Nietzsche | Also sprach Zarathustra | 39 - Von den Gelehrten / Des savants

 

Von den Gelehrten.

Als ich im Schlafe lag, da frass ein Schaf am Epheukranze meines Hauptes, — frass und sprach dazu: „Zarathustra ist kein Gelehrter mehr.“

Sprach’s und gieng stotzig davon und stolz. Ein Kind erzählte mir’s.

Gerne liege ich hier, wo die Kinder spielen, an der zerbrochnen Mauer, unter Disteln und rothen Mohnblumen.

Ein Gelehrter bin ich den Kindern noch und auch den Disteln und rothen Mohnblumen. Unschuldig sind sie, selbst noch in ihrer Bosheit.

Aber den Schafen bin ich’s nicht mehr: so will es mein Loos — gesegnet sei es!

Denn diess ist die Wahrheit: ausgezogen bin ich aus dem Hause der Gelehrten: und die Thür habe ich noch hinter mir zugeworfen.

Zu lange sass meine Seele hungrig an ihrem Tische; nicht, gleich ihnen, bin ich auf das Erkennen abgerichtet wie auf das Nüsseknacken.

Freiheit liebe ich und die Luft über frischer Erde; lieber noch will ich auf Ochsenhäuten schlafen, als auf ihren Würden und Achtbarkeiten.

Ich bin zu heiss und verbrannt von eigenen Gedanken: oft will es mir den Athem nehmen. Da muss ich in’s Freie und weg aus allen verstaubten Stuben.

Aber sie sitzen kühl in kühlem Schatten: sie wollen in Allem nur Zuschauer sein und hüten sich dort zu sitzen, wo die Sonne auf die Stufen brennt.

Gleich Solchen, die auf der Strasse stehn und die Leute angaffen, welche vorübergehn: also warten sie auch und gaffen Gedanken an, die Andre gedacht haben.

Greift man sie mit Händen, so stäuben sie um sich gleich Mehlsäcken, und unfreiwillig: aber wer erriethe wohl, dass ihr Staub vom Korne stammt und von der gelben Wonne der Sommerfelder?

Geben sie sich weise, so fröstelt mich ihrer kleinen Sprüche und Wahrheiten: ein Geruch ist oft an ihrer Weisheit, als ob sie aus dem Sumpfe stamme: und wahrlich, ich hörte auch schon den Frosch aus ihr quaken!

Geschickt sind sie, sie haben kluge Finger: was will meine Einfalt bei ihrer Vielfalt! Alles Fädeln und Knüpfen und Weben verstehn ihre Finger: also wirken sie die Strümpfe des Geistes!

Gute Uhrwerke sind sie: nur sorge man, sie richtig aufzuziehn! Dann zeigen sie ohne Falsch die Stunde an und machen einen bescheidnen Lärm dabei.

Gleich Mühlwerken arbeiten sie und Stampfen: man werfe ihnen nur seine Fruchtkörner zu! — sie wissen schon, Korn klein zu mahlen und weissen Staub daraus zu machen.

Sie sehen einander gut auf die Finger und trauen sich nicht zum Besten. Erfinderisch in kleinen Schlauheiten warten sie auf Solche, deren Wissen auf lahmen Füssen geht, — gleich Spinnen warten sie.

Ich sah sie immer mit Vorsicht Gift bereiten; und immer zogen sie gläserne Handschuhe dabei an ihre Finger.

Auch mit falschen Würfeln wissen sie zu spielen; und so eifrig fand ich sie spielen, dass sie dabei schwitzten.

Wir sind einander fremd, und ihre Tugenden gehn mir noch mehr wider den Geschmack, als ihre Falschheiten und falschen Würfel.

Und als ich bei ihnen wohnte, da wohnte ich über ihnen. Darüber wurden sie mir gram.

Sie wollen Nichts davon hören, dass Einer über ihren Köpfen wandelt; und so legten sie Holz und Erde und Unrath zwischen mich und ihre Köpfe.

Also dämpften sie den Schall meiner Schritte: und am schlechtesten wurde ich bisher von den Gelehrtesten gehört.

Aller Menschen Fehl und Schwäche legten sie zwischen sich und mich: — „Fehlboden“ heissen sie das in ihren Häusern.

Aber trotzdem wandele ich mit meinen Gedanken über ihren Köpfen; und selbst, wenn ich auf meinen eignen Fehlern wandeln wollte, würde ich noch über ihnen sein und ihren Köpfen.

