But when he reached the top of the hill he turned back, as he had turned once before on the road of Saint-Victor when he had parted from her. The windows of the village were all on fire beneath the slanting rays of the sun sinking behind the field. He put his hand over his eyes, and saw in the horizon an enclosure of walls, where trees here and there formed black clusters between white stones; then he went on his way at a gentle trot, for his nag had gone lame. Despite their fatigue, Charles and his mother stayed very long that evening talking together. They spoke of the days of the past and of the future. She would come to live at Yonville; she would keep house for him; they would never part again. She was ingenious and caressing, rejoicing in her heart at gaining once more an affection that had wandered from her for so many years. Midnight struck. The village as usual was silent, and Charles, awake, thought always of her. Rodolphe, who, to distract himself, had been rambling about the wood all day, was sleeping quietly in his chateau, and Leon, down yonder, always slept. There was another who at that hour was not asleep. On the grave between the pine-trees a child was on his knees weeping, and his heart, rent by sobs, was beating in the shadow beneath the load of an immense regret, sweeter than the moon and fathomless as the night. The gate suddenly grated. It was Lestiboudois; he came to fetch his spade, that he had forgotten. He recognised Justin climbing over the wall, and at last knew who was the culprit who stole his potatoes. |
Elftes Kapitel Rouault hatte den Brief des Apothekers sechsunddreißig Stunden nach dem Ereignis erhalten. Um ihn zu schonen, hatte Homais so geschrieben, daß er gar nicht genau wissen konnte, was eigentlich geschehen war. Der gute Mann war zunächst wie vom Schlag gerührt umgesunken. Dann sagte er sich, sie könne wohl tot sein, aber sie könne auch noch leben ... Schließlich hatte er seine Bluse angezogen, seinen Hut aufgesetzt, Sporen an die Stiefel geschnallt und war im Galopp weggeritten. Den ganzen Weg über verging er beinahe vor Angst. Einmal mußte er sogar absitzen. Er sah nichts mehr, er hörte Stimmen ringsum und glaubte, er verlöre den Verstand. Der Tag brach an. Er sah drei schwarze Hennen, die auf einem Baum schliefen. Er erbebte vor Schreck über diese böse Vorbedeutung. Schnell gelobte er der Madonna drei neue Meßgewänder für ihre Kirche und eine Wallfahrt in bloßen Füßen vom heimatlichen Kirchhof bis zur Kapelle von Vassonville. In Maromme, wo er rastete, brüllte er die Leute im Gasthof munter, rannte mit der Schulter die Haustür ein, stürzte sich auf einen Hafersack, goß in die Krippe eine Flasche Apfelsekt, setzte sich wieder auf seinen Gaul und trabte von neuem los, daß die Funken stoben. Immer wieder sagte er sich, daß man sie sicher retten würde. Die Ärzte hätten schon Mittel. Er erinnerte sich aller wunderbaren Heilungen, die man ihm je erzählt hatte. Dann aber sah er sie tot. Sie lag auf dem Rücken vor ihm, mitten auf der Straße. Er riß in die Zügel. Da schwand die Erscheinung. In Quincampoix trank er, um sich Mut zu machen, nacheinander drei Tassen Kaffee. Es wäre auch möglich, sagte er sich, daß sich der Absender in der Adresse geirrt hatte. Er suchte in seiner Tasche nach dem Briefe, fühlte ihn, wagte aber nicht, ihn noch einmal zu lesen. Schließlich kam er auf die Vermutung, es sei vielleicht nur ein schlechter Witz, irgendein Racheakt oder der Einfall eines Betrunkenen. Und wenn sie wirklich schon tot wäre, dann müßte er es doch an irgend etwas merken! Aber die Fluren sahen aus wie alle Tage, der Himmel war blau, die Bäume wiegten ihre Wipfel. Eine Herde Schafe trottete friedlich vorüber. Endlich erblickte er den Ort Yonville. Er kam im Galopp an, nur noch im Sattel hängend. Er hatte das Pferd mit Schlägen vorwärts gehetzt; aus den Flanken des Tieres tropfte Blut. Als der alte Mann wieder zu sich kam, warf er sich unter heftigem Weinen in Bovarys Arme. „Meine Tochter! Meine Emma! Mein Kind! Sag mir doch ...“ Der andre antwortete schluchzend: „Ich weiß nicht! Ich weiß nicht! Es ist so schrecklich!“ Der Apotheker zog sie auseinander. „Die gräßlichen Einzelheiten sind unnütz! Ich werde dem Herrn schon alles erzählen. Da kommen Leute! Würde! Fassung! Man muß Philosoph sein!“ Der arme Karl gab sich alle Mühe, stark zu sein. Mehrere Male wiederholte er: „Ja, ja ... Mut! Mut!“ „Na, wenns sein muß!“ sagte Rouault. „Ich hab welchen! Himmeldonnerwetter! Wir wollen unsrer Emma das Geleite geben, und wenns noch so weit wäre!“ Die Glocke begann zu läuten. Alles war bereit. Der Zug setzte sich in Bewegung. Rouault und Bovary saßen nebeneinander in den Chorstühlen. Die drei Chorknaben wandelten psalmodierend vor ihnen hin und her. Musik brummte. Bournisien in vollem Ornat sang mit scharfer Stimme. Er verbeugte sich vor dem Tabernakel, hob die Hände empor und breitete die Arme aus. Der Kirchendiener hantierte. Vor dem Chorpult stand der Sarg zwischen vier Kerzen. Karl bekam eine Anwandlung, aufzustehn und sie auszublasen. Er strengte sich an, Andacht zu empfinden, sich zum Glauben an ein jenseitiges Dasein aufzuschwingen, wo er Emma wiedersehen würde. Er versuchte sich einzubilden, sie sei verreist, weit, weit weg und schon seit langer Zeit. Aber wenn er daran dachte, daß sie dort unter dem Leichentuche lag, daß alles zu Ende war, daß man sie nun in die Erde scharrte, da faßte ihn wilde Wut und schwarze Verzweiflung. Und dann wieder war ihm, als empfände er überhaupt nichts mehr. Er fühlte sich in seinem Schmerze erleichtert, aber alsbald warf er sich vor, eine erbärmliche Kreatur zu sein. Auf die Fliesen der Kirche schlug in gleichen Zeiträumen etwas wie ein Eisenstab auf. Dieses harte Geräusch drang aus dem Hintergrund, bis es mit einem Male im Winkel eines Seitenschiffes aufhörte. Ein Mensch in einem groben braunen Rock kniete mühsam nieder. Es war Hippolyt, der Knecht vom Goldnen Löwen. Heute hatte er sein Bein erster Garnitur angeschnallt. Ein Chorknabe machte die Runde durchs Kirchenschiff, um Geld einzusammeln. Die großen Kupferstücke klirrten eins nach dem andern in der silbernen Schale. „Schnell weg! Ich leide!“ rief Bovary und warf zornig ein Fünffrankenstück hinein. Der Sammelnde bedankte sich mit einer tiefen Verbeugung. Man sang, man kniete nieder, man richtete sich wieder auf ... Das nahm kein Ende! Karl erinnerte sich, daß er mit Emma in der ersten Zeit ihres Hierseins einmal zur Messe dagewesen war. Sie hatten rechts an der Mauer gesessen ... Die Glocke begann wieder zu läuten. Ein allgemeines Stühlerücken fing an. Die Sargträger hoben die drei Stangen der Bahre in die Höhe. Man verließ die Kirche. Justin stand an der Tür der Apotheke. Er verschwand schleunigst, blaß und taumelnd. Alle Fenster im Orte waren voller Neugieriger, um den Trauerzug vorbeiziehen zu sehn. Karl