Denn die Menschen sind nicht gleich: so spricht die Gerechtigkeit. Und was ich will, dürften sie nicht wollen!

Also sprach Zarathustra.

 

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-- Traduction française, par Henri Albert --

Des savants

Tandis que j’étais endormi, une brebis s’est mise à brouter la couronne de lierre qui ornait ma tête, — et en mangeant elle disait : « Zarathoustra n’est plus un savant. »

Après quoi, elle s’en alla, dédaigneuse et fière. Voilà ce qu’un enfant m’a raconté.

J’aime à être étendu, là ou jouent les enfants, le long du mur lézardé, sous les chardons et les rouges pavots.

Je suis encore un savant pour les enfants et aussi pour les chardons et les pavots rouges. Ils sont innocents, même dans leur méchanceté.

Je ne suis plus un savant pour les brebis : ainsi le veut mon sort. — Qu’il soit béni !

Car ceci est la vérité : je suis sorti de la maison des savants en claquant la porte derrière moi.

Trop longtemps mon âme affamée fut assise à table, je ne suis pas comme eux, dressé pour la connaissance comme pour casser des noix.

J’aime la liberté et l’air sur la terre fraîche ; j’aime encore mieux dormir sur les peaux de bœufs que sur leurs honneurs et leurs dignités.

Je suis trop ardent et trop consumé de mes propres pensées : j’y perds souvent haleine. Alors il me faut aller au grand air et quitter les chambres pleines de poussière.

Mais ils sont assis au frais, à l’ombre fraîche : ils veulent partout n’être que des spectateurs et se gardent bien de s’asseoir où le soleil darde sur les marches.

Semblables à ceux qui stationnent dans la rue et qui bouche bée regardent les gens qui passent : ainsi ils attendent aussi, bouche bée, les pensées des autres.

Les touche-t-on de la main, ils font involontairement de la poussière autour d’eux, comme des sacs de farine ; mais qui donc se douterait que leur poussière vient du grain et de la jeune félicité des champs d’été ?

S’ils se montrent sages, je suis horripilé de leurs petites sentences et de leurs vérités : leur sagesse a souvent une odeur de marécage : et, en vérité, j’ai déjà entendu les grenouilles coasser dans leur sagesse !

Ils sont adroits et leurs doigts sont agiles : que veut ma simplicité auprès de leur complexité ! Leurs doigts s’entendent à tout ce qui est filage et nouage et tissage : ainsi ils tricotent les bas de l’esprit !

Ce sont de bonnes pendules : pourvu que l’on ait soin de les bien remonter ! Alors elles indiquent l’heure sans se tromper et font entendre en même temps un modeste tic-tac.

Ils travaillent, semblables à des moulins et à des pilons : qu’on leur jette seulement du grain ! — ils s’entendent à moudre le grain et à le transformer en blanche farine.

Avec méfiance, ils se surveillent les doigts les uns aux autres. Inventifs en petites malices, ils épient ceux dont la science est boiteuse — ils guettent comme des araignées.

Je les ai toujours vu préparer leurs poisons avec précaution ; et toujours ils couvraient leurs doigts de gants de verre.

Ils savent aussi jouer avec des dés pipés ; et je les ai vus jouer avec tant d’ardeur qu’ils en étaient couverts de sueur.

Nous sommes étrangers les uns aux autres et leurs vertus me sont encore plus contraires que leurs faussetés et leurs dés pipés.

Et lorsque je demeurais parmi eux, je demeurais au-dessus d’eux. C’est pour cela qu’ils m’en ont voulu.

Ils ne veulent pas qu’on leur dise que quelqu’un marche au-dessus de leurs têtes ; et c’est pourquoi ils ont mis du bois, de la terre et des ordures, entre moi et leurs têtes.

Ainsi ils ont étouffé le bruit de mes pas ; et jusqu’à présent ce sont les plus savants qui m’ont le moins bien entendu.

Ils ont mis entre eux et moi toutes les faiblesses et toutes les fautes des hommes : — dans leurs demeures ils appellent cela « faux plancher ».

Mais malgré tout je marche au-dessus de leur tête avec mes pensées ; et si je voulais même marcher sur mes propres défauts, je marcherais encore au-dessus d’eux et de leur tête.

Car les hommes ne sont point égaux : ainsi parle la justice. Et ce que je veux ils n’auraient pas le droit de le vouloir ! —

Ainsi parlait Zarathoustra.

 

Edition bilingue
Texte original allemand suivi de la traduction française