ging voran, erhobenen Hauptes. Er trug eine tapfre Miene zur Schau und grüßte kopfnickend jeden, der aus den Gassen oder den Häusern trat, um sich dem Zuge anzuschließen. Die sechs Träger, drei auf jeder Seite, schritten langsam vorwärts. Sie keuchten. Die Priester, die Sänger und die Chorknaben sangen das De profundis. Ihre bald lauten, bald leisen Stimmen verhallten im Feld. Wo der Weg eine Biegung machte, verschwanden sie auf Augenblicke, aber das hohe silberne Kreuz schimmerte immer zwischen den Bäumen. Die Frauen schlossen sich hinten an, in schwarzen Mänteln mit zurückgeschlagenen Kapuzen, in den Händen dicke brennende Wachskerzen. Karl fühlte, wie ihn seine Kräfte verließen unter der ewigen Monotonie der Gebete und der Lichter, inmitten des faden Geruchs von Wachs und Meßgewändern. Ein frischer Wind wehte herüber. Roggen und Raps grünten, und Tautropfen zitterten auf den Dornenhecken am Wege. Allerlei fröhliche Laute erfüllten die Luft: das Quietschen eines kleinen Wagens in der Ferne auf zerfahrener Straße, das wiederholte Krähen eines Hahnes oder der Galopp eines Füllens, das sich unter den Apfelbäumen austobte. Der klare Himmel war mit rosigen Wölkchen betupft. Bläuliche Lichter spielten um die Schwertlilien vor den Häusern und Hütten. Karl erkannte im Vorbeigehen jeden einzelnen Hof. Er entsann sich eines bestimmten Morgens, an dem er, einen Kranken zu besuchen, hier vorübergekommen war, erst hin und dann auf dem Rückwege zu „ihr“. Manchmal flatterte das schwarze mit silbernen Tränen bestickte Leichentuch auf und ließ den Sarg sehen. Die ermüdeten Träger verlangsamten den Schritt. Die Bahre schwankte fortwährend wie eine Schaluppe auf bewegter See. Endlich war man da. Die Träger gingen bis ganz hinter, bis zu einer Stelle im Rasen, wo das Grab gegraben war. Man stellte sich im Kreis herum auf. Während der Priester sprach, rieselte die rote, an den Seiten aufgehäufte Erde über die Kanten hinweg in die Grube, lautlos und ununterbrochen. Dann wurden die vier Seile zurechtgelegt und der Sarg darauf gehoben. Karl sah ihn hinabgleiten ... tiefer ... immer tiefer. Endlich hörte man ein Aufschlagen. Die Seile kamen geräuschvoll wieder hoch. Bournisien nahm den Spaten, den ihm Lestiboudois reichte. Und während er mit der rechten Hand den Weihwedel schwang, warf er wuchtig mit der linken eine volle Schaufel Erde ins Grab. Der Sand und die Steinchen polterten auf den Sarg, und das Geräusch dröhnte Karl in die Ohren, unheimlich wie ein Widerhall aus der Ewigkeit. Der Priester gab die Schaufel an seinen Nachbar weiter. Es war Homais. Würdevoll füllte und leerte er sie und reichte sie dann Karl, der auf die Knie sank, mit vollen Händen Erde hinabwarf und „Lebe wohl!“ rief. Er sandte ihr Küsse und beugte sich über das Grab, als ob er sich hinabstürzen wollte. Man führte ihn fort. Er beruhigte sich sehr bald. Offenbar empfand er gleich den andern eine merkwürdige Befriedigung, daß alles überstanden war. Auf dem Heimwege zündete sich Vater Rouault ruhig seine Pfeife an, was Homais insgeheim nicht besonders schicklich fand. Er berichtete, daß Binet nicht zugegen gewesen war, daß sich Tüvache nach der Messe „gedrückt“ hatte und daß Theodor, der Diener des Notars, einen blauen Rock getragen hatte, „als ob nicht ein schwarzer aufzutreiben gewesen wäre, da es nun einmal so üblich ist, zum Teufel!“ So hechelte er alles durch, was er beobachtet hatte. Alle andern beklagten Emmas Tod, besonders Lheureux, der nicht verfehlt hatte, zum Begräbnis zu erscheinen. „Die arme, liebe Frau! Welch ein Schlag für ihren Mann!“ Der Apotheker antwortete: „Wissen Sie, wenn ich nicht gewesen wäre, hätte er aus Verzweiflung Selbstmord begangen.“ „Sie war immer so liebenswürdig! Wenn ich bedenke, daß sie vorigen Sonnabend noch in meinem Laden war!“ „Ich hatte nur keine Zeit,“ sagte der Apotheker, „sonst hätte ich mich gern auf ein paar Worte vorbereitet, die ich ihr ins Grab nachgerufen hätte!“ Wieder im Hause, kleidete sich Karl um, und der alte Rouault zog seine blaue Bluse wieder an. Sie war neu, und da er sich unterwegs öfters die Augen mit dem Ärmel gewischt hatte, hatte sie Farbenspuren auf seinem staubbedeckten Gesicht hinterlassen. Man sah, wo die Tränen herabgerollt waren. Die alte Frau Bovary setzte sich zu ihnen. Alle drei schwiegen. Endlich sagte Vater Rouault mit einem Seufzer: „Erinnerst du dich noch, mein lieber Karl, wie ich damals nach Tostes kam, als du deine erste Frau verloren hattest? Damals tröstete ich dich, damals fand ich Worte! Jetzt aber ...“ Er stöhnte tief auf, wobei sich seine ganze Brust hob. „Ach, nun ist es aus mit mir! Ich habe meine Frau sterben sehen ... dann meinen Sohn ... und heute meine Tochter!“ Er bestand darauf, noch am selben Tage nach Bertaux zurückzureiten. In diesem Hause könne er nicht schlafen. Auch seine Enkelin wollte er nicht sehen. „Nein! Nein! Das würde mich zu traurig machen! Aber küsse sie mir ordentlich! Lebe wohl! Du bist ein braver Junge! Und das hier,“ er schlug auf sein Bein, „das werde ich dir nie vergessen. Hab keine Bange! Und euren Truthahn bekommst du auch noch jedes Jahr!“ Aber als er auf der Höhe angelangt war, wandte er sich um, ganz wie damals nach der Hochzeit, als er sich nach dem Abschied auf der Landstraße bei Sankt Viktor noch einmal nach seiner Tochter umgedreht hatte. Die Fenster im Dorfe glühten wie im Feuer unter den Strahlen der Sonne, die in der Ebene unterging. Er beschattete die Augen mit der Hand und gewahrte fern am Horizont ein Mauerviereck und Bäume darinnen, die wie schwarze Büschel zwischen weißen Steinen hervorleuchteten. Dort lag der Friedhof ... Dann ritt er seinen Weg weiter, im Schritt, dieweil sein Gaul lahm geworden war. Karl und seine Mutter blieben bis in die späte Nacht auf und plauderten, obwohl sie beide sehr müde waren. Sie sprachen von vergangenen Tagen und von dem, was nun werden sollte. Die alte Frau wollte nach Yonville übersiedeln, ihm die Wirtschaft führen und für immer bei ihm bleiben. Sie fand immer neue Trostes- und Liebesworte. Im geheimen freute sie sich, eine Neigung zurückzugewinnen, die sie so viele Jahre entbehrt hatte. Es schlug Mitternacht. Das Dorf lag in tiefer Stille. Das war wie immer. Nur Karl war wach und dachte in einem fort an „sie“. Rudolf, der zu seinem Vergnügen den Tag über durch den Wald geritten war, schlief ruhig in seinem Schloß. Ebenso schlummerte Leo. Einer aber schlief nicht in dieser Stunde. Am Grabe, unter den Fichten, kniete ein junger Bursche und weinte. Seine vom Schluchzen wunde Brust stöhnte im Dunkel unter dem Druck einer unermeßlichen Sehnsucht, die süß war wie der Mond und geheimnisvoll wie die Nacht. Plötzlich knarrte die Gittertür. Lestiboudois hatte seine Schaufel vergessen und kam sie zu holen. Er erkannte Justin, als er sich über die Mauer schwang. Nun glaubte er zu wissen, wer ihm immer Kartoffeln stahl. |